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blog m kiwaïda

14/04/2023

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Souvenirs de Blu, l'amoureux. Délicieusement, arrive en fond, une interprétation du Boléro de Ravel. C'est l'oreille musicienne qui l'écrit, c'est tout de même, montrer qu'il apprécie Ravel, sans même que l'on puisse l'entendre, juste l'imaginer, c'est sans la passion de Ravel, mais avec toute la marche, avec une élégance suggestive et précise d'un Sakamoto.

Musique Par kiwaïda at 02:33

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Les plages désertes... J'ai beaucoup écouté cet album : CASA

Les plages désertes... J'ai beaucoup écouté cet album : CASA

Casa est un album studio de 2001 du trio Morelenbaum/Sakamoto, composé du violoncelliste Jaques Morelenbaum, de la chanteuse Paula Morelenbaum et du pianiste Ryuichi Sakamoto. C'est un hommage au musicien et compositeur brésilien Antônio Carlos Jobim, avec la plupart des chansons enregistrées dans sa maison à Rio de Janeiro, en utilisant son piano à queue. Casa a présenté le tout premier enregistrement de la composition de Jobim intitulée "Tema para Ana". L'album est sorti aux États-Unis par Sony Classical.

Ryuichi Sakamoto nous a quitté récemment, j'ai écouté plusieurs de ces albums, lorsque je composais des sons électroniques. Avec mes amis japonais, un jour, j'ai pris le bus, dans Paris, j'étais la seule française du groupe, ils m'ont fait connaître d'autres japonais, nous avions traversé la ville, et je ne sais comment cela s'est produit, certainement nous évoquions mes origines, un japonais journaliste sur le japon, se mit à chanter en portugais, du brésilien de la Bossa Nova, dans le bus, c'était magique et impromptu, personne ne bronchait, mes amis japonais avaient l'habitude et rigolaient, d'un air enfantin, puis tous, un à un, savaient parler le brésilien tout simplement car ils écoutaient de la Bossa Nova, et étaient baignés, au Japon par cette musique. Ils m'ont fait connaître Casa, de Ryuichi Sakamoto, alors que j'écoutais ses plages musicales minimales, j'ignorais sa collaboration sur Carlos Jobim. J'ai passé une très belle journée, car d'un coup, je suis passée du Japon, au Brésil, au Portugal, avec mes amis japonais. Ryuichi Sakamoto a découvert la Bossa Nova lorsqu'il avait 17 ans. Au Japon, il y a eu un "boom" de la Bossa à ce moment. Il a été très marqué par cette culture musicale. En fait, je me souviens que nous parlions de mon île, Seuqramainos, et de son pain de sucre, comme petite image en noir et blanc sur la page d’accueil. Le journaliste m'a fait connaître cet album en m'informant que c'était aussi l'image de l'album, et voulait savoir dans quel imaginaire, je baignais, comme tout se baigne quelque part, comme un pain de sucre répondais-je. Ces amis me demandent de mes nouvelles. Une pincée de sel sur l'île, le sucre a fondu. Tout de cet album me fait revivre les moments, l'époque de sa découverte. Maison.

Musique Par kiwaïda at 02:11

10/04/2023

ℵ☺Li ღℯ ☂@ηℊ℮яℯ

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Noli me tangere
Giotto (1304-06)
Fresque, 200 × 185 cm
Chapelle Scrovegni, Padoue
J'ai découvert Giotto lorsque j'avais une quinzaine d'années, notre enseignante d'histoire de l'art, nous projetait de grandes diapositives, sur un écran blanc qui se tirait, et parfois elle prenait le projecteur dans ses mains, sautait sur une estrade, avec ses bottes à talons, et projetait les tableaux sur le mur à notre gauche, afin que nous puissions voir de plus près les détails. Elle s'exclamait, heureuse, d'avoir trouvé une forme nouvelle de monstration. Nous étions loin encore de Nan Goldin et son procédé photographique avec ses diapositives exposées dans des galeries ("d'art contemporain"), et pourtant, l'enseignante alliait la pratique à l'esthétique, dans le même saut, passionnée de peinture italienne (je pense qu'elle était d'origine italienne) Et bien mieux encore, il y avait l'histoire et aucune récupération.
Nous étions dans un petit amphithéâtre, en bois, une salle très belle. Nous avions le devoir, avec ses photocopies en noir et blanc, chez nous, de peaufiner la construction des différents tableaux étudiés, et, avec un calque par-dessus, de tirer des lignes, selon des questions précises, pour mesurer les directions des regards ou les perspectives. Je préparais, avec mes camarades un brevet de technicien, dessinateur maquettiste, l'ancêtre du graphisme (ou du design graphique). Nous étions destinés à réaliser des documents d’exécution d'une précision au compte-fil (loupe à fort grossissement munie d'un support, qui en assure la distance optimale à ce qui est examiné, et d'une échelle de mesure) et au scalpel (bistouri, un instrument utilisé en chirurgie pour faire des incisions, mais aussi dans le graphisme pour couper et gratter de façon très précise), avec des encres de Chine, ou des calques superposés, afin de les envoyer à l'imprimerie. Le numérique et la dématérialisation, ont complètement rendu caduques ces procédés, par contre mon acuité visuelle, et celle de mes camarades, s'est affinée, et nous avions développé une maniaquerie dans l'analyse des images et des graphismes. Nous étions évalués sur l’exécution et la précision de nos tracés, puis, dans ma vie professionnelle, j'ai pu préparer des documents pour les imprimeurs, soit en tant que graphiste, soit en tant que directrice artistique, cheffe de projet, ou artiste, puis en documentaliste... ou en soigneuse d'animaux, ou d'humains, ou... de meubles ! J'ai gardé cette expérience, dans tous les domaines de création, mais aussi dans ma vie quotidienne, et j'ai aidé beaucoup de jeunes gens et d'adultes afin de préparer des documents, des images, des fichiers, de grands tracés. Notre pays ne sait plus recruter des compétences, tout simplement car il n’en cherche plus, il est à l’arrêt et ne se consacre qu’à la politique et l’enseignement des modes de gouvernance. Tout individu pense gouverner l’autre, à titre individuel et lunatique, le plus court chemin se trouve pavé de malédictions, les bonnes consciences s’achètent et le bon sens se perd en route. Déroutes, les Magdas et Maries Madeleines veillent, disciplinées, sur les chemins plus longs, de traverses.
L’intérêt, en histoire de l'art, n'était pas de simuler des lignes, inventer des constructions, mais de mieux observer une image, étudier l'histoire, les évènements, ici, l'histoire aussi sacrée, trois jours après la crucifixion, Marie-Madeleine (Marie de Magdala), disciple de Jésus, se rendait à son tombeau afin de se recueillir, et constatait, que le corps de Jésus avait disparu, le tombeau était vide. C'est juste avant le moment de cette peinture. L'épisode biblique, qui se nomme "Noli me tangere", ce qui veut dire "ne me retient pas".
Dans la tradition chrétienne  : Le dimanche de Pâques, trois jours après la crucifixion, Marie de Magdala se penche sur le tombeau du Christ et s’aperçoit que le corps de Jésus a disparu, le tombeau est vide. A sa place, se trouvent deux anges vêtus de blanc qui lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ». Marie-Madeleine répond : « Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » A ce moment, Marie-Madeleine se retourne et voit un homme qu’elle prend pour un jardinier car il a une bêche sur l’épaule. L’homme dit : « Marie ! » et elle répond : « Maître ! ». Alors Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leurs : "Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". » (Évangile selon saint Jean, chapitre 20, versets 11 à 18)
Sur la fresque peinte par Giotto, deux anges sont assis sur le tombeau du Christ ouvert. Il vient de ressusciter. A droite, Marie-Madeleine à genoux implore le Christ, mais celui-ci l’arrête d’un geste de la main en prononçant les paroles : « Noli me tangere ». Un paysage rocheux avec quelques éléments de végétation constitue l’arrière-plan. Le ciel d’un bleu profond représente la moitié de la surface sur la fresque de Padoue (1304). La tête des personnages sacrés est entourée d’un nimbe, disque de lumière permettant de les distinguer des humains. Les soldats qui dorment au premier plan, n'ont rien vus, ce sont des ignorants, ils  contrastent avec Marie de Magdala.

