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lundi 25 mars 2024

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RUTU (© Rita Angus) 1951


Betty Curnow (© Rita Angus) 1942


Rita Angus était une peintre néo-zélandaise, fille aînée d’un charpentier devenu patron dans la construction. Dès son plus jeune âge, elle souhaitait se consacrer sa vie à la peinture. Ses parents soutiennent son désir et lui donnent pour tuteur un ancien directeur du Canterbury College School of Art. La jeune fille étudie ensuite la peinture dans cet établissement de Christchurch – alors capitale culturelle de la Nouvelle-Zélande – auprès de Leonard Booth et de Cecil Kelly. Elle suit également des conférences à la Elam School of Fine Art d’Auckland en 1930 et découvre, par des reproductions, l’art de la Renaissance Italienne et celui d’autres maîtres comme le Hollandais Vermeer, dont l’œuvre la marque profondément. A 22 ans, elle se marie sur un coup de tête pour divorcer quatre ans plus tard. De 1934 à 1937, illustratrice pour un journal local de Christchurch Press Junior, elle travaille aussi à se forger une œuvre personnelle dans son propre atelier situé à Cambridge Terrace. Privée définitivement de maternité après une fausse couche, elle sera internée quelques mois dans un hôpital psychiatrique. Par la suite, elle vit en solitaire, se consacrant exclusivement à son art à North ou à South Island. Elle ne quitte la Nouvelle-Zélande qu’une seule fois, entre 1958 et 1959, pour un voyage en Europe organisé par les New Zealand Art Societies. R. Angus produit essentiellement des paysages et des portraits. Si elle réalise un nombre important d’aquarelles dans une veine lyrique, ce sont surtout ses grandes huiles sur toile qui la font connaître. Considérée aujourd’hui comme chef de file de l’art régionaliste néo-zélandais, elle propose une vision originale des paysages de son pays. Cass (1936) constitue une œuvre charnière dans la création de son style. Elle y représente une minuscule gare perdue au sein d’un immense paysage. Le trait est précis, vif, la couleur claire, rayonnante, caractéristiques que l’on retrouvera dans tous ses paysages. Dans les années 1950 – 1960, une inspiration surréaliste tardive se fait sentir dans plusieurs paysages qui jouent sur la déconstruction de l’image ou sur la présence d’objets étranges comme des pierres flottantes (Two Stones, 1966). Ses portraits, tout comme ses nombreux autoportraits, présentent la même clarté, la même insistance sur la structure et la même franchise de couleur. En 1936-1937, alors même qu’elle vient de divorcer et de tomber malade, elle se peint en femme sûre d’elle-même, élégante, moderne, avec gants et cigarette, le regard affûté. À la fin des années 1930 – ses années mondaines –, elle fait de nombreux portraits qui présentent la même touche dans la construction (Fay and Jane Birkinshaw, 1938). Elle peint également quelques œuvres au caractère symbolique, dont trois « portraits » de déesses qui sont la réponse de cette pacifiste résolue à la Seconde Guerre Mondiale. Active pendant près de quarante ans, elle n’a guère atteint la notoriété de son vivant. Elle n’obtient sa première exposition personnelle à la Center Gallery de Wellington, qu’à l’âge de 49 ans, et son art n’est présenté que deux fois à l’étranger, dans des expositions collectives sur l’art néo-zélandais – à Londres en 1956 et à Washington en 1969. La reconnaissance lui vient à titre posthume, avec une grande exposition rétrospective itinérante en 1983-1984, véritable révélation qui marque durablement de nombreux artistes néo-zélandais contemporains. Le centenaire de sa naissance a donné lieu à une nouvelle rétrospective, à Wellington, qui a réuni plus de 400 œuvres. L’œuvre de Rita Angus (1908-1970) est dominée par l’autoportrait. Dans leur caractérisation sans faille, ces portraits reflètent des voyages à la fois techniques et spirituels. Beaucoup sont strictement objectifs mais d’autres, comme cet ouvrage, sont hautement symboliques.








Sa peinture, Rutu de 1951, a été réalisée  peu de temps après que l'artiste se soit remis d'une dépression physique et mentale et constitue probablement son autoportrait le plus imaginatif. La représentation de Rutu fait référence à de nombreuses représentations de la Vierge Marie, mais elle a la peau foncée et les cheveux clairs. Derrière elle, le soleil ressemble presque à un halo. Rutu regarde l'intérieur des terres depuis la mer de Tasmanie et son trône est orné de coquillages et de végétation luxuriante. Cette peinture fusionne les emblèmes chrétiens et pacifiques dans une célébration d’une culture hybride et uniquement néo-zélandaise.

Le portrait de Betty Curnow de 1942 est le résultat de nombreuses séances préparatoires et discussions sur le portrait avec Elizabeth Jamaux Curnow, peintre et graveur. Les deux femmes ont collaboré en sélectionnant les objets et les costumes qui représenteraient le mieux Curnow, sa vie de famille et son histoire. Les objets entourant Curnow sont imprégnés de symbolisme personnel. Elle est proche des siens, assise sur la chaise de sa grand-mère devant le portrait de son père. La présence de son mari, le poète Allen Curnow, transparaît dans ses nombreux livres. Elle tient le pantalon de son fils Wystan qu’elle était en train de raccommoder. Une aquarelle d'Angus, offerte à la famille, est posée sur l'étagère. Il fait référence à l’enfance de Curnow à Canterbury. Tant l’impression de la scène des récoltes de Jan Brueghel que les formes ovoïdes répétitives font allusion à la fertilité. Le charisme de ce portrait en a fait un emblème de la peinture néo-zélandaise.

Au milieu des années 1930, Rita Angus avait la vingtaine et travaillait comme artiste commerciale indépendante, écrivant et illustrant des histoires dans le supplément Press Junior, dans un petit studio de Chancery Lane à Christchurch. Elle faisait partie d'un réseau de femmes indépendantes travaillant dans les arts, dont Olivia Spencer Bower, Louise Henderson, la violoncelliste Valmai Moffett et son amie Jean Stevenson, rédactrice en chef du Press Junior. À cette époque, elle faisait des voyages réguliers pour explorer la campagne néo-zélandaise ; elle rendait fréquemment visite à son amant Harvey Gresham à North Canterbury.

Ses paysages et ses portraits sont très contemporains, les détails semblent quasiment être réalisés parfois depuis une vitre de train, lors de ses déplacements. Graphiques, ses peintures sont aussi le résultat de son attrait pour les mathématiques, la géométrie, tant dans la rupture académique, que dans le découpage des vues et des présences humaines, des poteaux de télégraphes, des lignes déssinées par les télécommunications, le mouvement des herbes et des nuages tourbillonnant. Nous sommes face à des illustrations graphiques splendides, réalisées par une artiste peintre qui est née le siècle dernier.

C'est la première fois que je découvre le travail d'une artiste, grâce au programme de Google qui permet de voir des Musées, ou visiter les œuvres de ceux-ci. Lorsque l'on n'a plus accès aux Musées, c'est une belle digression, s'apercevoir qu'un accès demeure encore là, pour celles et ceux qui aiment la peinture, l'art et tant d'autres choses. Puissions nous croire aux jours meilleurs.

