bmk

blog m kiwaïda

Philosophie

Fil des billets

18/04/2023

ღ⑂ґїøℊøηε




Œil divin © Sonia Marques

Combien y avait-il de coins ?

Au début, chacun pensait que c'était un triangle et qu'il y avait 3 coins.
Puis les années durant, ils se sont aperçus qu'il y avait 4 coins, alors peut-être était-ce un carré.
Mais plus les années passaient, plus le petit coin de poussière se déplaçait dans un autre coin.
Pentagone, Heptagone, Hexagone, Octogone, Décagone…Pentacontagone… Chiliagone… Myriagone !

Impossible à imaginer autant de coins dans un polygone à 10 000 sommets, 10 000 côtés et 49 985 000 diagonales !

Pourtant, c'était là où était disposé l'intrus plein de poussière, dans un coin d'un myriagone.
Quelques dualités, facettages et stellations le rendaient invisible, caché.

Il était coincé dans un gonia, un angle mort, dans la cité des polus.
René Descartes, dans ses Méditations métaphysiques ne pouvait pas faire la différence entre un chiliogone, et un myriagone…

À force de le cacher sous la poussière, certains pensaient qu'il était resté dans le coin d'un triangle.
Puis les années durant, ils se sont aperçus qu'il y avait 4 coins, alors peut-être était-il caché dans le coin d'un carré.
Mais plus les années passaient, plus le petit intrus se déplaçait dans un autre coin.
Pentagone, Heptagone, Hexagone, Octogone, Décagone…Pentacontagone… Chiliagone… Myriagone !

Mais où était-il caché !!!

Pourtant il était dans un cercle quasi parfait, avec un défaut d'imagination, le triangle ou le carré, c'était là où il devait rester.
Même si la poussière l'avait enseveli, on devait facilement le voir sous la poussière.

Mais dans un cercle aussi parfait ? En volume ???
Maintenu dans un coin du myriagone et sous la poussière !

Les années ont passé…
Le monde n'est jamais fini.

Mettre au défi l'imaginaire...

Dans chaque être humain, il y a une part de Divin.

ens per accidens


L’infini apparaît, puis disparaît, cela clignote, l’œil divin nous fait un clin d’œil.
Si le monde est infini, dans l'infini, il se referme aussi.

Puis il s'ouvre à lui-même.

Whaou !

Par kiwaïda at 20:30

30/11/2022

tℜ∀Иϟ











Photographies © Sonia Marques

*

Ces boules transparentes inaugurent à elles seules les festivités de Noël.
Elles nous obligent à percevoir à travers elles, et voir leurs vernis, leurs décorations.
Quelque chose s'offre en trop, la douceur.
À la fois transparentes, miroitantes, fines et façonnées par la main, fragiles.

La lucidité est toujours légèrement voilée par le cœur crédule.
Qui croire, quoi croire ? L'illusion porte sa désillusion en elle.
La douceur, si elle est accueillie, atténue le cynisme qu'imposent les agissements sans états d'âmes.
Trop bien voir serait ne plus voir la fragilité de l'autre, s'imaginer pénétrant.
Avec le cœur, percevoir la peine, ce léger voile qui froisse la voix, empêche de parler,
d'énoncer, et chemine au renoncement des doux, juste avant de devenir dur,
sur un autre chemin, celui de ne parvenir qu'à répéter la cruauté.
Juste avant, intervenir, sans s'interposer, juste à l'écoute.
Alors, avec le cœur crédule, comprendre ce qui fragilise c'est entrer dans une douceur invincible.
Acquérir le pouvoir d'atténuer le poids des ombres formées, celui des doux.
Si la prière apaise, la douceur atténue la chute, car elle ne renie pas la fragilité de la vie.

Les boules de verre fragiles se tiennent en équilibre sur un sapin.

Ce spectacle familier évoque une résistance, une douceur qui perdure.

Une fin d'année est attendue, pour espérer s'ouvrir à une autre, nouvelle.

Qui croire, quoi croire ? Mais plus intéressant : Croire avec qui ?

Puis percevoir l'autre fragile aussi, le croire.

Avec l'autre, énoncer : "Je crois en toi"

Être avec l'autre, quand bien même.

Par kiwaïda at 16:10

31/10/2022

ℙѺℳℙÉЇ

Peinture ©  Sonia Marques

Revoir Pompéi

Voici Tao encore tout mouillé de la forêt, son petit sylvain, son aminche, il revient de ses conversations avec les divinités agrestes. Il lui tend un caillou, il est sourd et pas poli du tout, il s'arroge le droit de la contemption. Cette petite chose brutale ne sait pas émettre sa lumière, ni taillée, ni façonnée, elle veut être diamant, elle n'est que caillou. Dans sa paume il la regardait telle la source d'un problème, une entéléchie ! L'accomplissement d'une fin, le minéral de ce qui a été réalisé, se trouvait là, comme un quinaud, ne sachant où se mettre, ni comment se montrer. Il sécrétait un liquide huileux, était-ce son pétrichor ? Il posait ce caillou à côté de la poubelle, avant de l'ouvrir. Le caillou gronda, morigéna, incapable de courtoisie, il manquait des mots, il ne restait qu'une vindicte, l'hanouna. L'obstiné ne saisit pas sa dernière chance, il ne terminait pas ses phrases. Tout comme lui, sans manière, ni minauderie, il saisit le caillou avec force et volonté d'en finir, en sauvegardant dans le dessein de son geste, une pointe de grâce. Avec sprezzatura, il ouvrit la porte en grand, et Vlan ! Il lançait le caillou honteux de son acédie plus loin que le Mont Analogue. La nonchalance de son veston de lin, feinte, était travaillée avec soin. Le panache du lancé de cailloux fut inventé ce jour même. Entre happy few, ils animaient des dîners de chasse aux cailloux, dans une panachée de styles, décontractés et savants. Dans leurs souliers ils attrapaient des cailloux.

- Ouvrez la porte en grand et Vlan !
- Lancer le caillou quelconque !

Maîtriser le lancé est une des rares adaptation qui distinguait les êtres humains des autres espèces. Spontanément, ils recherchaient des cailloux quand ils se sentaient menacés, les projectiles sont des armes aux fondements des guerres.

Tao trouvait les cailloux, et lui, il les lançait.

Et les châtaignes ?
Emparadisées aussi !

Toutes les pégadilles.

Par kiwaïda at 00:57

27/09/2022

Ḡнøṧ⊥ḯᾔ❡


Arbres (Photographie © Sonia Marques)


Secours mutuels


- Dans un mois ce groupe sera comme ça, à la fin octobre, comme l'année dernière.
Maintenant tu peux prédire.
Ils s'agglutinent, ils vont perdre leurs feuilles.

- Est ce que l'amoncellement est toujours un signe de lâcheté ?
Faire famille pour taire ensemble ?
Faire parti pour masquer son trouble ?
Mentir tout un syndicat pour oublier, toute une vie ?
Pour survivre plutôt que vivre enfin ?

- Un groupe de menteurs, ils complotent pour se rassurer.
Ils ne savent pas faire autrement. Ils répètent.
Ils défendent leurs intérêts, leurs secrets de famille.

-Ils peuvent apprendre ?

-Ensemble non. ils sont déjà dissous.

-Et seuls ?

- Regarde, c'est l'heure de la répétition.
Le spectacle va commencer.

-Mais personne n'est invité ?

Ils répètent sans spectateurs.

- Ils sont enfermés ?
Non, ils ne veulent pas être libérés.

- J'aime beaucoup ces arbres.
C'est un repère pour les saisons.
ils sont infestés parfois, leurs branches pourrissent.

- Oui, ils ont planté des jeunes, ils les ont mis dans le groupe.

- Mais c'est la même terre ?

- Oui, à leur tour de se taire.

- Et de répéter sans spectateurs ?

- Ils ont déjà commencé.

- Personne ne voit rien.

- Mais si : les fantômes

- Bah oui, ils ont ghosté tout le monde.

Par kiwaïda at 14:05

19/09/2022

їηṧтαηтαηé

Soleil nocturne (Photographie © Sonia Marques)



Instantané

Dans cette irréversibilité de l'instant que m'imposaient ces tentatives de les penser, de n'en retenir aucun (instant), puisqu'il n'y a point de retour, je savourai quelques micros sensations, baignées dans l'innocence, une transparence inouïe, comme ces rayons de lumière du mois de septembre dans un air glacé, mais cristallin, celui qui nous annonce la fin de l'année, le début de l'hiver, ce présent est un présage.

Le cadeau, le présent.

Maintenant, s'il ne s'annonce pas, s'il ne fait que se présenter, c'est toujours un cadeau, à qui sait le voir en sa nudité, il est un cadeau.

Nu, non pas dans une nudité qui évoque la chair, mais nu minéral.

Lire en son sein, comme en son cristal, c'est voir l'innocence.

Si tout failli dans cette brèche, et si la puissance réside dans cette fragilité, on peut comprendre l'inaliénabilité, cette qualité qui ne peut être ôtée, elle est digne d'elle-même, et c'est un bonheur de la sentir, car elle ne peut être saisie, ni vue dans sa totalité.

Lorsque l'on parvient à déchiffrer le mensonge, la sincérité advient plus crue et elle est inadmissible pour les fervents du mensonge. Lorsque la justice sombre dans l'iniquité, elle quitte, oui elle quitte, doucement mais surement, et donc, elle a quitté son pouvoir puisqu'elle soutien le mensonge.

Le mal a besoin de la collaboration, la faiblesse d'y être tenté et de s'y agglutiner forment des groupes, des amoncellements de lâches. Se vautrer goulument, s'enrichir des propositions malhonnêtes, c'est passablement renverser l'ordre.

Percevoir ce qui dans le rayon de lumière est innocent, c'est réaliser ce chemin éblouissant, d'une innocence retrouvée, lorsqu'elle fut spoliée, et maculée d'inepties et d'injustices.

Épris de simplicité, les instants fugaces qu'occupent les beautés de toutes natures, illuminent l'enfance de nos meilleurs sentiments, délivrés de l'opacité qui empêche l'élan innocent. En toute transparence, traverser, sans le savoir, les apparences.

Laisser passer la lumière c'est aussi laisser voir le monde qui passe à travers soi. Sentir résonner ce qui traverse l'espace simplement, sans aucun obstacle.
La conscience vaniteuse oppose son désir d'être admiré à ces rayons du monde. En voulant trop être vus, les regards ne peuvent traverser l'apparence. Déceptives, les fausses communications isolent, ce sont de fausses communions, là où personne ne se réunit vraiment, ni ne s’unit pour le meilleur, tout se montre en réunion d'apparat, des promesses non tenues. En renvoyant à l'opposé, en sens inverse, ces tromperies communicatives ajoutent à la peine aux douleurs non exprimées.
Ainsi les paysages du monde n'entrent pas.

La beauté intérieure est pénétrée par tous les paysages du monde.
Le secret indéfectible de l'être et l'innocence, cet habitacle de la maison enfantine, est lui, impénétrable.
En ce sens, tous les maux du monde ne parviennent à briser son essence.

Interroger ce qu'il se passe à l'intérieur de soi, c'est accéder aux paysages des petits mondes qui nous ont traversés.
Mobiliser tout ce qui nourrit l'éthique, de celle de nos éducations personnelles à celle de nos sociétés passées, et, celles, en train de se faire, me semble favoriser l'épanouissement tant recherché, bien qu'il se trouve dénué de toute appropriation de biens.

Même si je dois ces pensées uniquement à ma vie quotidienne avec des animaux de différentes natures, aux petits mondes extraordinaires, en y mettant le cœur d'un être humain réduit à son animalité la plus survivante, et à sa sensibilité la plus fine, elles n'omettent pas leurs responsabilités dans la domestication et induisent de nouveaux rapports au monde.

Les manières de vivre apprises ne sont plus adaptées aux bouleversements des crises successives.
Les comportements, s'ils ne sont pas réajustés, de façon individuelles, ne peuvent prétendent à la consolidation commune de bonnes valeurs. La dissonance est si bruyante, que les désaccords se sont réunis. Le brouhaha, si le mot est rigolo, pèse sur les actions, elles se trouvent donc inefficaces.

De tous temps, les sociétés faisaient face à des changements, rien de nouveau, l'intelligence c'est la capacité d'adaptation, elle se heurte à l'instinct de conservation, puisque l'on comprend seulement, que conserver n'est plus possible.

Nous regardons avec consternation le tri, comment se sélectionnent les priorités, dans une confusion entre le tri des êtres humains et leurs productions. La quintessence des êtres et de leurs vulnérabilité première et en tous points, deviennent secondaires, si ce n'est, éludés, de toute considération.

L'effervescence des activités humaines, fut pensée comme une richesse, des productions. Le marché de l'emploi est resté encore structuré sur cette idée, hors c'est un excès qui est rejeté par la nature même.
Travailler dessert entièrement la protection de notre terre.
Penser orienter le travail sur la protection de notre terre est un basculement fait de tromperies, sur la marchandise. Ce sont de nouvelles marches vers l'expansion d'une poignée de fous au détriment de toutes les âmes de bonne volonté.

Toute la difficulté est là. C'est un défi, plus que le tri sélectif, le discernement demande du temps.
Et pourtant, dans ce temps périodisé et découpé à l'infini, seul celui du temps retrouvé de l'innocence est une passerelle vers l'accomplissement de chaque vie.
On a voulu rendre le temps sécable, par science, était-ce la meilleure des solutions ?

Par kiwaïda at 15:00

23/08/2022

ℛε¢øღღ℮n¢εґ


Soleil intérieur (Photographie © Sonia Marques)

Recommencer.

