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samedi 10 février 2024

ÐℛѦḠ



Dessin © Sonia Marques

^.=.^

Année du dragon de bois : Nouvel an Chinois

Créativité !!!


{ @˟ꈊ˟@ }{ @ᵕꈊᵕ@ }

Ꮚ¯ꈊ¯Ꮚ Ꮚ˃̶͈ꈊ˂̶͈Ꮚ ᏊˊꍓˋᏊ Ꮚᵒ̴̶̷ꈊᵒ̴̶̷Ꮚ Ꮚ꒵͒ꈊ꒵͒Ꮚ

samedi 25 novembre 2023

ℙøм♭A ḓA ℘AZ


















POMBA DA PAZ / Desenho © Sonia Marques



Journal d'une pie (extrait)

Elle me raconta les chansons, les mélodies, il y en avait une que son compagnon avait trouvé, après avoir écouté notre nouveau funambule, et il lui dédia celle-ci.

Ma tutrice me dit : c'est pour toi !

Et puis elle m'envoya un dessin, pris sur le vif, dessiné avec un chat sur les genoux, très attentif, une colombe de la paix, qu'elle nomme : "Pomba da paz"



dimanche 30 avril 2023

Ħ◎кü﹩αï



Katsushika Hokusai 葛飾北斎 (1890-1930) Dessin d'un album, facsimilé de 62 Surimono de différents artistes (dont Hokusaï)

Un film sur le peintre japonais Hokusaï (né en 31 octobre 1760, et mort le 10 mai 1849), vient de sortir sur les écrans français, réalisé par Hajime Hashimoto.
Rare de voir un film sur le dessin. Un de mes peintres favoris, tant de dessins réalisés par mes étudiants dans différentes écoles d'art, dont plusieurs n'avaient jamais appris à dessiner. Leur faire découvrir ce peintre m'engageait à l'observation, dans notre temps, avec eux. Ni les étudiants, ni les enseignants, ne connaissaient Hokusaï. J'ai toujours trouvé cela très curieux. Avec ce film, je pense qu'il en sera autrement, et que plusieurs personnes vont se documenter, du grand public.
Au printemps 2015, à une terrasse de café à Paris, je demandais à un artiste reconnu français, qui y séjournait souvent, au Japon, par l'institution française, s'il connaissait Hokusaï. Il me répondait qu'il n'avait jamais entendu parlé de cet artiste. J'étais très étonnée. En même temps, il n'avait jamais vu mes dessins, ni ne m'avait jamais vu dessiner dans son atelier. Il ne dessinait pas non plus. Ses amis qui séjournaient souvent au Japon, dans un établissement artistique du même réseau, non plus. Alors je lui ai décrit son œuvre, en lui racontant que Hokusaï disait n'avoir rien peint de notable avant d'avoir soixante-dix ans. Je lui disais qu'il ne s'estimait pas encore artiste alors qu'il approchait de ses 90 années. Il pensait qu'il lui fallait encore 5 années de plus, après ses 100 ans pour devenir artiste. En m'écoutant, il a trouvé cela génial, se sentant plus léger.
C'était un de mes enseignants. Je fus une de ses étudiants. Plus précisément la première de ses étudiants à l'école nationale supérieure des beaux-arts de Paris, et la première à y être diplômée en 1999.
Pour la dernière fois, je fus son enseignante. Il n'a jamais vu mes dessins, ni ceux d'Hokusaï.
Il neige depuis, à son souvenir.


Hokusaï était un peintre audacieux en son temps, souvent ostracisé par les écoles, qui m'inspire toujours. Au Japon du XVIIIème siècle, le pouvoir impérial imposait sa censure sur les artistes. Le film le décrit assez bien.

Voici ce qu'il disait :

« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole. Écrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin. »

« Si le ciel m’avait donné cinq ans de plus, je serais devenu un grand peintre. »


samedi 14 janvier 2023

ℱѺℝÊ✝ И☮Їℜ∃

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Forêt noire


Avoir l'air étrangère, tel fut mon lot, mais au milieu d'étrangers.
Une petite carte de la taille des cartes bancaires,
Jésus, j'ai confiance en toi.
Chez un droguiste avec une main en résine, un bras,
un auriculaire, de l'autre main, coupé.
Un petit pierrot de cire qui vient de Sicile.
Le chemin est long, des jambes pendent en haut du tunnel,
le garçon noir sous sa capuche laisse baguenauder ses pieds par-dessus bord.

Au bout du tunnel, des jambes pendent, sans que l'on sache pourquoi,
ni où est le corps, ni à qui est le corps.
Si le bras est en moins, le petit doigt aussi, s'il manque un corps,
la bougie du pierrot blanc est une lumière toujours en devenir.
Marcher sous la chape de plomb, avec lui, il est ma paix, mon départ,
mon glaive et ma dignité.
Ils ont souhaité le conflit, partout la violence, les chars Wagner.
Je plaidais de ne rien faire, quand la guerre fleurit.

Nous arrivons en Écosse, le lac est gris d'un pétrole gelé.
L'hiver nous a déshabillé, les arbres n'ont que des tiges à offrir,
et le ciel tombe sur les gueux.
Incompris et jetés à la case départ, le jeu n'en vaut plus la chandelle.
Détachés, revoir le début, rebute, au loin les cris et les lettres mortes.
Combien d'années ? Autant de toiles d'araignées,
dans les recoins du triangle isocèle.
Et ce couple qui s'ensorcelle, les enfants pieds et poings liés,
le père ignore et trompe.

S'asseoir dans la forêt noire, la voix cassée,
alors que l'aube n'est point levée.
Aux lumières des épiphanies, voir l'impardonnable au goûter.
Du fond des ténèbres, Dieu veut savourer l'amer, il regarde le mal transpirer.
Autant d'années de tromperies, de fausses rumeurs,
d’usurpations d'identité, de manigances infâmes,
tu vois, il voit, nous voyons, Dieu nous voit.
Bas les masques !
Il est la vase croupie, elle est aigrie,
ils sont damnés dans leur bain de fausseté.
Il dédaignent leur souffrance et aspirent devenir aussi extrêmes, les pendus de Tulle,
déjà ils enfantent leurs drames.
Prendre le bien d'autrui, le parcours et l'expérience,
se véhiculer de toc et d'intox, l'enclume des temps maudis.
Âmes défuntes, cendres folies.

Où est la délivrance ? Là face à l'impensable, réunis autours d'un hasard,
suivant la carte du bateleur à l'endroit,
sur notre table.

C'est elle l'artiste le costume bariolé, elle brille et,
est enthousiaste.
À son souvenir, son énergie, sa motivation, elle a fait ce que,
je suis devenu.
J'ai pris sa place, je l'ai usurpée, j'ai pris une femme et lui ai demandé
de me donner deux enfants,
afin de prendre toute la place,
j'ai demandé un véhicule, j'ai demandé Venise,
j'ai fait l'aumône auprès d'une ogresse, j'ai tout obtenu et me voici devant l'artiste,
la papesse à qui j'ai tout pris.

J'ai menti à tout le monde, misérable mendiant, priez pour moi.

Tu n'es point pêcheur, je suis un poisson.
Tu es le poison, je sais le temps long.

