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mercredi 13 mars 2024

ÐϴÜÐѺÜ


DOUDOU

Peintures © Sonia Marques

Au bout du désert ... Doudou.
Flou artistique.

Cendrillon, le retour !
Olympe du 10 mai !

Suite des Kis peintures 

dimanche 4 février 2024

ℛ℮iᾔε


La reine © Sonia Marques (2017)

Peinture de 2017, avec un texte inédit, qui rappelle un peu l'univers du défilé Margiela...

Il y a 7 ans, déjà !

mardi 12 décembre 2023

❡ґαṽℯґ☺ℓ

Peintures et gravure de Jane Graverol, (1905-1984) peintre surréaliste belge.


Le sacre du Printemps (1960)


Le trait de lumière (1959)


L'esprit Saint (1954)


Les hautes herbes (1946)


Scène symboliste (1949)


samedi 30 septembre 2023

ʟεṧ ṧøυґḉℯṧ



















Peintures © Sonia Marques

Doucement la peinture arrive aux moments où nous pensions qu'elle avait disparue.

C'est lorsqu'elle disparaît, qu'elle arrive.

Et puis, elle est là.

On ne peut pas, ne pas la voir.

C'est une peinture, ce sont des couleurs, ce sont des souvenirs.

Empreintes inoubliables, vécues, déposées, peintes.

vendredi 8 septembre 2023

¢☺üʟεüґ


© David Hockney > Early Morning in Sainte-Maxime", 1969

À l'automne 1968, David Hockney séjourne dans le sud de la France, dans la maison du réalisateur Tony Richardson. Cachée dans la forêt au-dessus de la baie de Saint-Tropez, c'était un endroit magique.
Hockney avait rencontré Richardson en 1966, lorsqu'il avait été invité à concevoir les décors pour "Ubu Roi" d'Alfred Jarry au Royal Court Theatre de Londres.
Un matin, Hockney a photographié le lever du soleil sur le petit port de Sainte-Maxime, dans la baie de Saint-Tropez, capturant ses bâtiments couleur chair et la Méditerranée qui clapote doucement sur la plage de gravier.
"J'ai pris une photo de la scène et j'ai été tellement impressionné que je l'ai peinte comme ça... C'est le seul tableau où je n'ai pas essayé de dominer la scène", a-t-il déclaré plus tard.

© David Hockney  > Black Tulips, 1980

©  David Hockney > Celia in an Armchair, 1980
 

Très belle photographie de Joni Mitchell & David Hockney !

Une galerie de Los Angeles a posté un instantané des  deux artistes, légendaires, de l'art et de la musique Joni Mitchell et David Hockney se tenant la main à l'exposition solo de Hockney 2019 (Louver Gallery à Venise) ces photographies ont engendré de nombreuses reproductions, aussi en papier mâché. Dans un article du Los Angeles Times écrit par David L. Ulin en 2019, une semaine après la première publication de l'image, il dit : "Il y a Hockney, coloré dans une veste bleue déstructurée, un cardigan vert citron et une cravate rayée rose et rouge, ressemblant à une figure d’un de ses propres tableaux. Mitchell porte un pull finement tricoté et tient une canne. Ils sont immédiatement reconnaissables... Mitchell et Hockney sont désormais très éloignés de leurs plus jeunes incarnations, les images d’artistes auxquelles nous pensons probablement lorsque nous entendons leurs noms... Qu’arrive-t-il à une icône lorsqu’elle vieillit ? C’est une question valable dans une ville où l’âge a longtemps été traité comme un anathème... Hockney est né à Bradford, en Angleterre, et est tombé amoureux de la Californie en regardant Laurel et Hardy à l'écran. "Je savais déjà quand j'étais enfant", a-t-il déclaré au New York Times en 2001, "qu'il faisait beau à Los Angeles parce que même si Laurel et Hardy portaient des pardessus, ils projetaient de longues ombres. Il n’y avait pas de longues ombres à Bradford. J'ai remarqué ça." Mitchell a grandi en Saskatchewan, au Canada; elle a contracté la polio à l'âge de 9 ans et a ensuite eu un enfant hors mariage. "Je n'aurais pas poursuivi la musique sans avoir eu des ennuis", a-t-elle déclaré. Dans un sens très réel, elle est rentrée « chez elle » à Los Angeles : « Oh California », a-t-elle chanté, « Je suis ta plus grande fan ». Chacun d’eux a atterri ici dans les années 1960 et a rapidement commencé à produire des œuvres qui définissent la Californie du Sud – d’hier et d’aujourd’hui. Pensez aux peintures de piscine de Hockney et aux albums de Mitchell « Ladies of the Canyon » ou « The Hissing of Summer Lawns ». Il semble que la confluence du lieu, du temps et du talent leur a permis de devenir ce qu’ils espéraient être à leur arrivée à Los Angeles...Et donc cela nous charme, nous choque même, de voir Hockney et Mitchell prendre de l'âge. Il a eu un accident vasculaire cérébral mineur en 2012 ; son audition est altérée depuis plus de 40 ans. Elle souffre de la maladie de Morgellons et, en 2015, un anévrisme cérébral l'a obligée à réapprendre à marcher... Hockney a 81 ans et Mitchell 75 ans. Ce sont des légendes, oui, mais des légendes qui miraculeusement, transcendent leur âge. Leur pouvoir de longévité découle, au moins en partie, de leur singularité. Ils ont toujours été des idoles décalées : trop vieillissantes, trop créatives pour être simplement des stars. Maintenant qu'ils sont plus vieux, ils sont plus profonds. Cela nous charme, nous choque même, de voir Hockney et Mitchell embrasser la vieillesse... La photographie évoque leurs excentricités et leur style caractéristique, de la casquette et des lunettes rondes de Hockey aux pommettes pointues et à la longue tresse de Mitchell.
Hockney et Mitchell en 2019 nous ouvre sur ce qui est possible, comme ils l'ont fait tout au long de leur vie créative, illustrant la grâce avec laquelle nous pourrions construire un continuum entre le présent et le passé. Même un endroit aussi résolument tourné vers l’avenir que Los Angeles ne peut nier le charisme de ces artistes ; il ne peut pas limiter ses icônes à la dernière vague. En d’autres termes, la jeunesse est importante, tout comme l’endurance. Mitchell et Hockney endurent.
La réponse à leur image sur les réseaux sociaux peut être un signe -  j'aimerais imaginer - que Los Angeles devienne de plus en plus vieillissant et créatif également. Cela ne pouvait pas arriver assez tôt. Le temps est passé pour la ville de mettre de côté son obsession pour le nouveau et brillant et de penser au-delà de l'attrait voluptueux de nouveauté. " Cette fabuleuse photo de deux vieux amis se tenant la main et étant eux-mêmes authentiques, est adorée des réseaux sociaux et semble elle aussi perdurer depuis 4 ans, depuis qu'elle a été prise !





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© David Hockney avec ses chiens, Stanley aet Boogie, photograpgié par Richard Schmidt
Au début au milieu des années 90, David Hockney a vécu tellement de pertes qu'il a ressenti le besoin pressant de renouer avec l'amour. Il a commencé à capturer ses deux teckels adorés, Stanley et Boodgie et, ce faisant, il a commencé à capturer l'amour. Hockney lui-même a décrit ce sentiment comme suit :
"Je pense qu'en janvier, je voulais désespérément peindre quelque chose d'amoureux. […] J'ai ressenti une telle perte d'amour que je voulais y faire face d'une manière ou d'une autre. J'ai réalisé que je peignais mes meilleurs amis, Stanley et Boodgie. Ils couchent avec moi ; Je suis toujours avec eux ici. Ils ne vont nulle part sans moi et je ne les quitte qu’occasionnellement. Ils sont comme des petites personnes pour moi. Le sujet n’était pas les chiens mais mon amour pour les petites créatures."
Peindre Stanley et Boodgie nécessitait une planification méticuleuse, Hockney avait installé des chevalets autour de sa maison et gardait toujours une palette séparée à portée de main, afin de capturer les chiens rapidement et dans leurs poses naturelles. Celles-ci n’ont jamais duré longtemps, car dit-il :
« les chiens ne s’intéressent généralement pas à l’art… La nourriture et l’amour dominent leur vie ».
L'exposition de 1995 et le livre qui a suivi, Dog Days, ont été un énorme succès, d'innombrables personnes sont venues nous rendre visite, amenant même leurs propres chiens pour voir les photos ! Cependant, aucun des tableaux n’était à vendre. "Ils sont trop intimes, trop personnels", a expliqué Hockney.


L'artiste en train de peindre les motifs de sa fameuse piscine
 

L'artiste en train de peindre les motifs de sa fameuse piscine.