Dans tout commencement, il y a l'oubli.
Pour recommencer, il faut oublier et il faut le courage de commencer.
Le courage n'est fait que de l'acte de recommencer, il faut refaire car rien n'est jamais fait. Et pour refaire il faut du courage.
Penser se satisfaire de bien faire et d'avoir bien fait, n'est pas faire le bien.
Car, faire le bien, c'est de le recommencer, puisque le bien n'existe pas.
Pour qu'il existe, il faut le faire, puis lorsqu'il a été fait, le refaire, autrement, autrement bien.
Ne pas refaire la même chose, car, sinon ce serait de la mécanique, il n'y aurait plus de bienfaisance,
puisque le bien, il faut le créer, de toutes pièces.
Car, il n'existe pas, et il ne reste pas.
Pouvons nous, nous méfier, de penser faire le bien et qu'il est là, pour durer, pour toujours.
Non, le bien ne dure pas, il faut recommencer à faire le bien.
Si faire l'amour c'est déjà oublier ce que l'on a fait, c'est déjà le refaire pour faire l'amour,
puisque l'amour se défait dès qu'il a été fait. Et si c'était bien, il faut le refaire.
On dit bien, le mal est fait, car lorsque le mal est fait une fois, il est fait, lui, pour toujours.
Rien ne peut l'oublier, seulement le pardonner. Le mal se fait durablement.
Tandis que le bien est à recommencer.
Non pas pour prouver qu'il a bien été fait, mais pour éprouver le bien qu'il fait, car sans cela, on ne sait pas s'il fait du bien,
car le bien n'existe pas, il faut l'inventer au moment de le faire.
Et c'est de se sentir bien d'avoir fait le bien, que l'on peut espérer ne serait-ce qu'un fugace moment,
savourer la bonne chose, la chose bonne, ce qui est bien, ce qui pourrait même être mieux, que ce qui a été.
Ce serait bien quoi !
Recommencer, remettre à l'ouvrage l'expérience du bien, en espérant retrouver celui-ci et faire le bien, sans même le vouloir,
non pas comme il a déjà été fait, mais comme il se trouve se faire au moment où il se fait.
Courage.

Par kiwaïda at 23:25

22/08/2022

ł@ ℘ʟυṧ ßεʟłε ℘αґт ⅾ ℯʟ‷@ღøüя

soleil-sonia-2.jpg
Soleil intérieur (Photographie © Sonia Marques)

La plus belle part de l'amour.

Ici et maintenant, sans vouloir le lendemain, sans penser à hier, être dans l'instant, dans l'instant de l'instant, entre celui qui est et celui qui est en train d'être. Le donner.
Le temps d'y être et le donner.
Préférer l'autre, le lui donner, l'instant de l'instant pour soi, parti déjà vers l'autre.
Tout à soi étant donné à l'autre, tout à soi dont le temps était donné, s'enfuit déjà vers l'autre.
Se réveiller, en soi, à l'autre.
Le soleil intérieur, il grandi d'amour puisque sa place fut trop petite.
En donnant la sienne, son soleil brillait encore plus.
Puisqu'il n'avait plus de place, nul part, puisque résider était contempler ce que devenait l'autre à sa place.
Demeurer à l'endroit où sa place fut prise, c'était partir sans se sentir chasser, mais partir pour laisser sa place à l'autre.
C'était trouver ce soleil intérieur, l'infini égard, le retrait du savoir pour que l'ignorance sache à son tour.
La plus belle part de l'amour.

Par kiwaïda at 23:54

09/08/2022

ℊʟ@ї♥℮








Gloire : Photographies © Sonia Marques

Dans l'arène, le gladiateur romain vainqueur couvert de glaïeuls.
Force et victoire, fierté.

Les aïeuls, les aïeux.
Mes glaives, les gladius, mes glaïeuls.



Par kiwaïda at 13:43

14/07/2022

$Üℙ∃ℝ ℒÜℵ∃






















Le pique-assiette (de Grandville)



Photographies © Sonia Marques

*

La Lune était visible de 22 h 23 le 13 juillet à 4 h 52 du matin le 14 juillet, nommée : LA SUPERLUNE.

Les scientifiques deviennent sceptiques, voir s'amusent de ce superlatif et espèrent expliquer par des termes techniques, parfois un peu sans âme, que le commun du mortel, lorsqu'elle va se produire, cette Lune rose,  ne verra aucune différence entre la pleine lune habituelle et cette "Superlune", qu'elle ne sera pas une lune géante, pour nous simples observateurs...
Et pourtant... pourtant ce soir là, le 13 juillet, dans un axe Soleil en Cancer et Lune en Capricorne, les deux luminaires en face à face, assez beaux, nous pouvions déjà la voir surgir dans l'après-midi, puis les festivités. À l'origine, l'astrologue Richard Nolle en 1979 qui cherchait à lier les pleines lunes et les nouvelles lunes les plus proches de la Terre au cours de l'année avec des catastrophes naturelles, nomma la Superlune. Elle est plus grosse que les autres, la plus grande de l'année. La Nasa et les médias anglo-saxons, depuis une dizaine d'année utilisent ce superlatif, ce qui suscite un intérêt plus populaire de ce qu'il se passe dans le ciel, et fort heureusement, pensais-je. Les spectacles célestes, depuis la nuit des temps, c'est le cas de le dire, ou l'écrire, sont aussi des spectacles accessibles à tous. C'est évidemment ce qui occupe mon esprit : l'accès aux beautés. Depuis que je suis enfant, plus symboliquement, mon enfance fut marquée par l'observation, lorsque c'était possible, du ciel. Les artifices et ses festivités populaires étaient aussi un rituel formidable, artificiel n'est-ce pas, mais un rendez-vous accessible, que ne manquait pas ma mère de nous installer dans le petit balcon de ma chambre, ma sœur et moi, et avec elle s'exclamant de ce que nous offrait la municipalité, en regardant le ciel et le feu d'artifice. Serrées comme des sardines, parfois risqué pour le petit balcon, avec quelques coussins, mon père parfois montant nous sermonner, que cela n'était pas prudent, connaissant bien les constructions du bâtit, mais aussi surpris dès qu'un jet multicolore surplombait la scène, car il s'agit bien là de scénographies, chinoises. Ils étaient situés bien loin de nous, nous pouvions alors comprendre ce que la distance des points de vue, avec le ciel, et les artifices lancés par des artificiers depuis la terre, nous disposaient devant nos facultés : la terre, les étoiles, nous, étions à des distances astronomiques, et pourtant, nous pouvions "voir", il y avait là, le temps, lié à la distance, et donc au passé et à la mémoire. Nous pouvions aussi deviner, comme des devins, ce que l'avenir projetait, les étoiles étaient là et les astres se disposaient comme de merveilleux éléments naturels, nous laissant le champs inouï de nous sentir dépassés, infiniment humains, et incroyablement doués de perceptions, et de, de sensations, de mémoire, puisqu'aujourd'hui encore tout s'éclaire en observant le ciel. Souvent l'expression artistique de mes créations se résume à des contemplations, avec des médiums diversifiés.

Si ces premières peintures animées, qui deviendraient peu à peu nos virus et écrans de veille favoris, avec l'arrivée des ordinateurs familiaux sur le marché, dans les années 80-90, c'était tout simplement l'accès à la magie et l'éphémère, cette fugacité et ce bruit de tonnerre dans le ciel, oui un spectacle, alors que nous n'avions aucun outil, ni ordinateur, ni Intrenet, ni téléphone portable, ni... (ha oui ces réseaux sociaux, notre catastrophe écologique par encore déclarée...) Renouer, en 2022, si nous étions privés avec la pandémie de feux d'artifice depuis deux années, c'était renouer avec le populaire. Voir toutes ces personnes si différentes, les habitants que l'on côtoient sans se connaître, s'installer à côté de soi, de nous, de façon paisible, pour observer le ciel, ce spectacle fugace et tonitruant, ce que les humains ajoutent comme musiques et programment comme éclats différents, tout un art, du lâcher prise, très appréciable pour les plus pauvres mêlés aux plus aisés, quelle importance ! Le spectacle est le même. Lorsque les artifices disparaissent, le ciel est aussi le même pour tous.

La "superlune" n'est autre qu'une Pleine Lune de périgée. C'est-à-dire une Pleine Lune qui se produit lorsque notre satellite naturel est sur le point de son orbite le plus proche de la Terre (l'orbite de la Lune autour de la Terre est elliptique : il varie entre 356.000 kilomètres et 406.000 kilomètres). Elle peut apparaître 14 % plus grande qu'une Pleine Lune qui coïncide avec l'apogée. Mais cela reste assez petit dans le ciel et il n'est pas évident de pouvoir distinguer la différence.

Pourtant, ce soir, bien informée de ce spectacle naturel, et du feu d'artifice revenu cette année, j'ai prévenu mes proches. Et elle était effectivement, de notre point de vue, spectaculaire, bien plus grande que les autres et le ciel avait débuté son spectacle naturel, avec des cumulus de nuages impressionnants, doux et déployés en de larges traits pastels, ou de petits nuages détachés les uns des autres, mais bien groupés, solidaires, enfantins, espiègles, apportant des touches de blancs et de bleu, sur un ciel bien dégagé qui s'assombrit dans la soirée, jusqu'à devenir ténébreux, pour laisser la Superlune, en stars de la nuit, éminemment magique. Dans la nuit noire, entourée de voluptueux cotons noirs et blanchâtres ou grisâtres et bleutés, cette Superlune éclairait la peinture d'un ciel aquarelliste, immense au-dessus de nous. Marcher la nuit avec le guide de cette Lune Capricorne fut une boussole grandiose dans ces turpitudes et émotions qui traversaient la terre, tous ces êtres humains à festoyer et ressasser leurs soucis et caprices, regrets et espoirs. J'avais, à plusieurs reprises, devant mes yeux hypnotisés, des tableaux que mon nouvel appareil téléphonique saisissait à sa façon, avec peu de clairvoyance. J'aime jouer avec les outils et exprimer ma sensibilité à travers tout ce que je saisi, des clous, du scotch, des riens et des outils technologiques, des pierres ou des imitations de pierres, comme les plâtres que j'ai sculpté, de nuage-pierre, pour une chorégraphe allemande. Le côté grisâtre de l'image me faisait penser à la couverture d'un livre offert par mon amoureux à Noël, sachant que j'aimais beaucoup les gravures de Granville, il était présenté par Topor. Je filais sur ce souvenir de la couverture avec la grosse Lune, le feuilleter.

Première phrase en exergue que je note : "L'âme est quelque fois une pauvre province".

Les animaux de La Fontaine deviennent chez Granville des personnages connus du siècle présent. Il en réalise ainsi des gravures de la comédie moderne, grinçante, cadavériques, et d'humour caustique et d'une finesse, que l'on ne trouve plus, dans nos années, hélas, son comique de goût, révèlent les travers, encore de notre société. Je me suis réfugiée bien des fois à la collecte de ses gravures et lithographies qui exprimaient par leur desseins ce que je ne pouvais dire à celles et ceux qui m'opprimaient.

"Je vous connais de longtemps, mes amis, et tous deux vous paierez l'amende : car toi, loup, tu te plains, bien qu'on ne t'ait rien pris, et toi, renard, tu as pris ce que l'on te demande?"
(d'une citation d'un magistrat à un loup et un renard aux chapeaux défoncés se querellant... dans des guenilles pleines de vols)

Souvent, ces scènes sont des tribunes, des tribunaux, mais sont aussi situées dans la nature, la campagne profonde, les fruits et légumes et leurs pourrissements, forment le vocabulaire favoris de ce grand artiste (Jean-Jacques Grandville, pseudonyme de Jean Ignace Isidore Gérard, né le 13 septembre 1803 à Nancy et mort le 17 mars 1847 à Vanves, caricaturiste, illustrateur et lithographe français) C'est ainsi que la caricature, cet esprit français, m'a été rendu bien plus compréhensible, par l'art, que n'est aujourd'hui rendu la question de la "liberté d'expression" et la question épineuse des caricatures religieuses qui a focalisé nos drames épouvantables sur la question du "dessin", et donc, d'une certaine façon, une quasi habitude de censurer, ou d'éviter, d'éluder, tout ce qui est dessin (ce que j'aime réaliser) ou de l'enseigner, ou à l'inverse de n'utiliser le dessin que comme outil politique, ou d'expression journalistique, ce qui est encore, une restriction savante, qui a réprimé bien des professeurs dans cette catégorie, du dessin, sans l'orienter sur le politique. Depuis, la solution est d'éviter, mais aussi de préférer "la matière" ou "l'abstraction", ou tout concept assez éloigné de ce que l'on pourrait voir, sentir, ressentir, comme sentiment humain. L'humain n'étant plus une qualité très appréciable, lorsqu'il est capable d'atrocité de masse.

Pourtant... pourtant, comme la Superlune, l'humain est capable d'humanité, serions- nous aptes à la sauver ?


Par kiwaïda at 18:35

29/04/2022

ᒪᗝ♈ᘎᔕ ᔕᗩᑕᖇé


Photographies © Sonia Marques (juillet 2017)

⊹╰ (⌣ʟ⌣) ╯⊹

On se demanderait presque comment le lotus apparait
Des eaux profondes et boueuses
Donner au ciel une beauté inouïe
Se dresser hors de la noirceur de la vase
Pour témoigner de la pureté
Et puiser son élégance dans l'impur
Des eaux saumâtres
Attiré par la lumière sachant trouver la clarté
Se gorgeant de l'éveil et du ravissement
Dans l'attente de l'extinction du soleil
Pour se refermer la nuit et retourner sous la surface de l'eau
L'aube est son renouveau
Le lotus s'ouvre par enchantement
Sa tige prend racine dans l'ombre aquatique
Élance sa fleur et son éclat à la surface de l'eau
Majestueuse nature, miraculeux événement

L'expérience des tréfonds de l'eau se manifeste par ce paisible lotus
Les conditions de vie, de toutes natures, et de toutes ressources profondes et invisibles
Initient à cette plénitude espérée, impossible à nier
La fleur sereine

Par kiwaïda at 16:00

05/03/2022

ℯяґεʊяs


Gaston Bachelard (1961)

En ces temps de disette de la pensée... je relisais Bachelard... Et je trouvais son portrait photographique sympathique, j'ignore l'auteur de celui-ci, ou l'auteure, quoique c'est moins sûr. Il a accompagné sa fille Suzanne devenue philosophe également, peut-être l'a-t-elle photographié ?

