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04/03/2024

ℙøüṧ﹩їèґ℮ṧ














 

Journal d'une pie (extrait)

Poussière sur les vitres
Le temps est passé
Que vois-tu ?
Tant de choses
Je ne lave pas
Les couches se superposent
La vie est vieille
Quand je suis née
Elle était déjà là
Je la regarde
De travers
Et elle
Ne me voit pas

Elle est poussière
Je suis transparente

Je transparais
Elle s’époussette

Je lisse mes plumes
Je lèche mes poils

Le temps s'absente
Le présent disparaît

Et puis un jour

Le ciel est bleu

Et tu es là



Peintures © Sonia Marques

Par kiwaïda at 16:32

14/08/2023

ℭѺḎ€ ✝ÅḺḰℰℜ


Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


Aujourd'hui est un jour spécial. Les êtres humains qui me côtoient et aperçoivent par hasard ma proximité avec ma tutrice, pensent que c'est ma mère. Ce qu'ils ignorent c'est que ma vraie mère, celle qui m'a aidée à dormir et veillait sur moi ressemble à une Apache, ou proche des Navajos, le peuple autochtone d'Amérique du Nord. Les Navajos vivent aux États-Unis, entre le nord-est de l'Arizona, le nord-ouest du Nouveau-Mexique et le sud-est de l'Utah. Elle est rouge car c'est une femelle. Le 14 Août est un jour de fête, celui des "Code Talker", c'est une cérémonie durant laquelle il est rendu hommage aux parleurs de code, qui parlaient en utilisant un langage codé. Moi aussi je parle en code. Ma tutrice fait partie de plusieurs groupes pour les oiseaux à travers le monde, elle est un peu spécialiste. Dans l'un d'eux, une femme montre, John Kinsel, l'un des trois "Code Talker" survivants. Elle l'a rencontré grâce à son oiseau vert. En fait, le vert cela pourrait être mon père, car la femelle est rouge, comme je l'exprimais en langage codé, c'est ma vraie mère, celle qui m'a élevée durant un mois. Sa qualité maternelle s'est révélée à ce moment, ce qui n'était pas prévu, mais comme dans toutes les belles histoires, qu'est-ce qui est réellement prévisible ? Donc John Kinsel raconte encore son histoire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Navajos servirent dans l'armée en protégeant les communications des Marines, avec leurs 274 mots du langage Navajo comme méthode de codage, impossible à percer par les Japonais. À partir de 1919 les Américains étudiaient des codes et leurs chiffres. Ils ont créé la "Black Chamber", cette chambre noire va être constituée par le père du chiffre américain, Herbert Osbourne Yardley. Son rôle, dés 1919, casser les codes utilisés par les militaires japonais. Quatre ans plus tard, en 1923, l'Us Army met en place un vrai service ayant pour unique mission, casser du code. Les Américains fusionnent les fonctions de chiffres et de cryptanalyse sous l'égide d'une seule et unique section, le "Signal Intelligence Service" (S.I.S). Durant la seconde guerre mondiale, les ingénieurs allemands et japonais, aidés par de sérieuses au sein de l'armée Us, se voient capable d'intercepter et casser n'importe quels messages alliés. Il y a des fuites comme on dit. En 1942, l'Etat-Major américain décide de tout changer. Il fallait inventer un nouveau système de sécurisation des messages. C'est alors que les ennemis d'antan, les indiens, sont redevenus respectables.

En 1941, dans le conflit qui opposait les Américains aux Japonais, Philip Johnston eut l'ingénieuse idée d'utiliser leur dialecte. Il était enfant de missionnaire élevé dans une réserve Navajo dans la région de San Diego. Ce dernier réfléchissait, en temps qu'ingénieur, sur un nouveau système de chiffrage de message. Il proposa son idée au lieutenant-colonel James E. Jones, officier des transmissions dans le Camp Elliott. Autres points forts des Navajos : la langue Navajo est de la famille des langues Na-Dene, ils étaient le seul peuple a ne pas avoir eu la visite d'étudiants allemands depuis 1922. Avec ces éléments en mains, quelques semaines plus tard, la mission "code Talkers" était lancée par l'Etat major Us. La langue navajo est réputée pour sa complexité, pour les communications radio. Au total, près de 400 Navajos furent ainsi formés à l'usage de ce code et s'en servirent pour transmettre des messages durant la campagne du Pacifique.

La mission première des "code talkers" était de faciliter les communications sur le terrain, de relayer des informations des unités combattantes au centre de commandement, de transmettre des ordres du QG, etc. Durant la seule bataille d'Iwo Jima, les Navajos purent ainsi faire passer en 48 heures plus de 800 messages valides. Les Japonais ne réussirent jamais à décrypter le code, qui rendit d'inestimables services aux forces américaines. L'armée exigea des "Code talkers" un secret absolu, qui ne fut officiellement levé qu'en 1968.

Le peuple Navajo bénéficie d'une reconnaissance au sein des Marines, mais aussi dans la nation américaine, qui a reconnu l'importance de leur langue, maintenant écrite, enseignée et respectée. Des personnalités navajos et des spécialistes de l'histoire amérindienne viennent mettre en perspective l'expérience des Code Talkers dans l'histoire de leur nation ainsi que dans la réalité indienne. Le 7 décembre 1941, les Japonais bombardèrent Pearl Harbour. La bataille du Pacifique sera le théâtre d'une aventure unique. Pour la première fois, des Indiens navajos seront incorporés dans le corps des Marines américains et partiront combattre au-delà des mers, loin de leurs montagnes et de leur désert. Comme plusieurs mots n'existaient pas en langue navajo, les Code Talkers ont dû en inventer. Par exemple, le mot « avion de chasse » n'existait pas en navajo. Les Indiens les ont donc appelés « bourdons ». « Hitler » était le « renifleur de moustache ». Le langage navajo est tellement différent que ni les Japonais ni les Européens ne pouvaient le décoder. En fait, cette manière de décrire les objets, l'espace et le temps était tellement belle qu'on pouvait parler d'une forme de poésie dans un monde aussi affreux que la guerre.

Assignés aux unités de combats pour les communications, les Navajos ont participé aux batailles les plus sanglantes. Bien souvent, les Code Talkers ont accompagné les patrouilles de reconnaissance. En première ligne, plusieurs Navajos ont perdu la vie, mais sans eux, plusieurs autorités militaires pensent que les États-Unis n'auraient pas pu remporter la guerre. L'utilisation de la langue navajo ne s'est pas arrêtée avec la reddition du Japon. Les Code Talkers ont repris du service durant la guerre de Corée. Au Vietnam, la modernisation des moyens de transmissions a entraîné l'abandon du code. Celui-ci restant classé « secret défense », il faudra toutefois attendre 1969 pour que les vétérans navajos puissent témoigner de leur expérience. Cette règle du silence a privé plusieurs Navajos de la reconnaissance qu'ils méritaient, la plupart étant déjà très vieux lorsqu'ils ont pu en parler. Néanmoins, outre les Navajos, il y avait aussi des Cherokees, Choctaws, Lakotas, Mesquakies et Comanches.

Par exemple, pour coder les avions, les bombardiers de plongées, ils nommaient cela "GINI" ce qui veut dire "Faucon de Poulet", pour les avions de patrouille, c'était "GA-GIH" ce qui veut dire "Corbeau". Les pays aussi avaient leurs noms codés, Alaska, devenait "BEH-HGA", ce qui veut dire "Avec l'hiver", la France : "DA-GHA-HI, "Barbe", l'Espagne : DEBA-DE-NIH, "Douleur des moutons". Les mois aussi, JANVIER "ATSAH-BE-YAZ" (petit aigle) JUILLET "BE-NE-TA-TSOSIE" (petite récolte), AOÛT "BE-NEEN-TA-TSO" (grande récolte), NOVEMBRE "NIL-CHI-TSO" (grand vent), et ne serait-ce que les mots, ils avaient tous une symbolique très singulière, comme : À PROPOS "WOLA-CHI-A-MOFFA-GAHN", qui voulait dire "Combat de fourmis", un BULLDOZER "DOLA-ALTH-WHOSH", voulait dire "un sommeil de taureau", un AVION, "TSIDI" = un oiseau.

Aujourd'hui, moi petite pie, je vous livre un secret : CHINDI MOASI NE-AHS-JAH LHA-CHA-EH AH-JAH A-CHIN WOL-LA-CHEE A-KEH-DI-GLINI BE-LA-SANA AH-YA-TSINNE NE-AHS-JAH


Peintures © Sonia Marques

Par kiwaïda at 19:58

26/06/2023

ḉℓαḯяℯ⊥⊥℮ṧ

Un beau récital à l'inauguration du Parvis Des Clarisses, un nouvel espace de convivialité et de culture réhabilité par le diocèse dans l'ancien couvent des Clarisses de Limoges, par l'ensemble Collegium Telemann, composé de 2 sopranos, violon, traverso, viole de gambe, clavecin, un programme de musique baroque (Telemann, Quentin, Bach, Orejon, Guillemain, Bernier) Nous avions pu être témoins des travaux l'hiver, et, d'une visite privée, par hasard, et tout est hasard, pas si hasard, nous savions qu'une œuvre allait orner l'entrée, dans un style discret mais flamboyant, en bronze, réalisée par le dernier fondeur du Limousin, l'artiste Guillaume Couffignal.

Ce café solidaire se propose d'être un lieu où, l'attention à l'Autre, au Bien, au Bon, au Vrai, au Beau sera invitée et donnera du sens à la vie. Est résumé dans la citation choisie, le motif du cœur :
"On ne voit bien qu'avec le Coeur" Antoine de St Exupéry

Cet espace s'inscrit dans tout un écosystème autours de la cathédrale St-Etienne, où une pension familiale, accueillait déjà des personnes en grandes difficultés, aux faibles revenus, d'un isolement relationnel et social, mais suffisamment autonomes pour ne pas relever d’ un accompagnement éducatif lourd.

L'histoire des sœurs clairettes est documenté, à Limoges il y a une sœur qui est arrivée ici dans les années 1650... de la lignée des sœurs de Saint François d'Assise, qui ont pour vocation d'être dans le monde au service des plus petits.

Je trouvais cela très intéressant cette histoire de congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière.

Par hasard, et tout est hasard, pas si hasard, arrivés lorsque les musiciens se préparent, dans un lieu frais. Baroque, chaises et tapis, le paradis des pies.

Le hasard qui n'est pas un hasard fait qu'une pie est tombée du nid ici, bien avant l'ouverture. Personne ne faisait attention au plus petit, chacun, chacune, affairé à sa brocante à la vente de bibelots. Sur des tapis, elle ne pouvait ni voler ni manger, elle appelait ses parents, qui eux, ne pouvaient pas la secourir dans le capharnaüm des êtres humains. J'ai aperçu perchés très haut, les parents, qui lui répondaient, et elle ouvrant son bec vers eux, à la merci des prédateurs. Elle sautillait de toute ses forces, les dernières. L'équation impossible. J'ai donc effectué un sauvetage en douceur, et ses parents le savent. Je dois lui offrir un retour aux sources, après avoir repris des forces, en bonnes compagnies, elle vole à présent de ses propres ailes. Elle a beaucoup dormi. Humble demeure, repos mérité, piqué du bec, et non du nez. Pfff ! Que l'arrivée dans ces hospices plus clémentes fut mérité ! Appétit petit ogre, pépie de pie. Le voile est bleu céleste, comme les perles de ses yeux, la nuit noire, comme la tête d'une pie, pas encore pipelette. Chemin tissé d'apprentissages, la réintégrer dans son milieu naturel, là où elle est née, étapes par étapes. Quoique, jusqu'à présent tout s'est fait, de façon quotidienne sans difficulté, avec les petits accidents des bébés oiseaux que je connais si bien, leurs essais et leurs dérapages à surveiller. Nous établissons un programme de réhabilitation et d'écoute des autres habitants ailés, entre autres, à l'aube, et au coucher. Devenue sa soigneuse et mère de substitution, tâchant de ne pas m'y attacher, la réussite du programme sera lorsqu'elle sautera sur les arbres et se nourrira et dormira seule, ou avec sa famille, si celle-ci la reconnaît. À priori, jusqu'en automne ils vivent en famille.

