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08/03/2024

40 ¢@ґêღℯ



Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Les chiffres sont énigmes et durées.
Je me demandais ce que ces jours formaient comme durée. Ma tutrice me racontait qu'il y avait comme une mise en quarantaine en ce moment.
C'était la période du Carême, du désert, des carnavals, sans carne, sans viande...

Mais, je ne suis pas du tout dedans, lui dis-je.

Si, c'est aussi une forme de pénitence, il est certain, me dit-elle, que tu sembles définir une récréation, alors que non, tu jeûnes aussi.

Pas tout le monde ne connait le calendrier de ce silence. 
Le carême pour les chrétiens est d'une durée de quarante jours.

Il y a le ramadan pour les musulmans, entre mars et avril. La racine arabe « ar-ramad », signifie « chaleur accablante ». Il y a toujours des anges dans toutes ces histoires.

Des volatiles, tu veux dire ? Des choses avec des ailes ?

Oui mon amie.

Dans ces calendriers, beaucoup souhaitent une trêve dans les guerres, quand d'autres la provoquent au mauvais moment.

Le Carême commence le Mercredi des Cendres, mercredi 14 février 2024, et s’achève le Jeudi Saint, le jeudi 28 mars 2024, avant la célébration de la Cène du Seigneur.
La Semaine Sainte, qui commence avec le dimanche des Rameaux le 24 mars 2024, commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix.
Le Samedi Saint au soir et le dimanche de Pâques, le 31 mars 2024, les chrétiens célèbrent la résurrection du Christ.

Quel programme !

En temps de carême, les chrétiens vivent un temps de conversion, ils se rapprochent de Dieu. Ils repoussent le mal afin de créer une nouvelle relation de pureté.
Aussi dans les traditions, ils ne mangent pas de viandes, mais il y a des variations, parfois le dimanche oui, avec même du chocolat et du vin.

Je ne sais pas ce que c'est que le chocolat !

Tant mieux, me dit-elle !

Mais, tu peux dire tes difficultés en ce moment, je t'ai vu être embêtée de nouveau par un jeune avec un bâton, qui tentait de te faire du mal, et j'ai entendu des êtres humains dire que tu étais handicapée...

Je m'en tape des commérages ! C'est le premier qui le dit qui l'est ! L’intelligence peut-être perçue comme un handicape...
Vois-tu, je survole tant d'ignorance, qu'à partir d'une certaine hauteur, je vois tout autre chose.

Et puis je suis une parmi les autres, nous les pies, nous cultivons l'invisible, et l'intelligence est notre cape d'invisibilité ! Nous avons l'air bête et distrait, hors nous voyons au-delà de ce qui est visible à l’œil nu d'un être humain.

Alors, me dit-elle, viens vite à mon aide, à mon secours, sans toi, je n'y arriverai pas.

Te souviens-tu du désert ?

Oui, ce sont aussi les 40 jours dans le désert du peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise.
Mais aussi les quarante jours passés par le Christ au désert entre son baptême et le début de sa vie publique.
Ce chiffre de quarante symbolise les temps de préparation à de nouveaux commencements.

Un temps de conversion.
Au désert, le Christ a mené un combat spirituel dont il est sorti victorieux.

Tes 40 jours se sont convertis en plusieurs années bleues.

Oui car il y a eu la chaleur accablante comme ar ramad, et la pluie des tropiques du cancer et du capricorne et les batailles de foins, et les silices blanches quotidiennes...
De l'Encens et de la Myrrhe...

Regardes le tableau du Combat de Carnaval et Carême, une peinture à l'huile de Pieter Brueghel l'Ancien, réalisée en 1559, très certainement à Vienne ce moment, en Autriche.
C'est une grande fête traditionnelle, plusieurs personnes se chamaillent sur une place du marché, il y a du poisson et de la viande, et des personnages masqués.
Ce qui est admirable, c'est qu'il n'y a pas d'agressivité, de violence, c'est un temps religieux, où le carême est respecté, il y a une ambiance bon enfant.

Tu vois que tu figures bien dans cette récréation festive et respectueuse !

Mais, tu entends cette jeune femme désespérée qui pleure à gros sanglots et qui tape dehors partout et s'explique à un jeune homme ? Quel déchirement !

Oui, c'est qu'il y a un seul jour, dans notre pays, dédié aux droits des femmes.
Mais, il n'est pas respecté, c'est comme pendant le carême, il existe des êtres humains qui ont des envies de guerre.

Alors on pourrait faire un carême à la place ? 40 jours ?
Oui c'est une idée, allez on va la soumettre, on fera diversion, on s'occupera enfin de l'intérieur... de tous.

Et puis c'est un jour où les êtres humains aiment repasser de vieux films où les actrices s'aperçoivent qu'elles sont actrices et dirigées, sur le tard.
C'est très ennuyeux, ce bal des victimes. Chaque année, à la même date, les êtres humains aiment projeter le documentaire "Sois belle et tais-toi " de Delphine Seyrig, tourné en 1975, une caution féministe.
Sur la durée, c'est très conservateur, in fine. À l'heure où un nombre conséquent de jeunes femmes filment et se filment partout, dirigent l'intégralité de leurs images, il semble que d'autres souhaitent revenir au bon vieux temps des contraintes.
Il y a un charme désuet à le revoir, comme les corsets revisités par Margiela. Ou, comme les uniformes à l'école. L'imagerie de l'ordre, alors que tout est désordre.
Un mythe Sisyphe, comment mettre de l'ordre dans l'anarchie ? Dès que l'on donne un ordre, un désordre survient, bien pire qu'avant. Vouloir la guerre et ordonner, c'est détruire assurément et pour longtemps, déconstruire, ruiner des pays, briser des générations, anéantir ce qu'il nous reste.
Mais peut-on fermer les yeux indéfiniment lorsque meurent des êtres humains, c'est nous aussi ? Avons-nous su tirer expérience des années de paix ? Serons-nous considérer la valeur des choses et non dévaloriser sans arrêt toute chose de toutes natures ? Ne plus toucher l’œuvre de Dieu, comme un parfait tableau.
Tout le monde veut être artiste, et repeindre à sa manière...