Le sens du voyage imaginaire est très différent selon les divers poètes. Certains poètes se bornent à entraîner leurs lecteurs au pays du pittoresque. Ils veulent retrouver ailleurs ce qu'on voit tous les jours autour de soi. Ils chargent, ils surchargent de beauté la vie usuelle. Ne méprisons pas ce voyage au pays du réel qui divertit l'être à bon compte. Une réalité illuminée par un poète a du moins la nouveauté d'un nouvel éclairement. Parce que le poète nous découvre une nuance fugitive, nous apprenons à imaginer toute nuance comme un changement. Seule l'imagination peut voir les nuances, elle les saisit au passage d'une couleur à une autre. Dans ce vieux monde, il y a donc des fleurs qu'on avait mal vues. On les avait mal vues parce qu'on ne les avait pas vu changer de nuances. Fleurir, c'est déplacer des nuances, c'est toujours un mouvement nuancé. Qui suit dans son jardin toutes les fleurs qui s'ouvrent et se colorent a déjà mille modèles pour la dynamique des images.

Extrait dans son essais sur l'imagination du mouvement (1943)

Puis je pensais au biais de confirmation... un processus mental (neurosciences) que l'on peut retrouver en politique. Les lecteurs et lectrices recherchent plus de presse qui expriment des opinions en accord avec les leurs... Le philosophe Gaston Bachelard considérait que c'était un facteur d'inertie pour l'esprit. Se satisfaire de ce que l'on pense et ne pas y opposer de critique, d'opinion contraire aux nôtres, c'est se retrouver, incapable d'évolution spirituelle. "L'esprit scientifique se constitue comme un ensemble d'erreurs rectifiées" disait-il. Prouver ce que l'on croit, c'est être assuré de trouver des éléments de preuves, ou répondre aux critiques, ne peut favoriser "ce qui, dans l'esprit fait obstacle à la spiritualisation". S'ouvrir à la contradiction et tenter de récuser nos démonstrations, plutôt que de chercher à les confirmer, serait quelques pas vers la spiritualité...

"Il vient un temps où l'esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit. Alors l'instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s'arrête."

Et j'ajouterai pour faire un saut dans l'autre citation, dans un autre temps, du même philosophe, mais pour interroger ces jours :

"Dans ce vieux monde, il y a donc des fleurs qu'on avait mal vues."

Ces fleurs me manquent.

///

En 1938, il publie : La formation de l'esprit scientifique, extrait :

"Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain: c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire» mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation.

L'idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse. Mais devant le mystère du réel, l'âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors impossible de faire d'un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science, c'est, spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. "


et plus loin :


"L'opinion pense mal; elle ne pense pas: elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter."

Désirer savoir, pour mieux nous interroger ?

Par kiwaïda at 20:35

15/01/2022

$ṲИϟ€✞



























Photographies © Sonia Marques

*

La Diva, film de Jean-Jacques Beineix (1981) que j'ai adoré, la voix de la soprano Wilhelmenia Wiggins Fernandez est éblouissante, comme un coucher de soleil. Elle chante La Wally, un opéra en quatre actes (elle se déroule au Tyrol Autrichien) d'Alfredo Catalaniqui... L’histoire du film, met en scène un jeune postier fasciné par une diva qu’il enregistre à son insu et à laquelle il vole une robe lors d’un concert au Théâtre des Bouffes-du-Nord. Une intrigue sentimentale, policière assez marquante lorsque l'on n'a pas vingt ans, une expérience de différents domaines artistiques, et déjà l'idée de la copie et de l'original, de l'art inaccessible, de l'accès à ses émotions... intérieures.

Par kiwaïda at 20:53

18/09/2021

ℭυґ¢üя♭itA



La pauvreté a-t-elle toujours le visage de la misère ?


Lorsque des virus touchent la population, le monde, le virus le plus invisible, ne serait pas celui d'une seule pauvreté, mais des pauvretés. Différentes maladies, différents vaccins : différentes pauvretés.

Quel rapport avec des cucurbitacées et leurs fruits comestibles que j'admirais dans ce jardin de la mairie de ma ville ?
Il y a une manifestation réunissant des cuisiniers sur la thématique des arts de la table, à Limoges. Je pensais donc dans cette déambulation et mon plaisir à toucher les herbes de basilic et le nommé "Basilic opal" au parfum étonnant et au feuillage pourpre, à la culture, mais aussi à l'accès aux parfums, à la cuisine, et aux fruits dérobés de mes souvenirs sur les routes portugaises : la figue. Nous avions dégusté des bouchées délicieuses avec une demi-figue en dessert et une brandade de morue façon limousine, c'était trois fois rien, mais trois fois de souvenirs en plus.

Plus graves étaient mes pensées, dans ces moments de convivialité. Comment naissent les isolements, quand tout semble réussir partout. Où se cachent les isolés pour ne pas déranger et devenir les dérangés.

Les carences alimentaires impactent la santé, l'accès aux soins et aux vaccins sont déniés, même dans des sphères où elles devraient être pour tous. On évite de se faire soigner, on évite de se rendre aux urgences, on évite d'être fiché, non pas que la préférence de mourir serait la priorité, mais la préférence de ne pas être montré, ne pas être vu, ne pas rendre visible cette partie abjecte que montrent du doigt les ignorants, ce qui serait vu comme l'immonde, l'impropre, le sale.

Il est très rassurant pour des personnes qui possèdent de ficher celles qui ne possèdent pas, et il est très facile de le faire. Il est très facile de les empêcher de bénéficier d'un accompagnement de santé, pourtant, dans notre pays, c'est une priorité, l'accès aux soins, aux vaccins.
Il demeure une maltraitance, l'affaire de quelques-uns, quelques unes, imaginant déroger aux droits communs. Pourquoi ?
Peut-être que cela vient d'une culpabilité qui ronge la vie, celle d'avoir pris le bien d'autrui, ce qu'il ou elle a produit, de ses mains, avec sa pensée, ce qu'il ou elle a transmis. Afin de ne pas être démasqué, il faut trouver un ou une coupable et ce sera toujours la vie précaire. Car celles et ceux qui ont un mode de penser et vivre différent, n'ont pas le droit de continuer à exister, cela gène, pour une poignée d'ignorants. Sinon pourquoi, en pleine pandémie s'attaquer aux plus démunis ? Les circonscrire dans une case, afin qu'ils et elles ne puissent plus retrouver un travail ? Afin qu'ils et elles ne puissent plus dire leur vérité.

Les discours sur la pauvreté, permettent aussi de la tenir à l'écart, qu'elle ne fasse même pas partie de la société. Aucun enfant, aucun adolescent, aucun adulte, parmi ses semblables, alors on imagine qu'ils et elles pensent ainsi : ni mes enfants, ni mes cousins, cousines, ni mes grands-parents, ni mes collègues, ni les voisins et voisines, personne, ni ma femme, ni mon amoureux, ni la belle-famille, personne, ni même ces voisins qui crient sans cesse, certainement des ivrognes. Si les féminicides sont à présent plus médiatiques, il en est que les conditions de vie, bien avant les drames, ne sont pas assez visibles : la restriction, la coupure avec l'entourage, la famille, l'accès aux soins, l'éloignement, l'impasse sur les vacances, les loisirs, les repas en groupe, ne parlons même pas des réseaux sociaux, aucune femme ne crie son désespoir sur ces réseaux, avant le drame. Et quand elles écrivent, bien maladroitement, et sans aucune forme de courtoisie, il est bien trop tard, et la réception est si silencieuse qu'elle finie de sceller le musellement vers une inhumation ou une incinération, sans mot dire, sans maudire quiconque, sans aucune cérémonie, aux employeurs et collègues ignorants. Les discours sur la pauvreté permettent d'imaginer que la pauvreté est toujours tenue à distance, comme dans un camp imaginaire, où il y aurait des gens que l'on ne connait pas, sous la torture quotidienne, mais on ne sait où ils et elles vivent, ni qui les a enfermés, ignorés, déniés, tués. Et le deuil de la pauvreté, il n'est jamais fait.

Je ne puis faire le deuil de la pauvreté, même en vivant mieux qu'avant. L'expérience nous apprend que la pauvreté touche tout individu, parfois par surprise, mais elle ne devient vraiment pauvre, dans son esprit, si l'humanité que l'on a connue, nous a quittée. Les monstres qui se retrouvent aux tribunaux, malgré eux, à la places d'autres, ou à cause de leurs mauvais comportements et leurs crimes, s'ils ont tous une histoire, bien peu peuvent la raconter. Il est impossible pour un individu, qui s'est longtemps soumis au silence, car dominé, ou maltraité, de se révéler devant la justice des hommes, de s'exprimer. Il est impossible de parler lorsque les accusations proviennent du processus de la maltraitance. Le bout de la chaîne est un bout de malheur, qu'aucun autre bout de réussite ne veut croire : cela ne doit pas exister, sinon cela voudrait dire que celui celle qui juge n'a pas le droit de juger.

Nous avons toujours cette possibilité : celle de ne pas juger.

Se sauver de la pauvreté, c'est masquer même la sienne lorsque l'on a un emploi, lorsque l'on mange avec ses collègues, lorsque l'on s'efface si tout va mal et si la santé brise le continuum de la vie. À ce moment là, aucune solidarité, les collègues sont les premiers à ignorer la maladie de leurs comparses et leur isolement.

Si la moitié des français ne se cache plus pour savoir qu'une personne de leur entourage est confrontée à la pauvreté, selon un très récent sondage du Secours populaire, il y a dans l'autre moitié, toutes les personnes qui cachent leur pauvreté, leur situation. Ou bien, dans la première moitié qui sait, qu'un autre est pauvre, beaucoup ignorent ou dénient qu'ils sont aussi, pauvres. On peut montrer qui sont les pauvres, mais qui sont les pauvres d'esprit ? Celles et ceux qui font le malheur d'autrui et sans aucun problème de logement, ne seraient-ils, ou elles, pas les moins bien lotis ?  Les statistiques font l'impasse sur l'impacte psychologique de la pauvreté, lorsqu'un individu ne se trouve plus dans la détresse, et lorsqu'il l'était, il pouvait encore y échapper, tant les aides sociales, il peut les fuir, l'individu, qui veut échapper à la pauvreté. Et qui ose exprimer sa détresse ? Au bout de combien d'années ? Et est-ce qu'une détresse est écoutée, lue, vue, est-elle entendue ? C'est bien là toute la question, ne pas souhaiter tomber dans la pauvreté et y être totalement, ou y être familièrement habitué, échappe à toutes les statistiques sur la pauvreté. Survivre c'est encore échapper à la captation, à la domination, et afficher une joie de vivre, n'est pas forcément un gage de ne pas vivre dans une pauvreté. Peut-on mesurer l'indigence avec l'immatérialité devenue de nos manières de communiquer, d'échanger, de se nourrir, ou le refus d'un héritage empoisonnant, ou tant de situations, comme l'impression de vivre pleinement et bénéficier d'appuis de réseaux virtuels, peut aussi devenir la meilleure façade, celle admise pour une intégration réussie, afin de cacher une vie pauvre, ou, qui s'est appauvrie, d'une grande pauvreté. Les publicitaires ont toujours su utiliser la beauté de la jeunesse extrêmement pauvre, dans les modèles féminins dans le besoin, pour s'enrichir et produire en excès. Rien n'a changé. Si tout se contient à présent dans un téléphone, que penser de celles et ceux qui n'ont plus, n'ont jamais eu, n'auront jamais de téléphone, ou de celles et ceux qui ne savent pas les utiliser, n'ont jamais bénéficié de formation, changent de toit, d'adresse... Doit-on les classer dans les pauvres, si un pass sanitaire leur est difficilement accessible, alors même qu'ils sont vaccinés ? Le logement a toujours été le point culminant des discriminations sociales. Si un tiers des français a des difficultés à payer le loyer, toujours dans les statistiques récentes, posons-nous la question des deux tiers. Le logement est le dernier rempart contre la précarité. Posons-nous la question de pourquoi des personnes n'ont pas, ou n'ont jamais eu de mutuelle pour se soigner en France. Pourquoi son enfant ne trouve pas de travail, avec tant de qualité, pourquoi son parent n'a pas été soigné, pourquoi son amie ne parle plus, pourquoi en tant d'années, il n'y a plus jamais eu de retrouvailles, pourquoi une collègue s'est suicidée. Pourquoi personne ne dit rien à personne.

Il y a des choix de vie, qui s'effectuent en cachette. Vivre c'est pouvoir se nourrir, mais l'accès à une nourriture saine et des trois repas par jours devient un calcul mental pour beaucoup. Se cacher pour éviter les repas dans son travail, dans son école, se cacher pour éviter les voyages collectifs, se cacher pour éviter tout ce qui mettrait en péril, le peu, déjà calculé. Se cacher quand son toit tombe, se cacher quand son mari a pris tous les meubles, se cacher quand on sait que plus jamais une terrasse de café ne sera accessible, une fête, un saut dans une halle de marché. Sauter des repas, pour calculer comment terminer ses journées, se priver pour nourrir ses enfants, ses animaux de compagnie, les loger tant que l'on peut et longtemps, ainsi que les grand-parents, mais aussi, on l'oublie très vite, ne plus manger pour aider son parent, se priver pour qu'il évite de sombrer, ne pas prendre de place, penser sa vie dans une boîte à chaussure, où seuls se rassemblent des souvenirs heureux. Ces restrictions fondent un rythme de vie bien différent de celui proposé par notre société. Les injonctions de manger sain, de faire du sport, d'avoir des énergies pour se chauffer et savoir faire des économies d'énergie, étudier ou travailler, deviennent alors des discours très peu réalistes et si loin d'une vie précaire.

La vie psychique est touchée dans sa longévité, une vie de privation est aussi une vie qui pense et formule sa pensée, sa créativité très différemment. Les moyens de survie, dans un pays riche, deviennent des tactiques invisibles, à jamais tues. Les employeurs ont cette habitude, de penser avoir le pouvoir sur la production des personnes vivantes, des vies qu'ils et elles précarisent. Le salaire est impacté, les jugements sur les apparences et les modes de vie sont légion. Si la manière et la façon de penser des plus pauvres gêne, c'est qu'ils n'optent pas pour le même chemin. Dans la vie psychique, on sait qu'un être humain ne peut surmonter longtemps des privations et qu'il ne peut pas vivre s'il est tous les jours, des années, privé de plaisir, de désir, de sentiment de sécurité et donc d'espérance, pouvoir juste espérer, n'est pas possible, c'est ainsi que les statistiques s'analysent. Lorsque l'on ne sait pas si notre faim pourra être calmée, on ne sait même pas ce qu'est le plaisir à manger. Et pourtant, on se trompe encore sur ce qu'est la pauvreté, où sont les pauvres. Car savoir quels sont les mets et les herbes qui guérissent ou ceux qui calment la faim, pour nourrir une famille entière à peu de frais, c'est un savoir, c'est aussi une culture. Il est toujours très dangereux de croire qu'une vie sans accès à l'excès, est une vie pauvre et surtout liée à l'inculture. Ces inventions d'analyses peuvent nourrir des cabinets de psychologues, toujours pour celles et ceux qui ne sont pas pauvres, mais elles sont si éloignées des cultures et des savoirs transmis dans les familles modestes. Comme il existe une variété de basilic et des variétés d'usages, de goûts, selon les terres et les saisons et les coutumes, il existe des façons de se nourrir, dans la pénurie même. La culture se situe dans cette recherche, comme celle de cultiver son esprit, de miettes en cailloux, d'herbes en lettres, en livres trouvés, en textiles chinés. Se trouver face à des personnes très riches qui vous privent du sel de la vie, est la source de l'inculture.