Le matin, nous ne sommes pas bien réveillées, la pie m'attend... Ces jours-ci, elle a pu entendre et observer son milieu naturel, il y a des séquoias, de grands arbres qui seront des lits de nuit. Il faudra bien qu'elle fasse sa place parmi ses corneilles, mais aussi de toutes les choses et bruits des êtres humains, pluies et tempêtes naturelles... Ou feux d'artifices, Canicules et raréfactions de l'eau... Comme l'on devient vite un parent, qui anticipe tous les dangers ! Elle m'apprend l'envol et la nature. Attirée par le plus haut, le plus élevé, frugale et joyeuse, la pie est très intelligente, l'une des espèces qui s'adapte le mieux à tout environnement. Anthropisation des paysages... L’anthropophilie, de anthrôpos (« homme ») et de philos (« amour de »). La pie anthropophile, est capable de vivre aux côtés de l'être humain. Elle n'a pas peur, la pie est un oiseau courageux, espiègle, messager spirituel protecteur et tant d'autres félicités... elle m'apporte la joie, avec l'intelligence de son esprit.

Je n'ai jamais vu un oiseau réaliser autant de progrès en quelques jours ! Qui est le maître et qui est l'élève ?
Il y a toujours une école, même lorsque l'on pensait fermé l’accueil des sages enseignements !

Photographie © Sonia Marques

"En attendant, j'ai appris à lire et jouer avec des boulettes de papier, prendre mon bain, écouter de la musique... pipapelula... voici que je chante aussi, je recherche la bonne fréquence de ma radio..."



Le voyage des plantes & les Grandes Découvertes
Auteur José E. Mendes Ferrão
Traducteur Xavier de Castro
Édition Chandeigne

Description :

On connaît un peu en France l’histoire de la tomate, de la pomme de terre, du maïs, originaires du Nouveau Monde, parce qu’ils ont conquis l’Europe et que leurs tribulations nous ont été vaguement enseignées à l’école. Mais on ignore qu’aux XVIe et XVIIe siècles, quasiment toutes les plantes vivrières ont changé de continent, bouleversant complètement les habitudes alimentaires et les pratiques agricoles dans le monde entier, en particulier dans les zones tropicales. Ainsi les plantes typiquement asiatiques comme les cocotiers, les manguiers, les orangers doux, etc., vont se retrouver rapidement en Afrique et aux Amériques ; à l’inverse, les plantes américaines – patates douces, ananas, arachides, papayes, noix de cajou, etc. – vont s’implanter sur les deux autres continents ; l’Afrique va exporter quelques plantes d’importance comme le café ou le palmier à huile. La banane et la canne à sucre, d’origine asiatique mais acclimatées depuis longtemps dans le bassin méditerranéen, connaîtront soudain une exploitation quasi industrielle en Afrique et dans le Nouveau Monde. Cette diffusion s’est essentiellement faite sur les navires portugais de la ligne des Indes, disséminant graines et plants aux escales de Madère, Açores, São Tomé, en Angola, au Mozambique, puis à Goa et Malacca, plaques tournantes des échanges en Extrême Orient. Doté d’une riche iconographie d’époque, ce livre conçu à la manière d’un dictionnaire dresse un inventaire spectaculaire de cette première mondialisation.. Il relate la découverte et le voyage des 69 principales plantes vivrières consommées dans le monde et de quelques autres qui eurent un usage industriel plus ou moins important (hévéa, ricin, aleurite, rocou, etc.). Il donne les conditions de leur découverte ; leurs premières descriptions et appellations, images extraites des sources d’époque ; leurs multiples pérégrinations jusqu’à aujourd’hui; pour chacune, les chiffres actuels de la production mondiale, son évolution et les principaux producteurs.

Par kiwaïda at 16:10

19/06/2023

ϴℛḠṲℰ




Un concert était donné ce 18 juin en la cathédrale Saint-Étienne de Limoges afin de bénir le retour du grand orgue après une longue période de restauration, harmonisé durant 9 mois en Espagne, à Barcelone.
Le relevage,
le nom de son installation après sa restauration.
Le grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne a été démonté fin 2021, tuyau par tuyau, puis transporté à Barcelone au sein de la facture d’orgues Grenzing, représentée par Francesca Molina, Andréas Fuchs, André Lacroix. J'ai assisté à toutes les étapes et j'ai vu les tuyaux assez impressionnants, être mis en boîte. La coïncidence, c'est qu'il fut un temps, mon voisin de pallier était jeune organiste dans cette cathédrale. J'ai ainsi pu voir de près, l'orgue avant qu'il ne soit rénové.

Bénédiction de l’orgue par Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, l’abbé François Renard et Mgr Juan José Omella, Cardinal et Archevêque de Barcelone.

François Dupoux, titulaire des orgues de la Cathédrale, a joué en introduction : Marcel Dupré (1886-1971) : Cortège et litanie.

Puis le grand récital par Quentin du Verdier:

Johann Sebastien Bach : Toccata et fugue en ré mineur
Choral Wacher Auf, Ruft Ins Die Stimme (choral du veilleur)

Camille Saint-Saëns : Danse macabre

Louis Vierne : Carillon de Westminster

Maurice Duruflé : Prélude Adagio et Chiral Varié sur le Veni Creator

La DRAC de Nouvelle-Aquitaine, site de Limoges, Roland Galtier, technicien conseil auprès du ministère de la Culture, Didier Rimbaud, ingénieur à la DRAC de Limoges, ont accompagné ce relevage.

Quentin du Verdier, fait partie des brillants organistes français de la jeune génération, il est venu spécialement donner ce récital, élève du Conservatoire de Paris. J'ai apprécié les différentes tonalités de cet instrument composé de 50 jeux. Les normes de sécurité évoluent, avant, la transmission de l’instrument était électronique, à présent elle est éléctro-numérique, avec davantage de possibilités, et une palette diversifiée. En 400 ans, trois orgues ont pris place en la cathédrale Saint-Étienne. En 1939, l’installation d’un orgue en provenance de Marseille est avortée, et un projet d’orgue moderne voit le jour. C’est l’architecte Jean Creuzot qui a lancé la construction de cet orgue, inauguré à Limoges en 1963 et qui a réalisé la structure en béton qui le soutient en la cathédrale.

Cet orgue passe de trente-cinq jeux à cinquante jeux. Il y manquait "la voix humaine" : "La voix humaine est un jeu de détail très beau. Il l’utilise dans la musique du 19e siècle notamment. Cela avait été un oubli du technicien de l’époque." dit François Dupoux

"On a tous les jeux qu’on appelle le "plein jeu" typique de l’orgue. Ils l’ont parfaitement accordé au moment des travaux. Là, on a un plein jeu dans l’esprit baroque classique." dit Quentin du Verdier. L’organiste nous a fait entendre les vibrations des tuyaux, certains, hauts de près de dix mètres.

La construction de cette cathédrale commença en 1273 et ne fut terminée qu'en 1888 par le rattachement du clocher d'origine romane (porche d'entrée roman) à la nef, soit six siècles de construction. Le portail Saint-Jean de style gothique flamboyant est particulièrement magnifié sous l'éclairage nocturne. A l 'intérieur se trouve un jubé très richement orné dans le style Renaissance. L'édifice reste l'un des rares grands monuments gothiques du sud de la Loire. A l'issue d'une campagne de fouilles à l'été 2005, un baptistère exceptionnel, un des plus grands de France, a été découvert au pied de la cathédrale. Monument Historique. Cathédrale construite en granite. Connue comme l’une des plus belles cathédrales ogivales du sud de la France ; premier édifice religieux au IIIème bâti par Saint-Martial, puis basilique dédiée à Saint-Étienne au Vème ; cathédrale romane au XIème où Richard Cœur de Lion fut confirmé Duc d’Aquitaine en 1169.

Le cardinal espagnol était venu la matinée, sur la commune de Chaptelat et la confrérie de Saint-Éloi en Limousin qui organisaient ce week-end les 11es ostensions depuis 1953, dont je faisais mention sur un article antérieur (St Martial). Il portait un ensemble, à la cathédrale d'un orange très vif et l'évêque de Limoges, un ensemble d'un rose très vif, tous deux presque fluorescent. Le cardinal me faisait penser à un autre article que j'ai publié (Crânes et vanités) et la peinture de Cranach. Cette date de ce concert du 18 juin était aussi une coïncidence, dans mon parcours. Il y a quelques années, à cette date j'ai écouté attentivement ce que l'on fait de mal dans mon milieu professionnel, la culture justement. Une épreuve qui a complètement changé mon point de vue sur la façon dont s'engonçait l'enseignement. J'avais alors en tête, que cette date, me faisait penser à l'appel du 18 juin 1940, lorsque le général de Gaulle lançait son appel aux Français à s’unir dans l’action pour libérer la France, et prononça un discours. Afin d'être à l'écoute, je pensais à la résistance. Ainsi, dans cette cathédrale, le temps m'a fait comprendre, le temps de l'envol, le relevage. Il y a une semaine, un ange est arrivé dans ma vie, une pie tombée au pied de la cathédrale sur les tapis. Il y a quelques années, j'ai écris une nouvelle, sur l'histoire d'un tapis (Amuser le tapis). La pie des tapis tombée du nid, une thérapie.


Une tourterelle grise et blanche, se pose devant moi, puis s'envole, elle était éclatante de vérité.

Photographies © Sonia Marques


Par kiwaïda at 00:16

08/06/2023

℘α℘iłℓ◎ᾔs

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Photographie © Sonia Marques

Heureuse surprise de voir s'ouvrir de nouvelles fleurs de mon orchidée papillon, depuis cet automne, ou l'été dernier. Peut-être ce début de printemps, j'ai pensé... et puis j'ai pensé qu'il y avait de petits bourgeons, et d'un coup, changement, des papillons se sont ouverts, et d'autres à venir !
Dans ce pays, difficile d'imaginer s'épanouir, d'horribles nouvelles s'accumulent, ce jour des enfants si petits. Qu'est devenu ce pays ? Je regardais ces fleurs, des espoirs pour les meurtris, près du lac d'Annecy.

Elles sont 4 fleurs, et au mois 7 en attentes, billes noires, j'imagine les voir se multiplier, que les unes et les autres s'encouragent, que leur beauté efface toute cette violence gratuite.

Que les jardins continuent de fleurir, et les petits, à l'intérieur, qu'ils gardent courage pour leur avenir.

Par kiwaïda at 15:53

24/05/2023

é¢üя℮ʊḯʟ
















Photographies © Sonia Marques


Une scène :

Un albinos au bord de la piscine, pendant les préparations des jeux paralympiques, il s’assoit avec sa mère. Il a 10 ans, tous deux, l'un blanc et l'autre noire, tentent d'être les plus invisibles sur les côtés du bassin de 50 mètres. Ils sont les plus visibles, les plus impressionnants, les plus photogéniques, selon un point de vue d'artiste ?
Photographe, j'observe la scène, sans prendre de photo, comme souvent. Les photographes ont un regard, il peut, être prédateur, il peut être contemplatif, il peut être attentif, coloriste, peintre, il y a, dans tout regard, et dans chaque regard photographique, une vision, comme, il y a aussi, aucune vision, dans un regard, même celui de photographes.

Dans certains pays d'Afrique subsaharienne, (Kenya, Mali, Tanzanie, Burundiils) et au Malawi, pays enclavé du sud-est de l'Afrique, les albinos sont en danger de mort, car ils sont traqués et tués à des fins de sorcellerie. Leurs membres et leurs os sont utilisés par les sorciers pour des rituels censés apporter richesse et pouvoir. J'ai étudié le sujet, il y a quelques années, car il s'intégrait dans mes recherches plus vaste sur l'isolation, et, avec ce sujet alarmant sur ces questions des albinos et les croyances, j'ai été sensibilisé à ces histoires réelles et dramatiques. Les albinos sont persécutés jusqu'après leur mort, car leurs tombes sont profanées, dans certains pays, selon certaines croyances.

