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vendredi 16 septembre 2022

ѦηтḯDiʟε⊥⊥aᾔт℮



En 1901, Claude Debussy n'est pas encore au faîte de sa gloire mais a déjà composé de nombreuses mélodies (Cinq poèmes de Charles Baudelaire, Chansons de Bilitis…), les Arabesques pour piano ainsi que plusieurs œuvres pour orchestre comme ses Nocturnes et le Prélude à l’après-midi d’un faune. Il termine également la composition de son opéra Pelléas et Mélisande, créé l'année suivante sur la scène de l'Opéra Comique. Publicité En parallèle de ses compositions, il démarre une activité de critique musical, et rédige pour des revues qui circulent dans les milieux intellectuels et les salons mondains.  Claude Debussy invente le personnage de Monsieur Croche dans le cadre de son activité de critique, qu’il débute en avril 1901. A cette époque, il est sollicité par les fondateurs de La Revue blanche, qui paraît depuis 1891, pour donner son point de vue sur l’actualité musicale parisienne. Séduit par le ton libre et hétérogène de la revue, Debussy accepte l’offre. C’est ainsi que, tous les 15 jours, il livre une chronique musicale au ton pour le moins inhabituel. Dès son premier papier, le musicien avertit les lecteurs : « On trouvera donc à cette place des impressions sincères et loyalement ressenties, beaucoup plus que de la critique ». Loin de l’objectivité revendiquée par les critiques habituelles, Debussy assume un ton totalement subjectif. L’auteur met également en garde ceux qui attendraient de lui une revue exhaustive des événements musicaux : « Je parlerai fort peu des œuvres consacrées, soit par le succès, soit par la tradition ». Il écrit uniquement sur ce qu’il l’intéresse. Son but n’est pas d’informer ses lecteurs mais plutôt de propager ses idées sur des sujets aussi divers que la symphonie, l’opéra, la musique de Wagner, le Prix de Rome ou encore la musique de plein air. Plus que pour ses analyses d’œuvres, les critiques de Debussy sont précieuses pour connaître ses conceptions musicales, sa pensée.

Portrait de Monsieur Croche :
Prénom : inconnu
Nom : Croche
Âge : inconnu
Adresse : vraisemblablement quelque part dans Paris
Profession : antidilettante.



« Antidilettante », en voilà un drôle de métier ! En quoi consiste-t-il ? Difficile à dire… Si le dilettante désigne celui « qui s'adonne à une occupation, à un art en amateur, pour son seul plaisir » (Larousse), l’antidilettante doit donc désigner le non-amateur de musique. Pourtant, Monsieur Croche aime la musique, c’est même son principal sujet de conversation. Mais pour lui, ce n’est donc pas un divertissement fantaisiste, mais une affaire sérieuse.
(extrait de l'émission de Radio France)

I

MONSIEUR CROCHE
ANTIDILETTANTE.

La soirée était charmante et je m’étais décidé à ne rien faire… (pour être poli, mettons que je rêvais). En réalité, ce n’étaient pas de ces minutes admirables dont on parle plus tard avec attendrissement et avec la prétention qu’elles avaient préparé l’Avenir. Non… c’étaient des minutes vraiment sans prétention, elles étaient simplement de « bonne volonté ».

Je rêvais… Se formuler… ? Finir des œuvres… ? Autant de points d’interrogation posés par une enfantine vanité, besoin de se débarrasser à tout prix d’une idée avec laquelle on a trop vécu ; tout cela cachant assez mal la sotte manie de se montrer supérieur aux autres. Être supérieur aux autres n’a jamais représenté un grand effort si l’on n’y joint pas le beau désir d’être supérieur à soi-même… Seulement c’est une alchimie plus particulière et à laquelle il faut offrir sa chère petite personnalité en holocauste… C’est dur à soutenir, et absolument improductif. Par ailleurs, solliciter l’assentiment unanime représente un temps considérable perdu en de constantes manifestations ou d’inlassables propagandes ; on peut y gagner le droit de faire partie d’un paquet de grands hommes dont on échange les noms pour ranimer de languissantes conversations d’art… Je ne voudrais pas insister, afin de ne décourager personne.

La soirée continuait à être charmante ; mais, on a pu s’en apercevoir, je ne m’aimais pas… je me perdais de vue et me voyais dans les idées générales les plus fâcheuses.

C’est à ce moment précis que l’on sonna à ma porte et que je fis la connaissance de M. Croche. Son entrée chez moi se compose d’incidents naturels ou absurdes dont le détail alourdirait inutilement l’intérêt de ce récit.

M. Croche avait une tête sèche et brève, des gestes visiblement entraînés à soutenir des discussions métaphysiques ; on peut situer sa physionomie en se rappelant les types du jockey Tom Lane et de M. Thiers. Il parlait très bas, ne riait jamais, parfois il soulignait sa conversation par un muet sourire qui commençait par le nez et ridait toute sa figure comme une eau calme dans laquelle on jette un caillou. C’était long et insupportable.