Elle a l'air étrangère et je suis son étranger.
Elle a une baguette, elle a un pouvoir.
C'est l'enseignante des bâtons.
Elle tient un soleil, un rond jaune, elle s'amuse de ses reflets.
Sa personnalité revêt de multiples facettes, elle est si habile.
Tant d'années, elle est restée l'enfant, je suis le vieillard et ma femme me mange tout,
mes enfants me tuent au labeur.
Je ne sais plus rien de ces logiciels, les algorithmes me remplacent.
Sa table se dresse devant moi, émeraude et pourpre, tant d'étoiles qui brillent,
elle a toutes les cartes en mains pour réussir son plan.
Je m'en vais au vent mauvais, vers un mauve qui fait mentir le violet.
Loin de la menthe et des sapins verts.

La mise en mouvement est imminente.

Rien ne se fait sans un peu d'enthousiasme.

La famille rampe dans le minuscule carrosse de métal,
enfourne les enfants qui veulent tout prendre,
encore et encore.
Ils s'en vont dans le tourbillon des charognes, noués en pensant devoir renier leur choix.
Dévorés des yeux par les lions, la queue basse ils ramassent leur infortune,
le lierre enserré dans leur cœur.
Lâches comme au premier jour, le désamour les unis,
les enfants les abrutissent.

Nous rentrons par les montagnes, le souffle plus fort, devant cette pente,
ce vide.
Marcher encore, puisque l'or est dans nos bottes.
Passés de l'autre côté du miroir, le lac de pétrole,
Dieu comment as-tu fait ?
Sans révolte comment as-tu distillé le jus de ta bonté.
Patience éternelle, à qui sait attendre, prends pitié de nous,
tourmentés et inconsolés.
Assoiffés, voici les chutes du Niagara, malades, voici les élixirs de vie.

Nous descendons plus bas,
le soir s'empare de notre histoire.
Demain il faudra peindre le jour,
des rayures d'amour, rouge et orangés,
des nappes bleues et dorées.
Nous frapperons fort, la terre va brûler, le ciel sera incendié,
tout sera plus fidèle à toi,
notre chaleur insondable,
notre fièvre indomptable,
notre passion irisera toutes les prostrations.

Debout les diamants, les exercices spirituels armés de désirs.

Nous voici ardents des printemps.

+


Design & poem © Sonia Marques

mercredi 11 janvier 2023

αℓḯḉ℮ à ℓ@ ᾔ℮i❡℮

Alice à la neige

Peinture murale (1970) dessinée sur toile (H. 300, L. 470)

© Roland Topor

En ce moment une exposition "Surréalice" se déroule au Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg, où l'on peut voir une œuvre de Roland Topor, Alice à la neige.

C'est une peinture murale sur toile peinte en 1970 pour le cinéma de la station d'hiver de Flaine, en Haute-Savoie, qui revisite le récit de Carroll en chaussant ses personnages de skis, dans des positions maladroites.
Tandis qu'Alice ne voit rien de la scène, avec son bandeau sur les yeux, une grosse reine couronnée, chaussée, d'une paire de skis, la tête en l'air, ne mesure pas, non plus, les autres individus et animaux chaussés d'une paire de skis, et donc glisse à la catastrophe, toute occupée à regarder un personnage dans le ciel, qui n'est plus sur terre. Ce personnage monté au ciel, regarde la scène en planant, ou semble avoir aussi chuté auparavant, ou bien, s'est-il extrait de la scène, pour ne point en pâtir et regarder, de haut, les péripéties des autres. Peut-être que ce personnage se moque de la reine un peu godiche, il y a d'ailleurs un petit lutin zélé derrière elle qui s’enfuie en vitesse, ou bien tente-t-il, ce skieur planeur, ou cette skieuse qui vole, de guider la reine, pion de l'échiquier, le plus important, celui qui a le plus de valeur. On ne peut guère rebondir, lors d'une partie d'échecs, si l'on perd sa reine au début de la partie. Ainsi, lorsque la reine disparait, on peut penser que la partie est terminée, ou bien va se terminer très rapidement. Il y a un cheval noir au milieu de la peinture, de la scène, juste à côté d'Alice, il semble à lui seul, lui chuchoter ce qu'il se passe. Le cheval noir, pièce de l'échiquier, est le cavalier, une pièce mineure car sa force se réduit au fur et à mesure des échanges de pièces. Le cavalier est souvent la première pièce à entrer en jeu, mais aussi l'une une des premières à disparaître. Un homme au chapeau haut de forme de costume noir agite un serpent avec des ailes, un petit homme de loi. On voit aussi un vautour avec un chapeau haut de forme, un autre homme de loi, pas des plus sympathiques, il rode, mais il est chaussé de skis, donc il peut aussi tomber facilement, selon les collisions. En tous cas, l'animal du vautour est un rapace diurne nécrophage, c'est-à-dire qu'il se nourrit de cadavres d'animaux. On le nomme aussi l'équarrisseur naturel, car en mangeant les cadavres, les animaux morts, il évite la propagation de maladies. L'air de rien, et même s'ils sont signes de la mort qui rode, dans tous les films de Western, les vautours qui planent laissent à penser qu'il y a eu un crime quelque part, ou un décès, les oiseaux vautours font partie d'un écosystème très intéressant. J'imagine qu'Alice, dans cette peinture murale, ne voit rien du spectacle mortuaire, et elle n'est pas chaussée de skis, elle ne risque pas de chuter, ni d'être mangée par les vautours qui rodent, par contre, celles et ceux qui glissent avec des skis... C'est un peu le rêve ou le cauchemars d'Alice. Le canard chapeauté, est le plus grand personnage et il arrive par le côté, prêt à tout dégommer en direction de la reine statique, il suit un autre personnage avec son grand chapeau, au costume noir, assez fier de lui, qui lui aussi arrive tout schuss face à la reine, tandis qu'un Pinocchio, un menteur au long nez, chaussé de skis est déjà tombé par terre, devant la reine, qui semble ne plus pouvoir bouger.
Alice, le personnage de Lewis Carrol, (le romancier anglais, essayiste, photographe amateur et professeur de mathématiques, 1832-1898) dont il a écrit le célèbre roman Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) et sa suite, De l'autre côté du miroir (1871) est un personnage initiatique, il conduit des voyage, dont le lecteur, la lectrice, sort grandi. Les métamorphoses sont au cœur des histoires, surréalistes, et les échappatoires, la fuite à ces évolutions, sont le tribu des personnages qui gravitent autours d'Alice, ils passent leurs temps à tenter de s'échapper des transformations en cours et des sortilèges, de toutes les surprenantes situations complètement sorties de toute logique.
Alice de Jan Svankmajer, génie méconnu tchèque, virtuose de l’animation tchèque qui, à la fin des années 80, en a tiré un pur chef-d’œuvre, de visions fantastiques et tiroirs magiques, que j'ai adoré, est présent dans l'exposition... Mais c'est une autre histoire, très singulière et unique en son genre.

L’exposition « Lewis Carroll et les surréalistes » présente plus d’une centaine d’œuvres, peintures, photographies, dessins, estampes mais aussi collages ou éditions couvrant la période allant de 1919 jusqu’à la fin des années 1960.

L’exposition aborde la question des changements d’échelle, des liens texte-image, de la notion de passage, de transgression et d’autorité, de la connivence des mondes animal et humain mais aussi du jeu, de cartes ou d’échecs. Enfin, elle interroge les figures d’Alice telle que les artistes femmes ont pu l’appréhender. Leur regard permet d’élargir les points de vue, à la fois sur la figure carrollienne mais également sur les représentations de la femme au sein de l’univers surréaliste. La scénographie originale et surprenante inclut des spécimens du Musée Zoologique de Strasbourg pour incarner le bestiaire de Lewis Carroll et des surréalistes. Le préambule de l’exposition, tout aussi étonnant, a été confié à l’artiste Monster Chetwynd.