Mais lorsque l'on subit une guerre, peut-être que l'on s'aperçoit seulement 10, 20 ou 40 ans plus tard de qui était aux commandes, sans consentement ?
Passer tant d'années à se défendre, sans trouver le repos.
Sans carême.

Être simplement actrice dans un film. Être humain dans une guerre.

Il y a un film tchécoslovaque qui me fait penser à toi, petite pie, que j'ai beaucoup aimé : Les Petites Marguerites (Sedmikrásky) réalisé par Věra Chytilová, sorti en 1966. Le film fut frappé par la censure et empêcha Chytilová de tourner durant sept ans, compliquant grandement la suite de sa carrière. Et on empêche aussi les enseignants de le montrer, pourtant il montre deux femmes qui jouent et expérimentent un tas de choses comme des enfants. Les actrices jettent de la nourriture et ce fut considéré comme choquant. Le traitement du film est magnifique, sa colorimétrie, il est très riche d'inventions. Sa narration fut accusée d’être sans queue ni tête et son récit « incompréhensible ». Il dénonce frontalement la décadence d’un état censeur et autoritaire et avait peu de chances de plaire aux élites communistes. À l’intérieur de la Tchécoslovaquie, l’accès à son travail fut contraint afin de s’assurer qu’il soit le moins vu possible. Cela ne te dit rien, mais cela arrive. La visibilité des artistes peut se trouver limitée, l'accès à l'école, à l'enseignement aussi. L'activité même artistique est drastiquement restreinte. Tout déplacement, pour les femmes, peut aussi être restreint, et si elles sont artistes...

Il y a des oiseaux !
Seulement à qui sait les voir et les entendre.

Tu es une femme ? Je pensais que tu étais un ange.
Une nage veux-tu dire ?

Hihihihi ! Hahahaha ! Pica Pica !

L'abandon du bal des victimes s'effectue lorsque les femmes décident, on peut l'observer dans la direction de film. Une française, Justine Triet, parcourt et, se déplace pour présenter son film, Anatomie d'une chute, jusqu'aux États-Unis, avec son compagnon Arthur Harari, co-scénariste.
Leur réalisation décortique les sous-bois d'une violence conjugale, la relation entre un homme et une femme, tous deux auteurs, écrivains, quand les égos se trouvent confinés et leurs vies intimes décortiquées lors d'un procès. L'enfant, victime collatérale des violences et handicapé, et la femme qui porte toutes les charges. L'intelligence de l'enfant guide le procès, et, l'intériorité de la femme écrivain qui veut sauver son mari, sans évoquer les violences subies, forment la lumière et les ténèbres d'un drame.
La jalousie décrite subtilement entre les deux auteurs, écrivains, femme et homme, dans le film, est, peut-être l'expression d'un vécu des co-scénaristes, à l'écriture du film. Eux-même confinés lors de la pandémie récente. Je l'ai analysé comme le désir symbolique de la chute de l'homme auteur, au profit de la femme, qui est accusée de l'avoir tué. Dans la réalité, la lutte conjugale entre Triet et Harari, et artistique, est palpable et affleurante à chacune de leurs apparitions publiques. Ce film est une conjugaison dans tous les sens du termes. Il est conjugué d'idées opposées et, se trouve conjugable à divers prix contemporains.

Elle a fait la même école que toi, l'école nationale des Beaux-arts de Paris, au même moment !

Oui, on peut dire qu'elle représente aussi une idée de cette formation artistique à une large palette de réalisations. J'ai trouvé le scénario mieux écrit que ces films antécédents.
La présence animale, du chien, symbolise le guide voyant de l'aveuglement général, sur ces violences intrafamiliales, dans notre pays.

Le petit garçon qui voulait te taper avec sa longue tige trouvée à terre de l'arbre où tu étais tranquillement installée, c'était pendant ton carême.

Mais son père ne disait rien.

Non, il avait déjà une jambe qui boitait et un chien bien plus grand que lui, blanc, qui déambulait très lentement. Ce sont des familles circassiennes. Le chien semblait guider l'homme handicapé et l'enfant exprimer sa guerre interne.

Merci, de m'avoir sauvée.

De rien petit archange.

Si, si, j'insiste, merci mon gros Bouddha.

Par kiwaïda at 01:51

04/02/2024

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Collage © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

"Vous savez, j'ai aussi apprivoisé une corneille, et elle me suivait quand je faisais du vélo !"
Dit un jeune homme qui poussait une poussette vide et son enfant qui marchait à côté, avec son petit chien.
Il avait les yeux bleus et souhaitait témoigner son admiration :
"C'est très beau de vous voir, merci à vous"

Je les avais fait rois et reines aux bancs de bois de leur société.
Les paysages de peintures n'en finissaient pas d'exploser dans leurs petits cœurs.

Il y avait finalement tant de jeunes gens aussi sensibles qu'eux.

