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blog m kiwaïda

05/06/2023

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Alfons Mucha (1860-1939), Monaco, Monte Carlo, affiche, impression Champenois, 110 x 76 cm.

Réalisée dans la rue Bonaparte, pas très loin de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, une rue très chargée, en voitures, bruits, vitrines, que j'empruntais assez souvent pour étudier.

L'artiste Tchèque Mucha, artiste doué, quittait son pays à 17 ans, devenu d’illustrateur à Paris. 

Petite bio :

Le peintre tchèque Alfons Mucha naît à Ivancice en Moravie du Sud le 24 juillet 1860, d'Ondrej Mucha, huissier de justice et d’Amalia Malá. Alfons Mucha décède le 14 juillet 1939 à Prague des suites d’une pneumonie. En 1879, Alfons Mucha part travailler à Vienne où il est employé comme aide pour réaliser des décors de théâtre dans l’atelier de la société Kautsy-Brioschi-Burghardt. En 1883, il rencontre le comte Egon Khuen Belasi qui lui offre une formation à l’Ecole des beaux-arts de Munich. Il y est admis à l’automne 1885. En 1887, Alfons Mucha se rend à Paris pour continuer ses études au sein de l'Académie Julian puis de l'Académie Colarossi, tout en réalisant des affiches publicitaires et en illustrant des catalogues, des calendriers et des livres. Un mécène tchèque finance sa formation à l’Académie Julian, qu’il quitte en 1888. Ses qualités techniques et artistiques finissent par être reconnues et il est embauché par la première grande maison d'édition parisienne Armand Colin. La célébrité de Mucha vient surtout de ses élégantes affiches Art nouveau, mises à la mode notamment grâce à l'actrice Sarah Bernhardt, pour laquelle il compose ses affiches de théâtre depuis "Gismonda" en 1894. Au début de l’année suivante, l’actrice conclut un contrat de collaboration pour six années avec le peintre. En 1896, Alfons Mucha participe au Salon des Cent. Il commence à faire imprimer ses affiches par la société Champenois avec laquelle il conclut un contrat. Sa première exposition personnelle est organisée à partir du 15 février 1897 dans la galerie Bodinière à Paris. En juin il expose au Salon des Cent et la revue La Plume lui consacre un numéro spécial. Il crée les affiches décoratives "La Fleur" et "Le Fruit".
Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900. Il reçoit pour exemple la médaille d'argent à l'Exposition Universelle de 1900, et il est également fait chevalier de la Légion d'honneur. L'année suivante, Mucha conçoit la bijouterie Fouquet au 6, de la rue Royale à Paris (boutique aujourd'hui présentée au musée Carnavalet). Une autre production de Mucha moins connue comporte cependant des peintures, des sculptures, des décors et des objets d’art, témoins de cet homme mystique et visionnaire, animé d’une véritable pensée politique. A l’heure du renouveau national tchèque et de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois, il travaille sur son Épopée slave qui l’occupe entre 1910 et 1928, témoin alors de son rêve d’unité entre les peuples slaves.

Les bijoux :

La collaboration entre Georges Fouquet et Mucha, a commencé grâce à Sarah Bernhardt (actrice, peintre et sculptrice française) En 1899, elle entre chez le joaillier avec le dessin d’un bracelet serpent du célèbre artiste Tchèque. Séduit par le style de Mucha, Fouquet lui demande de dessiner les bijoux pour l’Exposition Universelle de 1900 : les premiers bijoux d’artiste, casque d’où s’échappe des chaînes, parure de corsage à épaulières, bracelet relié à une bague. Ils font sensation sans échapper à la critique qui les jugent « étranges » et « d’une richesse bizarre ». Cette collaboration est courte, 2 ans, mais elle va moderniser le style de la maison (menée jusqu’alors par le père, Alphonse) et lui assurer une renommée internationale. Porté par ce succès, Fouquet demande à Mucha de concevoir sa nouvelle boutique du 6 rue Royale. Elle doit évoquer le style des bijoux et impressionner sa riche clientèle. C’est une première pour un artiste : Mucha imagine tout, de A à Z, des poignées de portes aux vitrines en passant par les tapis. Il donne la pleine mesure de son talent sans craindre l’excès et la démesure. Sur la façade, sous le G.Fouquet, une femme en bronze de près de 3 mètres accueille les visiteurs, drapée dans ses voiles, la chevelure ondoyante avec des bijoux à la main.

Je pensais à ces arts de la joaillerie, comme Lluís Masriera l’un des joailliers orfèvres catalans de l'Art Nouveau (1872-1958), et peintre (magnifique peinture : "Sota l'Ombrella") ; et tant d'autres qui puisent chez Mucha, et chez Suehiro Maruo (notamment dans son manga "L'île panorama" ) cet auteur de bande dessinée japonaise contemporain, maîtres du manga d'horreur, du genre Ero guro, mais à ne pas mettre entre toutes les mains, adultes avertis. Évidemment, les époques, l'histoire, les pays traversés, et les guerres, rien en commun. Pourtant, dans le trait, dans la manière, et l'art... Certainement que Mucha, à son époque était perçu comme étrange. Son père, huissier de justice, est étranger au monde de l’art. Ses premiers émois artistiques, Mucha les doit à la peinture religieuse, qu’il découvre à Prague. Cet artiste est très populaire au Japon, et dans le milieu des Mangas. En France, il est assez courant de voir des étudiants admirer Mucha, dont la référence est assez mal perçue au sein des écoles d'art, jugé trop populaire, et c'est d'ailleurs, dans ces mêmes lieux où l'on observe que les étudiants qui affectionnent le Manga, ne trouvent pas d’interlocuteurs. Lorsque j'enseignais dès les premières années le dessin, associés aux Mangas et à l'étude de peintres et illustrateurs renommés, comme Mucha, j'obtenais de très beaux résultats chez tous les étudiants, j'étais une interlocutrice, formatrice et professeure artiste, dans ces écoles. Mais ils ne progressaient pas dans les autres matières, ce qui en résultait, c'est que le domaine enseigné se retrouvait "écrasé" par les mauvais crédits attribués pour ces étudiants, dans toutes les autres matières enseignées (volume, espace, peinture...), tandis qu'ils savaient déjà diffuser en ligne, par le numérique enseigné et ses techniques associées, leurs dessins. Un bon décalage, impossible à résoudre... Pour ceux-ci, celles-ci, ils et elles quittaient les écoles plus tôt, ils et elles étaient conduits à quitter l'école. Cela me posait pas mal de questions sur les injonctions paradoxales formulées. J'avais une méthode assez magique, et je comprenais bien, que je ne pouvais pas faire participer tous les étudiants à comprendre, qu'ils étaient là, en train de réaliser de véritable bijoux.
Le bijou, lui-même n'était pas enseigné avec ces références contemporaines, et celles de l'Art Nouveau. Avec les expositions, de nos jours, la simple visite de ces mises en espaces, permettent aux plus jeunes, de compléter leur formation, en dehors des écoles. C'est le grand avantage de visiter des expositions. L'art traverse les disciplines avec une indolente fragilité, l'air de rien, de ne pas y prendre garde. Les années passent, et lorsque l'on traverse ces disciplines, on ne peut que se sentir libre d'aimer, sans craindre la mauvaise note. De toutes les fausses notes, s'accordent une ombrelle, telle une palette, cela devient une peinture, mais à y regarder de plus près, c'est un bijou, une bague, un émail, de la famille des émaux.

(Éternel Mucha, du 22 mars au 5 novembre 2023 au Grand Palais Immersif)

Par kiwaïda at 02:20

14/05/2023

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Photographies © Sonia Marques

Pour la Nuit européenne des musées, un retour sur le musée national Adrien-Dubouché, un musée sur la porcelaine de Limoges et l'histoire de la céramique. Il fut fondé en 1845 et fait partie de l'établissement public Cité de la céramique - Sèvres et Limoges. Son nom est celui d'Adrien Dubouché, négociant, amateur d'art, et de céramiques. Il fut nommé directeur du musée de Limoges en 1865 et a fait un don de 400 objets au musée. En 1868, il crée une école d'art, qu'il installe dans les bâtiments du musée, afin que les artistes puissent s'inspirer des collections exposées. Élu maire de Limoges en 1870, et envoyé à l'Exposition de Vienne en 1877 pour y organiser la section française des Beaux-Arts ; en témoignage de satisfaction, l'empereur François-Joseph d'Autriche lui confère la croix de chevalier de son ordre avec le titre de baron. Il fut vice-président de l'Académie des beaux-arts et président de l'École nationale des arts décoratifs de Limoges. À sa mort en 1881, le musée et l'école avaient pris une grande importance. La ville de Limoges demanda et obtint qu'une loi en fit des établissements nationaux. Son nom a également été donné à une rue et à une station de bus de Limoges.
J'avais pris soin, dès mon arrivée, dans l'enseignement pour l'école nationale supérieure d'art, liée encore à Aubusson, mais en séparation, de créer un partenariat avec la conservatrice, arrivée comme moi, également la même année, pour les étudiants de l'école limougeaude. J'étais coordinatrice des premières années. Elle avait trouvé ma démarche très volontaire. Plus tard, cela a fait son chemin, d'autres professeurs ont suivi le contact. Je me souviens la voir réaliser une visite avec les étudiants, et moi, de concevoir des cours, successifs à nos échanges. Depuis, les vitrines sont devenus colorées et l'inventaire mieux réalisé, et, elle est devenue directrice de ce musée.

Autre musée :



Le musée de la Résistance de Limoges, est un musée municipal de la ville de Limoges.
Cet établissement culturel de la Ville de Limoges illustre les valeurs citoyennes et solidaires portées par la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Dédié à tous ceux qui se sont sacrifiés pour défendre les valeurs fondamentales de la République, il a pour vocation de faire vivre la mémoire en offrant un lieu pédagogique et de diffusion de l’information, notamment pour le jeune public. Situé dans l’ancien couvent des Sœurs de la Providence du XVIIe et XVIIIe siècle rue Neuve Saint-Étienne, au cœur au quartier de la Cité, il propose sur 1400 m2 un parcours muséographique retraçant rigoureusement les faits historiques de la Seconde Guerre mondiale et particulièrement la Résistance, l’occupation et la déportation en Haute-Vienne.