Deux accrochages accompagnent l’exposition. Un contrepoint ludique, expérimental et interactif est proposé avec « ExpériMAMCS #3 : dans les rêves d’Alice », un espace immersif illustré par Amandine Laprun. D’Absurde à Zibou, le dictionnaire surréaliste des collections du musée propose quant à lui de montrer les œuvres en regard de définitions inattendues.

Commissariat : Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS et Fabrice Flahutez, professeur à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne et spécialiste du surréalisme


+

Pour revenir à Roland Topor (le dessinateur parisien, 1938-1997, peintre, illustrateur, écrivain, poète, dramaturge, metteur en scène, chansonnier, acteur et cinéaste français...) voici ce qu'il écrivait de lui, dans un article du journal Le Monde (du 5 juillet 1982) intitulé :

"Si j'étais... moi" :


Mais enfin, ils s'imaginent quoi, les gens ? Sous prétexte que je dessine des choses horribles et que j'écris des histoires affreuses, ils se figurent que je suis un sale type, un obsédé sexuel, un sadique, un psychopathe, une brute, un malpoli ! Je proteste énergiquement. Je n'ai jamais déterré une jolie morte pour la violenter, ni cloué un bébé à ma porte, ni fourré des tripes fumantes sans mon pantalon. Peut-être de tels personnages ont-ils surgi au détour d'un dessin ou d'une nouvelle, c'est possible. J'ai oublié. Mais je tiens à rappeler que toute ressemblance entre eux et moi n'est que pure coïncidence. Je suis un malheureux mortel fait de chair, d'os et de sang, alors que mes créatures sont imaginaires, et qu'elles ont la chance d'avoir une chair en papier, de l'encre au lieu de sang, et que l'os, c'est celui qui me reste à ronger avec ce que l'on me paie. Toute proportion gardée, Cézanne n'avait pas une tête de pomme, Rubens n'a jamais eu de problème de cellulite, Mondrian ne se peignait pas le visage au carré, et Picasso avait les yeux en face des trous. Loin de moi la tentation de me comparer à ces trop illustres confrères, mais la coupe est pleine, faut qu'elle déborde.
Une femme me quitte ? On me dit avec un clin d'oeil complice : "Tout de même, ça ne doit pas être facile de vivre avec toi. Avoue que tu la battais ?"
Je rencontre des amis ? Ils s'écrient : "Tiens, on a vu un rat crevé dans le caniveau, hier, il avait la tête tout écrabouillée : on a pensé à toi !" Charmant. Au retour des vacances ? "Dommage que tu ne sois pas venu à la mer avec nous, il y a eu plein de noyés, tu te serais amusé !"
J'ai droit à la récolte de tous les évènements sordides, de toutes les anecdotes nauséeuses, de tous les faits divers macabres, et cela avec un bon sourire d'humaniste essayant de comprendre "la bête".
Aux vernissages, il n'est pas rare que je sois abordé par des inconnus : "C'est drôle, vous ressemblez à vos dessins !" Et si, malgré mes dénégations, la conversation se poursuit, elle prend cette tournure : "Je parie que vous aimez faire l'amour avec des animaux ? Non ? Vous préférez les plaisirs plus raffinés ? Solitaires ? Sadique ou masochiste ? Vous aimez vous faire coincer les parties génitales dans une porte, non ? Alors c'est les putes ? Je parie que vous êtes toujours fourré rue Saint-Denis ? Ça doit vous revenir cher avec ce que vous leur demandez ? La merde ? Vous mangez de la merde, non ? Tiens, bizarre ! Vous avez un curieux rire. On a un ami qui rit comme vous, il faut qu'on vous le présente, vous irez très bien ensemble. Il est fou des petites filles. Oui, six, sept ans, pas plus..."
Impossible de les arrêter, ils sont intarissables. Ils ont tellement de vilaines choses en tête qu'ils ont besoin de se soulager, c'est naturel, mais ils me donnent la chair de poule. Et puis, ce qui les fait enrager, c'est que moi, avec leurs idées malsaines, soigneusement refoulées, je gagne ma vie. Ils en deviennent chèvres ! (...)
Ah, je serais chouette si j'étais moi ! Si j'étais comme les gens m'imaginent ! Un être ignoble, à peine humain, la bave aux lèvres, la morve au nez, le sexe à l'air, le rasoir à la main, barbouillé d'excréments, grouillant la vermine, la panse tendue sur d'immondes aliments, l'haleine putride capable de pulvériser tous les alcootests, la tête à la place du cul, et la cœur baignant dans la vessie. Je dois confesser qu'il m'arrive d'éprouver des regrets à me voir banal comme je suis : j'ai l'impression d'être un imposteur, un humoriste indigne de sa réputation. Si j'étais le moi que les autres imaginent, si je ressemblais à leurs fantasmes, je serais plus proche du public, j'en ferais partie. Il est tellement merveilleux, le public ! Non ?


mercredi 4 janvier 2023

Ḻ℮ṧ ♏ÅḠ∃ϟ















































Dessins, et photographies © Sonia Marques

jeudi 29 décembre 2022

ḎѺℝϴ✝ℋ¥ ℑѦℵѺℕℕ€






© Dorothy Iannone

Dorothy Iannone

L'artiste Dorothy Iannone, qui célébrait sans vergogne l'expérience sexuelle féminine et combattait la censure, est décédée à l'âge de 89 ans ; sa mort a été confirmée dans un post sur Instagram par sa galerie parisienne Air de Paris. "L'amour et la liberté sont au cœur du travail de Dorothy Iannone depuis six décennies, avec toute leur force jusqu'à sa mort inattendue hier", a déclaré la galerie dans un communiqué. "Elle nous manquera profondément en tant qu'artiste originale, un être humain intellectuel et engagé, une amie très aimante, amusante et compatissante."
Iannone est né à Boston, Massachusetts, en 1933 et s'est spécialisé en littérature américaine à l'Université Brandeis. Selon un CV publié par Air de Paris, Iannone a commencé à travailler "en tant que peintre autodidacte" en 1959. Elle a ensuite commencé à expérimenter divers médias, à cheval entre le dessin graphique, le collage, la vidéo et la sculpture qui s'est ensuite inspirée des fresques égyptiennes et des mosaïques byzantines. Une série d'œuvres réalisées en 1968, telles que Ease at the Helm, mêle croquis au feutre et imagerie Polaroid. Entre 1961 et 1967, Iannone et son mari James Upham ont voyagé à travers l'Europe et l'Asie, ajoute la galerie. Ils ont vécu et travaillé plusieurs mois d'affilée dans divers endroits, dont Kyoto au Japon. A Kyoto, elle commence une série de collages. Dans ses œuvres influencées par l'art du papier traditionnel japonais, les éléments orientaux et les peintures de l'école de New York, différentes formes et cultures sont liées entre elles.