Il est dit qu'un jour le peintre regarde par le hublot de son avion pour la Californie et voit des motifs lumineux dans le paysages, bleus, ce sont des piscines. Attiré comme une pie par ces éléments, il en fera un motif récurrent, dans son œuvre, tant dans ses motifs, ses décors, ses lieux de vie, son observation de ses amis plongeant dedans, l'abstraction de l’absence du plongeant la trace de l'énergie (A Bigger Splash, la fameuse peinture, peinte en 1967) jusqu'à en peindre des motifs eux-mêmes, comme des vermicelles bleus, avec un grand pinceau, une sorte de balaie, au fond d'une piscine.
Tout simplement ! Un excellent graphiste !

dimanche 20 août 2023

†αґ⊥αґü❡α✏ღ@ґḯηнα













Pinturas fotográficas © Sonia Marques

Tartarugas-marinhas são os primeiros répteis fluorescentes encontrados na natureza.

Hoje sou uma linda tartaruga que sonha, com o azul, com o ar, com o mar, com o céu, com as estrelas, com a água, em estar com minhas amigas as tartarugas marinhas, num mar azul, marítimo, em pinturas ultramarinas...

vendredi 11 août 2023

¢αятε ρøṧ☂αL℮

Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un jeune homme avec un masque, les cheveux libres et le t-shirt jaune s’accroupit vers moi, puis il tentait de m’attirer, il parlait doucement, je le reconnaissais. Je m'envolais vers ma tutrice installée sur son tapis magique avec son compagnon. Le jeune homme souhaita me suivre puis il posa une question à ma tutrice : "Vous la connaissez cette pie ?" Puis elle raconta mon histoire. Il lui dit : "Ravi d'avoir rencontré la maman pie". Puis il raconta notre histoire, lui et moi, nous nous connaissions un peu, il venait me voir et je communiquais avec lui. Je lui ai piqué l’œil, il a eu mal durant 15 jours. Il m'a dit que ce n'était pas grave mais qu'il a ainsi appris à se protéger. Je lui agrandissais le trou de son t-shirt pendant qu'il osa raconter cet accident à ma tutrice, elle fronça les sourcils, je sentais qu'elle était en colère après moi. Mes deux amies pies se sont mises à gazouiller et raconter un tas de trucs. Le jeune homme raconta un peu sa vie avec les animaux, comment il a récupéré un pigeon blessé, comment il a tant bien que mal redéposer une corneille tombée du nid, sur une branche près des parents, comment il a pris un tube pour emmener la souris de son appartement dans un bosquet dehors, comment milles aventures, il tentait de pousser un peu les êtres sans les brusquer pour leurs redonner un peu d'élan. Il était comme ces êtres qu'il observait dans la détresse. Sensible à ma petite vie de pie et l’accompagnement dont je bénéficiais, il racontait à ma tutrice à quel point j'étais une petite célébrité dans ces parages. À présent ils savent chacun, chacune un peu plus mon histoire, sur le tapis de ma tutrice, les langues se délient, la vie des uns et des unes et des autres arrive, seulement par l'expérience de l'autre, les êtres humains nomment cela l’altérité. La chose étrange et suspecte que je suis, pour les plus attentifs et sensibles, est un petit miracle dans leur quotidien et éveille leur âme d'enfant, de sauveur, de joueur, de joueuse. Je ne suis qu'un être qui virevolte d'un être humain à un autre à un arbre, à un mur, je plane entre toutes ces choses, obstacles de ma route, je fais un peu le tri. Celui là oui, celui là non. Parfois un homme en costume passe le midi et me montre du doigt et tente de m'attirer comme si j'étais un animal idiot. Je ne bouge pas, au sol, sur ce sable d'été, et je le regarde. D'un coup, devant les autres, il se trouve très con. Il se relève et repart comme s'il n'avait rien fait, ni de bruits incongrus, ni de gestes grotesques, il reprend sa marche, et moi, je marche comme si cet homme était bien un idiot. Et c’est ainsi que je fais rire mon monde. À l'heure du déjeuner, celles et ceux qui travaillent viennent avec leur barquette et grignotent, c'est le meilleur moment pour titiller l'âme humaine. L'autre jour j'ai vu mon copain le petit chien blanc, il est tout fou lorsqu'il me voit. Nous jouons devant les yeux ébahis des touristes qui s'arrêtent. Ils n'en croient pas leurs yeux. Je saute sur le chien, il se cache derrière les jambes, aboie, tourne autours de tous, je vole au dessus, je crie comme un petit dessin animé, je le provoque, je saute à travers des bassins d'eau, il ne peut me suivre, je le ferai presque tomber dans l'eau, puis je reviens, à 2 pattes et lui à 4 pattes, on courre partout, sa maîtresse est admirative, elle sait nos jeux, elle a emmené une petite caméra. Mes ailes me servent à sautiller à m'élancer très haut, je suis très expressif, comme une marionnette animée d'une folle envie de crier ma joie, je suis si sérieuse, avec mon bec, pourtant j'exprime une gaité monstrueuse et tapageuse. Je sais que ma tutrice s'inquiétait mais comment ne peut-on pas être entrainé par ma force communicative, les gens sont dans leur train-train, souvent assez tristement, ils marchent comme s'il allaient à l'échafaud. J'arrive comme un pépin, une pépite qui n'existe pas, ils doivent se pincer plusieurs fois, ils sont sidérés. J'ai mes humeurs. Je boude aussi. Mais depuis que j'ai mes copines les pies, je passe des journées extraordinaires. Il faut dire que ma tutrice y met du cœur à créer du lien et m’intégrer avec les autres. Une bonne ressource humaine. Un jour je suis arrivée en retard, et les 2 autres pies s'étaient déjà bien installées avec ma tutrice et elles lui parlaient, une, le mâle qui faisait très peur est devenu tout choubidou, il lui pique ses doigts de pieds, comme je faisais. Je suis jaloux comme tout ! Il me copie. Il tente de la séduire, il prend des morceaux de bois et les déplacent, lui qui ne faisait jamais cela. Il gazouille auprès d'elle, il secoue le tapis. C'est pas possible. Alors il est devenu de plus en plus proche. Nous sommes un groupe de 3 à 4 pies. ma tutrice souhaitait faire ce travail pour moi, mais voilà que c'est elle qui est intégrée au monde des pies. Mais ce n'est pas tout. Voici qu'un groupe de merlettes se met à la suivre, et se cache près d'elle, attentives toutes. Elles si craintives, elles viennent comme des amies. C'est un drôle de paysage. Nous disparaissons d'un coup s'il y  a des prédateurs, des êtres humains malintentionnés ou des bêtes agressives. Ainsi, seuls les délicats peuvent être témoins d'un spectacle paisible d'amitié entre elle et nous.
Un soir au crépuscule je m’appétais à dormir. Ma tutrice me cherchait et j'étais sur le sac ouvert d'une femme qui pleurait. Ma tutrice me demandait de partir, mais je lui disais de mieux regarder cette femme. Elle était de dos avec sa petite robe d'été, bronzée, menue mais elle se cachait le visage. Et elle avait plein de petits bagages, comme si toute sa vie tenait dans tous ces petits effets alignés. Moi je sautais carrément dans son sac. Ma tutrice lui demanda si elle avait besoin d'aide. Elle lui a dit qu'elle voulait juste se changer. Ma tutrice comprit qu'elle venait d'être mise dehors ou qu'elle s'était elle-même sauvée. C'était une femme assez sûre d'elle mais complètement à plat. "Vous avez besoin d'aide ?" Reposa ma tutrice. Elle se cachait le visage. Elle lui dit qu'il y avait un couvent qui accueillait les personnes, ou femmes esseulées. Elle lui dit qu'elle en venait, mais qu'ils étaient complets, mais qu'elle voulait juste se changer. Sa petite robe d'été rose, la nuit tombait, ma tutrice comprenait là, qu'elle devait s'habiller pour la nuit. Alors elle m'ordonna de sortir de son sac afin de la laisser loin des regards se changer. Elle avait du mal à me faire partir, je suis si curieuse, tout m'intéressait. Puis je décidais, que si cette femme était seule, cette nuit, je lui tiendrais compagnie. Je montais sur une branche au-dessus d'elle et j'attendrais. Je savais que ma tutrice ne partirait pas de suite. Afin d'apaiser, maintenir le lien. Elle aperçu un homme au loin, il titubait un peu et il avait une bouteille d'alcool. Il cherchait quelque chose. Ma tutrice comprit de suite. La femme était dans l'ombre d'un arbre, il repartit. Puis la nuit tombée, j'étais au-dessus d'elle, je veillais sur elle. L'homme revient, puis il aperçu ma tutrice, il cacha sa bouteille derrière le dos et alla trouver la femme, et lui proposa de la suivre, car sa voiture était garée plus loin mais devant ma tutrice il se montrait plus gracieux. Elle refusa, fermement, il repartit.
Cette nuit elle est restée là. Avec moi.
Il faisait doux, une nuit d'été.
Le lendemain plus rien.
Ma tutrice n'est pas venue, sachant que nous étions en communion.
Un autre jour se lève, tout est différent, les gens aussi. Ce ne sont jamais les mêmes.
L'été se terminera, je ne ressemble plus au petit d'avant, je suis de plus en plus fort, mes yeux bleus deviennent noirs, je suis un peu plus vorace, je me débrouille bien. Parfois ma tutrice est mélancolique. Elle me dit que lorsque l'on aime une personne, quand on tombe amoureux, on aimerait montrer à la personne que l'on aime des tas de paysages magnifiques que l'on a connu, ou que l'on aimerait voir, avec l'être aimé. Elle me dit que l'on ressent l'envie de montrer les plus belles choses à l'autre, que cet autre soit aussi heureux qu'elle ne le fut en découvrant milles merveilles. Elle me dit qu'elle sait que je ne pourrai jamais voir les paysages qu'elle connait. Mais qu'elle aimerait me voir dedans, voir mes réactions, sautillant et découvrant la mer, les vagues, le sable, les palmiers. Tout ce qui rend la vie mortelle, lorsque la beauté resplendit, les immensités des horizons lointains, les yeux désireux de ces vues des mondes inouïs, des bonheurs inégalés, tout devient ultime, le silence aspire l'incroyable et fait naître les plus profondes paix pour en révéler les plus hauts espoirs. Ces paysages où devenir naufragés c'est revenir d'où l'on vient, sans pouvoir deviner quels sont les fruits de tous ces arbres, les couchers de soleil et les nuits étoilées.
Je luis dis que je ne sais absolument pas de quoi elle parle, donc ce n'est pas grave. Cela ne me parle pas du tout. Chaque jour est un émerveillement pour moi. Alors elle me dit qu'elle pourrait me décrire les paysages, comme des cartes postales comme si elle aussi était en voyage. Je vois bien que c'est elle qui manque de vacances, mais elle m'assure que me côtoyer ce sont des vacances inoubliables. Bien mieux que des cartes postales. Et puis, elle a une idée. Elle s'en va travailler un peu. C'est une artiste, et elle revient me montrer ses paysages. Mais elle ne voulait pas qu'ils soient trop précis. Elle les représentait comme des rêves un peu flous, afin que je rêve aussi avec elle.
Elle m'offrait ses rêves de voyages, tels qu'elle les peignait.
Je ne voyais que des tâches colorées disposées de différentes manières. Pour moi, rien ne ressemble à la nature ni aux paysages que je vois ou tels que je les vis. Mais j'ai ainsi compris comment les êtres humains rêvaient et créaient des images.
La nuit je vois ses peintures.
Toutes ces couleurs.
Je vole dedans.


