vendredi 11 août 2023

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Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un jeune homme avec un masque, les cheveux libres et le t-shirt jaune s’accroupit vers moi, puis il tentait de m’attirer, il parlait doucement, je le reconnaissais. Je m'envolais vers ma tutrice installée sur son tapis magique avec son compagnon. Le jeune homme souhaita me suivre puis il posa une question à ma tutrice : "Vous la connaissez cette pie ?" Puis elle raconta mon histoire. Il lui dit : "Ravi d'avoir rencontré la maman pie". Puis il raconta notre histoire, lui et moi, nous nous connaissions un peu, il venait me voir et je communiquais avec lui. Je lui ai piqué l’œil, il a eu mal durant 15 jours. Il m'a dit que ce n'était pas grave mais qu'il a ainsi appris à se protéger. Je lui agrandissais le trou de son t-shirt pendant qu'il osa raconter cet accident à ma tutrice, elle fronça les sourcils, je sentais qu'elle était en colère après moi. Mes deux amies pies se sont mises à gazouiller et raconter un tas de trucs. Le jeune homme raconta un peu sa vie avec les animaux, comment il a récupéré un pigeon blessé, comment il a tant bien que mal redéposer une corneille tombée du nid, sur une branche près des parents, comment il a pris un tube pour emmener la souris de son appartement dans un bosquet dehors, comment milles aventures, il tentait de pousser un peu les êtres sans les brusquer pour leurs redonner un peu d'élan. Il était comme ces êtres qu'il observait dans la détresse. Sensible à ma petite vie de pie et l’accompagnement dont je bénéficiais, il racontait à ma tutrice à quel point j'étais une petite célébrité dans ces parages. À présent ils savent chacun, chacune un peu plus mon histoire, sur le tapis de ma tutrice, les langues se délient, la vie des uns et des unes et des autres arrive, seulement par l'expérience de l'autre, les êtres humains nomment cela l’altérité. La chose étrange et suspecte que je suis, pour les plus attentifs et sensibles, est un petit miracle dans leur quotidien et éveille leur âme d'enfant, de sauveur, de joueur, de joueuse. Je ne suis qu'un être qui virevolte d'un être humain à un autre à un arbre, à un mur, je plane entre toutes ces choses, obstacles de ma route, je fais un peu le tri. Celui là oui, celui là non. Parfois un homme en costume passe le midi et me montre du doigt et tente de m'attirer comme si j'étais un animal idiot. Je ne bouge pas, au sol, sur ce sable d'été, et je le regarde. D'un coup, devant les autres, il se trouve très con. Il se relève et repart comme s'il n'avait rien fait, ni de bruits incongrus, ni de gestes grotesques, il reprend sa marche, et moi, je marche comme si cet homme était bien un idiot. Et c’est ainsi que je fais rire mon monde. À l'heure du déjeuner, celles et ceux qui travaillent viennent avec leur barquette et grignotent, c'est le meilleur moment pour titiller l'âme humaine. L'autre jour j'ai vu mon copain le petit chien blanc, il est tout fou lorsqu'il me voit. Nous jouons devant les yeux ébahis des touristes qui s'arrêtent. Ils n'en croient pas leurs yeux. Je saute sur le chien, il se cache derrière les jambes, aboie, tourne autours de tous, je vole au dessus, je crie comme un petit dessin animé, je le provoque, je saute à travers des bassins d'eau, il ne peut me suivre, je le ferai presque tomber dans l'eau, puis je reviens, à 2 pattes et lui à 4 pattes, on courre partout, sa maîtresse est admirative, elle sait nos jeux, elle a emmené une petite caméra. Mes ailes me servent à sautiller à m'élancer très haut, je suis très expressif, comme une marionnette animée d'une folle envie de crier ma joie, je suis si sérieuse, avec mon bec, pourtant j'exprime une gaité monstrueuse et tapageuse. Je sais que ma tutrice s'inquiétait mais comment ne peut-on pas être entrainé par ma force communicative, les gens sont dans leur train-train, souvent assez tristement, ils marchent comme s'il allaient à l'échafaud. J'arrive comme un pépin, une pépite qui n'existe pas, ils doivent se pincer plusieurs fois, ils sont sidérés. J'ai mes humeurs. Je boude aussi. Mais depuis que j'ai mes copines les pies, je passe des journées extraordinaires. Il faut dire que ma tutrice y met du cœur à créer du lien et m’intégrer avec les autres. Une bonne ressource humaine. Un jour je suis arrivée en retard, et les 2 autres pies s'étaient déjà bien installées avec ma tutrice et elles lui parlaient, une, le mâle qui faisait très peur est devenu tout choubidou, il lui pique ses doigts de pieds, comme je faisais. Je suis jaloux comme tout ! Il me copie. Il tente de la séduire, il prend des morceaux de bois et les déplacent, lui qui ne faisait jamais cela. Il gazouille auprès d'elle, il secoue le tapis. C'est pas possible. Alors il est devenu de plus en plus proche. Nous sommes un groupe de 3 à 4 pies. ma tutrice souhaitait faire ce travail pour moi, mais voilà que c'est elle qui est intégrée au monde des pies. Mais ce n'est pas tout. Voici qu'un groupe de merlettes se met à la suivre, et se cache près d'elle, attentives toutes. Elles si craintives, elles viennent comme des amies. C'est un drôle de paysage. Nous disparaissons d'un coup s'il y  a des prédateurs, des êtres humains malintentionnés ou des bêtes agressives. Ainsi, seuls les délicats peuvent être témoins d'un spectacle paisible d'amitié entre elle et nous.
Un soir au crépuscule je m’appétais à dormir. Ma tutrice me cherchait et j'étais sur le sac ouvert d'une femme qui pleurait. Ma tutrice me demandait de partir, mais je lui disais de mieux regarder cette femme. Elle était de dos avec sa petite robe d'été, bronzée, menue mais elle se cachait le visage. Et elle avait plein de petits bagages, comme si toute sa vie tenait dans tous ces petits effets alignés. Moi je sautais carrément dans son sac. Ma tutrice lui demanda si elle avait besoin d'aide. Elle lui a dit qu'elle voulait juste se changer. Ma tutrice comprit qu'elle venait d'être mise dehors ou qu'elle s'était elle-même sauvée. C'était une femme assez sûre d'elle mais complètement à plat. "Vous avez besoin d'aide ?" Reposa ma tutrice. Elle se cachait le visage. Elle lui dit qu'il y avait un couvent qui accueillait les personnes, ou femmes esseulées. Elle lui dit qu'elle en venait, mais qu'ils étaient complets, mais qu'elle voulait juste se changer. Sa petite robe d'été rose, la nuit tombait, ma tutrice comprenait là, qu'elle devait s'habiller pour la nuit. Alors elle m'ordonna de sortir de son sac afin de la laisser loin des regards se changer. Elle avait du mal à me faire partir, je suis si curieuse, tout m'intéressait. Puis je décidais, que si cette femme était seule, cette nuit, je lui tiendrais compagnie. Je montais sur une branche au-dessus d'elle et j'attendrais. Je savais que ma tutrice ne partirait pas de suite. Afin d'apaiser, maintenir le lien. Elle aperçu un homme au loin, il titubait un peu et il avait une bouteille d'alcool. Il cherchait quelque chose. Ma tutrice comprit de suite. La femme était dans l'ombre d'un arbre, il repartit. Puis la nuit tombée, j'étais au-dessus d'elle, je veillais sur elle. L'homme revient, puis il aperçu ma tutrice, il cacha sa bouteille derrière le dos et alla trouver la femme, et lui proposa de la suivre, car sa voiture était garée plus loin mais devant ma tutrice il se montrait plus gracieux. Elle refusa, fermement, il repartit.
Cette nuit elle est restée là. Avec moi.
Il faisait doux, une nuit d'été.
Le lendemain plus rien.
Ma tutrice n'est pas venue, sachant que nous étions en communion.
Un autre jour se lève, tout est différent, les gens aussi. Ce ne sont jamais les mêmes.
L'été se terminera, je ne ressemble plus au petit d'avant, je suis de plus en plus fort, mes yeux bleus deviennent noirs, je suis un peu plus vorace, je me débrouille bien. Parfois ma tutrice est mélancolique. Elle me dit que lorsque l'on aime une personne, quand on tombe amoureux, on aimerait montrer à la personne que l'on aime des tas de paysages magnifiques que l'on a connu, ou que l'on aimerait voir, avec l'être aimé. Elle me dit que l'on ressent l'envie de montrer les plus belles choses à l'autre, que cet autre soit aussi heureux qu'elle ne le fut en découvrant milles merveilles. Elle me dit qu'elle sait que je ne pourrai jamais voir les paysages qu'elle connait. Mais qu'elle aimerait me voir dedans, voir mes réactions, sautillant et découvrant la mer, les vagues, le sable, les palmiers. Tout ce qui rend la vie mortelle, lorsque la beauté resplendit, les immensités des horizons lointains, les yeux désireux de ces vues des mondes inouïs, des bonheurs inégalés, tout devient ultime, le silence aspire l'incroyable et fait naître les plus profondes paix pour en révéler les plus hauts espoirs. Ces paysages où devenir naufragés c'est revenir d'où l'on vient, sans pouvoir deviner quels sont les fruits de tous ces arbres, les couchers de soleil et les nuits étoilées.
Je luis dis que je ne sais absolument pas de quoi elle parle, donc ce n'est pas grave. Cela ne me parle pas du tout. Chaque jour est un émerveillement pour moi. Alors elle me dit qu'elle pourrait me décrire les paysages, comme des cartes postales comme si elle aussi était en voyage. Je vois bien que c'est elle qui manque de vacances, mais elle m'assure que me côtoyer ce sont des vacances inoubliables. Bien mieux que des cartes postales. Et puis, elle a une idée. Elle s'en va travailler un peu. C'est une artiste, et elle revient me montrer ses paysages. Mais elle ne voulait pas qu'ils soient trop précis. Elle les représentait comme des rêves un peu flous, afin que je rêve aussi avec elle.
Elle m'offrait ses rêves de voyages, tels qu'elle les peignait.
Je ne voyais que des tâches colorées disposées de différentes manières. Pour moi, rien ne ressemble à la nature ni aux paysages que je vois ou tels que je les vis. Mais j'ai ainsi compris comment les êtres humains rêvaient et créaient des images.
La nuit je vois ses peintures.
Toutes ces couleurs.
Je vole dedans.


















Peintures © Sonia Marques



jeudi 4 mai 2023

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© Céramiques, œuvres de Cynthia Lahti

Beaucoup découvriront les oeuvres de l'artiste Cynthia Lahti, à travers le film Showing Up, américain réalisé par Kelly Reichardt, en salle ces jours-ci.

Synopsis :
Avant le vernissage d'une prochaine exposition, Lizzie, une artiste, voit son quotidien et son rapport aux autres ainsi que sa vie chaotique devenir sa source d'inspiration.

Film touchant avec un regard délicat sur la création, assez rare, en réalisation filmique. Les sculptures de l’artiste Cynthia Lahti sont filmées jusqu'à la mise au four, de la terre à l'observation, du chat au pigeon, de la chaudière qui dysfonctionne, au vernissage, à la famille à problème, aux doutes, mais à la détermination d'une artiste et de l'humilité de son savoir faire. Les dessins de toutes ces petites femmes, qui dansent, sautent, marchent, librement, jusqu'aux assises de bois pour la terre, sont des petits bijoux. Charme de pouvoir tourner et découvrir chaque partie. Il y a une harmonie dans l'association, sans doute une école artistique, dont on aimerait partager un peu le quotidien. Pour avoir vécu des ambiances moins idylliques, ce film rassure et augure de regards emplis de gratitudes à venir sur le milieu de la création artistique. La réalisatrice, tel un chat discret, peaufine l'art de respecter le silence obligé d'un quotidien, ou d'une nuit blanche : la (fameuse) charrette, que tout artiste connait. Pour avoir visité tant d’expositions de céramique et avoir également participé et créé avec ce médium, j'ai beaucoup apprécié ces petites femmes sculptées et leurs couleurs. Il y a une grâce et une intériorité chez chacune de ses créations. Le film surligne la vie des artistes dont on ne parle pas, ou si peu.

Tous les pigeons blessés méritent une attention. Prendre soin de ses ailes, de son art.
La petite échelle, des œuvres de petites dimensions, sensibles, brillantes, et libres.

J'aime beaucoup cette simplicité et cet art de la contemplation de la figure humaine, de ses positions. Il y a quelque chose de léger, comme un printemps qui s'installe avec nonchalance à l'abri des gros titres. Chaque jour un film différent...

Sur le site Internet de l'artiste :

Cynthia Lahti crée des œuvres d'art visuellement séduisantes et belles, malgré leurs imperfections manifestes et leurs matériaux parfois humbles. Inspirées d'objets et d'images, historiques et contemporains, ses créations reflètent sa conviction que même le plus petit artefact peut évoquer les sentiments les plus puissants. Sa pratique artistique, qui englobe le dessin, le collage, les livres modifiés et la sculpture, est influencée par des artefacts humains de l'Antiquité à nos jours, ainsi que par des expériences et des émotions personnelles.

Cynthia a grandi à Portland, dans l'Oregon, où elle a obtenu son baccalauréat à la Rhode Island School of Design. Après avoir obtenu son diplôme en 1985, elle est retournée dans l'Oregon où elle continue de vivre et de faire de l'art, trouvant l'inspiration à la fois dans son paysage physique et psychologique et dans la façon dont il encourage sa pratique intrépide en studio. En 2013, elle a reçu la bourse Hallie Ford pour artistes, la bourse Bonnie Bronson en 2015, la bourse de soutien individuel Adolph et Esther Gottlieb en 2017.