Si l'idée de famille disparaît, qu'elle ne germe pas, si l'on ne peut se loger, ni se nourrir, fonder une famille devient une abstraction véhiculée par une norme sociale, où la charge des désorganisations revient à la mère. Et bien avant, la vie sexuelle n'a pas du tout celle que l'on peut lire ou voir pour faire acheter un produit devenu désirable, une vie culturelle vernie, ou entendue dans des milieux professionnels, que le commun des mortels ne connait pas. Ces modèles de vies sexuelles gâchées de gâchis permanent d'épuisement, d'insatiabilité, de dépenses ou de déchéances, ne sont même pas dans l'imaginaire de celui ou celle qui recherche sa nourriture, de façon plus ingénieuse, créative et riche de sens. Ce monde de la publicité a fait naître des monstres de parade, tristes à souhait, goulus et très mal en point. C'est à la jeunesse, éperdue de sens, de ne point désirer ce monde affiché comme réussite.
La question du plaisir et du désir est du même ordre. Les être désirants, les êtres désirés, les êtres exploités par le désir des autres, on retrouve ces mêmes clichés lorsqu'il est demandé de répondre sans cesse à une culture du désir des ignorants (dit aussi des dominants), et de leur désidératas.
Mais cette culture d'injonction n'est plus possible aujourd'hui. On ne peut pas adhérer à une culture qui exploite sans arrêt les plus démunis et se gausse de ses non-réussites.

Il y a des transformations car les peuples et habitants se sont déplacés, et sont amenés à se déplacer, déménager, changer de pays, travailler autrement, s'adapter (le verbe d'une intelligence de l'expérience) et donc des transformations de la pauvreté. Elle n'a plus le même visage. Sortir du déni d'être pauvre, serait, dans notre pays, le début de réflexions collectives sur le travail et l'économie.

Se sauver de la pauvreté, c'est masquer même la sienne lorsque l'on a un emploi, lorsque l'on mange avec ses collègues, lorsque l'on s'efface si tout va mal et si la santé brise le continuum de la vie. À ce moment là, aucune solidarité, les collègues sont les premiers à ignorer la maladie de leurs comparses et leur isolement, c'est le déni. En continuant à travailler lorsque l'on perd ses partenaires, on continue à concevoir le travail comme un mal, prisonniers du déni.

Se retirer de son métier, se retirer de ce que l'on sait encore faire, avec ses mains et sa pensée, se retirer du monde de celles et ceux qui dirigent et les mets à plat sans arrêt, est la meilleure manière de s'en sortir, encore. Le sentiment de sécurité, la bienveillance inconnue, quand elle n'existe pas, provoque des carences psychologiques, elles hypothèquent la santé, et bloquent tout avenir, toute participation à la vie d'une société.

Voir ses enfants malgré tout réussir des études est un bonheur inouï, lorsqu'une famille s'est privé toute une vie, et aussi malheureux, quand notre société ne reconnait pas celles et ceux qui persévèrent dans la difficulté et parfois les punis. Oui car la pauvreté n'a pas toujours le visage que la société souhaite qu'elle ait.

Les pauvres devaient être toujours serviles, aux tâches les plus ingrates, soumis au plafond de verre, ne jamais être vus, ne jamais être accompagnés, ne jamais fédérer, ne jamais prodiguer des méthodes, celles expérimentées pour survivre, ne jamais transmettre, et surtout, ne jamais être aimés. Mais aussi, toujours moches, incultes et ne pas savoir ni écrire, ni s'exprimer, ni se défendre, et dans les plus cruelles sphères, les pauvres puent. La cruauté n'a pas de frontière. De voir des ralliements aux plus cruels, c'est parcourir des années silencieuses mais riches, sur le discernement, sur l'attractivité, l'illusion, le pouvoir, les influences et l'aveuglement.

Hors, sur l'image que l'on se fait de la pauvreté, elle s'est faussée, et le fossé n'est point exagéré. Il se passe une transformation, celle de comprendre la privation comme un chemin qui attire la richesse spirituelle, une philosophie de vie qui mène à une capacité morale et psychique incroyablement forte. La solidarité est une notion qui disparait dans les sphères les plus égotistes et imbues d'elles-mêmes, mais qui trouve d'infinies ressources, dans nos sphères le plus communes.

La capacité de se mentir à soi-même, est celle la plus intégrée dans des milieux où l'on communique sur la richesse, la culture, les propriétés, le patrimoine. Il faut savoir faire ce pont incroyable entre vivre dans une précarité, et une pauvreté psychique et exercer un métier qui valorise la réussite, la richesse, la culture, les propriétés, le patrimoine.

Cet état de vie, de mensonges en permanence, crée une sorte de décalage cosmique. Il est impossible, pour un être humain, bien constitué de ne pas se trouver mal, dans son emploi qui lui demande de mentir sans cesse.

Se sentir mal, dans une insécurité permanente, la bonne santé donc, déniée, la maladie mise à distance, dans un camp, très loin, change le milieu, par force. Un milieu qui agit en groupe ainsi, est un milieu qui est voué à mal se comporter, mal vivre et à faire du mal, à tuer des vies, à participer d'une mort à petit feu, invisible, car les morts sont cachés et l'on cache les morts.

Alors ? Il faudra un jour ouvrir les yeux sur le visage de la pauvreté, non seulement le regard doit changer, mais la pensée aussi, car si les apparences sont trompeuses, les discours aussi.
Il y a des volontés, et des façons de vivre, qui n'intègrent pas ce que l'on doit absolument avoir pour en être.
Être en accord, c'est déjà ne plus avoir et savoir perdre.

La pauvreté, elle, elle n'aurait ainsi plus de honte à cacher son visage, car il n'y aurait là point de misère à montrer, même aux policiers, le vocable de sa vie précaire, est si riche, à la mesure de sa discrétion.

Il est chou d'être en vie pour l'écrire.

Être envie.

Sentir du bout des doigts, lorsque l'odorat est encore là, le basilic de différentes origines. Et le mangerico de Saint Antoine...

Le bonheur des fiancés, pauvres, d'un amour si riche, qu'il est resté à l'abri des publicités, un invendu.



Cette heureuse bénédiction, du savoir, devrait nous sortir des plaintes.


Ce regard offert est celui de la mise en confiance du regardant.


Ce regard offert est la confiance du regardant.

Et cette publication est l'engagement d'un soutien à toutes épreuves.

Cheminons sans manger de trop, sans grands espoirs non plus, chaque fin de journée est une réussite.
Une frugalité.


Photographies © SM & JD


Par kiwaïda at 16:23

30/05/2021

♭øη♄εʊя



Le bonheur n'existe pas, pensais-je, en faisant autre chose que penser.

Baloo dit, il en faut peu pour être heureux, dans Le livre de la jungle de Disney… The Bare Necessities, nous sommes dans les années 68…
Inventer des besoins pour des personnes qui n'ont pas ces besoins, telle est la société de consommation…

Autre dimension, un poème, celui de Rudyart Kipling (If) publié en 1910.

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,




Alors le bonheur n'existe pas, pensais-je.
Si celui-ci est approché, ce n'est que dans le bruissement du malheur qu'il devient vrai.
Connais-tu le bonheur ? Seulement si je m’efforce de le voir devant moi ou si je le perçois autour de moi. Ce sont les choses et les évènements, les infimes sensations, que je peux percevoir, et pas forcément en sollicitant la vue seule, qui sont indiciels de bonheur. Mais le bonheur n'existe pas, il existe pour vendre un produit, un séjour en vacances, un standing de vie, un don déculpabilisant pour les plus démunis…

Non le bonheur ne s'apprécie qu'au détour d'un malheur, mais longtemps après. Et c'est une profonde sensation éphémère, mais que l'on peut prolonger en y travaillant un peu. Le travail est aussi un éventuel bonheur, tout dépend de la valeur et du sens que l'on peut y percevoir, sans retour sur investissement. Gestes et pensées alliées et fatigues saines, tant de choses. Les addictions ne sont pas sources de bonheur, mais un enivrement, l'anesthésie du bonheur.

Baloo avec ses bananes, il fait la planche sur le dos, car il en faut peu pour être heureux. C'est une image du bonheur et l'enfance a l'art, comme les animaux que je connais, de s'approcher de ce bonheur et des bananes, sans les compter. Se focaliser sur une saleté quand on a tout ce qu'il nous faut autour, en demander toujours plus aux autres, qu'ils ne peuvent donner, alors que nous n'avons pas besoin de le faire.

Les miettes sont-elles pour les Dieux ou pour les morts ? S'il ne faut pas les ramasser. C'est tout simplement que ce qui tombe à terre était considéré comme source de contamination et que l'éducation forme à ne pas manger ce qui est tombé à terre.
Il en est que laisser les choses qui tombent et ne pas les ramasser, c'est prendre la mesure de ce qui est et devait être. Oui, on jettera les pots cassés dans les poubelles appropriées, on nettoiera le sol maculé de grenade ou de fruits de la passion, pour y circuler de nouveau sans glisser, mais ce n'est pas grave. La perte et la saleté sont nécessaires au laisser tomber. Il faut perdre pour gagner. Et lorsque l'on doit se nourrir, sans rien avoir depuis des jours et des nuits, alors ramasser les miettes, les Dieux et les morts, nous les donnent volontiers. Puisque celui ou celle qui a laissé tomber, laisse tomber pour autrui.

Jamais notre vie intrinsèque, chaque organe, ne nous envoie un message en nous informant : je vais bien, de sorte que nous n'allons jamais bien, même quand tout va bien parce que nous sommes envahis par des messages qui nous signalent que tout va mal et que ce que l'on fait n'est jamais assez. Les objectifs ne sont jamais atteints et pourtant, dans la vérité du moment, à l'instant même où tout va mal : nous allons très bien par ailleurs. Comme la douleur est la plus ressentie, nous pensons ne pas aller bien. Dans l'idée du carpe diem, quand tout arrive d'un coup, un tas de difficultés, le carpe diem sort une carte intéressante : tout est là, chaque chose qui se présente est une occasion de vivre vraiment.

Souvent je me dis que résoudre, cela nécessite pas mal de ressources, chaque jour, des problèmes surviennent mais s'il n'y pas de force, les problèmes se résolvent, car les choses arrivent toutes. Les laisser passer résout beaucoup de problèmes, non pas que l'on s'absente, mais au contraire, que l'on soit aussi présent que les choses, elles ne sont pas subies mais vécues, elles sont.

Le bonheur n'existe pas, s'il est toujours à venir, alors il ne sera.
S'il se présente, on ne l'a pas souhaité.
Mais que fais-tu bonheur ?
Je ne t'ai pas invité aujourd'hui !
Autre chose : ne pas accueillir le bonheur lorsqu'il se présente c'est fermer la possibilité qu'il revienne.
Alors on l'installe quelque part,

on lui sert un café et on le regarde,
il n'est pas heureux le bonheur,
il a plein de choses à raconter tristes,
et pourtant c'est le bonheur qui est là,
c'est d'être vivant que de le percevoir,
et puis il s'oublie,
rien ne le remplace,
la nostalgie prend sa place,
mais non il ne partira jamais,
puisque les êtres et la nature,
ce que l’artificiel fait de mieux,
tout est là,
surtout,
ne jamais le toucher,
le bonheur, il n'existe pas.

Par kiwaïda at 02:02

17/03/2021

℃ϴЇИ ℃☮Їℵ



Cabane revisitée par mes soins, du film musical français Peau d'âne, écrit et réalisé par Jacques Demy, sorti en 1970, inspiré du conte Peau d'Âne de Charles Perrault...

La confection du nous et sa trahison


- Quelle est la partie que tu préfères dans ta maison ?
- C'est le coin.

- Le petit coin ?

- Non je suis confiné, et je suis un coin-coin.

Quelle serait la plus belle forme de soulagement lorsque la pression sociale fut contraignante, que celle, un peu taboue, du confinement ? Lorsque l'éventail d'interaction soumettait les résistants à une trop grande sollicitation des sens, jusqu'à l'épuisement. Le relâchement n'est pas lâche mais un retranchement dans sa cabane, dans son coin, merveilleux. Même s'il n'est que le petit coin, comme la punition des ânes, il est parfois celui de la paix. Subir un entre-soi et d'un seul coup découvrir son coin à soi, peut être une véritable libération, coupé du monde, avec des ustensiles qui ne marchent pas, aborder un temps qui n'existait pas, celui de la poussière qui s'installe, des saisons qui passent alors que l'on s'habille toujours pareil, oublier que déjà Noël arrive bientôt, ou bien qu'il est déjà passé et que son sapin est encore là, comme si le merveilleux s'éternisait, ou que le père-Noël était encore attendu, ou les cadeaux... Faire durer les meilleurs vœux alors qu'une nouvelle année ne parvient pas à effacer les autres, ou que l'année passée n'en fini jamais.  Alors il n'y a plus d'avenir ? N'était-ce pas l'adage des punks : Fuck the futur ? N'est-il pas si étrange de voir que tous les déclarés punk sont les plus peureux aux confinement ? Et que l'avenir construisait leur rébellion. Si plus possible d'imaginer contre quoi se rebeller, alors un punk est-il toujours un punk ? Ou n'est-il pas encore sorti de sa peau-d'âne, et traîne-t-il son malheur, alors qu'il pourrait en faire un merveilleux quelque chose...
Coin-coin est entré en cabane...


