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dimanche 10 septembre 2023

ℒαяαηʝα



Laranja (2023) Photographie © Sonia Marques

lundi 3 juillet 2023

☾◎℮υґ






Photographies et dessin © Sonia Marques

mercredi 4 janvier 2023

ℒεṧ i♏ÅḠℰϟ




À gauche, le cerf volant de l'artiste américain Tom Wesselmann (Blonde Kite), pour sa femme Claire, créé en 1988,
et, à droite une broche de Tom Wesselmann, en Bakélite, dans ma main...
(Photographies © Sonia Marques)
C'est un beau cadeau.
Et, ci-dessous, un dessin préparatoire de l'artiste (Tom) de son cerf-volant nommé "Blonde Kite" (sur carte postale)


(●♡∀♡)  (♥ω♥*)

⊆♥_㇁♥⊇    (●♡∀♡))ヾ☆*。




© Peinture de Tom Wesselmann, année 70 (Claire naked)



Des photos de Tom Wesselmann avec sa famille et ses tableaux, ou dans son atelier, avec sa femme Claire Wesselmann...

(´・` )♡    ლ(́◉◞౪◟◉‵ლ)

◟(◔ั₀◔ั )◞ ༘♡     φ(゚ ω゚//)♡


Tom Wesselmann (1931-2004)


Peintre américain aujourd’hui considéré comme l’une des figures majeures du Pop Art américain, il appartient à la première génération du mouvement Pop Art dans laquelle il occupe une place bien à part avec une imagerie provocante, mais qui échappe subtilement à la vulgarité. C’est avant tout séduction, plaisir et sensualité qui se dégagent des nus de Wesselmann, qu’il puise son inspiration dans l’iconographie de l’imagerie publicitaire et de la société de consommation ou dans la pure tradition de l’histoire de l’art. Après des études de psychologie puis d'art à Cincinnati, Wesselmann s'installe à New York où il intègre la Cooper Union. Comme bon nombre de ses confrères, il débute sa carrière dans le dessin animé, puis décide de se consacrer totalement à la peinture à la fin des années 1950. Dans les débuts de sa manière pop, il réalise des assemblages, notamment des collages qui reflètent comme beaucoup d'oeuvres de cette époque la vie quotidienne de la société de consommation américaine. Puis, il évolue et se met à intégrer dans ses oeuvres des éléments en relief ou des moulages en plastique tout en gardant la référence publicitaire en premier plan. Très rapidement, il s'oriente vers un thème spécifique qui deviendra sa marque personnelle. Dès 1961, il crée sa série des « Great American Nudes », des images peintes de femmes nues traitées en contours nets, représentatives de la silhouette féminine américaine, à l'allure dite « glamour ». Le tout sur un fond d'éléments types de la vie quotidienne. Ses papiers découpés font penser à ceux de Matisse réalisés à la fin de sa vie. Il va même jusqu'à intégrer des créations du maître moderne dans ses propres réalisations. Wesselmann possède une œuvre d’estampes prolifique. Tourné particulièrement vers le médium classique dans les années 1960 et les années 1970, c’est à partir de 1980 qu’il a commencé à s’intéresser sérieusement aux techniques d’estampe pour s’y consacrer de façon quasi-exclusive, que ce soit en œuvres lithographiques ou sérigraphiques. Souvent de taille très importante, les images pop de Wesselmann se prêtent naturellement à cette technique, ce qui permet des résultats brillants, frais et iconiques. Réintroduisant la figure dans son œuvre, l’artiste reprend les codes de la société de consommation et des publicités, mais en les détournant de leur fonction première. A l’instar de ses comparses Andy Warhol ou Roy Lichtenstein, Wesselmann révèle un regard ironique et critique sur le fonctionnement de la société consumériste contemporaine. Wesselman a participé à un nombre considérable d'expositions collectives, notamment celles consacrées au mouvement Pop Art aux Etats-Unis telle que « Pop goes East » en 1963 au Musée d'art contemporain de Houston ou encore la « Young America 1965 » au Whitney Museum et dans le monde entier, mais encore aucune rétrospective majeure ne lui a été consacrée en France. L'œuvre de Tom Wesselman se divise en deux séries majeures, les grands nus féminins et des natures mortes (Still life), des sujets d’étude très différents dessinés avec ou sans contour, et pourtant de ces images diverses et variantes, la singularité du trait et des couleurs est toujours sublimée et marque de façon évidente l’unicité d’un artiste résolument reconnaissable. Avec des Nudes, Wesselmann rend hommage à la tradition du « nu » en peinture via différents supports : dessins, « metal works » , sérigraphies…Dans cette farandole de nus, se distinguent notamment ses modèles favoris issus de sa célèbre série des « Great Amercian Nudes » commencée en 1961 – année de sa première exposition personnelle. Ses images peintes de femmes nues sont généralement traitées en contours très nets, le tout sur un fond d'éléments types de la vie quotidienne. Dès 1961 se succèdent des femmes prénommées Monica, Kate, Vivienne ou Judy, toutes représentatives de cette silhouette féminine américaine spécifique à l’allure dite « glamour ». D’abord représentées dans des poses alanguies et suggestives sur un fond publicitaire, ses modèles féminins vont s’assagir. En témoigne sa série en édition limitée intitulée « Monica sitting with Mondrian » où une jeune femme nue est représentée sur un fond reprenant le célèbre tableau de Mondrian « Composition en rouge, bleu et jaune » qui inspira également une collection au couturier Yves Saint-Laurent. Ce faisant, Wesselmann reste fidèle à une caractéristique du mouvement Pop Art, celle de se réapproprier des compositions célèbres pour les désacraliser d’une certaine manière. La dimension érotique est constamment présente dans ses nus aux formes planes et simplifiées. L’artiste met l’accent sur la bouche, les seins, les hanches et les cuisses à la façon d’images publicitaires. Ses modèles sont à la fois provocants et dépersonnalisées. Certaines silhouettes sont représentées le corps bronzé. Sur ce dernier se découpent alors des marques plus claires du bikini : les éléments anatomiques sont mis en évidence et contrastent avec les traits du visage presque absents hormis les lèvres.

mardi 20 décembre 2022

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Montage © Sonia Marques

Petit clin d’œil à mon article Sol de Mayo, l'année dernière, le soleil du mois de mai, symbole du pays de l'Argentine, un anniversaire, un Noël, des argentins et des argentines victorieuses !

Feliz Navidad Argentina !


vendredi 16 décembre 2022

Ḏ☺υϰ



Jellycat Design


Petit montage infographique de mes préférées, ces peluches sont la création de Jellycat, une marque Londonienne spécialisée dans la création de peluches. L'humour, la douceur, le souci du détail et la qualité, leur design, se démarquent des autres. L'entreprise est cofondée par les frères Thomas et William Gatacre, elle a réinventé la catégorie des peluches, créant des produits chéris par des clients de tous âges. William est le directeur général de Jellycat et raconte souvent son histoire. "Parfois, vous regardez un espace et vous pensez : cela a besoin d'un sérieux rafraîchissement. C'était le cas du marché des jouets il y a vingt ans. Il était fatigué, et un peu taxidermique" Ainsi, en 1999, Jellycat est né, du nom trouvé par le fils de sept ans de Thomas. Les débuts sont modestes, un petit stand lors d'un salon professionnel, mais la marque s'est rapidement révélée populaire. Ils ont eu des partenariats avec John Lewis, Paul Smith, Selfridges, The Conran Shop, Collette à Paris. Le directeur décrit ces moments, comme de petites joies, pas de grands projets commerciaux, mais très excitants. William se remémore les débuts de Jellycat : le frisson d'obtenir une référence, l'excitation de voir les produits en magasin et d'être invité à Paris pour rencontrer le fondateur de Zadig & Voltaire, Thierry Gillier, dont la fille était fan des jouets de Jellycat. S'inspirant des mondes de l'art, de la mode et du design, l'entreprise exploite un modèle saisonnier, proposant plus de 200 nouveaux articles chaque janvier et juillet. Cette stratégie a rendu leurs produits très convoités. À la lecture de nombreux forums de fans de Jellycat en ligne, la marque frise l'obsession pour certains produits. En conséquence, le marché de la revente de la marque est énorme, les articles abandonnés se vendant souvent plusieurs fois leur prix de détail d'origine. "La magie est dans le produit, donc tout se résume au design", explique William. La réflexion incessante de Thomas et William sur le concept et le design a conduit à une marque qui plaît à tous les âges. En effet, l'un des plus grands exploits de Jellycat a été de vendre autant de produits aux jeunes adultes que de cadeaux pour bébés et enfants. William décrit certains de ses favoris : ses best-seller, "le Bashful Bunny  (le lapin timide) ; le morceau souriant de fromage de brie complet avec bras et jambes ; le dragon des neiges, et même un plat de fruits de mer câlin – parfait pour égayer un fond Zoom ! A chaque collection, nous faisons un acte de foi", a-t-il dit. "Nous n'organisons pas de groupes de discussion, nous suivons simplement notre instinct. Heureusement, nous avons presque toujours raison... il n'y a pas de meilleur sentiment que de fabriquer quelque chose que vous aimez et de le voir se vendre ! Quand il s'agit de design, la seule chose qui ne nous influence absolument pas, c'est ce que font les autres fabricants de peluches. Nous devons ignorer nos concurrents car si nous les surveillons, cela nous retarde. C'est l'un de nos principes fondamentaux en tant qu'entreprise : nous ne devons pas faire quelque chose simplement parce que quelqu'un d'autre le fait." Cette idée a été à l'origine d'une grande partie du succès de Jellycat et a également éclairé la stratégie de l'entreprise pour éviter les voies de marketing traditionnelles. Contrairement à ses concurrents et, en fait, à ses clients, Jellycat n'a pas de canaux de médias sociaux, ce qui semble presque impensable pour une gamme de produits aussi instagrammable. "Il y a quelque chose de merveilleux à être découvert individuellement", dit William, "et nous aimons laisser les produits parler d'eux-mêmes. Les médias sociaux sont quelque chose que nous étudions, mais nous voulons que les gens achètent chez Jellycat parce qu'ils le veulent, pas parce qu'on le leur dit"