Peintures © Sonia Marques



jeudi 8 juin 2023

Ḡiℓ☺⊥

Françoise Gilot avait 101 ans... Elle s’est éteinte à New York ce 6 juin 2023. Elle a vécu entre la Californie, Manhattan et Paris.
Des photos de son atelier ici. et ici., et ici.

Et quelques unes de ses peintures... Très belles créations.



Les tulipes (1991)
(Lithographie)

Elles me faisaient penser à mes dessins... de tulipes, du mois d'avril dernier !





Une autre lithographie de 1951 : Maternité



La chaise verte (huile sur toile) 1958



French window in blue, (huile sur toile) 1939

Qu'écrire ? Presque rien, quoique..
Tant de récits parcourent cette vie, elle fait partie d'un tout, une histoire, celle dont on regarde avec admiration, artiste, et lorsque l'on aime peindre et envisager la couleur... Ses compositions, ses dessins, ses peintures, "La chaise verte" est admirable, il y a là quelque chose de plus fin que ses inspirateurs, et mari... Avec Picasso, elle aura deux enfants, Paloma et Claude, éclipsée par son mari, elle le quitte pour vivre à Paris, il est violent et également avec ses enfants. Picasso n'avait alors pas l'habitude du "non" d'une femme. Elle a un troisième enfant, Aurélia, avec le peintre Luc Simon. Libérée de l'emprise de Picasso, elle publie Vivre avec Picasso, en 1964, traduit en 16 langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires. Elle décrit Picasso comme tyrannique, égoïste et cruel. Scandalisé qu’elle dévoile leur intimité dans un livre, il cherche à le faire interdire et arrête de voir ses enfants Claude et Paloma. Puis, Françoise Gilot refait sa vie en 1970 avec le biologiste Jonas Salk, qu’elle suit sur la côte ouest. Six ans plus tard, elle devient présidente du département des beaux-arts de la University of Southern California, jusqu’en 1983. Après la mort de son mari, elle retourne à Manhattan où elle s’installe dans un appartement/atelier situé dans le quartier chic de l’Upper West Side. Et comme on s'en doute bien, en France... sa reconnaissance tardive... arriverait presque à ses 101 ans, mais pas encore dans les livres d'histoire de l'art. Ha ! Quelle vie d'artiste les françaises ! Et encore, elle a vécu toute sa vie... ailleurs qu'en France...
Elle est née en 1921, et décide de suivre les pas de sa mère, une aquarelliste, à 7 ans, elle aime déjà peindre. À 13 ans, elle fait de l’appartement de sa grand-mère son tout premier atelier. Mais son père refuse que sa fille se dédie à une carrière de peintre : il lui impose de poursuivre des études de droits, et de freiner son activité picturale. Françoise Gilot poursuit discrètement sa formation artistique auprès du peintre surréaliste hongrois Endre Rozda (1913-1999). Un an après avoir débuté son cursus universitaire, elle se replonge à corps perdu dans la peinture, inspirée par les couleurs vives de Matisse et les motifs abstraits du groupe des Réalités nouvelles, dont elle sera plus tard membre. Ses efforts portent leurs fruits : en 1943, alors qu’elle est à peine âgée de 21 ans, une galerie parisienne expose ses toiles… et Pablo Picasso en personne fait le déplacement pour les observer. Convaincue de sa destinée, elle annonce quelques mois plus tard à ses parents qu’elle sera artiste, et qu’il n’en sera pas autrement. Alors que son père lui coupe les vivres, (il l’a battue, et a essayé de la faire interner dans un asile d’aliénés) Françoise Gilot ne remet pas en question sa décision et accepte de donner des cours d’équitation au bois de Boulogne pour vivre. Voici comment commence son aventura.... C'est elle qui surnomme Picasso "Le minotaure" il a 40 ans de plus.
Ainsi, à ses débuts, de leur rencontre, elle appréciait beaucoup le voir travailler, en particulier lorsqu'il s'est approché de la terre et des potiers. Annie Maïllis, amie et biographe de Françoise Gilot, à l’origine du documentaire La femme qui dit non diffusé par Arte, a résumé l’expérience de cette dernière comme celle d’une survivante. « Elle est la seule compagne de Picasso à l’avoir quitté, les autres sont devenues folles ou se sont suicidées. Elle, elle a sauvé sa peau et elle est partie », a-t-elle expliqué, en faisant notamment référence à Marie-Thérèse Walter et Jacqueline Roque. « Il était envahissant et dominateur. Je tenais à ma liberté que je venais de conquérir en quittant mes parents pour habiter chez ma grand-mère qui me laissait faire ce que je voulais. Je lui résistais. » Fille d’aquarelliste, Françoise Gilot a tenté de se protéger, en ne dévoilant que très peu de détails sur sa personne. « Il s’est toujours plaint de ne pas me connaître, mais c’était à dessein de ma part, dans le cas contraire, il en aurait profité pour me détruire » toujours dans le documentaire, il était « d’un côté dépressif, un aspect goyesque, un sens inné du drame et de la mort et très souvent de mauvaise humeur » , Picasso aurait été cruel « avec les gens qu’il aime ».  « Quand Picasso a passé le cap des 70 ans, ma jeunesse lui devenait insupportable. Il était agressif et désagréable », s’est souvenue l’artiste. De son côté, elle n’était déjà plus la même. « Moi, j’avais changé aussi. Je n’étais plus la discrète conciliante que j’étais autrefois. Mon brio s’affirmait. J’avais repris la peinture, timidement, en optant pour un minimalisme à l’opposé de son style, puis, à partir de 1951, en y mettant de plus en plus de couleur. »

De plus en plus de couleur... Merci pour nous tous et toutes !
Alors écrire un peu plus sur les inscriptions des guerres qui jalonnent ces vécus d'artistes. Je vois un appel d'air dans les peintures de Gilot.