Tout de suite, il sollicita ma curiosité par une vision particulière de la musique. Il parlait d’une partition d’orchestre comme d’un tableau, sans presque jamais employer de mots techniques, mais des mots inhabituels, d’une élégance mate et un peu usée qui semblait avoir le son des vieilles médailles. Je me souviens du parallèle qu’il fit entre l’orchestre de Beethoven représenté pour lui par une formule blanc et noir, donnant par conséquent la gamme exquise des gris, et celui de Wagner : une espèce de mastic multicolore étendu presque uniformément et dans laquelle il me disait ne plus pouvoir distinguer le son d’un violon de celui d’un trombone.

Comme son insupportable sourire se manifestait particulièrement aux moments où il parlait de musique, je m’avisai tout à coup de lui demander sa profession. Il me répondit d’une voix qui tuait toute tentative de critique : « Antidilettante… » et continua sur un ton monotone et exaspéré : « Avez-vous remarqué l’hostilité d’un public de salle de concert ? Avez-vous contemplé ces faces grises d’ennui, d’indifférence, ou même de stupidité ? Jamais elles ne font partie des purs drames qui se jouent à travers le conflit symphonique où s’entrevoit la possibilité d’atteindre au faîte de l’édifice sonore et d’y respirer une atmosphère de beauté complète ? Ces gens, monsieur, ont toujours l’air d’être des invités plus ou moins bien élevés : ils subissent patiemment l’ennui de leur emploi, et s’ils ne s’en vont pas, c’est qu’il faut qu’on les voie à la sortie ; sans cela, pourquoi seraient-ils venus ? — Avouez qu’il y a de quoi avoir à jamais l’horreur de la musique »… Comme j’arguais d’avoir assisté et même participé à des enthousiasmes très recommandables, il répondit : « Vous êtes plein d’erreurs, et si vous manifestiez tant d’enthousiasme, c’était avec la secrète pensée qu’un jour on vous rendrait le même honneur ! Sachez donc bien qu’une véridique impression de beauté ne pourrait avoir d’autres effets que le silence… ? Enfin, voyons ! quand vous assistez à cette féerie quotidienne qu’est la mort du soleil, avez-vous jamais eu la pensée d’applaudir ? Vous m’avouerez que c’est pourtant d’un développement un peu plus imprévu que toutes vos petites histoires sonores ? Il y a plus… vous vous sentez trop chétif et vous ne pouvez pas y incorporer votre âme. Mais, devant une soi-disant œuvre d’art, vous vous rattrapez, vous avez un jargon classique qui vous permet d’en parler d’abondance. » Je n’osai pas lui dire que j’étais assez près d’être de son avis, rien ne desséchant la conversation comme une affirmation ; j’aimai mieux lui demander s’il faisait de la musique. Il releva brusquement la tête en disant : « Monsieur, je n’aime pas les spécialistes. Pour moi, se spécialiser, c’est rétrécir d’autant son univers et l’on ressemble à ces vieux chevaux qui faisaient tourner anciennement la manivelle des chevaux de bois et qui mouraient aux sons bien connus de la Marche Lorraine ! Pourtant, je connais toute la musique et n’en ai retenu que le spécial orgueil d’être assuré contre toute espèce de surprise… Deux mesures me livrent la clef d’une symphonie ou de toute autre anecdote musicale.

» Voyez-vous ! Si l’on peut constater chez quelques grands hommes une « obstinée rigueur » à se renouveler, il n’en va pas ainsi chez beaucoup d’autres, qui recommenceront obstinément ce qu’ils avaient réussi une fois ; et leur habileté m’est indifférente. On les a traités de maîtres ! Prenez garde que cela ne soit qu’une façon polie de s’en débarrasser ou d’excuser de trop pareilles manœuvres. — En somme, j’essaie d’oublier la musique, parce qu’elle me gêne pour entendre celle que je ne connais pas ou connaîtrai « demain »… Pourquoi s’attacher à ce que l’on connaît trop bien ? »




La fille aux cheveux de lin en distanciel (Photographies © Sonia Marques)

jeudi 12 août 2021

♭ℓℯü αṧ﹩℮


Peinture de l'artiste Geneviève Asse, Impressions gris et bleue (2007)

Que voit-on ? La mer, le bleu, l'écume, une abstraction, une peinture, c'est une œuvre de la peintre bretonne Geneviève Asse, cette artiste s'est éteinte à 98 ans le mercredi 11 août 2021, à l’Ehpad des Invalides, à Paris.
Entre 2003 et 2013, elle avait pris part au chantier de restauration des vitraux de la collégiale Notre-Dame-de-Grande-Puissance, à Lamballe. Retenue dans le cadre d’un marché public, Geneviève Asse avait alors collaboré avec le vitrailliste Olivier Debré.



« J'aime la solitude. » disait-elle, c'est une philosophie de vie. Dans sa maison de l'Île-aux-Moines, lovée dans le golfe du Morbihan, elle y trouvait une respiration et une inspiration. Née en 1923 à Vannes, Geneviève Asse est élevée par sa grand-mère au manoir de Bonervo, dans la presqu'île de Rhuys. Ce n'est qu'à 10 ans que Geneviève et son frère jumeau rejoignent leur mère à Paris.