Par kiwaïda at 19:05

12/05/2023

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Peintures © Sonia Marques

Par kiwaïda at 00:50

08/05/2023

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Sculpture en céramique © Julien Ducourthial (1990)

L'artiste n'avait pas encore 10 ans, lorsqu'il a sculpté ce drôle de personnage, assis.
Pour l'anecdote, sa sculpture fut volée par un autre élève.
La bonne nouvelle, c'est qu'elle a été remise... à l'auteur.
Ce sont des cours à Châteauroux, où l'élève apprit à réaliser, entre autres, cette sculpture, avec son enseignant en céramique.
Des années plus tard, l'artiste m'informa qu'elle devait s'adosser à quelque chose.
Il sortit ses livres.
Son chat venait parasiter la séance de photographie, alors, il décida de lui donner de l'herbe et d'adosser son personnage au pot.
La crête verte de ce punk en céramique venait créer un point de verdure en accointance avec le pot d'herbe à chat.
Je trouvais formidable, la façon dont était enveloppé ce personnage, il protégeait quelque chose auprès de son cœur.
Cicatrices diverses, veste de la marque "Nike", ce personnage est musclé, peut-être a-t-il un passé singulier, peut-être est-il sans domicile fixe, il a des lunettes noires et un clope au bec.
Il y a une queue d'un animal sur sa jambe. Il semblerait que l'animal soit parti... Il revient souvent se lover.
Être sensible aux personnages assis dans la rue, dialoguer avec, c'est peut-être s'en souvenir assez pour parvenir à représenter un bonhomme qui tend une jambe et secoure quelque chose de mystérieux entre ses mains aux doigts énormes.

Peut-être.

À d'autres !

Par kiwaïda at 23:15

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Photographies © Sonia Marques

Les modèles ont signé une autorisation, puis, ils ont sélectionné, parmi les photographies réalisées, celles qui ne heurtaient pas les âmes sensibles. Mais, après publication, les lapins se donnent un peu de temps, afin de mesurer l'impact de ces images sur le grand public. Ils attendent l'approbation des autres lapins, auquel cas, ils demanderont à ce que ces photographies soient retirées. Bien qu'il existe un grand Dieu lapin, qui les protège, de toute calomnie, ou infamie, ils bénéficient d'un droit à l'image, qu'ils comptent bien marchander contre quelques friandises défendues et des semaines de farnientes, méritées...
Que cela reste entre nous !

Par kiwaïda at 14:13

07/05/2023

ℒøʊя℮їґ☺



 
© Atelier de Joana Vasconcelos
O Château de Vincennes acolhe uma instalação de Joana Vasconcelos. A artista portuguesa criou um loureiro de 13 metros de altura composto por 110.000 folhas tecidas à mão, que conferem um toque mágico ao monumento gótico flamejante, na Capela do Castelo de Vincennes (La Sainte-Chapelle). Para os sortudos que moram perto, olhando as fotografias, observo que é um trabalho nas cores do sangue, tortuoso, barroco, e pelo que posso ler, várias pequenas mãos fizeram esta árvore durante um período caótico.

Joana Vasconcelos foi convidada pelo Centre des Monuments Nationaux (CMN) para instalar a sua obra monumental inédita, Árvore da Vida, no âmbito da temporada França-Portugal 2022, apoiada pelo Instituto Francês. Adiada duas vezes, a espetacular instalação acaba de abrir suas portas. Combinando têxteis e engenharia, este louro de 13 metros de altura com 110.000 folhas tecidas à mão e luzes LED traz fantasia ao monumento de estilo gótico Flamboyant e convida o visitante a descobrir seus detalhes minuciosos para um momento de paz e introspecção, até 3 de setembro de 2023. Depois de uma visita à Galeria Borghese (Roma) em 2016, Joana Vasconcelos vê a escultura Apolo e Dafne de Bernini e imagina o loureiro em que a ninfa se metamorfoseia. A partir da obra-prima barroca, ela começa a trabalhar em uma árvore de 5 metros com folhas bordadas, mas a peça acaba não sendo concluída e o louro não vê a luz do dia. Durante a pandemia de Covid-19, o projeto renasceu quando o Centre des Monuments Nationaux CMN convidou o artista para acontecer a Sainte-Chapelle do Castelo de Vincennes. Durante a crise sanitária, as mãos dos talentos da oficina de Joana Vasconcelos, confinadas às suas casas, começaram então a trabalhar à distância. “O projeto levou três anos e mobilizou mais de 200 pessoas”, explica Joana Vasconcelos. Nesse período complicado, as integrantes da oficina bordam, tricotam e fazem crochê para criar as folhas da árvore maravilhosa. Pérolas, strass, desde bordados, a lantejoulas, à tecnologia já que na copa da arvore e em centenas de folhas foram instaladas luzes LED.… O louro reúne uma infinidade de materiais e técnicas diferentes que refletem a personalidade de quem trabalhou horas no projeto. Para além de investir a verticalidade da Sainte-Chapelle, Joana Vasconcelos faz eco aos vitrais renascentistas do monumento e, em particular, aos do Apocalipse situados em frente à sua instalação. “Este louro é a minha resposta ao Apocalipse, uma árvore mágica que oferece um momento de paz e beleza e convida à introspecção”, conclui a artista.
Todos nós temos pequenas árvores da vida, que tiveram dificuldade em crescer durante o período de pandemia. E essas arvorezinhas são todas de cores diferentes, tortuosas e muito bizarras. Cheio de amor e humor !



© Atelier de Joana Vasconcelos
Joana Baptista Vasconcelos (Paris, 8 de novembro de 1971) é uma artista plástica portuguesa. Nascida em Paris, filha de pais portugueses emigrados em França. O seu pai era fotógrafo, a mãe estudou na Fundação Ricardo Espírito Santo Silva e a avó era pintora. Com 3 anos regressou com a família a Portugal. Estudou na Escola António Arroio, em Lisboa, e depois na Ar.Co, onde estudou Artes. Nesta escola foi apoiada por Delfim Sardo e por Castro Caldas. Entrou na Galeria 1111, onde conheceu Júlio Pomar, Paula Rego, Graça Morais e vários escultores dos anos 1970.



Obrigado pela foto ! Esta instalação me parece magnífica, espero vê-la pessoalmente !

Par kiwaïda at 13:19

23/04/2023

ℳαη♄ã ḓε ☾αґᾔαṽαʟ


























Photographies © Sonia Marques

Hasards et hasard, je retrouvais BONJOUR, avec ses confettis de Limoges, mon catalogue de photographies de 2011, j'assiste à un carnaval, et je réalise une série, proche d'un autre catalogue : RESIGN, réalisé en 2017, à Grenoble...
Incarner, carne et un petit peu de Baden Powel endiablé !



Par kiwaïda at 20:18

22/04/2023

♓◎т мiґrøя


Este volume de retrospectiva no meio da carreira se concentra na fotografia de belas artes de Viviane Sassen, revelando uma corrente surrealista em seu trabalho. Sassen reconhece o surrealismo como uma de suas primeiras influências artísticas, visto nas sombras estranhas, corpos fragmentados e paisagens sobrenaturais que ela captura em seu trabalho. Para além das imagens da aclamada série "Umbra", este volume inspira-se na série "Flamboya", na qual regressou ao Quénia, "Parasomnia", uma exploração onírica do sono, na série "Roxane", um retrato mútuo criado com sua musa, Roxane Danset, "Of Mud and Lotus", um estudo sobre procriação e fecundidade, e "Pikin Slee", uma viagem a uma aldeia remota no Suriname. Ao longo, Sassen surge como uma fotógrafa poética obcecada por luz e sombra e uma técnica brilhante, que é uma mestre tanto em cores vibrantes quanto em tons suaves. Selecionadas pela própria Sassen ao longo dos últimos dez anos, as imagens se valem de estratégias surrealistas de colagem e justaposições inesperadas para fazer um levantamento de sua prática. Viviane Sassen (Hot Mirror : 2018)
J'aime beaucoup les réalisations photographiques de cette artiste néerlandaise, Vivian Sassen, que j'ai découverte il y a un certain temps, avant qu'elle ne soit reconnue, principalement à travers les milieu de la mode. Marquée par son enfance au Kenya, je trouvais des accointances avec mes photographies, en plus de son âge, son art est graphique et sa vison des ombres, créé des découpes dans les paysages et les corps de façon assez picturale. Sa palette colorée et son regard sur les gestes et la danse des corps habillés ou nus, noirs et face au soleil, dans les déserts ou ses plantes posées, ou ses caches de couleurs, sont autant de techniques surréalistes, avec ses peaux repeintes.

