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lundi 18 mars 2024

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Illustrations © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un merle noir plongea sur moi, il criait. Je faisais comme si je ne le voyais pas, je le toisais. Mais, il décida qu'à chaque fois que j'entrais dans son périmètre, de foncer sur moi. J'avais fait quelque chose qui ne lui plaisait pas, et il souhaitait me le dire. Je ne savais pas quoi, ni quoi dire, ni pourquoi était-il en colère ? À la tombée de la nuit, il me fit comprendre certaines choses. J'étais arrivée à un seuil, je devais m'émanciper, je n'étais plus une petite pie, l'enfant des pies. Il était si insistant, que cela ressemblait à une forme de harcèlement. Ma tutrice interrogea ce merle.
Son cri d'alarme était un "tjuk" sonore, répété 5 ou 6 fois, et dont le rythme s'accélérait tout en allant crescendo, puis il devenait un peu hystérique, il semblait très inquiet. Sa tonalité devenait aussi métallique "tjink tjink tjink", lorsqu'il défendait les limites de son espace.
Au crépuscule, il commençait par une mélodie enchanteresse, puis lorsque je me baladais par inadvertance, faisant mine de ne pas le voir, en plongeant mon bec dans une flaque d'eau grisâtre, il fonça sur moi en poussant des cris stridents.
Je décidais d'entrer dans la conférence des oiseaux ce soir, sur une branche près de lui et sa compagne, je me posais le regardant.
Le merle noir n'arrêtait pas sa complainte. Le rouge-gorge se posa ensuite à côté de lui, j'étais encerclée, j'écoutais, j'entendais bien ce qu'ils me racontaient.
Puis le couple de pies se posait en face de nous, un peu plus haut.
Et, bien plus bas, mes tuteurs nous regardaient.
Dans le silence de ce soir- là, tout était déplié.
Nous étions au seuil.
Le merle me côtoyait depuis des mois déjà, nous avions passé l'hiver ensemble, il est vrai que je le taquinais de temps à autre, surtout s'il venait à boire dans ma flaque d'eau à terre. Il n'avait pas peur de moi, ni des êtres humains. J'admirais son chant et son plumage noir lustré, son cercle oculaire jaune vif et son bec d'or. Son amie d'un brun plus pâle et tachetée n'était jamais très loin. Le premier à chanter le matin ou l'un des dernier du soir. Le rouge-gorge est de sa famille. Il mange des lombrics, il ratisse le sol à fond. Il a trouvé sa compagne cet automne, je l'ai vu avec ses disputes vives, tous deux, se poursuivant et essayant de voler l'un au-dessus de l'autre. Ils sont champions de la reproduction, et peuvent élever jusqu'à 5 couvées en une seule saison. La première est souvent détruite, pas très bien dissimulée par les feuilles.
Comme tous les turdidés, je regardais le merle recherchant sa nourriture au sol, il m'arrivait de le copier. Ils trouvaient sous les arbres et les buissons des escargots, des vers, des scarabées et des larves d'insecte. Les feuilles mortes furent retournées dans tous les sens. Il est souvent querelleur ce merle noir et chasse ses congénères, mais aussi les autres oiseaux. Il était un peu stressé, mais stressant aussi.
Ma tutrice m'interroge : "As-tu détruit le nid du merle, ou as-tu empêché ce couple de réaliser leur architecture ?"
Je lui dis : "As-tu vu des œufs bleus ?"
Alors que nous avancions dans la conversation, tous, j'étais située entre les merles, les pies et le rouge-gorge, je décidais de voler entre mes tuteurs.
Ils décidèrent de méditer, nous nous envolions tous la nuit venue.
Le jour venu, la clarté d'un ciel quand même opaque, laissait le blanc des baskets très éclairant.
Gris partout, pas de merle, en vue.
Le rouge-gorge sacré, vint se baigner en toute confiance dans ma flaque grise.
J'étais prête à partager.
Les merles pouvaient recommencer leur construction, mieux dissimulée.
En attendant, ma tutrice m'expliqua 2 ou 3 choses. Cela reste entre nous.
Elle me raconta l'histoire du merle blanc. Je décidais de la réserver et la raconter ensuite au merle noir, celui qui me chasse.
"Mais", lui demandais-je, "pourquoi ses œufs sont bleus ?"
Le merle est discret pour conquérir son amoureuse. Sa parade est à l'abri des regards, pourtant sa panoplie est large de cris aigus aux gloussements, à la large ouverture de son bec d'or, sa queue étalée ou redressée. Il s'accouple très rapidement. La merlette qui se charge de la construction du nid, avec ce qui lui tombe sous la patte ou le bec, y compris des matériaux plastiques récoltés çà et là. Le nid peut être installé aussi bien dans un buisson de lierre très dense que sur une enfourchure de branche. La femelle pond entre 3 et 6 œufs, et elle assure la couvaison quasi toute seule pendant 2 semaines. Le couple assure la subsistance pendant 3 semaines. Après, tout ce petit monde dehors, et on peut recommencer. Tout est si rapide ! Outre l'effet parasol de la couleur bleue des œufs de merle, il semblerait que cette couleur, favorise le signal au merle mâle de mieux prendre soin des œufs. Des scientifiques ont réalisé une expérience à ce sujet. La couleur des œufs serait le signal de la qualité et de la santé de leur compagne, une femelle en bonne santé engendrant de bébés plus sains. Si les œufs bleus sont plus brillants, ils seront nourris deux fois plus à l'éclosion par le mâle. La couleur bleue des œufs du merle est due à la biliverdine, un pigment déposé sur la coquille de l'œuf lorsque la femelle pond. Il existe certains indices suggérant que les niveaux les plus élevés de biliverdine indiquent une femelle plus saine et donnent des œufs d’un bleu brillant. Les œufs pondus par une femelle saine semblent ainsi encourager les mâles à s'intéresser davantage à leurs jeunes.

"C'est bien ce que je leurs disais, non seulement, ils devraient mieux réaliser le nid, mais en plus, ce merle devrait mieux s'occuper de ses enfants !"
"Ce n'est pas une excuse valable pour piquer dans la construction, ni même si tu vois des œufs bleus qui t'intriguent, ce sont des bébés merles en devenir, ne touche pas à ces bijoux célestes"

Le lendemain, le merle s'installa avec sa compagne au crépuscule, et nous offrit son chant mélancolique si doux de notes flûtées, claires et sonores, un autre en faisait de même.
C'était le moment de découvrir des secrets, de passer la porte.

Je décidais de raconter l'histoire du merle blanc :

 Sur les conseils d’une pie, un oiseau blanc était entré dans une grotte magique pour y chercher le trésor inestimable du Prince des richesses. Atteignant une seconde grotte intérieure, l’oiseau y découvre un tas de poudre d’or. Plongeant son bec dans la poudre, il est surpris par le démon gardien du trésor qui, crachant flammes et fumée, se précipite sur lui. Réussissant à s’envoler de la grotte pour échapper aux griffes du démon, l’oiseau blanc s’aperçoit qu’il est devenu noir et que son bec est resté d’un lumineux jaune d’or.

Je lui donnais des baies de sorbier et nous avons fait la paix, chacun sachant ses limites de l'autre, dans notre aire de jeu. Ce merle noir était le forgeron, il m'invitait à travailler dans la forge de mon cœur et à faire un bon ménage de printemps ! Moi petite pie, je décidais de ne pas rester sur le seuil, comme m'invitait le merle noir, et de franchir un nouveau monde, ne pas refuser d'assumer mon pouvoir et mes responsabilités. Oui je pouvais détruire les œufs bleus, mais ce pouvoir je ne l'utiliserai pas, afin de rester parmi mes amis merles, je prenais mes responsabilités. Même si le merle me provoquait, je ne rentrais pas dans le conflit. Car, je savais, au fond de moi, que j'avais un pouvoir. Je souhaitais lui faire savoir que j'avais la connaissance de sa découverte des trésors, tout cet or était à lui, petit forgeron, et sa capacité de reproduction exceptionnelle. Je savais aussi, que son espérance de vie était réduite, alors, j'étais heureux de voir ce merle retrouver la paix. Je sais qu'il peut recommencer à se montrer attaquant, mais il saura alors, trouver en moi, le respect de son or.


mardi 5 mars 2024

Ħiℙ ℋѺℙ


Photographie © Sonia Marques


Journal d'une pie (extrait)

Je lui trouvais un air cosmonaute. Elle me fait écouter Sakura.
La pluie nous envoie ses larmes minérales.
Nous partions faire un safari Uchu Tanjyo, merci Susumu Yokota.
De l'Acide au Mont Fuj i
Zenmai !





mercredi 7 février 2024

℃ѺℒЇℬℝi

Listen to the hummingbird
Whose wings you cannot see
Listen to the hummingbird
Don’t listen to me.

Listen to the butterfly
Whose days but number three
Listen to the butterfly
Don’t listen to me.

Listen to the mind of God
Which doesn’t need to be
Listen to the mind of God
Don’t listen to me.

Listen to the hummingbird
Whose wings you cannot see
Listen to the hummingbird
Don’t listen to me.



