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vendredi 27 janvier 2023

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Alice (en tchèque : Něco z Alenky, littéralement Quelque chose d'Alice) est le premier long métrage de l'artiste multiforme tchèque Jan Švankmajer, de 1987 réalisé à partir de l’œuvre de Lewis Carroll.

Fabuleuse découverte, il y a quelques années de découvrir ce film, et tous les autres de cet artiste tchèque. Il y a quelque chose d'inoubliable, lié aussi aux sons étranges, aux précipitations, je me souviens d'un aller-retour entre le muet (le mutisme) et les cris, les bruits des articulations, les gesticulations, et toutes les formes de liquides gustatifs, et les dérèglements notoires de l'histoire d'Alice. Lorsque les marionnettes continuent de bouger, et que le son disparait, on ne peut que contextualiser ce film avec l'histoire de l'artiste pris dans la dictature communiste de 1968 à 1989. Il subit, comme de nombreux artistes une censure, cette sorte de langue coupée, qui est imagée dans ce film d'animation. Il y a aussi dans ses fictions une mise en scène de traumatismes. Beaucoup de ses scénarios ne voient pas le jour et un grand nombre de ses films sont censurés dès leur sortie. Il lui est d'ailleurs interdit de filmer durant 7 ans. La censure communiste a aussi influencé le travail de Jan Švankmajer d'un point de vue formel et thématique : l'animation et le théâtre de marionnettes subissaient moins le joug de la censure que la fiction réaliste.
Jan Švankmajer se tenait à distance de la dissidence et aussi du régime, cette position fut théorisée comme la « double isolation ».
En 1970, il rejoint avec sa conjointe Eva Švankmajerovà, artiste et écrivaine, le groupe surréaliste de Prague. Le surréalisme tchèque se caractérise par ses positions politiques de gauche anti-dogmatiques. Il a été banni dès 1948, suite au putsch communiste, en raison de la publication en 1938 d’un texte de Karel Teige paru dans Surrealismus proti proudu (Surréalisme contre le courant) dans lequel il compare les dictateurs stalinistes aux fascistes. Pour Švankmajer, le surréalisme représente bien davantage une position rebelle anti-totalitaire qu’un courant esthétique.

 Jan Švankmajer explique : « Je n'ai pas vraiment souffert d'être empêché de faire des films pendant sept ans ; je continuais mon travail de plasticien. Je ne suis pas un cinéaste. »

Quelque chose d'Alice fut tourné dans ce contexte historique. À la fin des années 80, la République Tchèque était encore sous le joug d'une dictature communiste qui contrôlait la culture et le cinéma, et n'autorisait que les films de propagande ou pour enfants. Anti-communiste, Jan Švankmajer refusait de se plier à la propagande mais pour voir ses films distribués, il était obligé de se tourner vers les œuvres enfantines. La liberté prise, dans ce film, et même par rapport à l’œuvre de Lewis Carroll, a été possible par le soutien de producteurs étrangers. Sont exprimés les rêves, l’inconscient, le jeu avec les cadres et normes et morales, tout se décale et s'invente dans des bribes de souvenirs d'enfance, où le mélange est possible, de matières, d'organiques, de végétaux, d'objets du quotidien, dans une vétusté très créative, onirique. Ses techniques sont aussi extrêmement variées et font appel aux 5 sens, c'est sensoriel, c'est tactile, et cela touche à ce qui loge dans le secret de notre intimité.

« Mes expérimentations tactiles ont commencé un peu par dépit. Mon premier objet tactile a pris forme peu après que j’ai dû cesser de travailler à mon film Le Château d’Otrante (1973-1979). J’ai fini par refuser de refaire une scène pour obéir aux ordres de la direction de Krátky Film. Comme ce n’était pas ma première confrontation avec la censure consécutive à l’occupation soviétique, j’en suis venu à conclure que je ne pourrais effectivement plus réaliser mes propres films. Cette situation a duré sept longues années, durant lesquelles je me suis consacré à l’étude approfondie du toucher en relation avec l’imagination. Je me suis orienté vers un domaine de création qu’on pourrait presque considérer comme l’extrême opposé du film audiovisuel. Sans cette interdiction, les expérimentations décrites dans ce livre n’auraient probablement jamais eu lieu : voilà pour l’idée selon laquelle les systèmes totalitaires et la censure exerceraient un frein sur la création originale. C’est, en un sens, exactement le contraire. Les difficultés à surmonter et les interdictions à contourner donnent un coup de fouet à la méfiance et à la subversion, ressorts inhérents à toute création digne de ce nom. »


mercredi 17 janvier 2018

É√εїʟ

Satori (Photographie © Sonia Marques)