Bien plus tard, lorsque j'ai étudié à l'école supérieure des arts de École Duperré, rue Dupetit-Thouars à Paris, un enseignant et peintre, revenait à Giotto, lorsque nous étions au niveau du diplôme supérieure (niveau Master) Car je travaillais sur les gestes et les mains. Il nous montrait des reproductions de ce peintre, et, nous avait ramené des catalogues, de gros plans, et nous demandait d'être plus attentif à tous les gestes des mains, que ce peintre avait représentés, dans ses peintures ou fresques, la douceur et la présence de ceux-ci. Autre regard, autre manière de voir. Giotto fut l'un des premiers à traiter la scène "Noli me tangere".
Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto, né en 1266 ou 1267 à Vespignano ou Romignano et mort le 8 janvier 1337 à Florence. Peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento, dont les œuvres sont à l'origine du renouveau de la peinture occidentale. L'influence de sa peinture va provoquer le vaste mouvement général de la Renaissance à partir du siècle suivant.

Il est évident que nos enseignants nous influencent, pour peu que l'on se souvienne de leurs cours. Cette femme et cet homme, ne se connaissaient pas, plusieurs années séparent mes études, du lycée, jusqu'aux études supérieures, pourtant, qu'il s'agisse d'études classiques en histoire de l'art, ou plus tard, dans la mode et le design, nous revenions à quelques éléments de lecture, sensibles et picturaux. Plusieurs œuvres représentent la passion du Christ dans l'histoire de l'art, la célébration la plus importante pour les chrétiens catholiques. Pour cette raison, au cours des siècles, elle a été immortalisée par les artistes sous toutes les formes. Suivre les traces laissées par les peintres à travers Pâques dans l’art, provoquent des surprises. De mon côté je revisite, ce que j'ai appris, plus jeune, et "la passion", puisqu'il en est une, de ces enseignants, n'hésitant pas à créer des fresques avec un lecteur de diapositive, ou remplir sa sacoche de catalogues, pour feuilleter des images et nous suggérer de les commenter, de s'en imprégner, les observer aussi, dans notre quotidien, tous les gestes de nos proches. Dans le milieu hospitalier, lorsque je me suis trouvée rejoindre des proches, lorsqu'ils dormaient, j'étais devant des peintures de la renaissance, la guérison, la paix, le chemin parcouru vers le soin de soi, le recueillement, toutes ces formes intérieures à travers les gestes posés, me faisait être témoin de peintures italiennes, de similitudes, avec ces attentions, au bord des doutes, des bruits électroniques, des battement du cœur, et des auras d'espoirs dans des chambres sommaires, dans un dénuement salutaire.

Sous chaque jardinier, chaque jardinière... se cache un Jésus ressuscité...

Art Par kiwaïda at 19:53

09/04/2023

ℙ@ηεт☂øη℮ @ʟ Ḻїμ☺ᾔ¢εℓłø

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Graphisme © Sonia Marques

Panettone farcito con crema al limoncello : Buona Pasqua !

Joie printanière de Pâques, recommencement !


Desejo a todos uma frutuosa celebração da Páscoa !

Art Par kiwaïda at 19:54

07/04/2023

ℳℯґ

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Photographies & Dessins © Sonia Marques

Je regardais la mer, je regardais tes yeux, je gardais tes yeux, la mer de tes yeux...

Je regardais la terre, je regardais tes mers, je gardais la terre, mes yeux dans la mer...

Je me souvenais de tes yeux, de tes mers, de tes terres, j'essayais de garder mes yeux sur la terre...

La baleine, ses yeux, sa mer et mes yeux dans ses yeux...


Art Par kiwaïda at 03:42

04/04/2023

Ḡ@ẕ ∂ε ℉ґ@η¢℮

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Gaz de France est un film réalisée par Benoît Forgeard (2015)

Nous décidons de revoir ce film, vu en 2016, il m'avait semblé visionnaire. Le président français actuel, n'était pas encore élu, et le revoir après sa réélection me fait revisionner certaines données, non élucidées.
Ce qu'il me restait, en 2015, de ce souvenir, c'était tout d'abord l'aspect "Total recall" (du film américain de Paul Verhoeven en 1990) par ses images de couchers de soleil incrustés comme ouvertures des paysages des fenêtres intérieures dans un monde clos, enfermé sur lui-même.
Et il me restait aussi le robot Pithiviers, une sorte d'intelligence artificielle, du nom d'un gâteau français, (interprété par le réalisateur Benoît Forgeard) capable de renommer chaque membre une équipe recrutée pour sauver le naufrage élyséen lors d'un  story telling  par de mêmes noms de gâteaux, comme le flan, le mûrier... car son créateur sur un fauteuil roulant au quotient intellectuel d'un niveau supérieur à la moyenne, avait certainement une inclinaison à la gourmandise sucrée. Le robot, telle la création du Frankenstein (le personnage de fiction de la romancière Mary Shelley des années 1830), destitue en premier lieu son créateur, qui l'avait programmé pour devenir son premier ministre.
Mon souvenir revisitait cette équipe atypique, dans les sous-sol, ressemblant à la cave d'un Musée avec ses étagères. Le désir de revoir ce film venait du souhait de ravitailler sa mémoire, était-ce bien visionnaire comme je l'avais perçu ?
Réponse : Oui. Et bien plus surprenant, après 8 années, il reste visionnaire. Les complots des communicants et l'imaginaire panographique du film, erratiques, comme celle de la politique mise à distance, ce que le public ne doit pas connaître, bien à l'abri, dans les sous-sols du palais, mettent en scène une sorte de désastre intellectuel, technocratique, dans un climat surréaliste, mené par des oiseaux, des armées qui parasitent tout discours officiel, quand ce n'est pas le chatGPThivier, qui s'en mêle. Ici, l'intelligence artificielle, ainsi que les haut QI, ne peuvent rien, face au surprenant chanteur, qui pousse la chanson, comme les syndicats apprécient de le faire, ces jours-ci afin d'entraîner les électeurs et électrices. Lui, le "Bird", président au nom anglophone de l'oiseau, souhaitant plus sa propre mort, son éclipse, sans savoir répondre aux femmes numérotées et choisies pour donner le change  sociétal toujours délétère, ou bien, la mort de quelque chose, comme les banques, ou bien la guerre, toute idée de génie sortie d'un chapeau désenchanté du monde, car la panne d'idée éclabousse tout récit disruptif. À la lueur de cette année politique qui peine à faire converger les luttes, et celle passée, le titre du film Gaz de France résonne encore plus, de nos jours, puisque le gaz est encore profilé comme disparaissant, tous ces tuyaux sous les mers, faisant partie de toutes ces invisibilités, dont nous ne savons pas grand chose, ni quels écrans de fumées, et dans mon domaine, quel état de l'art, gazeux pour reprendre, dans le désordre les mots du titre d'un livre d'un critique d'art et philosophe.
Gazeux donc, nous en sommes là, à l'état gazeux, aux pleines lunes vacillantes, et aux blocages de nos fluides sensibles.

La bande sonore est agréable à re-écouter, ses titres sont ceux du déroulé de la fiction.

Niveau-1
Niveau-2
Niveau-3

Où en sommes-nous ?



Film Par kiwaïda at 21:59

29/03/2023

ḉґâηεṧ ℮т √@ηḯтéṧ

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Cardinal Albrecht of Brandenburg as Saint Jerome (1526)
Peinture
Artiste : Lucas Cranach the Elder (1472–1553)
Dimensions (hauteur) 114.9 cm


St. Jerome in His Study (1514)
Artiste: Albrecht Dürer
(1471-1528)
Engraving in black on ivory laid paper
Dimensions : 24.4 × 18.6 cm
Avec bonheur, je retrouvais une candidature perdue, comme tant d'autres, avec un beau projet, jamais vu, jamais lu, de personne. Lorsque cela se produit, j'imagine que le destin me dispose en présence d'un projet fabuleux, qui ne doit pas être mis dans les mains du quidam, et, qu'ainsi, il reste préservé.
Secret.
En le lisant, il est resté intacte, non décelé, à présent qu'une dizaine d'années me sépare de lui, référencé et absolument inédit, ces peintures et gravures flottaient dans mon dossier.
Et des notions philosophiques :

Les Anciens ont compris le privé comme privation (de la participation au domaine commun) mais la sphère privée n’est pas pour autant disqualifiée, elle permet d’avoir une place pour soi dans le monde. En ce sens, l’habitat doit assurer une véritable dialectique : permettre une occupation active et commune du monde et garantir les conditions du retrait, aussi nécessaire à la pluralité que le monde commun lui-même.

et :

Certaines choses, tout simplement pour exister, ont besoin d’être cachées tandis que d’autres ont besoin d’être étalées en public.