Cynthia Lahti crée des œuvres d'art visuellement séduisantes et belles, malgré leurs imperfections manifestes et leurs matériaux parfois humbles.


Dans la genèse de l'histoire du film, il devait être le biopic d'Emily Carr, peintre canadienne du début du 20e siècle, selon l'idée de la réalisatrice Kelly Reichardt, puis avec son co-scénariste Jonathan Raymond, ils se sont tournés vers la fiction, le présent et le territoire familier de l'Oregon. C'est à Portland que se déroule le film, une ville célèbre pour sa vie bohème et sa contreculture. Emily Carr est le nom donné à l'école où j'ai étudié, en Colombie Britannique à Vancouver, dans les années 1995, auprès de photographes et de cinéastes. Cette artiste a peint des paysages dans le style moderniste et postimpressionniste et s'est inspirée des peuples autochtones du nord-ouest du Pacifique. Elle était sous-estimée à son époque, puis est devenue propriétaire de chambre d'hôtes, pendant un certain temps, un travail si dévorant qu'elle a arrêté totalement la peinture, son domaine artistique. Kelly Reichardt et Jonathan Raymond étaient très intéressés à l'idée de réaliser un film sur une artiste qui faisait tout, sauf de l'art. Puis, ils se sont aperçus, qu'Emily Carr, lors d'un de leur voyage en Colombie Britannique, était célébrée partout, devenue une icône, tout était à l’effigie d'Émily Carr, des statues, et mon école d'art et de design renommée ! Ils ne souhaitaient pas écrire sur une artiste connue. Il y a des résidus de l'idée de départ dans le film, Showing Up, basé sur une école d'art et une communauté dans laquelle tout le monde est prêt et capable d'entreprendre des activités créatives – tant que la vie ne gêne pas. La réalisatrice et le co-scénariste ont traversé des conflits familiaux durant leur périple pour l'écriture, cette crise a favorisé des adaptations scénaristiques. Dans le film, la famille de l'artiste, traverse une crise, et malgré tout, la sculptrice continue a préparer son exposition. Sa propriétaire, est une artiste plus aisée, et fait payer le loyer à Lizzy, l'héroïne du film. Elle est en train de préparer plusieurs expositions et n'accorde pas de temps à sa locataire, pour changer la chaudière, et Lizzy se plaint sans cesse, de ne pas bénéficier de douche chaude. Sont subtilement décrits, les rapports de renommées différentes, entre ces deux artistes femmes, et comment, elles composent, avec sororité, sans tomber dans une rivalité qui anéantirait tout art de vivre ensemble. J'ai eu la chance de vivre cet esprit, lors de ma participation à une exposition collective à Vancouver, composée principalement de femmes artistes.
Dans le film, la vie est privilégiée, la veille de l'échéance de l'exposition, s'occuper d'un pigeon blessé ou d'un frère malade, alors que tout est encore inachevé, et les sculptures non cuites, s'intègrent dans l'échéance, comme si l'artiste était un funambule, toujours en équilibre.
La réalisatrice a abandonné de tourner le biopic sur Emily Carr, et s'est concentrée, avec son co-scénariste sur une histoire qu'ils aiment, celle des arts visuels, souhaitant plus que tout s'éloigner de la rage de ces dernières années. Ils se sont inspirés des films des années 70 de comédies qui ne se font plus aujourd'hui, et, qui reposent sur un humour de situation assez délicat. Lizzy, l'artiste représente une solitude même dans une communauté où tout le monde semble soudé. Elle détaille de façon assez fine, les jours et les nuits passés, seule, de la créatrice, dans son garage qui sert d'atelier, et dans le silence, afin de résoudre son processus, et afin d'accompagner un stress, jusqu'à une échéance, où tout semble, ne pas être au point. Et pourtant, tout arrive à point. Souvent, dans l'humeur de se plaindre continuellement à la place de demander de l'aide, la figure de la créatrice ici, propose un regard sur la fierté des artistes, et leur dignité à tenir le coup, même dans des situations, où tout peut "capoter". La blessure et la réparation sont au cœur du film, interprétés par le pigeon qui a failli être mangé tout cru par le chat de l'artiste au travail. L’instinct, l’apprivoisement, la guérison, sont aussi des éléments de la création.
L'artiste, dans le film, est toujours soupe au lait, fatiguée et plombée par toute les tâches qui l'entourent, mais reste très concentrée sur son art. Elle traverse les évènements, en profitant rarement des compliments, et ne participe pas aux vernissages mondains qui l'entourent, profitant de l'observation des œuvres exposées, lorsqu'elle se retrouve seule face à elles. Cette solitude, que l'on peut associer à la faculté autistique des artistes, pas chez tous, met en contraste les mondanités associées aux vernissages et fêtes, le réseautage, ainsi que tous les faussaires de l'art qui peuvent graviter, dans ce milieu, autours de la création artistique, autours d'un nom, de sa renommée.

mardi 31 janvier 2023

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Les Dreijer suédois sont de retour, ! En attendant la sortie de leur album en mars prochain, Radical Romantics, la piste "Kandy", offre un hommage sucré, ou toxique, à l'envoûtant et inoubliable "Pass This On" de 2003, il y a 20 ans (Whaou ! On vieilli !) dont les paroles (Paroliers : Karin Elizabeth Dreijer Andersson / Olof Bjorn Dreijer) "I'm in love with your brother / What's his name /" et le clip réalisé par Johan Renck mettant en scène le styliste et drag queen Rickard Engfors, magnétisait par son attraction dans un chalet reclus. "Kandy " rassemble le duo frère et sœur, costumés avec les polyrythmies exotiques, et, cette fois-ci, c'est Karin qui s'offre en miroir, costumée et aliénée. Le double veut se manger. Sortie prévue sur leur label "Rabid Records", l'ancien fameux groupe électronique "The Knife" avait sulfurisé mes nuits et mes jours jusqu'au concert à la Philarmonie de Pars en 2013, il y a 10 ans (Whaou ! On vieilli) Suite auquel, j'avais écrit un article documenté "Les saltimbanques électroniques".

Déjà l'ouverture de l'album "What They Call Us", dont le clip montre une sorte d'entreprise sur la fin, son dernier jour, en implorant ses employés à réparer ce qu'ils ont brisé, la personne qui est venue y travailler : "Peux-tu le réparer, peux-tu t'en soucier ?" donne quelques pistes de ravageuses finitudes bureaucratiques, où plus personne ne veut travailler, pour finir la tête dans une photocopieuse ou se finir comme un petit cinnamon bun passé au micro-onde.

Donc, Fever Ray, leur pseudonyme, annonce Radical Romantics, premier nouvel album depuis plus de cinq ans, qui sortira le 10 mars et présente le mythe de l'amour. Les visionnaires de la pop, jonglent avec les formes séduisantes et terrifiantes, la force et la vulnérabilité, l'anxiété et la sécurité. Parmi les autres coproducteurs et interprètes figurent le duo puissant de Trent Reznor et Atticus Ross (Nine Inch Nails), le DJ et producteur portugais Nídia, Johannes Berglund, Peder Mannerfelt et le projet de danse technicolor de Pär Grindvik Aasthma, et l'artiste expérimental et producteur susmentionné Vessel. Un collaborateur de longue date, Martin Falck, se joint à Dreijer pour créer le monde visuel global de Fever Ray de l'ère Radical Romantics.

Hâte !

mercredi 4 janvier 2023

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Dessins, et photographies © Sonia Marques

vendredi 16 décembre 2022

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Jellycat Design


Petit montage infographique de mes préférées, ces peluches sont la création de Jellycat, une marque Londonienne spécialisée dans la création de peluches. L'humour, la douceur, le souci du détail et la qualité, leur design, se démarquent des autres. L'entreprise est cofondée par les frères Thomas et William Gatacre, elle a réinventé la catégorie des peluches, créant des produits chéris par des clients de tous âges. William est le directeur général de Jellycat et raconte souvent son histoire. "Parfois, vous regardez un espace et vous pensez : cela a besoin d'un sérieux rafraîchissement. C'était le cas du marché des jouets il y a vingt ans. Il était fatigué, et un peu taxidermique" Ainsi, en 1999, Jellycat est né, du nom trouvé par le fils de sept ans de Thomas. Les débuts sont modestes, un petit stand lors d'un salon professionnel, mais la marque s'est rapidement révélée populaire. Ils ont eu des partenariats avec John Lewis, Paul Smith, Selfridges, The Conran Shop, Collette à Paris. Le directeur décrit ces moments, comme de petites joies, pas de grands projets commerciaux, mais très excitants. William se remémore les débuts de Jellycat : le frisson d'obtenir une référence, l'excitation de voir les produits en magasin et d'être invité à Paris pour rencontrer le fondateur de Zadig & Voltaire, Thierry Gillier, dont la fille était fan des jouets de Jellycat. S'inspirant des mondes de l'art, de la mode et du design, l'entreprise exploite un modèle saisonnier, proposant plus de 200 nouveaux articles chaque janvier et juillet. Cette stratégie a rendu leurs produits très convoités. À la lecture de nombreux forums de fans de Jellycat en ligne, la marque frise l'obsession pour certains produits. En conséquence, le marché de la revente de la marque est énorme, les articles abandonnés se vendant souvent plusieurs fois leur prix de détail d'origine. "La magie est dans le produit, donc tout se résume au design", explique William. La réflexion incessante de Thomas et William sur le concept et le design a conduit à une marque qui plaît à tous les âges. En effet, l'un des plus grands exploits de Jellycat a été de vendre autant de produits aux jeunes adultes que de cadeaux pour bébés et enfants. William décrit certains de ses favoris : ses best-seller, "le Bashful Bunny  (le lapin timide) ; le morceau souriant de fromage de brie complet avec bras et jambes ; le dragon des neiges, et même un plat de fruits de mer câlin – parfait pour égayer un fond Zoom ! A chaque collection, nous faisons un acte de foi", a-t-il dit. "Nous n'organisons pas de groupes de discussion, nous suivons simplement notre instinct. Heureusement, nous avons presque toujours raison... il n'y a pas de meilleur sentiment que de fabriquer quelque chose que vous aimez et de le voir se vendre ! Quand il s'agit de design, la seule chose qui ne nous influence absolument pas, c'est ce que font les autres fabricants de peluches. Nous devons ignorer nos concurrents car si nous les surveillons, cela nous retarde. C'est l'un de nos principes fondamentaux en tant qu'entreprise : nous ne devons pas faire quelque chose simplement parce que quelqu'un d'autre le fait." Cette idée a été à l'origine d'une grande partie du succès de Jellycat et a également éclairé la stratégie de l'entreprise pour éviter les voies de marketing traditionnelles. Contrairement à ses concurrents et, en fait, à ses clients, Jellycat n'a pas de canaux de médias sociaux, ce qui semble presque impensable pour une gamme de produits aussi instagrammable. "Il y a quelque chose de merveilleux à être découvert individuellement", dit William, "et nous aimons laisser les produits parler d'eux-mêmes. Les médias sociaux sont quelque chose que nous étudions, mais nous voulons que les gens achètent chez Jellycat parce qu'ils le veulent, pas parce qu'on le leur dit"