Par kiwaïda at 15:49

08/08/2023

&

Dessins © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

J'étais installée sur le bras d'un jeune homme, il me regardait avec attendrissement. Soudain, je vois au loin, ma tutrice, qui débarque dans le jardin, l'air de rien. Fidèle, je m'envole vers elle et me pose sur son épaule, avec la crainte de me faire sermonner. Le nouvel humain prétendant laissé pour compte, il me regardait au loin, et il avait laissé son bras comme un perchoir, sait-on jamais, si je revenais. Mais je restais sur l'épaule de ma tutrice, mon transistor branché, gazouillant à toutes ses fins de phrases, nous étions en grande discussion, je devais lui expliquer ce que je fabriquais sur le bras d'un jeune homme tout émoustillé, aplatie comme une patate, confortablement à mon aise. Le jeune homme décida de venir vers nous, désireux d'en savoir un peu plus, sur notre histoire. Elle raconta notre petite affaire. Mais il ne semblait pas comprendre tous les mots. Ma tutrice observait son t-shirt jaune, avec l’insigne "Brazil" dessus: "Vous êtes brésilien ?" lui demanda-t-elle d'un air très sûr d'elle. "Non, je suis chilien" . Il lui demanda des trucs, comment je me nourrissais et tout ça. Elle le quittait car je commençais à lui piquer ses doigts de pieds, je faisais exprès afin que nous puissions aller dans notre jardin secret, j'avais une faim de loup ! Mes amies les pies sont toujours avec moi, elles arrivent souvent les premières et se posent sur l'arbre. Ma tutrice lit son livre, et les pies attendant que j'arrive. Me voilà Belzébuth ! Je déboule les pattes en avant dans un atterrissage digne d'un dessin animé, les ailes déployées, je freine sur le tapis. Il y a plein de merlettes camouflées dans le laurier de palme. Elles gobent les baies mûres. Elles étaient vertes cet été, puis elles sont passées au rouge, puis au noir rubis. Le laurier serait toxique, mais nous apprécions leurs baies. J'ai rapporté une bague en argent, au signe de l'esperluette. Ma tutrice l'a essayé, et cette bague lui allait comme un gant. D'où venait-elle ? L'esperluette est un signe typographique élégant, il signifie "et", "avec". L’esperluette est une sorte d'icône, exploitée dans les logos de nombreuses entreprises. C'est aussi le signe d'une alliance, d'un mariage, d'un partenariat. Je déposais cette bague pour ma tutrice, nous voici scellés par un bijou. Je ne savais pas comment lui dire que je souhaitais la remercier. Elle a trouvé mon présent.
En allant chercher son pain, elle donna un billet à un sans domicile fixe; Il lui dit : "Plein de bonnes choses pour vous, je vous remercie tellement". Elle lui dit : Non à vous les bonnes choses.
Résultat des comptes, elle le retrouva au pied d'un arbre au petit matin enfoui sous une cape de laine épaisse, cuit comme un fruit dans sa liqueur, une bouteille à côté. C'était mon arbre ! Je n'étais pas contente du tout ! Voilà ce que sa bonté a produit !  Il s'est acheté une bouteille et il l'a cuvée sous mon arbre ! Il faut dire que l'automne s'est pointé en plein été, il faisait très froid. Puis elle pensa que je serai une belle compagnie pour cet homme, tout comme je le suis avec elle. Mais point du tout, je suis infernale avec les autres, et je pique, surtout s'il y a une gamelle vide, je ne supporte pas. Ma tutrice ce jour-ci est partie laissant le sans domicile fixe dormir de tout son soul. Les feuilles et les glands verts tombaient, ce fut un drôle de jour.
Une jeune femme tenait son chien japonais en laisse, un Akita Inu. Quelle stupeur ce chien, si grand, il était apparu derrière un tronc d'arbre, bien dessiné, blanc et roux, d'une élégance rare, une espèce de gros ours avec la queue qui s'enroule. "Pardon, dit-elle, je ne vous ai pas vus" Sa fourrure semble très douce, un chien de sauvetage. La bonté lui disais-je, mais elle se fait rare, elle n'est presque pas admise à l'école. Un être doué de ce caractère, un être humain ? Moi, la pie, je n'en vois pas. Un être sensible aux maux d'autrui, désireux de procurer aux autres du bien-être, ou d'éviter tout ce qui peut les faire souffrir. Lorsque j'étais tombée du nid, j'ai recherché cette bonté.
Jean-Jacques Rousseau, l'écrivain, philosophe et musicien genevois, avait déjà quelques mots épineux pour désigner la personne qui réfléchit un peu trop au lieu d'agir « Il n’y a que les dangers de la société tout entière qui troublent le sommeil tranquille du philosophe et qui l’arrachent de son lit. On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre ; il n’a qu’à mettre ses mains sur ses oreilles et s’argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l’identifier avec celui qu’on assassine. »
Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, présenté au concours de l’Académie de Dijon au milieu du XVIIIe  siècle, Jean-Jacques Rousseau se demande ce qu’est un homme naturel, pas encore transformé ni perverti par la société, les techniques, le langage, la civilisation. Il forge l’hypothèse d’un homme à l’état de nature, très proche de l’animalité. Cet homme ne connaît évidemment pas les normes de justice et les lois de la moralité, qui présupposent la vie en société, la raison, le langage. Il possède cependant en lui un trésor mille fois plus précieux que toutes les règles qu’inventera la moralité. C’est un sentiment parfois même observé chez les animaux et qui les met à la place de celui qui souffre. C’est la seule vertu non sociale, totalement naturelle : la pitié. Elle est la source de tout ce qu’il y a de bon en l'être humain, ne pas penser qu’à soi, prendre des risques pour un inconnu en danger, reconnaître l’humanité du plus coupable ou du plus disgracieux des hommes. À la spontanéité un peu désordonnée de la compassion, on oppose l’analyse, la médiation rationnelle ou sociale. À quoi bon donner une pièce au clochard si c’est pour qu’il achète du vin  ? Rousseau répond : « L’homme qui médite est un animal dépravé », car il fait taire ce qu’il y a de plus simple et de meilleur en lui.
À ce titre, moi la pie, je dis que oui, à quoi bon ? Puisque le clochard est venu m'embêter sous mon arbre ! Le résultat c'est que tous les hommes sont dépravés, depuis mon regard de pie. Je les vois pisser sur mes arbres et pousser des cris et nous chasser.
Certes, le progrès des sciences, des techniques, de l’éducation, de la civilité, les Lumières, ont éloigné les êtres humains de leur état de nature originel. L’amour-propre, l’hypocrisie, l’inhumanité y règnent sous couvert de sophistication. Il est impossible de revenir à un état de nature que ces êtres humains ont quitté pour toujours. Pourtant je vois bien que ma tutrice me recueillant devient de plus en plus sauvage. Elle marche à quatre pattes, et même si elle continue d'enduire ses cheveux d'huiles et se peindre les lèvres en rouge, elle n'est plus tout à fait la même. Je suis une pie un peu spéciale, capable d'attendrir des étrangers ou bien de les agacer, je les interpelle comme un gendarme, un avocat ou un ange, au choix, parfois je me prends pour le Tigre d'une jungle, ou le commandant d'une armée de pies, mais je redeviens un bébé, un tout petit rien du tout, lorsque ma tutrice me parle doucement. Tandis qu'elle parle le langage des pies, elle m'entend, me reconnaît et m'appelle, je l'entends, je suis connectée, je sais par où elle arrive, par où elle s'en va, je connais les dangers et je vais la rechercher. Il y a un lien animal, de ces animaux simples qui n'ignorent pas le cri de l'autre, la présence hostile d'une bête, ou d'un être humain. Nous pouvons avoir peur pour rien, ou, nous pouvons prendre pitié pour rien. Du rien du tout et c'est tout un monde qui s'ouvre. Une extra-sensibilité, c'est invisible à l’œil nu, c'est bien plus que cela. Il y a dans l'observation une alliance avec le temps. Il faut observer longtemps, ressentir, sentir, contempler, sans aucun à priori. La patience, la quiétude et l'inquiétude mêlées, le plaisir de l'instant de ce petit vent, les feuilles bruissent et présagent d'un bon moment, il faut en profiter. Ou bien le vent se fait plus pressant, les nuages s'amassent, le présage est de ne point s’appesantir, et partir se protéger, se cacher. La palette des émotions se nuance, des ressentis, liés au temps, au paysage, aux cris des habitants, ou gouttes de pluie, aux divines lueurs qui percent à jour les clairières et nous donnent cette illusion d'un paradis préservé quelques minutes à peine, celles de l'éternité.