Le photographe Robert Capa (1913-1954), reporter de guerre, qui a émigré en France fuyant le nazisme en 1933 (d'origine hongroise, né Endre Ernő Friedmann), avait couvert, en pleine guerre d’Espagne, l’exode massif des réfugiés espagnols en 1939 vers la France. Il réalise cette photographie mythique du couple :  Picasso et sa femme, Françoise Gilot, Antibes, vers 1948.
Lors de la conquête du pays Basque par les troupes du général Franco, jusqu’en 1939 après la chute de Barcelone qui sonne le glas de trois années de guerre civile, en quinze jours, un exode sans précédent voit un demi million de personnes – 200 000 combattants républicains et 300 000 civils – franchir dans des conditions terribles la frontière des Pyrénées où rien n’est prévu pour les accueillir. Les soldats sont désarmés, internés dans des camps de fortune sur les plages d’Argelès, du Barcarès, de Saint-Cyprien, puis à Gurs dans la montagne Pyrénéenne. Les femmes et les enfants sont répartis dans des centres d’hébergements improvisés à travers toute la France.
Dans cette fresque historique entre les pays, tumultueuse, de guerres, c'est en 1953 que Françoise Gilot quitte Picasso. Ils vivent dans un milieu très privilégié, mais le quitter va la laisser aussi sans ressources, durant les dix années suivantes. Malgré cette photo idyllique du couple en 1948, quoique très symbolique, et d'après guerre, Picasso se vengera en empêchant Françoise de poursuivre une carrière de peintre. Il interdit purement et simplement aux galeries parisiennes d'exposer ses œuvres, faute de quoi elles ne pourraient plus jamais présenter une de ses œuvres à lui, un chantage diabolique auquel se plient les galeristes. Une dizaine d'années plus tard, après Picasso lui fait la guerre par rumeurs nauséabondes, et pour la détruire. Pour subvenir à ses besoins, Françoise publie, en 1964, le livre Vivre avec Picasso. L’ouvrage a été décrit comme le « portrait de Picasso le plus intime et le plus révélateur que l'on ait écrit ».
Fin 1944, Pablo Picasso a rejoint le parti communiste, il a sa carte au parti, l'année 1964 de la publication du livre de Françoise Gilot est aussi l'ostracisation de la peintre dans le monde communiste des arts et des lettres, à un tel point, qu'une pétition les réunissant tous est publiée contre cette peintre. Picasso parvient à monter contre elle, ses meilleurs amis, avec qui elle a travaillé, dont elle découvre par surprise leurs noms qui figurent sur la publication de la pétition. Toute sa carrière en France se termine à ce moment. Elle ne le savait pas mais c'est le prix que paye cette peintre libre pour son émancipation, de femme et d'artiste : aucune rétrospective ne lui a été consacrée en France. Elle a bravé le dictateur Picasso, qu'elle définissait comme "Barbe bleue", celui qui dispose ses proies dans des chambres mortuaires, en leur réservant, chacune une torture psychologique et cruelle, un traitement aux fins destructives, après la possession. Obsessionnel, il imposait 24h sur 24h sa présence, il ne lui laissait jamais un moment à elle, elle ne pouvait jamais partir en vacances seule, ni jamais se retrouver. Picasso avait besoin de quelqu'un en permanence avec lui, à ses côtés. Lorsqu'ils vivaient ensemble, ils travaillent ensemble, ils peignaient dans le même atelier, jusqu'à ce qu'il l'étouffe. Il recevait beaucoup de monde, comme un roi soleil, majoritairement des courtisans, des mondanités pesantes. Elle profitait des matins pour peindre, et s'occuper en même temps de ses deux enfants, car il démarrait ses journées à 11H30 pour recevoir du monde. Le dessin qu'elle a réalisé nommé "Adam forçant Eve à manger la pomme", représente Picasso et elle, et sa version d'Adam et Eve, selon elle, c'est Adam qui a forçé Eve à manger la pomme, et non pas Eve qui fut celle par qui le péché arrive. Le dessin est direct au trait et digne d'une campagne d'affiches féministes actuelles contre les violences conjugales, mais réalisé en 1946...
Tandis que Picasso fut l'adhérent le plus brillant d'une campagne nationale de recrutement du PCF, ce qui lui redonnait une légalité qu'il avait perdu sous Franco. Devenu militant (dans le documentaire, on voit Simone Signoret et tant d'autres dont il s'entoure) il fut accueilli avec les honneurs. Même si Picasso considérait le dirigeant du parti communiste alors, Maurice Thorez  n'ayant aucune culture artistique, des communistes allaient jusqu'à déclarer qu'ils autorisaient les "peintres communistes à peindre comme Picasso". Dans l'histoire de ce parti, et dans les sphères artistiques, il a toujours existé cette image figée de Picasso, d'un art de peindre affilié au communisme, même s'il fut taxé d'opportuniste aussi pour son adhésion, dont il avait besoin pour alimenter son réseau et ses expositions. Pour beaucoup, sans culture, mettre en avant le nom de Picasso, c'était l'assurance, et cela est resté ainsi, de ne pas se tromper en matière d'art et de fidélité au parti. Les temps changent, aujourd'hui, Picasso est perçu comme un homme dangereux, une typologie à fuir, souvent copieur d'autres artistes, le génie artistique a été égratigné, aussi par la découverte d'autres artistes qui n'étaient pas autant valorisés, ou inconnus, du monde entier, aux talents minorés. Ainsi a-t-il trouvé Françoise Gilot, et comme il le disait pour sa création : Je ne cherche pas, je trouve.
On comprend pourquoi, d'autre part, un nombre considérable d'artistes, pas seulement des peintres, ont toujours été exclu de toute exposition ou manifestation, dans les villes dirigées par des communistes. Hélas, on comprend aussi pourquoi, la peintre Françoise Gilot n'a jamais été exposée en France, on peut penser également à plusieurs autres femmes artistes. À la fin du documentaire, Françoise Gilot, en 2019, a une rétrospective à New York, des années 1950 à nos jours nommée "Red". La peintre est touchante vêtue de rouge, elle a 98 ans, on lui demande si elle veut retourner un jour en France, elle fait la moue, ne le souhaite pas. Pourtant on lui dit "C'est ton moment, la France parle enfin de ton travail, tout est oublié de cette période où les français ne t'aimaient pas..." C'est assez terrifiant, aussi car n'est pas posée la question, si elle considère que les français ont changé, quoique sa réponse est sans appel : ils n'ont pas changé, et l'art non plus, en tous cas, l'évolution n'a pas eu lieu, ni la révolution donc. Les américains ont accompagné son illustre carrière et, comme d'autres artistes, ont pu laisser s'épanouir une œuvre entière, sans ostracisation politique. Cataloguée femme qui a dit "Non" aux violences conjugales, liées à celles artistiques, dans son histoire.
La destinée de la femme suivante de Picasso, est aussi tragique, Jacqueline Roque, elle a 28 ans il en a 72, une histoire où elle finira veuve en dépression et se suicidera. Bref, la saga Picasso a fait écrire des romans, des réalisation de documentaires, des procédures en cascades, des héritages et des déshéritages en pagaille, des conflits permanents comme Guernica, son tableau le plus connu au monde entier, du nom de cette ville martyr espagnole, dont les bombes incendiaires en 1937 des nazis ont détruit cette cité basque. Le massacre perpétré en soutien au général Franco pendant la guerre civile espagnole a fait plus d’un millier de morts, le bilan ne sera jamais établi. Tableau de guerre donc, mais dans l'intimité du peintre, chaque animal, selon Françoise Gilot, dans le documentaire, représentait une de ses femmes, avec laquelle, il avait des démêlés, lui toujours représenté comme le taureau viril, et les autres femmes, chacune avec son étiquetage qu'il avait élaboré durant leur vie commune, toutes en train de mourir ou se débattre. Son symbole à elle était celui de la cavalière, ou du cheval, un animal qu'il détestait. Elle est revenue lors d'une corrida, un an après leur rupture, à cheval, dans l’arène. Comme chaque apparition est une scène théâtrale, celle-ci sera la dernière de leur entrevue. La femme suivante ne parviendra jamais à effacer la cavalière partie comme une amazone, libérée, dont Picasso pensait que c'était la seule à lui avoir échappé, à s'être évadée... à cheval. Malgré cette image de rebelle qui sied bien aux féministes, l'envers du décor demeure ces années, où elle fut soumise, et invisibilisée, elle fut son interlocuteur et interprète, son gestionnaire de fonds, son modèle, et était conduite à copier ses œuvres. Durant les 10 années de vie commune, c'est aussi celle qui lui a donné 2 enfants, et 10 années, ce sont bien des années dédiées à s'occuper de leurs enfants, les jours entiers. Elle trouvait des stratagèmes pour miner de ne pas savoir bien cuisiner. Tandis que des écrivains poètes, sociologues entouraient Picasso pour écrire sur l'idée de la cuisine comme une attitude érotique de sa vie, ils écrivaient de longues tirades fantasmées de ce que pouvaient vivre une femme vivant avec Picasso, sans jamais décrire ni voir la réalité : pour ces femmes, Picasso était une prison. Claude-Lévi Strauss, en faisant un clin d’œil à Picasso, écrivait que le-faire-la-cuisine est assimilé à faire-l'amour. «Les pierres de l'âtre sont les fesses, la marmite le vagin et la cuillère à pot, le pénis», ce grand ethnologue (1908-2009) dans Le cru et le cuit (1964), avait là occulté la violence avec laquelle Picasso... ne s'intéressait ni à la cuisine, ni aux femmes, in fine, il avait d'ailleurs un régime strict et ne s'intéressait pas à l'art culinaire, il voyait la cuisine comme une boucherie, une corrida. Des peintures de “cuisines“, Picasso en a fait seulement deux, dénotera Françoise Gilot, en 1949, "une complètement blanche avec uniquement des lignes et une autre où il y a du blanc-gris-noir. Il n’en a pas fait d’autres", tandis que c’est devenu un sujet pour Françoise Gilot, entre 1951 et 1952. Elle dira : "Je ne faisais pas la cuisine, mais j’ai peint la cuisine comme si j’étais dans une prison. " On considérait alors que la femme était la personne qui s’occupait des choses de tous les jours et elle dira que "Lorsque Pablo a fait sa “cuisine“, c’était uniquement un problème plastique de lignes et de rythmique. Il n’y avait pas mis de substrat humain.” Quand ils déménageaient, c’est elle qui chargeait et déballait la voiture. On se demande en 10 ans, comment a-t-elle trouvé le temps de peindre. Elle a caché les marques de violence sur son visage, en particulier une cicatrice. Elle dira lorsqu'elle quittera la France, qu'elle ne sera plus conciliante. Ainsi, du côté français, n'avons-nous que cette période romancée par la vie de Picasso durant leur vie commune, tandis que la vie artistique de Françoise Gilot centenaire a duré jusqu'à son dernier souffle, malgré ses problèmes cardiaques.