Leonard Cohen- The Flame - Poems Notebooks Lyrics Drawings - 2018

dimanche 7 janvier 2024

αя¢➸ℯη✏¢їεʟ

Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


Te souviens-tu du temps de tes vingt ans ? De la beauté fragile de ton âme sans avenir ? Des maladies qui t'emportaient vers les camps de la mort ? De tes peurs d'être abandonné là sur la route dans un immeuble aux boîtes aux lettres des noms inconnus ? Fugitif étincelant sans la langue pour communiquer ?
Tu gravissais sans te plaindre les étapes d'une jeunesse épouvantable, dont tu souhaitais fuir l'innocence à tous prix et apprendre toujours plus pour sortir du costume de la proie. Tu rêvais en toi, que les jours passent sans te voir, que les malheurs se dissipent comme un brouillard, sans que personne ne puisse apprendre qu'ils existaient. Je t'entendais, toi l'oreille tendue vers moi, pourtant je ne disais rien. Tu contemplais le ciel en marchant sur les pavés satinés, en regardant à travers les fenêtres percevant les lumières dorées des soirées chaleureuses. Les vies humaines pouvaient se montrer accueillantes. Ton cœur oppressé faisait tout pour masquer ta désolation. Je te voyais marcher, hiver desséché comme printemps gringalet, les bronches prises d'un mal obscur, la gorge coupée et recousue, ton échafaud était invisible, mais tu le voyais bien. Si ton enfance périssait déjà, être adulte ne projetait aucune révolution possible, celle des autres te semblait si puérile. Te souviens-tu des fleurs de ces années ? Tu les pensais pourries, de cet amour dont tu ne parlais pas. Vivre c'était aimer mieux qu'essayer de devenir adulte. Alors tu promettais de ne jamais être trop grand, afin de vivre vraiment une fois adulte, ce que tu n'avais pas pu vivre enfant. Les aventures sont éternelles, tu savais désigner ce qui adviendrait.
Tes yeux seraient toujours ceux des amoureux, de la nature et des animaux. Craintifs et sauvages, émouvants et devins. Enfant, j'étais là, ému d'avoir vaincu, avec toi les maux de la solitude, la nuit, ton tapetum lucidum.

J'avais décidé de te faire un petit cadeau, toi ma tutrice et ton compagnon, enfants comme nous tous des cieux, ils étaient si gentils de venir me voir par un froid de canard déguisé en pie, ou lors d'une pluie pernicieuse sans parapluie, même en pleines fêtes de fin d'année, tandis que plusieurs familles venaient me contempler, au compte-gouttes, garder espoir en sollicitant mes apparitions. En courant vers eux telle une affolée, regardant si personne en haut ne m'avait suivie, sautant dans les flaques d'eau, et charmant mes spectateurs emmitouflés, je mimais la distante, pointant mon bec dans le sens opposé de l'éphémère performance que je venais de programmer. L'intelligence artificielle ? Je m'en tape le cocotier !

Un arc-en-ciel, une demi-sphère entière, le dessin d'un point A à un point B, au-dessus de leurs têtes, avec des couleurs phosphorescentes dans le ciel gris bleuté. Il était apparu, selon mon programme, comme une touche en ouverture, au fur et à mesure, discrètement, comme s'il avait toujours été là, mais qu'ils ne le voyaient pas. Voici le dessein à venir !
Oui mes amis, vous êtes mon arc-en-ciel à moi et je souhaitais vous le dire !
Une jeune femme et son bien aimé, les regardaient passer derrière un arbre immense et touffu, ils disparaissaient comme des ratons laveurs masqués. Le couple avait trouvé assise sur un banc public en bois d'un autre temps et m'attendait. En effet, il m'avait vue la veille et souhaitait me revoir. Il y avait tellement de pies. Qui étais-je ? Laquelle ? Il pointait du doigt à quatre mains les arbres avec une appétence visuelle rare. Puis, ma tutrice réapparu derrière l'arbre, je fonce sur elle, je vole avec quelques virages audacieux, puisque je suis suivie, autant faire une arabesque bien maîtrisée, et je lui fais la fête. Le couple est ébahi, que se passe-t-il ? Quels sont ces hurluberlus ?

"C'est la pie, c'est la pie !"


Ils se lèvent et calmement vont à la rencontre d'eux, mes amis ! Une grande discussion, en ce début d'année, se déroule, comme au pôle Nord, et je deviens le petit intrus à terre, entre toutes ces grandes personnes. Je jongle à travers leurs chaussures diverses, et jette un œil en haut. Ils m'oublient la belle aubaine. La jeune femme charmante aux lunettes fines et rondes, sous la pluie avec un manteau étoilé raconte son histoire, celle de sa mère qui a vécu avec une pigeonne durant douze années ! Elle dit, à ma tutrice "Vous êtes sa maman" ! Ma tutrice répond, mais non, elle lui dit "Mais si" ?!
Puis, en réfléchissant quelques secondes, elle voit bien que non, je suis partout, en liberté et avec tous et avec personne. Pourtant, mais je sais qui est ma tutrice, j'apprends de ses histoires. Moi, je lui fais rencontrer un tas de personne, qu'elle n'aurait jamais pu rencontrer par ailleurs, et qu'aucune entreprise, ni institution, ni école n'aurait jamais pu lui faire rencontrer, dans sa ville même, des personnes venant d'autres villes et d'autres pays. L'ami de cette jeune femme, quasi mutique et émerveillé, amoureux, lui chuchote que celle ville est romantique, il n'ose pas dire qu'il est d'origine russe, avec la guerre. Avec sensibilité, ils passent un long moment à discuter, sous le froid, et la pluie glacée, sans oser partir se réchauffer, ma tutrice leur parle de plein de choses, des oiseaux. Le couple lui dit : 'Vous êtes experte !" Ils boivent ses paroles, et ils partagent leur expérience respective. J'observe qu'ils sont comme nous les pies dans les arbres avec notre conférence des oiseaux, à palabrer avant la fin du jour. Son compagnon dit qu'elle fait école. Ma tutrice leur raconte mon histoire mais aussi celle de l'albanais qui était venu me voir cet été. D'un seul coup, une personne siffle, imite le chant d'un oiseau, voici l'albanais qui apparaît, comme par magie. Le couple d'amoureux est émerveillé, il leurs montre des photos de lui et sa femme avec sa robe couleur fuchsia, et moi sur des fleurs en plein été. Il n'avait pas de travail, il est toujours fier de ses deux garçons qui ont réussi des études à l’université avec un Master. C'est le secours catholique qui l'accompagne. Il est toujours élégant, il boîte un peu, est toujours un peu triste, mais connait beaucoup de choses aussi. Ces érudits sont là, des connaissances dans un jardin, ce pays n'a pas les yeux pour la connaissance, c'est une curiosité que de parler avec des êtres différents, sans emploi, dont personne ne reconnaît leurs facultés. Ils sont tous réunis, ma tutrice leurs souhaite à tous une belle année et meilleure que l'année passée.
Que ce moment est chaleureux pour eux ! Moi je suis une boule, j'ai d'autres chats à fouetter.
Une femme est venue à Noël, avec ses filles et son mari, de l'autre bout de la ville pour me revoir. Et voici qu'elle tombe sur ma tutrice qui passe un moment avec eux. Ils voulaient tout savoir sur les oiseaux, j'en ai profité pour enlever un morceau de cuir de ses chaussures à la curieuse ! Cette femme âgée, leurs annonce que le lendemain, elle doit préparer un repas familial avec 35 convives des membres de sa famille, et qu'elle racontera notre histoire à tous, avec photographies à l'appui. Ainsi, nous seront un peu de la fête, sans être là. Ses deux grandes filles d'une vingtaine d'années sont admiratives de mon petit corps qui circule partout, tandis que la femme âgée se balance les pieds, assise à côté de ma tutrice, elle veut tout faire pareil, elle veut tout comme elle, elle veut faire le perroquet, elle veut, elle veut, et puis elle s'en va, elle vient de retrouver ses 10 ans, son âme d'enfant, elle nous laisse et nous dit, on reviendra, cela nous a enchanté, c'est un beau cadeau !
Le monsieur de l'office de tourisme est venu voir ma tutrice, il faisait si froid, il lui dit qu'il a des visites chaque jour, et chaque jour, je suis là. Il en est venu à parler de moi à tous. Ma tutrice raconte mon histoire, il est étonné, il rigole, il se frotte les yeux pour y croire et lorsque j'apparais et saute sur sa tête à elle, il ne dit plus rien, il est estomaqué.
Mazette !
Le lendemain, un groupe s'entasse devant une autre jeune femme employée pour faire des visites, elle ne me connait pas, il y a une dizaine de personnes et des enfants. Me voici avec mon petit costume, noir et blanc, préparée aux fêtes, je passe majestueusement à pattes parmi eux, ils se tournent vers moi, et baissent tous la tête en s'exclamant, comme s'ils avaient vu une licorne passer, mais minuscule, ras de terre, je détourne la tête l'air de rien, comme si je ne les avais pas vu, je fais ma distraite en piochant dans la terre. La jeune employée aux cheveux blond Botticelli reste seule à la porte et son groupe se détourne complètement de la visite me regardant au sol et me suivant... tel un dessin de Sempé ! La scène est hilarante !

Botticelli, Sempé ? Voici que je subis la déformation professionnelle de ma tutrice, la professeure, comme dit l’albanais.

La professeure et l'oiseau !

Elle passe avec des pâtisseries chez la voisine qui demeurait seule pendant les fêtes de fin d'année, elle approche des 90 années, son compagnon est son nouvel ami, ils trinquent avec du champagne, sous le rythme de son pacemaker et ses chaussons design et gris, elle leurs dit :

"Au revoir Monsieur et Madame Pie !"