Dessins © Sonia Marques

Par kiwaïda at 00:24

14/07/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un albanais venait me voir, il sifflait, mais je ne répondais pas à son appel. Il me racontait qu'il avait une soixantaine d'années, arrivé ici en France en 2016. Il est très dur de trouver un travail, il y a plein de réfugiés, jamais de contrat à durée indéterminée, que des CDD, toujours différents et trop courts. L'administration est infernale, il ne peut même pas retourner dans son pays, cela fait 8 années qu'il n'a pas revu l'Albanie. Il est fier de ses 2 fils, ils ont chacun un Master à l'université, un à Périgueux et un à Bordeaux.

Il me dit qu'en Albanais une pie se nomme "grizhlël".

Il est revenu me voir avec sa femme le lendemain. Il était bien habillé, et elle brune, belle en rose couleur des fuchsias, ils étaient élégants. Il voulait me présenter mais je n'étais pas là, je venais de prendre mon bain, je me suis échappée vers d'autres cieux. Espérance me disent-ils, fait briller mes yeux et enlève mes larmes, que le jour où je te découvre soit solennisé. Me souvenir de toi, éclaire mon endormissement, accompagne mes rêves, fait disparaître mes tracas. Grizhlël te souviens-tu que tes amies sont aussi en Albanie ? Ce qui me reste à vivre, je veux le vivre avec elle, ma femme, la plus belle. Notre âge n'est plus si vert, nous ne comprenons pas cette langue, j'entends ton cri solitaire, le mien te rejoint.

Ma tutrice lisait un livre, "Le Laboureur et les Mangeurs de vent: Liberté intérieure et confortable servitude" de Boris Cyrulnik. C'est à elle que je donne mes rencontres, les artisans et leurs soliloques, ils pensent me trouver pour la première fois, ils me surprennent et font un vœux, je les surprends en train de prier. Quelle drôle de manie ces téléphones ! Ce sont des objets devenus mes intermédiaires. Ils me capturent dans toutes leurs photographies, ils balayent de leurs doigts grassouillets l'écran, je suis sur leur téléphone avec eux, parfois avec des fleurs en arrière plan. Ils emmènent mon image et la montre à leurs proches : "Regardez, cette pie m'aime, cette pie vient vers moi, regardez, je suis si innocent, je fais partie des anges" Pourtant, lorsque je regarde les images derrière leur dos, ce que je vois, c'est ma tête d'ahurie. C'est ce qu'ils préfèrent, eux aussi, ils ont une mine d'ahurie, les étourdis.

C'est un jour de fête, un jour comme un autre pour moi. Les feux d'artifice ont fait fuir mes amis les oiseaux, je me suis réfugiée dans un paradis noir, celui du silence. Tous les chemins où s'éloignent mes amis me serrent le cœur. Je dors seule sur ma branche, terrorisée parfois. Je sais qu'elle n'est pas loin, mais elle s'éloigne, ma maman.

Voici le matin, pour moi, la fête revient, tous mes amis chantent le lever du soleil, mon cœur se réjouit. Le sol est humide, c'est agréable et si frais.

Le tintement des affaires arrive tout doucement, toute chose grince gentiment.

Aimable nature, j'attendrais le temps qu'il faut, elle reviendra.

Bienfaits et délices, ma tutrice arrive. Elle fait connaissance de tous mes amis humains et oiseaux. Petit prodige je picore son livre, je lui dis "Allez hop ça suffit ! La vie c'est mieux, la vraie ! On passe à l'action !" Je lui ramène un collier, il n'était pas fini, à peine commencé, 4 perles vertes sur un fil de nylon. Je lui dépose des cadeaux, des feuilles et des glands. Je courre comme un bolide sur les baskets de son compagnon, je lui picore sa casquette "Berlin, Berlin", il m'a fait découvrir des jeux, je prends des bains de soleil et d'extase sur son épaule, mes yeux bleus s'ouvrent et mes ailes aussi, uniquement lorsque je suis en confiance, j'ouvre mon bec en grand, rouge à l'intérieur. Je respire, ils me regardent comme bénie des Dieux.

Soyez heureux aussi ! Il vous est permis de respirer ! Malgré tous vos malheurs, ne soyez plus exclus de la vie !

J'entends le vent bruire dans ces feuillages, je choisi lesquels vont me balancer doucement dans une quiétude profonde.

Mais j'entends une voix éternelle, je suis vivant encore.

Un soir je suis allée sur la tête d'un homme, plein de cheveux noir et blanc, je lui tirais sa kératine de mon bec en aiguille. Sa femme était admirative malgré le mal que je lui faisais, à son mari, et le plaisir qu'elle en soutirait, derrière son téléphone, le fameux appareil de photographie de tous les êtres humains. Elle prenait des photos de nous deux. Il disait : "Aie, Aie, Aie !" Puis ma tutrice est arrivée, j'étais gênée, elle m'a surprise avec un autre homme et une autre femme. Elle a raconté mon histoire, je suis en phase de réintégration dans mon élément naturel.