Le bleu, c'est son secret



Alors que les jeunes de son âge jouent dans la cour de récré, Geneviève s'échine à faire et refaire ses peintures. « Sans jamais prendre de cour... Je tenais à rester seule. ». Face à l'horreur de la guerre de la seconde guerre mondiale, la Vannetaise trouve dans l'art un refuge apaisant. On a nommé ainsi « le bleu Asse ». Un bleu unique dont personne ne sait vraiment d'où il vient. À chaque fois qu'on lui demande, elle répond que c'est son secret, reconnaît Florence Camarroque, réalisatrice du film Geneviève Asse, entre ciel et mer : "Une ligne d'horizon entre le ciel et la mer, c'est son univers"




Elle fut d'abord attirée par la nature morte puis s'est éloignée du figuratif au profit de l'espace, de l'étendue. Ses recherches vont de l'opacité à la transparence. Cette couleur tant vécue de l'intérieur, d'une rare intensité dans sa longévité, et son engagement, sa foi, s'est emparée d'elle, comme elle, qui vivait dans cette couleur, celle du ciel et de la mer de la Bretagne. Élément sacré, cette couleur, la sienne, est à mon sens, bien plus "éternisée"que le bleu de Klein, dont on a fait un pataquès pas possible (surtout dans les écoles d'art) Le bleu Asse parcourt de multiples bleus. J'ai la chance de vivre aussi dans ce bleu, celui de mes fenêtres, comme elle, j'ai repeint tous les murs en blanc, comme elle, je ne peux rien accrocher au mur, ni même ne trouvera-t-on de miroir, ni une seule de mes œuvres, ou presque, pourtant j'ai fait des efforts, j'ai installé un miroir derrière une porte ;.) Un temps j'avais effectué des recherches pour les étudiants sur la fabrication de la couleur bleue, les pastels des teinturiers, les bleus de guède, le bleu Indigo... C'est passionnant, parfois ce que l'on recherche ne peut se transmettre, n'est pas accueilli, le climat n'est ni propice ni ouvert, ni serein. Alors la solitude, le retrait, le silence, rechercher en silence, c'est l'intériorité qui nous pousse à travailler, non plus pour être mis à mal et ostracisé sans cesse, mais pour soi, et pour nos proches, pour l'infime partie du monde qui nous a vu naître et continue de nous accompagner, notre famille, nos racines, toujours pour l'espoir d'un meilleur avenir.

Je partage l'idée que rien ne peut parasiter la pensée, lorsqu'elle se définit par l'alliance entre la main et l'esprit. Aussi, je pense que la vie d'artiste est emplie de solitude, de retranchement, peu le comprennent, surtout dans nos jours, où tout doit se faire en groupe, en collectif, il faut suivre toute rumeur, tout complot. Pourtant, il existe des artistes, dont on surprend comprendre, hélas tardivement, qu'ils et elles étaient aussi bénis par la lumière et la conviction d'être en retrait des roulements des vagues perpétuelles, et contemplatifs de l'écume qui s’efface chaque minute de la vie.

Son œuvre est un signe de sérénité, de sobriété aussi, mais tout de même, d'une grande générosité : donner sa vie au bleu, et jouer une partition singulière, accueillant parfois des points rouges ou des lignes blanches, ou bien couper la toile en deux pour laisser passer la lumière, comme on peut le voir dans ses vitraux bleus qui laissent passer des raies de lumières. J'aime beaucoup entendre que dans cette invitation au silence, se cache un tas de saletés remarquables, ses tubes, ses palettes, ses pinceaux, ce désordre bien réel, qui est celui de la vie d'artiste, d'où jailli une forme de perfection visible et à la fois impassible face à toutes les haines et les mauvaises ondes.