Trahir, toute une culture, rien d'exceptionnel.
Dans certaines contrées, la trahison est le principe même du pouvoir, il faut confectionner un "nous", fidéliser ses apôtres, puis les trahir afin d'envisager de prendre la pouvoir, la tête d'une autre contrée. Cette figure traitresse arbore toutes les facettes de l'escroc, la balance, le "collabo", la girouette (le masculin de "collabo" est évidemment à formuler également au féminin) et parsème les contes et mythes et récits religieux, ou bien, elle agence les scénarios filmiques, ou de grandes peintures et fresques, ou encore, dans les moindres informations, et commentaires, partout, cette figure s'immisce comme un filigrane de nos mœurs humaines.
Dans les moindres recoins...
Les romans abordent la trahison sous des formes différentes, l'infidélité, l'adultère, l'espionnage, la mutinerie, le sabotage, le chantage, le fait de fayoter ou colporter de mauvaises rumeurs, la dénonciation, le retournement de veste, en politique c'est un peu la règle, jusqu'aux modes sociales : faire la grève, briser la grève, occuper et bloquer des lieux, se réapproprier l'argent des autres pour en faire son propre butin, mentir sur son statut social, c'est le plus fréquent : manifester au nom des précaires et s'asseoir sur l'accumulation de richesses qui appartient aux dons des pauvres.
La trahison c'est aussi prendre le costume de l'indigence, se maquiller en mendiant et rentrer chaque soir dans sa demeure chauffée, avec un emploi à vie, ou sans emploi, mais avec un revenu, ou abrité par ses familles, son mari, sa femme, son parti politique, son mécène, etc.
La peau d'âne, c'est un costume pour se sauver de l'inceste, entre un père et sa fille, c'est trahir le père et les villageois pour se cacher dans une chaumière en laideron, alors que l'on est une princesse.
Mille et une façon de trahir les siens.
De toutes les manières, la trahison est une opposition (visible ou invisible) au "nous". C'est un moment de différenciation. La pire trahison est d'avoir construit le "nous", d'avoir soumis les membres du "nous" à soi, et de les laisser, de s'évader de ce "nous" construit, pour conquérir un autre lieu, une autre ville, une autre société, et recommencer le même schéma sectaire : la fabrique du "nous". C'est une manière de rendre fou. La sidération fait ainsi table rase de ce qui faisait le "nous", en l'implosant.
Dans ce "nous", la loyauté exigée, le dévouement, les motifs de sincérité, peuvent être aveugles à la traîtrise engagée. Le travail du lien est le seul travail expérimenté, chaque jour, la règle est de confirmer et sédimenter ce lien, avec toutes les parties du nous, jusqu'à parfois en perdre toute connexion avec la réalité. C'est le principe des sectes. Lorsque le gourou s'en va, ou est déchu, les membres perdent tous repères. La personne que l’on trompe sans qu’elle en ait le moindre soupçon n’est qu’une dupe : elle ne se sentira trahie que le jour où elle en prendra connaissance. Ainsi la connaissance est fondamentale pour avoir accès aux actes de trahisons et aux personnes qui trahissent. Sans cela, un groupe, peut rester très longtemps dans la duperie, tous dupes, mais jamais trahis. Ce n'est qu'en connaissance des actes de trahisons et de qui fut traître, que les dupes deviennent des trahis.
La trahison a toujours un point d'appui, et c'est dans une relation triangulaire qu'elle se joue. C'est par rapport à un autre, étranger, que le pacte entre 2 entités se brise. Pour aller vers cet étranger.
La trahison est une séparation, il y a du mensonge dans l'air, de la faute, du secret, de la manipulation. Tout lapsus, actes manqués, signes du corps peu trahir une personne, de ce qu'elle a enfoui et de ce qu'elle se cache à elle-même. À son insu, ces signes arrivent, parfois aux yeux de tous, sans que ces yeux de tous ne puissent jamais dire ou réagir, c'est parfois sidérant : cette personne a fait cela, sans même qu'elle ne sache bien ce qu'elle a fait, sans même savoir qu'elle a trahi : elle s'est trahie ou elle a trahi les siens.
Aussi : elle s'est trompée elle-même, ou elle a trompé les autres, le sachant ou sans le vouloir. La configuration est toujours avec un tiers. Sont sacrifiés les intérêts du "nous" pour le tiers, le troisième larron, fait tourner à son avantage, la dualité supposée entre 2 parties.
Après on ne peut pas comparer la petite balance d'un jeu de bille à un déserteur lors d'une guerre. Pourtant, dans les écoles, il y a un jeu qui est extrême et mortel : le harcèlement moral, ou sexuel. La trahison est jouée par toutes les parties de l'école, en défaveur de la cible. Souvent un ami, une amie, va être le vecteur, puisque la fidélité crée un lien intime, et sera le déclencheur de la trahison en allant vers un tiers et en commençant la danse de la mauvaise rumeur, sur des éléments intimes d'une relation d'amitié (ou amoureuse) cela dégénère en complices et dupes et harcèlement totalitaire. Il n'y a pas assez tôt d'arrêt, car toute l'école est dans un mouvement de dupes. La trahison n'est ni nommée, ni révélée, car c'est dans un "nous" de dupes, que ce jeu mortel choisi une cible, afin de l'exclure du grand "nous".
L'escroc, est un ou une as de ces jeux de trahisons. Il a l'art, ou elle a l'art du déplacement. Il faut fuir avant d'être trahi, ou bien avant que les dupés ne comprennent qu'ils furent trahis. Lorsque l'on laisse une grosse ardoise (matérielle et/ou psychique) et que l'on a un peu de pouvoir ailleurs, d’intérêt, on file se cacher, là où d'autres dupes ou traîtres peaufinent leurs plans ennemis. Parfois c'est en parcourant depuis des années, les ardoises laissées, que l'on parvient à saisir l'escroc. Il connaît les failles et s'immisce dans la crédulité la plus vilaine.
Pauvre d'esprit, sans expérience et désireux de gagner en jalons ? Qui veut bien croire qu'il gagnerait dans la confiance d'une personne de pouvoir, s'il ne savait pas qu'il est le seul à croire à ce pouvoir ? Il ne le sait pas.
L'exemple le plus simple est celui de l'administration. La personne, ou les personnes qui décident de révéler publiquement un dysfonctionnement, (on parle aussi de « lanceurs d’alerte ») sont perçus comme des traîtres. Ce "nous" percevra que se sont celles et ceux qui ont vendu la mèche. Dans la grande majorité de ces cas, ils sont licenciés ou démis de leurs fonctions, quand ils ne sont pas harcelés par ceux qui les emploient. C'est pour cela que les administrations sont pourvoyeuses de harcèlements, elles sont soumises au secret discrétionnaire. Les directions changent et sont déplacées ou interverties, mais restent dans la même administration, et recommencent les harcèlements, puisqu'elles n'ont jamais été arrêtées, mais déplacées. Les personnes qui révèlent des dysfonctionnements et s'enfuient dans d'autres régions ou pays, sont considérés comme des traîtres, et ne peuvent jamais revenir au point de départ. La fuite peut durer toute une vie. Il y a des lanceurs d'alertes qui doivent se cacher toute leur vie.
Lorsqu'est révélé un viol, un inceste un abus sexuel de toute nature, est brisé le pacte du "nous", le couple, le groupe, la famille, l'école, l'administration, l'entreprise, la tribu, la nation, parfois le pays, et est répudiée la personne qui a révélé l'acte illégal ou criminel. Ainsi la peur de révéler, d'être exclu ou banni d'une société, est un frein à l'émancipation de pratiques illégales dans un groupe, une famille, une école, une institution, une entreprise.

Parfois endosser la peau d'âne est un costume qui ne dure pas, juste le temps de grandir un peu. Et éventuellement apprendre à faire des gâteaux dans une mansarde…

Il existe aussi le dissident, qui a trahi le "nous" et qui est réintégré, ou réhabilité. Car sa parole a fait évoluer le groupe, et a eu des échos à travers d'autres groupes. Dans le couple, il y a des révélations d'infidélité au dénouement positif, car est révélé un problème de couple, mais dans la majorité des cas, c'est cette trahison qui défini le contentieux et brise le pacte de mariage ou d'union intime entre les amoureux. Le ou la dissidente a exposé un problème, qui est rencontré partout, similaire. Cela oblige le "nous" du départ à revoir sa copie, au risque que ce "nous" se délite et disparaisse : c'est-à-dire, au risque que le groupe, l'institution, la famille, ne subsiste plus à la pression de son exposition, de ses délits.
Il y a aussi l'invention du traître, ou de la traite, ce qui créé l'unité, comme le bouc émissaire, d'un groupe. Car tant que ce traître est ciblé, ou une traîtresse, tout idée de conflit au sein du groupe est occulté. C'est l'effet magique du "tout va bien", ou "on est les champions". L'unité d'un groupe, surtout lorsque ses membres sont en conflit permanent, cibler une personne traître, permet d'éviter d'aborder les conflits interactionnels. Tout est déposé sur la personne traître, même les pires fraudes et délits. Cette invention de toute pièce permet de masquer les véritables responsabilités, et évite ainsi aux responsables de s'expliquer, puisque la personne traître est désignée par le groupe. Le traître (comme le bouc émissaire) incarne l'ennemi sans visage, car le plus souvent, la personne désignée n'a même pas besoin d'être présente (elle est toujours absente de réunion) ni même d'apparaître. C'est son absence qui fait objet de réunion et de délations. Le groupe se réuni et se focalise sur cette passion : désigner le bouc émissaire qui portera toutes les passions négatives du groupe. On comprend bien que les formes de harcèlements agissent dans ce sens et sont mortelles. Souvent un groupe qui n'a aucun pouvoir, ni aucune qualité ou compétence, va devoir désigner un traître, un bouc émissaire, pour se donner toutes les compétence et qualités volée à cette personne désignée. Afin que persiste ce groupe, si le traître n'existe plus (est licencié, disparaît, se suicide, est tué) et que persiste ce groupe, un autre traître lui succédera, et tous les membres du groupe le sachant, vont à leur tour trouver le plus rapidement possible la personne, à un moment donné, ou celle-ci porte une marque, une différence. Un premier va harceler une personne, et tous les membres vont s'y mettre de plus bel, de peur de subir le même destin que la personne traître du passé. Comme un fantôme du passé, celui-ci s'ajoute à d'autres, qui hantent le groupe, les familles, les institutions, les pays. Parfois, des personnes qui rentrent dans un espace pour la première fois, visitent une maison, sont capables de ressentir si elle est hantée, si l'entreprise est murée dans le silence, si l'institution fonctionne ou fait semblant de fonctionner. Un étranger à une famille dysfonctionnelle peu sentir, dès sa première fois, s'il sera intégré ou rejeté, si le climat est celui de taiseurs ou s'il y a des cadavres cachés. Mais généralement, cette première impression disparaît, car la loi du groupe est la plus forte. C'est lors des premiers accidents que la première impression refait surface, à moins que la place soit trouvée, ou à prendre, de sa participation à maquiller les crimes, du passé et ceux à venir. La systémie est telle, que cela peut se répéter de génération en génération, de promotion en promotion. Car se sont bien des modèles de fabrique du "nous".
Les scènes recèlent et les coins révèlent.
La poussière se niche dans les coins. Car elle est en suspension et entraînée par les courants d’air chaud qui montent au centre des pièces. Ces courants atteignent le plafond et retombent le long des murs, où il fait plus froid. Lors de la descente, les particules de poussière se collent sur les murs et papiers peints puis se déposent sur les armoires ou tombent au pied du mur. Les élevages de moutons ne sont pas des surprises. Quand bien même pour masquer quelque chose, le ménage est fait de fond en comble. C'est bien dans les hôpitaux où se nichent nombre de maladies, et où le ménage et l'aspect propre et clinique est de mise. Les appartements témoins sont impersonnels et les hôtels, même si cela change ne doivent avoir aucune marque, rien de personnel. Ce qui est personnel est dérangeant. Cela trahi quelque chose.


- Qu"est-ce que tu fais dans ton coin tout seul ?
- Où avais-tu disparu, je t'ai cherché et ne t'ai point trouvé ?
- Ne reste pas dans ton coin tout seul.
- Tu m'en bouches un coin ! Je ne savais pas tout cela !

Parti bouder dans son coin...

Empêcher de parler, est à l'origine du mot "coin" car la bouche était désignée par un de ses coins, un angle rentrant à la jonction des lèvres.

Parti dans son coin de paradis.

D'ici j'aperçois déjà un coin de ciel bleu.

J'ai ce petit sourire en coin, qui en dit long.

Malgré ce confinement, au coin du feu, de mon écran, je me réchauffe en pensant à toi.



Par kiwaïda at 23:58

18/02/2021

∀ ℳṲḎ€



mude2.jpg
Fotografías © Sónia Marquès

a muda

no meu país professora e desempregado 
sofri um interrogatório sobre a minha vida privada 
sem ninguém para proteger-me 
sem advogado 
sem ter sido avisada

representantes do estado enviaram-me à polícia
seguidamente fui tomada em fotografia como uma criminosa 
para um ficheiro não sei onde 

desde não durmo mais
ou durmo-me demasiado 
vivo em terror 
sinto-me ameaçado de morte 

e estes ataques vêm de representantes da cultura
mas que são, quem são eles ? 
por fazerem isso ?

à quantos inocentes fazem aquilo?
tenho medo todo o tempo 
não posso contar à ninguém 
tenho este blog 
por isso deixo cair essas dores aqui

não me sinto bem no meu país
observo uma sensação
de um linchamento permanente
sobre outras pessoas também
vejo todas aqueles que sabem e calam-se
faz muita pressão 

então o que escrevo para vós
endereço-o por primeiro a mim mesma
a muda e vossa língua 
pensando que eles não me punirão 
por escrever para você
porque não compreendem a nossa língua 
a língua dos inocentes 

o que é cultura ?

uma pergunta cada dia renovada
ao prisma das minhas origens 
você que está aí 
você que não teve as palavras

você que sabe gritar e rir
você que teve a cultura
mim que está em outro lá
onde a cultura mostra-se com milhões 
mim que é desempregado 
depois de ter passado minha vida 
aprendendo e ensinando aos outros 

sempre estranhos para si

quem sou eu para estar assim tão longe
da cultura que você me deixou aprender 
aprender na solidão 
aprender com solicitude 
aprender sem ser forçada a nunca 
aprender olhando para si

ser privado da palavra
às vezes da escuta 
não poder ser entendido 
mas ser presente ao mundo 
vê-lo enquanto nos sentamos
passar por si sem vos ver

somos mudos
mas somos a cultura 

havia nada, eles diziam ?
havia todo 

Par kiwaïda at 22:10

12/02/2021

☮ℭÉѦℵiℚṲ∃

Voyage sous la mer
Alexandre le Grand
1300-1325, enluminure sur parchemin
tirée du Roman d’Alexandre.