Dans mon histoire, personnelle, je n'ai pas été éduquée avec un environnement renouvelé de peluches, cette frénésie consommatrice que l'on observe, mais les seules attribuées, qui me sont restées en mémoire, le sont restées toute l'enfance, durant les années 70, et dans l'esprit : un chien étrange qui aurait pu être londonien, lui aussi, orange ou rose fluo, ou bien plus tardivement, une ourse orange aux yeux verts, que j'ai nommée "Capucine", en raison des fleurs de la couleur orange, des capucines en bordure de mon jardin, à hauteur de mes yeux d'enfant. Et puis, la plus mystérieuse, fut une belette, dans les teintes brunes orangées. Dans les années 70, la couleur orange fut assez répandue, avec le marron (les camels, les cognacs, les caramels, les rouges territes, les pourpres) et le jaune solaire, sans compter les motifs des papiers peints, tous ces éléments et "patterns" sont actuellement revenus à la mode, aussi bien dans le domaine du stylisme, et ses aspects recyclés "éco-responsables", que dans celui de la décoration et la maison. Les motifs orientaux et géométriques étaient manifestes dans les impressions textiles et les nuances colorées furent qualifiées de "couleur-soleil", des couleurs acidulées et toniques, elles étaient contrastées avec des teintes plus froides, le bleu, le gris, avec l'argenté, une métallisation très en vogue, avec le vert, qui correspondaient au début des simulations végétales et celles de la nature.
L'émission télévisée pour enfants de Lîle aux enfants (qui débute en 1974) présentait un gros Casimir (créé par Yves Brunier et Christophe Izard), un dinosaure orange à gros pois, j'avais hérité de son acolyte, en peluche plutôt dure, Hippolyte, son cousin, le maladroit, paresseux, gaffeur, dont j'adorais le nom. Il était vert et était apposé à côté d'une télévision orange, design vintage assez belle. Ma mère avait un certain goût pour le design et les meubles blancs nordiques, acquis pour son appartement de jeune femme, que j'ai côtoyés, entreposés dans leur nouvelle chambre maritale, ensuite léguée, durant mon enfance. J'avais accès à une bibliothèque de livres dans une langue inconnue, avec des couvertures aussi vintages d'un autre pays. Tout était crypté. Cela forme l’œil, et le goût du déchiffrage aussi. Mes camarades, tous de classe modeste, n'avait pas d'égal à ce décor atypique, car du côté maternel, ma famille, était spécialisée dans l'art de chiner, ou tracer par l'image, la photographie, et les nouveaux usages filmiques, de façon mémoriel, située dans les Puces de Paris Saint-Ouen, le plus grand marché d'antiquaires et de brocanteurs au monde. Il y avait donc des expériences diverses et des couleurs et textiles chamarrées transmis, des manières de bricoler des cabinets de curiosités, des agencements des espaces de vie, proches des vies d'artistes, avec peu de moyen mais de l’ingéniosité, des astuces, des ruses, du goût pour les accords entre l'ancien et le moderne. Tels des petits Frida Kahlo, sans le savoir, le tout cohabitait dans une étrange maisonnée repeinte en turquoise, au goût particulier de mon grand-père. Une couleur, entre le vert d'eau et tirant parfois vers le bleu, cela dépendait des rafraîchissements, lorsque l'on est enfant et que l'on passe sa tête à travers les barreaux de la mezzanine, avec un tricot orange, on ne peut qu'être baigné dans une palette de peintres et démarrer ses premiers pas dans un climat libéré des nuances classiques et conventionnelles. Et puis, il y a toute une partie folklorique, qui tient au mariage ibérique de mes parents, une alliance entre l'Espagne et le Portugal, faites de migrations et de transculturations. Je préfère d'ailleurs ce terme espagnol de "transculturation" plutôt que celui utilisé en France d'acculturation. La transculturation désigne le processus par lequel une communauté emprunte certains matériaux à la culture majoritaire pour se les approprier et les refaçonner à son propre usage. Ce concept s'oppose à celui, d'acculturation, car celui-ci plus ancien, désigne l'absorption de la minorité par la culture dominante. Le terme de transculturation, plus récent, développé notamment par l'ethnologue et anthropologue cubain Fernando Ortiz oriente sur le processus de transformation des deux groupes au contact l'un de l'autre en soulignant les aspects créatifs que cela comporte. J'aime assez l'idée de traverser, dans la transculturation. Cette idée du voyage et du déplacement, est au cœur de mes processus de création. Les arts numériques ont été, dans mon parcours, un territoire d'investigation, où les frontières étaient traversées et respectées en tant que créations nouvelles, sans limiter le sujet dans une identité déterminée par d'autres, et des origines més-interprétées avec tous leurs lots d'à priori. J'ai ainsi apprécié faire partie des usagers d'une certaine folksonomie sur Internet, basée sur une indexation personnelle, que je continue de poursuivre. Les nuages de mots ont été mes moteurs pour naviguer, avant même qu'ils ne soient formalisés par le Web 2.0.

Ainsi, je peux à présent relier, une de mes réalisations en céramique, qui emprunte à cette mémoire des couleurs, sensorielle à tous point de vue, que j'ai réalisée dans ma ville à Limoges :

Je me suis intéressée à la couleur "terre de Sienne", en 2010, et son pigment minéral naturel, de teinte brune rougeâtre, dont j'ai recherché une nuance très spécifique en céramique, pour mon œuvre de grande envergure, "Cendrillon". Dans l'élaboration de ce puzzle de biscuits décorés à la main, et dont, chaque tuile, fut aussi modelée à la main, en céramique et porcelaine, d'un savant mélange de rébus destinés à être jeté, des excédents, j'ai confectionné et étalé comme des pâtes à cuisiner, chaque carreau, émaillé et traité individuellement, par mes soins, afin d'être verni de couleurs et motifs graphiques différents, se juxtaposant ensuite, par vibrations, ainsi tous disposés, avec un jeu visuel mathématique, entre figure et abstraction, tel un tapis lumineux et chatoyant, indécent et magique. Je pense que les couleurs solaires, qui contrastaient avec les noirs et blancs et leurs motifs (comme des signes typographiques pixelisés et numériques, toutes sortes de hastags, dièses musicaux) étaient issus de ces nuances colorées de mon enfance, des années 70, et s'inscrivaient dans une composition ambitieuse, une fresque, un décor d'azulejaria, d'une histoire revisitée, de cet art des carreaux de céramique ibériques, mozarabes et portugais, des Maures, typiques de l'art mauresque. La matrice, le nuancier, que j'ai créé, était si particulier, et les couleurs provenaient d'une mémoire qui s'est imprimée, surtout avec le jaune, et le brun, majoritaires, des couleurs solaires, très chaleureuses.
Dans la région porcelainière du Limousin, où j'ai conçu et créé cette installation, et l'ai exposée dans la ville de Saint-Yrieix-la-Perche, berceau de la découverte du kaolin (l'argile essentielle à la fabrication de la porcelaine, prénommé "l'or blanc", l'exploitation des carrières se réalise en 1786, alors que la Chine découvre et utilise la porcelaine dès le XII e siècle) c'était une véritable gageure. Car cette région du centre de la France, orne et décore toujours traditionnellement ses espaces patrimoniaux, d'assiettes blanches et divers objets de porcelaine blancs, avec très peu de couleurs, voir quasiment pas. Souvent les visiteurs et clients de ces lieux labellisés, sont plutôt aisés et retraités. On peut visiter de petits espaces, réservés, avec des créations d'artistes qui rassemblent des œuvres uniquement blanches, sans aucun décor, ni même d'aspérité. Toute expression est effacée, tout métissage, tout voyage exporté-importé, toute histoire. Souvent, je me suis posée la question de la répétition de ces formes, qui se situent entre art de l'artisanat pour décor d'intérieur et art contemporain. Le silence devait dominer, comme si des drames historiques de guerre, ou de conflit, empêchaient tout dire, toute évocation d'un égo, d'une personnalité, et qu'en groupe, tous les artistes devaient choisir d'immaculer leurs objets ou sculptures, d'un commun accord. Comme s'il fallait s'abstraire de l’indicible, éviter toute culpabilité ou collaboration, ou faux pas. C'est ainsi que je le ressentais en écoutant aussi les exposants designers à mes côtés, surpris par ma proposition franche et généreuse, qui pouvait être censurée par son audace, questionnant les couleurs autorisées dans leurs circuits habituels d'exposition, ou leurs formations artistiques.
J'ai rencontré une spécialiste des contes littéraires, Élisabeth Lemirre, venue faire une conférence à Limoges, à laquelle j'ai assisté dans la belle bibliothèque multimédia, sur le conte spécifique de Cendrillon, et apporter des éléments de son livre ("Sous la cendre : figure de Cendrillon", de 2007) Elle m'a fait comprendre que ma réalisation artistique ressemblait aux contes africains, plutôt que la Cendrillon occidentalisée. En Afrique, elle est "noire" et telle une "garce", un peu garçonne, elle désarçonne. Sa beauté résidait dans le côté frondeur de Cendrillon, tels que les contes africains le relatent, et non dans le versant soumis, occidental, de la Cendrillon qui attend patiemment le prince charmant, maltraitée par des femmes, belle-mère et filles, et doit "rentrer dans le rang" afin d'être choisie par le premier venu et se marier avec. Elle avait remarqué mon petit sac en bandoulière, et m'avait dit qu'il était couleur de l'arc-en-ciel, irisé, comme ceux des fées, qu'il y avait une histoire de fées là-dessous.
La question de la couleur était au cœur de ma recherche artistique et la communication de l'historienne, personnelle, m'avait fait questionner les fondements de mon histoire et de mes traversées, car, je n'avais jamais vu ma proposition ainsi. Tous ces croisements coïncidaient : je réalise une œuvre en 2010, du nom d'un conte de fée à Limoges, et, dont quelques prémices pédagogiques, avaient été bien explorés à l'école supérieure d'art d'Angers, où j'ai enseigné une dizaine d'années auparavant, dès 2001, avec deux collègues peintre et designer, à destination des étudiants en Master, d'un atelier de recherche et création, que nous avions nommé du même nom du conte "Cendrillon", pour une rencontre, d'après diplôme, et la professionnalisation (qui avait très bien été accueilli)  ; en devenant professeure à l'école nationale supérieure d'art de Limoges, en infographie et et création multimédia (comme à Angers), je conçois et réalise une œuvre entièrement en céramique, de ce même nom, puis, je l'expose dans la région à 2 reprises ; puis un an après, un Opéra de la ville, un spectacle lyrique nommé Cendrillon, que j'ai vu, se produit, et je rencontre une conteuse, qui me raconte le versant de la couleur de mon œuvre. Une traversée assez magique à travers la France et les régions, le tout motivé par mes projets artistiques et pédagogiques reconnus.
Les aspects mathématiques d'une matrice qui multiplie les possibles, un nuancier qui contamine tous les carreaux, et peut se rejouer à l'infini, recréer d'autres figurines ou tableaux abstraits, m'intéressaient plus que tout. Cette réalisation continue de m'inspirer, dans mon parcours, la fulgurance et la sagacité de la méthodologie aussi. C'est la représentation d'un potentiel, une sorte d'autoportrait à un instant T. À la lecture de l'essai "La peur de la couleur", de David Batchelor, artiste, écrivain et directeur d'études au Royal College of Art de Londres, lorsque je voyageais beaucoup en train, chaque semaine pour enseigner en région des Pays de la Loire, avait confirmé certaines de mes réflexions intimes, sur la couleur; telle que je la vivais, ici. Il avait analysé, dès les années 2000, l'histoire de la "chromophobie", en occident, et ce qui se cachait derrière ce phénomène depuis ses origines, au travers d'exemples empruntés à la littérature, à l'architecture et au cinéma. En explorant des thèmes aussi variés que La Baleine blanche de Melville, Le Voyage d'Orient de Le Corbusier, Le Magicien d'Oz ou des expériences d'artistes contemporains, l'auteur montrait comment la couleur s'inscrit, dans l'imaginaire culturel occidental. Il allait jusqu'à qualifier même, une forme de "haine de la couleur", la peur de la perversion ou de la contamination par la couleur, selon lui, s'inscrivent au cœur de la culture occidentale depuis l'Antiquité, soit en l'assimilant à un "corps étranger", oriental, féminin, infantile, vulgaire, pathologique, soit en la reléguant au domaine du superficiel, du superflu ou du cosmétique.