À la lecture des destinataires ou de la constitution des membres du jury, avec la distance, je m'aperçois que personne n'était prêt ni préparé à un tel projet, et surtout, venant d'une telle auteure, d'un tel parcours, d'une telle planète ou soubassement intellectuel inexploré. Tout comme les abandonware, les logiciels abandonnés, il existe une fange singulière de la société, à la recherche de ces vaisseaux fantômes, inutilisés, ou bien abandonnés, collectionneurs ou artistes érudits, les seuls "à savoir". Tout en sachant, sans pouvoir le partager, qu'à celles et ceux qui savent.

Tous ces soubassements permettent de surélever toute battisse, qui prétend bien fonder son esprit, pensais-je... à bas bruits.

Hé haut, hop !

On se rassure comme on peut, et, comme on veut aussi, puisque pouvoir et vouloir sont deux verbes disparaissant pour cette même fange de la société, abandonnée.
Pouvoir et vouloir sont devenus des verbes encartés, pour celles et ceux et cieux et ciel (hélas pour les cieux et le ciel qui tentent de ne point être pris à leur tour) qui s'étalent en public... Ces jours-ci.

 



Art Par kiwaïda at 22:33

20/03/2023

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Image du film Emily, réalisé par de Frances O'Connor (2023), avec l'actrice Emma Mackey.
Très beau film de Frances O'Connor, pour sa première réalisation. La bande son est subtilement conduite et mixée d'Abel Korzeniowski. La réalisatrice britannique s'est librement inspirée de la vie et l’œuvre des sœurs Brontë et d'Émily, auteure des Hauts de Hurlevent, et de poésies. Dans les paysages du Yorkshire, des formes de romantisme germent des hivers, du vent et de la pluie, où Dieu se faufilerait, partout dans ces quêtes de sens et recherches d'amours, vers cet idéal : être aimé et aimer. Le confort d'audition et de l'image sont remarquables, soutenus par des scènes classiques dont l'intensité des émotions, de l'émergence d'une pensée, d'une auteure, considérée comme bizarre et peu sociable, sauvage, qui écrit en secret, et aime aussi en secret, se révèle dans l'obscur comme en plein jour, en libérant sa joie et les enfantillages défendus, en courant dans les champs, sans personne pour interdire les cris et les espoirs. Dans un moment de l'histoire où les femmes ne devaient pas exprimer leur sentiment ni dire leur vérité, ni même exprimer des sensations, finalement, on peut retrouver ces thèmes aujourd'hui, alors que les femmes ont tout, ou n'ont encore rien entendu de ce qu'elle peuvent révéler et écrire. Ainsi cette recherche de la vérité, même si elle choque et vexe, évoque la recherche artistique, la création, être écrivain, là où rien ne l'autorise, ni soi, ni la société, hormis, la nature mouvementée, et les intimités amoureuses et érotiques. Des hommes qui ne peuvent se passer des mots d'Émily Brontë et de sa création, sa sensibilité. Comme faire image de ce que l'homme et la femme ont besoin, de l'art et de la poésie, en toutes choses... et à tout âge...





Art Par kiwaïda at 15:47

15/03/2023

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Photographies © Sonia Marques

Je m'endormais sur la vue du château...

A história mais conhecida de S. Jorge tem a ver com a morte de um dragão terrível que existia em Silene, na Líbia. Para acalmar a fúria do dragão, os habitantes ofereciam ao monstro duas ovelhas por dia. A certa altura, o dragão tornou-se mais exigente e reclamou um sacrifício humano. A escolha aleatória recaiu sobre a filha única do rei da Líbia. Nesse momento trágico, S. Jorge apareceu, oferecendo-se para lutar com o dragão e libertar a cidade daquele terrível jugo. Montou o seu cavalo e com uma lança feriu o dragão. Trazendo-o preso para a cidade, matou-o perante todos os habitantes, depois de exigir em troca a sua conversão ao cristianismo.
Existe outra versão da lenda, reclamada pelos habitantes de S. Jorge, perto de Aljubarrota, que conta que S. Jorge era um oficial romano que estava aquartelado naquela região. Tinha por costume mandar os seus soldados dar de beber aos cavalos na "Fonte dos Vales", no ribeiro da mata. Porém, no momento em que os cavalos bebiam, por vezes surgia da fonte um dragão que os devorava. Os soldados, com medo de serem também mortos, recusavam-se a lá voltar. Para acabar com este martírio, S. Jorge dirigiu-se à fonte, deu de beber ao seu cavalo e quando o dragão surgiu, matou-o com a sua lança.


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São Jorge também é venerado em diversas religiões afro-brasileiras, como a Umbanda, onde é sincretizado na forma de Ogum. Todavia, a ligação de São Jorge com a Lua é algo puramente brasileiro, com forte influência da cultura africana, e em nada relacionado com o santo europeu. Em estados como Pernambuco, Rio Grande do Sul e Rio de Janeiro, o santo foi sincretizado a Ogum, enquanto na Bahia, sincretizado a Oxóssi. A tradição diz que as manchas apresentadas pela Lua representam o milagroso santo, seu cavalo e sua espada pronto para defender aqueles que buscam sua ajuda.

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Desde os tempos do czar Yaroslav – o Sábio, o povo russo venera São Jorge. Ele é o santo padroeiro dos príncipes, e sua imagem aparece no brasão e na moeda de Moscou. Ele representa um guerreiro valente, defensor das terras russas, protetor do camponeses. Muitas casas têm imagens do cavaleiro Jorge matando um dragão com sua lança; é a vitória do bem e da fé sobre as forças do mal.




São Jorge, 1911, óleo sobre tela, 107 x 95 cm, Wassily Kandinsky, Russian Museum, São Petersburgo.

Les tableaux de Raphaël sur ce sujet, l'un est visible au Louvre, avec le cheval blanc (réalisée vers 1500) représentent cette victoire, il y a aussi des illustrations éthiopiennes puisque c'est aussi un mythe bien représenté. Mais celui de Kandinsky de 1911, ce tableau, est assez étonnant, un petit bijou pour celui qui écrivait sur le spirituel, dans l'art. Je me demande s'il est encore en Russie ce tableau. La Révolution russe avait chassé l’artiste de sa terre natale en lui spoliant ses biens. Un an après ce départ, la toute nouvelle URSS interdisait les arts abstraits jugés « dégénérés ». Kandinsky en avance sur ce temps maudit, avait déjà ouvert la porte à l'abstraction. Loin du désordre russe, il s'installe en Allemagne il découvre les joies de la géométrie. Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, ses capricieuses formes. Mais rattrapé par la politique, encore, de l’Allemagne des années 1933, avec le nazisme, il fuie de nouveau, et s'exile, et s’installe à Neuilly. Peu avant sa mort, il change sa deuxième nationalité, l’allemande, contre une troisième, française.

Enfin, je m'endormais sur le château, dont la vue m'emmenait loin de ce patronyme évident, de ce saint qui tua le dragon.

Cafou le cheval blanc si petit, et moi, étions si heureux de penser à tout cela, tout en sachant que personne ne le pensait à notre place, ni le dragon, ni la politique, ni les dévots.
Mais il est vraiment trop petit pour être un cheval, il faut reconnaître que l'imagination transforme un peu toute sainteté en ânerie, l'humain s'il ne l'oublie pas sous les diktats, est doué de ces doux ânes et rêves, afin d'envoyer dans ses nuages chausse-trapes, ce qui convient, et vénérer ses saints quand cela lui convient. À sa convenance donc.
Petit souvenir joyeux et fugace d'un serveur noir qui paraphrasait ses allocutions de : À votre convenance. Un sportif de haut niveau préparant les jeux olympiques aux croissants et escargots, autours d'un café.
De l'art et du muscle, du blanc et du noir, pour éviter de finir rouge, cramé par le torticolis des jours sans fin, ni queue ni tête, ni filet de sauvetage, pour les artistes funambules, toutes celles et ceux perçus rapidement comme des bidons.

Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, nos capricieuses formes...



Art Par kiwaïda at 02:32

08/03/2023

ℛ@∂ї¢@ʟ ℜøμαηтїḉṧ

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Photographie © Nina Andersen

C'est bientôt !


Musique Par kiwaïda at 19:21

04/03/2023

ḠℛѺṲ ḠℛϴṲ

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Photographie © Sonia Marques

Les voici, des paquets de "grou grou" au dessus de nos têtes, la migrations  des grues cendrées...
Des vols très nombreux entrent en France depuis l'Espagne, Les grues hivernantes en Camargue, quittent le site en direction de l'Italie et dans une moindre mesure empruntent le couloir rhodanien.
Au nord de notre pays, des vols nombreux sont signalés en Belgique et en Allemagne... Les suivre ici.