Voir un choix de ses oeuvres sur le site de sa galerie

Après des études de droit puis de littérature, Dorothy Iannone commence à peindre. Son premier éclat date de 1961 : elle engage un procès contre le gouvernement américain qui interdit encore le roman de Henry Miller Tropique du Cancer, paru en France en 1934. Influencés par l’expressionnisme abstrait, ses débuts artistiques témoignent d’une grande maîtrise plastique, mais c’est en s’écartant de l’abstraction qu’elle ouvre sa voie personnelle, liquidant la matière picturale au profit du récit et de son expression graphique. Textes, figures et ornementation exubérante se bousculent jusqu’à la saturation, comme chez beaucoup de singuliers de l’art.Dorothy Iannone prône implicitement l’égalité des sexes et explicitement la roborative vertu de l’activité sexuelle, entre expérience vécue et célébration mystique. Au début des années 1960, elle cofonde et anime une galerie à New York. En 1966 elle rencontre Robert Filliou sur la côte d'Azur, puis Emmett Williams à New York à la fin de la même année. Le dessin de Dorothy Iannone prend vite la forme illustrative dont elle ne se départira jamais. Caractéristique notable, à partir de 1966, qu’ils soient conviés nus ou habillés, l’artiste dévoile délibérément les organes génitaux de ses personnages. Cette excentricité prend un tour irrévérencieux quand, dans sa série de figurines intitulée People, elle campe le portrait du président Johnson, de Robert et Jackie Kennedy en pleine guerre du Viêt Nam. Ses propres démêlés avec la censure surviennent justement en 1967 lors d’une exposition personnelle à Stuttgart, intégralement confisquée par la police qui réunit un tribunal de critiques et d’historiens d’art. Ces derniers réfutent finalement le caractère pornographique imputé aux œuvres en alléguant divers exemples artistiques extra-européens, références corroborées par les nombreux voyages que fait Iannone à cette époque, notamment en Inde. Invitée par l’artiste Dieter Roth à participer à une exposition de groupe à la Kunsthalle de Berne en 1969, elle sera encore confrontée aux mêmes problèmes, cette fois à cause des autres participants et du maître des lieux, Harald Szeemann qui lui demandèrent de couvrir ces sexes omniprésents dont la vue les incommodait. Le travail de Dorothy Iannone est autobiographique, sa rencontre avec Roth, à la fois muse et amant, constitue un repère décisif dans sa vie personnelle et un motif inlassablement repris dans son œuvre, qui prône implicitement l’égalité des sexes et explicitement la roborative vertu de l’activité sexuelle, entre expérience vécue et célébration mystique.

(Texte du conservateur Frédéric Paul)

dimanche 20 novembre 2022

☮TiÜ♏

Buffalo (dessin © Sonia Marques)

Vivre dans l'Otium

jeudi 20 octobre 2022

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Photographies et dessins © Sonia Marques

The Wild One

Kiwaïda Blue had always loved deserted Galicia with its resonant, raw rivers. It was a place where she felt sexy.
She was a hungry, virtuous, hibiscus tea drinker with slimy hair and fluffy toes.
Her friends saw her as a precious, poised painter.
Once, she had even helped a rare bird recover from a flying accident.
That's the sort of woman she was.
Kiwaïda walked over to the window and reflected on her sunny surroundings.
The wind blew like loving dragon.
Then she saw something in the distance, or rather someone.
It was the figure of The Jazzist Purple.
The Jazzist was a courageous parrot with red hair and ginger toes.
Kiwaïda gulped. She was not prepared for The Jazzist.
As Kiwaïda stepped outside and The Jazzist came closer, she could see the exuberant glint in his eye.
The Jazzist gazed with the affection of 7 hopeful harsh horse. He said, in hushed tones, "I love you and I want a hug."
Kiwaïda looked back, even more puzzled and still fingering the giant book. "The Jazzist, I love you," she replied.
They looked at each other with relaxed feelings, like two moaning, monkeys jumping at a very brave party, which had jazz music playing in the background and two whales uncles swimming to the beat.
Kiwaïda regarded The Jazzist's red hair and ginger toes. "I feel the same way!" revealed Kiwaïda with a delighted grin.
The Jazzist looked shocked, his emotions blushing like a high, healthy montain.
Then The Jazzist came inside for a nice drink of hibiscus tea.

The End

mardi 18 octobre 2022

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Dessins © Sonia Marques

En discutant avec mon perroquet stochastique... Une artiste, la belle rouge.

jeudi 13 octobre 2022

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Grand dessin pour petit lapin : "Ah bien regarder de très près, celui-ci m'intéresse beaucoup"

Photographies © Sonia Marques (et dessin)

vendredi 12 août 2022

Tґøυ♭ʟ℮ ε√ґ¥ ⅾα¥

© Dessin de Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, né le 17 août 1932 à Pessac, près de Bordeaux et mort le 11 août 2022

Lorsque j'ai été sélectionnée pour enseigner à l'école supérieure des beaux-arts d'Angers, en 2001, l'école commençait à ouvrir ses équipes pédagogiques aux femmes professeures, artistes et designers. Il y avait alors 3 options dans cette école, et c'était Monsieur Pierre Vélon qui la dirigeait.
L'option art avait présélectionné, Madame Isabelle Levenez, l'option design avait présélectionné Madame Inga Sempé, l'option communication avait présélectionné Madame Sonia Marques. C'était très rare, un geste fort et engagé, pour une petite école de province avec une belle histoire derrière elle. Nous avions presque le même âge, diplômées d'écoles artistiques différentes et déjà des expériences professionnelles et artistiques reconnues.
Je travaillais alors dans une société pour la santé des fonctionnaires, les mois d'été, souvent, je ne partais pas en vacances l'été, mais je travaillais, pour pouvoir payer mon loyer, là c'était en tant que graphiste, et nous passions à l'Euros, j'avais un tas de fascicules à réaliser, en imprimerie. Et je suis partie passer le concours ardu un vendredi 13 juillet à Angers (profitant même du cinéma "les 400 coups" pour voir le film de Claire Denis "Trouble every Day") cela a changé ma vie, ce concours. Je ne savais pas d'ailleurs, en découvrant la bande son du groupe anglais Tindersticks, que je le retrouvais bien plus tard Stuart Staples, dans ma ville où j'enseignais ensuite à Limoges, choisissant des fruits et légumes, dans mon marché même (joie !)
Le directeur, avec l'un des enseignants de l'option communication, son coordinateur, Monsieur Alain Manceau, également musicien et vidéaste, ont vu débouler une jeune artiste qui avait quelques cordes à son arc, et un collectif, avec lequel, elle avait sillonné la France, dans les arts numériques, et pas mal d’expériences professionnelles réussies avec des designers et artistes, et j'enseignais, depuis une dizaine d'années pour les tous petits, puis les adolescents, puis les lycéens, à Paris. Je réalisais des livres avec les plus jeunes, des scénarios de films, des diaporamas et des peintures de paysages et de portraits.
Juste, je pensais ne jamais être sélectionnée, car je pensais faire très jeune physiquement à 28 ans, c'était sans compter mes études et mon expérience, dont je ne me retournais pas encore, pour en valoriser les acquis. Pourtant j'avais déjà un curriculum bien rempli, et 3 diplômes supérieurs parisiens, et 6 mois d'études au Canada Britannique, mais je faisais jeune. J'avais pourtant déjà réalisé une scénographie pour la chorégraphe de dans contemporaine, avec laquelle je dansais également, ce qui corrélait certainement avec le développement à venir du centre de danse angevin. Une enseignante m'a dit plus tard qu'il y avait 10 candidats hommes et déjà, seul mon CV et mon parcours et portfolio, avait intéressé toute l'équipe et ils avaient hâte de me rencontrer, il n'y avait alors, ni photo, ni site Internet, celui de mon collectif n'était pas bavard sur les individus, ni bouche-à-oreille, dans ces domaines là, en multimédia, par contre j'aimais confectionner des formes d'édition déjà qui permettaient de comprendre l'ensemble d'un parcours, de faire des liens et surtout : partager mes connaissances. Je réalisais toutes les communications graphiques de mon collectif et fédérait le groupe autours de démos gigantesques publiques (vidéoprojetées et sonores) J'étais passionnée de musiques électronique et folkloriques et je composais des albums musicaux. J'avais réalisé quelques expositions en galerie de mes vidéos-Songes et j'avais travaillé un peu pour la designer Matali Crasset qui m'avait repérée et son mari galeriste. Ce que je ne savais pas, tellement persuadée qu'enseigner en école supérieure d'art, c'était pour les très très très grands artistes, très très très renommés. Cependant, j'avais des prétentions sur la recherche pédagogique et de nouvelles façons d'aborder l'enseignement, avec mes savoirs faire, donc, sur cette motivation et cette énergie premières, j'ai tenté, puisque j'aimais beaucoup enseigner et voir évoluer des plus jeunes, les élever, tout simplement "aimer apprendre", apprendre aux autres, tout en continuent d'apprendre. Les années 90 étaient fécondes, dans mon parcours, simplement car je courrai contre la montre, survivre plus que vivre... C'était notre lot quotidien. Nous allions tous changer de siècle, et je pense que nous avions tous ressenti cette frénésie du passage. Un rite que mon employeur avait aussi consacré au changement de tous les francs en euros, dans tous les papiers... Les graphistes s'en souviennent encore...