Pour revenir à Jellycat, la grande tortue, que j'ai acquise pour orner le pare-brise d'une voiture japonaise, feu... se fond dans le paysage, avec mes "vrais lapins". Il se trouve que j'ai découvert ces peluches londoniennes, dans le petit magasin à Limoges, adorable, tenu par une femme qui tricote soigneusement ses peluches, "La Lune Noire" et dispose toujours un assortiment des nouvelles créations de Jellycat, entre autres. J'échange très souvent avec les commerçants de ma ville, il n'est pas rare que je présente aussi des créations que je transporte. J'avais un sac grand cabas en velours noir, orné de fleurs et d'un loup blanc d'une créatrice anglaise justement, il est souvent admiré et aimé par tous. C'est ainsi que je peux aussi faire connaître des créateurs et créatrices aux commerçants, qui, à leur tour, me font part de leurs histoires insoupçonnées, si aucune conversation n'est engagée. J'ai toujours pensé que les créations étaient d'excellents médiateurs, entre soi et l'autre, et l'au-delà, comme l'étaient les icônes religieuses, et le sont toujours. À Paris, je ne portais pas grande attention au marché des jouets, ou des peluches. Mais à bien y regarder, ce n'est pas si exact. Il y a une culture quelque part et une formation, que j'ai acquis, au fil du temps :

J'avais un camarade de classe, lors de mon diplôme supérieur aux arts appliqués, à l’École supérieure des arts appliqués Duperré, située au 11, rue Dupetit-Thouars dans le 3ᵉ arrondissement de Paris, dans laquelle j'ai passée 4 années de ma vie à vivre et travailler et étudier avec une grande assiduité et un grand bonheur, début des années 90, qui s'était spécialisé dans la scénographie futuriste des vitrines de Noël, versus soucoupes-volantes et nombre d'objets ludiques métallisés. Il nous avait ainsi sensibilisé au développement de recherches des jouets. Il faut dire que nous avions une bonne équipe de professeurs, et nous étions engagés à travailler également en équipe entre étudiants. J'ai enseigné ainsi, ensuite, par stimulations intellectuelles et tempêtes de cerveaux (brainstorming). À bien y regarder, à cette période, j'ai développé auparavant une gamme, qui était considérée comme une démarche artistique "pure" et non "appliquée". Elle était axée sur des "Boules" que j'avais confectionnées de longue haleine et en solitaire, après des visites d'expositions diverses et ma recherche sur le "gribouillis" en volume (aujourd'hui, on nommerait mes recherches "en 3D") Elles étaient réalisées avec du fil, et parfois des textiles utilisés pour réaliser des polaires ou des peluches, ou tout simplement de la laine. J'avais pressenti la complexité, les réseaux, la cartographie, je m'intéressais aux réseaux de neurones, à comment je pensais et formulais des idées, par grappes de connexions, sans envisager, que je n'étais pas la seule à avoir de telles réflexions intellectuelles. Parfois, je tombais sur des livres ardus de sciences cognitives que je dévorais, sans pouvoir partager mes connaissances avec mes camarades. Je travaillais artistiquement toutes formes de réseaux, avec la photographie, des matériaux que je mixais. Je visitais les magasins dédiés à la maçonnerie, avec mon père, avec l’expérience de sa profession, et j'imaginais des associations de plâtre et de boules de polystyrènes pour faire de gros volumes, ou bien j'associais des éléments d'articulations (des boulons, des roues, des boudins de protections de canalisations, etc.) avec des formes moulées dans des préservatifs distribués gratuitement par les écoles (autant que cela serve aux artistes !), dans cette époque de prévention face au virus du Sida. Toutes mes recherches partagées et présentées époustouflaient mes professeurs, et apportaient plein d'idées aux autres étudiants, cela infusait des pépites de lumière, de petites graines se plantaient comme un jardin fertilisé par l'école, elle savait faire cela, mettre en confiance ses étudiants, et n'avait alors pas besoin de faire de publicité ni d'effort de communication. De grosses boules sont arrivées par magie, et des plus petites, fines et travaillées, très colorées, de velours ou de laines, ou de textiles métallisés, dont j'ai réalisé nombre de photographies, par gammes et saisons, avec des modèles choisi pour leur personnalité, et leurs facéties, leurs capacités à jouer, à s'inventer des personnages, ou se transformer en animaux devant mon objectif, en diablotins ou en anges gardiens, des jeunes hommes et jeunes garçons, de couleurs de peaux différentes, de très beaux souvenirs en commun, sportifs aussi, dynamisants. Les photographies sont magnifiques et toutes ces réalisations étaient présentées lors de mon diplôme, remarqué, notamment par un jury composé des jeunes designers Tsé-Tsé (Sigolène Prébois et Catherine Lévy, qui nous a quitté récemment) elles démarraient tout juste leur entreprise en binôme.
Je n'ai jamais breveté mon idée, mais une trentaine d'années plus tard, des jouets ont été commercialisés avec cette idée très originale. Mes pelotes en boules étaient structurés en armature de fils de fer, amovibles et se formaient à la guise des manipulations, tel des petits "Calder". J'avais été impressionnée par le cirque des années 30, de l'artiste américain Alexandre Calder. Sinon, dans l'espace, mes installations pouvaient prendre des formes expressives dignes du mouvement artistique des peintres de l’expressionnisme abstrait, dont j'appréciais les peintures à cette époque (et j'en réalisais sur 2 mètres au carré) Je visitais beaucoup d'expositions à Paris, en solitaire ou avec un camarade féru d'art et de design également, en binôme. J'admirais les dessins et peintures de CoBrA, un groupe d'artistes qui élaborait à Paris dès les années 1948 des recherches picturales en réaction à la querelle entre l'abstraction et la figuration. Poètes et peintres (j’appréciais le travail du néerlandais Karel Appel et du danois Asger Jorn) certaines de mes grandes peintures en sont assez proches. J'avais entrepris, dans le jardin familial ouvrier, des scénographies de feux d'artifice et guirlandes énormes, lorsque je les déployais. J'étais photographe, donc la traçabilité de ces scènes éphémères étaient envisagées comme des images iconiques. Évidemment, cela avait fait tout le tour de l'école, lorsque je ramenais ces photographies, et à cette période, cela avait engagé d'autres étudiants plus jeunes, qui observait l'engouement général, à réaliser des objets hybrides d'influences de gestes et des arts du spectacle, ce qui n'existait pas encore, dans cette école, qui travaillait principalement sous forme d'images et de magazines. Comme je l'exprimais, dans d'autres articles, j'étais absorbée par "L'énergie du geste" le titre de mon mémoire.
J'ai beaucoup aimé voir la festivité se généraliser dans cette école, l'envie d'avoir envie de créer, de rechercher. Je n'étais pas obsédée par la notion auctoriale, et mon indifférence à la compétition, encore durable, m'a fait prendre un chemin plus singulier et très réfléchi, j'étais l'inspiratrice, mes idées étaient copiées et je n'y pouvais rien. Ma scénographie finale se basait sur un ring de boxe arrangé, il y avait une lutte entre la rigueur des formes en plâtres oblongues et noires (elles auraient pu illustrer la chanson stellaire et onirique, "Madame rêve" d'Alain Bashung), puisqu'elles figuraient le plein des préservatifs, dont je me servais comme moules, que j'étirais à l'aide de pinces ou seulement avec la gravité de mes suspensions, teintées dans la masse, et celles en peluches ou de textiles proches d'oiseaux exotiques. J'opposais ainsi, le dur et le mou, le noir et blanc et les gris bleutés, aux rouges et jaunes solaires, mes propositions étaient très riches de sens, et donnaient généreusement le ton de futures tendances stylistiques. Mes professeurs étaient "fans" de mon travail, mais je l'ai appris seulement qu'aux résultats de fin d'année des diplômés, me félicitant longuement devant mes camarades pour ces 2 années de travail et me reléguant au rang de première de cordée, ce que, je n'avais jamais imaginé durant mes 2 années passées à travailler mes jours et mes nuits. Il y avait 2 équipes d'enseignants, qui ne s'entendaient parfois pas très bien (opposition Mode-stylisme et Textile/couleur), et mes recherches était parvenues à les réunir, mes résultats traduisait la réunion de leurs enseignements et leurs apportait un éclairage inédit, ce qui facilitait la vie étudiante de mes camarades de classe. J'étais donc montrée en exemple du diplôme supérieure en arts appliqués (DSAA "Modes et environnements"), tel qu'ils tentaient de le développer, dans l'idée de la conception et des tendances, pour agences de styles ou cabinets d'architectures, ou du monde automobile, textile. Dans chacune de mes classes et d'études en art, j'étais un élément pacifique, et, le travail le plus discret, s'activait, dans l'harmonie d'un groupe, à rechercher à stimuler intellectuellement et à avoir une attention sympathique pour chacun, de mes amis, sans en laisser au bord de la route.
Plus tard, j'ai été conduite à participer des jurys pour le DSAA dans cette école, une des étudiante a d'ailleurs fait partie ensuite du collectif artistique que j'ai co-fondé, elle a ainsi connu son compagnon, au sein de notre collectif, un informaticien et chercheur en arts génératifs de pixels, avec un intérêt justement en réseaux cognitifs, ce que nous ne manquions pas de discuter. Un enfant est arrivé par la suite. C'est assez amusant, et les jardins de pixels ont généré pas mal de surprises, et de rencontres, dans nos desseins.
J'ai compris, bien plus tard, que ces qualités invisibles, conféraient tout simplement à mon devenir d'enseignante. Sans le savoir, je collaborais aussi aux recherches pédagogiques de mes enseignants, complétant ma participation pour une véritable formation artistique supérieure digne de ce nom. Nous avions travaillé pour le groupe Hermès et j'avais formé une équipe qui me suivait et nous avions remporté un prix, tous ensemble. J'avais appliqué formidablement leur enseignement, jusqu'à m'en émancipé, puisque je me suis tournée vers les beaux-arts à leurs grands regrets, tentant de me dissuader de mon choix, prétextant que les écoles des beaux-arts étaient très mal en point et très conservatrices. À postériori, ils n'avaient pas tout à fait torts sur certains points, même si le chemin que je choisissais, en toute liberté, était le plus juste, dans ma recherche..
Je me suis laissée une année, j'ai travaillé dans des bureaux de styles parisiens (Peclers), ou pour un architecte (Alexis De La Falaise), dans la conception de meubles et d'aménagement de boutiques de modes. J'ai aussi travaillé dans le spectacle, particulièrement dans la danse contemporaine et j'ai été amenée à collaborer activement avec ma chorégraphe, tout en étant danseuse parmi ses élèves, et participants de plusieurs de ses spectacles montrés au public. J'avais fini par m'installer dans un théâtre pour réaliser tous les éléments de sa scénographie pour 3 danseurs, présentés aux plates-formes de Seine-Saint-Denis. J'enseignais dans le même temps des cours d'arts plastiques à des élèves de 6 à 12 ans, dans le Val-d'Oise, avec des idées assez audacieuses, elles ravissaient les parents et les organisateurs et organisatrices de l'association des arts plastiques. Puis j'ai passé le concours à l'école supérieure des Beaux-arts de Paris, et j'ai été sélectionnée en cours d'année, la suite fut une toute autre aventure, les écoles des arts appliqués supérieures et les écoles des Beaux-arts, supérieurs, ont des méthodes très différentes d'enseignement. Ainsi mon parcours des études supérieurs fut très diversifié et assez exceptionnel. Je ne le dois qu'à la notion de l'effort personnel, au désir du meilleur, mais également à la sympathie des liens l'amitié et la reconnaissance du bon, du bien, du vrai, et du mieux chez les autres et à travers les paysages traversés, les régions, les pays et leurs coutumes.

