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dimanche 20 août 2023

Ḡεø¢@т¢♄їᾔ❡




Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

J'ai rencontré une petite famille qui venait de Poitiers. Ils sont venus à Limoges avec un jeu qui se nomme le géocatching. Il utilise la technique du géopositionnement par satellite (GPS) pour des caches, nommées des géocaches, dans divers endroits à travers le monde, recherchant ce qui est caché. Ils m'ont vu et ils pensaient que j'étais perdue. Rien de leur programme sur leur téléphone ne me géolocalisait, rien ne leur disait qu'il y avait à cet endroit, une pie qui flirte.
Oui c'est nouveau, je flirte avec tout le monde, avant c'était avec mon amie la pie femelle, je l'ai piquée au mâle naguère féroce, qui est devenu mon compagnon de jeu, enfin, c'est une longue histoire à présent. Il vient me piquer ma tutrice, ce serait très long à raconter mais nous jouons comme des petits saltimbanques du dimanche, avec des brindilles, des pierres, des feuilles et nous montons aux arbres en particulier, les conifères, on adore, c'est comme des marches qui nous propulsent vers le ciel. Nous avons nos secrets à présent, loin de ma tutrice et nous avons nos bonnes tables, je suis précoce et très astucieuse, un brin fantaisiste. Il fait très chaud, moi je trouve qu'il fait très bon, la nuit est douce, les êtres humains ne supportent pas cette chaleur, ils ont nommé cela, une canicule. Tant mieux, ils seront moins nombreux à nous embêter. Seuls celles et ceux qui savent marcher très lentement et s'économiser nous visitent, par ce temps, nous n'avons plus les agités du bocal, tous les maladifs ne sont plus debouts par temps de canicule. Ils sont tout de même savants certains humains, ils ont inventé ce mot, "canicule", qui veut dire petit chien, comme "caniche", du latin « canicula », diminutif de « canis » (chien), qui signifie « petite chienne ». Canicula c’est le nom que des astronomes de l’Antiquité, ont donné à une étoile appartenant à la constellation du « Grand Chien ». Aussi appelée l’étoile Sirius, Canicula est l’astre le plus brillant du ciel après le Soleil. Les Egyptiens qui associaient cette étoile au culte d’Isis, lui concédaient des pouvoirs surnaturels, notamment dans la régulation des crues du Nil. Jadis, levée et couchée avec le Soleil, du 24 juillet au 24 août, elle doublait l’activité de ses feux et donc du climat solsticiale. Elle est considérée comme l’étoile de la chaleur. « Canicule » désigne donc tout naturellement les périodes marquées par une forte hausse des températures. Pour conjurer les effets néfastes de la canicule sur les moissons et apaiser l’ardeur du soleil, les Romains avaient coutume de sacrifier des chiens roux. Roux pour que le raisin prenne cette couleur « solaire » l’année suivante. Là, je trouve que ce n'est pas très intelligent. Je ne souhaiterai pas que l'on sacrifie mon écureuil roux, en l'honneur d'une canicule, afin de réaliser de meilleures récoltes. Quoique les Navajos, ces Apaches associant aussi les mois de Juillet et Août, à la petite et à la grande récolte.

Ma tutrice aime être aux aurores, il fait très frais, tous les oiseaux sont réunis et la saluent, elle lit ses livres, un à un, et parcoure les arbres de ses yeux songeurs. Car, je ne suis plus aussi présente, je suis ailleurs, parfois je fait un saut, une bise et puis je m'en vais comme une vagabonde, une rigolotte, puis je reviens avec un copain, c'est un temps magique, il nous assèche, mais notre objectif c'est de se mettre au frais à l'ombre, et la verdure omniprésente dans ces régions, offre quelques oasis, notre quête ce sont les plantes qui donnent du jus, elles nous hydratent.

Le couple d'humains, avec leurs deux enfants sont arrivés vers moi, ils avaient pris l'habitude de regarder au sol, afin de trouver ce que le téléphone leur disait de trouver, car les êtres humains, ne sont plus capables de trouver par eux-mêmes, ils devaient trouver des badges ou des devinettes ou autres bidules. Les êtres humains sont pourtant inventifs, mais pas tous. Il faut être considéré tel un hurluberlu,  si l'on est un vrai chercheur, et pour les femmes humaines, c'est devenir des hurluberluttes, avec le mot "lutte" dedans ! Pour ce couple, leurs cachettes sont nulles et leurs bidules nullissimes. Mais il ne faut pas leurs dire, car comme nombre d'entre eux, propulsés par ces jeux en réseaux, ils pensent à chaque fois, avoir inventé le fils à couper le beurre. Puis ils trouvent un paquet d'idiots pour répéter leurs inventions.