Picasso désignait sa compagne Françoise Gilot, sous le symbole de la paix. Les peintures de Gilot sont élégantes, sa rencontre avec Matisse (dont Picasso était jaloux) a apporté, dans son cheminement, une évolution salutaire, et, une longévité exceptionnelle. Il est bien triste qu'en France, nous n'ayons pas bénéficié d'une rétrospective de son vivant, comme beaucoup d'artistes françaises... Je suis étonnée de la proximité graphique, avec d'autres artistes, comme l'artiste Judith Lanaud, qui nous a quitté à ses 100 années, pionnière du mouvement moderniste brésilien. Dans de même périodes et longévité, la couleur et l'abstraction, depuis la figuration, sont des recherches picturales assez riches, si j'avais cette possibilité, je réaliserai le commissariat de ces deux artistes peintres, peut-être n'ont-elles jamais dialogué ensemble, mais certainement qu'elles ont vu leurs œuvres respectives. Il serait bienvenue qu'un jour, en France, on ne dispose plus les femmes artistes comme des victimes ou des femmes de, mais que des chercheurs s'intéressent vraiment à l'histoire de leur vie à travers leurs œuvres et leurs décisions, leurs idées, sans qu'elles ne soient non plus dépendantes de régimes politiques, bétonnées comme étendard.
Oui donc, la femme qui dit oui, oui à quoi ?




Les yeux bleus
(1956) de Françoise Gilot

vendredi 12 mai 2023

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Peintures © Sonia Marques

lundi 10 avril 2023

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Noli me tangere
Giotto (1304-06)
Fresque, 200 × 185 cm
Chapelle Scrovegni, Padoue
J'ai découvert Giotto lorsque j'avais une quinzaine d'années, notre enseignante d'histoire de l'art, nous projetait de grandes diapositives, sur un écran blanc qui se tirait, et parfois elle prenait le projecteur dans ses mains, sautait sur une estrade, avec ses bottes à talons, et projetait les tableaux sur le mur à notre gauche, afin que nous puissions voir de plus près les détails. Elle s'exclamait, heureuse, d'avoir trouvé une forme nouvelle de monstration. Nous étions loin encore de Nan Goldin et son procédé photographique avec ses diapositives exposées dans des galeries ("d'art contemporain"), et pourtant, l'enseignante alliait la pratique à l'esthétique, dans le même saut, passionnée de peinture italienne (je pense qu'elle était d'origine italienne) Et bien mieux encore, il y avait l'histoire et aucune récupération.
Nous étions dans un petit amphithéâtre, en bois, une salle très belle. Nous avions le devoir, avec ses photocopies en noir et blanc, chez nous, de peaufiner la construction des différents tableaux étudiés, et, avec un calque par-dessus, de tirer des lignes, selon des questions précises, pour mesurer les directions des regards ou les perspectives. Je préparais, avec mes camarades un brevet de technicien, dessinateur maquettiste, l'ancêtre du graphisme (ou du design graphique). Nous étions destinés à réaliser des documents d’exécution d'une précision au compte-fil (loupe à fort grossissement munie d'un support, qui en assure la distance optimale à ce qui est examiné, et d'une échelle de mesure) et au scalpel (bistouri, un instrument utilisé en chirurgie pour faire des incisions, mais aussi dans le graphisme pour couper et gratter de façon très précise), avec des encres de Chine, ou des calques superposés, afin de les envoyer à l'imprimerie. Le numérique et la dématérialisation, ont complètement rendu caduques ces procédés, par contre mon acuité visuelle, et celle de mes camarades, s'est affinée, et nous avions développé une maniaquerie dans l'analyse des images et des graphismes. Nous étions évalués sur l’exécution et la précision de nos tracés, puis, dans ma vie professionnelle, j'ai pu préparer des documents pour les imprimeurs, soit en tant que graphiste, soit en tant que directrice artistique, cheffe de projet, ou artiste, puis en documentaliste... ou en soigneuse d'animaux, ou d'humains, ou... de meubles ! J'ai gardé cette expérience, dans tous les domaines de création, mais aussi dans ma vie quotidienne, et j'ai aidé beaucoup de jeunes gens et d'adultes afin de préparer des documents, des images, des fichiers, de grands tracés. Notre pays ne sait plus recruter des compétences, tout simplement car il n’en cherche plus, il est à l’arrêt et ne se consacre qu’à la politique et l’enseignement des modes de gouvernance. Tout individu pense gouverner l’autre, à titre individuel et lunatique, le plus court chemin se trouve pavé de malédictions, les bonnes consciences s’achètent et le bon sens se perd en route. Déroutes, les Magdas et Maries Madeleines veillent, disciplinées, sur les chemins plus longs, de traverses.
L’intérêt, en histoire de l'art, n'était pas de simuler des lignes, inventer des constructions, mais de mieux observer une image, étudier l'histoire, les évènements, ici, l'histoire aussi sacrée, trois jours après la crucifixion, Marie-Madeleine (Marie de Magdala), disciple de Jésus, se rendait à son tombeau afin de se recueillir, et constatait, que le corps de Jésus avait disparu, le tombeau était vide. C'est juste avant le moment de cette peinture. L'épisode biblique, qui se nomme "Noli me tangere", ce qui veut dire "ne me retient pas".
Dans la tradition chrétienne  : Le dimanche de Pâques, trois jours après la crucifixion, Marie de Magdala se penche sur le tombeau du Christ et s’aperçoit que le corps de Jésus a disparu, le tombeau est vide. A sa place, se trouvent deux anges vêtus de blanc qui lui demandent : « Femme, pourquoi pleures-tu ? ». Marie-Madeleine répond : « Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. » A ce moment, Marie-Madeleine se retourne et voit un homme qu’elle prend pour un jardinier car il a une bêche sur l’épaule. L’homme dit : « Marie ! » et elle répond : « Maître ! ». Alors Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va trouver mes frères et dis-leurs : "Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu". » (Évangile selon saint Jean, chapitre 20, versets 11 à 18)
Sur la fresque peinte par Giotto, deux anges sont assis sur le tombeau du Christ ouvert. Il vient de ressusciter. A droite, Marie-Madeleine à genoux implore le Christ, mais celui-ci l’arrête d’un geste de la main en prononçant les paroles : « Noli me tangere ». Un paysage rocheux avec quelques éléments de végétation constitue l’arrière-plan. Le ciel d’un bleu profond représente la moitié de la surface sur la fresque de Padoue (1304). La tête des personnages sacrés est entourée d’un nimbe, disque de lumière permettant de les distinguer des humains. Les soldats qui dorment au premier plan, n'ont rien vus, ce sont des ignorants, ils  contrastent avec Marie de Magdala.