Les boules (© Sonia Marques) 1990-94


Les écoles d'art sont des lieux absolument fabuleux, qui doivent se rééquilibrer, reconnaître leur histoire et ne pas se couper des meilleurs qu'elles ont formés, en se laissant emporter dans des luttes politiques qu'elles ne maîtrisent pas, et dont ce n'est pas leur métier. Se tourner vers le meilleur, en sachant s'opposer aux mauvais comportements qui violentent les étudiants et les professeurs et empêchent de mener à bien les études, seront-elles discerner les enjeux les écoles d'art si nombreuses, en France, ne pas tomber dans des rivalités inutiles qui éliminent l'expérience artistique et la création ? Je ne sais pas et je ne suis pas sollicitée pour témoigner de mon parcours, ainsi je ne peux leurs apporter ni mon soutien ni mon aide précieuse, ni mon expérience confirmée. Les directions sont seules responsables et manquent non pas de moyens, mais de compétences dans l'enseignement artistique et l’appétence de participer au monde en transition à tous points de vue.
Chez les artistes, il a une grande sensibilité aux fragilités du monde et des êtres vivants, même du minéral, du paysage. Leurs facultés résident dans l'expression artistique, l'analyse du détail, des moindres sensations, impressions, de l’infra-mince, des phénomènes, ce qui demande du temps d’observation et de grandes qualités d'imagination, celui  aussi de se connaître, telle l'idée philosophique de Socrate, d'avoir une vie intérieure riche.
Les écoles d'art, telles que je les ai connues, avaient les moyens humains de préserver ces qualités et de les reconnaître. Celles et ceux qui partagent ce temps, avec des artistes ou sont avides de lire, voir, apprendre de leurs réalisations, savent que les œuvres leurs révèlent beaucoup, ce que ne peuvent exprimer ni les informations et leurs médiatisation, ni les pressions du quotidien, l'idée factice de vivre dans l'urgence de tout, et finalement, le rien du tout devient même urgent. La culture est essentielle à la vie et se mature avec le temps, elle est irremplaçable par des algorithmes, le dessin devrait être une discipline, sauvegardée. De meilleurs desseins seraient envisagés et des observations plus fines et précises, douée de la sensibilité de l'âme humaine, cette alliance entre la main et l'esprit, si savante. De la pratique, du temps de paix, pour étudier et non pas rêver de faire la guerre, alors que nous avons tous les outils et les talents pour œuvrer, de concert : se retrousser les manches et n'oublier personne ! Lutter contre les ostracisations qui bloquent toutes les belles énergies. Différences et fantaisies bienveillantes ne devraient pas se se soumettre, dans ces domaines de création, aux pressions de normalisations, qui peuvent masquer une normalisation des violences, un systématisme banalisé.
Il n'est pas étonnant que les plus jeunes soient encore plus sensibilisés sur les questions de l'environnement et aussi de comment sont portées les attentions aux limites de l'autre, ce qui touche aux violences faites aux corps et à leurs exploitations, ce sont des notions bien plus explorées par la génération d'aujourd'hui. Je me sens en accointance avec cette génération. Je me sentais toujours décalée avec la mienne, à présent c'est beaucoup mieux, et, je pense que les écoles en subissent les transformations urgentes et nécessaires, pour pouvoir s'adapter au changement, visible partout ailleurs, dans notre société.

Joyeux Noël à tous, un repos salutaire, après une année socialement mouvementée, intimement émotionnelle, intense et transformatrice ! Douces vacances oranges.


mercredi 19 octobre 2022

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Autoportrait de l'artiste, de Vincent van Gogh peint en 1889.


La Nuit étoilée ((De sterrennacht) est une peinture de 1889, du peintre néerlandais Vincent van Gogh.
Sa vue de la chambre qu'il occupait dans l'asile du monastère Saint-Paul-de-Mausole à Saint-Rémy-de-Provence en mai 1889.


   
Les Tournesols, de Vincent Van Gogh (1888) et La Chambre à coucher peinture en octobre 1888 de son atelier à la maison jaune

OCTOBRE JAUNE

Vincent Van Gogh n'en peut plus de ne pas avoir d’atelier pour peindre. Il décide à Arles, de louer l’aile droite d’un petit bâtiment sur la place Lamartine, une maison, en plein soleil, face à un petit jardin public. Inspiré, il en fera des dessins, aquarelles, peintures. Deux pièces à l’étage et son un atelier au rez-de-chaussée. Il l'aménage au fur et à mesure. Son propriétaire accepte qu'il puisse peindre son extérieur"couleur beurre frais", et son intérieur en blanc, et ses portes et fenêtres vertes.  Il écrit à sa sœur :

« Je demeure dans une petite maison jaune, avec une porte et des volets verts, l’intérieur blanchi à la chaux ; sur les murs, des dessins japonais très colorés ; le sol en carreaux rouges. La maison est en plein soleil, le ciel par-dessus d’un bleu profond et l’ombre, au milieu du jour, beaucoup plus courte que chez nous ». 


Cette maison sera le lieu et l'espace de création, de ses espoirs mais aussi de sa dépression. Il rêvait de créer un regroupement d’artistes, il propose à son frère de faire venir Gauguin pour travailler avec lui. Son frère lui enverra de l'argent et Gauguin lui devra une toile par mois. Afin d’accueillir Gauguin, Vincent s'empresse d'aménager la maison. Il achète deux lits, une table, des chaises et s’y installe complètement avant l’arrivée de Gauguin. Gauguin n'est pas très partant, et hésite, puis arrive. Mais ils se disputent et Gauguin décide de partir, désespéré Vincent se tranche l’oreille dans un accès de colère. Il sera hospitalisé quelques jours puis reviendra habiter la maison jaune, jusqu’à ce qu’une pétition du voisinage, le déclarant dangereux, le fasse interner. Après avoir loué deux petites pièces au Docteur Rey pour entreposer son matériel., Vincent ira directement de l’Hôtel-Dieu à l’asile de Mausole à Saint Rémy.


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Lorsque j'avais une quinzaine d'année, je fus sélectionnée par un concours, à l'époque de dessins sur une journée, au Lycée Auguste Renoir à Paris. Une scolarité exceptionnelle sera le début de tant d'autres après dans des écoles différentes en art. À ce moment, un enseignant est très investi pour nous instruire sur les arts plastiques, ses cours sont mêmes tapés à l'ordinateur (dans les années 80 donc) dans une typographie "courrier", que nous collectionnions avec nos camarades tellement ses cours sont très intéressants. Il nous a appris le dessin à vue, selon les modèles de nus, des dessins selon différentes périodes, nous apprenons tout de l'art américain, du pop art, du surréalisme... Trois années, à raison de 40 heures de cours par semaine. Il nous emmène aux Musées, Orsay, l'Orangerie, Le Louvre. Puis il nous demande de nous installer devant une toile de Maître de notre choix et de la copier. Je découvre l’œuvre de Vincent Van Goght, je décide de le choisir, car les couleurs sont parsemées et se juxtaposent, se répondent, je trouve cela très lumineux et vivant, et je souhaite faire l'usage de plusieurs nuances de pastels. Après nos croquis sur place, nous réalisons des peintures, à l'acrylique. Il nous fait tester l'huile aussi. Il me fait rester longtemps devant l'arlésienne, que je trouve sévère, et les dormeurs dans un champs, dont je trouve le cadrage et le sujet audacieux. Puis je découvre au fur et à mesure son geste : des tourbillons. La nuit étoilée est une sorte de magie, je comprends bien ce qu'il a souhaité peindre, enfin, j'imagine, je peux ainsi divaguer, réfléchir, et interpréter, alors que mon horloge est avant tout celle des transports, métro, bus, train, sans trottinettes, ni téléphone portable, ni Internet ou même, sans les audio-guide. Donc j'ai tout loisir d'imaginer, d'inventer, rien ne me téléguide trop. Il y a comme une forme illustrative pour exprimer une intériorité la nuit, c'est comme du cinéma, je trouve que tout est en mouvement. Cela m'impressionne. J'apprendrais à découvrir tant d'autres artistes, en étudiant, en contemplant, en passant des journées, des mois à apprendre l'histoire et le contexte de chacune des créations, cela m'apprend beaucoup sur la grande histoire, mais aussi sur l'évolution des technique et la fabuleuse résistance des plus modestes, des plus fragiles, ou vulnérables, la force de l'expression visuelle, la liberté qu'il faut pour dessiner et le temps consacré à en faire son quotidien, tout cela me confirme que je ne suis pas toute seule, à ce moment, pas encore adulte.