Ma tutrice raconte mon histoire, comme ils ne m'écoutent pas, pendant ce temps là, moi, je cache mes victuailles devant eux, et je prends des petites feuilles et de la mousse et je dépose dessus tous mes artifices afin que mes victuailles ne se voient pas. Parfois, j'estime que ce n'est pas bien caché, alors je recommence. Mais ils me regardaient étonnés, et ils demandaient à ma tutrice qu'est-ce que je fabriquais. Donc elle leurs raconta, que selon une application très très rare, qu'elle avait elle-même programmée, il y avait des cachettes sécrétées par des pies, et que celles-ci, pouvaient receler des bijoux.

Ils nous regardaient comme des ânes cueillis comme des haricots. Je parle en lange Navajo, tel un code Talker, donc si mes images ne sont pas toutes compréhensibles, tant pis pour les gros lourdauds êtres humains. C'est ainsi que je les vois aujourd'hui.

Les enfants répètent ce que disent leurs parents et montrent leurs cartes de la Nouvelle Aquitaine. Ils sont venus de Poitiers et ont choisi Limoges, et boum ! Les voici arpentant cette ville, selon ce que les petites vignettes leurs racontent d'historiques. Évidemment, ils ne font rien par eux-mêmes. Les autres c'est bien connu, sont trop intelligents pour être heureux. Donc ils passent leur temps, et jusqu'à 2h heures du matin, me disent-ils à résoudre des énigmes historiques, avec leurs téléphones. Tandis que d'autres inventent des défis, imperceptibles pour ces groupes de moutons de Panurge. Je suis une pie plein de défis, et à présent je suis invisible parmi les autres pies, bientôt, plus personne ne me dissociera des autres pies, je serai sauvage comme les autres.

Puis ils s'exclament :" Mais la pie fait exactement comme nous : du géocatching !" Ben voyons, oui je suis si débile que je vais faire comme vous, espèce de tarés ! J'ai acquis un nouveau vocabulaire, proche de ces êtres humains, loin des philosophes et des précieuses ridicules. Je m'exerce à crier quelques vulgarités afin de me hausser au niveau de ces bipèdes qui utilisent un langage fleuri pour nous décrire, nous les piafs ! Ma tutrice déteste ce langage et ces sobriquets. Mais elle s'étonne que je les utilise à souhait, un peu dans le désordre, je tousse et je mordille les doigts de pieds.

Mais ils ne me comprennent pas. Ma tutrice est très sympa, elle leurs dit : "Oui tout à fait, vous faites comme elle !"

Elle leurs a donné un indice, mais ils n'ont pas compris. Ils pensent toujours qu'ils ont inventé le fil à couper le beurre et que nous, issues de la nature, les pies nous copions les êtres humains. Il ne leurs viendrait pas une seconde à l'esprit que c'est l'inverse, que la nature apporte tout. Je remarquais qu'ils étaient bêtes alors je m'attaquais à leurs pieds, car ils pensaient comme des pieds.

Un jour, je vois un homme bien gonflé avec deux femmes bien soumises, il s'exclame: "Mais il faut la garder cette pie, elle est apprivoisée, au début je pensais qu'elle était malade, je voulais la prendre !" Ses femmes sont en admiration devant l'Indiana Jones ! C'est un personnage de fiction, aventurier, qui sort d'un film, oui parfois l'être humain est ingénieux pour s'imaginer héroïque, il est professeur d'archéologie, créé par George Lucas. Un acteur l'incarne sur écran, au cinéma, un phénomène que je ne pourrai jamais voir, mais dont les êtres humains, parfois me parlent, comme si ce personnage existait vraiment. J'ai appris à les reconnaître dans la nature, lorsqu'ils se présentaient à moi.