Par kiwaïda at 22:07

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Photographies des catalogues DEEP, JUNGLE, BONJOUR © Sonia Marques
Je retrouvais mes trois catalogues photographiques, nommés, DEEP, JUNGLE, BONJOUR. Je les avais confectionnés et édités, depuis ma maison d'édition oLo (Observatoire du Langage des Oasis) en 2011, que j'avais aussi créé, pour d'autres catalogues et nouvelles littéraires, certaines ont été éditées chez d'autres éditeurs, en France. Chaque catalogue comporte une centaine de photographies en couleur, ou presque. Le texte que j'avais écrit en préambule, était issu d'une recherche de longue haleine, que je continue, sur l'insularité, ici, à travers la photographie, d'où le titre : La photographie nissologique (du nom d'un de mes sites Internet) Je m'aperçois, avec la distance des années, que c'était un sentiment, un état d'esprit que je décrivais, une façon de voir. La trace photographique me permettait de montrer cet état d'esprit, je retrouve ici, la quintessence de ce regard retranscrit, de façon plus fort que je ne l'exprimerai aujourd'hui, de façon plus brut. Le texte était écrit sur chacun des catalogues, en pages intérieures, et mis en pages sur 3 colonnes, l'un est sur le fond du Tage à Lisbonne (DEEP), l'autre est sur un sol de confettis à Limoges (BONJOUR), et un autre sur un papier peint à Angers (JUNGLE). Il y a aussi un travail d'édition et de graphisme, j'observe que l'intention de mêler le texte aux fonds photographiques, est un symptôme aquatique, que les mots deviennent des petites pattes d'insectes noires, émergées à la surface d'une eau, celle de la photographie nissologique. Il y a quelque chose comme retranscrire la partie émergée d'un iceberg, par les mots, tandis que la profondeur (comme le nom "Deep" d'un de ces catalogues) reste inaccessible. Le désir de photographier les fonds sous-marins, ou, depuis les airs, depuis un avion, avec mes vues aériennes, était-ce celui de passer outre la condition des terriens, d'êtres humains, marchant avec leurs jambes, en touchant la terre ? Ou bien était-ce l'affection portée à ce qui n'est pas incarné dans le corps humain, mais emporté par l'autre, ce qui lui est extérieur, au-delà de sa pesanteur ? Et puis, l'animal, cet être vivant, souvent capturé et mis en cage, domestiqué, ou exploité pour des zoos, qui pense en secret à son évasion, ou bien celui qui vole le nectar d'une fleur, tout en volant sans être vu, ou presque, représentent un peu cette part de mystère, cette profondeur. Les mots émergés, les photographies mémorielles qui tapissent les murs, tel des papiers peints, enveloppent ces paysages animistes, habités par les esprits des lieux. Il me semble que ces vues ont été des présences, pour moi, qui m'accompagnaient, car elles n'étaient pas capturées, ni volées, c'était des moments parfois très longs, pendant lesquels je côtoyais ces lieux, les arpentant durant des jours, des années, j'apprenais de ces espaces étrangers, ils m'apprenaient beaucoup, et c'était la solitude, solide, qui me faisait les voir, si profonds devant moi, comme si je nageais dans des eaux, que personne ne pouvait comprendre, seulement voir à la surface.












Je prends conscience que ces photographies viennent de villes différentes, parfois de pays étrangers, où j'ai vécu un peu, ou bien, où j'ai travaillé. On souhaite toujours immobiliser le voyageur, ici la voyageuse, capturer l'animal qui vole, et le laisser en cage, l'observer, voir s'il pleure, s'il est triste de ne pouvoir se mouvoir. Il y a ce fantasme, de pouvoir, voir un être doué d'ailes, d'un potentiel inatteignable pour les êtres humains, s'occuper à vivoter dans un espace clôt, auquel on donne quelques friandises, de temps en temps, et il y a ce pouvoir et contrôle en imaginant que l'être capturé n'attend qu'une seule chose : demander toujours plus de friandises, hors il n'en est rien. La limite de ce pouvoir ridicule est celui de croire, que l'être capturé ne pense pas, et surtout n'a pas de jugement sur le traitement. L'air de rien, l'air de voyager, une politique de la liberté (cela n'existe pas) s’immisce dans mon regard, déjà par la clôture du raisonnement, et du procédé photographique même (à l'origine, une invention miliaire pour se camoufler parmi la nature). L'idée de mobilité, est au cœur de ces catalogues. L'idée de voyage traverse ces photographies, mais aussi, l'animalité, même lorsque l'on regarde la mer, on imagine l'animal qui y vit, le poisson, ou bien ces animaux qui nous regardent cachés, partout, il est question d'une nature autre que celle des êtres humains. D'ailleurs des êtres humains, dans ces photographies, ont tous disparu, tous consentants à ne point figurer. Je crois que seule la couverture de BONJOUR, figure des bottes portées par une majorette, mais, hormis quelques plans découpés, de jambes, plutôt des collants transparents, nous ne voyons que des paysages et des lieux, ou bien des garçons de dos, penchés sur un bassin, où des animaux nagent, mise en abîme des écrans et espaces clôt. Qui est libre ? L'oiseau qui nage et regarde ces jeunes hommes, ou ces hommes qui ont payé pour voir l'oiseau nager ? Sur le fond du texte du catalogue DEEP, c'est le Tage de Lisbonne, entièrement bleu, presque vert. Il y a une petite bouteille qui flotte, transparente. C'est une bouteille de Vinho Verde, de la marque Gatão (qui veut dire "chat") un vin frais "jeune, amusant et audacieux", dit la marque. C'est un peu l'esprit de ces photographies.
Dans cette bouteille, est disposé, un petit origami (un pliage de papier, de la technique japonaise et chinoise de l'art du papier plié) Si je crois bien me souvenir, il fut en métal argenté, avec une adresse mail. Elle figure la bouteille à la mer. Il me semble que mes photographies représentent des bouteilles à la mer, de la part d'une naufragée.
Puisqu'une bouteille à la mer est un moyen de communication avant tout. Ils se constitue d'un message sur un morceau de papier, qui s'insère dans une bouteille bouchée qui est jetée dans une mer ou un océan, parfois sans destinataire précis, ou bien avec une intention précise, avec l'espoir qu'une personne finisse par la trouver, au gré des courants. Rendues célèbres par la littérature, les bouteilles à la mer sont connues du grand public pour servir de moyen d'appel à l'aide aux naufragés sur une île déserte. C'est aussi un symbole, "lancer une bouteille à la mer", c'est apporter quelque chose au monde qui n'a pas beaucoup de portée, justement, mais qui peut être très significatif d'une avancée, technique ou sociétale, ou un geste de désespoir, comme des prisonniers lancent des papiers à travers les barreaux de leurs cellules de prison.
Dans l'histoire de cette photographie, la vue du Tage avec une bouteille à la mer, il y a plusieurs notions imbriquées, qui présupposent son avènement, mais aussi, les motivations engagées de son auteure, moi, la photographe, l'air de rien. De rien du tout, donc. Une naufragée.
Peut-être y avait-il quelque chose dans ma généalogie, ou bien dans l'histoire mystique du Tage, qui se révélait à la surface de l'eau, quelque chose y serait né, ou abandonné, comme les histoires de la naissance du monde, puisque les marchands phéniciens nommaient Lisbonne, Alissubo, la « Rade délicieuse ». Mais aussi combien de noyés et de voyageurs sans escales ?
Le Tage est magnifique à toute heure, un nombre incroyable de personnes s'y pressent après leur journée de travail, de façon très pacifiste, juste pour regarder le Tage et les couchers de soleil. À l'aube, c'est le même périple, avant d'aller travailler, des ouvriers, des employés, nombreux, se posent et boivent un café à emporter devant le Tage, comme pour méditer sur les passés glorieux, les désastres économiques, les royaumes déchus, les désirs grandioses des conquêtes et des découvertes, histoire de consacrer à la Terre, la preuve qu'elle n'est pas plate, mais des Indes, on pouvait aussi se tromper, les indiens d'Amériques n'étaient pas ceux que l'on croyait, errare est humanum.
J'ai effectué un voyage d'étude et de diplomatie, pour le Portugal au début des années 2000, à Lisbonne, car j'avais réalisé un très beau dossier pour créer un contact bilatéral avec l'école d'art de Lisbonne pour mon école angevine, en France, dans l'enseignement supérieur, où j'enseignais. J'avais effectué au préalable 2 autres dossiers (pour Porto et Coimbra) Tous  furent recevables, mes collègues, très heureux et le directeur (l'école n'avait pas de contact avec aucune capitale européenne) m'avait envoyé là-bas, signer tous les papiers administratifs. Un séjour où j'ai rencontré plusieurs personnes, et j'avais moi-même organisé mon voyage, puisque personne n'était expert, en France. L'école m'a montré beaucoup de choses, et j'ai pris conscience de l'intelligence et la faculté de tous les professeurs à dialoguer et à accueillir l'étranger. J'ai rédigé pour l'école un rapport très complet, pour tous, avec des photographies et des retranscriptions complètes de nos échanges. J'ai rencontré des étudiants et l'une est partie ensuite à Angers. C'était un contrat énorme pour l'école (qui en bénéficie toujours) une prouesse... diplomatique (j'ai réalisé la même chose avec Bruxelles, en Belgique, plus tard, car un enseignant en arts numériques avait longuement bénéficié de mes cours diffusés en ligne et m'avait invité là-bas pour développer des échanges)
L'envergure
, est un beau mot pour résumer ce que je ressens.

Dans mes bagages, lorsque je visitais l'école lisboète des beaux-arts, très belle, mon conjoint, avec qui je vivais alors, s'est embarqué aussi, profitant de mon expérience. Tandis que j'avais un boulot monstre, je souhaitais revenir avec un contrat, il réalisait des origamis, c'était ses vacances. Il développait son propre travail artistique, et était enseignant aussi.
L'origamiste embarqué, a eu l'idée de glisser un origami dans une bouteille vide de Vinho Verde, je lui apprenais la culture gustative et œnologique portugaise, mes préférées de ces bouteilles étaient celles, avec avec la forme ronde. Il a acheté plusieurs bouteilles, et les a vidées toutes et disposées dans le bidet de la pension, afin de les faire sécher, pour projeter de disposer dans chacune un petit origami. C'était charmant, j'ai toujours apprécié ses idées artistiques, lorsqu'elles étaient dénuées d'idéologie et ouverte sur l'imaginaire. Je pense que c'est notre association, qui le tournait vers des horizons étrangers. En rentrant le soir, de ma journée de travail, je vois que les bouteilles ont toutes disparu. Nous interrogeons les gardiens, et l'un nous raconte que la femme de ménage est tombée sur toutes ces bouteilles et a pensé que la nuit fut bien arrosée, elles les a toutes mises à la poubelle. Une scène digne de Mister Bean (la série télévisée humoristique anglaise des années 90) Nous avons recherché toutes ces bouteilles dans les poubelles de la pension et l'origamiste en herbe a pu réaliser son projet, in fine. Les concierges ont beaucoup ri et se sont donc aperçus que nous étions artistes. J'ai ainsi raconté l'objet de ma venue aussi. Plus tard, l'une de ces bouteilles fut jetée dans le Tage, et j'ai ai réalisé une photographie. C'est bien celle-ci, dans le catalogue DEEP.
En fait, pour chacune des photographies, j'ai une histoire à raconter. Souvent ces photographies sont aussi issue d'un projet artistique, plastique, mais aussi de souvenirs très formateurs, comme l'histoire du racisme en école d'art, ce qui existe toujours évidemment. L'humour est quelque chose qui retourne bien des situations dramatiques. Les singes sont là pour nous singer, n'est-ce pas ? On se trompe souvent sur les personnes, comme les indiens d'Amérique, ils n'étaient pas ceux que l'on croyait.