Elle glissait en soupirant, "Merci d'être venus, cela fait chaud au cœur !"
<3

dimanche 10 décembre 2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je ne dormais qu'un seul œil. Je parvenais toujours à trouver un petit endroit pour dormir, personne ne peut savoir où. Il pleut beaucoup et il fait froid, les journées sont quasi funestes, le sommeil m'est indispensable, il restaure mon organisme, et assure le bon fonctionnement de mon cerveau. Je suis encore jeune, cela favorise aussi ma croissance, j'apprends toujours tant de choses, en ce moment, je découvre l'hiver et les autres animaux, les rivières et les nids à découvert, les corniches, les creux où s'abriter, les arbres touffus qui n'ont pas perdu de feuilles les conifères évidemment. Mon stress se réduit en dormant. Pour l'assurer, je me dois de rechercher la meilleure place pour ma nuit, très loin des prédateurs. Je ne dors que d'un œil, une partie de mon cerveau reste aux aguets. Nous avons, une petite singularité, chaque œil ne communique qu’avec une moitié du cerveau. Notre sommeil est hémisphérique unilatéral. Je repose une moitié de mon cerveau, puis l’autre afin de surveiller les alentours et réagir vite en cas de danger. En équilibre sur un fil, une branche, un rien du tout. Funambule, je suis, je reste, agile et fugace, mais tenace sur mes pattes qui tiennent bon. Mes tendons fléchisseurs bloquent les serres en position fermée lorsque je m'endors. C'est un peu l'inverse des êtres humain, autant serrer un objet leurs demande un effort, autant nous, aucun. Lâcher un objet, demande aux êtres humains un lâcher prise sans aucun effort, autant, nous pour lâcher, c'est un effort, si bien que nous serrons bien fort. Je ne peux pas tomber, car mes serres me retiennent.

La nuit soudainement encombre toute la nature, le silence se fait entendre. Tous les oiseaux se taisent, ou presque, on peut entendre les nocturnes, un hiboux par exemple. Juste avant la nuit, je me lisse les plumes et je chante avec mes amies les pies. Je suis déjà à l'abri des prédateurs.

Nous sommes homéothermes. La température de mon corps est constante. Mes plumes gardent emprisonnée la chaleur, elle ne s'échappe pas, elles sont formidables. La période de mue cet été que j'ai connue, favorisait la pousse de superbes plumes dont je prenais soin de les étoffer pour l'hiver. J’ébouriffe mes plumes avant de dormir, j'en ai peut-être plus de mille mais qui les a comptées ? Cela n'existe pas les chiffres chez nous ! Mes plumes sont inertes, elles ne possèdent ni vaisseaux sanguins, ni peau, ne dissipent pas la chaleur de mon corps. Au contraire, elles forment une barrière qui emprisonne la chaleur près de ma peau. Ma tutrice me disait que c'était donc un effet proche de celui lorsqu'elle dormait sous une couette de plumes, ou portant un duvet sur le dos. Sous mon épiderme il y a une zone de stockage de mes graisses, ce qui donne une fonction isolante. Mais je disais à ma tutrice, que je ne connais pas la sudation. Il m'est arrivé de la voir transpirer, ces jours-ci, elle a attrapé un bon rhume, nous, nous sommes dépourvues de glandes sudoripares. À mon tour de la réchauffer sous mon aile. J'avais ce petit chapeau de pluie, assez décoiffée, ma tutrice complètement mouillée, car je n'aime pas les parapluies, mes copines les autres pies sommes là avec elle afin de papoter un peu. Parfois une lumière singulière dorée et rosée apparait lors de nos échanges, puis l'atmosphère lugubre reprend son décor tamisé de bas résilles noirs , sur un sol de flaques d'eau grises et argileuses, et nous disparaissons toutes, les pies, ma tutrice... et moi.

J'ai parfumé ma couche De myrrhe, d'aloès et de cinnamome.
Je serre bien fort.
Je m"endors.





Photographies © Sonia Marques


Photographie de la crèche limousine en orfèvrerie émaillée réalisée par les artistes Léa Sham's et Alain Duban. Elle représente 9 saints vénérés en limousin.

lundi 14 août 2023

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Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


Aujourd'hui est un jour spécial. Les êtres humains qui me côtoient et aperçoivent par hasard ma proximité avec ma tutrice, pensent que c'est ma mère. Ce qu'ils ignorent c'est que ma vraie mère, celle qui m'a aidée à dormir et veillait sur moi ressemble à une Apache, ou proche des Navajos, le peuple autochtone d'Amérique du Nord. Les Navajos vivent aux États-Unis, entre le nord-est de l'Arizona, le nord-ouest du Nouveau-Mexique et le sud-est de l'Utah. Elle est rouge car c'est une femelle. Le 14 Août est un jour de fête, celui des "Code Talker", c'est une cérémonie durant laquelle il est rendu hommage aux parleurs de code, qui parlaient en utilisant un langage codé. Moi aussi je parle en code. Ma tutrice fait partie de plusieurs groupes pour les oiseaux à travers le monde, elle est un peu spécialiste. Dans l'un d'eux, une femme montre, John Kinsel, l'un des trois "Code Talker" survivants. Elle l'a rencontré grâce à son oiseau vert. En fait, le vert cela pourrait être mon père, car la femelle est rouge, comme je l'exprimais en langage codé, c'est ma vraie mère, celle qui m'a élevée durant un mois. Sa qualité maternelle s'est révélée à ce moment, ce qui n'était pas prévu, mais comme dans toutes les belles histoires, qu'est-ce qui est réellement prévisible ? Donc John Kinsel raconte encore son histoire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux Navajos servirent dans l'armée en protégeant les communications des Marines, avec leurs 274 mots du langage Navajo comme méthode de codage, impossible à percer par les Japonais. À partir de 1919 les Américains étudiaient des codes et leurs chiffres. Ils ont créé la "Black Chamber", cette chambre noire va être constituée par le père du chiffre américain, Herbert Osbourne Yardley. Son rôle, dés 1919, casser les codes utilisés par les militaires japonais. Quatre ans plus tard, en 1923, l'Us Army met en place un vrai service ayant pour unique mission, casser du code. Les Américains fusionnent les fonctions de chiffres et de cryptanalyse sous l'égide d'une seule et unique section, le "Signal Intelligence Service" (S.I.S). Durant la seconde guerre mondiale, les ingénieurs allemands et japonais, aidés par de sérieuses au sein de l'armée Us, se voient capable d'intercepter et casser n'importe quels messages alliés. Il y a des fuites comme on dit. En 1942, l'Etat-Major américain décide de tout changer. Il fallait inventer un nouveau système de sécurisation des messages. C'est alors que les ennemis d'antan, les indiens, sont redevenus respectables.

En 1941, dans le conflit qui opposait les Américains aux Japonais, Philip Johnston eut l'ingénieuse idée d'utiliser leur dialecte. Il était enfant de missionnaire élevé dans une réserve Navajo dans la région de San Diego. Ce dernier réfléchissait, en temps qu'ingénieur, sur un nouveau système de chiffrage de message. Il proposa son idée au lieutenant-colonel James E. Jones, officier des transmissions dans le Camp Elliott. Autres points forts des Navajos : la langue Navajo est de la famille des langues Na-Dene, ils étaient le seul peuple a ne pas avoir eu la visite d'étudiants allemands depuis 1922. Avec ces éléments en mains, quelques semaines plus tard, la mission "code Talkers" était lancée par l'Etat major Us. La langue navajo est réputée pour sa complexité, pour les communications radio. Au total, près de 400 Navajos furent ainsi formés à l'usage de ce code et s'en servirent pour transmettre des messages durant la campagne du Pacifique.

La mission première des "code talkers" était de faciliter les communications sur le terrain, de relayer des informations des unités combattantes au centre de commandement, de transmettre des ordres du QG, etc. Durant la seule bataille d'Iwo Jima, les Navajos purent ainsi faire passer en 48 heures plus de 800 messages valides. Les Japonais ne réussirent jamais à décrypter le code, qui rendit d'inestimables services aux forces américaines. L'armée exigea des "Code talkers" un secret absolu, qui ne fut officiellement levé qu'en 1968.

Le peuple Navajo bénéficie d'une reconnaissance au sein des Marines, mais aussi dans la nation américaine, qui a reconnu l'importance de leur langue, maintenant écrite, enseignée et respectée. Des personnalités navajos et des spécialistes de l'histoire amérindienne viennent mettre en perspective l'expérience des Code Talkers dans l'histoire de leur nation ainsi que dans la réalité indienne. Le 7 décembre 1941, les Japonais bombardèrent Pearl Harbour. La bataille du Pacifique sera le théâtre d'une aventure unique. Pour la première fois, des Indiens navajos seront incorporés dans le corps des Marines américains et partiront combattre au-delà des mers, loin de leurs montagnes et de leur désert. Comme plusieurs mots n'existaient pas en langue navajo, les Code Talkers ont dû en inventer. Par exemple, le mot « avion de chasse » n'existait pas en navajo. Les Indiens les ont donc appelés « bourdons ». « Hitler » était le « renifleur de moustache ». Le langage navajo est tellement différent que ni les Japonais ni les Européens ne pouvaient le décoder. En fait, cette manière de décrire les objets, l'espace et le temps était tellement belle qu'on pouvait parler d'une forme de poésie dans un monde aussi affreux que la guerre.

Assignés aux unités de combats pour les communications, les Navajos ont participé aux batailles les plus sanglantes. Bien souvent, les Code Talkers ont accompagné les patrouilles de reconnaissance. En première ligne, plusieurs Navajos ont perdu la vie, mais sans eux, plusieurs autorités militaires pensent que les États-Unis n'auraient pas pu remporter la guerre. L'utilisation de la langue navajo ne s'est pas arrêtée avec la reddition du Japon. Les Code Talkers ont repris du service durant la guerre de Corée. Au Vietnam, la modernisation des moyens de transmissions a entraîné l'abandon du code. Celui-ci restant classé « secret défense », il faudra toutefois attendre 1969 pour que les vétérans navajos puissent témoigner de leur expérience. Cette règle du silence a privé plusieurs Navajos de la reconnaissance qu'ils méritaient, la plupart étant déjà très vieux lorsqu'ils ont pu en parler. Néanmoins, outre les Navajos, il y avait aussi des Cherokees, Choctaws, Lakotas, Mesquakies et Comanches.