C'est l'acteur Harrison Ford, qui joue son rôle, je ne sais qui est-il, sauf que nombre d'hommes qui passent par ici, sont habillés comme lui, surtout les photographes des oiseaux les faucons pèlerins. Ma tutrice n'étant pas du tout vêtue comme ces acteurs de cinéma, j'ai pensé que c'était un personnage très atypique, qui aime vraiment les oiseaux, bien plus que les outils techniques et technologiques. À priori, on pense facilement ainsi, puis, on s’aperçoit qu'elle a souvent devancé ces choses-là et qu'elle n'est pas née de la dernière pluie. Mais elle préfère le costume naïf, ainsi peut-elle être perçue comme primesautière.

Il est abruti comme tout, l'homme qui vient vers moi. Il n'a pas pensé une seule seconde que dès qu'il est arrivé, il est entré dans notre territoire, et qu'il y a un millier d'autres espèces autours de lui, et même qu'il est en train d'écraser une belle petite fleur, et qu'il a chassé les autres mésanges, dès qu'il a mis son drapeau sur ce sol. Il s'avance comme s'il était chez lui, et ne sait pas faire de différence entre ce qui est à lui et ce qui n'est pas à lui. En l’occurrence, rien n'est à lui ici ! Ni moi, ni mes amies les autres pies, ni aucun oiseau. Je lui enverrai bien quelques crapauds et souris avec qui je vis la nuit, afin qu'il sorte d'ici de suite !

Ma tutrice lui explique que je suis en phase de réintégration. Elle est bien gentille mais je suis totalement intégrée à présent, donc on ne va pas me désintégrer sous prétexte qu'il y a un Indiana Jones qui souhaite épater ses deux femelles ?
Moi les femelles pies, je les connais, elles sont très en retrait, elles avancent derrière le mâle. Ainsi j'ai tout de suite vu cette compagnie arriver avec les expressions parisiennes, ma tutrice m'a tout appris car elle est de Paris. J'ai bombé le torse et je me suis envolée si loin derrière le mur, qu'il est resté un peu con. Oui, et bien vas-y, colonise ce territoire et tu verras bien le malheur qu'il va t'arriver, et à tes femelles aussi !
Il a senti que j'étais un peu vexée, et il est reparti.
Puis je réfléchissais à leurs géocaching, au couple enthousiaste qui ne se souvenait plus de quels commentaires historiques, ni même le nom des villes où il leurs était demandé d'aller faire la visite pour récupérer une devinette cachée sous un buisson. Des trésors qui n'en sont pas. Mais ils ont tout de même découvert un autre trésor, c'est la rencontre avec des personnes, et des choses étrangères à leurs téléphones qui fait la différence.

Quel est le plus beau trésor ?

N'est-ce pas la relation qui se construit entre la nature et les êtres humains ?

Ce respect fait d'apprentissages mais aussi d'ignorances, et d'erreurs ?

J'ai décidé d'imaginer que les êtres humains seraient des bibelots sans valeur !
Car j'ai remarqué que ceux-ci, nous considéraient comme tel.
Aussi, une géocache est en général, un petit contenant étanche et résistant, avec un registre des visites et parfois un ou plusieurs trésors, généralement des bibelots sans valeur.

Ce programme par GPS fut opéré dans les années 2000 et La première cache localisée par GPS et documentée fut placée le 3 mai 2000 par Dave Ulmer, originaire de Beavercreek (en), dans l'Oregon. Les coordonnées furent publiées sur le groupe Usenet sci.geo.satellite-nav6. Dès le 6 mai 2000, la géocache avait déjà été trouvée deux fois (et journalisée une fois par Mike Teague, originaire de Vancouver, au Canada).

Ils mettent beaucoup de temps à trouver ! Trois jours !