Un bonheur renouvelé que de les entendre et les chercher du regard. Toujours étonnée de voir les passants, sans les entendre, ni les voir, lorsqu'elles ont au-dessus, si belles et majestueuses, des dessins dans le ciel, des navigations très spécifiques, chaque jour, un spectacle merveilleux.

Depuis 2010, j'ai appris à les reconnaître, de façon ontologique, être oiseau, en capacité de quitter, revenir, savoir où il faut aller, avec ses proches. Ces grues sont des signes des temps, les plus porteurs de sens, au-dessus des volcans (un titre de son et chanson que j'avais composé, ici même... comme une grue cendrée...)

La Grue cendrée est l'un des plus grands oiseaux d'Europe. Une envergure de 2 m à 2,40 m pour un poids de 4 à 6 kg font d'elle, un oiseau imposant. Son nom de « cendrée » lui vient de sa couleur à dominante grise, couleur cendre, relativement uniforme. L'oiseau adulte présente une tête contrastée entre noir et blanc. Une calotte rouge située au sommet de la tête est également plus ou moins visible selon la saison. Cette zone n'est pas constituée de plumes rouges, mais au contraire, résulte d'une absence de plume. La couleur rouge est due aux vaisseaux sanguins particulièrement nombreux à cet endroit et qui affleurent sous la peau. La couleur est donc plus marquée et la zone plus étendue à l'approche de la période de reproduction, période d'excitation sexuelle. La « queue » en panache n'est en réalité que l'extrémité des rémiges (plumes des ailes) qui dépassent. La véritable queue est en réalité très courte et n'est visible que lorsque l'oiseau est en vol. Le jeune né dans l'année est différent car entièrement brunâtre. Il acquière progressivement son plumage d'adulte. En vol, la grue se distingue par sa silhouette en forme de « + », ses grandes pattes dépassant largement à l'arrière et son cou est tendu.

Le cri est très caractéristique et ne peut être confondu. C'est un « grou grou » qui lui a d'ailleurs donné son nom dans bon nombre de pays. Il permet bien souvent d'entendre les oiseaux bien avant de pouvoir les observer.

Espèce protégée en France depuis 1967

Vitesse de vol : 40 à 80 km/h en moyenne. Si les vents sont porteurs et puissants, la grue se déplace à plus de 100 km/h. La grue peut donc traverser la France en une journée. Altitude de vol : de 200 à 1 500m.

Population transitant par la France : environ 360 000 individus Population hivernant en France : environ 100 000 / 120 000 individus Les grues transitant par la France nichent essentiellement en Suède, Finlande, Allemagne du Nord et Pologne.


Art Par kiwaïda at 19:41

01/03/2023

Ḻε ℘яḯηTℯღ℘ṧ

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Portrait de jeune femme, atelier de Sandro Botticelli, début des années 1480.

Quoi de plus beau, que cette joie douce de pouvoir se plonger de nouveau, dans les œuvres de la Renaissance italienne, de l'histoire de l'art.
Sandro Botticelli, peintre italien m'a beaucoup inspiré pour certaines de mes réalisations sur tissus, ou mes dessins.
Il serait né un 1er mars (1445)
Quoi de plus beau, qu'imaginer voir ce printemps, celui d'ici, et ceux de Simonetta Vespucci, sa muse, qui incarnait chez les florentins l'idéal féminin, décédée probablement de la tuberculose.
Elle est l'une des trois grâces de l’œuvre de Boticelli, Le printemps, une peinture mythologique et allégorique fabuleuse, à la tempera sur bois (technique spécifique)
Ce jardin représenté néo-platonique, reste, une image féérique, incrustée dans ma mémoire lorsque je l'étudiais grâce à l'enseignante en histoire de l'art, au Lycée d'art graphiques parisien, excellente dans sa manière d'aborder les œuvres picturales.

Le printemps, nous offre à loisir, des possibles, de remonter la pente des oublis littéraires et artistiques, tant il ramifie, ceux de la poésie antique.

Mais, au delà de sa richesse, Primavera, le printemps est là !

Art Par kiwaïda at 14:46

07/02/2023

ℝ℮ηтґℯя ∂@ηṧ ﹩εṧ ℘éηαт℮ṧ

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Dessins et peinture © Sonia Marques

Regagner ses pénates

« Regagner ses pénates », c'est rentrer chez soi, retrouver son foyer, voire, plus symboliquement, sa patrie. Cette expression dérive des Pénates, divinités domestiques romaines qui protègent la maisonnée. Leur nom découle du latin penus (« garde-manger, provisions »), mais également de penitus (« à l'intérieur »). Ils incarnent la prospérité et la pérennité de la domus. Les Pénates, représentés sur des peintures murales ou par des statuettes, sont honorés sur le foyer de la maison, où brûle le feu domestique, ou dans de petites « chapelles » en forme de niches ménagées dans les murs de la cuisine, de l'atrium ou sous le péristyle. Il existe aussi à Rome les Penates populi romani, dont le culte revêt un caractère plus public et politique. Ce serait le Troyen Énée, ancêtre de Romulus et Remus, les fondateurs mythiques de Rome, qui aurait, selon Virgile dans L'Énéi ...

Mais un peu d'histoires, dans l'histoire...


Il y avait toutes sortes de Numina, un Numen en toute chose inanimée. Les esprits divins coulaient dans chaque rivière, sur la colline ou dans la maison. Esprits de la terre, esprits des morts, ils influençaient la vie quotidienne, tous veillaient, protégeaient, guidaient, les êtres vivants sur la terre, si l'on oubliait pas de les remercier pour tous ces dons, les honorer. Dans la Rome Antique, c'est la religion qui parraine l'État. Les Dieux avaient un intérêt pour la réussite de l'État et la santé. Les pratiques religieuses étaient obligatoires. Les romains devaient donc participer aux fêtes, rituels et festivals parrainés par l'État. Ils se devaient d'honorer les esprits de leur maison. La religion romaine était fondée sur le concept de quid pro quo ("ceci pour cela"), et il était entendu que, tant que l'on respectait les esprits de sa maison, on jouissait de bonne santé et de prospérité. Ainsi, et selon les habitants des foyers, une maison dans laquelle les rituels étaient respectés et les esprits honorés prospérait, un propriétaire prospère pouvait faire valoir sa prospérité comme preuve de sa dévotion et de sa piété, mais ceux qui négligeaient les esprits en souffraient.

Les esprits concernés par la maison étaient : les Panes et Penates, les Lares, les Parentes, les Manes, les Lemures, les Genius, les Genius Loci, les Umbra.


Panes et Penates

Les panes et penates (ou Pénates) étaient les esprits du garde-manger et de la cuisine. Ils conservaient la nourriture dans la maison et assuraient une atmosphère agréable dans laquelle vivre. Ils protégeaient les aliments de la détérioration mais fournissaient également les moyens par lesquels une famille se procurait de la nourriture en premier lieu. Par conséquent, les statuettes des panes/penates étaient sorties de leur armoire, généralement située dans la cuisine, et posées sur la table pendant les repas. Les familles leur rendaient grâce avant de manger et une partie du repas était mise de côté en leur honneur, puis brûlée dans le feu de l'âtre en guise d'offrande rituelle. Les premiers fruits de la récolte leur étaient régulièrement offerts et ils étaient remerciés à chaque événement important de la vie d'une famille, comme une naissance, un anniversaire, une promotion ou le mariage de ses enfants. Il y avait une fête publique de remerciements et d'offrandes communautaires autour du 14 octobre de chaque année.

Les lares

Ils ont pris différentes caractéristiques à différents moments de l'histoire de Rome et étaient considérés comme des esprits gardiens et des esprits des ancêtres morts à différentes époques. Il semble qu'à l'origine, ils aient été les enfants de la nymphe Lara (également connue sous le nom de Larunda), qui trahit la liaison de sa compagne, Juturna, avec Jupiter à sa femme Junon. Jupiter lui coupa alors la langue pour l'empêcher de raconter d'autres secrets et demanda à Mercure de l'escorter jusqu'aux enfers. En chemin, Mercure tomba amoureux d'elle et leur union donna naissance aux lares qui devinrent les esprits gardiens d'une famille et d'un foyer. Selon une autre variante, les lares étaient les esprits des morts de la famille (et non des morts en général) qui devaient être reconnus et honorés quotidiennement. Il y avait une armoire-sanctuaire dans la maison (le lararium), généralement dans l'atrium, qui abritait leurs statuettes et d'où ils travaillaient pour assurer la prospérité de la famille. En cela, ils étaient étroitement associés aux panes/penates et les rituels destinés aux trois étaient souvent combinés. Ces esprits étaient connus sous le nom de Lares Familiares (esprits de la famille) ou Lares Domestici (esprits de la maison) mais les lares étaient également reconnus pour protéger la communauté (Lares Compitales) et étaient honorés lors du festival Compitalia le 22 décembre. Des prières et des offrandes quotidiennes étaient faites aux lares tout au long de l'année, mais des rituels élaborés étaient mis en place lors de journées spéciales telles que les anniversaires, les mariages, les départs et retours de voyage. Lorsqu'une famille déménageait définitivement d'une maison à une autre, les lares, panes et penates déménageaient avec elle.