Il y a des artistes qui réalisent des œuvres bien différentes les unes des autres, qu'elles soient minimales ou baroques, somptueuses, ou silencieuses et parcimonieuses, multiples ou rares et précieuses ; parfois s'arrêter, ne rien produire, ne rien faire de beau, ni d'art, une année, deux années, et contempler, être présent au monde, c'est aussi cela, être artiste. De mon point de vue, je vis dans une économie de moyen quasi absolue et sans aucune attente, ni obéissance à quiconque. Je n'ai pas le sentiment de devoir, sauf le respect d'autrui et de soi. Je n'ai pas le sentiment de droit imposé par des communautés qui pensent dominer un territoire, en écrasant les plus vulnérables, par lâcheté, et les plus silencieux, les plus discrets, ou qui donnent des leçons de comment un, une artiste doit penser et vivre et produire et mériterait de recevoir des prix, d'avoir des droits à une culture d'entre-soi. Il existe des gens, dans nos contrées, qui vivent sans brandir de pancarte, car travailler chaque jour au meilleur, ne laisse pas de temps pour se plaindre, d'autres crient plus fort, sans entendre. Ceux-ci, celles-ci n'ont aucun article de presse, aucun média pour les accompagner, car ils et elles sont déjà des médiateurs, des médiatrices, dans leur vie de tous les jours, et avec, toutes les personnes rencontrées sur leur chemin de traverse. Parfois, les éléments naturels, le paysage, aussi urbain, donnent des leçons de catastrophes, que l'on ne peut éviter, et l'art ne peut rien, ni l'histoire que les hommes construisent, car parfois, pour une poignée, la volonté de liberté se remplace par la volonté de domination. Comme l'écrivait Camus, "les valeurs humaines ont été remplacées par les valeurs du mépris et de l’efficacité, on n'a plus raison parce qu’on a la justice et la générosité avec soi. On a raison parce qu’on réussit. Et plus on réussit, plus on a raison."  (Albert Camus, Franchise No 3, novembre – décembre 1946)  Des années et des années plus tard, pas tout à fait un siècle, mais presque, dans une société riche, qui se retrouve excessive et tente de faire des économies et de mieux distribuer à égalité sa production, on peut trouver une confusion des priorités, si ce n'est, une confusion de la pensée, se croire tout permis, entraîner les plus pauvres en justice, à la police, des artistes, des érudits, par ignorance toujours, en les insignant, sans même qu'ils n'aient les moyens d'être défendus ou d'avoir la parole une seule fois, parce que l'on croit avoir réussi, on croit avoir le pouvoir sur l'autre, (l'altérité), dont on pense qu'il ou elle n'est rien parce qu'il ou elle n'a rien, on pense alors avoir la justice et la police avec soi, en omettant toutes les étapes du droit, et bien avant, du dialogue, on pense avoir un accès direct à la loi pour soi seulement, mais pas pour les autres, on se croit légitime par l'accumulation de biens, on passe en force, et en agissant ainsi, on sème la terreur (et le texte inédit de Camus analyse cette notion à l'aune de l'inertie) ; on perd ce qui faisait de nous des êtres humains. Il faut rester vigilant, aux uns, unes et aux autres qui s'égarent sur ces chemins (de réussite) si tentants, fussent-ils pour une communauté, un groupe, une idée, qui s'avèrent, avec le temps, et par répétition, de petites armes destructrices contre toutes les parties invisibles de notre humble condition humaine, si tendre.

Parfois le bleu s'éternise. Et le silence demeure.


vendredi 12 février 2021

☮ℭÉѦℵiℚṲ∃

Voyage sous la mer
Alexandre le Grand
1300-1325, enluminure sur parchemin
tirée du Roman d’Alexandre.

*

Je regardais cette enluminure d'Alexandre le Grand, "Voyage sous la mer", et je pensais au retour à la mer, à la mère, à l'origine, à la fois impossible, qu'évoque cette gravure, folle, comme lorsque l'on jette une bouteille à la mer, à la mère donc.

Différents mots me venaient à l'esprit, non sans humour et aussi gravité, tant la chose, parfois, s'illustre et trouve les mots dont l'esprit manque, justement.

Cloaque, comme un retour au cloaque.
Le cloaque est le lieu destiné à recevoir les immondices, les eaux usées. Nommé aussi "Cloaca".
Mais c'est aussi l'ouverture postérieure qui sert de seul orifice pour les voies intestinales, urinaires et génitales, de certaines espèces animales.
Dans mon observation éthologique, les oiseaux ont cette particularité. Qui de l’œuf et la poule, fut le premier, la première ?

Voici comment Freud arrive, avec ses grandes lunettes historiques et me rappelle sa réflexion, sur ce retour in utero. J'y viens, j'y viens, car, à la base, cet article, devait parcourir l'océanique. Comme c'est impossible, je fais l'expérience du manque et de la perte, comme dans certains de mes écrits, et donc, le désir advient toujours lorsque l'on fait la demande. Je pars en quête... Enquête...

Freud pensait à peu près ceci : quand la mère ou le sein ne répondent plus à l’appel du nourrisson. L’espace laissé vacant par la mère est rempli par la demande adressée au père. Et le père devra ainsi sauver l’enfant de l’appel vers le maternel, de ce retour in utero qui représente l’aspiration de fusion avec le tout, mais aussi l’annulation du sujet en tant que tel. Le père empêche, en quelque sorte, que le négatif maternel et les forces délirantes, expressions de la pulsion de mort, ne prévalent.

Je pensais ces temps-ci au sauvetage par le père. Les actualités françaises nous engloutissent, de l'inceste à la pédophilie, aux viols répétés, aucun père pour nous sauver, lorsque l'on se noie.
Ou, dans un autre registre, vous souhaitiez ne pas être re-confinés, vous ne serez pas re-confinés, dit la mère. Et les enfants paniqués, ne savent plus quoi faire, il n'y a plus d'interdit ?
Ce retour au cloaque, propice à la permissivité des pervers et du tout fusionnel, fait poindre des injonctions paradoxales, et des formes d'abandons inattendues.

On entend déjà : Nous laisser dans ce "foutraque", pas question : re-confinez-nous ! Et d'urgence (du jour au lendemain)
De la folie douce à la folie, les "gens" ne savent plus à quel saint se vouer... Et quel sein !

Pourtant, il est bien un nom qui sauve : le nom du père.

Dans mon expérience personnelle, le nom du père fut très important, d'autant plus qu'il y est question de "limites", de "marques" dans son étymologie même, de frontières.

Je porte le nom de mon père. Dans les traditions portugaises, ou espagnoles, on porte souvent toute une lignée, maternelle et paternelle. C'est un peu sa barque, ou son navire, parfois, il reste un petit bateau qui a traversé bien des mers, que dis-je, des mères !