Ce qui est intéressant c'est que ma tutrice a fait ses études à Vancouver, mais c'était avant en 1996, après les années 2000, outre le fait qu'elle fut pionnière en France sur les questions de réseaux et d'Internet, de création artistique en ligne, mais il est très mal vu d'être une femme inventrice en France, donc elle ne le dit à personne, et s'amuse beaucoup, en 2023, de trouver des hommes qui tentent de lui montrer sur un téléphone très coûteux ce que sont des icônes et des applications. Elle fait mine d'être une mamie et reçoit tous leur énoncés comme s'ils étaient la parole divine. Ils sont si fiers, leur virilité est en jeu, attention ! Il ne faut pas froisser ces êtres humains. Cela coûte très cher. L'expérience décrit, que parfois, il vaut mieux établir un compromis sur un malentendu, un petit mensonge, que de décrier véritablement ce que l'on est et d'où l'on vient, car les esprits s'échauffent et l'on peut vite finir au commissariat de Police, si l'on décrit la vérité. Il y a des territoires reculés, où il faut laisser du temps au temps, et ne pas brusquer les choses, le temps qu'elles se découvrent et laisser aux autres le souhait d'être des découvreurs d'un tas de choses qui sont déjà découvertes depuis des millénaires. Nous autres, les animaux, nous avons l'habitude de cacher notre savoir et nos coutumes ancestrales. Car les êtres humains ont un amour propre, ce que nous n'avons pas. Non pas que le nôtre serait sale, bien que c'est ce qu'ils disent de nous, mais nous avons un amour sans concession pour la nature, il n'est pas un amour propre, une forme d'amour immodéré pour soi-même, proche du narcissisme, il est un amour pour la nature, que l'on rend à la nature, car elle nous donne tout, nous avons tout à disposition, l'abondance est partout, dans la nature. Les êtres humains pensent qu'il y a raréfaction, qu'il vont manquer de tout. C'est qu'ils ont longtemps cru qu'ils pouvaient tout prendre, sans jamais rien donner, rien rendre. Il font la désagréable expérience du manque et de la frustration que cela apporte. Ils sont dans l'obligation de grandir. Nous savons que les êtres humains devaient se transformer, parce que cela ne pouvait plus durer, tous ces drapeaux partout. Et à présent qu'ils doivent mieux penser la répartition de leurs actions, ils sont très peureux du lendemain. Pourtant cela ne peut que les transformer et les sensibiliser à ce qu'ils créent dans l'environnement.
Bon, je disais que ma tutrice avait réalisé ses études au Canada, mais une petite partie. Après les années 2000, elle avait fondé un collectif d'artistes sur Internet et un tas de trucs assez invraisemblables à raconter aujourd'hui à des touristes, elle s'en garde bien, déjà que dans ses écoles où elle enseignait, aucune direction, ni ministère ne savaient ce qu'elle avait inventé, donc c'est dire à quel point, elle est restée cachée, oui car c'est très mal vu. Donc après les années 2000, elle s'est envolée au Portugal, afin de faire bénéficier des étudiants de l'alliance qu'elle allait créé, tout cela sans se vanter, et son copain faisait du géocacthing avec GPS et ses pliages de papiers dans les rochers au bord des gouffres, notamment la "Boca do inferno". Elle portait bien son nom cette bouche !

Évidemment, ce n'est que lorsque tout arrive en France, qu'il faut faire comme si on ne savait rien, qu'on a le moins de problème, sinon, on est fiché à la police, si on dit tout ce que l'on a inventé si tôt !

Il y a un être humain avec un t-shirt et des œufs sur le plat en énorme dessus, jaunes. Il m'aime beaucoup, et je joue avec lui.

Cela fait deux fois qu'il vient échanger avec ma tutrice et son compagnon, qui, revendique d'être un tuteur. C'est un peu comme si le papa s'était réveillé un peu tard pour reconnaître le mouflet, et là, il est le tuteur, cela ne fait aucun doute. Même s'il doit partager son amour et son attachement avec plein d'autres personnes, un tas d'idiots, d'Indiana Jones, et d'autres tarés et des marginaux et aussi des nerds, mais il veut bien, il n'est plus jaloux de mes infidélités, j'aime les originaux. Grâce à lui, j'aime tout les êtres humains avec des casquettes ! Et il m'a appris à être heureux de jouer, ce qui est une qualité que je ne rencontre pas chez les autres pies ! Cela fait de moi, un animal particulier, inclassable.

Donc le monsieur des œufs sur le plat s'est mis à raconter la vie et l'histoire des Pokemons, les monstres dans la poche. Connus au Japon sous le nom de Pocket Monsters dès 1996, dans les jeux vidéos, et des séries éditées par Nintendo. On retrouve ces petits machins, les Pokemons, exploités sous forme d'anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. De même cela forge à voyager, dans le virtuel évidemment,  à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, mais, manifestement, je me retrouve associée à ces monstres de poches, car je vais vraiment dans les poches, je fouille partout. Japon, États-Unis, Canada, France et d'autres pays européens, voici qu'il nous parle des traductions coréennes !