Dans mon histoire, personnelle, je n'ai pas été éduquée avec un environnement renouvelé de peluches, cette frénésie consommatrice que l'on observe, mais les seules attribuées, qui me sont restées en mémoire, le sont restées toute l'enfance, durant les années 70, et dans l'esprit : un chien étrange qui aurait pu être londonien, lui aussi, orange ou rose fluo, ou bien plus tardivement, une ourse orange aux yeux verts, que j'ai nommée "Capucine", en raison des fleurs de la couleur orange, des capucines en bordure de mon jardin, à hauteur de mes yeux d'enfant. Et puis, la plus mystérieuse, fut une belette, dans les teintes brunes orangées. Dans les années 70, la couleur orange fut assez répandue, avec le marron (les camels, les cognacs, les caramels, les rouges territes, les pourpres) et le jaune solaire, sans compter les motifs des papiers peints, tous ces éléments et "patterns" sont actuellement revenus à la mode, aussi bien dans le domaine du stylisme, et ses aspects recyclés "éco-responsables", que dans celui de la décoration et la maison. Les motifs orientaux et géométriques étaient manifestes dans les impressions textiles et les nuances colorées furent qualifiées de "couleur-soleil", des couleurs acidulées et toniques, elles étaient contrastées avec des teintes plus froides, le bleu, le gris, avec l'argenté, une métallisation très en vogue, avec le vert, qui correspondaient au début des simulations végétales et celles de la nature.
L'émission télévisée pour enfants de Lîle aux enfants (qui débute en 1974) présentait un gros Casimir (créé par Yves Brunier et Christophe Izard), un dinosaure orange à gros pois, j'avais hérité de son acolyte, en peluche plutôt dure, Hippolyte, son cousin, le maladroit, paresseux, gaffeur, dont j'adorais le nom. Il était vert et était apposé à côté d'une télévision orange, design vintage assez belle. Ma mère avait un certain goût pour le design et les meubles blancs nordiques, acquis pour son appartement de jeune femme, que j'ai côtoyés, entreposés dans leur nouvelle chambre maritale, ensuite léguée, durant mon enfance. J'avais accès à une bibliothèque de livres dans une langue inconnue, avec des couvertures aussi vintages d'un autre pays. Tout était crypté. Cela forme l’œil, et le goût du déchiffrage aussi. Mes camarades, tous de classe modeste, n'avait pas d'égal à ce décor atypique, car du côté maternel, ma famille, était spécialisée dans l'art de chiner, ou tracer par l'image, la photographie, et les nouveaux usages filmiques, de façon mémoriel, située dans les Puces de Paris Saint-Ouen, le plus grand marché d'antiquaires et de brocanteurs au monde. Il y avait donc des expériences diverses et des couleurs et textiles chamarrées transmis, des manières de bricoler des cabinets de curiosités, des agencements des espaces de vie, proches des vies d'artistes, avec peu de moyen mais de l’ingéniosité, des astuces, des ruses, du goût pour les accords entre l'ancien et le moderne. Tels des petits Frida Kahlo, sans le savoir, le tout cohabitait dans une étrange maisonnée repeinte en turquoise, au goût particulier de mon grand-père. Une couleur, entre le vert d'eau et tirant parfois vers le bleu, cela dépendait des rafraîchissements, lorsque l'on est enfant et que l'on passe sa tête à travers les barreaux de la mezzanine, avec un tricot orange, on ne peut qu'être baigné dans une palette de peintres et démarrer ses premiers pas dans un climat libéré des nuances classiques et conventionnelles. Et puis, il y a toute une partie folklorique, qui tient au mariage ibérique de mes parents, une alliance entre l'Espagne et le Portugal, faites de migrations et de transculturations. Je préfère d'ailleurs ce terme espagnol de "transculturation" plutôt que celui utilisé en France d'acculturation. La transculturation désigne le processus par lequel une communauté emprunte certains matériaux à la culture majoritaire pour se les approprier et les refaçonner à son propre usage. Ce concept s'oppose à celui, d'acculturation, car celui-ci plus ancien, désigne l'absorption de la minorité par la culture dominante. Le terme de transculturation, plus récent, développé notamment par l'ethnologue et anthropologue cubain Fernando Ortiz oriente sur le processus de transformation des deux groupes au contact l'un de l'autre en soulignant les aspects créatifs que cela comporte. J'aime assez l'idée de traverser, dans la transculturation. Cette idée du voyage et du déplacement, est au cœur de mes processus de création. Les arts numériques ont été, dans mon parcours, un territoire d'investigation, où les frontières étaient traversées et respectées en tant que créations nouvelles, sans limiter le sujet dans une identité déterminée par d'autres, et des origines més-interprétées avec tous leurs lots d'à priori. J'ai ainsi apprécié faire partie des usagers d'une certaine folksonomie sur Internet, basée sur une indexation personnelle, que je continue de poursuivre. Les nuages de mots ont été mes moteurs pour naviguer, avant même qu'ils ne soient formalisés par le Web 2.0.

Ainsi, je peux à présent relier, une de mes réalisations en céramique, qui emprunte à cette mémoire des couleurs, sensorielle à tous point de vue, que j'ai réalisée dans ma ville à Limoges :

Je me suis intéressée à la couleur "terre de Sienne", en 2010, et son pigment minéral naturel, de teinte brune rougeâtre, dont j'ai recherché une nuance très spécifique en céramique, pour mon œuvre de grande envergure, "Cendrillon". Dans l'élaboration de ce puzzle de biscuits décorés à la main, et dont, chaque tuile, fut aussi modelée à la main, en céramique et porcelaine, d'un savant mélange de rébus destinés à être jeté, des excédents, j'ai confectionné et étalé comme des pâtes à cuisiner, chaque carreau, émaillé et traité individuellement, par mes soins, afin d'être verni de couleurs et motifs graphiques différents, se juxtaposant ensuite, par vibrations, ainsi tous disposés, avec un jeu visuel mathématique, entre figure et abstraction, tel un tapis lumineux et chatoyant, indécent et magique. Je pense que les couleurs solaires, qui contrastaient avec les noirs et blancs et leurs motifs (comme des signes typographiques pixelisés et numériques, toutes sortes de hastags, dièses musicaux) étaient issus de ces nuances colorées de mon enfance, des années 70, et s'inscrivaient dans une composition ambitieuse, une fresque, un décor d'azulejaria, d'une histoire revisitée, de cet art des carreaux de céramique ibériques, mozarabes et portugais, des Maures, typiques de l'art mauresque. La matrice, le nuancier, que j'ai créé, était si particulier, et les couleurs provenaient d'une mémoire qui s'est imprimée, surtout avec le jaune, et le brun, majoritaires, des couleurs solaires, très chaleureuses.
Dans la région porcelainière du Limousin, où j'ai conçu et créé cette installation, et l'ai exposée dans la ville de Saint-Yrieix-la-Perche, berceau de la découverte du kaolin (l'argile essentielle à la fabrication de la porcelaine, prénommé "l'or blanc", l'exploitation des carrières se réalise en 1786, alors que la Chine découvre et utilise la porcelaine dès le XII e siècle) c'était une véritable gageure. Car cette région du centre de la France, orne et décore toujours traditionnellement ses espaces patrimoniaux, d'assiettes blanches et divers objets de porcelaine blancs, avec très peu de couleurs, voir quasiment pas. Souvent les visiteurs et clients de ces lieux labellisés, sont plutôt aisés et retraités. On peut visiter de petits espaces, réservés, avec des créations d'artistes qui rassemblent des œuvres uniquement blanches, sans aucun décor, ni même d'aspérité. Toute expression est effacée, tout métissage, tout voyage exporté-importé, toute histoire. Souvent, je me suis posée la question de la répétition de ces formes, qui se situent entre art de l'artisanat pour décor d'intérieur et art contemporain. Le silence devait dominer, comme si des drames historiques de guerre, ou de conflit, empêchaient tout dire, toute évocation d'un égo, d'une personnalité, et qu'en groupe, tous les artistes devaient choisir d'immaculer leurs objets ou sculptures, d'un commun accord. Comme s'il fallait s'abstraire de l’indicible, éviter toute culpabilité ou collaboration, ou faux pas. C'est ainsi que je le ressentais en écoutant aussi les exposants designers à mes côtés, surpris par ma proposition franche et généreuse, qui pouvait être censurée par son audace, questionnant les couleurs autorisées dans leurs circuits habituels d'exposition, ou leurs formations artistiques.
J'ai rencontré une spécialiste des contes littéraires, Élisabeth Lemirre, venue faire une conférence à Limoges, à laquelle j'ai assisté dans la belle bibliothèque multimédia, sur le conte spécifique de Cendrillon, et apporter des éléments de son livre ("Sous la cendre : figure de Cendrillon", de 2007) Elle m'a fait comprendre que ma réalisation artistique ressemblait aux contes africains, plutôt que la Cendrillon occidentalisée. En Afrique, elle est "noire" et telle une "garce", un peu garçonne, elle désarçonne. Sa beauté résidait dans le côté frondeur de Cendrillon, tels que les contes africains le relatent, et non dans le versant soumis, occidental, de la Cendrillon qui attend patiemment le prince charmant, maltraitée par des femmes, belle-mère et filles, et doit "rentrer dans le rang" afin d'être choisie par le premier venu et se marier avec. Elle avait remarqué mon petit sac en bandoulière, et m'avait dit qu'il était couleur de l'arc-en-ciel, irisé, comme ceux des fées, qu'il y avait une histoire de fées là-dessous.
La question de la couleur était au cœur de ma recherche artistique et la communication de l'historienne, personnelle, m'avait fait questionner les fondements de mon histoire et de mes traversées, car, je n'avais jamais vu ma proposition ainsi. Tous ces croisements coïncidaient : je réalise une œuvre en 2010, du nom d'un conte de fée à Limoges, et, dont quelques prémices pédagogiques, avaient été bien explorés à l'école supérieure d'art d'Angers, où j'ai enseigné une dizaine d'années auparavant, dès 2001, avec deux collègues peintre et designer, à destination des étudiants en Master, d'un atelier de recherche et création, que nous avions nommé du même nom du conte "Cendrillon", pour une rencontre, d'après diplôme, et la professionnalisation (qui avait très bien été accueilli)  ; en devenant professeure à l'école nationale supérieure d'art de Limoges, en infographie et et création multimédia (comme à Angers), je conçois et réalise une œuvre entièrement en céramique, de ce même nom, puis, je l'expose dans la région à 2 reprises ; puis un an après, un Opéra de la ville, un spectacle lyrique nommé Cendrillon, que j'ai vu, se produit, et je rencontre une conteuse, qui me raconte le versant de la couleur de mon œuvre. Une traversée assez magique à travers la France et les régions, le tout motivé par mes projets artistiques et pédagogiques reconnus.
Les aspects mathématiques d'une matrice qui multiplie les possibles, un nuancier qui contamine tous les carreaux, et peut se rejouer à l'infini, recréer d'autres figurines ou tableaux abstraits, m'intéressaient plus que tout. Cette réalisation continue de m'inspirer, dans mon parcours, la fulgurance et la sagacité de la méthodologie aussi. C'est la représentation d'un potentiel, une sorte d'autoportrait à un instant T. À la lecture de l'essai "La peur de la couleur", de David Batchelor, artiste, écrivain et directeur d'études au Royal College of Art de Londres, lorsque je voyageais beaucoup en train, chaque semaine pour enseigner en région des Pays de la Loire, avait confirmé certaines de mes réflexions intimes, sur la couleur; telle que je la vivais, ici. Il avait analysé, dès les années 2000, l'histoire de la "chromophobie", en occident, et ce qui se cachait derrière ce phénomène depuis ses origines, au travers d'exemples empruntés à la littérature, à l'architecture et au cinéma. En explorant des thèmes aussi variés que La Baleine blanche de Melville, Le Voyage d'Orient de Le Corbusier, Le Magicien d'Oz ou des expériences d'artistes contemporains, l'auteur montrait comment la couleur s'inscrit, dans l'imaginaire culturel occidental. Il allait jusqu'à qualifier même, une forme de "haine de la couleur", la peur de la perversion ou de la contamination par la couleur, selon lui, s'inscrivent au cœur de la culture occidentale depuis l'Antiquité, soit en l'assimilant à un "corps étranger", oriental, féminin, infantile, vulgaire, pathologique, soit en la reléguant au domaine du superficiel, du superflu ou du cosmétique.