*

Je regardais cette enluminure d'Alexandre le Grand, "Voyage sous la mer", et je pensais au retour à la mer, à la mère, à l'origine, à la fois impossible, qu'évoque cette gravure, folle, comme lorsque l'on jette une bouteille à la mer, à la mère donc.

Différents mots me venaient à l'esprit, non sans humour et aussi gravité, tant la chose, parfois, s'illustre et trouve les mots dont l'esprit manque, justement.

Cloaque, comme un retour au cloaque.
Le cloaque est le lieu destiné à recevoir les immondices, les eaux usées. Nommé aussi "Cloaca".
Mais c'est aussi l'ouverture postérieure qui sert de seul orifice pour les voies intestinales, urinaires et génitales, de certaines espèces animales.
Dans mon observation éthologique, les oiseaux ont cette particularité. Qui de l’œuf et la poule, fut le premier, la première ?

Voici comment Freud arrive, avec ses grandes lunettes historiques et me rappelle sa réflexion, sur ce retour in utero. J'y viens, j'y viens, car, à la base, cet article, devait parcourir l'océanique. Comme c'est impossible, je fais l'expérience du manque et de la perte, comme dans certains de mes écrits, et donc, le désir advient toujours lorsque l'on fait la demande. Je pars en quête... Enquête...

Freud pensait à peu près ceci : quand la mère ou le sein ne répondent plus à l’appel du nourrisson. L’espace laissé vacant par la mère est rempli par la demande adressée au père. Et le père devra ainsi sauver l’enfant de l’appel vers le maternel, de ce retour in utero qui représente l’aspiration de fusion avec le tout, mais aussi l’annulation du sujet en tant que tel. Le père empêche, en quelque sorte, que le négatif maternel et les forces délirantes, expressions de la pulsion de mort, ne prévalent.

Je pensais ces temps-ci au sauvetage par le père. Les actualités françaises nous engloutissent, de l'inceste à la pédophilie, aux viols répétés, aucun père pour nous sauver, lorsque l'on se noie.
Ou, dans un autre registre, vous souhaitiez ne pas être re-confinés, vous ne serez pas re-confinés, dit la mère. Et les enfants paniqués, ne savent plus quoi faire, il n'y a plus d'interdit ?
Ce retour au cloaque, propice à la permissivité des pervers et du tout fusionnel, fait poindre des injonctions paradoxales, et des formes d'abandons inattendues.

On entend déjà : Nous laisser dans ce "foutraque", pas question : re-confinez-nous ! Et d'urgence (du jour au lendemain)
De la folie douce à la folie, les "gens" ne savent plus à quel saint se vouer... Et quel sein !

Pourtant, il est bien un nom qui sauve : le nom du père.

Dans mon expérience personnelle, le nom du père fut très important, d'autant plus qu'il y est question de "limites", de "marques" dans son étymologie même, de frontières.

Je porte le nom de mon père. Dans les traditions portugaises, ou espagnoles, on porte souvent toute une lignée, maternelle et paternelle. C'est un peu sa barque, ou son navire, parfois, il reste un petit bateau qui a traversé bien des mers, que dis-je, des mères !

Que je reprenne ma partie d'un tout. L'espace illimité que constitue un retour à l'indifférenciation, et je pense à Nadir, l'artiste portugais et ses dessins à la ligne, superbes, d'une architecture dynamique, nommés, je crois, "espaces illimités". J'ai vu ses céramiques dans le métro lisboète.. Je m'égare, quoique.

Donc cet espace qui annule les limites, où la confusion des corps, règne, cet espèce de fantasme originaire, cette régression au prégénital et à l'incestueux, c'est aussi s'annuler soi-même, au profit de la fusion, l'illusion de ne faire qu'un avec l'autre. Lorsque l'on est amoureux, on perçoit ce sentiment, quasi océanique, mais le percevoir encore adolescent ou enfant… C'est que le père s'est fait la malle…

Dans une certaine mystique, les extatiques font l'expérience du vide et du plein, puisque tout est perdu, il faut rechercher un dieu à aimer, mais parfois, ils se perdent pour toujours.

Et l'enfant a mal. Partout l'enfant s'efface, on se demande même, dans les cas de dénis très avancés : mais comment a-t-il mal, l'enfant, puisqu'on ne l'entend pas, mais on lui permet tout. Et pourquoi tout ce temps sans rien dire, ni maudire. Sans mot dire.
Indécence de la surpuissance du déni, ce que l'on entend, c'est le poids de l'écrasement de toutes ces feuilles mortes, lettres mortes, adressées pourtant, mais jamais lues. Peut-être cette société ne sait plus lire. Elle n'écrit d'ailleurs plus, elle martèle, elle tape aveuglément, de poings levés, leurres de revendications, pendant qu'elle écrase de ses maladroites lois, dont les applications durent une éternité, enjoignent les victimes à mourir précocement.

Dans certains milieux, je peux remarquer, que les limites font peur, que toute idée d'interdit, angoisse. C'est que l'interdit est resté tabou. C'est une problématique, qui n'est pas encore bien digérée, dans la société française et dans ce qu'elle a institué de culturel. Se subordonner à l'instituel, en écartant le cultuel, toute foi en un autre dieu.
Pas facile de croire en ces systèmes vicieux, percés à jour. Les rayons de lumière sont violents : vous étiez niais, vous étiez naïfs, vous avez cru à tout ce qui était scandé, toutes les manifestations, vous y avez cru ? Que c'est épuisant ces fornications en tous sens, cachés puis jetées en pâture à la vue de tous les petits restés petits. Ce que vous voyez est un tableau de Jerôme Bosh, le primitif flamand.  Oui je sais, je suis un peu dans cette période, entre 1300 et 1500. Bon, reprenons : "Le jardin des délices" ? ou "Ecce Homo" ? Non, moi je suis un peu dans le "Chariot de foin", c'est l'effet cuniculture ;.)
Les petits pleurent et personne pour les consoler : débrouillez-vous avec vos salades ! Déclarent toutes les institutions, tous à la justice et à la prison.  Plus de place : Et bien restez confinés, tous, et ne sortez plus, tapez-vous dessus et qu'on ne vous entende plus jamais, ne faite pas de bruit quand vous faites mal.
C'est surtout cela l'insupportable, avant il y avait encore des murs... À présent, il y a les réseaux sociaux... Tous parqués dans des petits groupuscules, des communautés, avec des pseudonymes, et des adorations d'un dixième de seconde, j'aime, j'aime pas, je te déteste, je t'adore, je suis solidaire, je te supprime (n'avais-je pas réalisé un catalogue sur la miniaturisation des icônes, aucun hasard à ce qu'il fut pensé dans la cité angevine...)

Finalement, le harcèlement, c'est simple, à portée de tous, d'un simple clic. Les pétitions ne sont écrites aujourd'hui, qu'à partir de rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux, elles n'ont aucune incidence sur la transformation de notre société, même si sont espérées des révolutions avec des hashtags fantomatiques, des hologrammes de révoltes.

L'interdit est tabou. Est-ce que tout est permis ? Non, seuls les secrets sont des leurres, afin de masquer le secret du tabou. Ainsi, l'idée des masques, de papier, de tissus, de protection, afin d'éviter toute contamination, est un leurre de plus. Le virus n'est jamais identifié, il fait peur et empêche de faire circuler les vérités individuelles.

La mer toujours recommencée, le manque de mère, l'acceptation de la perte :

Dans tout sujet narcissique, il y a l'insupportable, c'est-à-dire : le manque.
L'altérité, ce qui différencie, n'est pas supportable.
On retrouve, dans les dénis, cet impossible "pensé" de l'incomplétude première.
Rejeter ce qui est différent, jusqu'à violenter, tout ce qui rappelle cet éden, ce paradis perdu.

Si l'être humain se résout à avoir perdu ce bonheur premier, il accède alors au manque, et donc au désir. Ce qui est fendu et défendu, si on emprunte cette fois-ci le langage Lacanien, c'est l'accès au fantasme et au désir : la fente.

Le sujet narcissique, adulte, ne supporte pas le manque, puisqu'il fut rempli et se trouve insatiable. Le refus de perdre peut recourir à différentes perversions.

Dans celles-ci, on trouve la dépendance à l'objet. L'institution maternante, ici, se structure ainsi, elle surestime celles et ceux qui en sortent. Ceux-ci ne peuvent se dé-liaiser de ce narcissisme déposé. L'institution possède les qualités qu'elle a volé aux artistes, qu'elle n'a fait qu'exposer sans arrêt. Sans ces formes d'expositions, peu survivent ensuite. À moins d'un récit d'individuation, des formes d'autonomies sans subventions, ni références, ce qui peut permettre d'accepter la perte et d'accéder aux désirs, aux projets.

On entend ces cris, des artistes qui ne peuvent pas vivre sans exposition. Il y a là, quand on les entend bien, un cri du miroir, ils sont à l'agonie face au "non", à cet interdit, qu'ils n'ont jamais éprouvés.

Ce que ne supportent pas les pathologies narcissiques, c'est de se retrouver face à l'altérité, l'autre les renvoie à une possibilité de finitude, ils sont dans une destructivité envieuse, quasi morbide : violenter la différence.

Dans notre monde, en ce moment, il faut absolument trouver des coupables, et se mettre dans le camp des "sans soucis", de celles et ceux qui ne mangent pas le même pain. Le lynchage, est, pour l'instant, la seule forme solidaire et collective, qui motivent les troupes. Dans l'histoire de ce pays, cela pourrait alerter, mais dans l'histoire qui se répète, non. Cela se répète.

L'interdit est resté tabou et il est ce secret qui se partage, dans notre société, encore.
Autant de cibles montrées, à la place des expositions et cinémas habituels, ont remplacé le divertissement.
Ce sont, sur ces impensés, que se divertissent, de façon morbides, toutes les attentions.

Cette société est comme figée, tout pas d'émancipation serait un signe du secret dévoilé.
Et pourtant, se séparer de ces assistances, et accepter la perte, ne plus être materné, permettrait que des individus évoluent.

Cet Alexandre qui est descendu sous la mer, sous verre, regardant les poissons géants est une tentative folle de désaveu. Il se refuse à être, hors de l'eau, et il ne peut pas nager comme les poissons, respirer sous l'eau. Dans sa cage de verre, il baigne dans cette résolution du sentiment océanique, sans en éprouver l'engloutissement, l'anéantissement.

Je pensais donc que je vivais un peu comme cela, comme dans un sous-marin. Oui, j'ai vu l'énorme poisson passer... Lui, il est retourné dans sa mer, en fusion totale avec sa mère, il ne sait même pas qu'il y a d'autres mondes. Si, il les a considérés comme immondes.

Je ne suis pas un poisson, pourtant je me rêve nageant, ondoyant sous l'eau, parcourant des durées infinies de découvertes sous-marines, en respirant "comme un poisson dans l'eau".

Il me semble que la recherche a quelque chose à avoir dans ces sentiments là. Peut-être suis-je une extatique, une mystique, absorbée par mes recherches. De temps en temps, j'opère une apparition en dehors de l'eau et je m'aperçois que c'est mon élément, la terre, je marche, et l'air aussi, je respire, sur terre. Puis je dois refaire quelques recherches sous l'eau, ce n'est pas mon élément, mais seul, le désir d'y parvenir, me fait réaliser des projets.

Ils s'engloutissent, sont menacés sans cesse d'anéantissement : qu'importe, je vis dans l'inachevé, je sais que la finitude impose des limites, celles que j'ignore. L'altérité est une forme étrange et apprenante, s'éloignant sans cesse de ce que l'on connait, sans jamais que l'on puisse la prendre. Quelque part, c'est rassurant, de se penser, comme passager, dans un monde étranger, dont on ne peut jamais se sentir en totale fusion.

Je regardais cette enluminure d'Alexandre le Grand, "Voyage sous la mer", et je pensais que je ne la voyais pas. Je n'ai ni parchemin devant moi, ni poisson. C'était amusant de partir si loin, dans des mers inconnues, et imaginer qu'Alexandre avait vraiment expérimenté le confinement, en toute transparence...

Par kiwaïda at 20:21

24/01/2021

∃☾Ħϴ

echo.jpg
Echo et Narcisse
du peintre John William Waterhouse (1903) Huile sur Toile > 109.2 x 189.2 cm

Ce tableau de 1903 de John William Waterhouse (1849- 1917) s'appuie sur le poème « Echo et Narcisse » d’Ovide que l’on retrouve dans ses célèbres Métamorphoses.

Je pensais à Écho, ce soir, et la nymphe Écho... En fait je pensais au syndrome d'Echo, tout s’échafaude et je me dis à l'instant que je vais faire l'effort de cristalliser ma pensée. Elle est mouvante donc elle ne sera plus qu'un écho demain. Et là, elle est émouvante. Je voyais mon pays comme pris dans un syndrome d'Écho... Plusieurs éléments, je ne saurai les décrire, des faits divers, des lois votées, des ratés, des voix oubliées, inaudibles, des échos sur l'eau, qui disparaissent. Demain le consentement de la sexualité a été voté au Sénat à 13 ans, sans même la voix des enfants, mais cela a été voté, et on leurs dit surtout : taisez-vous, ne dites rien. Un enfant, qui ne dit rien consent aux lois des adultes, c'est le vote d'une permission au viol, autant le dire, car que sait un enfant de la sexualité à 13 ans ? Ni même après. Rien. Aimer oui, mais aimer tout entier. Et ne reste que l'écho, cela se répète à l'infini. L'âge est répété comme une limite, à partir de laquelle, l'enfant ne serait plus protégé par la loi des hommes. Pourquoi la sexualité entre en jeu à cet âge, et qui a décidé de cette limite ? Les adultes, seulement les adultes, selon leur fantasme. Un enfant de 12 ans, peut ignorer la sexualité, ne pas la côtoyer, mais dès qu'il a 13 ans, la loi, dans mon pays lui impose la pression des adultes, l'enfant doit y consentir, sans que jamais, ces adultes ne l'entende, ni ne puisse le croire, à 13 ans, il ne sera plus cru, et d'ailleurs, il sera voué au silence.