J'ai eu la chance une vingtaine d'années plus tard de revoir cet enseignant, il avait changé d'école et officiait en province dans un lycée technique, non loin de l'école d'art angevine, où il était venu admirer une de nos expositions, avec les étudiants. Je le rencontre par hasard, comme souvent il m'est arrivé, de revoir mes professeurs, des femmes et des hommes, à différents niveau, et dans d'autres régions où j'avais bénéficié de leurs enseignements. Ces hasards étaient disposés, il faut le voir ainsi, afin de poursuivre le dialogue à travers les années, sertie de nos expériences dans ces domaines passionnants de la création artistique. Nombre de ses collègues étaient aussi très investis, et dans une entente cordiale et stimulante pour nous tous. C'était une véritable bandes d'érudits et de passionnés. Les cours d'histoire de l'art, la peinture italienne, les cours de couleurs, et nos premiers pas en programmation sur ordinateur avec ces fous découvreurs avant l'heure. C'est ainsi qu'il m'invita à donner des cours dans son lycée technique, durant une année, avec ses élèves qui travaillaient en entreprise. J'ai beaucoup enseigné dans différents lieux en France, province et Paris, et à différents niveaux les arts, mais ce lycée, c'était assez surprenant. Il était le seul à avoir une discipline qui croisait le design et les arts plastiques et un enseignement technique de dessin. Ce fut une chance, j'ai eu ainsi l'occasion de le remercier pour son enseignement. Je l'ai fait quasiment avec tous mes pairs, femmes et hommes, même avant leur disparition, pour certain, certaine. Chacun, chacune, ne pouvait se douter de mon parcours, étant donné que je les ai rencontrés en tant qu'élève très jeune, ne sachant pas ce que deviennent les jeunes après, destinés à travailler plus tôt en entreprise, ils et elles ressentaient ensuite une fierté d'avoir œuvré dans le bon sens. Leurs souvenirs d'une élève ou d'une étudiante assidue, qui réalisait de si longs trajets pour étudier, capable de recevoir aussi les critiques et les mauvaises notes, afin de toujours progresser et très désireuse d'apprendre. C'est aussi un climat propice lorsqu'il arrive, puisque je suis devenue enseignante à mon tour, de rencontrer des étudiants qui entrent en disposition d'apprendre. Déposer son enseignement, dans la confiance des apprenants, est une rare expérience et elle émane aussi de la rencontre avec des étudiants exceptionnels. Car c'est très rare. Un professeur m'a dit que l'on s'en souvient toute sa vie. Je confirme. Entrer en résonance intellectuelle est une expérience qui bouleverse une vie.
Vincent Van Gogh, j'ignorais, alors, lorsque j'avais une quinzaine d'années, l'histoire de sa vie, lorsque je l'ai choisi parmi toutes les peintures des Musées. Ni même, que ses tableaux prendraient à la fois une valeur folle, et qu'ils seraient vilipendés pour cela ces jours-ci. Du côté de l'expression artistique et de l'admiration toujours vivante de ses œuvres,   je trouve son autoportrait dans les bleus et verts d'eau, splendide. Il est toujours copié pour étudier ses œuvres, pour étudier l'art, enfin j'imagine, bien que n'ayant jamais rencontré d'étudiants en art, ou de professeurs, valorisant ses œuvres ces dernières années. Ce sont les algorithmes qui s’empressent de le faire à présent, le copier, pour recevoir des droits d'auteur, on admire l'intelligence artificielle, Vincent van Gogh est très prisé, aussi dans les supermarché avec des kits tous prêts en peinture, afin de réaliser, la nuit étoilé, divisée en îlots et numéros, correspondant à des petits récipient de couleurs correspondant. C'est dédié aux adultes et aux enfants.
Aussi, des écologistes en herbe, le choisissent, mais pour d'autres raisons, pour politiser leur choix, le salir de soupe au nom d'une idéologie. Un quart d'heure de gloire warholien. Supprimer les enseignants en art pour les remplacer par des robots qui calculent en zettaoctets, la chic idée ! De quoi exploser l'empreinte carbone. Tous ensemble !

J'ai retrouvé l'écrit d'Antonin Artaud "Van Gogh, le suicidé de la société", dont voici un extrait, qui est toujours d'actualité. Il écrivait cet essai paru en 1947.

Ceux qui un jour ont dit :
Et maintenant, assez, Van Gogh, à la tombe, nous en avons assez de ton génie, quant à
l’infini, c’est pour nous, l’infini.
Car ce n’est pas à force de chercher l’infini que Van Gogh est mort, qu’il s’est vu contraint
d’étouffer de misère et d’asphyxie, c’est à force de se le voir refuser par la tourbe de tous ceux qui,
de son vivant même, croyaient détenir l’infini contre lui ; et Van Gogh aurait pu trouver assez d’infini
pour vivre pendant toute sa vie si la conscience bestiale de la masse n’avait voulu se l’approprier
pour nourrir ses partouses à elle, qui n’ont jamais rien eu à voir avec la peinture ou avec la poésie.
De plus, on ne se suicide pas tout seul.
Nul n’a jamais été seul pour naître.
Nul non plus n’est seul pour mourir.
Mais, dans le cas du suicide, il faut une armée de mauvais êtres pour décider le corps au
geste contre nature de se priver de sa propre vie.
Et je crois qu’il y a toujours quelqu’un d’autre à la minute de la mort extrême pour nous
dépouiller de notre propre vie.

lundi 19 septembre 2022

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Soleil nocturne (Photographie © Sonia Marques)



Instantané

Dans cette irréversibilité de l'instant que m'imposaient ces tentatives de les penser, de n'en retenir aucun (instant), puisqu'il n'y a point de retour, je savourai quelques micros sensations, baignées dans l'innocence, une transparence inouïe, comme ces rayons de lumière du mois de septembre dans un air glacé, mais cristallin, celui qui nous annonce la fin de l'année, le début de l'hiver, ce présent est un présage.

Le cadeau, le présent.

Maintenant, s'il ne s'annonce pas, s'il ne fait que se présenter, c'est toujours un cadeau, à qui sait le voir en sa nudité, il est un cadeau.

Nu, non pas dans une nudité qui évoque la chair, mais nu minéral.

Lire en son sein, comme en son cristal, c'est voir l'innocence.

Si tout failli dans cette brèche, et si la puissance réside dans cette fragilité, on peut comprendre l'inaliénabilité, cette qualité qui ne peut être ôtée, elle est digne d'elle-même, et c'est un bonheur de la sentir, car elle ne peut être saisie, ni vue dans sa totalité.

Lorsque l'on parvient à déchiffrer le mensonge, la sincérité advient plus crue et elle est inadmissible pour les fervents du mensonge. Lorsque la justice sombre dans l'iniquité, elle quitte, oui elle quitte, doucement mais surement, et donc, elle a quitté son pouvoir puisqu'elle soutien le mensonge.

Le mal a besoin de la collaboration, la faiblesse d'y être tenté et de s'y agglutiner forment des groupes, des amoncellements de lâches. Se vautrer goulument, s'enrichir des propositions malhonnêtes, c'est passablement renverser l'ordre.

Percevoir ce qui dans le rayon de lumière est innocent, c'est réaliser ce chemin éblouissant, d'une innocence retrouvée, lorsqu'elle fut spoliée, et maculée d'inepties et d'injustices.

Épris de simplicité, les instants fugaces qu'occupent les beautés de toutes natures, illuminent l'enfance de nos meilleurs sentiments, délivrés de l'opacité qui empêche l'élan innocent. En toute transparence, traverser, sans le savoir, les apparences.

Laisser passer la lumière c'est aussi laisser voir le monde qui passe à travers soi. Sentir résonner ce qui traverse l'espace simplement, sans aucun obstacle.
La conscience vaniteuse oppose son désir d'être admiré à ces rayons du monde. En voulant trop être vus, les regards ne peuvent traverser l'apparence. Déceptives, les fausses communications isolent, ce sont de fausses communions, là où personne ne se réunit vraiment, ni ne s’unit pour le meilleur, tout se montre en réunion d'apparat, des promesses non tenues. En renvoyant à l'opposé, en sens inverse, ces tromperies communicatives ajoutent à la peine aux douleurs non exprimées.
Ainsi les paysages du monde n'entrent pas.

La beauté intérieure est pénétrée par tous les paysages du monde.
Le secret indéfectible de l'être et l'innocence, cet habitacle de la maison enfantine, est lui, impénétrable.
En ce sens, tous les maux du monde ne parviennent à briser son essence.

Interroger ce qu'il se passe à l'intérieur de soi, c'est accéder aux paysages des petits mondes qui nous ont traversés.
Mobiliser tout ce qui nourrit l'éthique, de celle de nos éducations personnelles à celle de nos sociétés passées, et, celles, en train de se faire, me semble favoriser l'épanouissement tant recherché, bien qu'il se trouve dénué de toute appropriation de biens.

Même si je dois ces pensées uniquement à ma vie quotidienne avec des animaux de différentes natures, aux petits mondes extraordinaires, en y mettant le cœur d'un être humain réduit à son animalité la plus survivante, et à sa sensibilité la plus fine, elles n'omettent pas leurs responsabilités dans la domestication et induisent de nouveaux rapports au monde.