LES MOTS DOUX & DÉCISIFS

(japonais 悟り satori ; chinois, issu du chinois : 悟 ; pinyin : wù ; littéralement : « réaliser ») est un terme des bouddhismes chan, son et zen qui désigne l'éveil spirituel. La signification littérale du mot japonais est « compréhension ». Il est parfois utilisé à la place de kenshō (chinois : 見性 ; pinyin : jiànxìng ; littéralement : « voir la nature/caractère ou propriété »), toutefois kenshō désigne la première perception de la nature de Bouddha ou vraie nature – une expérience qui ne dure pas. Le satori par contre désigne une expérience qui se prolonge, à l'instar d'un bébé qui apprend à marcher – après beaucoup d'efforts il se tient debout, trouve son équilibre et fait quelques pas puis tombe (kenshō). Après un effort prolongé l'enfant se rendra compte un jour qu'il peut marcher tout le temps (satori). Le bouddhisme zen reconnaît dans l'éveil une expérience transitoire dans la vie, presque traduisible mot à mot par épiphanie, et le satori est la réalisation d'un état d'éveil épiphanique. Comme d'après la philosophie zen toute chose est transitoire, la nature transitoire du satori n'est pas vue dans l'aspect limitant qu'il aurait dans l'acception occidentale du mot « éveil ».
La nature transitoire du satori, par opposition au permanent nirvāna qu'on retrouve dans les traditions bouddhiques de l'Inde, doit énormément aux influences taoïstes sur le bouddhisme chan de Chine, à partir duquel le bouddhisme zen du Japon s'est développé. Le taoïsme est une philosophie mystique qui met l'accent sur la pureté du moment, alors que les racines hindoues du bouddhisme indien visent une vue dans une plus grande durée – vers la sortie du cycle karmique des réincarnations perpétuelles dans le monde matériel. De l'attention du taoïsme à l'importance du moment, et de la négation de l'existence individuelle ou d'un moi individuel du bouddhisme mahāyāna, est né le bouddhisme zen avec son concept d'état transitoire du satori. (Extrait Wikipédia)

悟り Satori : une épiphanie

Barthes reconnaît dans l’épiphanie quelque chose de proche de ce qu’il nomme incident — où quelque chose survient, apparaît — dont il souligne l’affinité avec le haïku, par quoi se manifeste une certaine figure de la vérité, qui s’exprime selon la théorie zen par le terme satori, et dans la théologie catholique occidentale par le terme quidditas introduit par saint-Thomas. Le texte bref, explique Barthes, est l’expression du « C’est ça ! » — soudaine révélation du réel surgissant dans la nudité même d’une apparition irréductible à tout commentaire. En ce sens, épiphanie et haïku s’apparentent à la photographie, à laquelle Barthes donnera le nom devenu célèbre de punctum. Par le poème — haïku ou épiphanie — comme par la photographie, quelque chose fait image et qui a valeur de marque laissée dans le temps par un évènement, évènement qui ne peut pas être exactement raconté mais comme désigné, pointé du doigt de manière à faire signe vers un certain moment de vérité.

Le Satori et le Nirvana sont des états d’être bien heureux où le « moi » est délivré de ses limites, de ses attachements. Aux tensions en vue de dominer, de briller, de posséder, succède une détente intérieure. Il s’agit d’une véritable mutation psychologique où se révèlent les sommets de l’amour et de l’intelligence. Ceux-ci, loin de nous engager dans la voie de l’inaction, nous conduisent au contraire vers une vie intense, créatrice, pleine d’initiatives heureuses.

La vérité est si proche et tu ne la vois pas, tu pars loin, très loin chercher le Bouddha et le Satori et tu tombes en enfer. Tu te hâtes dans la confusion et la précipitation, quand tu arrives, il n'y a rien. La brume soudain se lève : ce n'était qu'un mirage. Tu veux revenir au pays d'où tu viens, mais tu t'aperçois que tu es maintenant entouré de montagnes acérées comme des lames et qu'il n'y a plus de retour ; c'est l'enfer dans le désert. On veut s'échapper du monde que l'on juge détestable, mais, après l'avoir quitté, on le regrette comme un paradis perdu. On veut toujours partir ailleurs et quand on arrive à destination, on a le sentiment que le pays d'où l'on vient paraît plus merveilleux.