Ces 3 catalogues sont scénarisés comme un film, la juxtaposition des photographies (une par page, pleine page) forme un récit, une fiction qui se fait et se défait, à chaque page, et se ferme par une photographie. Nombre de rideaux sont représentés, comme des écrans face au lecteur, à la lectrice. J'ai beaucoup apprécié les créer. Les revoir, ces jours-ci confirment un pan de mon expérience photographique, assez longue, puisque j'ai peut-être appris à photographier en famille, et à l'étranger et depuis toute jeune. Parfois, c'est en déplacement que ces photographies ont été prises, comme des visions en plein rêves de scènes étranges et magiques, à l'aube. Le camouflage est très présent, bien plus car les animaux deviennent des motifs qui se fondent dans le décor. Les inaccessibilités sont manifestes, ou bien, les accès dangereux.












Voici le texte d'introduction de ces catalogue, daté de 2011 :

La photographie nissologique

Lorsque j’ai créé le site Internet Nissologie en 2007 (la science des îles), j’ai dédié un espace dans le menu (FOT) pour mes photographies. Cet espace d’édition en ligne, visible partout dans le monde depuis un ordinateur m’a fait adapter et concevoir des photographies spécialement dans ce cadre de visibilité, cette fenêtre. Avec des dimensions d’un écran de 1024x768 pixels, chaque photographie s’affiche selon un mode aléatoire à l’actualisation de la page ; à chaque visite et ouverture sur cette fenêtre, une nouvelle photographie avec ses informations en bas : sa date de prise de vue, la ville et le pays. Ceci pour l’espace de diffusion, spécifique. Avec cette méthode, mes sélections et mon regard se sont précisés, les photographies sont devenues nissologiques, insulaires. Certaines ont été réalisées des années auparavant, avant l’avènement du numérique, avant Internet, car dès les années 80, avant mes études artistiques, je m’initiais à la photographie, empruntant l’appareil de mon père, regardant les films en super 8 réalisés par ma mère. Lors de mes premières études supérieures en arts graphiques, je décidais d’acquérir un labo en noir et blanc afin de réaliser mes tirages, seule, depuis mes négatifs de mon appareil 24x36 analogique. Lors de mes études à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1997, j’ai obtenu une bourse pour un échange international et j’ai été sélectionnée pour étudier à l’école Émily Carr à Vancouver. C’est là-bas que j’ai appris à réaliser des tirages en couleurs. J’ai trouvé les moyens d’exposer dans 2 galeries différentes une installation nommée Vancouver Lovers (les amants de Vancouver) avec plus de 400 agrandissements de couleur, dont les points de vue pouvaient être depuis un avion ou sous l’eau des piscines. Ce parcours de photographe, je le dois à une certaine obstination et concentration dans le temps, le plus souvent dans des moments solitaires, juste en regardant (le réel) La sculpture, la peinture, les signes sont devant nous, je les capte sans aucune scénographie au préalable. Il y a, si ce n’est à la prise de vue, un travail à postériori, sur la couleur et ses contrastes. C’est une restitution émotionnelle des conditions de captation d’une scène offerte, éminemment visible, accessible, mêlée au regard intérieur du photographe sans aucune clarté ni évidence. Cette tension, ce contraste entre ce que l’on voit et ce qu’apporte la photographie de plus intériorisé, profond, est ce que je recherche. Dans les photographies nissologiques, l’être humain a déserté le cadre, les paysages. L’animalité reflète l’humanité, souvent apprivoisée, ou en cage. L’artifice des réalisations humaines, comme les carnavals, ou les décors des fêtes foraines sont là pour témoigner de cette absence de la figure, quand ce ne sont pas les masques qui la représente, ou tout ce qui nous empêche de mieux voir (barrière, rideaux, mur, grillage...) La distance également, tout ce qui rapetisse l’échelle humaine (les vues d’avions, de points culminants) ou celle des trains à grande vitesse qui font défiler des paysages sans personne, sont des points de vue d’isolement, qui manifestent des états sans contact, de séparation. Ces captures, ces croquis, sont autant d’esquisses pour mes dessins, mes poésies ou mes compositions sonores. En toute synesthésie, photographier le réel, me permet de créer le plus souvent ensuite vers des supports dématérialisés (son, infographie, multimédia) et de dessiner tout en photographiant les contours de formes issues du quotidien, du banal, mais qui, de mon point de vue, sont insolites, extra/ordinaires jusqu’à apparaître parfois exotiques car désuètes.
En 2007, tentant d’écrire sur ces photographies, ma description se faisait dans ces mots :

- Je me suis toujours considérée comme touriste à moi-même.
L’appareil photo n’a fait qu’accompagner ce sentiment d’étrangeté dans tous les endroits qui m’étaient familiers.
Celui-ci, l’appareil, ayant changé souvent d’apparence et de technologie, de l’analogique au numérique, de la caméra à la webcam à l’appareil qui n’est plus là.
Plus là, parce que les images sont partout et nulle part. Il suffit de les attraper au vol, d’autres prennent des photos, tant de photos prises, les donnent, les perdent, les volent, les vendent, les bradent, les valorisent, les partagent, les exposent, les cachent, les accumulent, les archivent, les collectionnent, les déchirent, les modifient, tant d’images photographiques sont accessibles, de points de vue que nous, êtres humains, n’aurions jamais imaginés de notre vivant


- Des vues d’avion, des vues d’autres planètes, des vues sous-marines, des vues microscopiques, sous la peau, dans les pierres précieuses et des vues imaginaires dans des montages photographiques, des collages médiatiques et des horreurs.
Que d’images, que de polysémies !
Que de polémiques intellectuelles sur leurs statuts !
Mon regard est polysémique et pourtant unique. Si mes yeux étaient des appareils photographiques, ce qu’ils deviennent, je voudrais les fermer souvent. Oublier ce que je vois et dormir profondément.

La vue me tue.


Curieusement, je compose des sons et je me repère dans l’espace avec ce que j’entends. Dans le noir, la nuit souvent, j’accueille cette vision sonore plus calmement.
Ainsi les photographies que je prends, les images que je recueille, cadre, sélectionne et montre, sont celles qui me permettent de penser seule. Ce sont des espaces-temps solitaires et ouverts sur le monde contemporain, trop vaste, trop possible. Les photographies nissologiques sont ces espaces-temps de retranchements, calmes, et aussi trop possibles.

- Les voyages, les trajets, longs ou courts, ceux des transports urbains ou aériens et ces moments où l’on s’arrête, ou l’on se retrouve dans une chambre d’hôtel qui finit par être sa chambre, la sienne, un chez soi étranger et familier lorsqu’elle devient rythme, repère, sécurité. Le regard ici, espère formuler ses oasis dans des environnements de troubles.
- Les espaces improvisés et éphémères des échafaudages, ceux qui durent comme de vieux carreaux de céramiques effrités sur les murs, ceux qui sont destinés à partir comme les graffitis, le rayon de lumière qui perce le nuage pour caresser la mer, les filtres multiples des écrans, des bâches, des balcons, des fenêtres, des volets qui nous empêchent d’accéder et réalisent tous nos vœux voyeuristes, ceux d’être à l’abri, tout en pouvant voir ce qui fait peur : l’étrange.
Des lieux étrangers que j’habite souvent.
Un état étrange de perdition dans lequel habiter semble possible parce que je ferme les yeux.

Touchée.


Le réel me tue.


Afin de ne plus être atteinte par le réel, les traces de mon passage dans celui-ci deviennent des fictions.
Et c’est mieux ainsi.
La photographie nissologique est nostalgique.

© Sonia Marques – 2011








 E N V E R G U R E

  • Distance entre les extrémités des ailes étendues chez les oiseaux ou autres animaux ailés. (Les plus grandes envergures ont été mesurées chez l'albatros hurleur [3,60 m], chez le marabout [3,35 m] et chez des rapaces diurnes.)
  • Capacité, puissance de quelqu'un, ampleur de son intelligence, de sa volonté, poids de sa personnalité.



Par kiwaïda at 01:58

16/04/2023

$αїηT ℳαяTїαL















Photographies © Sonia Marques

La pivoine arrive !

En ce moment c'est la fête du Saint Martial à Limoges, l'apôtre d'Aquitaine (IIIe siècle)
Les ostensions septennales se déroulent en ce moment (tradition médiévale)

Guérison et sauveur : Le Saint Martial, de ses initiales S et M, sur le blason de la ville de Limoges est partout sur les drapeaux en ce moment, signe de la guérison.