Je réalisais des juxtapositions de sujets sociétaux, avec le regard photographique et la traque, (avec l'appareil à images fixes mais aussi la caméra, d'images en mouvements et de captation sonores) Dans ce paradoxe, mon utilisation de technologies de captation, tente d'être consciente de l'objectif premier de ces objets militarisés, et de l'utilisation de camouflage, la plus usité : voir sans être vu, notamment dans un milieu naturel, dans une forêt. Dans les arts plastiques, la photographie a souvent prit comme modèle, et pour des documentaires, l'aspect très photogénique et d'absolu étrangeté de l'albinisme, dans l’apparence d'une différence. On l'observe aussi du côté des mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens, reptiles, dotés de cette mutation génétique et héréditaire, qui affecte la pigmentation et se caractérise par un déficit de production de mélanine.

Mon regard, se pose là, avec ces connaissances et cette attention. Nous sommes dans un tout autre décor, une piscine bleue, au cœur de l'Europe. Il n'y a pas de croyances, ni de sorcelleries, et pourtant, demeure l'instinct. Cet enfant porte des petites bouées à ses bras et à sa taille, il ne veut pas aller dans l'eau. Sa mère tente de le persuader, avec l'accompagnement d'un nageur professionnel, très musclé, mais peu apte à comprendre la peur de l'enfant. Celui-ci monte et descend, plonge et s’assoit auprès du jeune garçon, sans parvenir à le convaincre d'aller dans l'eau, ni même à lui donner l'envie de goûter l'eau bleue, qui est un peu rebutante, tant elle est chlorée. Il n'a pas non plus l'idée de l'engager à voir sous l'eau, avec ses lunettes, ce que cet enfant fera de lui-même plus tard, et c'est un monde qui s'ouvre. Le professionnel parait comme  handicapé, inadapté à cette situation. L'enfant crie "Je ne sais pas nager, je ne sais pas nager". Il crie si fort, qu'il attire l'attention vers cette scène particulière, et tous les nageurs et les nageuses sont interpellés par ces cris poignants, comme si on lui arrachait ses membres. Le nageur, qui devait faire la leçon, est embarrassé, car, il ne peut obliger cet enfant à sauter dans l'eau, comme parfois, à tort, il arrive que des jeunes soient poussés dans l'eau, et cela a un effet, qui peut être traumatisant. Il existe encore ces méthodes peu efficaces et contre-productives, pour lutter contre la phobie de l'eau, et de nager. L'enfant crie de toutes ses forces, assis au bord de l'eau. Le nageur et sa mère, en viennent à lui chuchoter quelques chantages attentionnés, l'obligation de le faire. Mais il réplique de plus bel "Je ne vais pas aller en prison, je ne vais pas aller en prison, si je ne vais pas dans l'eau !". Il fait esquisser un sourire malaisé : "Mais non, tu ne vas pas aller en prison", ce qui sous entend qu'il a le droit de ne pas vouloir aller dans l'eau.

Cette phrase peut paraître anodine, scandée devant un public de nageurs et nageuses, un bassin assez grand préparé pour les jeux paralympiques, mais elle prend tout son sens aujourd'hui. Cet enfant connait ses droits et il crie, devant témoin.

Personne ne peut obliger un enfant, ou un adulte à faire ce qu'il ne veut pas , surtout lorsqu'il a peur, une peur bleue.

Puis, la mère a une idée incroyable, elle décide de s'asseoir à côté de lui, au bord de la piscine. Tous deux, côte à côte, il vont, assis, parcourir, de côté le bord de la piscine, une chorégraphie grotesque, et audacieuse, osée, elle devient très touchante. Cette mère emmène son enfant plus loin, assise à ses côtés, elle l'accompagne et se met à son niveau, quitte à ce que toutes les autres personnes les regardent, dans ce ballet enfantin, novateur, assez dingue, face à ces rangées de nageurs, parallèles, tel des "terminators" en train de nager à toute allure. Eux, les idiots, ou les artistes, ils avancent assis, comme des crabes, se soulevant avec leurs mains, et se déplacent à leur rythme, pour faire les 50 mètres. L'enfant rigole, l'enfant est heureux, l'enfant prend de l'allure et de la confiance, c'est un jeu. Ils commencent à se coordonner, c'est une bête à quatre jambes et quatre bras qui marche de côté avec le poids de leurs fessiers, mi-culbutos, mi-culs-de-jatte, et infiniment chorégraphes, tels des danseurs contemporains. Ils s'élancent et l'enfant rie aux éclats. Si j'observe la scène avec délicatesse, tous les autres en font autant. C'est avec respect et empathie, avec un regard compatissant, que nous accompagnons cet enfant et sa mère, au bord de l'eau. De toutes nos forces, nous regardons, mais nos yeux sont comme des mains, des bras, des encouragements, nous sommes tous avec eux et pour eux, pour vaincre la peur. Peut-être réalisons-nous, que nous ne pouvons rire comme eux, en faisant la même chose, et pourtant, si une chaîne de nageurs, parcourait le tour de la piscine, laissant le carré bleu vide, c'est tout un espace qui s'offre différemment et une toute autre façon de regarder l'eau, de faire du sport, de s'entraîner, s'entraider, mais c'est là mon imagination qui prépare sa chorégraphie, la danse des albinos et des parents. Un peu comme le tableau de La danse du célèbre peintre Matisse, mais avec de nouveaux protagonistes.

Photographe, cette scène suffit à créer, dans ma mémoire sensorielle, une force inouïe, qui remplace toute volonté de capturer, de photographier, ce qu'il se passe est de l'ordre de l'humain et de l'intime, ce qu'il se passe restera dans ma mémoire, de photographe, ou de nageuse. Pas besoin de le montrer, de garder une trace par l'image.

C'est dans cette ambivalence de l'image, que j'explique ma façon de voir et photographier. Il y a des moments, des évènements, que je garde comme photographiés, en moi, mais dont je me suis passée d'en garder une trace, même si j'avais les outils, le pouvoir donné par une société gagnée par la consommation d'images. Cet enfant qui parvient à crier et alerter m'a beaucoup ému, car sa force faisait écho à ce que l'on ne parvient pas à réaliser, lorsque l'on nous oblige à faire des choses que l'on ne veut pas, ou, dont on a peur. Même si j'imagine, que sa vie n'est pas en danger, comme elle peut l'être dans les pays d'Afrique subsaharienne, ce cri me fait penser, qu'il vient de loin, de très loin. De cet instinct, de ce savoir, ce qui est proie et ce qui est prédation.

Si l'enfant ne sautera pas dans l'eau, s'il ne nagera pas cette fois-ci, c'est très bien. C'est que le "Non" a prit là tout son sens, toute la place. Et, c'est l'assurance qu'il sera respecté, que son corps et le temps, en accord, feront leur temps, rien ne presse. Il gardera en mémoire ce moment, son refus sera celui de son temps à lui. Le capacitisme ou le validisme sont des oppressions communes. Nous pouvons mais le plus souvent, nous ne pouvons pas, avoir conscience des normes sociales. Mais lorsque nous comprenons que des personnes non conformes à cette norme doivent s'y conformer, et se trouvent oppressées, ou infériorisées moralement et matériellement, en comparaison aux personnes valides, nous comprenons alors ce qu'est une norme sociale. Nous vivons dans un système de valeurs et de pouvoir, et les handicaps (visibles ou non, lorsqu'il s'agit de troubles psychiques) sont perçus comme des erreurs, voir des échecs, alors que les évènements de la vie conduisent à une diversité, au sein de l'humanité.

On peut se demander qui veut ressembler à un homme musclé qui nage comme un terminator et éclabousse tous les autres ? Qui sont ces terminators qui décident que toutes les lignes leurs sont acquises comme un droit alors qu'ils ne sont ni des poissons ni des planctons et que ces couloirs sont empruntés par différentes personnes. Je nage avec des unijambistes, moins bien qu'eux, ou depuis des années, un homme a perdu son pied et est un excellent poisson dans l'eau. J'ai perdu aussi de mes facultés de confiance en moi, lorsque j'ai été violentée, dans mon milieu professionnel, et la reconstruction par l'eau m'a beaucoup aidé. Comme d'autres, il n'y avait rien de visible dans le handicap, les évènements de la vie m'ont conduites à être moins valide qu'avant ou que la norme sociale. Par ces réflexions, j'ai élaboré une partie de mes recherches, non pas sur la différence des autres, mais en apprenant de ma différence, également. Nous sommes tous différents. Ce qui nous arrive, nous arrive différemment.

Il est question de capacité, dans ce que je décris, de connaissance de ses limites.

Autre chose, qui m'a semblé poignant dans ce cri, salutaire, et éminemment singulier, qui sortait du lot, des moutons de Panurge.

Si cette scène fait écho, dans ma vie, c'est que l'albinos parvient à réaliser naturellement, ce que d'autres ne pourront jamais parvenir à réaliser. Il y a des traumatisés, des victimes n'ont pu crier, ni clamer leur innocence, dans leur vie, et ont été accusées à tort. Les prédateurs et prédatrices savent repérer des victimes choisies, pour leur rareté, leur exception, leur préciosité, leur vulnérabilité, leur sensibilité, le plus souvent pauvres, et sous menaces. Les formes de prédations sont toutes différentes et à des fins de perversions, elles inversent la réalité. La menace fait taire, la fausse accusation utilisée par des personnes de pouvoir, souvent politisées, qui connaissent bien toutes sortes de stratagèmes pour faire peur, pour terroriser l'autre, est le signe d'une grande faiblesse du prédateur ou de la prédatrice. Les personnes prédatrices ignorent les capacités d'autrui, elles dépassent les limites, violent les droits. Ces personnes prédatrices qui violent, ignorent leur propre capacité. Car, elles dépassent leurs propres limites. Ces personnes sont limitées, intellectuellement, pour agir ainsi. Sans aucune conscience de leurs agissements et des conséquences, sur l'être vivant, la terre, le spirituel, elles agissent bêtement en mettant en danger un écosystème, mais aussi le-leur. Ce sont des dangers publics.

Les discriminations, dont sont victimes les albinos, dans certains pays, fomentent une disparition méthodique. Si les droits de l'Homme ont été alertés et préconisent de former les policiers, les procureurs et les magistrats pour améliorer la connaissance du cadre législatif et la coopération entre la police et le ministère public, c'est aussi une réflexion, à mener, il me semble, dans notre pays, pour tant d'autres formes de discriminations. Les forces de l'ordre, si elles étaient formées, les magistrats, les procureurs, ainsi, pourraient discerner, comment, de nos jours, ils sont utilisés par les gens de pouvoir, afin d'avilir les victimes, sans aucune protection, ni représentant, et surtout, dans l'incapacité de parler, et clamer leur innocence.

J'admire la défense de ces personnes qui crient.

Il m'est arrivé de crier sans craindre la honte pour défendre des opprimés, il m'est arrivé également, de me taire pour ne pas affaiblir un écosystème déjà fragilisé, prendre sur moi, lorsque seule, je fus attaquée à la place des autres.
Il m'est arrivé de faire des erreurs et de ne pas avoir entendu les limites de l'autre, surtout enfant, cela forge à une discipline plus fine, et adulte, l'expérience nous apprend que les erreurs ne sont pas destinés qu'aux enfants, et qu'elles se renouvellent aussi longtemps, elles s'inscrivent durablement jusqu'à former : l'expérience de la vie.

Ce ne sont pas des positions confortables, et, comme cet enfant et sa mère, qui marchent en crabe assis, au bord d'une piscine olympique, devant tout le monde, le ridicule ne tue pas, c'est une étape vers la liberté.

Il fut curieux cet écureuil à la queue noire, rencontré sur le chemin des pavés des ponticauds.

Qu'il était agile et si habile à disparaître loin des êtres humains !

Parfois, on rêve d'être un écureuil et parvenir à grimper si haut, devenir inaccessible à tout danger public. 