Les parentes

Les parentes étaient associées aux lares en tant qu'esprits des ancêtres, mais aussi des membres de la famille proche - une mère ou un père - qui étaient décédés, mais aussi des esprits de la famille vivante. Si un Romain se rendait à Athènes, par exemple, il emportait les statuettes de sa femme et de ses enfants, ainsi qu'un peu de feu provenant de son foyer, de sorte que partout où il allait, ils y allaient aussi. Les parentes étaient honorés lors de la fête de Parentalia, une fête de neuf jours qui commençait le 13 février en l'honneur des lares et des penates et se terminait par la fête de Feralia, le 21 février, au cours de laquelle on se rendait sur les tombes des morts pour leur laisser des cadeaux. Le lendemain, le 22 février, c'était la fête personnelle et familiale de la Caristia, au cours de laquelle on honorait sa famille vivante et on faisait amende honorable auprès des membres de la famille avec lesquels on pouvait être en désaccord. Parentalia et Feralia rendaient hommage à ceux qui étaient décédés mais toujours présents et influents dans la vie d'une personne.

Les manes (Mânes)

Ils étaient les morts collectifs (dii manes = les morts divins) qui habitaient l'au-delà. Toute personne qui mourait devenait un mane et était ensuite spécifiée comme un lare ou un parentes par sa famille. Le mane était l'étincelle de vie divine qui se trouvait dans chaque personne et qui était censée résider dans la tête. Les bustes du père, de la mère ou d'ancêtres plus lointains étaient réalisés non seulement pour les honorer et se souvenir d'eux à travers une œuvre d'art, mais aussi, et de manière tout aussi significative, pour permettre à leur mane d'habiter le buste quand il le souhaitait. Ces bustes étaient généralement placés dans l'atrium d'une maison, la pièce publique de la maison où l'on organisait des fêtes ou des discussions politiques ou civiques sérieuses. Les manes pouvaient donc participer à ces rassemblements par l'intermédiaire de leurs bustes.

Lemures


Les lemures (lémures) étaient les morts inquiets, courroucés ou malicieux. Aujourd'hui, une lémure serait connu comme un poltergeist, un esprit en colère qui perturberait la maison jusqu'à ce que ses besoins soient satisfaits ou qu'il soit exorcisé par une autorité spirituelle. Ces esprits étaient collectivement des manes - esprits divins de ceux qui avaient vécu autrefois - mais étaient ceux qui, pour une raison ou une autre, étaient malheureux dans l'au-delà. La raison la plus courante pour qu'un esprit revienne sous la forme d'un lémure était la mauvaise observance des rites funéraires ou de l'enterrement, ou le non-respect des souhaits du défunt tels qu'ils étaient inscrits dans son testament. Cependant, un mane pouvait également revenir en tant que lemure s'il estimait que la famille ne l'honorait pas correctement et ne se souvenait pas de lui. Un lare, des parentes ou les manes pouvaient devenir des lemures si les offrandes et les prières appropriées n'étaient pas faites à leur satisfaction.

Genius

Le genius (génie) était l'esprit masculin de la maison et était symbolisé par le serpent. Le génie domestique était honoré le jour de l'anniversaire du chef de famille et était défini comme "un esprit viril" ayant une influence particulière sur le lit conjugal. On pensait également que le génie permettait au chef de famille de faire ce qui devait être fait. Le génie de la maison, qui se manifestait dans le paterfamilias - le père et le chef de famille - travaillait idéalement de concert avec le Genius Loci - l'esprit du sol sur lequel la maison était construite. Ces deux esprits étaient des entités complètement différentes mais si le Genius Loci était honoré et apaisé, alors le genius de la maison le serait aussi et la famille vivrait dans la paix et la prospérité.

Umbrae

Les umbrae (ombres) étaient des fantômes qui revenaient de l'au-delà et étaient également appelés imagines, species et immanes (sans forme). Les Umbrae n'étaient ni bonnes ni mauvaises, mais pouvaient être interprétées comme l'un ou l'autre selon la façon dont elles apparaissaient à une personne. Si un fantôme apparaissait à une personne dans un rêve, cela était généralement considéré comme une bonne chose, mais seulement s'il s'agissait de l'esprit d'un être cher et surtout si le fantôme transmettait des informations importantes, comme l'endroit où ils avaient mis leur testament ou un objet de valeur que la famille pensait perdu. À l'inverse, si l'esprit d'un étranger apparaissait dans un rêve, c'était un mauvais présage et, pire encore, si un fantôme apparaissait à une personne éveillée. Cela voulait dire que la personne en vie été hantée pour quelque méfait de sa part. Il fallait alors examiner ce que l'on avait pu faire (par exemple, lésiner sur le festin funéraire) et s'amender. Les umbrae étaient honorées avec les autres esprits lors des Feralia et Lemuria mais, par précaution, des amulettes et des charmes étaient portés ou placés sur les poteaux des portes ou dans les pièces et des rituels étaient observés pour les apaiser et les éloigner.



Chaque romain, chaque romaine, était surveillé le long de sa vie, influencé par tous ces esprits liés les uns aux autres. Lors de funérailles ce sont les vivants qui s'honoraient, et non les morts. La famille sacrifiait un cochon, procédait à une purification rituelle de la maison, puis organisait un festin avec des invités, symbole de la poursuite de la vie dans la maison. Une fois que les morts étaient passés à l'état d'esprits, c'était le moment de les vénérer et de prier pour honorer ce qu'ils avaient été dans la vie et ce qu'ils restaient dans l'au-delà. La croyance commune était que les morts continuaient à vivre et avaient simplement été transformés par la mort en un autre royaume. Il n'était pas nécessaire qu'un esprit veille sur eux ou les protège au moment de leur mort ou lors de leurs funérailles, car ils faisaient désormais partie des morts divins et pouvaient prendre soin d'eux-mêmes. Seuls les vivants, qui vivaient quotidiennement dans l'incertitude de leur avenir, avaient besoin d'une protection et d'une assurance spirituelles. Les esprits des morts, ainsi que les esprits éternels de la terre, guidaient et protégeaient les Romains dans leurs efforts quotidiens mais, lorsqu'ils étaient oubliés, ou lorsqu'un sacrifice ou une prière semblait être plus un acte de coutume qu'une attention réelle, les esprits retiraient leur faveur et l'on souffrait de malheurs petits ou grands. C'est pour cette raison, comme nous l'avons déjà dit, qu'une famille romaine typique, même si elle assistait avec dévotion aux rituels et aux fêtes d'État en l'honneur des dieux, veillait toujours à honorer les esprits de son foyer, de sa maison et de ceux qui l'avaient précédée.

Au Musée Archéologique de Naples, on peut voir un extrait d'une fresque de Pompéi. Elle représente deux Lares (divinités protectrices, fils du dieu Mercure) versant du vin d'une corne à boire (rhyton) dans un seau (situle). Ils se tiennent de part et d'autre d'une scène de sacrifice. Le chef de famille fait des offrandes, un musicien joue tandis que deux personnages plus petits apportent des objets à sacrifier, dont un cochon. Dans le panneau du dessous, une paire de serpents, porteurs de bonne fortune, de prospérité et d'abondance, se tient de chaque côté de l'autel.

Il existe toutes sortes de statues. Par exemple celles des dieux Lares étaient fort petites; on les plaçait au coin du foyer; les riches les conservaient dans un oratoire spécial, appelé lararium; on mettait près d'elles un chien, symbole d'attachement et de fidélité. Les Lares se transmettaient dans chaque famille de génération en génération; aussi les appelait-on dieux paternels. Outre les Lares domestiques, il y avait aussi des Lares publics, les uns urbains, exposés dans des niches, aux carrefours des villes; les autres viales, placés à l'embranchement des grands chemins, et figurés comme des termes. On offrait aux Lares des fruits, du lait, les prémices des moissons (Compitalia). On identifie souvent les Lares avec les Mânes des ancêtres de chaque famille; on les confond aussi avec les Pénates; cependant les Pénates paraissent plutôt chargés de dispenser, les richesses, et les Lares de les conserver. Rome avait pour dieux lares Rémus et Romulus.