Il n'y avait nulle science dans mon geste, je suis démasquée.

Cette femme est revenue une semaine plus tard, elle nous a présentés son père, un vieil homme qui habite derrière, elle a apporté un présent. Elle est venue nous saluer et nous a dit désirer emmener son père voir la pie. J'étais timide, je ne voulais pas les voir. Ma tutrice me les a présentés, puis elle m'a donné son présent. Une noix de coco remplie de graisse, avec des petits vers. J'ai un peu boudé ce gros machin. Je suis petit mais je mange de la viande rouge qui saigne. Son père était âgé et si heureux de me voir. La fille et son père réunis, ils étaient baignés de félicité. Elle devait avoir la cinquantaine, elle était émerveillée, elle a pris des photos de lui et de moi, de nous, enfin c'était un jour spécial pour eux.

Juste avant j'étais cachée, et une grande personne s'est cachée derrière un arbre, il a déposé un présent : 3 framboises, c'était pour moi.

J'avais déjà pas mal picoré ce jour-ci, beaucoup me font des présents. Il est revenu le soir avec une autre personne, il lui a montré que les framboises avaient disparues, il était si heureux, il disait à son amie : "Elle les a mangés, elle les pris !"
Il y a plein d'autres oiseaux.

Plusieurs jours plus tard, ma tutrice est allée se présenter à ce dessinateur qui est venu nous montrer ses beaux dessins. Toutes les pies se sont mises dans un arbre nous regarder, ils étaient 3 humains et moi au milieu, je grignotais son carnet, ma tutrice tentait de m'empêcher de faire mon intéressante. J'avais très soif, avec ces 38 degrés, ils échangeaient sur toute la vie des êtres humains, et leurs aventures, ils ne se connaissaient pas auparavant et ils ont dressé un portrait kaléidoscopique de leurs chemins, quelles drôles de vies. Mes copines les pies sont venues assister au spectacle de nos échanges. Ma tutrice chuchota que nous étions comme dans "La Conférence des oiseaux", le grand poème persan écrit par le soufi Farid al-Din Attar en 1177. Moi je ne connais pas ces choses là, mais je ressens d'autres choses, j'espère qu'ils comprendront, ce dont je suis capable de faire aussi, de me souvenir, aussi loin que les oiseaux volent, il y a bien plus longtemps que tous ces poèmes, des temps où les poètes n'étaient pas nés.

Un très vieil homme un peu sourd du pot est venu me donner des lardons. Ma tutrice a dit que j'avais déjà mangé. Il lui a dit : "Ces bêtes là ça mange de tout, elle a faim, faut lui donner à manger, il y a sa mère avec ses deux pies derrière. Elles est très jeune". Ma tutrice tentait de lui expliquer que mes parents n'étaient pas là, et que j'avais été élevée par elle, et qu'elle m'avait appris à voler. Il n'entendait rien, il roulait un peu des mécaniques devant elle et voulait lui dire que c'était lui qui l'avait découverte, nous avons bien rigolé. Il a dit qu'il habitait en Charente Maritime, qu'il a plein de poules chez lui. Toute sa vie, il a lancé des graines. Puis, il a compris qu'il s'était trompé, et que j'étais bien élevée, je me suis mise sur l'épaule de ma tutrice. Je suis une pie qui vole partout, certains pensent me découvrir dans l'intimité, reviennent et sont déçus de me voir avec une autre personne charmée. Je fais des jaloux. Les êtres humains apprennent la liberté.

Une femme très apprêtée avec son petit mari, un monsieur "je sais tout" me demande si je ne vais pas voler ses boucles d'oreilles, son mari dit que je mange même les autres oiseaux. Ma tutrice leurs explique mon intelligence, ce qui dérive de ma curiosité et mon incroyable adaptation, mais cela ne s'explique pas, surtout à des idiots ! Alors je vais picorer son sac à main et elle va confirmer son préjugé, et ira me dénoncer, je serai fichée à la police. Mais je ne participe à aucune émeute moi !?  C'est un nuisible ! Mais non, je suis une petite pie, et pour les petits cœurs, je suis l'alliance du génie poétique et du philosophe. Audacieuse et franche, je peux me mettre en colère. Mais c'est à l'amoureux que je déclare la vie plus belle, c'est à l'amoureuse que j'ouvre sa cachette ensevelie, sa beauté qui s’évanouit, dans son doux regard. Je remue leur enfance, la source de leurs royaumes angéliques, qu'ils n'ouvrent jamais. Toutes les dissonances s'oublient d'un coup, je suis devant, je brise le chagrin. Retrouves ta dignité vieille Lune ! Laisse s'abîmer tout ce qui doit, et vole vers l'étoile ardente, l'espoir infini retrouvé.

Parfois je suis photographiée, je fais ma star. Trois américaines sont venues me photographier, je faisais la reine, puis l'espiègle, puis je me suis attaquée à leur lacets. Il y a toujours un moment où cela déconne grave. J'inspire confiance puis deux minutes plus tard, je me dérobe, je prends la poudre d’escampette. Les êtres humains sont des orages ambulants. Ils soupirent et envient les ailes qu'ils cherchent toute une vie. Ils sont confinés dans de terrestres idylles, avec un esprit exalté parfois ivre, souvent plaintif. Je les entends, ils délirent, je suis bien plus raisonnable. Ils souhaitent que tout vienne à eux, ils sont partisans du moindre effort, ancrés dans leur confort. Ils veulent tout avoir, ils ne savent qui ils sont vraiment. Ils ont peur de presque tout. Ils se sont tant protégés, de la pluie et du mauvais temps, que les grenouilles sont devenues des étrangères. Nous sommes toujours dehors, nous vivons l'instant présent en composant avec la vérité, guidés par notre sagacité.

Une autre fois ce sont des espagnols : Doña Urruca ! Me nomment-ils.

Les jardiniers me rapportèrent que j'avais changé leur vie, leur travail, car je venais piocher à côté d'eux. Ils me ramenèrent en camion, sur leur capot, quand je me perdis, ils m'adorent, je fais ma capricieuse, je ne dis pas mon genre, un mâle ou une femelle, vous ne le saurez pas ! L'un me nomme : Pipelette.