Pour revenir à Jellycat, la grande tortue, que j'ai acquise pour orner le pare-brise d'une voiture japonaise, feu... se fond dans le paysage, avec mes "vrais lapins". Il se trouve que j'ai découvert ces peluches londoniennes, dans le petit magasin à Limoges, adorable, tenu par une femme qui tricote soigneusement ses peluches, "La Lune Noire" et dispose toujours un assortiment des nouvelles créations de Jellycat, entre autres. J'échange très souvent avec les commerçants de ma ville, il n'est pas rare que je présente aussi des créations que je transporte. J'avais un sac grand cabas en velours noir, orné de fleurs et d'un loup blanc d'une créatrice anglaise justement, il est souvent admiré et aimé par tous. C'est ainsi que je peux aussi faire connaître des créateurs et créatrices aux commerçants, qui, à leur tour, me font part de leurs histoires insoupçonnées, si aucune conversation n'est engagée. J'ai toujours pensé que les créations étaient d'excellents médiateurs, entre soi et l'autre, et l'au-delà, comme l'étaient les icônes religieuses, et le sont toujours. À Paris, je ne portais pas grande attention au marché des jouets, ou des peluches. Mais à bien y regarder, ce n'est pas si exact. Il y a une culture quelque part et une formation, que j'ai acquis, au fil du temps :

J'avais un camarade de classe, lors de mon diplôme supérieur aux arts appliqués, à l’École supérieure des arts appliqués Duperré, située au 11, rue Dupetit-Thouars dans le 3ᵉ arrondissement de Paris, dans laquelle j'ai passée 4 années de ma vie à vivre et travailler et étudier avec une grande assiduité et un grand bonheur, début des années 90, qui s'était spécialisé dans la scénographie futuriste des vitrines de Noël, versus soucoupes-volantes et nombre d'objets ludiques métallisés. Il nous avait ainsi sensibilisé au développement de recherches des jouets. Il faut dire que nous avions une bonne équipe de professeurs, et nous étions engagés à travailler également en équipe entre étudiants. J'ai enseigné ainsi, ensuite, par stimulations intellectuelles et tempêtes de cerveaux (brainstorming). À bien y regarder, à cette période, j'ai développé auparavant une gamme, qui était considérée comme une démarche artistique "pure" et non "appliquée". Elle était axée sur des "Boules" que j'avais confectionnées de longue haleine et en solitaire, après des visites d'expositions diverses et ma recherche sur le "gribouillis" en volume (aujourd'hui, on nommerait mes recherches "en 3D") Elles étaient réalisées avec du fil, et parfois des textiles utilisés pour réaliser des polaires ou des peluches, ou tout simplement de la laine. J'avais pressenti la complexité, les réseaux, la cartographie, je m'intéressais aux réseaux de neurones, à comment je pensais et formulais des idées, par grappes de connexions, sans envisager, que je n'étais pas la seule à avoir de telles réflexions intellectuelles. Parfois, je tombais sur des livres ardus de sciences cognitives que je dévorais, sans pouvoir partager mes connaissances avec mes camarades. Je travaillais artistiquement toutes formes de réseaux, avec la photographie, des matériaux que je mixais. Je visitais les magasins dédiés à la maçonnerie, avec mon père, avec l’expérience de sa profession, et j'imaginais des associations de plâtre et de boules de polystyrènes pour faire de gros volumes, ou bien j'associais des éléments d'articulations (des boulons, des roues, des boudins de protections de canalisations, etc.) avec des formes moulées dans des préservatifs distribués gratuitement par les écoles (autant que cela serve aux artistes !), dans cette époque de prévention face au virus du Sida. Toutes mes recherches partagées et présentées époustouflaient mes professeurs, et apportaient plein d'idées aux autres étudiants, cela infusait des pépites de lumière, de petites graines se plantaient comme un jardin fertilisé par l'école, elle savait faire cela, mettre en confiance ses étudiants, et n'avait alors pas besoin de faire de publicité ni d'effort de communication. De grosses boules sont arrivées par magie, et des plus petites, fines et travaillées, très colorées, de velours ou de laines, ou de textiles métallisés, dont j'ai réalisé nombre de photographies, par gammes et saisons, avec des modèles choisi pour leur personnalité, et leurs facéties, leurs capacités à jouer, à s'inventer des personnages, ou se transformer en animaux devant mon objectif, en diablotins ou en anges gardiens, des jeunes hommes et jeunes garçons, de couleurs de peaux différentes, de très beaux souvenirs en commun, sportifs aussi, dynamisants. Les photographies sont magnifiques et toutes ces réalisations étaient présentées lors de mon diplôme, remarqué, notamment par un jury composé des jeunes designers Tsé-Tsé (Sigolène Prébois et Catherine Lévy, qui nous a quitté récemment) elles démarraient tout juste leur entreprise en binôme.
Je n'ai jamais breveté mon idée, mais une trentaine d'années plus tard, des jouets ont été commercialisés avec cette idée très originale. Mes pelotes en boules étaient structurés en armature de fils de fer, amovibles et se formaient à la guise des manipulations, tel des petits "Calder". J'avais été impressionnée par le cirque des années 30, de l'artiste américain Alexandre Calder. Sinon, dans l'espace, mes installations pouvaient prendre des formes expressives dignes du mouvement artistique des peintres de l’expressionnisme abstrait, dont j'appréciais les peintures à cette époque (et j'en réalisais sur 2 mètres au carré) Je visitais beaucoup d'expositions à Paris, en solitaire ou avec un camarade féru d'art et de design également, en binôme. J'admirais les dessins et peintures de CoBrA, un groupe d'artistes qui élaborait à Paris dès les années 1948 des recherches picturales en réaction à la querelle entre l'abstraction et la figuration. Poètes et peintres (j’appréciais le travail du néerlandais Karel Appel et du danois Asger Jorn) certaines de mes grandes peintures en sont assez proches. J'avais entrepris, dans le jardin familial ouvrier, des scénographies de feux d'artifice et guirlandes énormes, lorsque je les déployais. J'étais photographe, donc la traçabilité de ces scènes éphémères étaient envisagées comme des images iconiques. Évidemment, cela avait fait tout le tour de l'école, lorsque je ramenais ces photographies, et à cette période, cela avait engagé d'autres étudiants plus jeunes, qui observait l'engouement général, à réaliser des objets hybrides d'influences de gestes et des arts du spectacle, ce qui n'existait pas encore, dans cette école, qui travaillait principalement sous forme d'images et de magazines. Comme je l'exprimais, dans d'autres articles, j'étais absorbée par "L'énergie du geste" le titre de mon mémoire.
J'ai beaucoup aimé voir la festivité se généraliser dans cette école, l'envie d'avoir envie de créer, de rechercher. Je n'étais pas obsédée par la notion auctoriale, et mon indifférence à la compétition, encore durable, m'a fait prendre un chemin plus singulier et très réfléchi, j'étais l'inspiratrice, mes idées étaient copiées et je n'y pouvais rien. Ma scénographie finale se basait sur un ring de boxe arrangé, il y avait une lutte entre la rigueur des formes en plâtres oblongues et noires (elles auraient pu illustrer la chanson stellaire et onirique, "Madame rêve" d'Alain Bashung), puisqu'elles figuraient le plein des préservatifs, dont je me servais comme moules, que j'étirais à l'aide de pinces ou seulement avec la gravité de mes suspensions, teintées dans la masse, et celles en peluches ou de textiles proches d'oiseaux exotiques. J'opposais ainsi, le dur et le mou, le noir et blanc et les gris bleutés, aux rouges et jaunes solaires, mes propositions étaient très riches de sens, et donnaient généreusement le ton de futures tendances stylistiques. Mes professeurs étaient "fans" de mon travail, mais je l'ai appris seulement qu'aux résultats de fin d'année des diplômés, me félicitant longuement devant mes camarades pour ces 2 années de travail et me reléguant au rang de première de cordée, ce que, je n'avais jamais imaginé durant mes 2 années passées à travailler mes jours et mes nuits. Il y avait 2 équipes d'enseignants, qui ne s'entendaient parfois pas très bien (opposition Mode-stylisme et Textile/couleur), et mes recherches était parvenues à les réunir, mes résultats traduisait la réunion de leurs enseignements et leurs apportait un éclairage inédit, ce qui facilitait la vie étudiante de mes camarades de classe. J'étais donc montrée en exemple du diplôme supérieure en arts appliqués (DSAA "Modes et environnements"), tel qu'ils tentaient de le développer, dans l'idée de la conception et des tendances, pour agences de styles ou cabinets d'architectures, ou du monde automobile, textile. Dans chacune de mes classes et d'études en art, j'étais un élément pacifique, et, le travail le plus discret, s'activait, dans l'harmonie d'un groupe, à rechercher à stimuler intellectuellement et à avoir une attention sympathique pour chacun, de mes amis, sans en laisser au bord de la route.
Plus tard, j'ai été conduite à participer des jurys pour le DSAA dans cette école, une des étudiante a d'ailleurs fait partie ensuite du collectif artistique que j'ai co-fondé, elle a ainsi connu son compagnon, au sein de notre collectif, un informaticien et chercheur en arts génératifs de pixels, avec un intérêt justement en réseaux cognitifs, ce que nous ne manquions pas de discuter. Un enfant est arrivé par la suite. C'est assez amusant, et les jardins de pixels ont généré pas mal de surprises, et de rencontres, dans nos desseins.
J'ai compris, bien plus tard, que ces qualités invisibles, conféraient tout simplement à mon devenir d'enseignante. Sans le savoir, je collaborais aussi aux recherches pédagogiques de mes enseignants, complétant ma participation pour une véritable formation artistique supérieure digne de ce nom. Nous avions travaillé pour le groupe Hermès et j'avais formé une équipe qui me suivait et nous avions remporté un prix, tous ensemble. J'avais appliqué formidablement leur enseignement, jusqu'à m'en émancipé, puisque je me suis tournée vers les beaux-arts à leurs grands regrets, tentant de me dissuader de mon choix, prétextant que les écoles des beaux-arts étaient très mal en point et très conservatrices. À postériori, ils n'avaient pas tout à fait torts sur certains points, même si le chemin que je choisissais, en toute liberté, était le plus juste, dans ma recherche..
Je me suis laissée une année, j'ai travaillé dans des bureaux de styles parisiens (Peclers), ou pour un architecte (Alexis De La Falaise), dans la conception de meubles et d'aménagement de boutiques de modes. J'ai aussi travaillé dans le spectacle, particulièrement dans la danse contemporaine et j'ai été amenée à collaborer activement avec ma chorégraphe, tout en étant danseuse parmi ses élèves, et participants de plusieurs de ses spectacles montrés au public. J'avais fini par m'installer dans un théâtre pour réaliser tous les éléments de sa scénographie pour 3 danseurs, présentés aux plates-formes de Seine-Saint-Denis. J'enseignais dans le même temps des cours d'arts plastiques à des élèves de 6 à 12 ans, dans le Val-d'Oise, avec des idées assez audacieuses, elles ravissaient les parents et les organisateurs et organisatrices de l'association des arts plastiques. Puis j'ai passé le concours à l'école supérieure des Beaux-arts de Paris, et j'ai été sélectionnée en cours d'année, la suite fut une toute autre aventure, les écoles des arts appliqués supérieures et les écoles des Beaux-arts, supérieurs, ont des méthodes très différentes d'enseignement. Ainsi mon parcours des études supérieurs fut très diversifié et assez exceptionnel. Je ne le dois qu'à la notion de l'effort personnel, au désir du meilleur, mais également à la sympathie des liens l'amitié et la reconnaissance du bon, du bien, du vrai, et du mieux chez les autres et à travers les paysages traversés, les régions, les pays et leurs coutumes.