Par exemple, pour coder les avions, les bombardiers de plongées, ils nommaient cela "GINI" ce qui veut dire "Faucon de Poulet", pour les avions de patrouille, c'était "GA-GIH" ce qui veut dire "Corbeau". Les pays aussi avaient leurs noms codés, Alaska, devenait "BEH-HGA", ce qui veut dire "Avec l'hiver", la France : "DA-GHA-HI, "Barbe", l'Espagne : DEBA-DE-NIH, "Douleur des moutons". Les mois aussi, JANVIER "ATSAH-BE-YAZ" (petit aigle) JUILLET "BE-NE-TA-TSOSIE" (petite récolte), AOÛT "BE-NEEN-TA-TSO" (grande récolte), NOVEMBRE "NIL-CHI-TSO" (grand vent), et ne serait-ce que les mots, ils avaient tous une symbolique très singulière, comme : À PROPOS "WOLA-CHI-A-MOFFA-GAHN", qui voulait dire "Combat de fourmis", un BULLDOZER "DOLA-ALTH-WHOSH", voulait dire "un sommeil de taureau", un AVION, "TSIDI" = un oiseau.

Aujourd'hui, moi petite pie, je vous livre un secret : CHINDI MOASI NE-AHS-JAH LHA-CHA-EH AH-JAH A-CHIN WOL-LA-CHEE A-KEH-DI-GLINI BE-LA-SANA AH-YA-TSINNE NE-AHS-JAH


Peintures © Sonia Marques

mardi 8 août 2023

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Dessins © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

J'étais installée sur le bras d'un jeune homme, il me regardait avec attendrissement. Soudain, je vois au loin, ma tutrice, qui débarque dans le jardin, l'air de rien. Fidèle, je m'envole vers elle et me pose sur son épaule, avec la crainte de me faire sermonner. Le nouvel humain prétendant laissé pour compte, il me regardait au loin, et il avait laissé son bras comme un perchoir, sait-on jamais, si je revenais. Mais je restais sur l'épaule de ma tutrice, mon transistor branché, gazouillant à toutes ses fins de phrases, nous étions en grande discussion, je devais lui expliquer ce que je fabriquais sur le bras d'un jeune homme tout émoustillé, aplatie comme une patate, confortablement à mon aise. Le jeune homme décida de venir vers nous, désireux d'en savoir un peu plus, sur notre histoire. Elle raconta notre petite affaire. Mais il ne semblait pas comprendre tous les mots. Ma tutrice observait son t-shirt jaune, avec l’insigne "Brazil" dessus: "Vous êtes brésilien ?" lui demanda-t-elle d'un air très sûr d'elle. "Non, je suis chilien" . Il lui demanda des trucs, comment je me nourrissais et tout ça. Elle le quittait car je commençais à lui piquer ses doigts de pieds, je faisais exprès afin que nous puissions aller dans notre jardin secret, j'avais une faim de loup ! Mes amies les pies sont toujours avec moi, elles arrivent souvent les premières et se posent sur l'arbre. Ma tutrice lit son livre, et les pies attendant que j'arrive. Me voilà Belzébuth ! Je déboule les pattes en avant dans un atterrissage digne d'un dessin animé, les ailes déployées, je freine sur le tapis. Il y a plein de merlettes camouflées dans le laurier de palme. Elles gobent les baies mûres. Elles étaient vertes cet été, puis elles sont passées au rouge, puis au noir rubis. Le laurier serait toxique, mais nous apprécions leurs baies. J'ai rapporté une bague en argent, au signe de l'esperluette. Ma tutrice l'a essayé, et cette bague lui allait comme un gant. D'où venait-elle ? L'esperluette est un signe typographique élégant, il signifie "et", "avec". L’esperluette est une sorte d'icône, exploitée dans les logos de nombreuses entreprises. C'est aussi le signe d'une alliance, d'un mariage, d'un partenariat. Je déposais cette bague pour ma tutrice, nous voici scellés par un bijou. Je ne savais pas comment lui dire que je souhaitais la remercier. Elle a trouvé mon présent.
En allant chercher son pain, elle donna un billet à un sans domicile fixe; Il lui dit : "Plein de bonnes choses pour vous, je vous remercie tellement". Elle lui dit : Non à vous les bonnes choses.
Résultat des comptes, elle le retrouva au pied d'un arbre au petit matin enfoui sous une cape de laine épaisse, cuit comme un fruit dans sa liqueur, une bouteille à côté. C'était mon arbre ! Je n'étais pas contente du tout ! Voilà ce que sa bonté a produit !  Il s'est acheté une bouteille et il l'a cuvée sous mon arbre ! Il faut dire que l'automne s'est pointé en plein été, il faisait très froid. Puis elle pensa que je serai une belle compagnie pour cet homme, tout comme je le suis avec elle. Mais point du tout, je suis infernale avec les autres, et je pique, surtout s'il y a une gamelle vide, je ne supporte pas. Ma tutrice ce jour-ci est partie laissant le sans domicile fixe dormir de tout son soul. Les feuilles et les glands verts tombaient, ce fut un drôle de jour.
Une jeune femme tenait son chien japonais en laisse, un Akita Inu. Quelle stupeur ce chien, si grand, il était apparu derrière un tronc d'arbre, bien dessiné, blanc et roux, d'une élégance rare, une espèce de gros ours avec la queue qui s'enroule. "Pardon, dit-elle, je ne vous ai pas vus" Sa fourrure semble très douce, un chien de sauvetage. La bonté lui disais-je, mais elle se fait rare, elle n'est presque pas admise à l'école. Un être doué de ce caractère, un être humain ? Moi, la pie, je n'en vois pas. Un être sensible aux maux d'autrui, désireux de procurer aux autres du bien-être, ou d'éviter tout ce qui peut les faire souffrir. Lorsque j'étais tombée du nid, j'ai recherché cette bonté.
Jean-Jacques Rousseau, l'écrivain, philosophe et musicien genevois, avait déjà quelques mots épineux pour désigner la personne qui réfléchit un peu trop au lieu d'agir « Il n’y a que les dangers de la société tout entière qui troublent le sommeil tranquille du philosophe et qui l’arrachent de son lit. On peut impunément égorger son semblable sous sa fenêtre ; il n’a qu’à mettre ses mains sur ses oreilles et s’argumenter un peu pour empêcher la nature qui se révolte en lui de l’identifier avec celui qu’on assassine. »
Dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, présenté au concours de l’Académie de Dijon au milieu du XVIIIe  siècle, Jean-Jacques Rousseau se demande ce qu’est un homme naturel, pas encore transformé ni perverti par la société, les techniques, le langage, la civilisation. Il forge l’hypothèse d’un homme à l’état de nature, très proche de l’animalité. Cet homme ne connaît évidemment pas les normes de justice et les lois de la moralité, qui présupposent la vie en société, la raison, le langage. Il possède cependant en lui un trésor mille fois plus précieux que toutes les règles qu’inventera la moralité. C’est un sentiment parfois même observé chez les animaux et qui les met à la place de celui qui souffre. C’est la seule vertu non sociale, totalement naturelle : la pitié. Elle est la source de tout ce qu’il y a de bon en l'être humain, ne pas penser qu’à soi, prendre des risques pour un inconnu en danger, reconnaître l’humanité du plus coupable ou du plus disgracieux des hommes. À la spontanéité un peu désordonnée de la compassion, on oppose l’analyse, la médiation rationnelle ou sociale. À quoi bon donner une pièce au clochard si c’est pour qu’il achète du vin  ? Rousseau répond : « L’homme qui médite est un animal dépravé », car il fait taire ce qu’il y a de plus simple et de meilleur en lui.
À ce titre, moi la pie, je dis que oui, à quoi bon ? Puisque le clochard est venu m'embêter sous mon arbre ! Le résultat c'est que tous les hommes sont dépravés, depuis mon regard de pie. Je les vois pisser sur mes arbres et pousser des cris et nous chasser.
Certes, le progrès des sciences, des techniques, de l’éducation, de la civilité, les Lumières, ont éloigné les êtres humains de leur état de nature originel. L’amour-propre, l’hypocrisie, l’inhumanité y règnent sous couvert de sophistication. Il est impossible de revenir à un état de nature que ces êtres humains ont quitté pour toujours. Pourtant je vois bien que ma tutrice me recueillant devient de plus en plus sauvage. Elle marche à quatre pattes, et même si elle continue d'enduire ses cheveux d'huiles et se peindre les lèvres en rouge, elle n'est plus tout à fait la même. Je suis une pie un peu spéciale, capable d'attendrir des étrangers ou bien de les agacer, je les interpelle comme un gendarme, un avocat ou un ange, au choix, parfois je me prends pour le Tigre d'une jungle, ou le commandant d'une armée de pies, mais je redeviens un bébé, un tout petit rien du tout, lorsque ma tutrice me parle doucement. Tandis qu'elle parle le langage des pies, elle m'entend, me reconnaît et m'appelle, je l'entends, je suis connectée, je sais par où elle arrive, par où elle s'en va, je connais les dangers et je vais la rechercher. Il y a un lien animal, de ces animaux simples qui n'ignorent pas le cri de l'autre, la présence hostile d'une bête, ou d'un être humain. Nous pouvons avoir peur pour rien, ou, nous pouvons prendre pitié pour rien. Du rien du tout et c'est tout un monde qui s'ouvre. Une extra-sensibilité, c'est invisible à l’œil nu, c'est bien plus que cela. Il y a dans l'observation une alliance avec le temps. Il faut observer longtemps, ressentir, sentir, contempler, sans aucun à priori. La patience, la quiétude et l'inquiétude mêlées, le plaisir de l'instant de ce petit vent, les feuilles bruissent et présagent d'un bon moment, il faut en profiter. Ou bien le vent se fait plus pressant, les nuages s'amassent, le présage est de ne point s’appesantir, et partir se protéger, se cacher. La palette des émotions se nuance, des ressentis, liés au temps, au paysage, aux cris des habitants, ou gouttes de pluie, aux divines lueurs qui percent à jour les clairières et nous donnent cette illusion d'un paradis préservé quelques minutes à peine, celles de l'éternité.