Par kiwaïda at 12:19

30/04/2023

Ħ◎кü﹩αï



Katsushika Hokusai 葛飾北斎 (1890-1930) Dessin d'un album, facsimilé de 62 Surimono de différents artistes (dont Hokusaï)

Un film sur le peintre japonais Hokusaï (né en 31 octobre 1760, et mort le 10 mai 1849), vient de sortir sur les écrans français, réalisé par Hajime Hashimoto.
Rare de voir un film sur le dessin. Un de mes peintres favoris, tant de dessins réalisés par mes étudiants dans différentes écoles d'art, dont plusieurs n'avaient jamais appris à dessiner. Leur faire découvrir ce peintre m'engageait à l'observation, dans notre temps, avec eux. Ni les étudiants, ni les enseignants, ne connaissaient Hokusaï. J'ai toujours trouvé cela très curieux. Avec ce film, je pense qu'il en sera autrement, et que plusieurs personnes vont se documenter, du grand public.
Au printemps 2015, à une terrasse de café à Paris, je demandais à un artiste reconnu français, qui y séjournait souvent, au Japon, par l'institution française, s'il connaissait Hokusaï. Il me répondait qu'il n'avait jamais entendu parlé de cet artiste. J'étais très étonnée. En même temps, il n'avait jamais vu mes dessins, ni ne m'avait jamais vu dessiner dans son atelier. Il ne dessinait pas non plus. Ses amis qui séjournaient souvent au Japon, dans un établissement artistique du même réseau, non plus. Alors je lui ai décrit son œuvre, en lui racontant que Hokusaï disait n'avoir rien peint de notable avant d'avoir soixante-dix ans. Je lui disais qu'il ne s'estimait pas encore artiste alors qu'il approchait de ses 90 années. Il pensait qu'il lui fallait encore 5 années de plus, après ses 100 ans pour devenir artiste. En m'écoutant, il a trouvé cela génial, se sentant plus léger.
C'était un de mes enseignants. Je fus une de ses étudiants. Plus précisément la première de ses étudiants à l'école nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et la première à y être diplômée en 1999.
Pour la dernière fois, je fus son enseignante. Il n'a jamais vu mes dessins, ni ceux d'Hokusaï.
Il neige depuis, à son souvenir.


Hokusaï était un peintre audacieux en son temps, souvent ostracisé par les écoles, qui m'inspire toujours. Au Japon du XVIIIème siècle, le pouvoir impérial imposait sa censure sur les artistes. Le film le décrit assez bien.

Voici ce qu'il disait :

« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Écrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin. »

« Si le ciel m’avait donné cinq ans de plus, je serais devenu un grand peintre. »


Par kiwaïda at 19:05

07/02/2023

ℝ℮ηтґℯя ∂@ηṧ ﹩εṧ ℘éηαт℮ṧ



Dessins et peinture © Sonia Marques

Regagner ses pénates

« Regagner ses pénates », c'est rentrer chez soi, retrouver son foyer, voire, plus symboliquement, sa patrie. Cette expression dérive des Pénates, divinités domestiques romaines qui protègent la maisonnée. Leur nom découle du latin penus (« garde-manger, provisions »), mais également de penitus (« à l'intérieur »). Ils incarnent la prospérité et la pérennité de la domus. Les Pénates, représentés sur des peintures murales ou par des statuettes, sont honorés sur le foyer de la maison, où brûle le feu domestique, ou dans de petites « chapelles » en forme de niches ménagées dans les murs de la cuisine, de l'atrium ou sous le péristyle. Il existe aussi à Rome les Penates populi romani, dont le culte revêt un caractère plus public et politique. Ce serait le Troyen Énée, ancêtre de Romulus et Remus, les fondateurs mythiques de Rome, qui aurait, selon Virgile dans L'Énéi ...

Mais un peu d'histoires, dans l'histoire...


Il y avait toutes sortes de Numina, un Numen en toute chose inanimée. Les esprits divins coulaient dans chaque rivière, sur la colline ou dans la maison. Esprits de la terre, esprits des morts, ils influençaient la vie quotidienne, tous veillaient, protégeaient, guidaient, les êtres vivants sur la terre, si l'on oubliait pas de les remercier pour tous ces dons, les honorer. Dans la Rome Antique, c'est la religion qui parraine l'État. Les Dieux avaient un intérêt pour la réussite de l'État et la santé. Les pratiques religieuses étaient obligatoires. Les romains devaient donc participer aux fêtes, rituels et festivals parrainés par l'État. Ils se devaient d'honorer les esprits de leur maison. La religion romaine était fondée sur le concept de quid pro quo ("ceci pour cela"), et il était entendu que, tant que l'on respectait les esprits de sa maison, on jouissait de bonne santé et de prospérité. Ainsi, et selon les habitants des foyers, une maison dans laquelle les rituels étaient respectés et les esprits honorés prospérait, un propriétaire prospère pouvait faire valoir sa prospérité comme preuve de sa dévotion et de sa piété, mais ceux qui négligeaient les esprits en souffraient.

Les esprits concernés par la maison étaient : les Panes et Penates, les Lares, les Parentes, les Manes, les Lemures, les Genius, les Genius Loci, les Umbra.


Panes et Penates

Les panes et penates (ou Pénates) étaient les esprits du garde-manger et de la cuisine. Ils conservaient la nourriture dans la maison et assuraient une atmosphère agréable dans laquelle vivre. Ils protégeaient les aliments de la détérioration mais fournissaient également les moyens par lesquels une famille se procurait de la nourriture en premier lieu. Par conséquent, les statuettes des panes/penates étaient sorties de leur armoire, généralement située dans la cuisine, et posées sur la table pendant les repas. Les familles leur rendaient grâce avant de manger et une partie du repas était mise de côté en leur honneur, puis brûlée dans le feu de l'âtre en guise d'offrande rituelle. Les premiers fruits de la récolte leur étaient régulièrement offerts et ils étaient remerciés à chaque événement important de la vie d'une famille, comme une naissance, un anniversaire, une promotion ou le mariage de ses enfants. Il y avait une fête publique de remerciements et d'offrandes communautaires autour du 14 octobre de chaque année.

Les lares

Ils ont pris différentes caractéristiques à différents moments de l'histoire de Rome et étaient considérés comme des esprits gardiens et des esprits des ancêtres morts à différentes époques. Il semble qu'à l'origine, ils aient été les enfants de la nymphe Lara (également connue sous le nom de Larunda), qui trahit la liaison de sa compagne, Juturna, avec Jupiter à sa femme Junon. Jupiter lui coupa alors la langue pour l'empêcher de raconter d'autres secrets et demanda à Mercure de l'escorter jusqu'aux enfers. En chemin, Mercure tomba amoureux d'elle et leur union donna naissance aux lares qui devinrent les esprits gardiens d'une famille et d'un foyer. Selon une autre variante, les lares étaient les esprits des morts de la famille (et non des morts en général) qui devaient être reconnus et honorés quotidiennement. Il y avait une armoire-sanctuaire dans la maison (le lararium), généralement dans l'atrium, qui abritait leurs statuettes et d'où ils travaillaient pour assurer la prospérité de la famille. En cela, ils étaient étroitement associés aux panes/penates et les rituels destinés aux trois étaient souvent combinés. Ces esprits étaient connus sous le nom de Lares Familiares (esprits de la famille) ou Lares Domestici (esprits de la maison) mais les lares étaient également reconnus pour protéger la communauté (Lares Compitales) et étaient honorés lors du festival Compitalia le 22 décembre. Des prières et des offrandes quotidiennes étaient faites aux lares tout au long de l'année, mais des rituels élaborés étaient mis en place lors de journées spéciales telles que les anniversaires, les mariages, les départs et retours de voyage. Lorsqu'une famille déménageait définitivement d'une maison à une autre, les lares, panes et penates déménageaient avec elle.

Les parentes

Les parentes étaient associées aux lares en tant qu'esprits des ancêtres, mais aussi des membres de la famille proche - une mère ou un père - qui étaient décédés, mais aussi des esprits de la famille vivante. Si un Romain se rendait à Athènes, par exemple, il emportait les statuettes de sa femme et de ses enfants, ainsi qu'un peu de feu provenant de son foyer, de sorte que partout où il allait, ils y allaient aussi. Les parentes étaient honorés lors de la fête de Parentalia, une fête de neuf jours qui commençait le 13 février en l'honneur des lares et des penates et se terminait par la fête de Feralia, le 21 février, au cours de laquelle on se rendait sur les tombes des morts pour leur laisser des cadeaux. Le lendemain, le 22 février, c'était la fête personnelle et familiale de la Caristia, au cours de laquelle on honorait sa famille vivante et on faisait amende honorable auprès des membres de la famille avec lesquels on pouvait être en désaccord. Parentalia et Feralia rendaient hommage à ceux qui étaient décédés mais toujours présents et influents dans la vie d'une personne.

Les manes (Mânes)

Ils étaient les morts collectifs (dii manes = les morts divins) qui habitaient l'au-delà. Toute personne qui mourait devenait un mane et était ensuite spécifiée comme un lare ou un parentes par sa famille. Le mane était l'étincelle de vie divine qui se trouvait dans chaque personne et qui était censée résider dans la tête. Les bustes du père, de la mère ou d'ancêtres plus lointains étaient réalisés non seulement pour les honorer et se souvenir d'eux à travers une œuvre d'art, mais aussi, et de manière tout aussi significative, pour permettre à leur mane d'habiter le buste quand il le souhaitait. Ces bustes étaient généralement placés dans l'atrium d'une maison, la pièce publique de la maison où l'on organisait des fêtes ou des discussions politiques ou civiques sérieuses. Les manes pouvaient donc participer à ces rassemblements par l'intermédiaire de leurs bustes.

Lemures


Les lemures (lémures) étaient les morts inquiets, courroucés ou malicieux. Aujourd'hui, une lémure serait connu comme un poltergeist, un esprit en colère qui perturberait la maison jusqu'à ce que ses besoins soient satisfaits ou qu'il soit exorcisé par une autorité spirituelle. Ces esprits étaient collectivement des manes - esprits divins de ceux qui avaient vécu autrefois - mais étaient ceux qui, pour une raison ou une autre, étaient malheureux dans l'au-delà. La raison la plus courante pour qu'un esprit revienne sous la forme d'un lémure était la mauvaise observance des rites funéraires ou de l'enterrement, ou le non-respect des souhaits du défunt tels qu'ils étaient inscrits dans son testament. Cependant, un mane pouvait également revenir en tant que lemure s'il estimait que la famille ne l'honorait pas correctement et ne se souvenait pas de lui. Un lare, des parentes ou les manes pouvaient devenir des lemures si les offrandes et les prières appropriées n'étaient pas faites à leur satisfaction.

Genius

Le genius (génie) était l'esprit masculin de la maison et était symbolisé par le serpent. Le génie domestique était honoré le jour de l'anniversaire du chef de famille et était défini comme "un esprit viril" ayant une influence particulière sur le lit conjugal. On pensait également que le génie permettait au chef de famille de faire ce qui devait être fait. Le génie de la maison, qui se manifestait dans le paterfamilias - le père et le chef de famille - travaillait idéalement de concert avec le Genius Loci - l'esprit du sol sur lequel la maison était construite. Ces deux esprits étaient des entités complètement différentes mais si le Genius Loci était honoré et apaisé, alors le genius de la maison le serait aussi et la famille vivrait dans la paix et la prospérité.

Umbrae

Les umbrae (ombres) étaient des fantômes qui revenaient de l'au-delà et étaient également appelés imagines, species et immanes (sans forme). Les Umbrae n'étaient ni bonnes ni mauvaises, mais pouvaient être interprétées comme l'un ou l'autre selon la façon dont elles apparaissaient à une personne. Si un fantôme apparaissait à une personne dans un rêve, cela était généralement considéré comme une bonne chose, mais seulement s'il s'agissait de l'esprit d'un être cher et surtout si le fantôme transmettait des informations importantes, comme l'endroit où ils avaient mis leur testament ou un objet de valeur que la famille pensait perdu. À l'inverse, si l'esprit d'un étranger apparaissait dans un rêve, c'était un mauvais présage et, pire encore, si un fantôme apparaissait à une personne éveillée. Cela voulait dire que la personne en vie été hantée pour quelque méfait de sa part. Il fallait alors examiner ce que l'on avait pu faire (par exemple, lésiner sur le festin funéraire) et s'amender. Les umbrae étaient honorées avec les autres esprits lors des Feralia et Lemuria mais, par précaution, des amulettes et des charmes étaient portés ou placés sur les poteaux des portes ou dans les pièces et des rituels étaient observés pour les apaiser et les éloigner.