Les boules (© Sonia Marques) 1990-94


Les écoles d'art sont des lieux absolument fabuleux, qui doivent se rééquilibrer, reconnaître leur histoire et ne pas se couper des meilleurs qu'elles ont formés, en se laissant emporter dans des luttes politiques qu'elles ne maîtrisent pas, et dont ce n'est pas leur métier. Se tourner vers le meilleur, en sachant s'opposer aux mauvais comportements qui violentent les étudiants et les professeurs et empêchent de mener à bien les études, seront-elles discerner les enjeux les écoles d'art si nombreuses, en France, ne pas tomber dans des rivalités inutiles qui éliminent l'expérience artistique et la création ? Je ne sais pas et je ne suis pas sollicitée pour témoigner de mon parcours, ainsi je ne peux leurs apporter ni mon soutien ni mon aide précieuse, ni mon expérience confirmée. Les directions sont seules responsables et manquent non pas de moyens, mais de compétences dans l'enseignement artistique et l’appétence de participer au monde en transition à tous points de vue.
Chez les artistes, il a une grande sensibilité aux fragilités du monde et des êtres vivants, même du minéral, du paysage. Leurs facultés résident dans l'expression artistique, l'analyse du détail, des moindres sensations, impressions, de l’infra-mince, des phénomènes, ce qui demande du temps d’observation et de grandes qualités d'imagination, celui  aussi de se connaître, telle l'idée philosophique de Socrate, d'avoir une vie intérieure riche.
Les écoles d'art, telles que je les ai connues, avaient les moyens humains de préserver ces qualités et de les reconnaître. Celles et ceux qui partagent ce temps, avec des artistes ou sont avides de lire, voir, apprendre de leurs réalisations, savent que les œuvres leurs révèlent beaucoup, ce que ne peuvent exprimer ni les informations et leurs médiatisation, ni les pressions du quotidien, l'idée factice de vivre dans l'urgence de tout, et finalement, le rien du tout devient même urgent. La culture est essentielle à la vie et se mature avec le temps, elle est irremplaçable par des algorithmes, le dessin devrait être une discipline, sauvegardée. De meilleurs desseins seraient envisagés et des observations plus fines et précises, douée de la sensibilité de l'âme humaine, cette alliance entre la main et l'esprit, si savante. De la pratique, du temps de paix, pour étudier et non pas rêver de faire la guerre, alors que nous avons tous les outils et les talents pour œuvrer, de concert : se retrousser les manches et n'oublier personne ! Lutter contre les ostracisations qui bloquent toutes les belles énergies. Différences et fantaisies bienveillantes ne devraient pas se se soumettre, dans ces domaines de création, aux pressions de normalisations, qui peuvent masquer une normalisation des violences, un systématisme banalisé.
Il n'est pas étonnant que les plus jeunes soient encore plus sensibilisés sur les questions de l'environnement et aussi de comment sont portées les attentions aux limites de l'autre, ce qui touche aux violences faites aux corps et à leurs exploitations, ce sont des notions bien plus explorées par la génération d'aujourd'hui. Je me sens en accointance avec cette génération. Je me sentais toujours décalée avec la mienne, à présent c'est beaucoup mieux, et, je pense que les écoles en subissent les transformations urgentes et nécessaires, pour pouvoir s'adapter au changement, visible partout ailleurs, dans notre société.

Joyeux Noël à tous, un repos salutaire, après une année socialement mouvementée, intimement émotionnelle, intense et transformatrice ! Douces vacances oranges.


lundi 17 octobre 2022

☮ґαη❡ℯґїε


© Marie Laurencin (1883-1956), "Les Biches", 1923.


© Marie Laurencin, (1883-1956), "Femmes au chien", 1924 -1925




Végétation dans l'atelier, 1980, Aquarelle et pastel sur papier, 106,5 x 75 cm (© Sam Szafran)

Deux ou quatre merveilles la redécouverte de Marie Laurencin et Sam Szafran au Musée de l'Orangerie !
Rien en commun... sauf mon regard ce jour : quelle joie !

Admirative...

Marie Laurencin est née le 31 octobre 1883 à Paris et décédée le 8 juin 1956 à Paris, peintre, portraitiste, illustratrice, graveuse, poétesse...

Biographies courtes :

Marie Laurencin est vouée au métier d'institutrice. Toutefois, désireuse de devenir peintre sur porcelaine, elle s'inscrit à l'école de Sèvres et à l'académie Humbert où elle suit des cours de dessin et de gravure avec talent, notamment aux côtés de Francis Picabia et de Georges Braque, ce dernier lui faisant rencontrer en 1906 Pierre Roché qui devient alors son amant et mécène. Elle écrit aussi à cette époque ses premiers poèmes. En 1907, Marie Laurencin réalise sa première exposition et participe au salon des Indépendants. Elle rencontre Picasso qui lui présente Guillaume Apollinaire avec qui elle mène un amour passionné jusqu'en 1912. Elle vit alors en femme libre pour l'époque, entretient de nombreuses relations, et réalise "Groupe d'artistes", "Apollinaire et ses amis", "Les jeunes filles" et de nombreux portraits. Certains de ses poèmes sont aussi publiés dont "Le présent" en 1909. Alors qu'en 1913 ses tableaux se vendent hors de France et qu'elle expose aux côtés de Marcel Duchamp à l'Armory Show de New York, Marie Laurencin se marie en 1914 au baron allemand Otto von Wätjen, mais la Première Guerre mondiale les pousse à s'exiler en Espagne jusqu'en 1919. En 1921, Marie Laurencin revient à Paris et divorce la même année. Malgré un cancer de l'estomac en 1923, elle mène une carrière très prolifique et devient une artiste reconnue, réalisant de nombreuses illustrations pour Gide et Lewis Caroll par exemple, mais aussi des décors pour des ballets comme "Les biches". Alors que Marie Laurencin est consacrée en recevant la Légion d'honneur en 1935 et en présentant 16 de ses oeuvres lors de l'exposition universelle de 1937, la Seconde Guerre mondiale éclate. Elle continue toutefois ses portraits durant cette dure période et publie en 1942 "Le carnet des nuits". Sa santé se fait alors plus fragile et elle reste marquée par son arrestation à la fin de la guerre même si elle est relâchée par la suite. A partir de 1945, Marie Laurencin s'affaiblit, mais continue de réaliser plusieurs oeuvres entre différentes retraites. Elle décède en 1956 d'une crise cardiaque.