Alors comme un enfant, je lisais l'histoire de la nymphe Écho, un récit dédié pour les enfants, dans une encyclopédie plus simplifiée, qui résume l'histoire :

Dans la mythologie grecque, Écho est le nom d’une nymphe. Elle est l'héroïne de plusieurs mythes différents.Zeus lui demande de détourner l'attention de sa femme Héra, en lui parlant sans cesse. Pendant ce temps Zeus peut se livrer à des « aventures amoureuses ». Héra, jalouse, comprend la tromperie et lance une malédiction sur Écho. Désormais, celle-ci ne peut plus parler la première, mais doit se contenter de répéter ce que les autres ont dit avant elle. Dans un autre mythe, Écho rencontre Narcisse et en tombe amoureuse ; mais Narcisse, qui n’aime que son reflet, ne répond pas à son amour. De chagrin, la nymphe se retire dans une grotte. Comme elle ne se nourrit plus, elle finit par s’évaporer ; il ne reste d’elle que sa voix qui, toujours soumise à la malédiction d'Héra, répète sans cesse les dernières syllabes que l'on prononce. Dans un autre mythe, Écho, reste indifférente à l'amour que lui porte le dieu Pan. Celui-ci furieux la fait mettre en pièces par des bergers. Il ne reste d'Écho que sa voix.


Dans le tableau du peintre britannique, John WIiliam Waterhouse, (un Préraphaélite) il représente la nymphe Echo regardant amoureusement Narcisse. Cette dernière se laisse dépérir suite au refus de Narcisse de s’abandonner à ses désirs. Elle est assise dans un tronc d’arbre et tourne la tête pour regarder le jeune homme. Narcisse est plongé dans l’observation de son propre reflet, passionné et incapable de détourner les yeux tellement il est épris de son image. Ce dernier désespéré de ne pas pouvoir s’embrasser et se toucher se laissera mourir. Et sur les bords de l’eau où il est décédé, poussa une Narcisse (la fleur).

Cette thématique est souvent représentée dans l'histoire de l'art. Ce que je trouve représentatif de notre moment, et les rois mages nous ont apporté beaucoup de cadeaux, il faut les développer tous, et j'avoue que ce n'est pas évident, il y a des indésirables, mais il faut mieux les considérer, c'est pour notre évolution. Nous avons reçu des images de croque-mitaines, et puis notre pays s'est empressé de voter une loi, pour sauver ses ogres et ogresses, en défaveur des victimes, dont, notre pays, pensait, qu'elles n'avaient pas droit à la parole, parce qu'elles ne pensaient pas, ou qu'elle n'avaient aucun ressenti. Alors il fallait écrire par-dessus, les mots qui décrivaient l'insoutenable tabou, de l'inceste aux viols sur enfants et adolescents. Dans ce tableau, je vois  deux générations qui ne se rencontrent pas. Il y a celles et ceux qui ont un miroir en face et tout le monde peut le voir aussi, c'est une sorte de presse quotidienne, de micro tendu... aux Narcisses. De l'autre il y a la génération vouée à répéter, et à n'entendre que son écho. Elle souhaiterait s'adresser à la première génération, mais celle-ci a voué son empire sur l'image qu'elle projette, et elle doit être belle, magnifiée. Ce qu'elle est. L'image est fascinante. Écho est une sorte de sœur, de frère, de voisin, de collègue, d'un parent éloigné, il ou elle est dans la confidence, de celui ou celle qui agit, qui peut agir et qui a le pouvoir. C'est une sorte de témoin, il voit tout, mais ne dit rien, pire, il ne peut rien dire. Pendant que celles et ceux qui ont le pouvoir, les grands Zeus, font leurs affaires, en cachette, Echo devient un ustensile afin de détourner le regard d'autrui des manigances des grands Zeus, des gens de pouvoir. Pour cela, elle a reçu l'ordre de faire du "buzzz", de générer des rumeurs, de détourner l'attention, en monopolisant l'audience, toute personne qui pourrait voir ce qui dérange. Les grands Zeus sont tranquilles quand Echo répète, et brouille les esprits. Puis elle tombe amoureuse de ces Narcisses qui se mirent sans cesse, ils ne la voient pas, et ne voient que leur image, autant dire : ils en font des caisses. Si Écho disparaît, sa voix reste, son écho, elle répète, et cela gène énormément. Entendre toujours la même rengaine, c'est comme si une génération répétait sans cesse les viols qu'elle subissait et que l'autre génération ne pouvait comprendre le sens, trop occupée à se regarder sans cesse, et même très agacée par cette génération et ses voix sans cesse qui répètent la même chose.

Et je reliais ceci au syndrome d'Écho, cette disproportion parfois pathologique où la confiance en soi est brisée, à tel point, que des personnes atteintes de ce syndrome sont influencées par une figure narcissique dans leur entourage et elles ne prennent plus soin d'elles. Elles utilisent leur énergie pour nourrir émotionnellement les autres. Ce syndrome arrive à point pour le moment que j'observe, dans lequel, notre pays s'embrouille, c'est une fracture de l'estime de soi. Echo répète tout ce qu'elle entend, toutes les conversations, tous les faits divers, elle connaît l'actualité par cœur. Elle est connectée sur ce que racontent, comme récits, les médias. Echo symbolise cette lutte et cet épuisement, quotidien, pour résister et faire entendre sa voix, dans un monde qui ne l'entend pas. Elle lutte pour être visibilisée, mais dans son entourage, une personne, un groupe, ont une présence narcissique, on parle aussi d'échoïsme... Une partie de la population se sent oppressée, et conditionnée par une figure narcissique. On retrouve chez ces personnes un caractère sensible et affectueux, des émotions fortes si elles se trouvent au centre de l'attention, un grand malaise, car elles craignent d’exprimer leurs besoins et font passer en priorité ceux des autres. Je pense à une génération qui s'est sans arrêt soumise à une autre à son pouvoir (pouvoir économique, emploi, vie amoureuse, affective, partenaires multiples et excès, addictions...) Cette génération passive, en raison des pressions de l'autre, habitée par le narcissisme, pourrait se résumer au désir de parler d'elle, de soi, à des personnes égoïstes habituées, voir conditionnées à ne parler que d'elles. Une société entière a fabriqué des outils de médiations pour des narcisses, alors que cette société a enfanté des Échos qui ne parviennent à exprimer leur besoin, et aussi leur limite.

Ainsi, leur impose-t-on des limites d'âges, sans même leur demander leur avis, ce qu'ils et elles ressentent. Et puis, ils et elles n'ont de voix que leur échos.

Dans le mythe de la nymphe Écho, celle-ci s'enfonce dans une profonde tristesse. Elle est rejetée, et c'est d'autant plus douloureux, qu'elle perd sa voix. Dans le syndrome d'Écho, rencontrer une personne narcissique, un temps, annule sa propre voix, l'écrase totalement, et on peut se trouver retourner dans une caverne, se réfugier quelque part, ce peut être sur un Mont, en hauteur, où dans un terrier, sous terre, ou, tout simplement, entre quatre murs, confinés. C'est un peu comme devenir un animal, se nourrir comme un animal, se vêtir à peine et toujours de même et dormir avec ses peaux de bêtes. Sentir comme un animal qui bouge sans cesse sa truffe, incapable de parole, mais qui sent tout. Une pure sensibilité, à fleur de peau. Ce moment est paradoxalement un moment où l'écoute et l'empathie sont à leur paroxysme. Mais il est impossible de pouvoir exprimer ses propres besoins aux autres. Dans ces moments, le manque d'initiative est très flagrant, afin de ne pas gêner celles et ceux, au devant de la scène. Ce qui encoure, c'est de décliner tout projet, et d'être laissé de côté, voir d'être nié. C'est aussi, comme Écho, une forme de disparition, mais en toute conscience. L'effet conflictuel le plus saisissant est l'abdication face à cette pression égocentrique, surdimensionnée :
Si ces Échos, veulent être sûr d'elles et recevoir un minimum d'affection, elle s'imposent de demander le moins possible d'attention, et, de donner tout ce qu'elles peuvent. L'apprentissage d'Écho, de ces personnes, que j'imagine être une génération entière, c'est l'habilité à vivre dans le silence, elles apprennent à ne plus avoir de voix, d'ailleurs elles ne votent plus, elles apprennent à ne pas gêner dès leurs plus jeune âge. Et on peut observer qu'on leur donne des limites pour la sexualité, on légifère sur leurs corps même, et elles doivent obtempérer, autant dire : elles n'ont pas le choix. Les narcisses, avec l'autre génération, au pouvoir, ont alors, tous les moyens pour déployer des ruses à l'infini, contourner même les lois qu'ils définissent, et travestir la vérité, s'il y en a une. Il n'y en a plus. Disons que la véracité des propos d'une génération entière vouée à répondre aux besoins d'une autre au pouvoir, est, elle-même, décrite comme une affabulation, ou un écho, qui ne fait pas autorité.

Est-ce qu'il y a une fenêtre ou que des miroirs ? Oui. La fenêtre entre-ouverte de cette tension entre deux générations qui ne s'écoutent plus, est l'apprentissage que l'échoïsme voué à répétition, ne doit pas répéter tout ce qu'on lui dit, ni les comportements mirés dans l'eau, le miroir. Il est question là, de dignité, d'arriver à exprimer ses besoins, regagner une confiance en soi, sans copier ces grands verbeux ni avoir besoin de son reflet pour comprendre sa propre valeur. Il ne faut pas oublier que les narcisses ont une sanction inéluctable : ils et elles se noient dans leur reflet.

Quand je regarde un peu le bruit (parce qu'un bruit peut aussi se voir, mais pas s'entendre), et que je me retrouve anéantie par celui-ci, en reprenant mes rituels matériels et sans reflet aucun, je vois de loin que ce bruit se noie. Et j'oublie, j'oublie le bruit d'hier, même s'il était bien plus fort que celui de la semaine passée, et qu'il fallait rentrer dans son petit ermitage, dépoussiérer sa propre grotte, afin de voyager plus léger, comme dans Le Loup des steppes du roman de Hermann Hesse. De toutes façons, rien ne sert de courir, il faut partir à point, de cette morale ouvrant la fable, Le lièvre et la tortue, de La Fontaine.
Bref, partagés entre se couper de tout et restés connectés, lire qu'aucune guerre n'est déclarée, et qu'un virus a pris le pouvoir, sans qu'on puisse rien y faire, et pourtant le voir faire reste un supplice, reléguant tout accessoire au placard et introspectant l'essentiel en priorité, dans une inertie nouvelle, et des empilements procrastinés. Faire bonne figure ne dure qu'un temps, même si les narcisses, on les aime sur l'eau, flottant comme des bouddhas silencieux qui cachent une profondeur crasseuse et peut-être dégoutante.

Nous vivons ceci : hâtez-vous lentement. Et c'est très fatiguant de ne rien faire. Et quelle torture de ne pouvoir gagner en vitesse, mais quel bonheur retrouvé de savoir n'avoir rien précipité, pour rien. Je fais partie de cette génération, dont on a confiné la parole, et dont on pense qu'elle a disparu dans une grotte.

Les parois de la grotte sont tapissées de dessins et de mots, indéchiffrables pour les Narcisses. Point de miroirs sur les murs, c'est à la bougie que l'on dîne et au rayon de soleil que l'on hume. L'humeur est changeante, et c'est la fuite des idées que l'on voit défiler, sans pouvoir, jamais en attraper une. Parfois un éclat, celui du miroir brisé, dont on a oublié les effets.

Par kiwaïda at 00:24

20/01/2021

ℭѺℳÈ✝ℰ



Illustration d'après la gravure du système géocentrique dans une scène avec les systèmes de Ptolémée et de Tycho Brahé, de l'Harmonia Macrocosmica (un atlas céleste écrit par Andreas Cellarius et publié en 1660 par Johannes Janssonius)

Tirer des plans sur la comète

Afin d'éviter le désastre, les hommes tirent des plans sur la comète, depuis la nuit des temps. La comète reste un phénomène inexpliqué, il fait peur, aux hommes. Il annonce alors des malheurs, car ce phénomène symbolise un désastre, un inattendu qui s'abat sur la terre, le lieu d'habitation des hommes. À la fin du XIXe siècle, les hommes tirent des plans sur la comète, une expression qui vient de cette ambition de tirer des plans, avec précision, de les tracer, les dessiner donc, avec rigueur, pour préparer les projets importants. Autant dire : les grands projets. Mais la comète, elle, est toujours en mouvement, et son passage à proximité de la terre, de la vue des hommes est éphémère. Cela contredit tous les plans, les desseins tracés des hommes, bien fixés, en tous points. Cette tension entre deux ambitions opposées met en péril, ou révèle alors les fondements instables des desseins des hommes, de leurs ambitions, de leurs grands projets.

Tirer des plans sur la comète, est une expression, qui signifie qu'une personne s'imagine des choses (négatives en général) dans une situation donnée, mais qui n'arriveront probablement pas.
Quant à la comète, c'était celle 'du moment', en 1882, très remarquée car très brillante et qui a provoqué la naissance de cette expression.

Une comète visible à l’œil nu en plein jour a été signalée ces derniers jours de Nice (France), de Washington, de Rochester et de San Francisco.

C’est une comète à spectre de sodium, à queue courte et à noyau très brillant. Elle était hier à 120 à l’ouest du soleil, dont elle s’éloigne avec une vitesse de 5 à 6 degrés par jour.

Dans quelques jours d’ici, les personnes qui voudront prendre la peine de se lever un peu avant le soleil verront «L’astre chevelu» dans tout son éclat.

Le 28 septembre 1882, Le Canadien écrit : «La comète. Elle était visible à l’œil nu, hier, dans la direction de l’Est. Mais on ne peut la voir briller dans tout son éclat que vers deux heures de la nuit».