Il est bien plus jeune que ma tutrice, lui aussi ne connait rien d'elle, et c'est amusant de l'entendre, ma tutrice est retombée comme une drôle d'enfance lorsqu'elle avait 25 ans ou 30 ans, c'est à dire… il y a 25 ans ! Ce n'est pas non plus son enfance, c'est une période, une autre époque, que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître.

Elle s'est ainsi aperçue que rien n'avait vraiment changé. Sauf que lorsqu'elle vivait une époque ou personne savait ce qu'elle faisait, ni même sa famille, elle voit à présent, des parents avec leurs enfants qui utilisent des formes qu'elle a pu inventer il y a 25 ans, l'air de rien. Ces formes sont bien plus accessibles et facile à appréhender pour les tous petits et les vieilles personnes.

À présent, elle est un peu une Sainte. Lorsque je la vois elle a un halo lumineux autours d'elle, l'évêque la salut, elle n'a plus aucun lien avec la technologie, mais parfois je me demande si elle n'est pas un robot humain fabriquée spécialement pour comprendre les oiseaux, tellement je ne vois aucun autre être humain comme elle.

Normal, c'est mon trésor, enfin celle qui m'a nourrit, et ça, cela ne s'oublie jamais. Je suis heureuse qu'elle s'occupe un peu plus de son amour propre. Une tutrice est réglée comme une horloge, sur les besoins de l'autre. Ainsi, par télépathie, nous n'avons aucun mal à nous retrouver, ou à nous éviter lorsque les cieux ne nous le permettent pas.

Mon copain le mâle aime couper les fleurs de pissenlit, moi je les cache. Ça compte ça pour le géocatching ?

Sous l’étoile de la chaleur, je vis ma vie de pie, avec des pissenlits et des abeilles aux pattes gorgées de pollen !

*

Dessin © Sonia Marques

dimanche 2 juillet 2023

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Mon premier arbre !

Mes premières branches !

Mon deuxième arbre !


Coucou !

Mon troisième arbre !


Je suis là !

 
Je m'envole !

Photographies © Sonia Marques

lundi 7 novembre 2022

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© Andy Goldsworthy (Ammonite, Spiral of twigs)