Les manières de vivre apprises ne sont plus adaptées aux bouleversements des crises successives.
Les comportements, s'ils ne sont pas réajustés, de façon individuelles, ne peuvent prétendent à la consolidation commune de bonnes valeurs. La dissonance est si bruyante, que les désaccords se sont réunis. Le brouhaha, si le mot est rigolo, pèse sur les actions, elles se trouvent donc inefficaces.

De tous temps, les sociétés faisaient face à des changements, rien de nouveau, l'intelligence c'est la capacité d'adaptation, elle se heurte à l'instinct de conservation, puisque l'on comprend seulement, que conserver n'est plus possible.

Nous regardons avec consternation le tri, comment se sélectionnent les priorités, dans une confusion entre le tri des êtres humains et leurs productions. La quintessence des êtres et de leurs vulnérabilité première et en tous points, deviennent secondaires, si ce n'est, éludés, de toute considération.

L'effervescence des activités humaines, fut pensée comme une richesse, des productions. Le marché de l'emploi est resté encore structuré sur cette idée, hors c'est un excès qui est rejeté par la nature même.
Travailler dessert entièrement la protection de notre terre.
Penser orienter le travail sur la protection de notre terre est un basculement fait de tromperies, sur la marchandise. Ce sont de nouvelles marches vers l'expansion d'une poignée de fous au détriment de toutes les âmes de bonne volonté.

Toute la difficulté est là. C'est un défi, plus que le tri sélectif, le discernement demande du temps.
Et pourtant, dans ce temps périodisé et découpé à l'infini, seul celui du temps retrouvé de l'innocence est une passerelle vers l'accomplissement de chaque vie.
On a voulu rendre le temps sécable, par science, était-ce la meilleure des solutions ?

vendredi 16 septembre 2022

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En 1901, Claude Debussy n'est pas encore au faîte de sa gloire mais a déjà composé de nombreuses mélodies (Cinq poèmes de Charles Baudelaire, Chansons de Bilitis…), les Arabesques pour piano ainsi que plusieurs œuvres pour orchestre comme ses Nocturnes et le Prélude à l’après-midi d’un faune. Il termine également la composition de son opéra Pelléas et Mélisande, créé l'année suivante sur la scène de l'Opéra Comique. Publicité En parallèle de ses compositions, il démarre une activité de critique musical, et rédige pour des revues qui circulent dans les milieux intellectuels et les salons mondains.  Claude Debussy invente le personnage de Monsieur Croche dans le cadre de son activité de critique, qu’il débute en avril 1901. A cette époque, il est sollicité par les fondateurs de La Revue blanche, qui paraît depuis 1891, pour donner son point de vue sur l’actualité musicale parisienne. Séduit par le ton libre et hétérogène de la revue, Debussy accepte l’offre. C’est ainsi que, tous les 15 jours, il livre une chronique musicale au ton pour le moins inhabituel. Dès son premier papier, le musicien avertit les lecteurs : « On trouvera donc à cette place des impressions sincères et loyalement ressenties, beaucoup plus que de la critique ». Loin de l’objectivité revendiquée par les critiques habituelles, Debussy assume un ton totalement subjectif. L’auteur met également en garde ceux qui attendraient de lui une revue exhaustive des événements musicaux : « Je parlerai fort peu des œuvres consacrées, soit par le succès, soit par la tradition ». Il écrit uniquement sur ce qu’il l’intéresse. Son but n’est pas d’informer ses lecteurs mais plutôt de propager ses idées sur des sujets aussi divers que la symphonie, l’opéra, la musique de Wagner, le Prix de Rome ou encore la musique de plein air. Plus que pour ses analyses d’œuvres, les critiques de Debussy sont précieuses pour connaître ses conceptions musicales, sa pensée.

Portrait de Monsieur Croche :
Prénom : inconnu
Nom : Croche
Âge : inconnu
Adresse : vraisemblablement quelque part dans Paris
Profession : antidilettante.



« Antidilettante », en voilà un drôle de métier ! En quoi consiste-t-il ? Difficile à dire… Si le dilettante désigne celui « qui s'adonne à une occupation, à un art en amateur, pour son seul plaisir » (Larousse), l’antidilettante doit donc désigner le non-amateur de musique. Pourtant, Monsieur Croche aime la musique, c’est même son principal sujet de conversation. Mais pour lui, ce n’est donc pas un divertissement fantaisiste, mais une affaire sérieuse.
(extrait de l'émission de Radio France)

I

MONSIEUR CROCHE
ANTIDILETTANTE.

La soirée était charmante et je m’étais décidé à ne rien faire… (pour être poli, mettons que je rêvais). En réalité, ce n’étaient pas de ces minutes admirables dont on parle plus tard avec attendrissement et avec la prétention qu’elles avaient préparé l’Avenir. Non… c’étaient des minutes vraiment sans prétention, elles étaient simplement de « bonne volonté ».

Je rêvais… Se formuler… ? Finir des œuvres… ? Autant de points d’interrogation posés par une enfantine vanité, besoin de se débarrasser à tout prix d’une idée avec laquelle on a trop vécu ; tout cela cachant assez mal la sotte manie de se montrer supérieur aux autres. Être supérieur aux autres n’a jamais représenté un grand effort si l’on n’y joint pas le beau désir d’être supérieur à soi-même… Seulement c’est une alchimie plus particulière et à laquelle il faut offrir sa chère petite personnalité en holocauste… C’est dur à soutenir, et absolument improductif. Par ailleurs, solliciter l’assentiment unanime représente un temps considérable perdu en de constantes manifestations ou d’inlassables propagandes ; on peut y gagner le droit de faire partie d’un paquet de grands hommes dont on échange les noms pour ranimer de languissantes conversations d’art… Je ne voudrais pas insister, afin de ne décourager personne.

La soirée continuait à être charmante ; mais, on a pu s’en apercevoir, je ne m’aimais pas… je me perdais de vue et me voyais dans les idées générales les plus fâcheuses.

C’est à ce moment précis que l’on sonna à ma porte et que je fis la connaissance de M. Croche. Son entrée chez moi se compose d’incidents naturels ou absurdes dont le détail alourdirait inutilement l’intérêt de ce récit.

M. Croche avait une tête sèche et brève, des gestes visiblement entraînés à soutenir des discussions métaphysiques ; on peut situer sa physionomie en se rappelant les types du jockey Tom Lane et de M. Thiers. Il parlait très bas, ne riait jamais, parfois il soulignait sa conversation par un muet sourire qui commençait par le nez et ridait toute sa figure comme une eau calme dans laquelle on jette un caillou. C’était long et insupportable.

Tout de suite, il sollicita ma curiosité par une vision particulière de la musique. Il parlait d’une partition d’orchestre comme d’un tableau, sans presque jamais employer de mots techniques, mais des mots inhabituels, d’une élégance mate et un peu usée qui semblait avoir le son des vieilles médailles. Je me souviens du parallèle qu’il fit entre l’orchestre de Beethoven représenté pour lui par une formule blanc et noir, donnant par conséquent la gamme exquise des gris, et celui de Wagner : une espèce de mastic multicolore étendu presque uniformément et dans laquelle il me disait ne plus pouvoir distinguer le son d’un violon de celui d’un trombone.

Comme son insupportable sourire se manifestait particulièrement aux moments où il parlait de musique, je m’avisai tout à coup de lui demander sa profession. Il me répondit d’une voix qui tuait toute tentative de critique : « Antidilettante… » et continua sur un ton monotone et exaspéré : « Avez-vous remarqué l’hostilité d’un public de salle de concert ? Avez-vous contemplé ces faces grises d’ennui, d’indifférence, ou même de stupidité ? Jamais elles ne font partie des purs drames qui se jouent à travers le conflit symphonique où s’entrevoit la possibilité d’atteindre au faîte de l’édifice sonore et d’y respirer une atmosphère de beauté complète ? Ces gens, monsieur, ont toujours l’air d’être des invités plus ou moins bien élevés : ils subissent patiemment l’ennui de leur emploi, et s’ils ne s’en vont pas, c’est qu’il faut qu’on les voie à la sortie ; sans cela, pourquoi seraient-ils venus ? — Avouez qu’il y a de quoi avoir à jamais l’horreur de la musique »… Comme j’arguais d’avoir assisté et même participé à des enthousiasmes très recommandables, il répondit : « Vous êtes plein d’erreurs, et si vous manifestiez tant d’enthousiasme, c’était avec la secrète pensée qu’un jour on vous rendrait le même honneur ! Sachez donc bien qu’une véridique impression de beauté ne pourrait avoir d’autres effets que le silence… ? Enfin, voyons ! quand vous assistez à cette féerie quotidienne qu’est la mort du soleil, avez-vous jamais eu la pensée d’applaudir ? Vous m’avouerez que c’est pourtant d’un développement un peu plus imprévu que toutes vos petites histoires sonores ? Il y a plus… vous vous sentez trop chétif et vous ne pouvez pas y incorporer votre âme. Mais, devant une soi-disant œuvre d’art, vous vous rattrapez, vous avez un jargon classique qui vous permet d’en parler d’abondance. » Je n’osai pas lui dire que j’étais assez près d’être de son avis, rien ne desséchant la conversation comme une affirmation ; j’aimai mieux lui demander s’il faisait de la musique. Il releva brusquement la tête en disant : « Monsieur, je n’aime pas les spécialistes. Pour moi, se spécialiser, c’est rétrécir d’autant son univers et l’on ressemble à ces vieux chevaux qui faisaient tourner anciennement la manivelle des chevaux de bois et qui mouraient aux sons bien connus de la Marche Lorraine ! Pourtant, je connais toute la musique et n’en ai retenu que le spécial orgueil d’être assuré contre toute espèce de surprise… Deux mesures me livrent la clef d’une symphonie ou de toute autre anecdote musicale.