Deux jours plus tard, on retrouve dans le quotidien de Québec cette nouvelle : «La comète que l’on remarque au firmament depuis quelques jours est la plus grande que l’on ait encore vue ici. C’est vers quatre heures, le matin, que l’on peut la voir dans tout son éclat et son étendue».


Astronomie : Une comète est un petit corps céleste constitué d'un noyau de glace et de poussière en orbite autour d'une étoile.

La comète tant qu'elle est loin du Soleil n'est pas lumineuse et n'a pas de queue. Mais en s'en approchant, les particules du vent solaire agissent sur sa tête faisant fondre la matière. Un halo lumineux se déploie alors autour de celle-ci. On appelle ce halo la chevelure de la comète ou encore coma. On peut voir aussi une queue se déployer. En général, une comète a deux queues : une queue de gaz provoquée par le vent solaire, appelée la queue ionisée et une queue provoquée par son déplacement. Cette dernière est constituée principalement de poussière, si fine que l'on peut voir les étoiles au travers. Elle peut atteindre plusieurs millions de kilomètres. La queue ionisée sera toujours dirigée vers le côté opposé du Soleil. Le noyau de la comète réfléchit la lumière du soleil, au contraire les queues de comètes émettent leur propre lumière. Il est arrivé que l'on puisse observer des comètes ayant jusqu'à neuf queues. Lorsqu'une comète fait son apparition, elle n'est d'abord pas visible à l'œil nu mais uniquement avec des télescopes. Elle se présente comme une petite tache floue, faiblement lumineuse, comparable à une nébuleuse. Au fur et à mesure de son approche, elle devient de plus en plus lumineuse jusqu'à devenir visible à l'œil nu. À ce moment-là, on voit très nettement le noyau et ses queues. Son éclat continuera d'augmenter jusqu'à ce qu'elle atteigne sa distance la plus proche de la Terre. Les comètes peuvent s'approcher jusqu'à moins de 1 million de kilomètres de la Terre. Elles se déplacent très rapidement mais, du fait de leur distance il faut plusieurs nuits d'observation pour se rendre compte de leur déplacement. Ainsi les hommes s'essayent à observer la comète. Télescopages de vues, de visées, à courte distance. Trop courtes.

Ce coma impressionne, quel vertige de l'invisible, de la puissance de la fonte de la matière. Quelle imprévisibilité ! Quelle déstabilisation. Impossible de tirer des plans sur la comète, impossible. Tous les fondements des hommes, se trouvent mis en péril par leurs jugements tous erronés, jusqu'ici, structures de pensées et de civilisations. Déployer son courage et s'élever jusqu'aux astres, en traversant le désastre, sans médicastres. Un peu d'huile de massage du bel alabastre. Un parfum d'odalisque nous rappelle combien les hommes sont esclaves de leur enveloppe, tous nés sous une bonne étoile, qu'ils peuvent tout d'abord aimer et chérir, sans craindre son jugement.



Anonyme, La Comète et trois œufs, eau-forte et burin, 1681

Par kiwaïda at 02:10

13/01/2021

ṧøї

soi.jpg

Photographie © Sonia Marques


Pensée du soir et de soi, un peu, pas beaucoup...

L'exemple de la peur du bannissement, me semble être la base de la consolidation d'un pacte de silence dans tout milieu sectaire. On peut également observer une structure de ce type, de ligature, dans un type de famille, incestuelle, qui s'oppose à toute séparation et individuation du sujet. Cela fige la venue même de toute parole singulière en dehors du groupe. Il n'est pas surprenant alors, d'apprendre très tardivement, lorsque 2 générations se sont passées, des actes violents, criminels, au sein des groupes, fratries, familles, groupes politiques, familles d'idées et de genre, clubs marginaux, associations construites sur toute exclusion et sur l'inclusion seule du pacte, du secret. Lorsque les leviers du secret sont potentiellement à lever, particulièrement lors de l'adolescence, l'emprise devient alors bien plus forte, afin de resserrer le lien, ligaturer. L'interdit de parole est à son comble. Les familles, les écoles, les centres d'accueils et lieux de soins, peuvent être des espaces regroupant ces ligatures. Toute apparition de l'individuation devient alors une menace suffisante pour la mise en place de complicités, afin d'évincer les caractères trop critiques, et la mise en récit personnel, une mémoire, qui ne serait pas celle du groupe, de la famille, du vécu instauré comme collectivement vécu et jamais indivisible, dont les sentiments personnels n'ont pas leurs place. Sont inscrits des évènements, et ceux-ci ne peuvent être interrogés de façon individuelle, mais répétés, et dans l'ordre dans lequel ils ont été dictés. Même si un sujet, un membre, n'a jamais vécu tel ou tel évènement (historique, familial) il peut le répéter, comme s'il l'avait toujours vécu. Sa propre expérience, dans un monde réel, peut même ne pas trouver d'expérimentation convaincante, tant la force de la mémoire du groupe prendra le dessus, sur sa propre expérience, qu'elle soit sentie ou non. Dans les expressions, on note une esthétique par défaut, où tout le groupe s'active à une mémoire unique et sans aspérité, presque reproductible. Dans des groupes familiaux intégristes, communautaires et sectaires, les individus présentent alors des pathologies, un problème avec les limites, car imbriqués, notamment, les adolescents, dans des attachements très serrés, où la ligature est une forme d'emprise, et la frontière entre les uns et les autres s'estompent.

Je me demandais quand la culture s’appauvrit, sont valorisés des styles limités, des esthétiques similaires, d'appartenance, et parfois à un haut niveau, considéré comme une élite. Mais il est difficile de pouvoir penser ladite fabrique d'une culture de l'élite sans en comprendre sa structure. Et il est quasiment impossible de la penser, de l'intérieur, en étant formée par elle, et en l'exerçant, en exerçant le pouvoir. En revanche, les manifestations peuvent être suffisamment visibles, même sans faire partie d'une élite, lorsque s'érode un groupuscule, ou qu'une parole se libère. On mesure alors l'appauvrissement de la culture d'une élite, à ses lézards. Je pense aussi à une culture qui lézarde depuis longtemps et s'immobilise dans le temps.

La meilleure action serait de donner accès à la parole singulière, et ce, par le biais de l'écriture, du récit, ce que j'observe le plus souvent. C'est que l'écriture d'un récit autobiographique qui diffère d'une structure qui se répète : ex > nous sommes une famille libre, ouverte, chacun s'exprime comme il l'entend… bouleverse la structure et elle se forclôt d'autant plus et resserre ses liens d'appartenance, en rejetant celui ou celle qui s'exprime comme il ou elle le souhaite, et non pas comme il ou elle l'entend.

La question de la liberté d'expression est un apanage parfait pour forclore et priver de la faculté à penser, à penser son individualité, dans un groupe qui met son énergie à confondre les limites et rendre flou toute hiérarchie et priorité, où l'éthique et la morale sont bannis.

Le secret se base sur la liberté exercée par les plus habiles à la répétition du discours admis, et leur pouvoir s'exerce sur leur faculté à garder celui-ci. Les fidèles acquièrent plus de pouvoir et de liberté s'ils réussissent à se réunir sur le secret. Plus le secret est tenu, plus grandes sont les chances, du groupe de resserrer, de ligaturer les destins. L'incestuel se construit ainsi.

Le tais-toi et ne dit rien, sur ce secret est "pour" le groupe, il est dit pour "nous". Le "nous" devient plus fort que le je.
Ne rien avouer est l'injonction parfaite de cette lutte entre le "je" et le "nous". Ces maux de genoux empêchent de se mouvoir à sa guise et dans des directions opposées, contraires, singulières au groupe.

Je remarque alors que lorsqu'un individu sort d'un groupe et interagit avec d'autres, si le groupe a eu de mauvais agissements, l'individu ne peut plus ré-intégrer le groupe, car celui-ci "ne le reconnaît" plus. Le groupe s'est structuré pour fonctionner à l'unisson, tout le temps, pour toujours.

Si le groupe n'avait pas de mauvais agissements, il en serait tout autrement. La réintégration est un enrichissement du groupe, de la famille, de la profession.

Comme un enfant, qui grandissant, va rencontrer une autre personne, s'unir. La nouvelle union, qui n'est pas semblable, n'est pas exclue de la famille, ni inclue comme une obligation. Le fonctionnement unaire d'une relation familiale est passible d'être affranchie au moment de l'adolescence, car l'enjeu est bien de devenir un sujet avec les questions de sa sexualité, indépendante des préférences et contraintes familiales, des idées politiques et des gestes affectifs acceptés, ou interdits. C'est un enjeu inédit, un mouvement de séparation, alors que des groupes peuvent immobiliser ce mouvement afin d'interdire au sujet de penser.

Pourtant la sortie du groupe est salutaire, elle n'est pas synonyme de départ définitif, ni de casser des liens affectifs ou d'idées, lorsque ceux-ci sont confiants et relativement altruistes.

L’incestualité vise à maintenir une indifférenciation et une confusion des êtres et des places générationnelles par brouillage ou déni. L’abus narcissique et l’emprise sont destinés à interdire l’accès du sujet à une identité, à ses besoins vitaux et à ses désirs
(selon Racamier). L’incestualité désigne ainsi un climat familial dans lequel l’enfant est amené contre son gré, mais par une violence encore plus pernicieuse que dans l’inceste, à satisfaire le désir de ses parents au prix de sa propre subjectivité. La finalité de tels aménagements est de ne laisser à l’autre aucune place pour être, d’éradiquer sa singularité et d’arracher tout mouvement de conquête indentificatoire. L’enfant, puis l’adolescent, sont captifs et traités comme des ustensiles (Racamier, op. cit.). Le lien est remplacé par la ligature et l’amalgame.

Les mafias s'édifient dans l'identique et se reproduisent à l'identique, les bourreaux du passé hantent les générations suivantes, sont incorporées. Il n'y a plus de limites entre le passé, le présent et ce qui est projeté. L'extérieur et ce qu'il se passe à l'intérieur est la même chose, tout s’emboutit. La loi du silence et l'omettra demeurent des principes fondamentaux comme un contrat narcissique, qui vise à disqualifier la loi pour la requalifier en famille. Cet espèce de renoncement à soi, pour le "nous" intrinsèque et emmêlé comme une pelote de laine, permet la subsistance du groupe, comme un accord entre sujets (à ce renoncement à soi) pour l'investissement unaire du groupe et la "réputation" qu'il projette. Dès lors, on peut observer que l'adversité est souvent inexistante, et parfois, le groupe doit la créer de toute pièce. Plus l'ennemi est visé et devient réel, plus les sujets du groupe se soudent. La soudure peut être très violente à l'égard d'un individu, dont la singularité gêne et est un obstacle, un danger à la cohésion des sujets de renoncement. Je peux poser comme concept que la négativité devient le seul moteur énergétique du groupe. Et celle-ci a besoin d'une positivité même imaginée à l'extrémité, à l'autre polarité. C'est là que l'on tend à la radicalisation. Le déni permet, lui de ne pas voir la violence, au moment même où le groupe, ou, l'un des sujets du groupe (en renoncement à soi) viole, agit violemment sur un autre membre du groupe. Tout est à ce moment permis, même les actes les plus inconcevables pour l'humain. La cohésion du groupe négatif, se mesure à des actes prohibés.

J'ai observé ces rapports dans des écoles, des groupes d'idées, des familles artistiques, superbement engagées à aider les plus démunis, évidemment, respectés par des localités sans culture, elles cimentent des territoires dévastés. Au moment de l'adolescence ils attirent d'autant plus celles et ceux qui sont fascinés par l'image des ligatures provoquées, et les réseaux sociaux sont des moyens de former ces images, encore plus fermement, car elles s'inscrivent dans le virtuel, comme dans une mémoire imaginaire, lorsque l'expérience sensorielle manque cruellement.

Le confinement peut provoquer des situations d'isolement et d'intégration par réseaux virtuels, d'appartenances intégristes, et former de formidables militaires à répéter, des slogans, des styles vestimentaires, des formes d'expressions artistiques mêmes, sans goût personnel, sans idée, mais à l'unisson. Ces armées de l'ombre sont d'autant plus ligaturées qu'aucun sujet n'est sujet, et ne se rend compte, même adulte, de sa participation du déni, et du rejet qu'il oppose à toute singularité.

Ces individus, qui ne sont plus, répètent inlassablement et pendant des années, les mêmes slogans. Des générations après, ils semblent comme immobilisés dans le temps.
Souvent gros, gras et riches, ils ne peuvent plus bouger. Point de hasard dans ces lézards si nous rencontrons des ogres et ogresses, des barbes bleues avec la clé des portes fermées ou trop étroites et des loups couchés à côté des chaperons rouges, si ce n'est de tomber sur les traces du petit poucet qui nous mène à la maison en pâtisserie d'Hansel et Gretel, tout en apercevant le haricot magique de Jack, bien déterminé à tuer les géants...

L'apathie ou la dépression, l'ennui arrivent et submergent toute volonté de se mouvoir, le désir d'invention disparaît, non pas par manque d'idée, mais par manque d'énergie et de dynamique à se ré-inventer, s'autoriser à penser différemment. Mais lorsque les nouvelles sont trop accablantes, ne rien faire, même si nous sommes très loin des évènements tragiques qui touchent un groupe sectaire, un groupe idéologique, politique, une élite inaccessible, une ville lointaine, un hameau éclairé (existait-il avant ces faits ?) une nation fermée, une étoile qui se rapproche soudainement, un astre oublié, ne rien faire, reste aussi, une des solutions les plus propices à laisser la main aux évènements, sans en commenter le déroulement, et s'en remettre : à soi.

On ne s'aperçoit jamais assez, que des sphères entières fonctionnent avec cette incapacité à s'autoriser à penser différemment. Cela constitue parfois une histoire qui se fige dans le temps, un demi-siècle, ou 2 ou 3 siècles plus tard, il y a un changement qui engage une société à organiser le civil, la relation à la terre et aux astres très différemment, et chacun, chacune avec ses inventions, son potentiel et ses problèmes à résoudre.

Peut-être est-ce dans ces résolutions, que j'entrevois une année charnière, de changements car ils ont déjà commencé il y quelques temps. Nous n'avons jamais fini d'en discerner les effets, dans nos vies quotidiennes.

Bonne année 2021 !

Par kiwaïda at 01:27

- page 1 de 3