Bien plus tard, lorsque j'ai étudié à l'école supérieure des arts de École Duperré, rue Dupetit-Thouars à Paris, un enseignant et peintre, revenait à Giotto, lorsque nous étions au niveau du diplôme supérieure (niveau Master) Car je travaillais sur les gestes et les mains. Il nous montrait des reproductions de ce peintre, et, nous avait ramené des catalogues, de gros plans, et nous demandait d'être plus attentif à tous les gestes des mains, que ce peintre avait représentés, dans ses peintures ou fresques, la douceur et la présence de ceux-ci. Autre regard, autre manière de voir. Giotto fut l'un des premiers à traiter la scène "Noli me tangere".
Giotto di Bondone ou Ambrogiotto di Bondone, dit Giotto, né en 1266 ou 1267 à Vespignano ou Romignano et mort le 8 janvier 1337 à Florence. Peintre, sculpteur et architecte florentin du Trecento, dont les œuvres sont à l'origine du renouveau de la peinture occidentale. L'influence de sa peinture va provoquer le vaste mouvement général de la Renaissance à partir du siècle suivant.

Il est évident que nos enseignants nous influencent, pour peu que l'on se souvienne de leurs cours. Cette femme et cet homme, ne se connaissaient pas, plusieurs années séparent mes études, du lycée, jusqu'aux études supérieures, pourtant, qu'il s'agisse d'études classiques en histoire de l'art, ou plus tard, dans la mode et le design, nous revenions à quelques éléments de lecture, sensibles et picturaux. Plusieurs œuvres représentent la passion du Christ dans l'histoire de l'art, la célébration la plus importante pour les chrétiens catholiques. Pour cette raison, au cours des siècles, elle a été immortalisée par les artistes sous toutes les formes. Suivre les traces laissées par les peintres à travers Pâques dans l’art, provoquent des surprises. De mon côté je revisite, ce que j'ai appris, plus jeune, et "la passion", puisqu'il en est une, de ces enseignants, n'hésitant pas à créer des fresques avec un lecteur de diapositive, ou remplir sa sacoche de catalogues, pour feuilleter des images et nous suggérer de les commenter, de s'en imprégner, les observer aussi, dans notre quotidien, tous les gestes de nos proches. Dans le milieu hospitalier, lorsque je me suis trouvée rejoindre des proches, lorsqu'ils dormaient, j'étais devant des peintures de la renaissance, la guérison, la paix, le chemin parcouru vers le soin de soi, le recueillement, toutes ces formes intérieures à travers les gestes posés, me faisait être témoin de peintures italiennes, de similitudes, avec ces attentions, au bord des doutes, des bruits électroniques, des battement du cœur, et des auras d'espoirs dans des chambres sommaires, dans un dénuement salutaire.

Sous chaque jardinier, chaque jardinière... se cache un Jésus ressuscité...

mercredi 29 mars 2023

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Cardinal Albrecht of Brandenburg as Saint Jerome (1526)
Peinture
Artiste : Lucas Cranach the Elder (1472–1553)
Dimensions (hauteur) 114.9 cm


St. Jerome in His Study (1514)
Artiste: Albrecht Dürer
(1471-1528)
Engraving in black on ivory laid paper
Dimensions : 24.4 × 18.6 cm
Avec bonheur, je retrouvais une candidature perdue, comme tant d'autres, avec un beau projet, jamais vu, jamais lu, de personne. Lorsque cela se produit, j'imagine que le destin me dispose en présence d'un projet fabuleux, qui ne doit pas être mis dans les mains du quidam, et, qu'ainsi, il reste préservé.
Secret.
En le lisant, il est resté intacte, non décelé, à présent qu'une dizaine d'années me sépare de lui, référencé et absolument inédit, ces peintures et gravures flottaient dans mon dossier.
Et des notions philosophiques :

Les Anciens ont compris le privé comme privation (de la participation au domaine commun) mais la sphère privée n’est pas pour autant disqualifiée, elle permet d’avoir une place pour soi dans le monde. En ce sens, l’habitat doit assurer une véritable dialectique : permettre une occupation active et commune du monde et garantir les conditions du retrait, aussi nécessaire à la pluralité que le monde commun lui-même.

et :

Certaines choses, tout simplement pour exister, ont besoin d’être cachées tandis que d’autres ont besoin d’être étalées en public.

À la lecture des destinataires ou de la constitution des membres du jury, avec la distance, je m'aperçois que personne n'était prêt ni préparé à un tel projet, et surtout, venant d'une telle auteure, d'un tel parcours, d'une telle planète ou soubassement intellectuel inexploré. Tout comme les abandonware, les logiciels abandonnés, il existe une fange singulière de la société, à la recherche de ces vaisseaux fantômes, inutilisés, ou bien abandonnés, collectionneurs ou artistes érudits, les seuls "à savoir". Tout en sachant, sans pouvoir le partager, qu'à celles et ceux qui savent.

Tous ces soubassements permettent de surélever toute battisse, qui prétend bien fonder son esprit, pensais-je... à bas bruits.

Hé haut, hop !

On se rassure comme on peut, et, comme on veut aussi, puisque pouvoir et vouloir sont deux verbes disparaissant pour cette même fange de la société, abandonnée.
Pouvoir et vouloir sont devenus des verbes encartés, pour celles et ceux et cieux et ciel (hélas pour les cieux et le ciel qui tentent de ne point être pris à leur tour) qui s'étalent en public... Ces jours-ci.

 


mercredi 15 mars 2023

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Photographies © Sonia Marques

Je m'endormais sur la vue du château...

A história mais conhecida de S. Jorge tem a ver com a morte de um dragão terrível que existia em Silene, na Líbia. Para acalmar a fúria do dragão, os habitantes ofereciam ao monstro duas ovelhas por dia. A certa altura, o dragão tornou-se mais exigente e reclamou um sacrifício humano. A escolha aleatória recaiu sobre a filha única do rei da Líbia. Nesse momento trágico, S. Jorge apareceu, oferecendo-se para lutar com o dragão e libertar a cidade daquele terrível jugo. Montou o seu cavalo e com uma lança feriu o dragão. Trazendo-o preso para a cidade, matou-o perante todos os habitantes, depois de exigir em troca a sua conversão ao cristianismo.
Existe outra versão da lenda, reclamada pelos habitantes de S. Jorge, perto de Aljubarrota, que conta que S. Jorge era um oficial romano que estava aquartelado naquela região. Tinha por costume mandar os seus soldados dar de beber aos cavalos na "Fonte dos Vales", no ribeiro da mata. Porém, no momento em que os cavalos bebiam, por vezes surgia da fonte um dragão que os devorava. Os soldados, com medo de serem também mortos, recusavam-se a lá voltar. Para acabar com este martírio, S. Jorge dirigiu-se à fonte, deu de beber ao seu cavalo e quando o dragão surgiu, matou-o com a sua lança.


+

São Jorge também é venerado em diversas religiões afro-brasileiras, como a Umbanda, onde é sincretizado na forma de Ogum. Todavia, a ligação de São Jorge com a Lua é algo puramente brasileiro, com forte influência da cultura africana, e em nada relacionado com o santo europeu. Em estados como Pernambuco, Rio Grande do Sul e Rio de Janeiro, o santo foi sincretizado a Ogum, enquanto na Bahia, sincretizado a Oxóssi. A tradição diz que as manchas apresentadas pela Lua representam o milagroso santo, seu cavalo e sua espada pronto para defender aqueles que buscam sua ajuda.

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Desde os tempos do czar Yaroslav – o Sábio, o povo russo venera São Jorge. Ele é o santo padroeiro dos príncipes, e sua imagem aparece no brasão e na moeda de Moscou. Ele representa um guerreiro valente, defensor das terras russas, protetor do camponeses. Muitas casas têm imagens do cavaleiro Jorge matando um dragão com sua lança; é a vitória do bem e da fé sobre as forças do mal.




São Jorge, 1911, óleo sobre tela, 107 x 95 cm, Wassily Kandinsky, Russian Museum, São Petersburgo.