Lorsque j'étudiais à l'école des beaux-arts de Paris, sous le chef d'atelier de l'artiste Jean Luc Vilmouth, mes échanges avec lui l'aidaient beaucoup, pour fédérer et bénéficier de nouveaux étudiants. Car il était très seul au début, dans cette école. Il n'a d'ailleurs jamais su, que je postulais dans cette école, mais ne fut pas étonné de l'apprendre, lorsque je l'ai rencontré plusieurs années après par hasard dans le métro, en allant, justement à la gare Montparnasse courir pour aller à Angers un matin, si tôt, parmi les technocrates les plus chics, lui il passait des examens à jeun de santé et moi, en professeure azimutée, comme "Zazi dans le métro" (De Raymond Queneau) Comme il y avait une grève, nous nous sommes retrouvés dans ce café immense, prendre le petit déjeuner et je lui racontais que j'enseignais depuis un bout temps. Pour ne pas l'embêter, je ne lui ai jamais raconté à quel point, nous rations tous les concours pour être titularisées, nous les jeunes professeures, et demeurions sous le revenu mensuelle garanti minimum. Il avait un éléphant sur son t-shirt, je me souvenais de son empreinte d'éléphant en céramique. Il avait été invité par la manufacture de sèvre à réaliser une porcelaine, et invité des techniciens à le rejoindre au Zoo de Vincennes pour retrouver Siam l’éléphant et faire l’empreinte d’une de ses pattes. C'était dans les années 90, moi j'avais cofondé mon collectif chez moi, en face du Zoo de Vincennes. Il n'était pas étonné du tout de ce que je réalisais, professeure, même s'il n'était pas enclin encore, à imaginer l'essor des arts visuels dans la dématérialisation. Il s'y est mis, dès que j'étudiais la vidéo, à s'intéresser à la vidéo comme forme plastique, non comme cinéma, puis s'est consacré à la nature, ce qui le touchait le plus : les arbres. Je ne pourrai jamais lui dire, que, plus tard, je retrouverai la porcelaine, j'aurai bien apprécié avoir son point de vue. Je pense que parfois, je le capte.

Tout en m'excusant, à la fin de mon entretien, d'avoir 28 ans, le directeur et l'enseignant, assez austères, ne montrant aucune connivence, mais avec des connaissances avérées dans le design et le graphisme et tout ce que j'apportais comme nouveautés, me dire chacun leur tour : J'ai commencé en tant que directeur et j'avais 28 ans, et me voici encore là, et l'autre enseignant de me dire : j'ai commencé enseignant à 28 ans et me voici encore là.
 J'avais du mal à y croire, c'était étonnant. Plus tard, j'ai appris que j'avais été sélectionnée. Malgré les difficultés liées aux conditions de nos enseignements, pour nous les jeunes femmes, je leurs en suis infiniment reconnaissante, de m'avoir fait confiance. Durant une dizaine d'années, cette confiance s'est confirmée, et avec toute l'équipe. Nous avions développé tant de belles choses. Je n'écrirai pas sur la différence de traitements entre les femmes et les hommes enseignants en école d'art, car elles nous ont usé, mais seulement sur tout ce que j'ai pu développer et qui a fait de moi, une référente et une très bonne enseignante en école d'art ensuite. J'ai eu le temps de remercier mes pairs et de leurs donner de mes nouvelles. Nous avons le souvenir d'un catalogue ("Iconorama") très singulier, que j'ai confectionné, avec plusieurs étudiants. Le directeur avait la vue qui baissait, malgré cela, il a tenu à préfacer celui-ci, car mon sujet le passionnait : les icônes précieuses.
Inga Sempé a refusé le poste de suite à la rentrée, ce qui a mis en colère les équipes en design et le directeur, Isabelle et moi avions commencé, en sachant qu'une des femmes n’acceptait pas le poste. En effet, lors de notre entretien, on nous avait spécifié, aux ressources humaines, un petit contrat avec un salaire de base, acceptable, étant donné que nos trajets n'étaient pas défrayés, nous étions toutes de Paris. Mais, lors de la rentrée, de la signature du contrat, il fut de 1000 francs en moins de ce qu'il nous avait été annoncé (ce qui à l'époque était énorme) J'ai accepté tout de même, et je trouve que c'était très courageux, de la part de Inga Sempé de refuser. J'ai réalisé, ainsi, la majeure partie de cette première expérience réussie en enseignement avec ma collègue Isabelle Levenez, qui s'est éteinte il y a quelques temps, prématurément, elle y enseignait toujours, j'appréciais être collègue, et nous avions du respect pour nos parcours respectifs, si courageuse, Isabelle. J'avais déjà été amenée à changer d'école, en passant d'autres concours, puisqu'enseigner ne me permettait plus de vivre, ni manger, ni me loger. Ces jours-ci j'apprends que le dessinateur Sempé n'est plus. Je n'avais jamais fait le rapprochement, mais Inga Sempé est sa fille. J'apprécie beaucoup ce qu'elle fait en tant que designer, ses objets sont élégants et je les avais de suite bien suivis, lorsque je pensais que ce serai une de mes collègues. Elle a trouvé de suite à enseigner en école d'art à Paris. Les dessins de son père, formaient aussi une référence, pour mes amis aussi, et le père de mon premier conjoint. Sa vie décrite, pas facile, ses relations avec sa mère, montrent bien, comment, les artistes, sans mots, apprennent et nous donnent des expressions, qui sont, pour toute une génération "nos expressions", elles expriment nos sensibilités.
La vie continue.