Que je reprenne ma partie d'un tout. L'espace illimité que constitue un retour à l'indifférenciation, et je pense à Nadir, l'artiste portugais et ses dessins à la ligne, superbes, d'une architecture dynamique, nommés, je crois, "espaces illimités". J'ai vu ses céramiques dans le métro lisboète.. Je m'égare, quoique.

Donc cet espace qui annule les limites, où la confusion des corps, règne, cet espèce de fantasme originaire, cette régression au prégénital et à l'incestueux, c'est aussi s'annuler soi-même, au profit de la fusion, l'illusion de ne faire qu'un avec l'autre. Lorsque l'on est amoureux, on perçoit ce sentiment, quasi océanique, mais le percevoir encore adolescent ou enfant… C'est que le père s'est fait la malle…

Dans une certaine mystique, les extatiques font l'expérience du vide et du plein, puisque tout est perdu, il faut rechercher un dieu à aimer, mais parfois, ils se perdent pour toujours.

Et l'enfant a mal. Partout l'enfant s'efface, on se demande même, dans les cas de dénis très avancés : mais comment a-t-il mal, l'enfant, puisqu'on ne l'entend pas, mais on lui permet tout. Et pourquoi tout ce temps sans rien dire, ni maudire. Sans mot dire.
Indécence de la surpuissance du déni, ce que l'on entend, c'est le poids de l'écrasement de toutes ces feuilles mortes, lettres mortes, adressées pourtant, mais jamais lues. Peut-être cette société ne sait plus lire. Elle n'écrit d'ailleurs plus, elle martèle, elle tape aveuglément, de poings levés, leurres de revendications, pendant qu'elle écrase de ses maladroites lois, dont les applications durent une éternité, enjoignent les victimes à mourir précocement.

Dans certains milieux, je peux remarquer, que les limites font peur, que toute idée d'interdit, angoisse. C'est que l'interdit est resté tabou. C'est une problématique, qui n'est pas encore bien digérée, dans la société française et dans ce qu'elle a institué de culturel. Se subordonner à l'instituel, en écartant le cultuel, toute foi en un autre dieu.
Pas facile de croire en ces systèmes vicieux, percés à jour. Les rayons de lumière sont violents : vous étiez niais, vous étiez naïfs, vous avez cru à tout ce qui était scandé, toutes les manifestations, vous y avez cru ? Que c'est épuisant ces fornications en tous sens, cachés puis jetées en pâture à la vue de tous les petits restés petits. Ce que vous voyez est un tableau de Jerôme Bosh, le primitif flamand.  Oui je sais, je suis un peu dans cette période, entre 1300 et 1500. Bon, reprenons : "Le jardin des délices" ? ou "Ecce Homo" ? Non, moi je suis un peu dans le "Chariot de foin", c'est l'effet cuniculture ;.)
Les petits pleurent et personne pour les consoler : débrouillez-vous avec vos salades ! Déclarent toutes les institutions, tous à la justice et à la prison.  Plus de place : Et bien restez confinés, tous, et ne sortez plus, tapez-vous dessus et qu'on ne vous entende plus jamais, ne faite pas de bruit quand vous faites mal.
C'est surtout cela l'insupportable, avant il y avait encore des murs... À présent, il y a les réseaux sociaux... Tous parqués dans des petits groupuscules, des communautés, avec des pseudonymes, et des adorations d'un dixième de seconde, j'aime, j'aime pas, je te déteste, je t'adore, je suis solidaire, je te supprime (n'avais-je pas réalisé un catalogue sur la miniaturisation des icônes, aucun hasard à ce qu'il fut pensé dans la cité angevine...)

Finalement, le harcèlement, c'est simple, à portée de tous, d'un simple clic. Les pétitions ne sont écrites aujourd'hui, qu'à partir de rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux, elles n'ont aucune incidence sur la transformation de notre société, même si sont espérées des révolutions avec des hashtags fantomatiques, des hologrammes de révoltes.

L'interdit est tabou. Est-ce que tout est permis ? Non, seuls les secrets sont des leurres, afin de masquer le secret du tabou. Ainsi, l'idée des masques, de papier, de tissus, de protection, afin d'éviter toute contamination, est un leurre de plus. Le virus n'est jamais identifié, il fait peur et empêche de faire circuler les vérités individuelles.

La mer toujours recommencée, le manque de mère, l'acceptation de la perte :

Dans tout sujet narcissique, il y a l'insupportable, c'est-à-dire : le manque.
L'altérité, ce qui différencie, n'est pas supportable.
On retrouve, dans les dénis, cet impossible "pensé" de l'incomplétude première.
Rejeter ce qui est différent, jusqu'à violenter, tout ce qui rappelle cet éden, ce paradis perdu.

Si l'être humain se résout à avoir perdu ce bonheur premier, il accède alors au manque, et donc au désir. Ce qui est fendu et défendu, si on emprunte cette fois-ci le langage Lacanien, c'est l'accès au fantasme et au désir : la fente.

Le sujet narcissique, adulte, ne supporte pas le manque, puisqu'il fut rempli et se trouve insatiable. Le refus de perdre peut recourir à différentes perversions.