Vers 994, il y avait des maladies dans le Limousin, et l’Aquitaine, mortelles : le mal des ardents, ou ergotisme, une épidémie qui se déclenchait à la fin des moissons. C'était une intoxication au pain de seigle contaminé par un champignon parasite, l'ergot du seigle. Elle provoquait une sensation d’atroce brûlure et d'hallucination (d’où l’appellation « ardent », du latin ardere, brûler), des crises de convulsions et des spasmes douloureux, des diarrhées, des paresthésies, des démangeaisons, des maux de tête, des nausées et des vomissements. Les malades avaient des hallucinations, des troubles psychiatriques comme la manie ou la psychose. Les chroniqueurs médiévaux ont décrit en plus le noircissement, la nécrose puis la chute des mains et des pieds chez les personnes atteintes. Les morts se comptaient par centaines. Cette maladie était perçue comme un châtiment de Dieu. À Limoges, les malades, venus implorer la protection divine, s’entassaient dans les églises. Face à l’étendue du drame, l’évêque Hilduin et son frère Geoffroy, abbé de Saint-Martial, décident d’organiser un grand rassemblement autour des reliques de plusieurs saints limousins. Des ambassadeurs sont envoyés dans toute l’Aquitaine pour convier les archevêques de Bordeaux et de Bourges, les évêques de Clermont, du Puy, de Saintes, de Périgueux, d’Angoulême et de Poitiers, à se réunir en concile à Limoges. Le 12 novembre 994, après trois jours de prières et de jeûne, le corps de saint Martial, premier des évêques de Limoges et protecteur de la cité, est levé de son tombeau, placé dans une châsse d’or, et porté en procession depuis la basilique du Sauveur (place de la République actuelle) jusqu’au mont Jovis, à l’extérieur des murailles. Cette colline porte ce nom qui signifie Mont de la joie depuis cette époque. Elle est située, aujourd'hui, en pleine ville de Limoges, dans le quartier Montjovis. La procession est conduite par tous les prélats, les moines de l'abbaye de Saint-Martial, et Guillaume IV duc d’Aquitaine, suivis de nombreux pèlerins. Une foule immense se presse tout au long du parcours, peu à peu rejointe par des groupes de moines chargés de reliques venues de Figeac, Chambon, Salagnac, et de nombreuses autres paroisses. Arrivées sur la colline dominant la ville, les reliques des saints limousins sont offertes à la vénération de la population en détresse. Cette manifestation de masse est la toute première ostension (une appellation qui trouve son origine dans le verbe latin ostendere, qui signifie montrer, ou exposer, et qu’employa pour la première fois Bernard Itier, moine bibliothécaire de l’abbaye Saint-Martial, en 1211). Le 4 décembre, alors que le corps de saint Martial est ramené jusqu’à son tombeau, l’épidémie a cessé de sévir. Les chroniques de l’époque font état de plus de sept mille guérisons.








Blason de la ville de Limoges

DESCRIPTION

De gueules au buste de Saint Martial d'argent, vêtu et diadémé d'or accosté des lettres onciales S à dextre et M à senestre, au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or

DEVISE
"Dieu garde la ville et saint Martial la population"



Par kiwaïda at 22:58

10/04/2023

ℵ☺Li ღℯ ☂@ηℊ℮яℯ


Noli me tangere
Giotto (1304-06)
Fresque, 200 × 185 cm
Chapelle Scrovegni, Padoue
J'ai découvert Giotto lorsque j'avais une quinzaine d'années, notre enseignante d'histoire de l'art, nous projetait de grandes diapositives, sur un écran blanc qui se tirait, et parfois elle prenait le projecteur dans ses mains, sautait sur une estrade, avec ses bottes à talons, et projetait les tableaux sur le mur à notre gauche, afin que nous puissions voir de plus près les détails. Elle s'exclamait, heureuse, d'avoir trouvé une forme nouvelle de monstration. Nous étions loin encore de Nan Goldin et son procédé photographique avec ses diapositives exposées dans des galeries ("d'art contemporain"), et pourtant, l'enseignante alliait la pratique à l'esthétique, dans le même saut, passionnée de peinture italienne (je pense qu'elle était d'origine italienne) Et bien mieux encore, il y avait l'histoire et aucune récupération.
Nous étions dans un petit amphithéâtre, en bois, une salle très belle. Nous avions le devoir, avec ses photocopies en noir et blanc, chez nous, de peaufiner la construction des différents tableaux étudiés, et, avec un calque par-dessus, de tirer des lignes, selon des questions précises, pour mesurer les directions des regards ou les perspectives. Je préparais, avec mes camarades un brevet de technicien, dessinateur maquettiste, l'ancêtre du graphisme (ou du design graphique). Nous étions destinés à réaliser des documents d’exécution d'une précision au compte-fil (loupe à fort grossissement munie d'un support, qui en assure la distance optimale à ce qui est examiné, et d'une échelle de mesure) et au scalpel (bistouri, un instrument utilisé en chirurgie pour faire des incisions, mais aussi dans le graphisme pour couper et gratter de façon très précise), avec des encres de Chine, ou des calques superposés, afin de les envoyer à l'imprimerie. Le numérique et la dématérialisation, ont complètement rendu caduques ces procédés, par contre mon acuité visuelle, et celle de mes camarades, s'est affinée, et nous avions développé une maniaquerie dans l'analyse des images et des graphismes. Nous étions évalués sur l’exécution et la précision de nos tracés, puis, dans ma vie professionnelle, j'ai pu préparer des documents pour les imprimeurs, soit en tant que graphiste, soit en tant que directrice artistique, cheffe de projet, ou artiste, puis en documentaliste... ou en soigneuse d'animaux, ou d'humains, ou... de meubles ! J'ai gardé cette expérience, dans tous les domaines de création, mais aussi dans ma vie quotidienne, et j'ai aidé beaucoup de jeunes gens et d'adultes afin de préparer des documents, des images, des fichiers, de grands tracés. Notre pays ne sait plus recruter des compétences, tout simplement car il n’en cherche plus, il est à l’arrêt et ne se consacre qu’à la politique et l’enseignement des modes de gouvernance. Tout individu pense gouverner l’autre, à titre individuel et lunatique, le plus court chemin se trouve pavé de malédictions, les bonnes consciences s’achètent et le bon sens se perd en route. Déroutes, les Magdas et Maries Madeleines veillent, disciplinées, sur les chemins plus longs, de traverses.
L’intérêt, en histoire de l'art, n'était pas de simuler des lignes, inventer des constructions, mais de mieux observer une image, étudier l'histoire, les évènements, ici, l'histoire aussi sacrée, trois jours après la crucifixion, Marie-Madeleine (Marie de Magdala), disciple de Jésus, se rendait à son tombeau afin de se recueillir, et constatait, que le corps de Jésus avait disparu, le tombeau était vide. C'est juste avant le moment de cette peinture. L'épisode biblique, qui se nomme "Noli me tangere", ce qui veut dire "ne me retient pas".
Dans la tradition chrétienne  : Le dimanche de Pâques, trois jours après la crucifixion, Marie de Magdala se penche sur le tombeau du Christ et s’aperçoit que le corps de Jésus a disparu, le tombeau est vide. A sa place, se trouvent deux anges vêtus de blanc qui lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ». Marie-Madeleine répond : « Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » A ce moment, Marie-Madeleine se retourne et voit un homme qu’elle prend pour un jardinier car il a une bêche sur l’épaule. L’homme dit : « Marie ! » et elle répond : « Maître ! ». Alors Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leurs : "Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". » (Évangile selon saint Jean, chapitre 20, versets 11 à 18)
Sur la fresque peinte par Giotto, deux anges sont assis sur le tombeau du Christ ouvert. Il vient de ressusciter. A droite, Marie-Madeleine à genoux implore le Christ, mais celui-ci l’arrête d’un geste de la main en prononçant les paroles : « Noli me tangere ». Un paysage rocheux avec quelques éléments de végétation constitue l’arrière-plan. Le ciel d’un bleu profond représente la moitié de la surface sur la fresque de Padoue (1304). La tête des personnages sacrés est entourée d’un nimbe, disque de lumière permettant de les distinguer des humains. Les soldats qui dorment au premier plan, n'ont rien vus, ce sont des ignorants, ils  contrastent avec Marie de Magdala.

Bien plus tard, lorsque j'ai étudié à l'école supérieure des arts de École Duperré, rue Dupetit-Thouars à Paris, un enseignant et peintre, revenait à Giotto, lorsque nous étions au niveau du diplôme supérieure (niveau Master) Car je travaillais sur les gestes et les mains. Il nous montrait des reproductions de ce peintre, et, nous avait ramené des catalogues, de gros plans, et nous demandait d'être plus attentif à tous les gestes des mains, que ce peintre avait représentés, dans ses peintures ou fresques, la douceur et la présence de ceux-ci. Autre regard, autre manière de voir. Giotto fut l'un des premiers à traiter la scène "Noli me tangere".
Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto, né en 1266 ou 1267 à Vespignano ou Romignano et mort le 8 janvier 1337 à Florence. Peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento, dont les œuvres sont à l'origine du renouveau de la peinture occidentale. L'influence de sa peinture va provoquer le vaste mouvement général de la Renaissance à partir du siècle suivant.

Il est évident que nos enseignants nous influencent, pour peu que l'on se souvienne de leurs cours. Cette femme et cet homme, ne se connaissaient pas, plusieurs années séparent mes études, du lycée, jusqu'aux études supérieures, pourtant, qu'il s'agisse d'études classiques en histoire de l'art, ou plus tard, dans la mode et le design, nous revenions à quelques éléments de lecture, sensibles et picturaux. Plusieurs œuvres représentent la passion du Christ dans l'histoire de l'art, la célébration la plus importante pour les chrétiens catholiques. Pour cette raison, au cours des siècles, elle a été immortalisée par les artistes sous toutes les formes. Suivre les traces laissées par les peintres à travers Pâques dans l’art, provoquent des surprises. De mon côté je revisite, ce que j'ai appris, plus jeune, et "la passion", puisqu'il en est une, de ces enseignants, n'hésitant pas à créer des fresques avec un lecteur de diapositive, ou remplir sa sacoche de catalogues, pour feuilleter des images et nous suggérer de les commenter, de s'en imprégner, les observer aussi, dans notre quotidien, tous les gestes de nos proches. Dans le milieu hospitalier, lorsque je me suis trouvée rejoindre des proches, lorsqu'ils dormaient, j'étais devant des peintures de la renaissance, la guérison, la paix, le chemin parcouru vers le soin de soi, le recueillement, toutes ces formes intérieures à travers les gestes posés, me faisait être témoin de peintures italiennes, de similitudes, avec ces attentions, au bord des doutes, des bruits électroniques, des battement du cœur, et des auras d'espoirs dans des chambres sommaires, dans un dénuement salutaire.

Sous chaque jardinier, chaque jardinière... se cache un Jésus ressuscité...

Par kiwaïda at 19:53

09/04/2023

ℙ@ηεт☂øη℮ @ʟ Ḻїμ☺ᾔ¢εℓłø



Graphisme © Sonia Marques

Panettone farcito con crema al limoncello : Buona Pasqua !

Joie printanière de Pâques, recommencement !


Desejo a todos uma frutuosa celebração da Páscoa !