Les tableaux de Raphaël sur ce sujet, l'un est visible au Louvre, avec le cheval blanc (réalisée vers 1500) représentent cette victoire, il y a aussi des illustrations éthiopiennes puisque c'est aussi un mythe bien représenté. Mais celui de Kandinsky de 1911, ce tableau, est assez étonnant, un petit bijou pour celui qui écrivait sur le spirituel, dans l'art. Je me demande s'il est encore en Russie ce tableau. La Révolution russe avait chassé l’artiste de sa terre natale en lui spoliant ses biens. Un an après ce départ, la toute nouvelle URSS interdisait les arts abstraits jugés « dégénérés ». Kandinsky en avance sur ce temps maudit, avait déjà ouvert la porte à l'abstraction. Loin du désordre russe, il s'installe en Allemagne il découvre les joies de la géométrie. Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, ses capricieuses formes. Mais rattrapé par la politique, encore, de l’Allemagne des années 1933, avec le nazisme, il fuie de nouveau, et s'exile, et s’installe à Neuilly. Peu avant sa mort, il change sa deuxième nationalité, l’allemande, contre une troisième, française.

Enfin, je m'endormais sur le château, dont la vue m'emmenait loin de ce patronyme évident, de ce saint qui tua le dragon.

Cafou le cheval blanc si petit, et moi, étions si heureux de penser à tout cela, tout en sachant que personne ne le pensait à notre place, ni le dragon, ni la politique, ni les dévots.
Mais il est vraiment trop petit pour être un cheval, il faut reconnaître que l'imagination transforme un peu toute sainteté en ânerie, l'humain s'il ne l'oublie pas sous les diktats, est doué de ces doux ânes et rêves, afin d'envoyer dans ses nuages chausse-trapes, ce qui convient, et vénérer ses saints quand cela lui convient. À sa convenance donc.
Petit souvenir joyeux et fugace d'un serveur noir qui paraphrasait ses allocutions de : À votre convenance. Un sportif de haut niveau préparant les jeux olympiques aux croissants et escargots, autours d'un café.
De l'art et du muscle, du blanc et du noir, pour éviter de finir rouge, cramé par le torticolis des jours sans fin, ni queue ni tête, ni filet de sauvetage, pour les artistes funambules, toutes celles et ceux perçus rapidement comme des bidons.

Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, nos capricieuses formes...


mercredi 1 mars 2023

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Portrait de jeune femme, atelier de Sandro Botticelli, début des années 1480.

Quoi de plus beau, que cette joie douce de pouvoir se plonger de nouveau, dans les œuvres de la Renaissance italienne, de l'histoire de l'art.
Sandro Botticelli, peintre italien m'a beaucoup inspiré pour certaines de mes réalisations sur tissus, ou mes dessins.
Il serait né un 1er mars (1445)
Quoi de plus beau, qu'imaginer voir ce printemps, celui d'ici, et ceux de Simonetta Vespucci, sa muse, qui incarnait chez les florentins l'idéal féminin, décédée probablement de la tuberculose.
Elle est l'une des trois grâces de l’œuvre de Boticelli, Le printemps, une peinture mythologique et allégorique fabuleuse, à la tempera sur bois (technique spécifique)
Ce jardin représenté néo-platonique, reste, une image féérique, incrustée dans ma mémoire lorsque je l'étudiais grâce à l'enseignante en histoire de l'art, au Lycée d'art graphiques parisien, excellente dans sa manière d'aborder les œuvres picturales.

Le printemps, nous offre à loisir, des possibles, de remonter la pente des oublis littéraires et artistiques, tant il ramifie, ceux de la poésie antique.

Mais, au delà de sa richesse, Primavera, le printemps est là !

mardi 24 janvier 2023

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Autoportrait : Dans la peau des lapins d'eau

(Peintures © Sonia Marques)

jeudi 19 janvier 2023

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Peinture © Sonia Marques

Lapeau

Dans le zodiaque chinois, voici l'année, 2023, du Lapin d'Eau. Bonne année !

mercredi 18 janvier 2023

Ḻα Vαℊüℯ


Peintures (extrait) © Sonia Marques

mardi 17 janvier 2023

ḉαґ℘iηḉнø﹩ яℯ√øłυḉióη




Carpinchos Revolución (Peintures © Sonia Marques)

JṲÐℑ†♓



© Judith Lauand (Mulher fumando (Abraço) 1969 – // Divulgação


© Judith Lauand (Sem Titulo) 1967


© Judith Lauand (Amo-te). Serigrafia



© Judith Lauand (Geométrico)1987


© Judith Lauand (Guache sobre Cartão)





Judith Lauand, a brasileira que fez história na Arte Concreta,
nascida em Pontal, interior de São Paulo, próximo a Ribeirão Preto, Judith começou a carreira na Escola de Belas Artes de Araraquara. Criativa e experimental, ela logo se envolveu com o abstracionismo... O traço concreto de Judith Lauand carrega uma aura sensível, suas composições do início da carreira, nos anos 1950, têm influência de Paul Klee, mestre que Lauand teve contato na segunda edição da Bienal Internacional de Arte de São Paulo, quando foi monitora na mostra.

Leia mais em: https://rciararaquara.com.br/destaques/morre-aos-100-anos-judith-lauand-formada-pela-escola-de-belas-artes-de-araraquara/

e : https://veja.abril.com.br/cultura/quem-foi-judith-lauand-a-brasileira-que-fez-historia-na-arte-concreta/



jeudi 12 janvier 2023

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KIS (Peintures © Sonia Marques)

Les "KIS" sont des petites peintures, prononcées "QUICHES". Mais elle sont très très grandes aussi.
Faites de tâches lumineuses, parfois des fantômes de clowns, sortes d'artefacts qui apparaissent, tels des petits visages qui disparaissent aussi, dont la l'expression est d'apporter chacun une idée lumineuse dans la nuit.
Ce sont les traces de personnages qui vivent dans un autre monde, avec quelque chose à révéler.
Les nuances de couleurs sont devenues des palettes de peintures en mouvement, j'ai tout d'abord déposé les couleurs que je souhaitais voir ensemble se juxtaposer. J'aime assez imaginer que ce ne sont que des étincelles, comme si des têtes d'allumettes se frottaient et des flammes de couleurs surgissaient, mais toujours imperméables, se repoussant, tel l'huile et l'eau, non miscibles. Voir vibrer la couleur, et faire danser les visages. S'éclairer à la bougie est une expérience qui donne du charme aux ombres, et si les ombres sont des couleurs, et la lumière d'autres couleurs, les contrastes sont imprévus et bougent un peu, surgissent du fond, tout est opaque et luminescent.

mercredi 11 janvier 2023

αℓḯḉ℮ à ℓ@ ᾔ℮i❡℮

Alice à la neige

Peinture murale (1970) dessinée sur toile (H. 300, L. 470)

© Roland Topor

En ce moment une exposition "Surréalice" se déroule au Musée d'art moderne et contemporain de Strasbourg, où l'on peut voir une œuvre de Roland Topor, Alice à la neige.