Sam Szafran, pseudonyme de Samuel Berger est un artiste français, né le 19 novembre 1934 et décédé à Malakoff le 14 septembre 2019. Fils aîné de parents émigrés Juifs polonais, il passe les premières années de son enfance dans le quartier des Halles à Paris. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il échappe à la rafle du Vélodrome d’Hiver et se cache dans un premier temps chez des paysans dans le Loiret, puis à Espalion, Aveyron, dans une famille de républicains espagnols. À l'âge de dix ans, il est brièvement interné au camp de Drancy d’où il sera libéré par les Américains. Alors que son père et une grande partie de sa famille ont été massacrés dans les camps nazis, il est envoyé en 1944 par la Croix-Rouge à Winterthur en Suisse, où il est accueilli par la famille Halberstadt. En 1947, il part avec sa mère et sa sœur à Melbourne en Australie, chez un oncle. À son retour en France en 1951, totalement autodidacte, il suit quelques cours du soir de dessin dans les écoles de la Ville de Paris et mène une existence particulièrement rude et précaire. Il épouse en 1963 Lilette Keller. Depuis les années 60 il développe une œuvre très intérieure autour de trois thèmes, les ateliers, les escaliers et les plantes.
D’une contrainte (la peinture à l’huile était trop coûteuse), Sam Szafran fait une force : sa maîtrise du pastel, fruit d’un travail acharné, impressionne dans la série consacrée à l’imprimerie Bellini, puis dans ses Escaliers, où il tord les perspectives pour donner un sentiment de vertige et faire chavirer le regard. Des collages de polaroïds dévoilent sa méthode de travail. Ses « paysages urbains », peints à l’aquarelle sur soie, forment un kaléidoscope des lieux clés de sa vie, dessinant une géographie intime. Autre obsession, le végétal envahit son atelier de Malakoff, ultime refuge, comme ses compositions. Les choux de son enfance font place aux aralias, aux caoutchoutiers et, surtout, aux philodendrons Monstera, dont les feuilles ajourées deviennent un motif répétitif, hypnotique, dans le sillage de Matisse. Au milieu de cette jungle luxuriante, presque étouffante, se dégage souvent la silhouette de son épouse Lilette, drapée dans un manteau japonais et assise sur un banc signé Gaudi. Comme un ancrage dans le réel et une échappée belle face à la menace de l’engloutissement. À voir : « Sam Szafran (1934-2019). Obsessions d’un peintre », jusqu’au 16 janvier 2023 au Musée de l’Orangerie,





Boîtes de pastel dans l'atelier de Sam Szafran (2010).
"Son atelier se présente comme un capharnaüm de chevalets, de tréteaux, de fauteuils jonchés de vêtements. Le sol même est couvert de cadres vides, de feuilles en vrac, en un tapis si inextricable qu’il semble impossible de traverser la pièce. Sur ce bric-à-brac tombent, du plafond, des flocons de neige."
Ai-je pu lire.

De quoi déculpabiliser les artistes, qui ne travaillent pas dans un "white cube", ni, dont on ne distingue, les œuvres, des habitants... des ustensiles et vêtements...
J'apprécie ses dessins de perspectives, ses escaliers et sa végétation luxuriante, où semble être pliée, dans un coin, une femme habillée de rouge, d'un calme transparent.

lundi 10 janvier 2022

ℱ̪̺̫ℯ̪̻ł͔liℨ̻̞̝ ∀̼̝͜η̝͎◎̙̪̫ ℵ̟͖͍ø͖̞͜♥̡͙̟◎̙͓͔ 2̪̟͇0̺͉͇2̟͚͜2͓̫̠

(*•̀ᴗ•́*)و ̑̑

Grafismo e desenho © Sónia Marquès

Feliz Ano Novo !

Vamos fazer desta virada de ano um recomeço de tudo que é bom.
Um renovar de sentimentos positivos, novos sonhos, nova Sónia !

Felicidade, saúde, paz, amor e prosperidade !

Bem-vindo 2022 !

Fotografias © Sónia Marquès

jeudi 16 décembre 2021

ßℯʟʟ ♄øøḱ﹩

Photographies © Sonia Marques

Bell Hooks n'est plus, il y a quelques années, son ouvrage m'avait marqué, par son intelligence et sa pertinence, il m'a beaucoup apporté dans l'étude féministe des noires américaines, je remarquais alors qu'il n'y avait rien, en France, dans les bibliothèques des écoles d'art à ce sujet, et pour cause. Elle avait utilisé son nom de plume (en minuscules) en hommage à son arrière-grand-mère, Bell Blair Hooks, née Gloria Jean Watkins le 25 septembre 1952 à Hopkinsville dans le Kentucky, elle a publié plus de 40 ouvrages au cours de sa vie, dont le recueil de poésie And There Wept (1978) et ainsi que Ain't I A Woman (1981) : Black Women and Feminism. Ses dernières réflexions portaient sur l'amour. En octobre dernier paraissait, traduit en français, son ouvrage : La volonté de changer - les hommes, la masculinité et l'amour, résumé ainsi :

Si pour beaucoup d’hommes, le féminisme est une affaire de femmes, bell hooks s’attelle ici à démontrer le contraire. La culture patriarcale, pour fabriquer de « vrais hommes », exige d’eux un sacrifice. Malgré les avantages et le rôle de premier choix dont ils bénéficient, ces derniers doivent se faire violence et violenter leurs proches pour devenir des dominants, mutilant par là-même leur vie affective. La volonté de changer est un des premiers ouvrages féministes à poser clairement la question de la masculinité. En abordant les préoccupations les plus courantes des hommes, de la peur de l’intimité au malheur amoureux, en passant par l’injonction au travail, à la virilité et à la performance sexuelle, bell hooks donne un aperçu saisissant de ce que pourrait être une masculinité libérée, donc féministe.

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Conception et réalisation de l’œuvre en céramique Cendrillon à Limoges (Photographie © Sonia Marques - 2010)

Ainsi, j'ai pensé à l’œuvre d'art que j'ai réalisé en mai 2010, il y a 11 ans. Elle s'intitulait Cendrillon. Toute réalisée à la main, par mes soins, en céramique (4Mx4M), une prouesse technique qui matérialisait le transfert d'une icône informatisée et numérisée des arts du codage des années 80 à un véritable tapis carrelé, de 1600 biscuits peints à la main. Mon projet de recherche réalisé en un temps record, faisait participer les étudiants de l'école d'art nationale de Limoges-Aubusson, où je venais d'être professeure en infographie et création multimédia, sélectionnée sur concours national en 2009... J'ai travaillé quasiment tous les jours et mes nuits sur ce projet avec passion et avec une énergie canalisée très saine et vitale pour une collectivité. J'avais une grande confiance dans mes acquis artistiques et techniques, que je souhaitais, avec générosité, partager. J'ai aussi ouvert mes esprits aux différentes façons d'aborder les techniques de la céramique, et j'ai appris, autant que je formais d'autres personnes (techniciens, étudiants) Ma capacité à trouver des solutions, malgré mon nouvel habitat sommaire et l'inconnu de la nouvelle ville et mon déménagement rapide pour le poste, a été un superbe relancement pour les étudiants, les nouveaux collègues, et la direction, et celles et ceux qui étaient en place depuis longtemps. J'ai donné beaucoup de mon art et mon affection, ce qui forment la patience inouïe des artistes ingénieux, ici, ingénieuse, en dépit de la dégradation de la valeur de l'enseignement, de l'art et de l'ouvrage, de la culture, au fil des années.

© Sonia Marques

Un mois après mon arrivée, l'école limougeaude, suite à ma conférence publique, le directeur me proposait d’exposer dans l’école, une œuvre multimédia de mon choix, lors du WIF (Festival International du Webdesign) programmé pour le mois de mai 2010. J’ai ainsi imaginé un projet de production artistique, d’une œuvre de grande envergure (mais étapes par étapes, de façon très modeste et discrète), au sein de l’atelier céramique en transversal avec l’atelier d’infographie et d’arts graphiques dans lequel je donnais des cours régulier à tous les niveaux depuis quelques mois. Ce projet était une réflexion sur la céramique mais aussi sur mon histoire culturelle. Cette œuvre réalisée (Cendrillon) de 16 m2, composée de 1600 carreaux de céramique peints, a fait participer les étudiants, par la pratique plastique (couleurs, vibrations, nuances, motifs) et les techniques (céramique, cuisson, peinture) et, de façon théorique, questionner des processus innovants dans des ateliers techniques croisés, qui ne se côtoyaient pas dans leur conception pédagogique. L’aspect culturel et le métissage opéré résultaient d’une recherche iconographique sur les interfaces graphiques des années 80 et s’inspirait de l’art traditionnel de l’azulejaria portugaise, dans sa technique en mosaïque. Je revisitais l’artisanat du côté du sociologue américain Richard Sennet, de son livre, Ce que sait la main, La culture de l'artisanat, (The Craftsman) de 2008, et je posais des questions sur les métiers d'art et le numérique, bien que ces disciplines n'étaient pas, alors valorisées par les écoles d'art. Le laboratoire des couleurs et pigments de l’école limougeaude, historiquement abandonné mais en l’état, a ainsi été fonctionnel et l’assistant technicien sur le décor, a pu depuis, par cette recherche, investir ce lieu et en faire l’atelier du petit décor pour la céramique et les étudiants. Cette œuvre fut exposée à l’école, puis les mois d’été suivant, au Centre Culturel Jean-Pierre Fabrègue à Saint-Yrieix-la-Perche, invitée par la directrice de l’espace, qui avait beaucoup apprécié mes recherches, pour prendre place dans une exposition programmée avec de jeunes designers de la région, sur des questions d'éco-responsabilité, ce qui était manifeste dans ma proposition artistique. Le matériau principal utilisé provenait des déchets et des chutes de terre, destinés aux poubelles, que l'école produisait chaque jour. Ces rébus de terre, amalgamés sous formes de boudins et mis de côté, pour mon projet, devenaient ma matière première, une œuvre d'art qui posait, pour la première fois, le recyclage, au centre de ses intérêts, dans une école où le luxe et les excédents n'étaient pas envisagés, ni considérés. L’année suivante, en 2010-2011, l’équipe enseignante et la direction m’ont donné la mission de coordonner la première année, avec une quinzaine de professeurs et assistants des ateliers techniques et de remettre en fonction les fondamentaux (couleurs, volume, dessin) J’y ai ajouté les fondamentaux des « médias », pour lesquels j’ai valorisé les enseignements des modes d’impressions afin d’élever le niveau des étudiants dès cette année, jusqu’à l’initiation à l’infographie, d’un point de vue artistique, avec une émulation créative au sein de l’atelier.