Chaque romain, chaque romaine, était surveillé le long de sa vie, influencé par tous ces esprits liés les uns aux autres. Lors de funérailles ce sont les vivants qui s'honoraient, et non les morts. La famille sacrifiait un cochon, procédait à une purification rituelle de la maison, puis organisait un festin avec des invités, symbole de la poursuite de la vie dans la maison. Une fois que les morts étaient passés à l'état d'esprits, c'était le moment de les vénérer et de prier pour honorer ce qu'ils avaient été dans la vie et ce qu'ils restaient dans l'au-delà. La croyance commune était que les morts continuaient à vivre et avaient simplement été transformés par la mort en un autre royaume. Il n'était pas nécessaire qu'un esprit veille sur eux ou les protège au moment de leur mort ou lors de leurs funérailles, car ils faisaient désormais partie des morts divins et pouvaient prendre soin d'eux-mêmes. Seuls les vivants, qui vivaient quotidiennement dans l'incertitude de leur avenir, avaient besoin d'une protection et d'une assurance spirituelles. Les esprits des morts, ainsi que les esprits éternels de la terre, guidaient et protégeaient les Romains dans leurs efforts quotidiens mais, lorsqu'ils étaient oubliés, ou lorsqu'un sacrifice ou une prière semblait être plus un acte de coutume qu'une attention réelle, les esprits retiraient leur faveur et l'on souffrait de malheurs petits ou grands. C'est pour cette raison, comme nous l'avons déjà dit, qu'une famille romaine typique, même si elle assistait avec dévotion aux rituels et aux fêtes d'État en l'honneur des dieux, veillait toujours à honorer les esprits de son foyer, de sa maison et de ceux qui l'avaient précédée.

Au Musée Archéologique de Naples, on peut voir un extrait d'une fresque de Pompéi. Elle représente deux Lares (divinités protectrices, fils du dieu Mercure) versant du vin d'une corne à boire (rhyton) dans un seau (situle). Ils se tiennent de part et d'autre d'une scène de sacrifice. Le chef de famille fait des offrandes, un musicien joue tandis que deux personnages plus petits apportent des objets à sacrifier, dont un cochon. Dans le panneau du dessous, une paire de serpents, porteurs de bonne fortune, de prospérité et d'abondance, se tient de chaque côté de l'autel.

Il existe toutes sortes de statues. Par exemple celles des dieux Lares étaient fort petites; on les plaçait au coin du foyer; les riches les conservaient dans un oratoire spécial, appelé lararium; on mettait près d'elles un chien, symbole d'attachement et de fidélité. Les Lares se transmettaient dans chaque famille de génération en génération; aussi les appelait-on dieux paternels. Outre les Lares domestiques, il y avait aussi des Lares publics, les uns urbains, exposés dans des niches, aux carrefours des villes; les autres viales, placés à l'embranchement des grands chemins, et figurés comme des termes. On offrait aux Lares des fruits, du lait, les prémices des moissons (Compitalia). On identifie souvent les Lares avec les Mânes des ancêtres de chaque famille; on les confond aussi avec les Pénates; cependant les Pénates paraissent plutôt chargés de dispenser, les richesses, et les Lares de les conserver. Rome avait pour dieux lares Rémus et Romulus.

Le culte de ces esprits de la terre était commun à toute l'Italie; on le retrouve en Latium, comme chez les Sabins et les Étrusques. On peut supposer que la croyance aux Lares a commencé dans les campagnes, où on les adorait comme protecteurs du sol, de la vigne, des chemins, et de toute la vie champêtre.


S'il y a souvent confusion entre les lares et les penates, c'est qu'ils concernent le foyer, mais voici les différences selon les définitions du Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine :

- Lares : divinités tutélaires romaines et étrusques. Souvent associés au pénates, les Lares (le nom "lar" est étrusque) s'en distinguent par leur aspect immuable : alors qu'on transporte ses pénates, lors d'un déplacement, les Lares ne peuvent quitter l'endroit où ils ont été fixés et sont d'ailleurs qualifiés par le lieu qu'ils protègent. Il y a ainsi les Lares domestici, ou familiares, ou privati, ou patrii, c'est à dire les Lares domestiques protecteurs du foyer ; les Lares vicorum, protecteurs des rues ; etc. [...] Malgré tout, les Lares ne sont pas des divinités de premier ordre ; dans la hiérarchie des dieux, ils occupent la dernière place.

- Pénates : divinités romaines protectrices de l'Etat (pénates publics), ou de la maison et de la famille (pénates privés) Pénate viendrait de "penus", qui désigne la partie intérieure de la maison, le tablinum, où les représentations des pénates, d'ivoire, d'argent et de terre cuite sont placés et où l'on entrepose également les vivres. Les pénates privés ont pour fonction de protéger la famille, de lui assurer sa survie, en lui portant bonheur et prospérité. Le paterfamilias est à même de choisir des dieux à honorer comme pénates ; en cas de déménagement, les pénates suivent la famille. Les pénates publics, protecteurs de l'Etat, garants de l'immortalité de Rome [...] sont installés dans la partie la plus reculée du temple de Vesta. Confondus avec les Lares, autres divinités du foyer, les pénates privés s'en différencient par leur origine italique et par leur mobilité : on emmène les pénates avec soi quand on quitte le foyer domestique. Cette confusion est d'autant plus grande que les pénates publics sont liés à un lieu précis.

Au final, pénates et Lares désignent toutes les divinités honorées dans une maison.

Par kiwaïda at 23:11

19/01/2023

Ш@☂ℯґ ℜαß♭ḯт ℭ♄їᾔεṧ℮ ℤ◎ḓїα¢

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Peinture © Sonia Marques

Lapeau

Dans le zodiaque chinois, voici l'année, 2023, du Lapin d'Eau. Bonne année !

Par kiwaïda at 20:30

12/08/2022

Tґøυ♭ʟ℮ ε√ґ¥ ⅾα¥

© Dessin de Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, né le 17 août 1932 à Pessac, près de Bordeaux et mort le 11 août 2022

Lorsque j'ai été sélectionnée pour enseigner à l'école supérieure des beaux-arts d'Angers, en 2001, l'école commençait à ouvrir ses équipes pédagogiques aux femmes professeures, artistes et designers. Il y avait alors 3 options dans cette école, et c'était Monsieur Pierre Vélon qui la dirigeait.
L'option art avait présélectionné, Madame Isabelle Levenez, l'option design avait présélectionné Madame Inga Sempé, l'option communication avait présélectionné Madame Sonia Marques. C'était très rare, un geste fort et engagé, pour une petite école de province avec une belle histoire derrière elle. Nous avions presque le même âge, diplômées d'écoles artistiques différentes et déjà des expériences professionnelles et artistiques reconnues.
Je travaillais alors dans une société pour la santé des fonctionnaires, les mois d'été, souvent, je ne partais pas en vacances l'été, mais je travaillais, pour pouvoir payer mon loyer, là c'était en tant que graphiste, et nous passions à l'Euros, j'avais un tas de fascicules à réaliser, en imprimerie. Et je suis partie passer le concours ardu un vendredi 13 juillet à Angers (profitant même du cinéma "les 400 coups" pour voir le film de Claire Denis "Trouble every Day") cela a changé ma vie, ce concours. Je ne savais pas d'ailleurs, en découvrant la bande son du groupe anglais Tindersticks, que je le retrouvais bien plus tard Stuart Staples, dans ma ville où j'enseignais ensuite à Limoges, choisissant des fruits et légumes, dans mon marché même (joie !)
Le directeur, avec l'un des enseignants de l'option communication, son coordinateur, Monsieur Alain Manceau, également musicien et vidéaste, ont vu débouler une jeune artiste qui avait quelques cordes à son arc, et un collectif, avec lequel, elle avait sillonné la France, dans les arts numériques, et pas mal d’expériences professionnelles réussies avec des designers et artistes, et j'enseignais, depuis une dizaine d'années pour les tous petits, puis les adolescents, puis les lycéens, à Paris. Je réalisais des livres avec les plus jeunes, des scénarios de films, des diaporamas et des peintures de paysages et de portraits.
Juste, je pensais ne jamais être sélectionnée, car je pensais faire très jeune physiquement à 28 ans, c'était sans compter mes études et mon expérience, dont je ne me retournais pas encore, pour en valoriser les acquis. Pourtant j'avais déjà un curriculum bien rempli, et 3 diplômes supérieurs parisiens, et 6 mois d'études au Canada Britannique, mais je faisais jeune. J'avais pourtant déjà réalisé une scénographie pour la chorégraphe de dans contemporaine, avec laquelle je dansais également, ce qui corrélait certainement avec le développement à venir du centre de danse angevin. Une enseignante m'a dit plus tard qu'il y avait 10 candidats hommes et déjà, seul mon CV et mon parcours et portfolio, avait intéressé toute l'équipe et ils avaient hâte de me rencontrer, il n'y avait alors, ni photo, ni site Internet, celui de mon collectif n'était pas bavard sur les individus, ni bouche-à-oreille, dans ces domaines là, en multimédia, par contre j'aimais confectionner des formes d'édition déjà qui permettaient de comprendre l'ensemble d'un parcours, de faire des liens et surtout : partager mes connaissances. Je réalisais toutes les communications graphiques de mon collectif et fédérait le groupe autours de démos gigantesques publiques (vidéoprojetées et sonores) J'étais passionnée de musiques électronique et folkloriques et je composais des albums musicaux. J'avais réalisé quelques expositions en galerie de mes vidéos-Songes et j'avais travaillé un peu pour la designer Matali Crasset qui m'avait repérée et son mari galeriste. Ce que je ne savais pas, tellement persuadée qu'enseigner en école supérieure d'art, c'était pour les très très très grands artistes, très très très renommés. Cependant, j'avais des prétentions sur la recherche pédagogique et de nouvelles façons d'aborder l'enseignement, avec mes savoirs faire, donc, sur cette motivation et cette énergie premières, j'ai tenté, puisque j'aimais beaucoup enseigner et voir évoluer des plus jeunes, les élever, tout simplement "aimer apprendre", apprendre aux autres, tout en continuent d'apprendre. Les années 90 étaient fécondes, dans mon parcours, simplement car je courrai contre la montre, survivre plus que vivre... C'était notre lot quotidien. Nous allions tous changer de siècle, et je pense que nous avions tous ressenti cette frénésie du passage. Un rite que mon employeur avait aussi consacré au changement de tous les francs en euros, dans tous les papiers... Les graphistes s'en souviennent encore...

Lorsque j'étudiais à l'école des beaux-arts de Paris, sous le chef d'atelier de l'artiste Jean Luc Vilmouth, mes échanges avec lui l'aidaient beaucoup, pour fédérer et bénéficier de nouveaux étudiants. Car il était très seul au début, dans cette école. Il n'a d'ailleurs jamais su, que je postulais dans cette école, mais ne fut pas étonné de l'apprendre, lorsque je l'ai rencontré plusieurs années après par hasard dans le métro, en allant, justement à la gare Montparnasse courir pour aller à Angers un matin, si tôt, parmi les technocrates les plus chics, lui il passait des examens à jeun de santé et moi, en professeure azimutée, comme "Zazi dans le métro" (De Raymond Queneau) Comme il y avait une grève, nous nous sommes retrouvés dans ce café immense, prendre le petit déjeuner et je lui racontais que j'enseignais depuis un bout temps. Pour ne pas l'embêter, je ne lui ai jamais raconté à quel point, nous rations tous les concours pour être titularisées, nous les jeunes professeures, et demeurions sous le revenu mensuelle garanti minimum. Il avait un éléphant sur son t-shirt, je me souvenais de son empreinte d'éléphant en céramique. Il avait été invité par la manufacture de sèvre à réaliser une porcelaine, et invité des techniciens à le rejoindre au Zoo de Vincennes pour retrouver Siam l’éléphant et faire l’empreinte d’une de ses pattes. C'était dans les années 90, moi j'avais cofondé mon collectif chez moi, en face du Zoo de Vincennes. Il n'était pas étonné du tout de ce que je réalisais, professeure, même s'il n'était pas enclin encore, à imaginer l'essor des arts visuels dans la dématérialisation. Il s'y est mis, dès que j'étudiais la vidéo, à s'intéresser à la vidéo comme forme plastique, non comme cinéma, puis s'est consacré à la nature, ce qui le touchait le plus : les arbres. Je ne pourrai jamais lui dire, que, plus tard, je retrouverai la porcelaine, j'aurai bien apprécié avoir son point de vue. Je pense que parfois, je le capte.