En écrivant cet article, je m'aperçois qu'aucune des 3 professeures engagées en 2001, ne sont plus dans cette école. Toutes les 3 avions déjà résolus, tout ce qu'une école d'art peut faire pour améliorer les études, par le courage de nos décisions, certes, qui bousculèrent nos vie. Le dessin est une habilité à se passer de mots. Nous n'avons plus les mots pour décrire nos affections et désaffections, artistes, nous dessinons l'amour autrement. Pourtant, de mon côté, la forme poétique a donné une tonalité expressive, tout aussi artistique, j'aime beaucoup les mots, agencer ma pensée, l'adapter, jouer avec et construire, ou déconstruire pour inventer de plus bel. Moralité : il n'y pas d'âge pour enseigner, et il faut aider les plus jeunes le long de leur parcours d'enseignant... Et les plus anciens, évidemment !

Donc, ma culture cinématographique s'est enrichie, localement, j'ai vu depuis tous les films de Claire Denis, écouté tous les albums de Tinderstick, et j'ai écris mes plus beaux poèmes lors de mes nombreux et coûteux trajet en TGV, chaque semaine, pendant des années... Dont "Permis d'aimer", dans les 400 poèmes... les 400 coops !

À nous tous, petit Nicolas ! À nos belles années !


lundi 4 juillet 2022

ღʊṧi¢αL

Extrait des dessins folkloriques © Sonia Marques

En attendant il y a de la musique dans l'air, et moi je réalise de grands dessins... musicaux, finalement n'étais-je pas habillée de mes dessins ? Je mesure à quel point l'influence d'où nous sommes, où nous rêvons d'aller, et nos bagages et le populaire, mais aussi la manière dont nous rendons abstraits nos œuvres.... Ce qu'il se passe sur le territoire, les changements climatiques aussi, l'adaptation, les changements de rythmes de travail, de couleurs... Des feux d'artifices abandonnés depuis deux années, puis ils émergent comme des petits feux miraculeux, avec un public sans doute plus apaisé...

Tout est changements... Mouvance comme je l'avais exposé dans mes dessins et lors de conférence...

lundi 23 mai 2022

♏iϟ$ ✞Ї☾




© Miss Tic (pochoir de rue)




Timbres - Carnet Femme de l' être © Miss Tic

Miss Tic

Artiste et poète
20.02.1956 — 22.05.2022

jeudi 21 avril 2022

αღїтḯé



Étonnante surprise, le tableau L'amitié (1924) dupeintre Foujita (Tsugouharu Foujita ou Tsuguharu Fujita (藤田 嗣治),  ou sous le nom adopté à la fin de sa vie, Léonard Foujita) (naissance :1886, Japon - mort : 1968, Suisse)

Huile et colle sur toile - Dimensions 146 x 89 cm

La blancheur, le trait, et la finesse des motifs rouges roses du drapé, une œuvre douce qui allie une vision de l'illustration, du graphisme, du motif et décor avec la représentation de nus féminins tels qu'on peut les classer même dans les sculptures classiques ou de la peinture de la Renaissance italienne, comme Botticelli. Même si Matisse est aussi en écho, dans d'autres œuvres, je vois aussi du Giotto, que j'adore (peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento), étrangement, des dessins japonais de La Manga (Les carnets de croquis d'Hokusai  commencés en 1814), ou encore de mes dessins à l'encre de chine (pour faire plus modeste et plus proche) Son approche entre l'Orient et l'Occident est ingénieuse et défie le temps.S a biographie est un voyage sentimental et aussi à travers des guerres, des pays, (Japon, France, Brésil...) Sensualité et technicité se marient, ses influences et inspirations naissent de ses amitiés avec les peintres, poètes, et femmes aussi muses... Le mysticisme ou le catholicisme à la fin de sa vie, sont aussi des domaines qu'il a exploré à travers ses peintures : il est un voyage étonnant de se plonger dans sa vie et son œuvre. Et lorsque l'on découvre un tableau, par hasard, accessible à tous, c'est une porte qui s'ouvre. À nous artistes, une porte qui nous ramène à nos contrées et voyages, dans l'imaginaire, la spiritualité et l'art... Cela fait du bien, surtout en ce moment...

Touche-à tout, Foujita est un créateur aux multiples talents, entre tradition et modernité, entre orient et occident, entre art et artisanat. Peintre et graveur, il était aussi dessinateur, illustrateur, sculpteur, céramiste, photographe, cinéaste, créateur de mode, designer ...

Photographies : Sonia Marques


















1924 ce tableau et nous sommes en 2022... quasiment un siècle nous sépare de cette œuvre qui semble être dessinée aujourd'hui, admirablement conservée...
De quoi reprendre confiance...

Et puisque l'amour nous emmène à l'amour... sans parcours fléché, aucun nous dicte le chemin... En écoutant Gérard Mancet, belle association...

Comme un enfant qui repose
Dans la vérité des choses
S'éloigner de tout







samedi 16 avril 2022

ℳÅ✞ℑ$$∃




La chapelle du Rosaire, dite aussi chapelle Matisse, est une petite chapelle érigée de 1949 à 1951 à Vence pour le Couvent des Dominicains. Conçue par l'architecte Auguste Perret et décorée par Henri Matisse.




Henri Matisse, peintre à Nice en 1949... Il avait 80 ans...

Matisse (la dignité de penser)

« Quand j’exécute mes dessins Variations, le chemin que fait mon crayon sur la feuille de papier a, en partie, quelque chose d’analogue au geste de l’homme qui cherchait, à tâtons, son chemin dans l’obscurité. Je veux dire que ma route n’a rien de prévu : je suis conduit, je ne conduis pas. » « Tout est neuf, tout est frais comme si le monde venait de naître. Une fleur, une feuille, un caillou, tout brille, tout chatoie, tout est lustré, verni, vous ne pouvez-vous imaginer comme c’est beau ! Je me dis quelquefois que nous profanons la vie : à force de voir les choses, nous ne les regardons plus. Nous ne leur apportons que des sens émoussés. Nous ne sentons plus. Nous sommes blasés. Je me dis que pour bien jouir, il serait sage de se priver. Il est bon de commencer par le renoncement, de s’imposer de temps en temps une cure d’abstention. Turner vivait dans une cave. Toutes les huit jours, il faisait ouvrir brusquement les volets, et alors quelles incandescences ! Quels éblouissements ! Quelle joaillerie ! »


Et je pensais à l'artiste portugaise Maria Pires da Silva Keil do Amaral (1914 -2012)...

...foi uma pintora e ilustradora portuguesa; pertence à segunda geração de pintores modernistas portugueses.
Maria Keil realizou uma obra vasta e diversificada que abarca a pintura, desenho e ilustração, azulejo, design gráfico e de mobiliário, tapeçaria, cenografia, etc.

Destaca-se de modo particular a sua intensa atividade como ilustradora, bem como o papel crucial que desempenhou na renovação do azulejo contemporâneo em Portugal.




Painéis de azulejo da pintora e ilustradora Maria Pires da Silva Keil do Amaral em Lisboa (The Sea, 1958-59, azulejos panel, Av. Infante Santo, Lisbon)

(*•̀ᴗ•́*)و ̑̑

Aproveito para lhes enviar meus votos de feliz Páscoa !