Dans celles-ci, on trouve la dépendance à l'objet. L'institution maternante, ici, se structure ainsi, elle surestime celles et ceux qui en sortent. Ceux-ci ne peuvent se dé-liaiser de ce narcissisme déposé. L'institution possède les qualités qu'elle a volé aux artistes, qu'elle n'a fait qu'exposer sans arrêt. Sans ces formes d'expositions, peu survivent ensuite. À moins d'un récit d'individuation, des formes d'autonomies sans subventions, ni références, ce qui peut permettre d'accepter la perte et d'accéder aux désirs, aux projets.

On entend ces cris, des artistes qui ne peuvent pas vivre sans exposition. Il y a là, quand on les entend bien, un cri du miroir, ils sont à l'agonie face au "non", à cet interdit, qu'ils n'ont jamais éprouvés.

Ce que ne supportent pas les pathologies narcissiques, c'est de se retrouver face à l'altérité, l'autre les renvoie à une possibilité de finitude, ils sont dans une destructivité envieuse, quasi morbide : violenter la différence.

Dans notre monde, en ce moment, il faut absolument trouver des coupables, et se mettre dans le camp des "sans soucis", de celles et ceux qui ne mangent pas le même pain. Le lynchage, est, pour l'instant, la seule forme solidaire et collective, qui motivent les troupes. Dans l'histoire de ce pays, cela pourrait alerter, mais dans l'histoire qui se répète, non. Cela se répète.

L'interdit est resté tabou et il est ce secret qui se partage, dans notre société, encore.
Autant de cibles montrées, à la place des expositions et cinémas habituels, ont remplacé le divertissement.
Ce sont, sur ces impensés, que se divertissent, de façon morbides, toutes les attentions.

Cette société est comme figée, tout pas d'émancipation serait un signe du secret dévoilé.
Et pourtant, se séparer de ces assistances, et accepter la perte, ne plus être materné, permettrait que des individus évoluent.

Cet Alexandre qui est descendu sous la mer, sous verre, regardant les poissons géants est une tentative folle de désaveu. Il se refuse à être, hors de l'eau, et il ne peut pas nager comme les poissons, respirer sous l'eau. Dans sa cage de verre, il baigne dans cette résolution du sentiment océanique, sans en éprouver l'engloutissement, l'anéantissement.

Je pensais donc que je vivais un peu comme cela, comme dans un sous-marin. Oui, j'ai vu l'énorme poisson passer... Lui, il est retourné dans sa mer, en fusion totale avec sa mère, il ne sait même pas qu'il y a d'autres mondes. Si, il les a considérés comme immondes.

Je ne suis pas un poisson, pourtant je me rêve nageant, ondoyant sous l'eau, parcourant des durées infinies de découvertes sous-marines, en respirant "comme un poisson dans l'eau".

Il me semble que la recherche a quelque chose à avoir dans ces sentiments là. Peut-être suis-je une extatique, une mystique, absorbée par mes recherches. De temps en temps, j'opère une apparition en dehors de l'eau et je m'aperçois que c'est mon élément, la terre, je marche, et l'air aussi, je respire, sur terre. Puis je dois refaire quelques recherches sous l'eau, ce n'est pas mon élément, mais seul, le désir d'y parvenir, me fait réaliser des projets.

Ils s'engloutissent, sont menacés sans cesse d'anéantissement : qu'importe, je vis dans l'inachevé, je sais que la finitude impose des limites, celles que j'ignore. L'altérité est une forme étrange et apprenante, s'éloignant sans cesse de ce que l'on connait, sans jamais que l'on puisse la prendre. Quelque part, c'est rassurant, de se penser, comme passager, dans un monde étranger, dont on ne peut jamais se sentir en totale fusion.

Je regardais cette enluminure d'Alexandre le Grand, "Voyage sous la mer", et je pensais que je ne la voyais pas. Je n'ai ni parchemin devant moi, ni poisson. C'était amusant de partir si loin, dans des mers inconnues, et imaginer qu'Alexandre avait vraiment expérimenté le confinement, en toute transparence...

vendredi 11 décembre 2020

αᾔℊℯ ḓεṧ мεяṧ

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CLIONE LIMACIA

Cette créature existe vraiment, elle n'est pas surnaturelle, bien au contraire, c'est un mollusque marin de la famille des gastéropodes, comme les escargots ou les limaces. Mais, à la différence d’un escargot, l’ange de mer ne possède pas de coquille.

Aussi nommé, le papillon de mer, il possède deux nageoires sur les côtés du corps, qu’il utilise pour se déplacer, mais ne possède pas de branchie.

Translucide et bleuté, son petit corps en pointe, ses nageoires ailées, cet ange se déplace gracieusement. Si ce n'est qu'il a des petites cornes sur le sommet de sa tête, ainsi le nomme-t-on aussi "démon". On perçoit ses organes à travers, orangés, rouges, cela dépend des individus. Il possède six tentacules situées au niveau de sa tête. Invisibles lorsqu’il est au repos, ces tentacules ne se déploient que lorsque ce redoutable prédateur est en chasse.

Il peut survivre un an sans nourriture !