Un jeune jardiner a raconté plein de chose à ma tutrice, comment ils travaillent leur sélection de graines, avec le GPS les connexions avec plein de pays étrangers, leurs cultures, il est en apprentissage. Ils travaillent aux aurores, avec son équipe, ils n'avaient jamais vu cela une pie qui revient ici, et qui parlent aux humains. Tout le monde remercie ma tutrice. C'est une fructueuse découverte, elle n'est pas si fortuite, je l'engage à la qualifier de sérendipité.

À présent j'ai des copines pies, mais alors, elles ne sont pas faciles, j'essaye de m'intégrer, et je ne me laisse pas faire. Elles piquent mes victuailles que je cache, car j'en ai des trésors.

Je chasse l'écureuil pour les impressionner !

Elles m'observent, j'ai ce quelque chose qu'elles n'ont pas.

Chaque journée est bien remplie, c'est énorme, je parcoure des kilomètres, je vois tout. Je raconte un peu, mais je ne dis pas tout.



Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 17:08

11/07/2023

∃¢üґ℮üїL






















Photographies © Sonia Marques

L'écureuil et la pie

Puissance de son architecture
L'Araucaria de Chine
Aux aiguilles de couleur bleu argenté
Où m'emmènes-tu la pie ?
Au paradis pardi !

Tout en haut du conifère vert émeraude
Parsemé de boules d'artichauts mordorés
Le long de son tronc d'écorce rougeâtre

Je te suis la pie
Où se perd le bout de ton chemin ?
Tu sautilles sur la gaité
Mais après quoi cours-tu ?

Après qui ?

La queue panachée rouge
Tu veux l'attraper ?
Clé d'or de ta liberté

Sur la route des oasis
Les trente degrés à l'ombre
Je te suis la pie
Ta modeste opportunité sans souci

Qu'il est doux cet écureuil
Il vole comme toi d'arbres en arbres
Sous les cieux inconnus
Et l'été brûlant

Son agilité te ressemble
Vous faites la paire tous les deux
Des ravissants intrépides
Son museau pointu termine un minois bien dessiné

Espiègle pie n'a pas dit son dernier mot
À cache-cache enroulés sur les branches
Les plumets de poils roux virevoltent
Ardents baignés d'une lumière idéale

Tu pointes la pie de ton bec noir
Ta dextérité laisse le rongeur surpris

Les noix tombent de vos jeux invisibles
Sur un bourdon patibulaire
Au maillot jaune rayé de noir
À la recherche du pollen des fleurs

Amour musical des idiophones
Envoûtantes percussions caribéennes
Dans une flore mellifère

Pour rien au monde
Vous ne quitteriez ce pays céleste
Petits séraphins

Nous laissant détailler tous les instants de notre existence
Une vision de haute définition
Infimes poussières d'anges

Aux pieds des arbres à miel
L'extrême fidélité des sentiments éprouvés

Et le cœur pur


*

Par kiwaïda at 15:10

27/05/2023

℘α⑂ṧ@ℊ℮ṧ







Qui es-tu ?

Que fais-tu ?

Que vois-tu ?








Pourquoi nous-as tu abandonné ?




Nous attendons





Nous regardons devant

Nous boudons l'avenir et le passé





Vivre sur l'eau









C'est l'effacement
La gomme salutaire
Sous la nappe des nénuphars





Où habitez-vous ?





Je suis là




Photographies, sculptures, dessins © Sonia Marques (2014-2023)


Par kiwaïda at 17:07

14/05/2023

Ṕ∀ℝЇϟ➸ℬℛ€$✞












Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 14:12

27/12/2022

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Installation éphémère (Photographies © Sonia Marques)

L'hirondelle semble bloquée avec son aile sur l'anse du bougeoir, alors qu'elle emporte avec elle un espoir, un vœu, symbolisé par cette bougie allumée. Elle fait beaucoup d'effort, une petite Reine est entourée de fruits de la passion. Les œillets sont un signe révolutionnaire de paix et de résistance. Mais l'hirondelle est libre et elle peut partir loin devant elle, passionnée, cultivée...

Des œillets multicolores, fleurs divines, selon les couleurs :
- blanc (l’amour pur, la fidélité, la chance, discrétion, ou douleur profonde et deuil d’un être cher, soutient d'une personne touchée par le malheur)
- rouge (admiration, respect, reconnaissance, rouge plus foncé, témoignages de sentiments amoureux passionnés et profonds)
- rose (gratitude, l'amour éternel d’une mère, symbole de la religion chrétienne : les larmes de la Vierge Marie pour son enfant Jésus crucifié sur la croix prenaient la forme d’œillets roses)
- jaune (le mépris)
- violet (le caprice)

Les œillets sont le symbole de la fleur de la révolution pacifiste du Portugal en 1974.

Num contexto mais histórico, os Cravos ganharam destaque especial em Portugal, por simbolizarem um dos marcos mais importante da história do país, A Revolução de 25 de Abril de 1974, conhecida como “A Revolução dos Cravos”.

Diz-se que Celeste Caeiro, empregada de mesa do restaurante “Franjinhas”, que nesse dia iria inaugurar o seu novo serviço de self service, teria chegado ao estabelecimento e recebido a notícia de que não iam abrir ao público devido à Revolução. O dono do restaurante teria encomendado Cravos Vermelhos para oferecer na inauguração, mas devido ao sucedido disse para os funcionários levarem as flores.

Celeste Caeiro levou os Cravos consigo até ao Rossio, onde através de várias interações com os militares, acabou por distribuir as flores, que acabaram por ser colocadas no cano das suas espingardas. Este gesto simboliza uma Revolução histórica que alia os Cravos à ausência de derramamento de sangue.

Señor et Señorita, dans les dessins et la peinture...

Par kiwaïda at 15:58

24/10/2022

ϟéґα℘нḯη℮












Photographies © Sonia Marques
Un peu, beaucoup, passionnément...

Par kiwaïda at 15:24

11/10/2022

ЇℵℱЇℵЇ†∃











Infinités (Photographies © Sonia Marques)

Les infinis sont donnés, comme les paysages sont des miroirs de toute chose, pas plus grands que tous, pas divisibles en plus petits, mais tous perceptibles à un moment précis, celui de la conscience, au sortir de l'imperception.
Qui les embrasse, sans les percevoir ? Chaque touriste.
Et l'âme en toute chose n'embrasse rien.