Par kiwaïda at 19:54

07/04/2023

ℳℯґ






Photographies & Dessins © Sonia Marques

Je regardais la mer, je regardais tes yeux, je gardais tes yeux, la mer de tes yeux...

Je regardais la terre, je regardais tes mers, je gardais la terre, mes yeux dans la mer...

Je me souvenais de tes yeux, de tes mers, de tes terres, j'essayais de garder mes yeux sur la terre...

La baleine, ses yeux, sa mer et mes yeux dans ses yeux...

Par kiwaïda at 03:42

29/03/2023

ḉґâηεṧ ℮т √@ηḯтéṧ



Cardinal Albrecht of Brandenburg as Saint Jerome (1526)
Peinture
Artiste : Lucas Cranach the Elder (1472–1553)
Dimensions (hauteur) 114.9 cm


St. Jerome in His Study (1514)
Artiste: Albrecht Dürer
(1471-1528)
Engraving in black on ivory laid paper
Dimensions : 24.4 × 18.6 cm
Avec bonheur, je retrouvais une candidature perdue, comme tant d'autres, avec un beau projet, jamais vu, jamais lu, de personne. Lorsque cela se produit, j'imagine que le destin me dispose en présence d'un projet fabuleux, qui ne doit pas être mis dans les mains du quidam, et, qu'ainsi, il reste préservé.
Secret.
En le lisant, il est resté intacte, non décelé, à présent qu'une dizaine d'années me sépare de lui, référencé et absolument inédit, ces peintures et gravures flottaient dans mon dossier.
Et des notions philosophiques :

Les Anciens ont compris le privé comme privation (de la participation au domaine commun) mais la sphère privée n’est pas pour autant disqualifiée, elle permet d’avoir une place pour soi dans le monde. En ce sens, l’habitat doit assurer une véritable dialectique : permettre une occupation active et commune du monde et garantir les conditions du retrait, aussi nécessaire à la pluralité que le monde commun lui-même.

et :

Certaines choses, tout simplement pour exister, ont besoin d’être cachées tandis que d’autres ont besoin d’être étalées en public.

À la lecture des destinataires ou de la constitution des membres du jury, avec la distance, je m'aperçois que personne n'était prêt ni préparé à un tel projet, et surtout, venant d'une telle auteure, d'un tel parcours, d'une telle planète ou soubassement intellectuel inexploré. Tout comme les abandonware, les logiciels abandonnés, il existe une fange singulière de la société, à la recherche de ces vaisseaux fantômes, inutilisés, ou bien abandonnés, collectionneurs ou artistes érudits, les seuls "à savoir". Tout en sachant, sans pouvoir le partager, qu'à celles et ceux qui savent.

Tous ces soubassements permettent de surélever toute battisse, qui prétend bien fonder son esprit, pensais-je... à bas bruits.

Hé haut, hop !

On se rassure comme on peut, et, comme on veut aussi, puisque pouvoir et vouloir sont deux verbes disparaissant pour cette même fange de la société, abandonnée.
Pouvoir et vouloir sont devenus des verbes encartés, pour celles et ceux et cieux et ciel (hélas pour les cieux et le ciel qui tentent de ne point être pris à leur tour) qui s'étalent en public... Ces jours-ci.

 


Par kiwaïda at 22:33

20/03/2023

ℬℛ☮ℕ✞Ë

Image du film Emily, réalisé par de Frances O'Connor (2023), avec l'actrice Emma Mackey.
Très beau film de Frances O'Connor, pour sa première réalisation. La bande son est subtilement conduite et mixée d'Abel Korzeniowski. La réalisatrice britannique s'est librement inspirée de la vie et l’œuvre des sœurs Brontë et d'Émily, auteure des Hauts de Hurlevent, et de poésies. Dans les paysages du Yorkshire, des formes de romantisme germent des hivers, du vent et de la pluie, où Dieu se faufilerait, partout dans ces quêtes de sens et recherches d'amours, vers cet idéal : être aimé et aimer. Le confort d'audition et de l'image sont remarquables, soutenus par des scènes classiques dont l'intensité des émotions, de l'émergence d'une pensée, d'une auteure, considérée comme bizarre et peu sociable, sauvage, qui écrit en secret, et aime aussi en secret, se révèle dans l'obscur comme en plein jour, en libérant sa joie et les enfantillages défendus, en courant dans les champs, sans personne pour interdire les cris et les espoirs. Dans un moment de l'histoire où les femmes ne devaient pas exprimer leur sentiment ni dire leur vérité, ni même exprimer des sensations, finalement, on peut retrouver ces thèmes aujourd'hui, alors que les femmes ont tout, ou n'ont encore rien entendu de ce qu'elle peuvent révéler et écrire. Ainsi cette recherche de la vérité, même si elle choque et vexe, évoque la recherche artistique, la création, être écrivain, là où rien ne l'autorise, ni soi, ni la société, hormis, la nature mouvementée, et les intimités amoureuses et érotiques. Des hommes qui ne peuvent se passer des mots d'Émily Brontë et de sa création, sa sensibilité. Comme faire image de ce que l'homme et la femme ont besoin, de l'art et de la poésie, en toutes choses... et à tout âge...




Par kiwaïda at 15:47

15/03/2023

ⒿѺℜḠℰ

Photographies © Sonia Marques

Je m'endormais sur la vue du château...

A história mais conhecida de S. Jorge tem a ver com a morte de um dragão terrível que existia em Silene, na Líbia. Para acalmar a fúria do dragão, os habitantes ofereciam ao monstro duas ovelhas por dia. A certa altura, o dragão tornou-se mais exigente e reclamou um sacrifício humano. A escolha aleatória recaiu sobre a filha única do rei da Líbia. Nesse momento trágico, S. Jorge apareceu, oferecendo-se para lutar com o dragão e libertar a cidade daquele terrível jugo. Montou o seu cavalo e com uma lança feriu o dragão. Trazendo-o preso para a cidade, matou-o perante todos os habitantes, depois de exigir em troca a sua conversão ao cristianismo.
Existe outra versão da lenda, reclamada pelos habitantes de S. Jorge, perto de Aljubarrota, que conta que S. Jorge era um oficial romano que estava aquartelado naquela região. Tinha por costume mandar os seus soldados dar de beber aos cavalos na "Fonte dos Vales", no ribeiro da mata. Porém, no momento em que os cavalos bebiam, por vezes surgia da fonte um dragão que os devorava. Os soldados, com medo de serem também mortos, recusavam-se a lá voltar. Para acabar com este martírio, S. Jorge dirigiu-se à fonte, deu de beber ao seu cavalo e quando o dragão surgiu, matou-o com a sua lança.


+

São Jorge também é venerado em diversas religiões afro-brasileiras, como a Umbanda, onde é sincretizado na forma de Ogum. Todavia, a ligação de São Jorge com a Lua é algo puramente brasileiro, com forte influência da cultura africana, e em nada relacionado com o santo europeu. Em estados como Pernambuco, Rio Grande do Sul e Rio de Janeiro, o santo foi sincretizado a Ogum, enquanto na Bahia, sincretizado a Oxóssi. A tradição diz que as manchas apresentadas pela Lua representam o milagroso santo, seu cavalo e sua espada pronto para defender aqueles que buscam sua ajuda.

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Desde os tempos do czar Yaroslav – o Sábio, o povo russo venera São Jorge. Ele é o santo padroeiro dos príncipes, e sua imagem aparece no brasão e na moeda de Moscou. Ele representa um guerreiro valente, defensor das terras russas, protetor do camponeses. Muitas casas têm imagens do cavaleiro Jorge matando um dragão com sua lança; é a vitória do bem e da fé sobre as forças do mal.




São Jorge, 1911, óleo sobre tela, 107 x 95 cm, Wassily Kandinsky, Russian Museum, São Petersburgo.

Les tableaux de Raphaël sur ce sujet, l'un est visible au Louvre, avec le cheval blanc (réalisée vers 1500) représentent cette victoire, il y a aussi des illustrations éthiopiennes puisque c'est aussi un mythe bien représenté. Mais celui de Kandinsky de 1911, ce tableau, est assez étonnant, un petit bijou pour celui qui écrivait sur le spirituel, dans l'art. Je me demande s'il est encore en Russie ce tableau. La Révolution russe avait chassé l’artiste de sa terre natale en lui spoliant ses biens. Un an après ce départ, la toute nouvelle URSS interdisait les arts abstraits jugés « dégénérés ». Kandinsky en avance sur ce temps maudit, avait déjà ouvert la porte à l'abstraction. Loin du désordre russe, il s'installe en Allemagne il découvre les joies de la géométrie. Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, ses capricieuses formes. Mais rattrapé par la politique, encore, de l’Allemagne des années 1933, avec le nazisme, il fuie de nouveau, et s'exile, et s’installe à Neuilly. Peu avant sa mort, il change sa deuxième nationalité, l’allemande, contre une troisième, française.

Enfin, je m'endormais sur le château, dont la vue m'emmenait loin de ce patronyme évident, de ce saint qui tua le dragon.

Cafou le cheval blanc si petit, et moi, étions si heureux de penser à tout cela, tout en sachant que personne ne le pensait à notre place, ni le dragon, ni la politique, ni les dévots.
Mais il est vraiment trop petit pour être un cheval, il faut reconnaître que l'imagination transforme un peu toute sainteté en ânerie, l'humain s'il ne l'oublie pas sous les diktats, est doué de ces doux ânes et rêves, afin d'envoyer dans ses nuages chausse-trapes, ce qui convient, et vénérer ses saints quand cela lui convient. À sa convenance donc.
Petit souvenir joyeux et fugace d'un serveur noir qui paraphrasait ses allocutions de : À votre convenance. Un sportif de haut niveau préparant les jeux olympiques aux croissants et escargots, autours d'un café.
De l'art et du muscle, du blanc et du noir, pour éviter de finir rouge, cramé par le torticolis des jours sans fin, ni queue ni tête, ni filet de sauvetage, pour les artistes funambules, toutes celles et ceux perçus rapidement comme des bidons.

Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, nos capricieuses formes...