Tout en m'excusant, à la fin de mon entretien, d'avoir 28 ans, le directeur et l'enseignant, assez austères, ne montrant aucune connivence, mais avec des connaissances avérées dans le design et le graphisme et tout ce que j'apportais comme nouveautés, me dire chacun leur tour : J'ai commencé en tant que directeur et j'avais 28 ans, et me voici encore là, et l'autre enseignant de me dire : j'ai commencé enseignant à 28 ans et me voici encore là.
 J'avais du mal à y croire, c'était étonnant. Plus tard, j'ai appris que j'avais été sélectionnée. Malgré les difficultés liées aux conditions de nos enseignements, pour nous les jeunes femmes, je leurs en suis infiniment reconnaissante, de m'avoir fait confiance. Durant une dizaine d'années, cette confiance s'est confirmée, et avec toute l'équipe. Nous avions développé tant de belles choses. Je n'écrirai pas sur la différence de traitements entre les femmes et les hommes enseignants en école d'art, car elles nous ont usé, mais seulement sur tout ce que j'ai pu développer et qui a fait de moi, une référente et une très bonne enseignante en école d'art ensuite. J'ai eu le temps de remercier mes pairs et de leurs donner de mes nouvelles. Nous avons le souvenir d'un catalogue ("Iconorama") très singulier, que j'ai confectionné, avec plusieurs étudiants. Le directeur avait la vue qui baissait, malgré cela, il a tenu à préfacer celui-ci, car mon sujet le passionnait : les icônes précieuses.
Inga Sempé a refusé le poste de suite à la rentrée, ce qui a mis en colère les équipes en design et le directeur, Isabelle et moi avions commencé, en sachant qu'une des femmes n’acceptait pas le poste. En effet, lors de notre entretien, on nous avait spécifié, aux ressources humaines, un petit contrat avec un salaire de base, acceptable, étant donné que nos trajets n'étaient pas défrayés, nous étions toutes de Paris. Mais, lors de la rentrée, de la signature du contrat, il fut de 1000 francs en moins de ce qu'il nous avait été annoncé (ce qui à l'époque était énorme) J'ai accepté tout de même, et je trouve que c'était très courageux, de la part de Inga Sempé de refuser. J'ai réalisé, ainsi, la majeure partie de cette première expérience réussie en enseignement avec ma collègue Isabelle Levenez, qui s'est éteinte il y a quelques temps, prématurément, elle y enseignait toujours, j'appréciais être collègue, et nous avions du respect pour nos parcours respectifs, si courageuse, Isabelle. J'avais déjà été amenée à changer d'école, en passant d'autres concours, puisqu'enseigner ne me permettait plus de vivre, ni manger, ni me loger. Ces jours-ci j'apprends que le dessinateur Sempé n'est plus. Je n'avais jamais fait le rapprochement, mais Inga Sempé est sa fille. J'apprécie beaucoup ce qu'elle fait en tant que designer, ses objets sont élégants et je les avais de suite bien suivis, lorsque je pensais que ce serai une de mes collègues. Elle a trouvé de suite à enseigner en école d'art à Paris. Les dessins de son père, formaient aussi une référence, pour mes amis aussi, et le père de mon premier conjoint. Sa vie décrite, pas facile, ses relations avec sa mère, montrent bien, comment, les artistes, sans mots, apprennent et nous donnent des expressions, qui sont, pour toute une génération "nos expressions", elles expriment nos sensibilités.
La vie continue.

En écrivant cet article, je m'aperçois qu'aucune des 3 professeures engagées en 2001, ne sont plus dans cette école. Toutes les 3 avions déjà résolus, tout ce qu'une école d'art peut faire pour améliorer les études, par le courage de nos décisions, certes, qui bousculèrent nos vie. Le dessin est une habilité à se passer de mots. Nous n'avons plus les mots pour décrire nos affections et désaffections, artistes, nous dessinons l'amour autrement. Pourtant, de mon côté, la forme poétique a donné une tonalité expressive, tout aussi artistique, j'aime beaucoup les mots, agencer ma pensée, l'adapter, jouer avec et construire, ou déconstruire pour inventer de plus bel. Moralité : il n'y pas d'âge pour enseigner, et il faut aider les plus jeunes le long de leur parcours d'enseignant... Et les plus anciens, évidemment !

Donc, ma culture cinématographique s'est enrichie, localement, j'ai vu depuis tous les films de Claire Denis, écouté tous les albums de Tinderstick, et j'ai écris mes plus beaux poèmes lors de mes nombreux et coûteux trajet en TGV, chaque semaine, pendant des années... Dont "Permis d'aimer", dans les 400 poèmes... les 400 coops !

À nous tous, petit Nicolas ! À nos belles années !


Par kiwaïda at 14:51

27/03/2022

¢αη¢ґ℮ℓ@⊥




La pensée totalitaire n'a pas d'altérité :
"Si vous ne pensez pas comme moi, je vais vous envoyer à la police"
"On va faire en sorte que vous redeveniez normal… c'est-à-dire, comme moi"
C'est l'avantage de la pensée paresseuse qui s'impose...
Réciter la même chose au même moment, le conformisme c'est la grande arme de la dictature...
Avoir la même croyance...
Celui ou celle qui n'a pas la même croyance sera, torturé, ré-éduqué, etc…
Une pensée sans altérité, il n'y a pas de débat possible, il n'y a qu'une récitation...
La récitation est un excellent tranquillisant...
L'arrêt de la pensée est sécurisant, euphorisant...
Scander le même slogan, le réciter, est euphorique...
Manifester en groupe sous un même slogan est euphorisant...
Penser c'est casse-pieds...
Ne pas avoir à penser, à élaborer, rend heureux...

La pensée intérieure, la liberté

La poésie / vouloir supprimer le malheur c'est supprimer les artistes, les œuvres d'art...

Par kiwaïda at 00:45

16/12/2021

ßℯʟʟ ♄øøḱ﹩

Photographies © Sonia Marques

Bell Hooks n'est plus, il y a quelques années, son ouvrage m'avait marqué, par son intelligence et sa pertinence, il m'a beaucoup apporté dans l'étude féministe des noires américaines, je remarquais alors qu'il n'y avait rien, en France, dans les bibliothèques des écoles d'art à ce sujet, et pour cause. Elle avait utilisé son nom de plume (en minuscules) en hommage à son arrière-grand-mère, Bell Blair Hooks, née Gloria Jean Watkins le 25 septembre 1952 à Hopkinsville dans le Kentucky, elle a publié plus de 40 ouvrages au cours de sa vie, dont le recueil de poésie And There Wept (1978) et ainsi que Ain't I A Woman (1981) : Black Women and Feminism. Ses dernières réflexions portaient sur l'amour. En octobre dernier paraissait, traduit en français, son ouvrage : La volonté de changer - les hommes, la masculinité et l'amour, résumé ainsi :

Si pour beaucoup d’hommes, le féminisme est une affaire de femmes, bell hooks s’attelle ici à démontrer le contraire. La culture patriarcale, pour fabriquer de « vrais hommes », exige d’eux un sacrifice. Malgré les avantages et le rôle de premier choix dont ils bénéficient, ces derniers doivent se faire violence et violenter leurs proches pour devenir des dominants, mutilant par là-même leur vie affective. La volonté de changer est un des premiers ouvrages féministes à poser clairement la question de la masculinité. En abordant les préoccupations les plus courantes des hommes, de la peur de l’intimité au malheur amoureux, en passant par l’injonction au travail, à la virilité et à la performance sexuelle, bell hooks donne un aperçu saisissant de ce que pourrait être une masculinité libérée, donc féministe.

*

Conception et réalisation de l’œuvre en céramique Cendrillon à Limoges (Photographie © Sonia Marques - 2010)

Ainsi, j'ai pensé à l’œuvre d'art que j'ai réalisé en mai 2010, il y a 11 ans. Elle s'intitulait Cendrillon. Toute réalisée à la main, par mes soins, en céramique (4Mx4M), une prouesse technique qui matérialisait le transfert d'une icône informatisée et numérisée des arts du codage des années 80 à un véritable tapis carrelé, de 1600 biscuits peints à la main. Mon projet de recherche réalisé en un temps record, faisait participer les étudiants de l'école d'art nationale de Limoges-Aubusson, où je venais d'être professeure en infographie et création multimédia, sélectionnée sur concours national en 2009... J'ai travaillé quasiment tous les jours et mes nuits sur ce projet avec passion et avec une énergie canalisée très saine et vitale pour une collectivité. J'avais une grande confiance dans mes acquis artistiques et techniques, que je souhaitais, avec générosité, partager. J'ai aussi ouvert mes esprits aux différentes façons d'aborder les techniques de la céramique, et j'ai appris, autant que je formais d'autres personnes (techniciens, étudiants) Ma capacité à trouver des solutions, malgré mon nouvel habitat sommaire et l'inconnu de la nouvelle ville et mon déménagement rapide pour le poste, a été un superbe relancement pour les étudiants, les nouveaux collègues, et la direction, et celles et ceux qui étaient en place depuis longtemps. J'ai donné beaucoup de mon art et mon affection, ce qui forment la patience inouïe des artistes ingénieux, ici, ingénieuse, en dépit de la dégradation de la valeur de l'enseignement, de l'art et de l'ouvrage, de la culture, au fil des années.

© Sonia Marques

Un mois après mon arrivée, l'école limougeaude, suite à ma conférence publique, le directeur me proposait d’exposer dans l’école, une œuvre multimédia de mon choix, lors du WIF (Festival International du Webdesign) programmé pour le mois de mai 2010. J’ai ainsi imaginé un projet de production artistique, d’une œuvre de grande envergure (mais étapes par étapes, de façon très modeste et discrète), au sein de l’atelier céramique en transversal avec l’atelier d’infographie et d’arts graphiques dans lequel je donnais des cours régulier à tous les niveaux depuis quelques mois. Ce projet était une réflexion sur la céramique mais aussi sur mon histoire culturelle. Cette œuvre réalisée (Cendrillon) de 16 m2, composée de 1600 carreaux de céramique peints, a fait participer les étudiants, par la pratique plastique (couleurs, vibrations, nuances, motifs) et les techniques (céramique, cuisson, peinture) et, de façon théorique, questionner des processus innovants dans des ateliers techniques croisés, qui ne se côtoyaient pas dans leur conception pédagogique. L’aspect culturel et le métissage opéré résultaient d’une recherche iconographique sur les interfaces graphiques des années 80 et s’inspirait de l’art traditionnel de l’azulejaria portugaise, dans sa technique en mosaïque. Je revisitais l’artisanat du côté du sociologue américain Richard Sennet, de son livre, Ce que sait la main, La culture de l'artisanat, (The Craftsman) de 2008, et je posais des questions sur les métiers d'art et le numérique, bien que ces disciplines n'étaient pas, alors valorisées par les écoles d'art. Le laboratoire des couleurs et pigments de l’école limougeaude, historiquement abandonné mais en l’état, a ainsi été fonctionnel et l’assistant technicien sur le décor, a pu depuis, par cette recherche, investir ce lieu et en faire l’atelier du petit décor pour la céramique et les étudiants. Cette œuvre fut exposée à l’école, puis les mois d’été suivant, au Centre Culturel Jean-Pierre Fabrègue à Saint-Yrieix-la-Perche, invitée par la directrice de l’espace, qui avait beaucoup apprécié mes recherches, pour prendre place dans une exposition programmée avec de jeunes designers de la région, sur des questions d'éco-responsabilité, ce qui était manifeste dans ma proposition artistique. Le matériau principal utilisé provenait des déchets et des chutes de terre, destinés aux poubelles, que l'école produisait chaque jour. Ces rébus de terre, amalgamés sous formes de boudins et mis de côté, pour mon projet, devenaient ma matière première, une œuvre d'art qui posait, pour la première fois, le recyclage, au centre de ses intérêts, dans une école où le luxe et les excédents n'étaient pas envisagés, ni considérés. L’année suivante, en 2010-2011, l’équipe enseignante et la direction m’ont donné la mission de coordonner la première année, avec une quinzaine de professeurs et assistants des ateliers techniques et de remettre en fonction les fondamentaux (couleurs, volume, dessin) J’y ai ajouté les fondamentaux des « médias », pour lesquels j’ai valorisé les enseignements des modes d’impressions afin d’élever le niveau des étudiants dès cette année, jusqu’à l’initiation à l’infographie, d’un point de vue artistique, avec une émulation créative au sein de l’atelier.