Dessins © Sonia Marques

dimanche 23 juillet 2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je découvrais un nouveau jardin. Il y avait une petite touffe évasée, ses fleurs étoilée sont d'une teinte rose vif, et d'autres à côté, virent au brun puis au pourpre. Les fleurs sont nommées, Orpin. La plante soigne les aphtes, le traitement des brûlures, et prévient des hémorragies. C'est une plante grasse de longues tiges charnues aux feuilles larges et épaisses de couleur vert jade à vert d'eau. Les jardiniers ont bien travaillé. J'ai vu des fleurs de Vénus, des Verbena, on les nomme aussi Verveine de Buenos-Aires. Elle sont de la famille des verveines utilisées en huiles essentielles, depuis l'Antiquité elles ont des vertus miraculeuses. Elles s'apparentent à la myrte, ma tutrice apprécie beaucoup son odeur. Roses, elles s'élancent depuis une tige qui les déploie bien ordonnées. Je vais me ressourcer aux origines de toute vraie vie. Ma tutrice suit mes aventures, excentrée d'elle-même, elle s'ouvre à la joie d'une communion, à la rencontre de ma particularité et de cet environnement que j'explore. Elle va vers l'autre, elle comprend, elle nomme les présences qui nous entoure, puisqu'elle m'a apprivoisée. Cela ne se voit pas dans le jardin, bien que j'ai une tendance à voler vers elle, ou dévoiler notre complicité en me posant sur son épaule. Elle tente d'éviter ce signalement, il y a des envieux et des incultes. Elle esquisse ses connaissances vers celles et ceux qui sont à l'écoute, par pédagogie et paisibles initiations. Les dépassements sont nombreux et ne s'évitent pas lui soufflais-je, sur ses cheveux. Les ressources créatrices sont plus fortes, tandis que l'égo tant à racornir tout sur lui-même, je suis un messager qui témoigne de son extériorité. En racornissant tout à lui-même l'égo se ferme de toute possibilité d'enrichissement, il s'entoure de préjugés et opprime sa beauté, elle lui reste méconnue. Je vole vers l'autre, je propose une forme philosophique, c'est comme un geste et une parole sans aucun mot, le fil de l'amour, si tu le vois ?
La naissance d'une personne peut advenir en se ressourçant de l’amour aux origines de toute vraie vie. Dans un élan mystique je dévoile un paysage, ma trajectoire est inattendue pour l'être humain : je vole.
Ce n'est pas nouveau, l'être humain envie cette faculté, celle de voler. De l'envie à la jalousie, se cache une peur, il se sent en insécurité, il ressent une perte de territoire, une peur de l'abandon, une peur d'être trompé, un manque de confiance en lui, il en résulte une rivalité constante et permanente avec les autres. J'ai rencontré une petite fille accompagnée par sa grand-mère, elle n'avait que 4 ans et demi, mais elle était très grande, et elle souhaitait m’attraper. Elle attira sa grand mère dans un recoin, ma tutrice se reposait et découvrit ce petit bout de femme vêtu de rose et qui se nommait Rose. La petite approcha sa main très doucement de mon dos, puis je me dérobais assez rapidement. Sa grand mère se présenta à ma tutrice, elles échangèrent, mais moi, j'avais cette petite aux yeux de mygales noires et sa langue qui s'activait sur ses lèvres, elle se léchait les babines et disait tout fort : "Je l'ai presque touchée" Ma tutrice trouva qu'elle était en avance pour son âge, en général, les enfants qui m'approchent et engagent un questionnement avec ma tutrice sont les plus précoces. La petite nous raconta son quotidien, sa grand mère était très sympathique, elle lui a dit : "Tu t'en souviendras longtemps de ce moment exceptionnel". Petite pie, j'ai compris que je pouvais devenir un sujet, parfois un objet de désir. Les sentiments terrestres me sont étrangers. Lorsque je joue avec mon amie l'autre pie, je lui attrape la queue. Tout simplement car les êtres humains malintentionnés ont tenté de me tirer la queue. J'ai commencé à imiter ce trait d'esprit avec d'autres pies, avec lesquelles j'estimais que je pouvais avoir un ascendant. C'était me tromper, chez les pies, on ne tire pas la queue.

Le soleil se lève, il fait encore frais, je vaque à mes occupations et elles sont multiples. Ma découverte du nouveau jardin, avec des arbres et buissons différents, des fleurs et des légumes, c'est très bien rangé. Il y a plusieurs autres pies aguerries, elles savent où se nourrir. Je n'ai pas eu de parents pour m'apprendre, je suis dans une imitation approximative. Je passe beaucoup de temps à cacher de menues choses que j'estime importantes à mes yeux, mais elles ne s'avèrent pas nourrissantes. Je sais que ma tutrice veille au grain, elle connait l’imprégnation et les conséquences, j'ai pour l'instant une attitude mi-imprégnée par l'être humain, mi-sauvage, j'aime bien avoir ce truc en plus. Je ne sais pas assez que notre complicité, avec ma tutrice fait des envieux. Nous avons eu une désagréable expérience. De jeunes enfants d'êtres humains qui s'ennuyaient âgés d'une dizaine d'années ou une quinzaine, sont venus nous harceler sur plusieurs jours. Ils voulaient me toucher et ont insulté ma tutrice et son compagnon. Ils m'ont protégé. Ils pensaient que ce serait d'autres oiseaux, ou les chats qui seraient mes principaux prédateurs, mais ce sont bien les êtres humains, en particuliers les adolescents. Ils sont peu éduqués et indifférents aux animaux, aux choses de la nature. Et, ils sont très envieux de cette filiation entre un être humain et un animal, que celui-ci soit dans la nature. Ils pensent d'un coup que je pourrai leurs appartenir. Ils sont aussi jaloux de l'amour qui co-existe. Dans ce pays, la violence est encouragée, partout. Elle est montrée comme modèle d'émancipation, de protestation, de manifestation, d'existence. Dans ma réalité, ce sont nos jardins qui sont piétinés, les arbres coupés, les êtres humains ne nous voient pas, ils nous insultent souvent et nous méprisent.

Spectateurs du secret, lorsque l'amour vers une autre espèce nous apprend sur tout un monde invisible, nous demeurons pour les autres, non initiés, des sortes d'espions secrets, des ennemis, et nous pouvons devenir des bouc émissaires d'ignorants.
Un jour j'ai vu des amoureux allongés, un jeune homme et une jeune femme. Petite pie, je pensais que tous les amoureux sont des êtres très sympathiques, qui jouent et donnent de la nourriture adaptée. Ils mangeaient des frites, la jeune femme avait un briquet et pour me repousser, elle l'a allumé sur mes ailes, cela m'a fait très peur. Heureusement ma tutrice a vu cet incident de loin et est venue réaliser un peu de pédagogie. Ils ont compris, mais moi j'ai compris qu'il y avait des êtres humains différents. Au début, je pensais qu'ils devaient être tous comme ma tutrice, j'allais vers eux avec tout mon enthousiasme, mon petit cœur porté par ses ailes si fragiles. Les êtres humains manquent beaucoup de culture. Il y a peu d'enseignant engagés dans les écoles pour sensibiliser les jeunes et les moins jeunes. Cette jeune femme avait plus de 20 ans. Ma tutrice sait que dans ce pays, on supprime les enseignants, on fait de même, avec un briquet, on pense les éloigner. Ici, les écoles sont brûlées. Les employeurs maintiennent les enseignants dans une précarité extrême, et leurs enlèvent le sel de leur vie, tout leur parcours, leur savoir, et les laissent sans emploi. Ils ne veulent plus que les enseignants évoluent, leur situation de vie est contrainte par de nombreuses règles communautaires qui les empêchent de s'épanouir. Souvent, sans qu'ils ne s'en aperçoivent, c'est entre mêmes enseignants que les contraintes se créent, au fur et à mesure, ils s'isolent de leur famille, de leur histoire, ils deviennent marginaux. Ma tutrice rencontre des sans domiciles fixes, le pas dans la vie cachée dans la nature est rapide, entre la vie d'avant et la vie à se cacher pour dormir. Il n'y a pas de solidarité. Sont poussés vers les marges de la société humaine, des êtres sensibles et cultivés. Pourtant leur savoir ne peut faire face à leur détresse. Rien ne sert de savoir lorsque tout nous repousse, lorsque la nature humaine devient repoussante. Nous les pies nous côtoyons tous ces êtres, certains attendent que les jardins se vident afin de s'installer la nuit venue et déguerpir au petit matin, je me lève avec eux, dès notre réveil, ils savent qu'ils doivent partir, reprendre leur sac, et passer leur journée à faire semblant, de lire sur un banc publique, de tenir encore debout. Mais moi je vois leur barbe grandir, ils étaient habillés à la mode de tous ces jeunes, ils ne parlent plus, ils dorment comme s'ils se préparaient à mourir en silence. Puis, ils hurlent comme des fauves. Cachés, les touristes pensent que ce sont des animaux derrière un mur. Ils sont aussi savants que nous, dans le camouflage, car nous le savons tous, les oiseaux se cachent pour mourir.

Je ne connaissais rien à ces pratiques très répandues de groupe, ces méthodes de harcèlement qui s’acquièrent très tôt à l'école. Ma tutrice a étayé une pensée philosophique sur ce phénomène, elle s'applique, mais cela ne sert à rien. Elle est sérieuse, j'espère lui faire découvrir cet autre monde, celui de la confiance. Les êtres humains sont lâches ensemble. Ils sont solidaires uniquement dans cette faculté de trouver une personne sur qui se défouler ensemble. Parfois ils disent que les pies sont des nuisibles. Ils ont répertorié notre famille d'oiseau comme une race qu'il faut éliminer. Même si les études ont évolué, certains ont gardé cette idée que nous volons leurs récoles et leur bijoux. Petite pie j'ai vécu le harcèlement mais contrairement aux êtres humains, cela ne me touche pas, d'ailleurs je ne comprends rien aux insultes. Le danger est au sol, le danger est partout, dans les branches, le jour et la nuit. La liberté aussi, est à chaque instant, le choix doit se faire en un éclair. Le savoir, dans ce pays est devenu une cible, il est attaqué. La connaissance se cache, au grand désespoir des êtres humains sensibles.