Par kiwaïda at 02:32

04/03/2023

ḠℛѺṲ ḠℛϴṲ

Photographie © Sonia Marques

Les voici, des paquets de "grou grou" au dessus de nos têtes, la migrations  des grues cendrées...
Des vols très nombreux entrent en France depuis l'Espagne, Les grues hivernantes en Camargue, quittent le site en direction de l'Italie et dans une moindre mesure empruntent le couloir rhodanien.
Au nord de notre pays, des vols nombreux sont signalés en Belgique et en Allemagne... Les suivre ici.

Un bonheur renouvelé que de les entendre et les chercher du regard. Toujours étonnée de voir les passants, sans les entendre, ni les voir, lorsqu'elles ont au-dessus, si belles et majestueuses, des dessins dans le ciel, des navigations très spécifiques, chaque jour, un spectacle merveilleux.

Depuis 2010, j'ai appris à les reconnaître, de façon ontologique, être oiseau, en capacité de quitter, revenir, savoir où il faut aller, avec ses proches. Ces grues sont des signes des temps, les plus porteurs de sens, au-dessus des volcans (un titre de son et chanson que j'avais composé, ici même... comme une grue cendrée...)

La Grue cendrée est l'un des plus grands oiseaux d'Europe. Une envergure de 2 m à 2,40 m pour un poids de 4 à 6 kg font d'elle, un oiseau imposant. Son nom de « cendrée » lui vient de sa couleur à dominante grise, couleur cendre, relativement uniforme. L'oiseau adulte présente une tête contrastée entre noir et blanc. Une calotte rouge située au sommet de la tête est également plus ou moins visible selon la saison. Cette zone n'est pas constituée de plumes rouges, mais au contraire, résulte d'une absence de plume. La couleur rouge est due aux vaisseaux sanguins particulièrement nombreux à cet endroit et qui affleurent sous la peau. La couleur est donc plus marquée et la zone plus étendue à l'approche de la période de reproduction, période d'excitation sexuelle. La « queue » en panache n'est en réalité que l'extrémité des rémiges (plumes des ailes) qui dépassent. La véritable queue est en réalité très courte et n'est visible que lorsque l'oiseau est en vol. Le jeune né dans l'année est différent car entièrement brunâtre. Il acquière progressivement son plumage d'adulte. En vol, la grue se distingue par sa silhouette en forme de « + », ses grandes pattes dépassant largement à l'arrière et son cou est tendu.

Le cri est très caractéristique et ne peut être confondu. C'est un « grou grou » qui lui a d'ailleurs donné son nom dans bon nombre de pays. Il permet bien souvent d'entendre les oiseaux bien avant de pouvoir les observer.

Espèce protégée en France depuis 1967

Vitesse de vol : 40 à 80 km/h en moyenne. Si les vents sont porteurs et puissants, la grue se déplace à plus de 100 km/h. La grue peut donc traverser la France en une journée. Altitude de vol : de 200 à 1 500m.

Population transitant par la France : environ 360 000 individus Population hivernant en France : environ 100 000 / 120 000 individus Les grues transitant par la France nichent essentiellement en Suède, Finlande, Allemagne du Nord et Pologne.

Par kiwaïda at 19:41

01/03/2023

Ḻε ℘яḯηTℯღ℘ṧ



Portrait de jeune femme, atelier de Sandro Botticelli, début des années 1480.

Quoi de plus beau, que cette joie douce de pouvoir se plonger de nouveau, dans les œuvres de la Renaissance italienne, de l'histoire de l'art.
Sandro Botticelli, peintre italien m'a beaucoup inspiré pour certaines de mes réalisations sur tissus, ou mes dessins.
Il serait né un 1er mars (1445)
Quoi de plus beau, qu'imaginer voir ce printemps, celui d'ici, et ceux de Simonetta Vespucci, sa muse, qui incarnait chez les florentins l'idéal féminin, décédée probablement de la tuberculose.
Elle est l'une des trois grâces de l’œuvre de Boticelli, Le printemps, une peinture mythologique et allégorique fabuleuse, à la tempera sur bois (technique spécifique)
Ce jardin représenté néo-platonique, reste, une image féérique, incrustée dans ma mémoire lorsque je l'étudiais grâce à l'enseignante en histoire de l'art, au Lycée d'art graphiques parisien, excellente dans sa manière d'aborder les œuvres picturales.

Le printemps, nous offre à loisir, des possibles, de remonter la pente des oublis littéraires et artistiques, tant il ramifie, ceux de la poésie antique.

Mais, au delà de sa richesse, Primavera, le printemps est là !

Par kiwaïda at 14:46

05/02/2023

ℑℕṼЇϟЇ฿ℒℰ

I N V I S I B L E


Rien ne va changer dans l'invisible
Tu resteras le même, elle restera la même, ils seront les mêmes
qu'avant

Ils changeront de logiciel, ils changeront les machines
ils changeront le langage de programmation
ils changeront de langage
de langage

Rien ne fonctionnera comme avant
Tout sera pire et tout sera effacé
Avec efficacité

Mais ils seront les mêmes

Tu seras le même, animé par des désirs aussi inavouables,
et des besoins urgents, de soulager tes peines et tes orifices,
de boire les bêtises des autres, et de donner le plus vil de ton jus,
comme les autres
Rien ne changera

Ils seront les mêmes, animés par des désirs aussi inavouables,
et des besoins urgents, de soulager leurs peines et leurs orifices,
de boire les bêtises des autres, et de donner le plus vil de leur jus,
auréolés de leur langage sans âme,
comme les autres
Rien ne changera

Mais ils pisseront beaucoup plus,
jusqu'à ne plus le pouvoir,
Eux non plus

Tu cacheras tes amours à jamais interdits,
tes amitiés aussi
Tu afficheras des fausses identités, des signes pour faire semblant d'aimer
et tout ce que tu détesteras, tu feras tout pour l'aimer,
sans jamais y parvenir,
comme avant
Ta vie sera celle du mensonge,
ton salut celui de l'interroger

Eux aussi
Sans point d'interrogation

Ils changeront de logiciel, ils changeront les machines
ils changeront le langage de programmation
ils changeront de langage
de langage

Il n'y aura plus de sexe, de liquide, de merde,
de choses qui dégoulinent, de virus, de parasite,
puisque tu seras éliminé du langage

Tu ne pueras plus, tu ne pollueras plus,
tu ne contamineras personne et tu ne pourras plus être contaminé,
tu ne feras plus d'enfants, tu n'accoucheras plus, tu ne seras plus accidenté,
tu ne seras plus imaginé car l'imaginaire aura disparu de leur langage

Mais comme avant tu seras tué
comme avant
Personne ne connaîtra plus le "Tu ne tueras point"
car tu n'auras plus aucune valeur,
comme avant

Eux aussi, ils puent la merde et sont des virus ambulants de désirs,
accidentés par la vie, sans aucun imaginaire,
déprimés de ne pouvoir imaginer seulement qu'ils sont supérieurs

Ils changeront de logiciel, ils changeront les machines
ils changeront le langage de programmation
ils changeront de langage
de langage

décloisonner, valoriser, dispositif, perspective, encadrement, compétence,
personnalisation, suppression, validation, alterné, interné, empêché, enrichir, mobilité,
service, audit, conseil, sélectif, priorité, exfiltré, transformation, enjeux, opacité, barrière,
talent, véritable, responsabilité, convention, engagement, capitalisé, exercice, isolé,
fonction, bénéfice, atteinte, résultat, expertise, bénéfice, numérique, scientifique,
processus,  action, opérationnel, professionnel, référentiel, classer, déclasser,
recrutement, convention, préférence, profil, ostracisé, fiché, numérisé, scanné,
désélectionné, paralysé, saisi, liquidé, assigné, dévasté, envahi, éliminé, non renouvelé,

projet, projet, projet
rejet, rejet, rejet

impartialité, transparence, condition, réforme, méritocratie, idiocratie, valeur, outils,
interadministré, intercité, intersectionné, interelationné, intersexualisé, interchangeable,
inter et entre tous les interdits,
mais supérieur à jamais

Tu seras comme les autres supérieurs, inférieur à tout
ignorant, incapable, et immobilisé,

Tu sera comme tu as toujours été
le con de la rénovation


* * *

Même dans l'invisible
cela se voit encore

+


Design & poem © Sonia Marques

Par kiwaïda at 01:53

25/01/2023

ℒε ℳαґé¢♄@ℓ







Le Maréchal

De temps en temps, il allait remplir sa cruche au cellier.
Il revenait un peu plus gai de saveurs fruitées.
Ce soir-là, plus en profondeur, il descendait à la cave,
comme en lui-même, à la recherche du grave,
et le souvenir d'un vin scellé par le sort,
dans une poussiéreuse amphore.

Sa main tremblait devant la chose,
pour mieux la reconnaître,
il époussetait sa peur bleue, Diable la voici !

Très prisée pour sa contenance et sa lourdeur,
posée sur une étagère, parmi d'autres bibelots de décoration,
une jarre à l'agonie gisait en toute démonstration.

Sur la bombonne de grès, l'artiste a peint sa trace d'un bleu-noir.
La tête blanchâtre ferme le corps ventru, elle est condamnée.
Face à cet abattement, il luttait pour ne point la casser.
Tandis que son appel fut bien de la violenter.

Quand elle est secouée, se fait entendre un son mat.
Quelque chose à l'intérieur, se cogne aux parois, enfermé.

C'est le cerveau du Maréchal.

Si la céramique est bousculée et tombe par mégarde,
ou, si volontairement, elle est brisée, une graine tombe à terre.

Ne surtout pas l'arroser, car voici l'histoire du Maréchal.
Il a vraiment existé, ce n'est pas un conte de fée.
Protégez-vous de cette mauvaise engeance.
Enfants et âmes sensibles, fermez vos écoutilles,
c'est une tempête séculaire, l'histoire va commencer.

Il était une fois, à la cour des ducs, naquit Le Maréchal.
Sous les yeux de son père, tous les espoirs se tournaient,
vers lui.

Subitement, avec son frère, ils deviennent orphelins.
Leur grand-père, déplorable éducateur, montre la voix,
se sentir au-dessus des lois, les crétins sont rois.