Le culte de ces esprits de la terre était commun à toute l'Italie; on le retrouve en Latium, comme chez les Sabins et les Étrusques. On peut supposer que la croyance aux Lares a commencé dans les campagnes, où on les adorait comme protecteurs du sol, de la vigne, des chemins, et de toute la vie champêtre.


S'il y a souvent confusion entre les lares et les penates, c'est qu'ils concernent le foyer, mais voici les différences selon les définitions du Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine :

- Lares : divinités tutélaires romaines et étrusques. Souvent associés au pénates, les Lares (le nom "lar" est étrusque) s'en distinguent par leur aspect immuable : alors qu'on transporte ses pénates, lors d'un déplacement, les Lares ne peuvent quitter l'endroit où ils ont été fixés et sont d'ailleurs qualifiés par le lieu qu'ils protègent. Il y a ainsi les Lares domestici, ou familiares, ou privati, ou patrii, c'est à dire les Lares domestiques protecteurs du foyer ; les Lares vicorum, protecteurs des rues ; etc. [...] Malgré tout, les Lares ne sont pas des divinités de premier ordre ; dans la hiérarchie des dieux, ils occupent la dernière place.

- Pénates : divinités romaines protectrices de l'Etat (pénates publics), ou de la maison et de la famille (pénates privés) Pénate viendrait de "penus", qui désigne la partie intérieure de la maison, le tablinum, où les représentations des pénates, d'ivoire, d'argent et de terre cuite sont placés et où l'on entrepose également les vivres. Les pénates privés ont pour fonction de protéger la famille, de lui assurer sa survie, en lui portant bonheur et prospérité. Le paterfamilias est à même de choisir des dieux à honorer comme pénates ; en cas de déménagement, les pénates suivent la famille. Les pénates publics, protecteurs de l'Etat, garants de l'immortalité de Rome [...] sont installés dans la partie la plus reculée du temple de Vesta. Confondus avec les Lares, autres divinités du foyer, les pénates privés s'en différencient par leur origine italique et par leur mobilité : on emmène les pénates avec soi quand on quitte le foyer domestique. Cette confusion est d'autant plus grande que les pénates publics sont liés à un lieu précis.

Au final, pénates et Lares désignent toutes les divinités honorées dans une maison.

Enseignement Par kiwaïda at 23:11

05/02/2023

ℑℕṼЇϟЇ฿ℒℰ

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I N V I S I B L E


Rien ne va changer dans l'invisible
Tu resteras le même, elle restera la même, ils seront les mêmes
qu'avant

Ils changeront de logiciel, ils changeront les machines
ils changeront le langage de programmation
ils changeront de langage
de langage

Rien ne fonctionnera comme avant
Tout sera pire et tout sera effacé
Avec efficacité

Mais ils seront les mêmes

Tu seras le même, animé par des désirs aussi inavouables,
et des besoins urgents, de soulager tes peines et tes orifices,
de boire les bêtises des autres, et de donner le plus vil de ton jus,
comme les autres
Rien ne changera

Ils seront les mêmes, animés par des désirs aussi inavouables,
et des besoins urgents, de soulager leurs peines et leurs orifices,
de boire les bêtises des autres, et de donner le plus vil de leur jus,
auréolés de leur langage sans âme,
comme les autres
Rien ne changera

Mais ils pisseront beaucoup plus,
jusqu'à ne plus le pouvoir,
Eux non plus

Tu cacheras tes amours à jamais interdits,
tes amitiés aussi
Tu afficheras des fausses identités, des signes pour faire semblant d'aimer
et tout ce que tu détesteras, tu feras tout pour l'aimer,
sans jamais y parvenir,
comme avant
Ta vie sera celle du mensonge,
ton salut celui de l'interroger

Eux aussi
Sans point d'interrogation

Ils changeront de logiciel, ils changeront les machines
ils changeront le langage de programmation
ils changeront de langage
de langage

Il n'y aura plus de sexe, de liquide, de merde,
de choses qui dégoulinent, de virus, de parasite,
puisque tu seras éliminé du langage

Tu ne pueras plus, tu ne pollueras plus,
tu ne contamineras personne et tu ne pourras plus être contaminé,
tu ne feras plus d'enfants, tu n'accoucheras plus, tu ne seras plus accidenté,
tu ne seras plus imaginé car l'imaginaire aura disparu de leur langage

Mais comme avant tu seras tué
comme avant
Personne ne connaîtra plus le "Tu ne tueras point"
car tu n'auras plus aucune valeur,
comme avant

Eux aussi, ils puent la merde et sont des virus ambulants de désirs,
accidentés par la vie, sans aucun imaginaire,
déprimés de ne pouvoir imaginer seulement qu'ils sont supérieurs

Ils changeront de logiciel, ils changeront les machines
ils changeront le langage de programmation
ils changeront de langage
de langage

décloisonner, valoriser, dispositif, perspective, encadrement, compétence,
personnalisation, suppression, validation, alterné, interné, empêché, enrichir, mobilité,
service, audit, conseil, sélectif, priorité, exfiltré, transformation, enjeux, opacité, barrière,
talent, véritable, responsabilité, convention, engagement, capitalisé, exercice, isolé,
fonction, bénéfice, atteinte, résultat, expertise, bénéfice, numérique, scientifique,
processus,  action, opérationnel, professionnel, référentiel, classer, déclasser,
recrutement, convention, préférence, profil, ostracisé, fiché, numérisé, scanné,
désélectionné, paralysé, saisi, liquidé, assigné, dévasté, envahi, éliminé, non renouvelé,

projet, projet, projet
rejet, rejet, rejet

impartialité, transparence, condition, réforme, méritocratie, idiocratie, valeur, outils,
interadministré, intercité, intersectionné, interelationné, intersexualisé, interchangeable,
inter et entre tous les interdits,
mais supérieur à jamais

Tu seras comme les autres supérieurs, inférieur à tout
ignorant, incapable, et immobilisé,

Tu sera comme tu as toujours été
le con de la rénovation


* * *

Même dans l'invisible
cela se voit encore

+


Design & poem © Sonia Marques

Art Par kiwaïda at 01:53

31/01/2023

ℝα∂їḉαʟ ℝ☺ღ@ᾔ☂i¢﹩

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Les Dreijer suédois sont de retour, ! En attendant la sortie de leur album en mars prochain, Radical Romantics, la piste "Kandy", offre un hommage sucré, ou toxique, à l'envoûtant et inoubliable "Pass This On" de 2003, il y a 20 ans (Whaou ! On vieilli !) dont les paroles (Paroliers : Karin Elizabeth Dreijer Andersson / Olof Bjorn Dreijer) "I'm in love with your brother / What's his name /" et le clip réalisé par Johan Renck mettant en scène le styliste et drag queen Rickard Engfors, magnétisait par son attraction dans un chalet reclus. "Kandy " rassemble le duo frère et sœur, costumés avec les polyrythmies exotiques, et, cette fois-ci, c'est Karin qui s'offre en miroir, costumée et aliénée. Le double veut se manger. Sortie prévue sur leur label "Rabid Records", l'ancien fameux groupe électronique "The Knife" avait sulfurisé mes nuits et mes jours jusqu'au concert à la Philarmonie de Pars en 2013, il y a 10 ans (Whaou ! On vieilli) Suite auquel, j'avais écrit un article documenté "Les saltimbanques électroniques".

Déjà l'ouverture de l'album "What They Call Us", dont le clip montre une sorte d'entreprise sur la fin, son dernier jour, en implorant ses employés à réparer ce qu'ils ont brisé, la personne qui est venue y travailler : "Peux-tu le réparer, peux-tu t'en soucier ?" donne quelques pistes de ravageuses finitudes bureaucratiques, où plus personne ne veut travailler, pour finir la tête dans une photocopieuse ou se finir comme un petit cinnamon bun passé au micro-onde.

Donc, Fever Ray, leur pseudonyme, annonce Radical Romantics, premier nouvel album depuis plus de cinq ans, qui sortira le 10 mars et présente le mythe de l'amour. Les visionnaires de la pop, jonglent avec les formes séduisantes et terrifiantes, la force et la vulnérabilité, l'anxiété et la sécurité. Parmi les autres coproducteurs et interprètes figurent le duo puissant de Trent Reznor et Atticus Ross (Nine Inch Nails), le DJ et producteur portugais Nídia, Johannes Berglund, Peder Mannerfelt et le projet de danse technicolor de Pär Grindvik Aasthma, et l'artiste expérimental et producteur susmentionné Vessel. Un collaborateur de longue date, Martin Falck, se joint à Dreijer pour créer le monde visuel global de Fever Ray de l'ère Radical Romantics.