Desenho e ilustração © Maria Pires da Silva Keil do Amaral

mardi 1 février 2022

✝ЇḠℛ∃ Ḏ❝ℰÅṲ

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Nouveaux aspects de l'eau, tout change avec ce nouvel an lunaire, le signe du Tigre d'eau symbolise le courage sous son élément d'eau, il tourne la page au métal, sous le signe du buffle (la prochaine année sera sous le signe du lièvre d'eau) des nouvelles années s'ouvrent sur l'élément de l'eau, la profondeur des émotions montent à la surface, des sensibilités plus visibles.
Ce nouvel an invite à se respecter, respecter autrui, et accompagne de sa bienveillance les plus courageux. Les relations humaines gagneront en profondeur, objectivité et transparence, avec cet élément aquatique de tempérance et de communication sous la force téméraire du Tigre.

Et bien, nous voici bien lunés...

Une journée de célébration ! Bonne année à tous !

samedi 18 décembre 2021

ℬ☮Ѧϟ ℉∃$†Åϟ

Cette carte de vœux est toujours d'actualité. Je l'ai créée pour les fêtes de fin d'année en 2017 ou 2018, cela n'a pas d'importance, puisqu'elle fut intégrée à la page d’accueil de mon site Internet. Celui-ci, visionnaire, préfigurait une notion de confinement. Les bonnes fêtes étaient ainsi souhaitées à toutes celles et ceux avec qui j'ai travaillé, mes amis également, mes proches et très proches, et les amis très distants, celles et ceux, dont la distance kilométrique, de pays à traverser, ne permet, ces temps-ci, que d'être en relation, par écran interposés, bien plus que par la voix (le téléphone) Nous pouvons le regretter, notre société, n'a pas trouvé mieux que ces modes de communication qui font très mal aux yeux, et même, dans les milieux professionnels, il est recommandé de télétravailler. Imprimée et envoyée à plusieurs, cette carte fut aussi une (grande) carte de coordonnées. Chanceux et chanceuses à celles et ceux de l'avoir reçue, avec tendresse.

Au-delà de cette notion festive, chère à mon cœur, elle annonçait ma nouvelle compagnie. Je n'ai de cesse de m’intéresser au monde animal. Une nouvelle naissance, l'éthologue rencontrait le quotidien de l'artiste, quasi convalescente, après avoir donné tout son temps au service des autres humains, les animaux aussi se trouvaient rassemblés dans une arche providentielle.

La page d’accueil de mon site Internet n'a pas changé, elle exprime une certaine permanence, dans un monde en perpétuel changement.



La page de ma biographie à feuilleter, provient aussi d'une création, hors ligne, devenu textile, issue d'un dessin de grande taille (plus grand que ma taille humaine) d'un personnage, un magicien, en train de peindre avec des cymbales ("Domino") liée à la dominoterie et aux corps flottants, présents dans mon travail artistique, qui m'a accompagné dans la durée. Un merveilleux programme de recherche, qui m'habite. Comme des dominos, ce jeu étonnant d'adresse et d'imprévus, (autre terme utilisé pour des jeux spectaculaires de petits dominos) mes œuvres artistiques forment des réactions en chaîne. Souvent, un élément qui semble mineur, pour d'autres, provoque un changement de proximité à d'autres créations en chantier, qui provoque d'autres changements similaire, et ainsi de suite. Cet effet Domino, suite d'événements liés entre eux, est une métaphore intéressante, dans ma méthode de travail et d'expression artistique, car elle prévient du risque systémique, tout en exposant la faille d'un système. Mais il ne peut être décodé que par des sachants. L'expertise de l'image et des arts graphiques, de la communication, est un art de l'histoire des images et de leurs capacités à générer du lien et de traverser des frontières. C'est dans "le toucher", associé à une certaine acuité visuelle, que mon art tente d'ouvrir un champ d'émotions : c'est plus par les poils et les plumes, que j'ai le mieux réussi, à traverser la complexité des relations sociales, en explorant des langages, qui m'étaient totalement inconnus, et dont, je n'avais reçue aucune formation, si ce n'est, d'avoir été très jeune, confrontée à des animaux différents. Et ce, certainement dès ma naissance. Une de mes cousines plus âgée que moi m'avait raconté, qu'elle était restée très impressionnée par des portraits photographiques en noir et blanc agrandis et affichés chez mes parents (les auteurs), de moi, petite, sur un âne qui semblait immense, dans un chemin de terre. Est-ce que je semblais être à cheval (d'un âne), avant de savoir marcher, les mains dans les poils ? L'âne est déjà un animal très particulier, qui n'en fait qu'à sa tête.

N'en faire qu'à sa tête...

Extrait du dessin Domino.

Œuvres multimédias © Sonia Marques

*

Il y a toujours plus grand que soi. Le pouvoir des assujettis, dans le monde animal, et aussi, je l'éprouve, chez les êtres humains, est dominant. N'en déplaisent à celles et ceux qui continuent de penser, que seuls les dominants déclarés, décident de qui est dominé. Mon observation de certaines espèces animales et leur potentiel à communiquer sans aucune voix, et par leurs sensibilités, chatoyantes, m'ont beaucoup appris de langages dont nous nous trouvons assujettis, sans en avoir une once de contrôle, ni de domination. Cela confère aussi, au lien avec le paysage qui se transforme et le climat, sur terre.

*

J'écrivais ceci sur Domino, et ses couleurs flottantes (2013-2015) :

Domino est le nom que je livre à cette œuvre. Elle représente un magicien qui fait de la peinture. Je ne dirai pas un peintre, car avec ses outils, ses cymbales, cet instrument de musique percutant, il fait de la peinture, il ne la pratique pas, il la fait apparaître par hasard. Ses cymbales trempées dans la couleur sont les pinceaux qui mélangent les couleurs. Son costume et le fond sont la palette et le décor. On peut distinguer parfois des tracés qui s’effacent progressivement dans un ton uni et puis des contours qui cernent d’autres tons, jusqu’à former des motifs de camouflages. Cette création est issue de plusieurs études historiques. Je laisse flotter des notions lorsque je peins dans ma tête, des histoires qui n'ont pas de couleur, pas d'images, ni de représentation. Je leurs dédie un dessin, je leurs attribue des gammes et des nuances de couleurs. Pour ne pas perdre le rythme de cette pensée dansante, j’ai imaginé des couleurs qui seraient non miscibles entre elles, qui se repoussent et s'épousent, dont j'observais leur sensualité se dessiner avec Domino et ses instruments de musique jetés ensemble, comme des percussions synesthésiques. D'ailleurs, le mot Cymbales vient du grec, kumbalon, signifiant jetés ensemble, de la même origine que le mot Symbole. Si les cymbales sont utilisées dans la musique populaire, des fanfares folkloriques aux marches militaires, et au jazz, elles sont apparues pour la première fois dans l’ancienne Assyrie (le nord de l’actuel Irak), en Egypte et en Judée. On se servait également de petits instruments similaires en Occident. Ce n’est pourtant qu’au XVIIIe siècle que les grandes cymbales originaires de Turquie sont arrivées en Europe. Je voyage à travers la création. Et je stationne un moment dans une œuvre avant de repartir. La réalisation est une clôture, mais pas une finitude. Domino me laisse une fenêtre ouverte sur la peinture. Il me semble que la peinture maquille un drame, quelque chose de grave, afin de se sentir vivant. Ce personnage symbolise une cartographie, un paysage, des plaines et des surfaces agricoles vues de près, vues d'en haut, abstraites et parcellisées.