Ils vivaient à leur guise, au pied de son désastreux exemple.
Parfois absent, parfois sadique, parfois ludique, surtout lubrique.

Adolescent, Le Maréchal fut envoyé en guerre.
De toutes les batailles, de tous les assauts, il était le premier.
Il pillait, violait, tuait, dans le désordre.
Les cadavres devenaient ses seuls amis, ses amants, ses confidents.
Les royaumes le réclamaient, partout il réussissait.
Médaillé, sans apprendre ni à lire, ni à écrire, cancre tenace,
il ne pactisait qu'avec les hiérarchies délétères.

Adulte, son esprit ne s'élevait guère plus,
il adulait les extrêmes médiocrités.
Capricieux, ses colères sont mémorables,
les tasses et les assiettes se brisent.
Les portes claquent ou se ferment à jamais.

Il prend une femme dont nait aussitôt un garçon.
La malheureuse ne peut plus s'échapper.
Le grand-père meurt et laisse de nombreux châteaux.
Des ruines, des coupe-gorge, des lieux de sectes et de drogues,
de tortures, de prisons sordides, un cartel de corruption,
dont ils deviennent avec son frère, les héritiers.

Le Maréchal inspire les prétentions aux supériorités insolentes.
La transgression est la règle et les erreurs fatales.
Les habitants sont très pauvres, la misère est exploitée.
Les plus démunis ne peuvent plus partir,
emmurés dans le silence, terrés sous la peur.
Les handicapés forment son capital le plus vénérable.
Il parvient à se faire la réputation d'un homme charitable,
les entassant dans quelques demeures insalubres.
La démesure, les hubris des hauts gradés s'y installent,
avec leurs troubles paraphiliques.

Le théâtre est son obsession, dans l'un de ses châteaux,
il impose des décors, habille tout le monde,
masque et défait les amours, dévie les sexualités,
et suscite l'admiration de ses éclaboussures.
Magnificences et somptueuses décadences, il invite et régale,
fait coucher et découche, selon ses envies, selon son propre plaisir.
La destruction et l'obstruction se répètent d'années en années.
Il recompose ailleurs pour raser toute vitalité, d'une terre à l'autre.
Il ne connait que le conflit, l'autre c'est l'adversaire,
lui, il est Le Maréchal, le plus riche, le plus puissant,
le plus attrayant, le plus admirable, le plus merveilleux.
Sous sa superbe et son assurance orgueilleuse et hautaine,
il est le plus affreux, le plus féroce, l'épouvantable, l'ignoble.
Monstrueux et répugnant, pour ceux qui subissaient ses viles actions,
si honteuses, qu'ils ne pouvaient les révéler.

Tyran, il n'hésite pas à tuer qui s'oppose à lui,
qui respire un peu trop, qui expose ses facultés.
Les intermédiaires officient aux basses tâches.
Il scrute dans les coulisses, envoie ses employés au massacre.
Il commissionne des clercs pour enquêter, leurs fait écrire des listes de noms.
Les prêtes-plume s'exécutent et remplissent des liasses,
et des liasses, de parchemins.
Il prend l'argent des autres puis les accuse de voler.

Le travail est si fastidieux, qu'il tue à la tâche, chacun de ses nègres.
Leurs troubles du comportement provoquent des actes inadaptés.
Des cases pour les impécunieux, d'autres pour les les nécessiteux, 
puis pour les nantis, les malades, les créateurs et les exaltés,
les rebelles et les réputés.
Ses aliénés mentaux exécutent son jeu cruel, inventer des fautes ridicules,
chaque jour les écrire et les envoyer, au galop.
Le Maréchal ferre les chevaux.

Des mouroirs surveillés par des milices à son service,
s'élèvent pour ficher ses jalousies, et éteindre toute vie.
Ses châteaux hantés gardent les derniers souffles de tous les affamés.

Son frère l'accuse de dilapider son patrimoine,
de distribuer ses terres au plus offrant,
afin de pallier ses fastueuses dépenses.
Il l'assigne en justice et les châtelains aussi.

Le Maréchal emprisonne les épouses des châtelains.
Ses serviteurs planifient des chantages.
Ils menacent de les coudre dans un sac, avant de les jeter
dans la rivière, si les couples ne renoncent pas.

Les conditions de détention sont macabres,
la privation de soins et de nourriture, les humiliations et les viols,
s'éternisent, sans inquiéter personne.
Les suicides sont évoqués, afin de ne pas ternir la réputation du Maréchal.
Aux dîners mondains, de fausses rumeurs excusent l’indicible,
l'hystérie des femmes, la dysenterie, la lèpre, la peste.

Les innocents s'entassent parmi les criminels, et négocient leur peine,
en espérant ralentir le temps.
Ils deviennent esclaves des truands.

Poursuivi par différents parlements, Le Maréchal opère des transactions,
avec ses adversaires survivants.
Il recherche des subalternes bien éduqués, afin de régler toutes ses dettes.
Il empoche l'argent de la justice et libèrent les châtelains rescapés,
ses nouveaux commis d'office.

Une châtelaine dont le mari est mort emprisonné, se trouve contrainte
d'épouser son frère, afin qu'il renonce à le poursuivre en justice.

Sa mauvaise gestion de ses ressources l'incline peu à peu,
à céder ses parts à son frère et solder ses hommes d'arme.
Son opulent train de vie ne cesse d'entretenir sa réputation
du plus riche Seigneur, son omnipotence et son impudence.

Il excitait la concupiscence des dépravés, des notables, des militaires et religieux.
Sa délectation dans le mal assombrissait peu à peu sa complexion.
Ignorant et sans aucun discernement, il contractait des maladies sexuelles.
Contagieux et contaminé, parfois foudroyé par la fièvre,
inexorable, sa persévérance creusait des entailles plus profondes,
vers une déchéance dont il n'avait cure.

Crédule, il s'entoure de charlatans des sciences occultes,
des alchimistes imposteurs et des magiciens en herbe, qui le flattent.
Il se fait enjôler, son héritage est extorqué en un rien de temps.
Enragé, il se fait diable la barbe bleue, d'un noir absolu,
et se montre lugubre pour attirer l'empathie.

Le Maréchal envoie des hommes enlever des enfants.
Il a des besoins, ses obligés doivent les assouvir,
violer et torturer, égorger ou dépecer.
Tous ses agents doivent assister aux séances.
La terreur est la loi.

Il prend du plaisir à voir les têtes et les membres se séparer,
les sachant morts, ils les embrasse.
Collectionneur, il enferme tout dans ses cabinets secrets.

Le Maréchal se délecte de voir les organes sortir des corps,
tout ce qui est intérieur doit être vu, voir plus encore et toujours plus,
tout voir, être vu voyant tout.
Avoir et posséder, les biens et les hommes, les femmes et les enfants.

Le Maréchal faisait extirper les fœtus des ventres des mères.
Enceinte, sa femme était parvenue à sauvegarder son enfant.
Ainsi, réalisa-t-elle que la fuite serait sa seule survie.
Avec son fils, dans l'anonymat, ils se sont drapés, déserteurs de la folie.

Elle s'enfuie dans un autre pays, change de langue et de nom.
Ils vivront cachés toute leur vie.
De leur bouche, rien ne sera jamais révélé.
De leurs vies passées, ils ne seront jamais guéris.

Personne ne peut prononcer son nom.
Tout le monde doit écrire et le dire à sa place, et le glorifier.
Biographes, romanciers, colporteurs, bouche à oreille,
à pied à cheval, discours, lettres et rouleaux.

Livraison éparpillée des messages avec de l'argent, jusqu'à l'étranger.
Monastères, universités, villes, principautés, royaumes et papauté.
Ses réseaux d’intérêt et alliances passagères nourrissent les hommes d’affaires.
En confortant son estime, Le Maréchal développe sa sujétion et impose ses ordres.

Ses relais administratifs, officiers, sénéchaux et lieutenants,
puis les représentants des villes, font crier ces ordres par les crieurs publics.
Trompettes et cloches, la foule ameutée entend ses textes en langue vulgaire.
Scandés de formules incantatoires, ils fondent l’ordre d’obéir
et l'affichage aux portes des villes et des églises.

Il sanctuarise sa famille, ses ascendants,
et déshérite ses descendants.

Il ne connaissait rien, il voulait tout imiter.
Il s'inspirait des gravures et des coutumes de princes païens.
Mauvais acteur, il mimait la détresse, se faisait victime à la place des morts,
après les avoir mis sous terre.

Les disparitions par centaine alertèrent.
Ses cabinets secrets furent découverts par de curieux avant-gardes,
précurseurs et femmes rusées, ayant eu vent des méfaits divers,
à travers les trous des serrures, ces indiscrets entraperçurent des charniers.

Sachant la fin proche du Maréchal, ses complices passèrent aux aveux,
afin d'être épargnés, et poursuivre son exemple.

Condamné au bûcher, au statut de violeur et tueur d'enfants,
couvert d'ignominies, dégradé et déchu de tout,
il fut étranglé avant le feu, par ses scélérats comparses,
avides d'une plus haute fonction.

Féroce seigneur il y a quelques siècles, riche, laid, terrifiant, entouré de vénaux,
Le Maréchal a bien existé, ce n'est pas un conte de fée.

Aujourd'hui encore, tout ce qui fait la misère,
provient certainement d'un serviteur endiablé, des plus hautes distinctions.

N'arrosez pas la graine.

Il remontait de la cave sans aucune cruche ni bombonne, ni amphore.
Il regardait sa femme et ses enfants, ce jour là il était heureux.
Tel un valeureux commun des mortels, la douceur dure,
il savait l'enfer sous terre, et l'insouciance des nuages, légers,
au bout du monde.

Tous les anciens combattants ne veulent pas que la guerre revienne.

Il dépassait ses peurs et défiait le vent, tel un cerf-volant.
L'artiste paisible, au cerveau trop rapide, s'envolait lentement,
dans ses rêves, rejoindre les cotons blancs.


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Design & poem © Sonia Marques

Par kiwaïda at 15:27

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