Photographies © Sonia Marques (2010)
L’œuvre Cendrillon est née dans les cendres de cette école, telle que le conte se raconte encore, même en Afrique, et pourtant c’est devenue une princesse sur un trône avec une myriade de couleurs. La recherche de la couleur de sa peau (le brun) de la figurine de pixels, représentaient 2 mois consacrés de recherche afin d’obtenir un marron chaud très particulier. Ce qui m’a permis de classifier les pigments de l’école, et de vérifier, après cuisson, la tenue de la couleur. Quelques années plus tard, en 2016, je fis la rencontre d’une écrivaine, Élisabeth Lemirre, venue présenter son ouvrage à la médiathèque de Limoges, une anthologie « Sous la cendre, figures de Cendrillon », en partenariat avec l'Opéra-théâtre de Limoges, dans le cadre de la programmation autour de Cendrillon, quelle coïncidence, un spectacle lyrique chorégraphié par Ambra Senatore (qui a écrit le rôle du Prince pour un travesti, pour une voix de mezzo et non de ténor) auquel j’ai assisté. J’ai apprécié nos échanges entre son ouvrage très documenté, notamment dans les pays africains, et l’œuvre que j’avais réalisée en céramique.

Argentina & Alvaro © Sonia Marques (2010)

C'est un merveilleux souvenir et une étape formatrice, dans ma vie artistique. Il y a eu un point convergent entre ma vie privée, publique, enfantine, adulte, de femme, de conjointe, d'ex-conjointe, de partenaires professionnels très différents, entre périphérie et capitale, banlieue et insularité, individu et collectif, enseignante-enseigné.es, théorie et pratiques, faire et savoir, art et artisanat, médias numériques et couleurs écraniques et un incroyable passage entre les couleurs lumineuses de l'écran et les couleurs de la terre, dont je devais trouver, également la correspondance lumineuse (ce qui est un vrai défi technique, lorsque l'on maîtrise le décor) Une œuvre qui a dépassé toutes les frontières. Ma composition faisait appel à la lusophone. Raconter l'histoire de sa fabrication est un véritable conte de fée. Je suis aussi très heureuse, que les parties masculines aient transférées toute leur affection à ce projet et que mes parents aient pu voir le puzzle assemblé, que l'on peut désassembler à souhait. Une œuvre d'une mobilité déconcertante, manipulable, d'un poids certain, et en même temps, légère, volubile. Mouvante. Très chaude, vibrante, saturée, mathématique, digne d'une maçonne fantaisiste et appliquée à l'art.

Par kiwaïda at 17:09

20/10/2021

ЇḺ




















































Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 17:07

30/09/2021

ґεηтґé℮

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Au temps des donjons

Poésie de Robert DESNOS
Recueil : "État de veille"  (1942)

As-tu déjà perdu le mot de passe ?

Le château se ferme et devient prison,
La belle aux créneaux chante sa chanson
Et le prisonnier gémit dans l’in pace.
Retrouveras-tu le chemin, la plaine,
La source et l’asile au cœur des forêts,
Le détour du fleuve où l’aube apparaît,
L’étoile du soir et la lune pleine ?
Un serpent dardé vers l’homme s’élance,
L’enlace, l’étreint entre ses anneaux,
La belle soupire au bord des créneaux,
Le soleil couchant brille sur les lances,
L’âge sans retour vers l’homme jaillit,
L’enlace, l’étreint entre ses années.
Amours ! Ô saisons! Ô belles fanées !
Serpents lovés à l’ombre des taillis.

Par kiwaïda at 01:22

25/09/2021

℃◎ґ﹩℮⊥ṧ

Jeannette Dussartre-Chartreux sur le grand bassin du Champ de Juillet...

Dans les maisons tranches-de-pain, les femmes de linge...

Très intéressant. Le syndicalisme a beaucoup perdu pour l'émancipation des femmes.

À écouter. Une histoire peu relayée aujourd'hui.

Jeannette Dussartre-Chartreux, la militante des luttes émancipatrices

C’est en 1923 à Limoges, dans le quartier populaire des Ponticauds, que naît Jeannette Dussartre. Sur les berges industrialisées de la Vienne, elle forge son caractère au sein de générations de femmes du peuple, avant de travailler en atelier puis dans l’administration. Convertie au catholicisme, elle cultive avec Henri, son époux prêtre-ouvrier, une vision altruiste de la religion et s’engage toute sa vie dans les mouvements de paix. On retrouve l’engagement de Jeannette Dussartre à travers son investissement dans l’Institut d’histoire sociale de la CGT : elle travaille à la collecte de la mémoire ouvrière. En 2009, elle révèle un épisode emblématique des combats féministes, celui des corsetières … L’histoire des corsetières En 1895, des ouvrières de la Maison Clément à Limoges où l’on produit des corsets, engagent la grève ; les revendications visent des améliorations salariales et de conditions de travail. Ainsi, une pratique des plus humiliantes consiste pour l’épouse du directeur à faire agenouiller les femmes pour la prière avant le travail. Le mouvement dure 108 jours, mais le patron ne cède pas. Cet épisode est révélateur du traitement accablant des ouvrières, dévaluées matériellement au-delà des hommes et assignées moralement. Certaines représentantes sont présentes au congrès fondateur de la CGT tenu à Limoges en 1895..

Épisode 1, sur les archives de la police, sur le conflit des corsetières, des rapports de police (1895) :
Les Corsetières décorsetées

Sont rapportés des indics qui surveillent les communications des corsetières : la plupart des jeunes filles ont bu de la bière et ont dansé entre elles et se sont séparées vers 6H et sont rentrées chez elles...

Les corsetières avaient des amendes, des retenues sur salaire, malgré qu'elles travaillaient à temps plein, c'est la femme du directeur qui les humiliait, les coupaient du monde, les faisait agenouiller et leurs interdisait de parler entre elles...
Si elles communiquaient entre elles, une matrone allait le répéter afin de séparer, isoler et punir les femmes qui parlaient entre elles... le plus souvent à la police directement... Beaucoup de choses trouvent des échos dans notre période.
Les femmes grévistes ne parvenaient pas à entraîner les autres femmes, à être solidaires et se tenir les coudes...
Le rapport du commissaire est très significatif sur le traitement des ouvrières soumises au droit divin des patrons. La patronne moralise sans cesse les ouvrières, par des sanctions, des punitions, alors que les ouvrière demandent le droit à la dignité et la liberté de conscience.

Quand vous gagnez rien du tout, trouver de l'information demande une force de caractère et beaucoup d'écoute, une sensibilité au "parler vrai".

Épisode 2, de fils en aiguilles, des ouvrières

À Limoges, de 1889 à la fin des années 1960, la Maison Clément était une entreprise de confection de corsets prospère. Malgré cette réussite, personne ne peut imaginer la discipline de fer et les conditions de travail épouvantables qui y régnait. La Maison Clément ne s’embarrasse pas de l’adhésion librement consentie à des ouvrières. À ces conditions morales, elle impose les siennes ! La patronne oblige ses ouvrières, et cela sous surveillance, à faire trois jours de retraite, à aller à confesse le samedi, et faire leur Pâques le dimanche. Les absentes sont punies par une distribution de mauvais travail avec menace de renvoi, selon l’enquête diligentée par le Commissariat central ! Jeannette Dussartre-Chartreux (1923-2017) Les corsetières fondent un syndicat féminin, libre, et sortent de la tutelle du syndicat patronal fondé par la maison. Leur grève dure quatre mois. Marie Saderne avec Madame Barry et Mademoiselle Coupaud assistent au congrès national constitutif de la CGT tenu à Limoges, en septembre 1895.


Jeannette Dussartre-Chartreux habitait à côté de la cathédrale (quartier de l'Abessaille en grande partie rasé vers 1900) ) dans des taudis (vers le quartier de la règle aujourd'hui), les femmes étaient avec les enfants et les maris étaient maçons, il immigraient dans différentes régions. Jeannette dit qu'elle était maigre et faisait le clown, élevée principalement par sa mère et sa grand-mère.Son grand père était anticlérical. Il couchait dans une petite chambre, car il avait la tuberculose. Les chrétiens et les communistes travaillaient ensemble et avaient le soucis d'être au service des autres.

« Tout ce qu’on mange pourrit, tout ce qu’on donne fleurit »

Un entretien très riche de Jeannette Dussartre (décédée en 2017) réalisé par Jean-Pierre Cavaillé, le 1er mai 2006

Par kiwaïda at 00:44

01/09/2021

Ṕαґїṧ

De beaux souvenirs sur cet Endless Summer de Fennesz...

Avec la lumière des soirées parisiennes et du bel été indien des jardins d'agrément...

Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 20:17

29/08/2021

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Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 17:19

01/08/2021

ⒿṲÐѺ

Capture d'un moment de vidéo lors des jeux olympiques de Judo au Japon... ces jours-ci

La vidéo ici

JUDO | Clarisse Agbegnenou médaille d'or  | Jeux Olympiques - Tokyo 2020


Sacrée championne olympique des 63 kg à Tokyo, Clarisse Agbegnenou, après avoir gagné sa compétition, a pris dans ses bras la slovène Tina Trstenjak, son adversaire, qui l'avait battue en finale à Rio il y a cinq ans. Clarisse Agbegnenou avait alors obtenu la médaille d'argent à Rio en 2016, et ces jours-ci, en 2021, l'or au Japon. Le geste de Tina Trstenjak, portée par son adversaire qui vient de la battre, de prendre sa tête sur son cœur, est une belle réponse au jeu, et à la revanche prise par Clarisse Agbegnenou, 5 ans plus tard.

Clarisse Agbégnénou, née le 25 octobre 1992 à Rennes en France, est une judoka française évoluant en moins de 63 kg (poids mi-moyens), licenciée au Red Star Club (RSC) de Champigny-sur-Marne. Elle possède le plus beau palmarès du judo féminin français, avec une médaille d’argent (2016) et deux médailles d’or olympique (2020 en individuel et par équipes), cinq titres de championne du monde (2014, 2017, 2018, 2019 et 2021), deux médailles d'argent mondiales (2013 et 2015) et cinq titres européens (2013, 2014, 2018, 2019 et 2020).

Sur Wikipédia, on apprend ceci : Clarisse Agbegnenou est une enfant née prématurée avec son frère jumeau, nés deux mois avant terme. Elle connaît un début de vie très difficile, après un passage en couveuse durant quatre semaines, elle subit une opération due à la malformation d'un rein, puis tombe dans le coma pendant sept jours. Sa mère Pauline raconte : « Lorsqu'elle s'est réveillée, dans une grande inspiration, tous ceux qui étaient présents dans sa chambre ont applaudi et je me souviens que le médecin a dit que ma fille était une battante. » Elle grandit à Gennevilliers. Son père, Victor Agbegnenou, est un scientifique togolais. Clarisse a trois frères. Elle rentre au club de l'AMA (Arts martiaux d'Asnières) à l'âge de neuf ans puis elle entre au pôle France d'Orléans à quatorze ans5. Hors des tatamis, elle est adjudant de la Gendarmerie nationale française.