Par kiwaïda at 01:02

09/10/2022

฿αґ♭☺Tiᾔℯ

Photographies © Sonia Marques

frid.jpg

Frida Kahlo et ses compagnons de vie...

Ipomoea lobata, la mina lobée ou plumes d'indiens, tribu des Ipomoeeae, originaire du Mexique, barbotine Marcel Chaufriasse (1926-1990), porcelaine Limoges, Bleu de four, Cobalt, plaque émaillée, coquelicots, jaune, vert, pompon, Windsor Backwheel, marche lisboète, automne étincelant, enfant et biche... et Frida Kahlo (1907-1954) !

Par kiwaïda at 22:48

07/09/2022

ḠяAηⅾ ℕüαℊ℮ ḓ℮ ℳα❡ℯʟʟAᾔ

Recherches photographiques © Sonia Marques

Par kiwaïda at 22:07

06/09/2022

Ḡüḯʟḯ➸ℊüḯℓḯ



















Photographies © Sonia Marques




Par kiwaïda at 22:15

04/09/2022

ḯ√яℯṧṧℯ


Illustration © Sonia Marques

nager sous la pluie
découvrir le paradis des ombres
sous le grondement des Dieux
se frayer un passage
sous la séparation des nuages

les êtres filants glissent
à la surface de l'eau
sans aucun fardeau
au-dessus des abysses
des fonds oubliés
des ruines d’Égypte
englouties

il pleut sur les visages
les nageurs solidaires
épousent leur fluides
poissons charnels
imperméables peaux
insondables acides
désoxyribonucléiques

prédire l'avenir
face à l'immensité du ciel
ombrageuses sérénités
des temps longs
de l'humeur des astres
subir les métamorphoses
s'aplatir sous le destin
sans plus porter les maux
ni les expertises

admirer le tumulte et la menace
des cotons épais et gris
des cumulonimbus
leurs courants ascendants
et le soleil qui perce à jour
toutes les défaillances

avancer couché avec assurance
sans jamais douter de la transparence
dans toute cette flottabilité
tout est limpide
tout est désir
aucune peine
aucune peur
être sondé sans remords
être jugé sans culpabilité
être contemplé sans s'abîmer
être la nage

fluide, portance, gravité, hélium
se baigner dans l'indifférence
la foudre aux fesses
l'orage tropique
au sommet des énergies potentielles
luisants d'eau
rien savoir
blonds, bruns, frisés
sans pieds que des palmes
qu'importe les corps
seules les fusées du soir
aux lunettes saphir

plonger dans l'invisible
tout rassemble et suspend
fleurs de lotus et extraterrestres
de l'azur des flots
au couchant doré
les paupières scintillantes
écoutent l'écho des enfants sauvages

dans la joie oblique
les plus jeunes sautent à l'envers
du décor
tout se renverse
chaque espoir prend son envol
au gré de l'instant
d'un cri lyrique et fou
opéra de reflets bleus
ultramarins des mythes grecs
tatouages de flammes noires
ferronnerie artisanales
les nageurs cathédrales

petites pâtisseries orientales
aux désirs de rouleaux dorsaux
les crinières dévorées
devant les blondes mosaïques
d'un autre temps

sur les peaux rouges
sur les peaux blanches
les gouttes perlent cristallines
dans un sobre maillot
loin de l'abondance
au cœur de l'oasis
depuis une enfance étrange
dans un désert de mot

langage sans angélisme
éclipse des études
aux bord des aurores
sans lueur boréale

sombrer doucement dans l'esquisse
de la piscine certain jour
mouillés d'être les sots des capitaines
sur une barque sans agence de voyage
ni diplôme
l'assurance de n'être ni aimés
ni envisagés, ni dévisagés, pour ce que l'on est
naître sous une bonne étoile
brodée de défis et d'aura stellaire
dans l'arène des eaux limpides
baignées d'absolutions

Par kiwaïda at 22:00

29/08/2022

∀iℝ FℝѦiϟ

Photographie © Sonia Marques

l'air est frais le soir
l'air est frais le matin
entre le soir et le matin
il n'y a plus rien
bernard fait semblant de dormir
bianca surveille les choses
vladimir compte ses bibelots
les murs sont sourds
les portes aveugles
le bleu silencieux
des cieux
fait mine de ne rien savoir
sur la candeur des champs

tu dors dans un lieu retiré
éminent solitaire
tu sais que l'air brûle les agités
l'envie les importune
poison amer de leur infortune

feuilles émeraudes et rousses
bruissent sous le sommeil des bois
une paix sans importance
s'étend à l'ombre du monde

des insectes copulent
sans regarder l'été

la forêt écoute ton cœur
caché dans ton antique demeure
où le hasard t'a fait naître
sous la voûte étoilée

tu contemples les astres muets
les joies terminées de la journée
sans y avoir participé

les songes décuplés
les lucioles saupoudrées dans le velours noir
la jeunesse auréolée de sottises
la vieillesse d'un millefeuille d'inventions
oubliant la mer promise

tu soupires à la fraîche
ici tout se réveille
qu'une vie entière a contenu
caché coupable

laissant éclore la fleur d'une ride
parmi les plis de ta peau

tu gardes encore ton troupeau
toutes ces douces absences
et les cris des hirondelles
le jour où tu dors cador
volent dans l'allégresse
de tes souvenirs

l'horizon de l'hiver
fait taire tes glorieux espoirs
et renaître tes imaginations brillantes
quelques fulgurances dans ta dolence

enivré par autant de chasteté
hormis ces insectes épris de déloyauté
être inutile rend merveilleux
l'âme et les consolations

peu d'ambition guérit des rêves inassouvis
puisque la cruauté ne sait pas sourire
il y a des terres étrangères
aux sources du bonheur

Par kiwaïda at 13:35

02/05/2022

J∀Üℵ€














Photographies © Sonia Marques

Renoncule, petite grenouille, bouton d'or...