+

Je retrouve l'une de mes références lorsque j'étudiais à l'École Dupérré, pour le diplôme supérieure en arts appliqués "Modes et environnements", l'artiste anglais Goldsworthy. Mon mémoire s'intitulait : "L'énergie du geste" en 1994. Bien que je réalisais de longs trajets pour étudier, bus, train, métro, chaque jour, pour arriver dans le tout urbain du marais, très beau quartier parisien, avec mes camarades qui habitaient plutôt à Paris, j'étais imprégnée d'air et de nature. Je ne vivais pas en appartement, mes parents avaient un jardin et un temps, cultivaient des légumes et des fruits. Enfant, ce fut, mon terrain de jeu, je déterrais les vers de terre, regardait un peu comment tout cela poussait ou dépérissait, enfin c'était un peu, mes premières sensations avec des formes naturelles. Je côtoyais une tortue, que j'aimais beaucoup. C'est assez naturellement que passant des jours à la bibliothèque de mon école, assez bien documentée, pour mon mémoire, début des années 90, que je découvre les œuvres de cet artiste, anglais Andy Goldsworthy, en image. Je prenais des cours de danse contemporaine, j'aimais assister ma chorégraphe, elle avait besoin de documenter ses chorégraphies.
Je savais filmer, et elle m'a demandé de la suivre, parfois à Paris. J'ai ainsi eu accès à ses petits entretiens privilégiés dansés, dans des salles de danses privées, avec des femmes plus âgées, célèbres danseuses, et moi, je filmais d'en haut d'une mezzanine, afin de donner à ma chorégraphe, ce qu'elle souhaitait : une archive de ses rencontres.
Un jour je vois que l'artiste Goldsworthy travaille avec une chorégraphe, et leur spectacle passe à Paris (1995 ou 1996). Complètement inaccessible, les places sont hors de prix. Je ne sais comment je parviens à voir ce spectacle, de places que d'autres ne désiraient, et cela n'intéressait pas non plus ma chorégraphe, l'idée qu'un plasticien artiste travaille avec les danseurs. Puis, de nos échanges, elle a ensuite fait appel à mes créations et je me suis trouvée scénographier une de ses pièces, avec mes sculptures, avec laquelle, elle a obtenu un prix pour les plateformes de Seine-Saint Denis.
J'ai donc assisté au Théâtre du Châtelet à la pièce "Végétal" de Régine Chopinot conçue avec Andy Goldworthy. J'avais l'impression d'être la seule à apprécier ce spectacle, je découvrais un public très arrogant, malotrus, et peut-être ignorant. J'avais des voisins qui ont hué le spectacle du début à la fin, je n'avais jamais vu cela. C'était très gênant. D'autres ont souhaité se lever et faire la démonstration à tous qu'ils partaient, des couples bourgeois habitués de ce théâtre. Je n'avais jamais vu une pièce dans ce théâtre, habituée à celui de ma banlieue, et à ce moment, en Seine-Saint-Denis, les spectacles étaient assez innovants.
"Végétal" avait connu un bon retour, lorsqu'il fut présenté au Japon. L'échec qu'a rencontré, à Paris cette pièce, je me l'explique aujourd'hui avec les méconnaissances parisiennes, d'alors sur la création contemporaine avec la nature. Les articles de journaux spécialisés semblent d'ailleurs, dans les années 95, ne pas avoir pressenti l'intérrêt sensible et écologique associé à la beauté du geste, ils sont complètement à côté de la plaque.
Je repensais à Claude Debussy, avec son écrit (Monsieur Croche) prenant la plume d'un critique musical, en 1901. Il s'amuse à nous décrire ceci, afin d'expliquer comment des spectateurs ou experts dans le domaine musical, invités de coutume, aux prestations, peuvent s'y ennuyer et aussi, être dénués de sensibilité, le tout étant d'être vus et bien vus.  :

« Avez-vous remarqué l’hostilité d’un public de salle de concert ? Avez-vous contemplé ces faces grises d’ennui, d’indifférence, ou même de stupidité ? Jamais elles ne font partie des purs drames qui se jouent à travers le conflit symphonique où s’entrevoit la possibilité d’atteindre au faîte de l’édifice sonore et d’y respirer une atmosphère de beauté complète ? Ces gens, monsieur, ont toujours l’air d’être des invités plus ou moins bien élevés : ils subissent patiemment l’ennui de leur emploi, et s’ils ne s’en vont pas, c’est qu’il faut qu’on les voie à la sortie ; sans cela, pourquoi seraient-ils venus ? — Avouez qu’il y a de quoi avoir à jamais l’horreur de la musique »…

La danse épurée et sans costume, sans artifice (les habitués s’accompagnaient de J.P. Gaulthier) avait inauguré, je pense, quelque chose de précurseur dans la danse. Heureuse d'y avoir assisté. Il faut dire que ce spectacle était sonorisé par le poète et peintre sonore Knud Viktor, danois (1924-2013), pionnier du field recording, un des précurseurs de l’écologie sonore, lui aussi méconnu. Étrangement, il était fasciné par le peintre Van Goght, dont je faisais référence il y a quelques jours. Le musicien s’installera d'ailleurs dans le Lubéron. Je me souviens donc de différents tableaux dansés, lors de cette pièce, des bois et des gestes de serpentins des danseurs, la construction d'un nid, de branches d'arbres, des mouvements circulaires, des feuilles sèches, tout un vocabulaire plastique que Goldsworthy développait. Je réaliserai ensuite plusieurs projets inspirés de mes références assez joyeuses. Quelques années plus tard, lorsque je rentrais à l'école supérieure des Beaux-Arts de Paris, et qu'à la rentrée j'apprends que le sculpteur Jean-Luc Vilmouth devient un chef d'atelier, j'ai quelques images et un catalogue de lui, mais je pense qu'il s'inscrit un peu dans la même veine de Godsworthy, car il avait réalisé un encerclement de pigments rouge à au sol autours d'un tronc d'arbre, qui ressemblait beaucoup aux œuvres de l'anglais Godsworthy. Je n'ai pas vraiment eu d'échanges sur ces parallèles que j'effectuais, mise en relation, entre deux pays, la France et l'Angleterre. J'avais apprécié le geste de Vilmouth, dans mon catalogue, qui l'archivait, en train de balayer toutes les feuilles du trottoir face à son atelier, pour les faire entrer, toutes, séchées. Voici pourquoi je trouvais des corrélations, et des points d'échanges, nourris de connaissances. Le mémoire que j'avais confectionné était assez inédit en 1994, car il associait des questionnements sur la nature et la création artistique, mais aussi sur l'animal, en particulier le perroquet.