Au crépuscule ce jour, me viennent ces pensées...
Sommes-nous sensibles ? Seulement, si nous savons préserver nos qualités sensibles, l'ignorance balaie de son renoncement, l'accès sensuel à ces qualités intrinsèques à la vie et donc, à la condition de la meurtrissure. L'insensibilité est un paravent. Il suffit d'une rencontre pour ôter ce préjugé et parvenir à l'humilité. Défaillir d'amour, comme le jour se pâme au crépuscule.

vendredi 1 octobre 2021

$ℒϴШ

 

Dessins © Sonia Marques : Octobre rouge

C'était en octobre 2018, je portais un sweat comme on dit en anglais, un vêtement du vestiaire des sportifs américains avant et après l'effort. J'en avais bien besoin, il a une écriture en éponge "Slow" sur la poitrine et est de couleur brique, d'un rouge profond, un peu terre de Sienne, pas encore terre brûlée. Résistant au lavage, le sweat a remplacé nos chandails d'ici. Cette "slow life" était arrivée, j'allais y glisser ma vie doucement et plus durablement. J'étais allée chercher mes ailes, à nourrir, avec une petite salopette bleue. C'était en octobre 2018, encore une rentrée slow, où l'éponge, cette matière très particulière, un tissu qui absorbe l'eau, les larmes, les corps mouillés, et symbolise, le réconfort, ou bien, après une bonne nage, ou après avoir bien transpiré, un séchage plus rapide, me parle de la mer. Elle me parle de la mère. L'éponge constituée de petites bouclettes, devenait le nid de la découverte, des jouets en bois, de la pâtée douce, des yeux noirs attendris et sauvages. En ce jour du premier octobre 2021, nous avons bien grandis. Bientôt nous ouvrirons nos ailes. Mon amoureux regardait des dessins de David Hockney, des années 70, très beaux. Moi aussi j'admirais la finesse et l'importance des vides et du papier légèrement jaune, un blanc cassé, mais un peu plus jaune. Nous avons décidé, avec Opale, aujourd'hui de l'épater. Voici nos desseins délicats, voici comment la vie se dessine, une vie pas tout à fait comme les autres.

Opale parle comme un homme, elle la voix de mon amoureux. On pourrait dire qu'elle est particulièrement attentive à l'émancipation des femelles, mais non, elle est tout simplement attentive à la voix des hommes.

C'est sa période d'adolescence : ça promet !

Bonjour octobre, voici notre rentrée.

vendredi 20 novembre 2020

Ḱεηøʝυ@ḱ ∀ṧℌℯṽαḱ

Suis-je une autochtone d'une île imaginaire ? Oui assurément. Kenojuak Ashevak l'artiste inuit est venue m'apporter une réponse... tardive, dans la nuit :

"Oui tes dessins refusés venaient d'un autre monde, et ce monde là t'enseigne la bienvenue, reprends tes encres"

Encyclopédie du Canada (Bonjour Vancouver, j'ai étudié 6 mois là-bas <3 et ma mère à traversé l'atlantique pour venir me voir, 2 expositions... première fois que je prenais l'avion de ma vie, j'avais 24 ans)

Kenojuak Ashevak est peut-être la mieux connue des artistes inuits en raison de son fameux dessin The Enchanted Owl (1960), qui a été reproduit sur un timbre de la Société canadienne des postes. C’est la première femme à participer aux travaux du nouvel atelier de gravure installé à Cape Dorset. Kenojuak Ashevak, C.C., O.N., artiste (née le 3 octobre 1927 au camp Ikerrasak, Sud de l'île de Baffin, Territoire du Nord-Ouest; morte le 8 janvier 2013 à Cape Dorset, au Nunavut). Compagnon de l'Ordre du Canada et lauréate du Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques, Kenojuak Ashevak est peut-être la mieux connue des artistes inuits en raison de son fameux dessin The Enchanted Owl (1960), qui a été reproduit sur un timbre de la Société canadienne des postes. C’est la première femme à participer aux travaux du nouvel atelier de gravure installé à Cape Dorset. Kenojuak Ashevak est élevée en plein air, à la manière traditionnelle des chasseurs semi-nomadiques, vivant avec sa famille dans des igloos et des tentes de peaux. Atteinte de la tuberculose, elle est hospitalisée à l’hôpital Parc Savard, à Québec, de 1952 à 1955. Elle y rencontre Harold Pfeiffer, qui enseigne l’art et l’artisanat aux patients de l’hôpital pour leur permettre de meubler leur temps mais aussi de faire un peu d’argent grâce à la vente de leurs travaux organisée par l’hôpital. Lorsqu’elle retourne à Cape Dorset, James Houston, qui enseigne les techniques de gravure inuites et a fondé la West Baffin Eskimo Co-operative, l’encourage à continuer ses activités artistiques. Les travaux d’Ashevak attirent presque immédiatement l’attention du monde artistique. Sa première gravure, Rabbit Eating Seaweed (1958), par exemple, est incluse dans le catalogue et la collection de gravures de Cape Dorset. Les premiers dessins d’Ashevak se composent de formes simples et mettent souvent en scène des oiseaux et d’autres créatures qui se métamorphosent l’une dans l’autre. Son célèbre dessin, The Enchanted Owl (1960), reproduit sur un timbre-poste dans les années 1970 pour commémorer le centenaire des Territoires du Nord-Ouest, représente un hibou gris-bleu tacheté qui regarde l’observateur, avec de longues plumes en éventail au-dessus de sa tête et au bout de sa queue. Une eau-forte sans titre de 1962 représente des créatures élancées, sorte d’oiseau dédoublé au centre duquel surgissent une étoile et des visages humains. Une autre eau-forte de 1962 représente au premier plan une créature tachetée ressemblant à un phoque, sa queue montant se confondre avec le cou et la tête d’un oiseau, sa propre tête étant celle d’une femme à la langue fourchue. Derrière deux oiseaux qui semblent danser, on distingue un enfant en manteau de neige qui tourne le dos à l’observateur. Le style d’Ashevak a évolué avec le temps, ses motifs devenant plus complexes et plus stylisés, s’écartant de la simplicité et de la clarté de ses premiers travaux. Dans le dessin à l’encre et aux crayons de couleur Dog Caribou Spirit with Birds (1988-1989), on reconnaît une femelle caribou avec une tête humaine et des pattes d’oiseau, ainsi qu’un oiseau qui jaillit de ses flancs, tandis que Dog Mother Shaman Transformation (1988-1989), très élaboré, met en scène un chien qui aboie tandis qu’une créature moitié humaine moitié dragon semble émerger de ses entrailles. Dans ses dernières œuvres, Kenojuak Ashevak retrouve la simplicité de ses débuts mais emploie des couleurs plus vibrantes. Fine Feathers (2013) se réduit au corps d’un hibou superposé à un jeu de plumes au bout orangé qui s’écartent en éventail au second plan. Dans Above and Below (2013), un oiseau aigue-marine vole au-dessus de ce qui semble être une créature marine bleue et verte qui nage dans la direction opposée. Bien qu’elle soit principalement reconnue comme graphiste, Kenojuak Ashevak a aussi touché à la sculpture et à la conception de motifs pour des couvertures. Avec son regretté mari, Johnniebo Ashevak, elle a également créé une murale pour l’Exposition universelle de 1970 à Osaka, au Japon. En 2004, Ashevak réalise un vitrail pour la chapelle du collège Appleby à Oakville, en Ontario. L’œuvre représente un hibou qui fixe l’observateur, avec des plumes de chaque côté et un omble chevalier qui nage en dessous, le tout sur un fond bleu très saturé. Le vitrail est dédié au très révérend Andrew Atagotaaluk, évêque de l’Arctique.

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