L'ange des mers, Clione limacina, vit entre la surface et 350 m de profondeur en Arctique et en Antarctique. Ce mollusque transparent se déplace grâce aux deux nageoires présentes sur ses flancs. La sous-espèce vivant dans l'hémisphère nord peut mesurer entre 7 et 8,5 cm de long. Son confrère de l'hémisphère Sud ne dépasse pas 1,2 cm. L'appareil buccal de cet animal se compose de trois paires de tentacules exclusivement utilisées pour capturer des gastéropodes du genre Limacina. En cas de besoin, la proie peut être tournée jusqu'à ce que l'ouverture de sa coquille soit alignée sur la bouche du clione. Ce dernier utilise alors sa radula, sa langue râpeuse, pour racler l'intérieur et manger sa victime.
Il se trouve dans les eaux froides de l'océan Arctique et de l'océan Atlantique Nord, allant au sud au moins jusqu'à la mer des Sargasses. Il existe trois autres espèces dans le genre, qui étaient auparavant incluses dans le Clione Limacina : C. elegantissima des régions froides du Pacifique Nord (au moins au nord du golfe d'Alaska ; la mer de Beaufort est habitée par C. limacina), C. okhotensis de la mer d'Okhotsk (où elle se chevauche avec C. elegantissima), et C. antarctica des eaux antarctiques.


Quels ont ses prédateurs ?

Le Clione limacina est une proie de mangeurs planctoniques, tels que les baleines à fanons, ce qui a conduit historiquement les marins à l'appeler « nourriture de baleine ». Certains poissons sont également ses prédateurs : le saumon kéta, Oncorhynchus keta, est un prédateur majeur des anges marins.


 

Images scientifiques du Clione Limacia

lundi 17 août 2020

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Photographies © Sonia Marques

lundi 6 juillet 2020

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Norma Jeane Baker sur une plage au Nord de Malibu, en Californie, photographiée en 1946 par André De Dienes...
Sublimes prises de vue !

dimanche 8 mars 2020

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Photographies © Sonia Marques

Le droit des mers, des mères, des marines, des droites, des courbes, des souvenirs, des avenirs, des vies, des visages, des rivages, des bleus, des jaunes, des sables, des inclassables, des pas à pas, des délicatesses, des politesses, des finesses, des tacts, exactes, des beautés, jetées, mutées, pétées, ratées, citées, butées, notées, futées, gâtées, ouatées, fiertés, entêtées, enterrées, inhumées, incinérées, calcinées, fumées, volatilisées, cendrées, roses, beiges, blanches, terracotta, corail, moutarde, citron, écume, vanille, envolées, exaltées, sublimes, inoubliables...

dimanche 23 février 2020

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Photographies © Sonia Marques

vendredi 7 février 2020

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Photographies de © Michael Patrick O'Neill

Le photographe est partie retrouver le Mérou Goliath de l'Atlantique, ils sont énormes et inoffensifs.

Aussi grand et aimé soit-il, le goliath est une énigme - ce que les scientifiques considèrent comme une «espèce pauvre en données». Les autorités semblent convenir que la surpêche a poussé l'espèce à presque s'effondrer. Ils ont convenu d'un moratoire de pêche mis en place en Floride en 1990 ce qui a permis au goliath de réaliser un retour impressionnant - le poisson repeuple les estuaires, les récifs coralliens et les récifs artificiels dans le sud de la Floride, contrecarrant la tendance dans le reste de son aire de répartition dans les régions tropicales et Atlantique subtropical.

Les écologistes croient que le moratoire devrait être permanent pour aider les goliaths à surmonter les problèmes d'origine naturelle et humaine qui menacent toujours la population en rétablissement, comme les coups de froid qui tuent les jeunes poissons dans les eaux peu profondes, le développement côtier qui détruit les zones d'alevinage, la marée rouge (particulièrement dévastatrice cette année) , braconnage, problèmes de qualité de l'eau et pollution. L'écologiste marin de l'Université d'État de Floride, Christopher Koenig, suggère que le nombre de poissons pourrait même baisser à nouveau.

En revanche, certains pêcheurs considèrent le poisson comme une nuisance, affirmant que les goliaths aspirent les récifs avec leurs bouches de la taille d'une poubelle. Ils soulignent que certains goliaths - dont beaucoup sont habitués par les gens - attendent sous des bateaux pour voler des poissons accrochés ou suivent des plongeurs pour attraper leurs homards collés et autres prises. Les recherches de Koenig et de l'écologiste des poissons de récif Felicia Coleman offrent une perspective différente: comme tout grand prédateur, les goliaths peuvent attraper un repas opportuniste d'une ligne de pêche, mais les géants se nourrissent principalement de crabes et de crevettes. Et Koenig montre que les récifs du golfe du Mexique où les goliaths sont présents jouissent d'une plus grande biodiversité que ceux où ils sont absents. D'autres pêcheurs réclament une récolte limitée, peut-être pour avoir la chance de poser pour des photos de trophées avec leurs prises sur le quai. Ou pour voir des filets de goliath étalés sur leurs assiettes, bien que la viande des gros goliaths puisse contenir plus de mercure que ne le permet la malbouffe des États-Unis.