» Voyez-vous ! Si l’on peut constater chez quelques grands hommes une « obstinée rigueur » à se renouveler, il n’en va pas ainsi chez beaucoup d’autres, qui recommenceront obstinément ce qu’ils avaient réussi une fois ; et leur habileté m’est indifférente. On les a traités de maîtres ! Prenez garde que cela ne soit qu’une façon polie de s’en débarrasser ou d’excuser de trop pareilles manœuvres. — En somme, j’essaie d’oublier la musique, parce qu’elle me gêne pour entendre celle que je ne connais pas ou connaîtrai « demain »… Pourquoi s’attacher à ce que l’on connaît trop bien ? »




La fille aux cheveux de lin en distanciel (Photographies © Sonia Marques)

mardi 14 juin 2022

ℰℳÅiℒ

Photographies © Sonia Marques

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Ce souvenir d'enfance était resté très intense, comme lorsque l'on regarde une peinture de très près, jusqu'à se noyer dans les couleurs. Enfant ou adolescente, je regardais la parure de ma mère, son bracelet, comme une montre, mais magique changeante, sa bague aux couleurs vives, son collier, comme des petits couchers de soleil, ou bien, comme s'il y avait une danseuse, de flamenco, en tous cas, c'était le feu, la danse, une émulsion ou une alchimie colorée prise dans le vif, vernissée. C'était très innovant ou rare, de bénéficier de cet art là, ma mère me disait que c'était des émaux, si jeune, je savais alors que c'était des émaux, ce qu'était l'émail, à quoi cela ressemblait. Comme c'était une création, j'avais aussi accès à la créativité, l'art de l'émaillerie. Tout comme je savais déjà ce qu'était la céramique, depuis ces voyages au Portugal et les explications de mes parents, l'azulejeria. Ce qu'ils ne savaient pas, et moi, non plus, c'est que je me retrouvais vivre à Limoges... 40 années plus tard... où se trouvent aussi céramique et émaux, d'une autre façon. Ma culture avait parcouru déjà des pays différents, et elle m'a aidé à aimer enseigner et transmettre et innover. Je me souviens donc, que cette parure fut une inspiration, lorsque j'habitais en Seine-Saint-Denis et que je réalisais mes premières études vers mes 15 ans, à Paris, le saut à l'élastique, dans le 18e, au lycée d'arts graphiques Auguste Renoir, puis en passant 4 années à l'école Dupérré dans le 3e à Paris jusqu'au diplôme "Modes et environnement" (un DSAA) avec de superbes professeurs, designers, stylistes, philosophes, artistes, et leurs félicitations. J'avais réalisé des créations, dès les années 90, complètements innovantes, entre textiles, plâtre, mode, arts du spectacles, sportives, qui, aujourd'hui seraient toujours étonnantes. Ces petits bijoux d'émaux, lorsqu'un professeur nous demanda de réaliser la pochette du vinyle et CD du Boléro de Ravel, constituaient une source d'inspiration. Le savait-il ? Non. Ni mes parents, ni personne ne l'a jamais su. J'apprends que cette parure fut le cadeau de mon père à ma mère : voici que nous sommes vernis ! Est-ce cela la transmission ? La culture ? Oui c'est un exemple.  Le bel ouvrage, il fallait le reconnaître, avoir le goût, le désir de l'offrir, de le voir porté. Ainsi, je m'aperçois que cette parure est bien inaltérable. Mon conjoint me dit : elle est bien plus contemporaine que ce que nous avons vu, ici, une parure pour gladiateurs érudits.

Tout peut devenir une inspiration, un petit cailloux, le toucher du satin, d'un animal, d'une peau, les épines d'une châtaigne... Son goût mêlé au lait, des desserts économiques, que garde-t-on de nos souvenirs, nos madeleines de Proust... Comme cette confiture de fraise déposée sur une cuillère dans le film d'anticipation "Soleil vert" ("Soylent green" de Richard Fleischer, 1973) à ceux qui en sont privé, ce souvenir... humain... En période de disette ou de restriction, l'imaginaire et les souvenirs sont nos plus beaux atouts, à nous de les raviver chez nos anciens, raviver la flamme de l'histoire, tirer les fils : L'anamnèse, une simple amélioration de l’efficience de notre potentiel humain. C'est ainsi qu'arrive le récit, l'individuation, permettre à l'autre de se souvenir de qui il est, qui elle est, à l'aune de son présent, mesurer le parcours. C'est bien mieux qu'un curriculum vitae, ces espèces de papier normalisés, si mal vus par les cabinets de ressources humaines, retoqués à l'infini, inutiles et illisibles... c'est ainsi que plus personne ne trouve d'emploi et personne ne trouve de candidat...

Depuis les arts graphiques, la photographie et ses tirages papier, ses apparitions de mon petit labo que j'avais acheté, réaliser des films, des vidéos, les projeter, en scénariser des projections, ouvertes à tous, réaliser des documentaires pour d'autres, pour ma chorégraphe et la danse contemporaine, travailler, la cire, la sérigraphie sur tissus, la gravure, la céramique, exposer une mosaïque carrelée, émaillée... Ouvrir une maison d'édition, réaliser des livres et pour tous, confectionner des livrets, depuis la maternelle (et oui !) et tout ce qui devenait le numérique dans tous les domaines : j'ai toujours été passionnée par les techniques, et mon parcours artistique en témoigne dans chacune de ses réalisations très atypiques. J'ai aussi transféré les techniques les unes aux autres provoquant des décloisonnements, dans mon enseignement toujours, ce qui n'a jamais été bien vu des plus conservateurs et conservatrices, mais n'est-ce pas toujours le cas des inventeurs et inventrices ? Jusqu'à la censure, ou même l'ostracisation, mon enseignement étant hors-norme et surtout "traversant", avec une déconcertante facilité. Je suis capable d'adaptation rapide et en plus de formaliser aussi rapidement comment enseigner ce que j'apprends. Cette rapidité n'est pas l'apanage des fonctionnaires ni des institutions, ainsi, il faut parfois attendre et patienter des années, avant de voir et apprécier que tout arrive pour tous et que les accès soient "accessibles" pour tous. La technique c'est tout un art et de l'apprendre aux autres aussi. Souvent, j'ai rencontré d'autres professeurs agacés de ne pas savoir, de ne pas avoir été formés, voir des directions d'école affreusement jaloux-ses, préférant punir celles et ceux qui aiment enseigner, que de favoriser ces arts et savoirs faire, leur donner toute la place, ou un atelier. Repérée très tôt par des artistes et designers, je travaillais pour eux et elles, sans ménager mes efforts et sans moyens mais avec des idées déjà. Ce sont des professeurs, designers et artistes qui m'ont bien accompagnés lors de mes études, je leurs suis reconnaissante, je pense à chacun d'eux, chacune d'elle, souvent. Dans notre pays, les difficultés à évoluer et reconnaître les talents sont manifestes, il est bien plus question de difficultés à reconnaître les compétences, à recruter, les talents ne manquent pas, mais il manque vraiment des sachants, des artistes d'expériences qui savent recruter et qui ont un regard, une aisance, une culture, des passions, mais surtout une ouverture d'esprit. Ce qu'il manque, dans ce pays, ce sont des personnes ayant tant à partager, tout sauf leurs frustrations, et sans aucune jalousie, des personnes qui ne font ni procès, ni racisme, ni prédations, ni complots. Ce n'est pas rare du tout, ce qui est rare c'est de savoir où sont ces personnes et surtout les protéger, les accompagner, leur donner la liberté de recruter de former des équipes. Je le vois partout, nos écoles manquent cruellement de ces regards, de ces artistes diplômés de bonnes écoles, partout, dans tous les territoires. Beaucoup ont été mis à l'écart, et c'est un gâchis que l'on constate. On préfère se fier à la communication, au journalisme, on relaye sans arrêt ce qui est déjà trouvé, médiatisé, ce qui fait le "buzzzz", ce qui est déjà acheté, vendu, répété, copié, c'est lassant, lassant. On préfère ainsi que les présidents soient des journalistes, des acteurs de télévision, que les recruteurs-teuses soient des journalistes, tout est journal, rapporteur, rapporteuse. Et moi et mon petit journal atypique, hors-norme... c'est pas du journalisme ça  (trop d'idées, personnelles ! Que fait-on du personnel dans une culture du semblable, du même ? Rien) Quand nous avions besoin de colporteurs, mais quand nous avons accès à l'information et que nous savons mieux que les journalistes trouver les informations, quand est-il de l'information, elle s'intoxifie et doit se vérifier, sans cesse.  L'élite est devenue semblable à la masse, et c'est un superbe dénivellement, un politicien sans histoire, ni culture, a le plus de chance d'être élu démocratiquement, par l’abstention elle-même : le non, le refus, des comportements inavouables dans les urnes, ne pas vouloir nommer, parviennent à élire ce que le peuple veut détester et haïr, pour avoir le pouvoir de manifester ensuite son mécontentement, voici ce qui prime : la colère toujours. La colère encore, la rancœur, la traitrise... Un jour peut-être, gouverner ou élire en sera autrement, pour l'instant, il y a un impensé, tel des Sisyphes qui attendent les élections suivantes et les manifestations, pour remonter leurs pierres, et la voir tomber, tout le pays est rythmé par la colère et la destruction, aux tristes  joies anarchiques et paillardes...Cela occupe une société qui ne pense plus... Suivre le groupe, scander le même slogan, c'est reposant, cela fait même du bien, cela rassure, cela rend même heureux. Pour celles et ceux qui pensent, c'est moins simple. On s'éloigne des diktats.

Lorsque j'avais fondé avec mes amis un collectif d'artistes en apprentissage au sortir de mes multiples formations, j'avais déjà remarqué ce retard à l'allumage, les étudiants les plus intéressants avec des créations très précieuses, à l'état même de projets, n'étaient pas compris ni vus des jury et des professeurs. Il faut dire que nous étions aux prémices des créations sur Internet,  ainsi ai-je choisi, de fédérer, former, apprendre, en groupe et favoriser d'autres personnes ayant l'envie et la curiosité de faire des recherches et créer dans des domaines inexplorés. Les engager dans leur voix. Enseigner a toujours été une recherche, de la technique, non séparée de l'expérience personnelle, du parcours, du chemin et de la capacité de retranscrire ou de théoriser ce véhicule de vie. Car pour moi, l'art c'est la vie, et c'est tous les jours, et mieux, en binôme, en compagnie, en partageant mes trouvailles, ou en écoutant celles des autres, mes proches, ma famille, la moindre trouvaille... un téléphone, une voiture, les déboires, les erreurs, les bricolages, les contrats, le juridique, l'artistique et le muséal... Le paysage, la langue, combien d'apprentissages, et tissages chaque jour ? Chaque réveil est une possibilité de se renouveler, de mettre à l'épreuve du temps ce que l'on croit comprendre... Vieillir c'est s'attacher aux riens, aux détails, le plus invisible à tous devient le plus important pour soi, les repères sont espacés, singuliers, les traits marqués, la volonté de faire économisée, la volonté d'en être, supprimée : vieillir c'est devenir, c'est être pour toujours.