C'est une peinture murale sur toile peinte en 1970 pour le cinéma de la station d'hiver de Flaine, en Haute-Savoie, qui revisite le récit de Carroll en chaussant ses personnages de skis, dans des positions maladroites.
Tandis qu'Alice ne voit rien de la scène, avec son bandeau sur les yeux, une grosse reine couronnée, chaussée, d'une paire de skis, la tête en l'air, ne mesure pas, non plus, les autres individus et animaux chaussés d'une paire de skis, et donc glisse à la catastrophe, toute occupée à regarder un personnage dans le ciel, qui n'est plus sur terre. Ce personnage monté au ciel, regarde la scène en planant, ou semble avoir aussi chuté auparavant, ou bien, s'est-il extrait de la scène, pour ne point en pâtir et regarder, de haut, les péripéties des autres. Peut-être que ce personnage se moque de la reine un peu godiche, il y a d'ailleurs un petit lutin zélé derrière elle qui s’enfuie en vitesse, ou bien tente-t-il, ce skieur planeur, ou cette skieuse qui vole, de guider la reine, pion de l'échiquier, le plus important, celui qui a le plus de valeur. On ne peut guère rebondir, lors d'une partie d'échecs, si l'on perd sa reine au début de la partie. Ainsi, lorsque la reine disparait, on peut penser que la partie est terminée, ou bien va se terminer très rapidement. Il y a un cheval noir au milieu de la peinture, de la scène, juste à côté d'Alice, il semble à lui seul, lui chuchoter ce qu'il se passe. Le cheval noir, pièce de l'échiquier, est le cavalier, une pièce mineure car sa force se réduit au fur et à mesure des échanges de pièces. Le cavalier est souvent la première pièce à entrer en jeu, mais aussi l'une une des premières à disparaître. Un homme au chapeau haut de forme de costume noir agite un serpent avec des ailes, un petit homme de loi. On voit aussi un vautour avec un chapeau haut de forme, un autre homme de loi, pas des plus sympathiques, il rode, mais il est chaussé de skis, donc il peut aussi tomber facilement, selon les collisions. En tous cas, l'animal du vautour est un rapace diurne nécrophage, c'est-à-dire qu'il se nourrit de cadavres d'animaux. On le nomme aussi l'équarrisseur naturel, car en mangeant les cadavres, les animaux morts, il évite la propagation de maladies. L'air de rien, et même s'ils sont signes de la mort qui rode, dans tous les films de Western, les vautours qui planent laissent à penser qu'il y a eu un crime quelque part, ou un décès, les oiseaux vautours font partie d'un écosystème très intéressant. J'imagine qu'Alice, dans cette peinture murale, ne voit rien du spectacle mortuaire, et elle n'est pas chaussée de skis, elle ne risque pas de chuter, ni d'être mangée par les vautours qui rodent, par contre, celles et ceux qui glissent avec des skis... C'est un peu le rêve ou le cauchemars d'Alice. Le canard chapeauté, est le plus grand personnage et il arrive par le côté, prêt à tout dégommer en direction de la reine statique, il suit un autre personnage avec son grand chapeau, au costume noir, assez fier de lui, qui lui aussi arrive tout schuss face à la reine, tandis qu'un Pinocchio, un menteur au long nez, chaussé de skis est déjà tombé par terre, devant la reine, qui semble ne plus pouvoir bouger.
Alice, le personnage de Lewis Carrol, (le romancier anglais, essayiste, photographe amateur et professeur de mathématiques, 1832-1898) dont il a écrit le célèbre roman Les Aventures d'Alice au pays des merveilles (1865) et sa suite, De l'autre côté du miroir (1871) est un personnage initiatique, il conduit des voyage, dont le lecteur, la lectrice, sort grandi. Les métamorphoses sont au cœur des histoires, surréalistes, et les échappatoires, la fuite à ces évolutions, sont le tribu des personnages qui gravitent autours d'Alice, ils passent leurs temps à tenter de s'échapper des transformations en cours et des sortilèges, de toutes les surprenantes situations complètement sorties de toute logique.
Alice de Jan Svankmajer, génie méconnu tchèque, virtuose de l’animation tchèque qui, à la fin des années 80, en a tiré un pur chef-d’œuvre, de visions fantastiques et tiroirs magiques, que j'ai adoré, est présent dans l'exposition... Mais c'est une autre histoire, très singulière et unique en son genre.

L’exposition « Lewis Carroll et les surréalistes » présente plus d’une centaine d’œuvres, peintures, photographies, dessins, estampes mais aussi collages ou éditions couvrant la période allant de 1919 jusqu’à la fin des années 1960.

L’exposition aborde la question des changements d’échelle, des liens texte-image, de la notion de passage, de transgression et d’autorité, de la connivence des mondes animal et humain mais aussi du jeu, de cartes ou d’échecs. Enfin, elle interroge les figures d’Alice telle que les artistes femmes ont pu l’appréhender. Leur regard permet d’élargir les points de vue, à la fois sur la figure carrollienne mais également sur les représentations de la femme au sein de l’univers surréaliste. La scénographie originale et surprenante inclut des spécimens du Musée Zoologique de Strasbourg pour incarner le bestiaire de Lewis Carroll et des surréalistes. Le préambule de l’exposition, tout aussi étonnant, a été confié à l’artiste Monster Chetwynd.

Deux accrochages accompagnent l’exposition. Un contrepoint ludique, expérimental et interactif est proposé avec « ExpériMAMCS #3 : dans les rêves d’Alice », un espace immersif illustré par Amandine Laprun. D’Absurde à Zibou, le dictionnaire surréaliste des collections du musée propose quant à lui de montrer les œuvres en regard de définitions inattendues.

Commissariat : Barbara Forest, conservatrice en chef du Patrimoine au MAMCS et Fabrice Flahutez, professeur à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne et spécialiste du surréalisme


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Pour revenir à Roland Topor (le dessinateur parisien, 1938-1997, peintre, illustrateur, écrivain, poète, dramaturge, metteur en scène, chansonnier, acteur et cinéaste français...) voici ce qu'il écrivait de lui, dans un article du journal Le Monde (du 5 juillet 1982) intitulé :

"Si j'étais... moi" :


Mais enfin, ils s'imaginent quoi, les gens ? Sous prétexte que je dessine des choses horribles et que j'écris des histoires affreuses, ils se figurent que je suis un sale type, un obsédé sexuel, un sadique, un psychopathe, une brute, un malpoli ! Je proteste énergiquement. Je n'ai jamais déterré une jolie morte pour la violenter, ni cloué un bébé à ma porte, ni fourré des tripes fumantes sans mon pantalon. Peut-être de tels personnages ont-ils surgi au détour d'un dessin ou d'une nouvelle, c'est possible. J'ai oublié. Mais je tiens à rappeler que toute ressemblance entre eux et moi n'est que pure coïncidence. Je suis un malheureux mortel fait de chair, d'os et de sang, alors que mes créatures sont imaginaires, et qu'elles ont la chance d'avoir une chair en papier, de l'encre au lieu de sang, et que l'os, c'est celui qui me reste à ronger avec ce que l'on me paie. Toute proportion gardée, Cézanne n'avait pas une tête de pomme, Rubens n'a jamais eu de problème de cellulite, Mondrian ne se peignait pas le visage au carré, et Picasso avait les yeux en face des trous. Loin de moi la tentation de me comparer à ces trop illustres confrères, mais la coupe est pleine, faut qu'elle déborde.
Une femme me quitte ? On me dit avec un clin d'oeil complice : "Tout de même, ça ne doit pas être facile de vivre avec toi. Avoue que tu la battais ?"
Je rencontre des amis ? Ils s'écrient : "Tiens, on a vu un rat crevé dans le caniveau, hier, il avait la tête tout écrabouillée : on a pensé à toi !" Charmant. Au retour des vacances ? "Dommage que tu ne sois pas venu à la mer avec nous, il y a eu plein de noyés, tu te serais amusé !"
J'ai droit à la récolte de tous les évènements sordides, de toutes les anecdotes nauséeuses, de tous les faits divers macabres, et cela avec un bon sourire d'humaniste essayant de comprendre "la bête".
Aux vernissages, il n'est pas rare que je sois abordé par des inconnus : "C'est drôle, vous ressemblez à vos dessins !" Et si, malgré mes dénégations, la conversation se poursuit, elle prend cette tournure : "Je parie que vous aimez faire l'amour avec des animaux ? Non ? Vous préférez les plaisirs plus raffinés ? Solitaires ? Sadique ou masochiste ? Vous aimez vous faire coincer les parties génitales dans une porte, non ? Alors c'est les putes ? Je parie que vous êtes toujours fourré rue Saint-Denis ? Ça doit vous revenir cher avec ce que vous leur demandez ? La merde ? Vous mangez de la merde, non ? Tiens, bizarre ! Vous avez un curieux rire. On a un ami qui rit comme vous, il faut qu'on vous le présente, vous irez très bien ensemble. Il est fou des petites filles. Oui, six, sept ans, pas plus..."
Impossible de les arrêter, ils sont intarissables. Ils ont tellement de vilaines choses en tête qu'ils ont besoin de se soulager, c'est naturel, mais ils me donnent la chair de poule. Et puis, ce qui les fait enrager, c'est que moi, avec leurs idées malsaines, soigneusement refoulées, je gagne ma vie. Ils en deviennent chèvres ! (...)
Ah, je serais chouette si j'étais moi ! Si j'étais comme les gens m'imaginent ! Un être ignoble, à peine humain, la bave aux lèvres, la morve au nez, le sexe à l'air, le rasoir à la main, barbouillé d'excréments, grouillant la vermine, la panse tendue sur d'immondes aliments, l'haleine putride capable de pulvériser tous les alcootests, la tête à la place du cul, et la cœur baignant dans la vessie. Je dois confesser qu'il m'arrive d'éprouver des regrets à me voir banal comme je suis : j'ai l'impression d'être un imposteur, un humoriste indigne de sa réputation. Si j'étais le moi que les autres imaginent, si je ressemblais à leurs fantasmes, je serais plus proche du public, j'en ferais partie. Il est tellement merveilleux, le public ! Non ?


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