J'ai rencontré plusieurs autres êtres humains très gentils, et aussi des experts, une soigneuse qui m'avait remarquée et voulait me capturer pour réaliser ses expériences. Heureusement que ma tutrice était là. Elle lui a raconté mon histoire. La soigneuse était jeune et encore en stage et elle m'avait repérée, elle trouvait que j'étais une pie atypique, mais elle ne savait pas que j'étais en phase de réintégration. Elle était vêtue d'une robe blanche décolletée, et avait une multitude de tatouages partout, sur ses jambes, ses bras, et un petit sac en toile. Elle correspondait avec ses amis à l'aide d'un casque sur ses oreilles et se photographiait sans arrêt avec son téléphone, son visage en faisant des moues. Lorsqu'elle a vu ma tutrice elle s'est présentée comme une soigneuse, c'était plutôt l'inverse que j'ai vu. Elle était prête à me désintégrer, m'emmener en observation, car elle pensait que j'étais seule et isolée, et que je devais être malade quelque part. Je devais avoir des problèmes de santé, et comme elle venait d'apprendre qu'elle pouvait capturer pour soigner, ainsi se donnait-elle le pouvoir d'être soigneuse. Ma tutrice est bien plus âgée, elle a deux fois son âge et elle est très calme. Elle me dit qu'elle a connu aussi cela, en tant qu'être humain. Une femme qui se dotait d'un pouvoir qu'elle n'avait pas a voulu l'emmener voir un médecin pour que le médecin réalise qu'elle avait un problème pour être aussi atypique. Le médecin fut très embarrassé, car elle a vu que ma tutrice était douée, et intelligente et très gentille, mais harcelée au travail. Elle me fait comprendre que cela arrive chez les êtres humains de se sentir avoir un pouvoir sur l'autre. Elle me dit qu'en période de guerre, les méchants font cela, ils envoient des êtres humains être fichés chez des médecins ou à la police. Moi petite pie, j'ai pensé que ce monde s'ennuyait et ne savait pas grand chose. La soigneuse s'est aperçue à temps de l'erreur qu'elle allait faire. Moi j'étais très sympa, j'allais la voir, elle mangeait des poireaux, mais je n'aime pas ça. Ainsi ma tutrice a eu le contact d'une association qui sauve des oiseaux dans le Limousin, c'est exactement ce qu'elle a fait avec moi. Ils ont un nombre important cette année de choucas tombés du nid et de martinets. Ma tutrice trouve les martinets très beaux. Apus, apus, ils peuvent rester en vol durant des mois, sans se se poser, leurs pattes sont atrophiés, ils ont des vols incroyables, et ce sont les plus rapides, parfois 200km/heure. Ils sont confondus avec les hirondelles. Mais leur grosse tête est engoncée, leurs yeux si expressifs. Elle voyait un petit verdier se faufiler dans les branchages, d'un vert si vif, qu'elle ne le voyait que par intermittence, camouflé dans ces feuillage vert. C'est la soigneuse qui lui a dit le nom potentiel de cet oiseau. J'étais contente de les voir échanger, elles ont des connaissances différentes. La plus jeune, c'est par la théorie, ma tutrice c'est l'expérience du terrain et de la vie quotidienne avec des oiseaux, elle est artiste. La soigneuse lui révéla qu'avant son stage, elle n'avait jamais porté aucune attention aux oiseaux. Elle ne les distinguait pas et n'y attachait aucune importance. Son association recherchait des bénévoles, elle a dû apprendre très vite, depuis, elle fait très attention, cela a valorisé aussi son saut dans la vie active, il y a un sens dans sa vie professionnelle. C'est un très beau métier que celui de soigner des oiseaux et un beau métier jardinier. Ma tutrice rencontre des gens très riches, et différents que l'on ne distingue pas, et qui sont dans le lien à la nature.

Ma tutrice me dit que je suis la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis des années. Moi je lui dis que sans elle je n'aurai pas pu vivre tout cela.

J'ai connu la pluie, la tempête, une chaleur étouffante, la raréfaction de l'eau, des comportement agressifs, des attentions particulières, des vols de nourritures par mes copines les pies, des courses poursuites, écureuil, hérisson, il y a eu une chatte qui a eu plein de petits chatons, j'ai vu tant de glands tomber, de fleurs pousser, de nuages, de cris diverses et variés de tant d'animaux, des langues étrangères humaines, je suis fatiguée tous les jours, et je suis vive de plus belle. Son compagnon me fabrique des jeux, il a plein d'idées très rapidement, ils les mets a exécution, sur le champs, j'aime cela, car je suis dans le même élan, enthousiaste et sans préjugé, il agence des fagots, des sortes d'avions de glands délicats. Au début il était venu confiant avec ses instruments de musique, mais je suis une pie. Puis un jour il est venu avec une boule rouge un peu molle, d'un rouge très vif, grosse comme une balle de ping-pong. Il était malin en me la présentant, mais ni une ni deux, je lui ai piqué la balle et suis partie avec le nez rouge du clown à travers champs. C'était incroyable. Je me signalais partout avec cette balle au bout du bec, puis je l'ai cachée avec préciosité dans un feuillage. Voici ma sagacité, qu'on se le dise, je suis une pie effrontée. 

Je suis un presque rien, je suis presque tout.

L'été s'éternisait ces dernières années, cet été, les journées ne se ressemblent pas, peut-être suis-je devenue la tutrice de ma tutrice ? Elle disait en souriant que le nom qu'elle pensait m'attribuer était une thérapie (Téra-pie). Ça c'est bien une mauvaise idée, son compagnon au moins, me nomme pimousse.

Pidoudou, pidoux.

Je reste "La pie", pour elle, je l'ai rencontrée sur des tapis. La pie des tapis.

À chaque instant, elle pense aux tapis volants avec moi. Lorsqu'elle était petite comme une pie, elle se transportait dans les contes fantastiques, où il y avait des tapis volants, persants. La lévitation n'est pas une mythologie pour elle. Le jardin est un espace sacré, depuis elle m’accueille sur un rectangle de tissus, comme si je venais dans un lieu qui comprenait le monde entier. Il faut imaginer un décor, une fontaine, une corne d'abondance, des invités, une vue sur le ciel. Il y a sur ce bout de tissus, qui est un tapis, le jardin du monde, parfait dans un calme absolu. Sur un tapis volant, la mobilité à travers le monde et l'espace, est une métaphore d'une partie du tout.

Tout est possible, tout est magique.

Et puis, il se replie, il disparait.

Et moi je m'envole comme si je n'avais jamais existé, comme si j'étais juste un rêve.

Un songe. Lorsque je reviens, la magie opère comme une apparition divine, et lorsque je ne suis plus là, j'arrive à maintenir l'espoir que je suis quelque part, ou ailleurs.

Au dessus de tout. Un esprit sain.



vendredi 14 juillet 2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un albanais venait me voir, il sifflait, mais je ne répondais pas à son appel. Il me racontait qu'il avait une soixantaine d'années, arrivé ici en France en 2016. Il est très dur de trouver un travail, il y a plein de réfugiés, jamais de contrat à durée indéterminée, que des CDD, toujours différents et trop courts. L'administration est infernale, il ne peut même pas retourner dans son pays, cela fait 8 années qu'il n'a pas revu l'Albanie. Il est fier de ses 2 fils, ils ont chacun un Master à l'université, un à Périgueux et un à Bordeaux.

Il me dit qu'en Albanais une pie se nomme "grizhlël".

Il est revenu me voir avec sa femme le lendemain. Il était bien habillé, et elle brune, belle en rose couleur des fuchsias, ils étaient élégants. Il voulait me présenter mais je n'étais pas là, je venais de prendre mon bain, je me suis échappée vers d'autres cieux. Espérance me disent-ils, fait briller mes yeux et enlève mes larmes, que le jour où je te découvre soit solennisé. Me souvenir de toi, éclaire mon endormissement, accompagne mes rêves, fait disparaître mes tracas. Grizhlël te souviens-tu que tes amies sont aussi en Albanie ? Ce qui me reste à vivre, je veux le vivre avec elle, ma femme, la plus belle. Notre âge n'est plus si vert, nous ne comprenons pas cette langue, j'entends ton cri solitaire, le mien te rejoint.

Ma tutrice lisait un livre, "Le Laboureur et les Mangeurs de vent: Liberté intérieure et confortable servitude" de Boris Cyrulnik. C'est à elle que je donne mes rencontres, les artisans et leurs soliloques, ils pensent me trouver pour la première fois, ils me surprennent et font un vœux, je les surprends en train de prier. Quelle drôle de manie ces téléphones ! Ce sont des objets devenus mes intermédiaires. Ils me capturent dans toutes leurs photographies, ils balayent de leurs doigts grassouillets l'écran, je suis sur leur téléphone avec eux, parfois avec des fleurs en arrière plan. Ils emmènent mon image et la montre à leurs proches : "Regardez, cette pie m'aime, cette pie vient vers moi, regardez, je suis si innocent, je fais partie des anges" Pourtant, lorsque je regarde les images derrière leur dos, ce que je vois, c'est ma tête d'ahurie. C'est ce qu'ils préfèrent, eux aussi, ils ont une mine d'ahurie, les étourdis.

C'est un jour de fête, un jour comme un autre pour moi. Les feux d'artifice ont fait fuir mes amis les oiseaux, je me suis réfugiée dans un paradis noir, celui du silence. Tous les chemins où s'éloignent mes amis me serrent le cœur. Je dors seule sur ma branche, terrorisée parfois. Je sais qu'elle n'est pas loin, mais elle s'éloigne, ma maman.