C'est ça !

Ma petite Satori, l'éveil
Elle combat la pensée rationnelle, les opérations logiques, de classification en catégories. Elle est la découverte de la véritable vision des choses. Il ne faut ni rechercher ni vouloir Satori. Elle existe en nous bien avant notre naissance, alors pourquoi chercher à l'obtenir. Ce n'est pas mystérieux, c'est le retour à la voix normale. Voir le monde tel qu'il est.

Sato, cela veut dire "sucre" en japonais. Est arrivé un petit sucre lapin satin, nommé Satori, une illumination !

Phonologie du japon :
Satouya [sato:ja] *[sato?oja] « marchand de sucre » satooya [sato:ja] ou [sato?oja] « parents nourriciers »




Cafuné

Et la petite Satori, dites Sato, rejoint Cafuné, le lapin couleur café et nuage de lait, dit Cafou, le foufou aux yeux bleus.
Ils sont japonais, ou presque.


Le portugais séduit par son élégance et ses intonations caressantes. Il y a des mots qui n'ont pas de traduction ailleurs.

Le terme cafuné entre dans la catégorie des mots intraduisibles, sa signification exacte est spécifique : cafuné décrit le geste de passer tendrement sa main dans les cheveux de quelqu’un que l’on aime.
Comme carinho, chamego, cafuné, xodo, ces mots traduisent l'affection.
Fazer cafuné signifie faire des caresses en massant les cheveux de son amoureuse, de son enfant, de son animal, avec tendresse.

Il a des origines africaines. En général pratiqué par des mains féminines, le cafuné est l'art de faire semblant de chercher des poux dans la tête de quelqu'un pour l'aider à se détendre ou à s'endormir. “Je sais bien que le cafuné réaffirme une présence de l'Angola au Brésil” dit Luis da Câmara Cascudo. Le cafuné ou cafunê est bien une réalité culturelle brésilienne, sans doute en désuétude maintenant, de même qu'en Angola. Óscar Ribas en donne la définition suivante : « Petit claquement qu’on produit sur la tête de quelqu’un d’autre, comme si on y tuait un pou, et dont l’effet vise à susciter la somnolence. ». Roger Bastide a consacré un article à cette pratique au Brésil sous le titre « La psychologie du cafuné ». Óscar Ribas en donne une étymologie convaincante : cafuné se dit en kimbundu kifune, de kufunata, plier, tordre.

"A psicanalise do cafuné"

O que se considera vulgar na Espanha e em Portugal se pratica aqui em todas as classes da sociedade... Os dois sexos o fazem sem distinção, especialmente as mulheres, que preenchem suas horas de lazer com esse elegante divertimento. E é quase impossível, a menos que seja nas horas das refeições e da sesta, entrar em uma casa onde não haja alguns dos habitantes se dedicando a isso. Digo isso porque, hoje, ao entrar na casa de um prisioneiro vizinho (até então um homem respeitável na província), o vi enquanto conversava colocar deliberadamente a cabeça no colo de sua esposa, como se a presença de um estranho não devesse impedir a operação da qual acabo de falar e que ele parecia considerar com uma espécie de prazer.

Lindley (1806), no texto que citamos, parece pensar que o cafuné brasileiro vem dos colonos portugueses, que teriam transportado esse costume para o novo habitat: ele apenas se teria se difundido das classes baixas a todas as classes da sociedade. Mas a etimologia do termo parece indicar origem muito diversa; Renato Mendonça (1935) faz vir esta palavra, que designa primitivamente o estalido das unhas no alto da cabeça, do quimbundo Kafundo, que significa estalar, enterrar, e o prefixo classificador caf, que se encontra no Brasil no africanismo cafua, quarto de reclusão para os alunos dos colégios, indica uma ideia de penetração, o que é de fato perfeitamente típico do movimento das mãos penetrando na cabeleira. Há, portanto, probabilidades de que o cafuné brasileiro seja mais de origem africana que lusitana, e esta hipótese é, ainda mais, confirmada pelo fato de o cafuné ter-se desenvolvido nas zonas escravagistas e ser mais difundido no Nordeste da cana de açúcar do que no Rio, e mais no Rio do que no sul do país.



Les dessins sont tirés d'un grand format (120 x 200 cm) © Sonia Marques

Uma distração e um prazer