Fleur de l'impatience, gobelet du diable, aux pétales brillantes, luisantes de beurre, ce jaune si intense... Fleurs des champs et des marais, aux humides sols, bassinet, renoncule âcre, renoncule à feuilles flottantes, puissante racine... vénéneuse aussi...

Le paysage jaune, chaleur, lumière, joie, festive, couleur du mouvement... L'or et le doré ne sont pas loin, richesse et fortune, pourtant ils se sont élevés comme de prétendus soleils, délaissant les jaunes, plus populaires, à la tromperie, bien que le luxe de l'or est aussi vaniteux qu'un grand mensonge, un toc roi...

L'or s'est exilé du jaune envahissant, pour naître incandescent... Les paysages où le vert est jaune...

N'être qu'incandescence, belle indécence !


Par kiwaïda at 15:14

20/04/2022

ℬÅϟ✞ℐЀ









Photographies © Sonia Marques


Photographies © JD









Bastide aux rues tirées au cordeau par les ingénieurs anglais du XIIIe...

Photographies © JD

Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 12:47

17/10/2021

ℒ€ϟ ℳѦḠℑ℃Ї€ℵϟ

Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 19:24

ḉℌεмїη





Photographies © Sonia Marques

Temps radieux, arbres ténébreux, majestueux, rabougris, tortueux, souverains, pétales de feuilles jaunes puis vertes magiciennes, loin des bruits et des expositions. Infinité de lumière, de crépitement d'or sur les chemins débroussaillés, poèmes fugaces incantés dans l'amour des pas aventuriers. Pensées profondes, légères, en forme de buissons, de souches immenses, de vérités éclatantes, toutes ces poussières sans aucune valeur jaillissent fontaine, sources des désirs, recueillies dans la cruche qui tinte creuse, de sa terre polie et rugueuse, fragile et oubliée. Petites palmes se baignent et dorment, sans mentir et sans forcer.

Par kiwaïda at 14:02

09/10/2021

♭☺ṧ﹩ε ∂ℯ ⅾґøмαⅾ@ḯґε



























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Photographies © Sonia Marques

La gare de Limoges...

« Une des plus belles gares du monde ». Monument historique depuis 1975, labélisé « Patrimoine du XXe siècle », la gare des Bénédictins à Limoge, entre Art Nouveau et Art Déco.

Plus haute que la gare de Lyon (de Paris), elle est à 57 m de hauteur. Surnommée, « colosse à mille pattes », « bloc de saindoux »,« bosse de dromadaire »... J'ai toujours pensé à autre chose, la forme est vraiment érectile et toute en rondeur, et puis verte, qui tire vers le turquoise. J'ai apprécié y découvrir une maquette exposée ces jours-ci dans le hall d'entrée laissant la lumière à travers les vitraux se déposer sur les façades de carton. Musical. Coïncidence, l'horloge de la vraie gare annonce un trois heure moins dix, et la maquette, son horloge, de même, un trois heure moins dix. J'ai attendu pour vérifier s'il n'y avait pas une vraie horloge, à l'heure, miniaturisée, intégrée à la maquette. Mais non, c'était bien ma présence qui était à l'heure, au bon endroit, au bon moment. C'est-à-dire, à la bonne heure ! Tout départ et toute arrivée, est bienvenu, quasiment, une bénédiction.




La gare de Limoges a cette particularité d’être construite au-dessus des voies et non le long des voies comme les autres gares. Sous le dôme du hall, chaque angle de mur porte une sculpture allégorique représentant l’une des quatre provinces françaises desservies par la compagnie ferroviaire du Paris-Orléans : Limousin, Bretagne, Touraine et Gascogne. Chacune porte ses propres emblèmes. Le Limousin est représenté une femme portant un vase de porcelaine, des épis de blé, des châtaignes et des feuilles de châtaignier. Henri Varenne est l’auteur des décors de stuc qui habillent l’intérieur du hall. En mai 1919, une première étude de Roger Gonthier, réalisée en collaboration avec l’ingénieur Jullien, est acceptée sous réserve par la municipalité ; le projet final est adopté le 14 mars 1922. La construction est financée par la municipalité, le conseil général et la Compagnie du Paris-Orléans. Les travaux débutent en 1924. Le bâtiment est officiellement inauguré le 2 juillet 1929. La silhouette générale du bâtiment est reconnaissable avec son campanile, qui culmine à 57 m de hauteur, et son grand dôme (31 m) qui surmonte la coupole. Le programme décoratif est en grande partie dû à Henri-Frédéric Varenne, les verrières du hall sont de l’atelier de Francis Chigot.
L’immense hall, de près de 4 000 m2, frappe tout d’abord par son décor de verre dû à Francis Chigot. Ce dernier a privilégié, dans une composition de bandes horizontales ou verticales, un décor de feuillages, rappelant la végétation du Limousin : le chêne et le châtaignier. Roger Gonthier (1884-1978) en est l'architecte, il réalise aussi à Limoges en 1919, un pavillon frigorifique à viande dans le quartier du Verdurier.
Lorsque je suis arrivée à Limoges en 2009, par le train, seule, pour passer un concours, et que je m'y suis installée, j'ai de suite recherché comment la ville était construite et j'ai assisté à une conférence sur cet architecte, c'était passionnant. Quelques années auparavant, j'avais eu l'occasion de composter très rapidement un billet dans cette gare pour rejoindre Paris, car je travaillais dans un start-up, et je n'avais eu que 3 jours de congé l'été, passés en Creuse dans le gîte des parents de mon compagnon. Ils m'avaient raccompagnée en voiture dans cette gare, jamais je n'aurai imaginé que quelques années plus tard, je la traverserai souvent, aussi car je fais mes courses pas très loin, en ce jour, elle était ensoleillée. Les vitraux ont été nettoyés et ils sont magnifiques en plein soleil. Ainsi ai-je pu, depuis, avoir plus de temps, pour la contempler, depuis 12 ans.
La dernière photographie la fresque au sol est réalisée par Jordane Saget, sollicité par la ville, sur la placette de Fleurus une fresque, elle est pérenne de lignes noires sur un blanc. Nous avons ainsi un nouveau point de vue sur cette toute petite place, bienvenu.


Par kiwaïda at 00:33

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