Voici le matin, pour moi, la fête revient, tous mes amis chantent le lever du soleil, mon cœur se réjouit. Le sol est humide, c'est agréable et si frais.

Le tintement des affaires arrive tout doucement, toute chose grince gentiment.

Aimable nature, j'attendrais le temps qu'il faut, elle reviendra.

Bienfaits et délices, ma tutrice arrive. Elle fait connaissance de tous mes amis humains et oiseaux. Petit prodige je picore son livre, je lui dis "Allez hop ça suffit ! La vie c'est mieux, la vraie ! On passe à l'action !" Je lui ramène un collier, il n'était pas fini, à peine commencé, 4 perles vertes sur un fil de nylon. Je lui dépose des cadeaux, des feuilles et des glands. Je courre comme un bolide sur les baskets de son compagnon, je lui picore sa casquette "Berlin, Berlin", il m'a fait découvrir des jeux, je prends des bains de soleil et d'extase sur son épaule, mes yeux bleus s'ouvrent et mes ailes aussi, uniquement lorsque je suis en confiance, j'ouvre mon bec en grand, rouge à l'intérieur. Je respire, ils me regardent comme bénie des Dieux.

Soyez heureux aussi ! Il vous est permis de respirer ! Malgré tous vos malheurs, ne soyez plus exclus de la vie !

J'entends le vent bruire dans ces feuillages, je choisi lesquels vont me balancer doucement dans une quiétude profonde.

Mais j'entends une voix éternelle, je suis vivant encore.

Un soir je suis allée sur la tête d'un homme, plein de cheveux noir et blanc, je lui tirais sa kératine de mon bec en aiguille. Sa femme était admirative malgré le mal que je lui faisais, à son mari, et le plaisir qu'elle en soutirait, derrière son téléphone, le fameux appareil de photographie de tous les êtres humains. Elle prenait des photos de nous deux. Il disait : "Aie, Aie, Aie !" Puis ma tutrice est arrivée, j'étais gênée, elle m'a surprise avec un autre homme et une autre femme. Elle a raconté mon histoire, je suis en phase de réintégration dans mon élément naturel.

Il n'y avait nulle science dans mon geste, je suis démasquée.

Cette femme est revenue une semaine plus tard, elle nous a présentés son père, un vieil homme qui habite derrière, elle a apporté un présent. Elle est venue nous saluer et nous a dit désirer emmener son père voir la pie. J'étais timide, je ne voulais pas les voir. Ma tutrice me les a présentés, puis elle m'a donné son présent. Une noix de coco remplie de graisse, avec des petits vers. J'ai un peu boudé ce gros machin. Je suis petit mais je mange de la viande rouge qui saigne. Son père était âgé et si heureux de me voir. La fille et son père réunis, ils étaient baignés de félicité. Elle devait avoir la cinquantaine, elle était émerveillée, elle a pris des photos de lui et de moi, de nous, enfin c'était un jour spécial pour eux.

Juste avant j'étais cachée, et une grande personne s'est cachée derrière un arbre, il a déposé un présent : 3 framboises, c'était pour moi.

J'avais déjà pas mal picoré ce jour-ci, beaucoup me font des présents. Il est revenu le soir avec une autre personne, il lui a montré que les framboises avaient disparues, il était si heureux, il disait à son amie : "Elle les a mangés, elle les pris !"
Il y a plein d'autres oiseaux.

Plusieurs jours plus tard, ma tutrice est allée se présenter à ce dessinateur qui est venu nous montrer ses beaux dessins. Toutes les pies se sont mises dans un arbre nous regarder, ils étaient 3 humains et moi au milieu, je grignotais son carnet, ma tutrice tentait de m'empêcher de faire mon intéressante. J'avais très soif, avec ces 38 degrés, ils échangeaient sur toute la vie des êtres humains, et leurs aventures, ils ne se connaissaient pas auparavant et ils ont dressé un portrait kaléidoscopique de leurs chemins, quelles drôles de vies. Mes copines les pies sont venues assister au spectacle de nos échanges. Ma tutrice chuchota que nous étions comme dans "La Conférence des oiseaux", le grand poème persan écrit par le soufi Farid al-Din Attar en 1177. Moi je ne connais pas ces choses là, mais je ressens d'autres choses, j'espère qu'ils comprendront, ce dont je suis capable de faire aussi, de me souvenir, aussi loin que les oiseaux volent, il y a bien plus longtemps que tous ces poèmes, des temps où les poètes n'étaient pas nés.

Un très vieil homme un peu sourd du pot est venu me donner des lardons. Ma tutrice a dit que j'avais déjà mangé. Il lui a dit : "Ces bêtes là ça mange de tout, elle a faim, faut lui donner à manger, il y a sa mère avec ses deux pies derrière. Elles est très jeune". Ma tutrice tentait de lui expliquer que mes parents n'étaient pas là, et que j'avais été élevée par elle, et qu'elle m'avait appris à voler. Il n'entendait rien, il roulait un peu des mécaniques devant elle et voulait lui dire que c'était lui qui l'avait découverte, nous avons bien rigolé. Il a dit qu'il habitait en Charente Maritime, qu'il a plein de poules chez lui. Toute sa vie, il a lancé des graines. Puis, il a compris qu'il s'était trompé, et que j'étais bien élevée, je me suis mise sur l'épaule de ma tutrice. Je suis une pie qui vole partout, certains pensent me découvrir dans l'intimité, reviennent et sont déçus de me voir avec une autre personne charmée. Je fais des jaloux. Les êtres humains apprennent la liberté.

Une femme très apprêtée avec son petit mari, un monsieur "je sais tout" me demande si je ne vais pas voler ses boucles d'oreilles, son mari dit que je mange même les autres oiseaux. Ma tutrice leurs explique mon intelligence, ce qui dérive de ma curiosité et mon incroyable adaptation, mais cela ne s'explique pas, surtout à des idiots ! Alors je vais picorer son sac à main et elle va confirmer son préjugé, et ira me dénoncer, je serai fichée à la police. Mais je ne participe à aucune émeute moi !?  C'est un nuisible ! Mais non, je suis une petite pie, et pour les petits cœurs, je suis l'alliance du génie poétique et du philosophe. Audacieuse et franche, je peux me mettre en colère. Mais c'est à l'amoureux que je déclare la vie plus belle, c'est à l'amoureuse que j'ouvre sa cachette ensevelie, sa beauté qui s’évanouit, dans son doux regard. Je remue leur enfance, la source de leurs royaumes angéliques, qu'ils n'ouvrent jamais. Toutes les dissonances s'oublient d'un coup, je suis devant, je brise le chagrin. Retrouves ta dignité vieille Lune ! Laisse s'abîmer tout ce qui doit, et vole vers l'étoile ardente, l'espoir infini retrouvé.

Parfois je suis photographiée, je fais ma star. Trois américaines sont venues me photographier, je faisais la reine, puis l'espiègle, puis je me suis attaquée à leur lacets. Il y a toujours un moment où cela déconne grave. J'inspire confiance puis deux minutes plus tard, je me dérobe, je prends la poudre d’escampette. Les êtres humains sont des orages ambulants. Ils soupirent et envient les ailes qu'ils cherchent toute une vie. Ils sont confinés dans de terrestres idylles, avec un esprit exalté parfois ivre, souvent plaintif. Je les entends, ils délirent, je suis bien plus raisonnable. Ils souhaitent que tout vienne à eux, ils sont partisans du moindre effort, ancrés dans leur confort. Ils veulent tout avoir, ils ne savent qui ils sont vraiment. Ils ont peur de presque tout. Ils se sont tant protégés, de la pluie et du mauvais temps, que les grenouilles sont devenues des étrangères. Nous sommes toujours dehors, nous vivons l'instant présent en composant avec la vérité, guidés par notre sagacité.

Une autre fois ce sont des espagnols : Doña Urruca ! Me nomment-ils.

Les jardiniers me rapportèrent que j'avais changé leur vie, leur travail, car je venais piocher à côté d'eux. Ils me ramenèrent en camion, sur leur capot, quand je me perdis, ils m'adorent, je fais ma capricieuse, je ne dis pas mon genre, un mâle ou une femelle, vous ne le saurez pas ! L'un me nomme : Pipelette.

Un jeune jardiner a raconté plein de chose à ma tutrice, comment ils travaillent leur sélection de graines, avec le GPS les connexions avec plein de pays étrangers, leurs cultures, il est en apprentissage. Ils travaillent aux aurores, avec son équipe, ils n'avaient jamais vu cela une pie qui revient ici, et qui parlent aux humains. Tout le monde remercie ma tutrice. C'est une fructueuse découverte, elle n'est pas si fortuite, je l'engage à la qualifier de sérendipité.

À présent j'ai des copines pies, mais alors, elles ne sont pas faciles, j'essaye de m'intégrer, et je ne me laisse pas faire. Elles piquent mes victuailles que je cache, car j'en ai des trésors.

Je chasse l'écureuil pour les impressionner !

Elles m'observent, j'ai ce quelque chose qu'elles n'ont pas.

Chaque journée est bien remplie, c'est énorme, je parcoure des kilomètres, je vois tout. Je raconte un peu, mais je ne dis pas tout.



Photographies © Sonia Marques

vendredi 7 juillet 2023

ℛℯ⊥я◎υ√αїʟʟℯ﹩



Photographies © Sonia Marques

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Avec un petit pincement au cœur, je regardais les photographies de la pie lorsqu'elle était très petite. Je me demandais comment dormait-elle.