Hâte !

Musique Par kiwaïda at 02:06

27/01/2023

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Alice (en tchèque : Něco z Alenky, littéralement Quelque chose d'Alice) est le premier long métrage de l'artiste multiforme tchèque Jan Švankmajer, de 1987 réalisé à partir de l’œuvre de Lewis Carroll.

Fabuleuse découverte, il y a quelques années de découvrir ce film, et tous les autres de cet artiste tchèque. Il y a quelque chose d'inoubliable, lié aussi aux sons étranges, aux précipitations, je me souviens d'un aller-retour entre le muet (le mutisme) et les cris, les bruits des articulations, les gesticulations, et toutes les formes de liquides gustatifs, et les dérèglements notoires de l'histoire d'Alice. Lorsque les marionnettes continuent de bouger, et que le son disparait, on ne peut que contextualiser ce film avec l'histoire de l'artiste pris dans la dictature communiste de 1968 à 1989. Il subit, comme de nombreux artistes une censure, cette sorte de langue coupée, qui est imagée dans ce film d'animation. Il y a aussi dans ses fictions une mise en scène de traumatismes. Beaucoup de ses scénarios ne voient pas le jour et un grand nombre de ses films sont censurés dès leur sortie. Il lui est d'ailleurs interdit de filmer durant 7 ans. La censure communiste a aussi influencé le travail de Jan Švankmajer d'un point de vue formel et thématique : l'animation et le théâtre de marionnettes subissaient moins le joug de la censure que la fiction réaliste.
Jan Švankmajer se tenait à distance de la dissidence et aussi du régime, cette position fut théorisée comme la « double isolation ».
En 1970, il rejoint avec sa conjointe Eva Švankmajerovà, artiste et écrivaine, le groupe surréaliste de Prague. Le surréalisme tchèque se caractérise par ses positions politiques de gauche anti-dogmatiques. Il a été banni dès 1948, suite au putsch communiste, en raison de la publication en 1938 d’un texte de Karel Teige paru dans Surrealismus proti proudu (Surréalisme contre le courant) dans lequel il compare les dictateurs stalinistes aux fascistes. Pour Švankmajer, le surréalisme représente bien davantage une position rebelle anti-totalitaire qu’un courant esthétique.

 Jan Švankmajer explique : « Je n'ai pas vraiment souffert d'être empêché de faire des films pendant sept ans ; je continuais mon travail de plasticien. Je ne suis pas un cinéaste. »

Quelque chose d'Alice fut tourné dans ce contexte historique. À la fin des années 80, la République Tchèque était encore sous le joug d'une dictature communiste qui contrôlait la culture et le cinéma, et n'autorisait que les films de propagande ou pour enfants. Anti-communiste, Jan Švankmajer refusait de se plier à la propagande mais pour voir ses films distribués, il était obligé de se tourner vers les œuvres enfantines. La liberté prise, dans ce film, et même par rapport à l’œuvre de Lewis Carroll, a été possible par le soutien de producteurs étrangers. Sont exprimés les rêves, l’inconscient, le jeu avec les cadres et normes et morales, tout se décale et s'invente dans des bribes de souvenirs d'enfance, où le mélange est possible, de matières, d'organiques, de végétaux, d'objets du quotidien, dans une vétusté très créative, onirique. Ses techniques sont aussi extrêmement variées et font appel aux 5 sens, c'est sensoriel, c'est tactile, et cela touche à ce qui loge dans le secret de notre intimité.

« Mes expérimentations tactiles ont commencé un peu par dépit. Mon premier objet tactile a pris forme peu après que j’ai dû cesser de travailler à mon film Le Château d’Otrante (1973-1979). J’ai fini par refuser de refaire une scène pour obéir aux ordres de la direction de Krátky Film. Comme ce n’était pas ma première confrontation avec la censure consécutive à l’occupation soviétique, j’en suis venu à conclure que je ne pourrais effectivement plus réaliser mes propres films. Cette situation a duré sept longues années, durant lesquelles je me suis consacré à l’étude approfondie du toucher en relation avec l’imagination. Je me suis orienté vers un domaine de création qu’on pourrait presque considérer comme l’extrême opposé du film audiovisuel. Sans cette interdiction, les expérimentations décrites dans ce livre n’auraient probablement jamais eu lieu : voilà pour l’idée selon laquelle les systèmes totalitaires et la censure exerceraient un frein sur la création originale. C’est, en un sens, exactement le contraire. Les difficultés à surmonter et les interdictions à contourner donnent un coup de fouet à la méfiance et à la subversion, ressorts inhérents à toute création digne de ce nom. »



Film Par kiwaïda at 02:53

25/01/2023

ℒε ℳαґé¢♄@ℓ

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Le Maréchal

De temps en temps, il allait remplir sa cruche au cellier.
Il revenait un peu plus gai de saveurs fruitées.
Ce soir-là, plus en profondeur, il descendait à la cave,
comme en lui-même, à la recherche du grave,
et le souvenir d'un vin scellé par le sort,
dans une poussiéreuse amphore.

Sa main tremblait devant la chose,
pour mieux la reconnaître,
il époussetait sa peur bleue, Diable la voici !

Très prisée pour sa contenance et sa lourdeur,
posée sur une étagère, parmi d'autres bibelots de décoration,
une jarre à l'agonie gisait en toute démonstration.

Sur la bombonne de grès, l'artiste a peint sa trace d'un bleu-noir.
La tête blanchâtre ferme le corps ventru, elle est condamnée.
Face à cet abattement, il luttait pour ne point la casser.
Tandis que son appel fut bien de la violenter.

Quand elle est secouée, se fait entendre un son mat.
Quelque chose à l'intérieur, se cogne aux parois, enfermé.

C'est le cerveau du Maréchal.

Si la céramique est bousculée et tombe par mégarde,
ou, si volontairement, elle est brisée, une graine tombe à terre.

Ne surtout pas l'arroser, car voici l'histoire du Maréchal.
Il a vraiment existé, ce n'est pas un conte de fée.
Protégez-vous de cette mauvaise engeance.
Enfants et âmes sensibles, fermez vos écoutilles,
c'est une tempête séculaire, l'histoire va commencer.

Il était une fois, à la cour des ducs, naquit Le Maréchal.
Sous les yeux de son père, tous les espoirs se tournaient,
vers lui.

Subitement, avec son frère, ils deviennent orphelins.
Leur grand-père, déplorable éducateur, montre la voix,
se sentir au-dessus des lois, les crétins sont rois.

Ils vivaient à leur guise, au pied de son désastreux exemple.
Parfois absent, parfois sadique, parfois ludique, surtout lubrique.

Adolescent, Le Maréchal fut envoyé en guerre.
De toutes les batailles, de tous les assauts, il était le premier.
Il pillait, violait, tuait, dans le désordre.
Les cadavres devenaient ses seuls amis, ses amants, ses confidents.
Les royaumes le réclamaient, partout il réussissait.
Médaillé, sans apprendre ni à lire, ni à écrire, cancre tenace,
il ne pactisait qu'avec les hiérarchies délétères.

Adulte, son esprit ne s'élevait guère plus,
il adulait les extrêmes médiocrités.
Capricieux, ses colères sont mémorables,
les tasses et les assiettes se brisent.
Les portes claquent ou se ferment à jamais.

Il prend une femme dont nait aussitôt un garçon.
La malheureuse ne peut plus s'échapper.
Le grand-père meurt et laisse de nombreux châteaux.
Des ruines, des coupe-gorge, des lieux de sectes et de drogues,
de tortures, de prisons sordides, un cartel de corruption,
dont ils deviennent avec son frère, les héritiers.

Le Maréchal inspire les prétentions aux supériorités insolentes.
La transgression est la règle et les erreurs fatales.
Les habitants sont très pauvres, la misère est exploitée.
Les plus démunis ne peuvent plus partir,
emmurés dans le silence, terrés sous la peur.
Les handicapés forment son capital le plus vénérable.
Il parvient à se faire la réputation d'un homme charitable,
les entassant dans quelques demeures insalubres.
La démesure, les hubris des hauts gradés s'y installent,
avec leurs troubles paraphiliques.

Le théâtre est son obsession, dans l'un de ses châteaux,
il impose des décors, habille tout le monde,
masque et défait les amours, dévie les sexualités,
et suscite l'admiration de ses éclaboussures.
Magnificences et somptueuses décadences, il invite et régale,
fait coucher et découche, selon ses envies, selon son propre plaisir.
La destruction et l'obstruction se répètent d'années en années.
Il recompose ailleurs pour raser toute vitalité, d'une terre à l'autre.
Il ne connait que le conflit, l'autre c'est l'adversaire,
lui, il est Le Maréchal, le plus riche, le plus puissant,
le plus attrayant, le plus admirable, le plus merveilleux.
Sous sa superbe et son assurance orgueilleuse et hautaine,
il est le plus affreux, le plus féroce, l'épouvantable, l'ignoble.
Monstrueux et répugnant, pour ceux qui subissaient ses viles actions,
si honteuses, qu'ils ne pouvaient les révéler.