Ce geste doux d'un dixième de seconde, au regard d'années d'entrainements extrêmement durs, représente une émotion, non martiale, qui rassemble ces compétitrices dans un même haut niveau, de reconnaissance, des efforts et sacrifices, le prix des médailles. Ce geste fait entrer, à mon sens, une nouvelle donne dans les arts martiaux, qui nous montre la gémellité des compétitrices, ou compétiteurs, à ce très haut niveau. Point de hasard si Clarisse Agbegnenou, est également jumelle depuis sa naissance, avec un frère. Au-delà de l'idée de sororité, nous sommes face à des origines différentes, et si semblables de par leur statut, et leurs parcours d'athlètes, des vies singulières et similaires en compétition, bien qu'elles soient différentes depuis leurs pays et villes traversés.

Donner le meilleur de soi et respecter ses adversaires.


Par kiwaïda at 12:23

26/05/2021

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Taktshang, le “nid du tigre”, est le plus célèbre monastère bouddhiste du Bhoutan. Suspendu à une falaise à plus de 3000 mètres d’altitude, il semble prêt à tomber dans le gouffre qui lui fait face. Selon la légende, c’est à cet endroit que le Guru Rinpoche, le père du bouddhisme au Bhoutan, aurait volé sur le dos d’une tigresse pour atteindre la grotte dans laquelle un démon terrorisait la population de la vallée. Toujours selon la légende, celui-ci y aurait médité durant 3 années, 3 mois, 3 jours et 3 heures…

Vesak

(Pali : Vesākha, sanskrit : Vaiśākha), également connu sous les noms de WesakBuddha Purnima et Buddha Day, est une fête traditionnellement observée par les bouddhistes et certains hindous en Inde, au Sri Lanka, au Népal, au Tibet, au Bangladesh, au Bhoutan, en Indonésie, à Singapour, en Thaïlande, au Cambodge, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, la Mongolie et les Philippines et la Chine, le Japon, la Corée du Sud, la Corée du Nord, Taiwan et le Vietnam comme « l' anniversaire de Bouddha », ainsi que dans d'autres parties du monde. Le festival commémore la naissance, l'illumination (bouddhéité) et la mort (parinirvana) du Gautama Bouddha dans la tradition theravada ou du sud. La décision d'accepter de célébrer la fête de Wesākha à l'occasion de l'anniversaire du Bouddha a été officialisée lors de la première conférence de la Fraternité mondiale des bouddhistes qui s'est tenue au Sri Lanka en 1950, bien que les festivals étaient, dans le monde bouddhiste, une tradition séculaire. Le jour de Vesākha, les bouddhistes du monde entier commémorent des événements qui ont de l'importance pour les bouddhistes de toutes les traditions: la naissance, l'illumination et le décès du Bouddha Gautama. Lorsque le bouddhisme s'est répandu depuis l'Inde, il a été assimilé à de nombreuses cultures étrangères et, par conséquent, le vesakha est célébré de nombreuses façons différentes dans le monde entier. En Inde, le jour Vaishakh Purnima est également connu comme le jour du Bouddha Jayanti et a été traditionnellement accepté comme le jour de la naissance du Bouddha.
En 1999, les Nations unies ont décidé de célébrer la journée de Vesak au niveau international, à son siège et dans ses bureaux.

À Vesākha, bouddhistes fervents et adeptes se rassemblent dans leurs temples avant l’aube pour hisser cérémonieusement et honorablement le drapeau bouddhiste et chanter des hymnes pour louer le saint triple joyau : Le Bouddha , le Dharma (ses enseignements) et le Sangha (ses disciples). Les fidèles peuvent apporter de simples offrandes de fleurs, bougies et bâtons d' encens aux pieds de leur professeur. Ces offrandes symboliques rappellent aux adeptes que, tout comme les belles fleurs se faneraient au bout de quelques instants et que les bougies et les bâtonnets allaient bientôt s'éteindre, la vie est également sujette à la dégradation et à la destruction. Les dévots sont invités à faire un effort particulier pour s'abstenir de tuer. Ils sont encouragés à manger de la nourriture végétarienne pour la journée. Dans certains pays, notamment au Sri Lanka, deux jours sont réservés à la célébration de Vesākha et tous les magasins d’alcool et les abattoirs sont fermés par décret du gouvernement pendant ces deux jours.
Des milliers d'oiseaux, d'insectes et d'animaux sont également relâchés par ce que l'on appelle un «acte de libération symbolique» consistant à donner la liberté à ceux qui sont en captivité, emprisonnés ou torturés contre leur volonté. (Cette pratique est toutefois interdite dans certains pays, comme Singapour, car on pense que les animaux relâchés sont incapables de survivre à long terme et peuvent avoir un impact négatif sur l'écosystème local s'ils le font.)
Certains bouddhistes dévots porteront une simple robe blanche et passeront la journée dans des temples avec une détermination renouvelée pour observer les huit préceptes.
Certains temples affichent également une petite statue du Bouddha devant l'autel dans un petit bassin rempli d'eau et décoré de fleurs, permettant aux passionnés de verser de l'eau sur la statue; c'est symbolique de la purification du mauvais karma d'un pratiquant et de la reconstitution des événements qui ont suivi la naissance du Bouddha, lorsque des dévas et des esprits lui ont fait des offrandes célestes.
Les fidèles sont censés écouter les discours des moines. Ce jour-là, les moines réciteront des versets prononcés par le Bouddha il y a vingt-cinq siècles afin d'invoquer la paix et le bonheur pour le gouvernement et le peuple. Il est rappelé aux bouddhistes de vivre en harmonie avec les personnes d'autres religions et de respecter les convictions d'autrui enseignées par le Bouddha.
Célébrer Vesakha (Vesak) signifie également faire des efforts particuliers pour apporter le bonheur à des malheureux comme les personnes âgées, les handicapés et les malades. À ce jour, les bouddhistes distribueront des cadeaux en espèces et en nature à divers organismes de bienfaisance du pays. Vesākha est aussi une période de grande joie et de bonheur, exprimée non pas par la tentation de l'appétit mais par la concentration sur des activités utiles telles que la décoration et l'éclairage de temples, la peinture et la création de scènes exquises de la vie du Bouddha destinées à être diffusées publiquement. Les bouddhistes fervents se disputent également pour fournir des rafraîchissements et une nourriture végétarienne aux fidèles qui visitent le temple pour rendre hommage à l'Enlightened One.
Rendre hommage au Bouddha
La tradition attribue au Bouddha lui-même une instruction sur la manière de lui rendre hommage. Juste avant de mourir, il vit son fidèle serviteur Ananda pleurer. Le Bouddha lui conseilla de ne pas pleurer, mais de comprendre la loi universelle selon laquelle toutes les choses composées (y compris son propre corps) doivent se désintégrer. Il a conseillé à chacun de ne pas pleurer sur la désintégration du corps physique mais de considérer ses enseignements (le Dhamma) comme leur enseignant dès lors, car seule la vérité du Dhamma est éternelle et non soumise à la loi du changement. Il a également souligné que la manière de lui rendre hommage ne consistait pas simplement en fleurs, en encens et en lumières, mais en s'efforçant véritablement et sincèrement de suivre ses enseignements. C'est ainsi que les bouddhistes sont censés célébrer Vesak: saisir l'occasion pour réitérer leur détermination à mener une vie noble, à développer leur esprit, à faire preuve de bonté et à apporter la paix et l'harmonie à l'humanité.
Dates d'observance
La date exacte de Vesak est basée sur les calendriers lunisolaires asiatiques et est principalement célébrée le mois de Vaisakha du calendrier bouddhiste et du calendrier hindou , d'où le nom Vesak. Au Népal, qui est considéré comme le pays natal de Bouddha, il est célébré le jour de la pleine lune du mois Vaisakha du calendrier hindou et s'appelle traditionnellement Buddha Purnima, Purnima signifiant le jour de la pleine lune en sanscrit. Dans les pays de Theravada qui suivent le calendrier bouddhiste , il tombe un jour de pleine lune à Uposatha, généralement au cinquième ou sixième mois lunaire. De nos jours, au Sri Lanka, au Népal, en Inde et au Bangladesh, Vesak / Buddha Purnima est célébré le jour de la pleine lune de mai dans le calendrier grégorien. En Thaïlande, au Laos, en Indonésie, Vesak est célébré le quatorzième ou le quinzième jour du quatrième mois du calendrier lunaire chinois. En Chine et en Corée, au Vietnam, l'anniversaire de Bouddha est célébré le huitième jour du quatrième mois du calendrier lunaire chinois, au Japon le même jour mais dans le calendrier grégorien. La date varie d'année en année dans le calendrier grégorien occidental, mais elle tombe habituellement en avril ou en mai. Dans les années bissextiles, il peut être célébré en juin. Au Bhoutan, il est célébré le 15ème jour du quatrième mois du calendrier bhoutanais basé sur le calendrier lunaire.
Les Nations-Unies retiennent comme jour de la célébration le jour de la pleine lune du mois de mai, dont elles ont fait en 1999 une journée internationale, par décision de l'Assemblée générale des Nations Unies, afin « de saluer la contribution que le bouddhisme, l’une des plus vieilles religions du monde, apporte depuis plus de 2 500 ans et continue d’apporter à la spiritualité de l’humanité. »

Le plus haut Bouddha d’Europe à La pagode du bois de Vincennes, siège de l'Union bouddhiste de France

C'est donc le jour de la pleine lune du mois de mai, et c'est la fête à Bouddha. Durant quelques années, je visitais La grande Pagode du bois de Vincennes, c'est là que j'ai observé tous ces anniversaires du mois de mai et le long de l'année, les festivités. J'ai ainsi vu le plus grand Bouddha d'Europe, impressionnant, et invité des amis à venir manger les différents repas des communautés. Nous habitions pas très loin, avec mon conjoint d'alors, et j'ai peu à peu étudié la vie de Bouddha, en autodidacte, tout comme je dessinais à l'encre de Chine, ou bien je visitais des Musées spécialisés, comme Guimet à Paris, ou d'autres, selon des périodes et expositions temporaires. Je faisais aussi un sport de combat, le Viet Vo Dao, quasiment en famille, de kimonos en kimonos noirs, toutes mes inspirations artistiques s’imprégnaient de ces arts divers asiatiques. Nous travaillions avec des amis japonais, mon conjoint réalisait des origamis singuliers, ma sœur est devenue ceinture noire et plus tard, je me lançais dans l'apprentissage de La Mangas à mes étudiants en école d'art à travers le Maître Katsushika Hokusai, peintre, dessinateur et graveur spécialiste de l’ukiyo-e. Je me souviens avoir effectué des lectures sur Siddhartha Gautama à mon ami et artiste partenaire à l'époque, qui le découvrait, dans un village où nous étions, dans le Limousin, en été, en période de pluie. Chaque jour, lire un peu de son périple, apportait une lumière différente au seul paysage vert, immuable, de notre fenêtre, puisqu'il pleuvait des cordes. Me voici dans le Limousin, j'y habite et je repense en ce jour à La Pagode, que je retrouverai bientôt, et tous ces moments simples. Il pleut des cordes et c'est la fête à Bouddha, et le soleil perce les nuages, en exerçant un espoir, et parvenant à nous faire aimer la pluie comme des grenouilles. Je partage ma vie avec un amoureux des arts du soleil levant, par bien des aspects, et des lapins japonais inspirés par la Lune. J'aime les lotus et c'est peut-être la seule chose que j'ai pu voir très souvent ces dernières années : des lotus.

Aucun de nous est tibétain. Sommes-nous en sûrs ?

Je me souviens d'un film que nous avions aimé pour son aspect décalé et magnétique : All you can eat Bouddha, du réalisateur québécois Ian Lagarde, de 2017...

Ce souvenir n'a peut-être rien à voir avec Vésak... Mais en tous cas, l'offrande, l'indigestion, le mutisme et le solide, sont des ingrédients qui faisaient de ce film, une mystérieuse allégorie d'une société de consommation, avec le poème de ce Bouddha qui ne juge pas son monde.






Photographie © Sonia Marques

Par kiwaïda at 13:27

30/01/2021

À ṽ◎ṧ мαґⓠüℯ﹩▣▣▣

Du couvre-feu hybride au confinement débridé...

À vos marques, prêts, partez pas !

(synthèse et images par kiwa)

Par kiwaïda at 01:02

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