Si Goldsworthy était connu à l’international, l'échec rencontré à Paris, de la pièce de Chopinot, m'informait du peu de connaissance des parisiens, et du succès qu'elle a rencontré au Japon.

L'étudiant anglais n'était pas satisfait du travail qu'il réalisait durant ses études (Bradfort Art College) désabusé de travailler à l'intérieur. "Je me sens comme doivent se sentir les oiseaux avant leur première migration : un instinct viscéral que quelque chose ne va pas là où ils sont, la puissante impression qu'ils doivent partir pour des lieux où ils n'ont jamais été auparavant". Goldsworthy décrit là, ce que tous les migrants ressentent. Pourtant dans les années 70, le travail présenté dans son école, venait d'artistes qui travaillaient sur l'environnement, ce qui l'influencera de façon assez significative. Le Land Art était bien développé, et les horizons ouverts. De mon côté, de ses œuvres archivées, dont la photographie a une grande importance, puisqu'elles sont fugaces, c'est celle avec les feuilles de sorbier, disposées autours d'un trou, sous la forme d'un dégradé du jaune au rouge, aux bruns de la terre, réalisé en 1987, elle m'interrogeait, dans ces mêmes années, étudiante en art, quelque part, j'ai été inspirée par ce que je trouvais, dans le même temps, d'autres artistes si loin de mon lieu d'habitation, mais si proches, dans le sens que les bibliothèques, dans les écoles d'art spécialisées, disposaient, aussitôt, les publications de recherches émises par ces artistes, encore fallait-il, faire de la recherche, et pas tous les étudiants, mes camarades, s'installaient, pour lire, récolter, étudier, comprendre (Internet n'existait pas, pour tous, ma mère nous avait très tôt, enfants, habitués à "vivre" dans les livres et les bibliothèques) Il semble qu'un chien a bondit dans le trou, et qu'il a dû tout recommencer. Les éléments de glace, les galets et la réussite de piéger, avec la réverbération de l'eau, les effets d'un arc-en-ciel, sont autant de matériaux trouvés in situ. Même chose, avec l'érable japonais (Ouchiyama-Mura) en 1987, dont il rassemble les feuilles rouges, dans l'eau, autour de l'illusion d'un trou noir, mais en fait soutenus par un anneau de ronces tressées. Le camouflage fut aussi exploré, même si je trouve que son œuvre se situe plus dans l'effet, le spectaculaire et moins dans ce qui est invisible ou révélé en se confondant avec l'environnement. Dans le Land Art, les œuvres processuelles, qui se transforment avec le temps (terre craquelée, assèchement, fonte des glaces, décomposition, irrigation...) ont un vocabulaire riche.
Ces temps-ci, les activistes qui lancent des purées ou des soupes dans les musées, sur des tableaux, souhaitent éveiller les consciences sur le changement climatique. Je ne sais pas si ces happenings qui mobilisent alors tout les services de sécurité, et les renforcent, auprès des ministères de la culture, dans des capitales européennes différentes, ont l'effet escompté. Même si les spectacles de danse, il y a 20 ou 30 années n'avaient pas éveillé "immédiatement" les consciences sur des sujets écologiques, l'action violente, qui semble la plus médiatisée, n'est pas la meilleure solution, de mon point de vue. L'énergie est perdue.
Rétrospectivement, je m'aperçois que ce que j'envisageais, dans mon mémoire, avec ce titre révélateur, "L'énergie du geste", parlait de recyclage, comment des uns aux autres, et de notre mémoire, se trame une histoire. Elle s'écrit aussi parce qu'on projette un dessein. L'histoire dessinée peut voir loin. On ne sait pas où nous mènent nos desseins, mais s'ils sont sincères, le temps favorise leurs gestes, leurs actions. Et d'autres prennent la relèvent, en faisant (bien) mieux.
Sous pression, les jeunes se demandent assez justement, s'ils vont avoir le temps, eux de faire quelque chose de bien mieux.
Ils questionnent les anciens, leurs valeurs, leurs conforts, mais sont-ils (bien) compris ?


mardi 27 septembre 2022

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Arbres (Photographie © Sonia Marques)


Secours mutuels


- Dans un mois ce groupe sera comme ça, à la fin octobre, comme l'année dernière.
Maintenant tu peux prédire.
Ils s'agglutinent, ils vont perdre leurs feuilles.