Tyran, il n'hésite pas à tuer qui s'oppose à lui,
qui respire un peu trop, qui expose ses facultés.
Les intermédiaires officient aux basses tâches.
Il scrute dans les coulisses, envoie ses employés au massacre.
Il commissionne des clercs pour enquêter, leurs fait écrire des listes de noms.
Les prêtes-plume s'exécutent et remplissent des liasses,
et des liasses, de parchemins.
Il prend l'argent des autres puis les accuse de voler.

Le travail est si fastidieux, qu'il tue à la tâche, chacun de ses nègres.
Leurs troubles du comportement provoquent des actes inadaptés.
Des cases pour les impécunieux, d'autres pour les les nécessiteux, 
puis pour les nantis, les malades, les créateurs et les exaltés,
les rebelles et les réputés.
Ses aliénés mentaux exécutent son jeu cruel, inventer des fautes ridicules,
chaque jour les écrire et les envoyer, au galop.
Le Maréchal ferre les chevaux.

Des mouroirs surveillés par des milices à son service,
s'élèvent pour ficher ses jalousies, et éteindre toute vie.
Ses châteaux hantés gardent les derniers souffles de tous les affamés.

Son frère l'accuse de dilapider son patrimoine,
de distribuer ses terres au plus offrant,
afin de pallier ses fastueuses dépenses.
Il l'assigne en justice et les châtelains aussi.

Le Maréchal emprisonne les épouses des châtelains.
Ses serviteurs planifient des chantages.
Ils menacent de les coudre dans un sac, avant de les jeter
dans la rivière, si les couples ne renoncent pas.

Les conditions de détention sont macabres,
la privation de soins et de nourriture, les humiliations et les viols,
s'éternisent, sans inquiéter personne.
Les suicides sont évoqués, afin de ne pas ternir la réputation du Maréchal.
Aux dîners mondains, de fausses rumeurs excusent l’indicible,
l'hystérie des femmes, la dysenterie, la lèpre, la peste.

Les innocents s'entassent parmi les criminels, et négocient leur peine,
en espérant ralentir le temps.
Ils deviennent esclaves des truands.

Poursuivi par différents parlements, Le Maréchal opère des transactions,
avec ses adversaires survivants.
Il recherche des subalternes bien éduqués, afin de régler toutes ses dettes.
Il empoche l'argent de la justice et libèrent les châtelains rescapés,
ses nouveaux commis d'office.

Une châtelaine dont le mari est mort emprisonné, se trouve contrainte
d'épouser son frère, afin qu'il renonce à le poursuivre en justice.

Sa mauvaise gestion de ses ressources l'incline peu à peu,
à céder ses parts à son frère et solder ses hommes d'arme.
Son opulent train de vie ne cesse d'entretenir sa réputation
du plus riche Seigneur, son omnipotence et son impudence.

Il excitait la concupiscence des dépravés, des notables, des militaires et religieux.
Sa délectation dans le mal assombrissait peu à peu sa complexion.
Ignorant et sans aucun discernement, il contractait des maladies sexuelles.
Contagieux et contaminé, parfois foudroyé par la fièvre,
inexorable, sa persévérance creusait des entailles plus profondes,
vers une déchéance dont il n'avait cure.

Crédule, il s'entoure de charlatans des sciences occultes,
des alchimistes imposteurs et des magiciens en herbe, qui le flattent.
Il se fait enjôler, son héritage est extorqué en un rien de temps.
Enragé, il se fait diable la barbe bleue, d'un noir absolu,
et se montre lugubre pour attirer l'empathie.

Le Maréchal envoie des hommes enlever des enfants.
Il a des besoins, ses obligés doivent les assouvir,
violer et torturer, égorger ou dépecer.
Tous ses agents doivent assister aux séances.
La terreur est la loi.

Il prend du plaisir à voir les têtes et les membres se séparer,
les sachant morts, ils les embrasse.
Collectionneur, il enferme tout dans ses cabinets secrets.

Le Maréchal se délecte de voir les organes sortir des corps,
tout ce qui est intérieur doit être vu, voir plus encore et toujours plus,
tout voir, être vu voyant tout.
Avoir et posséder, les biens et les hommes, les femmes et les enfants.

Le Maréchal faisait extirper les fœtus des ventres des mères.
Enceinte, sa femme était parvenue à sauvegarder son enfant.
Ainsi, réalisa-t-elle que la fuite serait sa seule survie.
Avec son fils, dans l'anonymat, ils se sont drapés, déserteurs de la folie.

Elle s'enfuie dans un autre pays, change de langue et de nom.
Ils vivront cachés toute leur vie.
De leur bouche, rien ne sera jamais révélé.
De leurs vies passées, ils ne seront jamais guéris.

Personne ne peut prononcer son nom.
Tout le monde doit écrire et le dire à sa place, et le glorifier.
Biographes, romanciers, colporteurs, bouche à oreille,
à pied à cheval, discours, lettres et rouleaux.

Livraison éparpillée des messages avec de l'argent, jusqu'à l'étranger.
Monastères, universités, villes, principautés, royaumes et papauté.
Ses réseaux d’intérêt et alliances passagères nourrissent les hommes d’affaires.
En confortant son estime, Le Maréchal développe sa sujétion et impose ses ordres.

Ses relais administratifs, officiers, sénéchaux et lieutenants,
puis les représentants des villes, font crier ces ordres par les crieurs publics.
Trompettes et cloches, la foule ameutée entend ses textes en langue vulgaire.
Scandés de formules incantatoires, ils fondent l’ordre d’obéir
et l'affichage aux portes des villes et des églises.

Il sanctuarise sa famille, ses ascendants,
et déshérite ses descendants.

Il ne connaissait rien, il voulait tout imiter.
Il s'inspirait des gravures et des coutumes de princes païens.
Mauvais acteur, il mimait la détresse, se faisait victime à la place des morts,
après les avoir mis sous terre.

Les disparitions par centaine alertèrent.
Ses cabinets secrets furent découverts par de curieux avant-gardes,
précurseurs et femmes rusées, ayant eu vent des méfaits divers,
à travers les trous des serrures, ces indiscrets entraperçurent des charniers.

Sachant la fin proche du Maréchal, ses complices passèrent aux aveux,
afin d'être épargnés, et poursuivre son exemple.

Condamné au bûcher, au statut de violeur et tueur d'enfants,
couvert d'ignominies, dégradé et déchu de tout,
il fut étranglé avant le feu, par ses scélérats comparses,
avides d'une plus haute fonction.

Féroce seigneur il y a quelques siècles, riche, laid, terrifiant, entouré de vénaux,
Le Maréchal a bien existé, ce n'est pas un conte de fée.

Aujourd'hui encore, tout ce qui fait la misère,
provient certainement d'un serviteur endiablé, des plus hautes distinctions.

N'arrosez pas la graine.

Il remontait de la cave sans aucune cruche ni bombonne, ni amphore.
Il regardait sa femme et ses enfants, ce jour là il était heureux.
Tel un valeureux commun des mortels, la douceur dure,
il savait l'enfer sous terre, et l'insouciance des nuages, légers,
au bout du monde.

Tous les anciens combattants ne veulent pas que la guerre revienne.

Il dépassait ses peurs et défiait le vent, tel un cerf-volant.
L'artiste paisible, au cerveau trop rapide, s'envolait lentement,
dans ses rêves, rejoindre les cotons blancs.


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Design & poem © Sonia Marques

Art Par kiwaïda at 15:27

24/01/2023

ℒεṧ ℓ@ρїᾔ﹩

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Autoportrait : Dans la peau des lapins d'eau

(Peintures © Sonia Marques)

Art Par kiwaïda at 22:40

19/01/2023

Ш@☂ℯґ ℜαß♭ḯт ℭ♄їᾔεṧ℮ ℤ◎ḓїα¢

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lapeau.jpg

Peinture © Sonia Marques

Lapeau

Dans le zodiaque chinois, voici l'année, 2023, du Lapin d'Eau. Bonne année !

Enseignement Par kiwaïda at 20:30

18/01/2023

Ḻα Vαℊüℯ

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Peintures (extrait) © Sonia Marques


Art Par kiwaïda at 23:24

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