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Les éditions de l'île de Seuqramainos sont des nouvelles que j'ai écrites entre 2002 et 2005 : "Elle même", "La nage", "Les grincheux", "Tout contre vous", "Les épaves", "Une lexicographe à Gianguja", "Les inséparables" (et en bonus : "Jusqu'au bout du monde") Elles ont eu une maison d'édition (oLo) toujours évidente et active, dans mon esprit, comme très présente. Ces nouvelles, ont été aussi publiées dans des revues de littératures, voici un extrait retrouvé sur LES ÉPAVES...







PAGE 2 (Sonia Marques)


Que fallait-il accepter ?

Leur présence égarée, leurs rebuts déplaisants ?

Nous ne savions d’où venaient-elles et pourquoi choisissaient- elles d’échouer ici dans ce lieu sans importance où nous prenions vacances de nos emplois respectifs, en bord de mer. Peut-être que cet espace maritime avait la taille d’une terre comme l’île d’Ouessant et qu’en quelques années il avait pris l’ampleur de l’Angleterre avec toutes ces arrivées intempestives. Nous évaluions mal l’expansion de leur nouvelle terre flottante sur la mer. J’ai commencé à écrire sur elles. Mes connaissances étaient assez réduites en la matière. Je me suis empressé de les qualifier d’épaves au sens péjoratif du terme, mais j’étais un peu grossier et irrévérencieux, jusqu’au jour où j’ai été touché les voyant arriver, de mes propres yeux. Personne ne m’avait prévenu. De tout ce que l’on m’avait appris, de l’expérience de tous mes fiers amis et mes lâches ennemis, tous ces hommes qui ont compté dans ma vie, je m’avérais être complètement inculte. Comment ces vaisseaux de connaissances nous avaient-ils échappé ? Tous les spécialistes, chacun concentrés dans leur domaine savant respectif aux allures futuristes avaient donc évincé de leurs recherches, ces perles évidentes devenues des mastodontes prêtes à nous engloutir avec elles dans leurs histoires séculaires ? ! Mes collègues de bureau tous informaticiens plaisantaient sur ces phénomènes car sur Internet, une épave est un ordinateur dont le système n’a pas été mis à jour depuis de longs mois, de sorte qu’il est presque assurément criblé de failles de sécurité et infecté par toutes sortes de virus et de vers. Hors dans ce cas précis, les épaves étaient plutôt bien rodées. Les multiples virus avaient fortifié leur système immunitaire, de sortes qu’elles étaient invincibles sur ce point...

dimanche 6 octobre 2019

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Image du film Atlantique, franco-belgo-sénégalais réalisé par Mati Diop, sorti en 2019

Image du film Manta Ray (en thaï : Kraben Rahu) franco-sino-thaïlandais écrit et réalisé par Phuttiphong Aroonpheng, sorti en 2018.

Atlantique et Manta ray, 2 films que j'ai particulièrement aimé récemment, d'origines différentes. Dans mon parcours, je trouve des points sensibles et poétiques, ainsi que noirs, en commun. Ils sont parsemés de petites lumières colorées, dans la nuit, aussi, tous les deux, dans des situations de précarités. Si leur paysage, à chacun, diffère, la mer les rapproche. Sensuels et spirituels, aussi, sont-ils de belles images de contemplations. Le pacifisme de Manta ray, évoque aussi le diable des mers dont la symbolique du poisson choisi pour le titre, que l'on retrouve comme fantasme à capturer par pierres précieuses, est subjuguant. L'amour se passe d'individu en individu, mal en peine, ou peines de l'âme. Nous pourrions admirer, en regardant ce film, que l'amour se passe de mot, car le héro est muet et se soumet à toutes les guérisons de l'âme. Prendre soin de l'autre, en même temps que tuer l'autre, devient un gage de survie, de gagner sa vie, n'est-ce pas la plus paradoxale de leçon de vie ? Le muet va rendre ce qu'on lui a donné, dans la mer des incertitudes, nous laissant comme cadeau, sa non violence. Beau !

Dans Atlantique, l'amour non consommé et inconsolable nous amène au pays des revenants, de la revanche zombie et sourde. Les morts-vivants, eux aussi ont une âme et se réincarnent dans les complices des crimes de l'humanité, les voleurs du sel de la vie. Et j'en connais à présent un rayon, même si je ne vis pas en Afrique, au Sénégal, je pige bien, les affres des chantiers et des mois de salaires non payés. Je pige bien autre chose, et ce n'est pas exotique, la place des femmes et leur pouvoir. Les femmes ne représentent pas le pouvoir, mais elles ont le pouvoir. Celui de maltraiter la féminité, de la violer, de la vendre, au nom de la tradition. Ici, on mesure bien l'importance des biens matérialistes qui s'échangent et se substituent aux valeurs morales et religieuses. Il en est de même, dans notre pays, finalement. On prône une virginité à tous point de vue, et une innocence, alors que les intérêts financiers sont devenus maîtres des traditions, les ont remplacées, sans même que les êtres humains ne s'en aperçoivent, rivés sur leurs téléphones portables. Reste la poésie de l'amour, lui, qui se consomme, en bien des imaginaires, même celui des amants retrouvés le temps d'une nuit. Naufragés de l'amour. Beau !

Et les bandes sonores de ces films sont magnifiques !

vendredi 23 octobre 2015

ᙡᖺᗩᒪᙓᔕ & ᖙᗝᒪᕈᖺᓮﬡᔕ