Photographies © Sonia Marques (2010)
L’œuvre Cendrillon est née dans les cendres de cette école, telle que le conte se raconte encore, même en Afrique, et pourtant c’est devenue une princesse sur un trône avec une myriade de couleurs. La recherche de la couleur de sa peau (le brun) de la figurine de pixels, représentaient 2 mois consacrés de recherche afin d’obtenir un marron chaud très particulier. Ce qui m’a permis de classifier les pigments de l’école, et de vérifier, après cuisson, la tenue de la couleur. Quelques années plus tard, en 2016, je fis la rencontre d’une écrivaine, Élisabeth Lemirre, venue présenter son ouvrage à la médiathèque de Limoges, une anthologie « Sous la cendre, figures de Cendrillon », en partenariat avec l'Opéra-théâtre de Limoges, dans le cadre de la programmation autour de Cendrillon, quelle coïncidence, un spectacle lyrique chorégraphié par Ambra Senatore (qui a écrit le rôle du Prince pour un travesti, pour une voix de mezzo et non de ténor) auquel j’ai assisté. J’ai apprécié nos échanges entre son ouvrage très documenté, notamment dans les pays africains, et l’œuvre que j’avais réalisée en céramique.

Argentina & Alvaro © Sonia Marques (2010)

C'est un merveilleux souvenir et une étape formatrice, dans ma vie artistique. Il y a eu un point convergent entre ma vie privée, publique, enfantine, adulte, de femme, de conjointe, d'ex-conjointe, de partenaires professionnels très différents, entre périphérie et capitale, banlieue et insularité, individu et collectif, enseignante-enseigné.es, théorie et pratiques, faire et savoir, art et artisanat, médias numériques et couleurs écraniques et un incroyable passage entre les couleurs lumineuses de l'écran et les couleurs de la terre, dont je devais trouver, également la correspondance lumineuse (ce qui est un vrai défi technique, lorsque l'on maîtrise le décor) Une œuvre qui a dépassé toutes les frontières. Ma composition faisait appel à la lusophone. Raconter l'histoire de sa fabrication est un véritable conte de fée. Je suis aussi très heureuse, que les parties masculines aient transférées toute leur affection à ce projet et que mes parents aient pu voir le puzzle assemblé, que l'on peut désassembler à souhait. Une œuvre d'une mobilité déconcertante, manipulable, d'un poids certain, et en même temps, légère, volubile. Mouvante. Très chaude, vibrante, saturée, mathématique, digne d'une maçonne fantaisiste et appliquée à l'art.

lundi 10 mai 2021

♓УÈИ∃ϟ

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"Hyènes", le film culte de Djibril Diop Mambéty, réalisé en 1991

: Réalisé en 1991 et projeté au Festival de Cannes en Compétition officielle en 1992, "Hyènes" du cinéaste Djibril Diop Mambéty, aujourd'hui disparu, a été restauré en 2017 sous l'impulsion de l'un de ses deux producteurs, Pierre-Alain Meier. L'occasion pour ce chef d’œuvre du cinéma sénégalais de retrouver une nouvelle vie... Réalisé en 1991 et projeté au Festival de Cannes en Compétition officielle en 1992, "Hyènes" du cinéaste Djibril Diop Mambéty, aujourd'hui disparu, a été restauré en 2017 sous l'impulsion de l'un de ses deux producteurs, Pierre-Alain Meier. C'est l'histoire d'un film qui reprend vie : un chef d’œuvre du septième art sénégalais, aux bobines endormies pendant un quart de siècle : "Hyènes" de Djibril Diop Mambéty. C'est aux laboratoires Eclair à Vanves que reposent les six boîtes de bobines de ce film culte, réalisé en 1991 et présenté pour la première fois en compétition officielle en 1992 au Festival de Cannes. Dans la salle de restauration manuelle, l'une des bobines est déroulé sur une table et examiné par des mains expertes. "Elle est en bonne état à part quelques petites rayures, mais sans ça, ça va! Pour une récupération en sous-sol, ça va, j'ai vu pire..." déclaré Luc Picot, penché sur la table de restauration. Des bobines retrouvées dans un sous-sol humide : C'est l'un des deux producteurs du film, Pierre-Alain Meier, qui a retrouvé les négatifs pour les sauver. "Hyènes, c'est quelque part le grand film de ma vie. Il m'a tellement marqué. Ce film m'a accompagné toute ma carrière. J'ai dit quelque part je suis allé si loin dans sa complexité à faire que j'y suis revenu tout le temps", dit-il. Second et dernier film de Djibril Diop Mambéty, "Hyènes" raconte la revanche d'une femme richissime de retour dans son village :

"Linguère Ramatou est de retour à Colobane. On dit qu'elle est devenue très riche, plus que ne l'est la Banque mondiale, et s'apprête à offrir 10 milliards de francs à ses congénères. La condition : que son ancien amant soit tué."

Adapté de "La Visite de la vieille dame", pièce de Dürrenmatt, "Hyènes" raconte le calvaire de Draman, épicier à Colobane, et de ses congénères. Une de ses anciennes idylles, Linguère Ramatou, rentre d'un exil volontaire. Draman l’avait jetée dans l’opprobre après l'avoir engrossée. Elle se convertit alors à la prostitution dans divers pays occidentaux et, rentre, majestueuse, à Colobane. Elle est revenue au pays pour se venger de son ancien amant et laver son honneur. L’épicier a, jadis, payé de faux témoins pour rejeter la paternité de l’enfant qu’il lui avait fait. Avec son second long-métrage après "Touki Bouki" (Le Voyage de la hyène), Djibril Diop Mambéty signe un film sur l’avidité, la lâcheté de tous les habitants d’un village qui perdent la tête... Au Festival de Cannes en 1992, Hyènes avait séduit les critiques pour la beauté de ses images, et l'audace de son propos. Corruption, colonialisme, conformisme social: le film du cinéaste sénégalais est une dénonciation sans concession, qui a marqué l'Histoire du cinéma africain.

Un an de restauration chez Éclair
: Les bobines de "Hyènes" étaient plutôt bien conservées, mises à part quelques rayures ou brûlures sur les négatifs... Chez Eclair, les restaurateurs ont retravaillé certains rouleaux de négatifs. Sur une bobine, par exemple, "la partie plastique avait eu quelques problèmes de rayures", raconte Pierre Boustoullier, chef de la division restauration d'Eclair. "La bobine trois a nécessité des traitements un peu particulier de numérisation." Tous les négatifs ont été numérisés, bobine par bobine, plan par plan, avant d'être étalonnés, sous la houlette du producteur. "Pierre-Alain, c'est lui qui a produit le film donc il savait exactement comment le film a été réalisé, quels problèmes il y a eu au moment du tournage qu'il voulait faire absolument disparaître comme défauts, et surtout ce à quoi le film devait ressembler à la fin", note Florence Paulin, chef de projet chez Eclair. L'étalonnage a donc été l'occasion de corriger les défauts, d'effacer les traces du temps et parfois de sublimer certains plans, même si Hyènes n'en a eu nul besoin. Aude Humblet, étalonneuse, a découvert le film pendant son travail : "c'est tout à coup une image qui vous raconte des histoires en que telle et qui vous fait un peu rêver... Il y a un vrai univers et des décors comme on ne connaît pas !"  (source : tv5Monde)

Magnifique film !

À regarder ces temps-ci sur Arte...

J'avais vu le film de sa sœur, Mati Diop "Atlantique" et j'avais posté un article, très beau, différent, mais il m'avait marqué...

C'est un 10 mai que j'ai inauguré à Limoges, la pièce Cendrillon, conçue et réalisée... avec amour...
Ce film aux couleurs et au conte inoubliable, nous donne là, de quoi voyager et penser quelle morale dans nos sociétés, quand la vengeance achète toute justice, et quand l’innocent apporte sa réponse : ne pas avoir peur.
Merci mon amour.

lundi 26 octobre 2020

ηαґηαя

        


        


    


    



  

J'adore ce styliste, principalement pour la mode masculine...
Je ne mets pas son nom, sinon il va me contacter, et je n'aime ni être connue, ni être reconnue ;.)
Je me souviens bien de lui et notre discussion. Quelle créativité et quelle pêche !
De toute évidence, je suis complètement dans la tendance pour cet hiver ;.)
Restons à discrétions... Les hommes sont beaux <3
De tout âge...

Joe Dallesandro ressemble à ma grand-mère: en vieux modèles, ils sont si proches...

Humour, joie, "at home"...

jeudi 21 mai 2020

ℳÅ$Ḱ ḲЇ₩ÅÏÐ∀ Ḏϴℳiℕϴ

Création des masques © Sonia Marques

Et bien, il fallait bien que Kiwaïda se penche sur la création de masques homologués et qui laissent passer la respiration, lavables plein de fois, aux normes ! Pour la partie technique, pour la création artistique et le design, ils proviennent de mes recherches antérieures, de Domino, des mes tissages et satinages. J'ai donc créé 4 masques différents, nommés donc les DOMINOS.

Photographie © Sonia Marques

La ville de Limoges a déposé des masques dans chaque boîte aux lettre... En principe... 10 jours après le dé-confinement, de mon côté, je n'ai pas reçu de masque de la ville de Limoges, destiné à tous les habitants. Fortuitement, j'ai pu en récolter un, mon ami, lui, l'a bien reçu, avec un descriptif de la ville. Il me l'a donc donné. Je le trouve pas trop mal, celui de la ville, car son tissu est justement bien épais, et sa couleur, un bleu ciel très doux est aussi intéressante, la finition, est, certes, pas très fine, mais peut-être est-il solide ? Dommage, je n'aurai pas le mien, avec la notice de la ville. Je n'ai encore vu personne avec ce masque, dans la ville. Le pliage est intéressant, il a d'ailleurs quelque chose de très féminin... C'est un pliage très simple et reproduisible. Bienheureusement, je suis une créatrice, la ville n'a pas pensé faire appel à mes services, mais les connait-elle ?

Photographie © Sonia Marques