La mémoire, cela commence par un souvenir : un bijou, une couleur, telle une galaxie, des planètes, ainsi va la création, et l'inspiration, si fugace aux sagacités renouvelées...

Un jour je portais une bague en acier, un miroir argenté avec une pointe en volume, discrète et réflective, c'est Calvin Klein qui la produisait, une belle illusion, d'où son nom, j'enseignais et parlait avec des gestes de la main. Une jeune femme, étudiante était fascinée par cette bague qui ornait les gestes professoraux. En plein milieu du cours, elle exprima à haute voix son admiration devant ce bijou, pourtant minuscule, dans une pièce, moi éloignée de tous, et, sans aucun rapport avec le cours, elle s'exclamait, heureuse d'avoir trouvé quelque chose qui l'intéressait par la dimension scientifique, certainement la matière et la forme circulaire. Son intervention n'était pas dans la norme du comportement des autres étudiants, pourtant son approche d'un élément du réel, de son observation, indiquait une connaissance atypique, intense, cela produisait du sens aussi, dans sa disruption. Par ailleurs, elle était peintre et avait déjà réalisé des peintures de galaxies, planètes, voix lactées, très colorées et subtiles, de grandes envergures, tandis que les autres étudiants n'avaient pas encore ni étudier la peinture, ni eu l'initiative d'en réaliser des desseins, ni d'études sur la couleur. Donc de telles réalisations provoquaient l'admiration ou l'indifférence des étudiants qui ignorent encore les capacités et connaissances acquises pour arriver à de telles factures et soins dans les mélanges colorimétriques. Elle était un peu à part, et ne parvenait pas à se sentir à l'aise en cours, l’oppression ressentie, était celle que nous pouvions tous ressentir, quand l'ignorance prend le pouvoir sur la connaissance. C'est une oppression magistrale, une mise en abîme de la dévalorisation de l'enseignement. Elle appréciait mes cours, car elle s'y sentait intégrée et il y avait une harmonie entre tous, un intérêt de l'écoute des uns envers les projets des autres. Les différences ne se chamaillaient pas, mais se posaient comme principe même d'une manière de faire des mondes et de les inventer. J'étais toujours attentive à ce que chacun, chacune, des étudiants puissent se sentir en disponibilité d'apprendre : c'est le plus dur, car il n'y a là aucune perfection, si les réussites des uns ne font pas les défaites des autres, c'est que les jours se succèdent et le mouvement change les perspectives, l'alternance entre faire des erreurs et comprendre, ou peaufiner ses talents et accumuler des croquis et recherches et pouvoir en cerner les mondes qui s'ouvrent au fur et à mesure, surprend toujours. Selon les écoles, la seconde étape c'est de rendre fluide son enseignement aussi auprès des autres professeurs, que soient intégrés ou respectés les enseignements de chacun : très difficile, dans certains cas, il est impossible de se faire respecter. Ces années là sont très difficiles, s'il n'y a pas de volonté de respecter le rythme de chacun, chacune, car il y a beaucoup de violence, de haine, de frustrations, de précarisations, de mauvaises évaluations, orientations, dans les écoles, s'ajoutent à cela, des mentalités concurrentielles, qui n'ont pas lieu d'être, favorisant la mauvaise compétition, les rivalités, plutôt que l'émulation, et nous arrivons vite au harcèlement scolaire (étudiants, ou professeurs, tout le monde devient une victime collatérale, beaucoup adoptent la lâcheté pour espérer rester parmi les rangs, sans rien dire, ou sinon en apportant du grain au moulin de l'image d'Épinal, trouver la tendance politique et s'y couler comme si de rien n'était, mettre son drapeau, son écharpe comme les autres, ne pas émettre d'idée trop personnelle, ni apporter une expérience individuelle, le risque est que tout se tourne vers une idéologie)

Les aspects sociologiques du contexte à analyser et les facultés cognitives individuelles sont pourtant des données en plus, être formés aujourd'hui sur ces nouveaux items avec une connaissance de la systémique sont très importants, peut-être bien plus que d'être dans un réseau social virtuel, car c'est une question de survie. Autant dire qu'il faut être formé à l'abandon, et ne pas s'offusquer de la violence, ni résister bêtement : c'est le pire.

Ne pas être indifférent et s'ouvrir à la différence. C'est une utopie, car nous sommes dans le sens opposé, il suffit d'entendre l'écart entre les politiques et la réalité du terrain, les usages, le nombre et l'économie nécessaire (très peu d'argent suffit, mais un peu plus d'intelligence du sensible et de bon sens... et pas de l'artificielle intelligence...nous en sommes à l'inverse, l'opposé, la demande est celle de toujours plus de moyens, sauf que ce n'est pas possible, ni pour quelques uns, ni pour tous... c'est un autre sujet à développer)

Dans les formations artistiques, se mêlent le narcissisme avec la prétention et la jalousie. La clairvoyance, la perspicacité, la lucidité activent la mise à distance de ces facteurs toxiques. Si l'égo est surdimensionné pour créer de l'image, et donc de l'illusion, il l'est aussi dans les aspects plus intellectuels, conceptuels, car c'est ici même que la naissance du médiocre est à son apogée, car le ridicule ne tue pas. C'est ici même que le médiocre à de meilleures chances d'être ovationné et médaillé. Car le ridicule ne tue pas et les êtres humains ont besoin de se divertir, de rire de tout, autant que nourrir un jardin intérieur, secret et inaccessible au commun des mortels... La liberté d'expression du médiocre a peu à peu remplacé les vœux de réflexion, d'introspection, d'imagination et donc de création, je pourrai ajouter de façon saugrenue, la douceur est remplacée, quoique la mièvrerie et la minauderie sont hautement tolérés, comme le cabotinage. Le silence est pourtant nécessaire, travailler et étudier en paix. Ce qui n'est quasiment plus possible, le bruit partout, la rumeur, la pression de montrer, de s'exposer sans cesse, dans des moments où il n'est pas nécessaire d'être surexposé, c'est le mot d'ordre (prouve que tu existes...) c'est aussi à développer.

Esprits-êtes vous là ?

Cette jeune étudiante fascinée par la bague illusion, comme je le fus de celle de ma mère, en émail rouge, jaune, blanc, noir...m'apprit dans la confidence qu'elle venait d'être diagnostiquée autiste asperger. Il semble que ce diagnostique était très longuement attendu, depuis des années. Malheureusement pour elle, en informant l'administration et la direction, elle fut tout simplement exclue de l'école d'art, et très brutalement Ce qui, aujourd'hui, est en contradiction totale avec ces domaines des formations artistiques. Excellente artiste déjà, et désireuse d'étudier encore, elle avait une tutrice, et aimée de ses camarades. La meilleure voix, la plus juste, serait d'étudier en paix, sans idéologie, et que les écoles soient accessibles à tous. Sans elle, le groupe n'était plus apprenant, son absence a dispersé les étudiants, aucun n'est resté dans l'école. C'était une chance pour tous. Mais finalement, en sortir n'était-ce pas le meilleur apprentissage de la vie ?

Ce qui est ingénieux peut se retrouver marginalisé. L'invention c'est vraiment une autre galaxie, en passant par la sérendipité...

Un souvenir, et tout bascule, la recherche peut commencer. Il y a donc une corrélation entre la mémoire, le passé et la projection future, c'est comme une fulgurance, un déclic puissant, ou une douce lumière, dans une profonde nuit et apercevoir une petite étoile...

Sensibles et sensibleries, paramétrer l'impossible, espérer être compris, ou simplement entendus, plutôt que vus. N'est-ce pas cette petite différence qui est en jeu ?

La relation humaine est interaction et souvent une déception. Sommes-nous capables aujourd'hui d'être déçus ? De ne pas avoir la certitude d'être bien compris ? Est-ce si important de tout comprendre ?

Les énigmes sont si belles.

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L'émail du coquillage, l'émail des dents du morse...

mardi 19 octobre 2021

ṧ◎ʟ ḓ℮ мαƴ☺



Pour revenir à cette notion employée dans mes articles antérieurs, et mes autoportraits nommés "La fille du soleil", qui viennent aussi de poèmes et chansons, il y a ce dessin, ce symbole, qui figure, sur ces photographies, une broche en or... D'une main le soleil du bout des doigts, ou délicatement posé dans la paume de la main, la générosité, et de l'autre des feuilles de Ginkgo, cet arbre aux quarante écus... L'éternité. Mon compagnon me demande si je connais ce symbole du soleil choisi ? C'est le "sol de mayo", le soleil du mois de mai, symbole du pays de l'Argentine, aussi emblème national de l'Uruguay, on distingue ce soleil sur leur drapeau, il rappelle le Dieu Inca solaire. Il est aussi celui que j'avais dessiné dans un nuage (le soleil pluie) le mois de mai dernier... (le "moi" de mai) Quand j'écris, je suis la fille du soleil, quel est ce soleil ? Ma mère se nomme Argentina, un beau soleil, où le silence est d'or et la parole est d'argent. En cheminant dans ma vie, éclairée ou assombrie, ce soleil m'a présenté sa force. Son silence est plus éloquent que sa parole. L'enfant n'a pas toujours conscience de la valeur des actions, et craint les paroles. L'adulte en plein soleil, éclairé par sa force, entame sa reconnaissance. Ce prénom est si beau, comme celle qui le porte, que ma pensée reconnaissante est plus belle qu'un silence imposé, et me porte à l'écrire.

Ce soleil m'a dit  :  Si la parole que tu veux dire n'est pas plus belle que le silence : ne la dit pas.

Je suis la fille du soleil, et le prénom de ma mère est Argentina.
Partout, le silence m'accompagne dans sa beauté, comme le "sol de mayo".
L'écriture est un remède à la parole qui ne s'entend pas.
Savoir lire et écrire est la plus belle force que ce soleil m'a transmis.



Photographies © Sonia Marques : La fille du soleil

lundi 23 août 2021

℘εяḟεḉт ʟ◎♥ℯґṧ


Enfin !

Photographie et installation © Sonia Marques

mardi 17 août 2021

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Photographies © Sonia Marques

vendredi 12 février 2021

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© Sonia Marques

jeudi 27 juin 2019

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42 degrés à l'ombre à Limoges (Photographies © Sonia Marques)

lundi 15 avril 2019

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Le vent, l'énergie solaire.

Photographies © Sonia Marques