- Est ce que l'amoncellement est toujours un signe de lâcheté ?
Faire famille pour taire ensemble ?
Faire parti pour masquer son trouble ?
Mentir tout un syndicat pour oublier, toute une vie ?
Pour survivre plutôt que vivre enfin ?

- Un groupe de menteurs, ils complotent pour se rassurer.
Ils ne savent pas faire autrement. Ils répètent.
Ils défendent leurs intérêts, leurs secrets de famille.

-Ils peuvent apprendre ?

-Ensemble non. ils sont déjà dissous.

-Et seuls ?

- Regarde, c'est l'heure de la répétition.
Le spectacle va commencer.

-Mais personne n'est invité ?

Ils répètent sans spectateurs.

- Ils sont enfermés ?
Non, ils ne veulent pas être libérés.

- J'aime beaucoup ces arbres.
C'est un repère pour les saisons.
ils sont infestés parfois, leurs branches pourrissent.

- Oui, ils ont planté des jeunes, ils les ont mis dans le groupe.

- Mais c'est la même terre ?

- Oui, à leur tour de se taire.

- Et de répéter sans spectateurs ?

- Ils ont déjà commencé.

- Personne ne voit rien.

- Mais si : les fantômes

- Bah oui, ils ont ghosté tout le monde.

jeudi 6 janvier 2022

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Illustrations © Sonia Marques

dimanche 17 octobre 2021

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Photographies © Sonia Marques

Temps radieux, arbres ténébreux, majestueux, rabougris, tortueux, souverains, pétales de feuilles jaunes puis vertes magiciennes, loin des bruits et des expositions. Infinité de lumière, de crépitement d'or sur les chemins débroussaillés, poèmes fugaces incantés dans l'amour des pas aventuriers. Pensées profondes, légères, en forme de buissons, de souches immenses, de vérités éclatantes, toutes ces poussières sans aucune valeur jaillissent fontaine, sources des désirs, recueillies dans la cruche qui tinte creuse, de sa terre polie et rugueuse, fragile et oubliée. Petites palmes se baignent et dorment, sans mentir et sans forcer.

mercredi 15 septembre 2021

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Photographies © Sonia Marques


There was a girl
A very strange enchanted girl
They say she wandered very far
Very far
Over land and sea

A little shy and sad of eye
But very wise was she

And then one day
A magic day she passed my way
And while we spoke of many things
Fools and kings

This she said to me :

"The greatest thing you'll ever learn
Is just to love and be loved in return"

"The greatest thing you'll ever learn
Is just to love and be loved in return"




lundi 20 juillet 2020

√é☂éґαηs

LION

CYGNES

FLEURS

ARBRE

CHAT

EAU

HERBE

YEUX

CHEVAUX

NUAGES

PERROQUET

PLUMES

SEXY

CHAPELLE

FOIN

LIBELLULE

GRANGE

MAISONS

SURPRISE

PLANTES

ÉGLISE

MAISON POUR DEUX

Photographies © Sonia Marques


lundi 8 juin 2020

¢♄αღ℘ṧ

Natures égotiques / Balade limousine

Abondance, Bichon, Fumaison, Sakura, Galletout, Rouelle, Losange, Cabécou, Taupinette, Lechatolet, Monbriac, Ovalie, Coquillon, Calisson, Dauphin, Enrobé du Soleil, Picodon, Pecorino,  Moelleux, Vœu, Chabichou, Vacherin, Buchette, Gratte-Paille, Bleu, Fleur du Maquis, Fondue, Romarin, Fondant, Regal, Queijo do Pastor...

Photographies © Sonia Marques

mardi 26 mai 2020

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Photographies © Sonia Marques