Dans la nature, depuis un arbre, le miracle se produisit, la pie tomba vers nous, vers moi, "tcha cha cha cha cha chak", me cria-t-elle. La pie avec ses petites pattes courra me saluer, et bien mieux, me faire la fête "KIAK !". Les émotions sont fortes, dans ces situations, c'est un bouleversement. J'ai fait perdurer l'accompagnement dans son élément naturel. Je suis devenue un oiseau, un grand oiseau.

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Photographies © Sonia Marques

Montée dans un arbre, et m'endormir à la tombée de la nuit, me lever à 6h, et aller chercher de la nourriture, lorsque la vie gazouille de toutes parts, déterrer les vers, picorer les mousses, et voler le plus haut, se percher dès qu'un bruit éclate, ou qu'un chat rode en passe-muraille, à la tombée de la nuit, alerter toutes les autres pies et le faire fuir. Avec mes copines, je parle pica pica. Les bains de soleil enlèvent mes parasites, le formicage, laisse les fourmis envoyer leur projections défensives d'acide formique faire leur travail sur mes ailes. Les êtres humains ne sont pas tous gentils, ignorants tout du monde ailé. Mais il y a des rencontres merveilleuses, une petite fille venue des châteaux de Chambord et son père, ils vont à Sète, elle va voir sa grand-mère. Il y a des amoureux, ils ne me voient pas, il se bécotent en bas de mon arbre, parfois ils esquissent des gestes doux à l'abri des regards devant des lotus roses flamboyants. Il y a des sans domiciles fixes très tôt, ou très tard, ils font comme moi, farfouillent dans les poubelles, il y a tant de restes de nourritures, car tant de touristes qui parcourent les jardins. Les jardiniers font beaucoup de bruit, de nouvelles plantes jaillissent, des pavots blancs qui touchent le ciel. Les arbres japonais et l'arbre à soie, des chênes et des séquoias, des bouleaux, des arbres qui sentent la vanille ou les amandes, des chiens énormes, des boules blanches et crèmes ou ceux en muselière. Et voici le merle noir, il est avec sa femme brune et tachetée, ils ont un petit brun tacheté, ils leurs trouvent des petites choses. Mes copines les mésanges bleues, les noires, les rouge-gorges et ce pivert qui taille les arbres sans arrêt. Les faucons pèlerins sont partis. Des photographes avec de très grands appareils aux aurores sont venus nous apprendre la nouvelle, un petit s'est pris un mur en piqué au moment d'attraper une proie ailée au vol. Ils peuvent atteindre 300 km/heure en piqué, là ils ne savaient pas bien s'y prendre. C'est la catastrophe. Et puis la mère a été vue morte, que s'est-il passé ? Le nichoir est vide. Les pigeons font la fête partout, leurs prédateurs sont partis. Il y a des grenouilles la nuit, si petites, les chats les observent, les chauve-souris parcourent dans tous les sens le paysage la nuit.

Je me suis envolée sur l'Albizia julibrissin, cet arbre à soie si fleuri et rose, afin de passer mes premières nuits, chassée par deux grandes pies, prise au piège. Ainsi ai-je découvert que ce fut un italien botaniste, Filippo Albizzi qui ramena de Constantinople les graines de cet arbre. Il ressemble au genre des Acacias et des Mimosas. Ma tutrice humaine connait bien les acacias, sa mère elle-même aime chiper des graines et faire des expériences, cultiver la surprise. L'été cet arbre est orientaliste, il a une valeur ornementale par la couleur rose de ses étamines. On se sert de son bois jaune et marbré en menuiserie. D'une  forte odeur d’ail à la coupe, cela ne m'a pas dérangé. Les fleurs sont toniques et digestives, elles ressemblent à de petits pinceaux roses disposées en parasol sur les cimes. Heureusement qu'il était là, pour un atterrissage impromptu.

Mes amis les oiseaux, sont les créatures les plus joyeuses au monde. Enfin de la gaité autours de moi, comme moi. Que les êtres humains sont méchants et bêtes, ce sont eux les bêtes. Pourquoi nous-ont-ils nommés les bêtes ? Pour nous humilier ? Ignorants ! Nous sommes timides et si téméraires, le courage le plus noble, celui dont les êtres humains, n'ont cure. Pourtant nous sommes vifs, plein d'ardeur et de francs enthousiasmes, une sincérité dans nos élans, nous chantons par petits bonheurs, par petits plaisirs, restaurés par le sommeil. Pris de frayeurs, nous nous taisons, silencieux cachés. Nous sommes sensible au naturel, mais point au cultivé. C'est l'état de nature qui nous offre notre vitalité, opportunistes, nous les oiseaux, nous les pies, nous baignons dans la félicité. Un touriste nous disait : "Les êtres humains ont peur de la gratuité, si habitués aux choses du commerce, lorsque la nature leur donne des fruits et des légumes, ils ne veulent pas les prendre, il veulent prendre seulement ceux qui se vendent, contre de l'argent"

Je dois avouer que voir un être humain rire m'est étranger, mais qu'est-ce que c'est merveilleux. Ma mère humaine, me nourrissant, malgré qu'elle fasse partie de ces créatures tourmentées, avec leurs vies misérables, étrangères à tous les phénomènes naturels, me procure un grand réconfort de ce rire malicieux que je ne peux imiter. Mais je suis joueuse, et mon allégresse s'exprime au gré des jeux. Son compagnon est taquin avec moi et il m'a appris à me défendre, à être plus précise, je tourne autours de lui et je joue à cache-cache. Volubile, je concurrence le rire, même si mon aspect semble être celui de faire la tête, mon air sérieux dément ce qui m'anime, la joie, intrinsèque à ma nature, la vie. Je fais partie d'un grand peuple ignoré de tous, nous avons une connaissance infinie du monde, notre intelligence est admirable et notre adaptation multiple, inattendue.

Entendons-nous bien, j'aime les êtres humains, ils m'ont sauvé la vie aussi. Mais le savent-ils, nous sommes en train de sauver la leur... Afin qu'ils éprouvent de la joie à vivre.

*



Hommage à Érik Satie, le musicien, par l'artiste peintre Magritte (1925-1935) encre sur papier





 






 










Photographies © Sonia Marques & JBD







Photographies © Sonia Marques


lundi 26 juin 2023

ḉℓαḯяℯ⊥⊥℮ṧ

Un beau récital à l'inauguration du Parvis Des Clarisses, un nouvel espace de convivialité et de culture réhabilité par le diocèse dans l'ancien couvent des Clarisses de Limoges, par l'ensemble Collegium Telemann, composé de 2 sopranos, violon, traverso, viole de gambe, clavecin, un programme de musique baroque (Telemann, Quentin, Bach, Orejon, Guillemain, Bernier) Nous avions pu être témoins des travaux l'hiver, et, d'une visite privée, par hasard, et tout est hasard, pas si hasard, nous savions qu'une œuvre allait orner l'entrée, dans un style discret mais flamboyant, en bronze, réalisée par le dernier fondeur du Limousin, l'artiste Guillaume Couffignal.

Ce café solidaire se propose d'être un lieu où, l'attention à l'Autre, au Bien, au Bon, au Vrai, au Beau sera invitée et donnera du sens à la vie. Est résumé dans la citation choisie, le motif du cœur :
"On ne voit bien qu'avec le Coeur" Antoine de St Exupéry

Cet espace s'inscrit dans tout un écosystème autours de la cathédrale St-Etienne, où une pension familiale, accueillait déjà des personnes en grandes difficultés, aux faibles revenus, d'un isolement relationnel et social, mais suffisamment autonomes pour ne pas relever d’ un accompagnement éducatif lourd.

L'histoire des sœurs clairettes est documenté, à Limoges il y a une sœur qui est arrivée ici dans les années 1650... de la lignée des sœurs de Saint François d'Assise, qui ont pour vocation d'être dans le monde au service des plus petits.

Je trouvais cela très intéressant cette histoire de congrégation religieuse féminine enseignante et hospitalière.

Par hasard, et tout est hasard, pas si hasard, arrivés lorsque les musiciens se préparent, dans un lieu frais. Baroque, chaises et tapis, le paradis des pies.

Le hasard qui n'est pas un hasard fait qu'une pie est tombée du nid ici, bien avant l'ouverture. Personne ne faisait attention au plus petit, chacun, chacune, affairé à sa brocante à la vente de bibelots. Sur des tapis, elle ne pouvait ni voler ni manger, elle appelait ses parents, qui eux, ne pouvaient pas la secourir dans le capharnaüm des êtres humains. J'ai aperçu perchés très haut, les parents, qui lui répondaient, et elle ouvrant son bec vers eux, à la merci des prédateurs. Elle sautillait de toute ses forces, les dernières. L'équation impossible. J'ai donc effectué un sauvetage en douceur, et ses parents le savent. Je dois lui offrir un retour aux sources, après avoir repris des forces, en bonnes compagnies, elle vole à présent de ses propres ailes. Elle a beaucoup dormi. Humble demeure, repos mérité, piqué du bec, et non du nez. Pfff ! Que l'arrivée dans ces hospices plus clémentes fut mérité ! Appétit petit ogre, pépie de pie. Le voile est bleu céleste, comme les perles de ses yeux, la nuit noire, comme la tête d'une pie, pas encore pipelette. Chemin tissé d'apprentissages, la réintégrer dans son milieu naturel, là où elle est née, étapes par étapes. Quoique, jusqu'à présent tout s'est fait, de façon quotidienne sans difficulté, avec les petits accidents des bébés oiseaux que je connais si bien, leurs essais et leurs dérapages à surveiller. Nous établissons un programme de réhabilitation et d'écoute des autres habitants ailés, entre autres, à l'aube, et au coucher. Devenue sa soigneuse et mère de substitution, tâchant de ne pas m'y attacher, la réussite du programme sera lorsqu'elle sautera sur les arbres et se nourrira et dormira seule, ou avec sa famille, si celle-ci la reconnaît. À priori, jusqu'en automne ils vivent en famille.

Le matin, nous ne sommes pas bien réveillées, la pie m'attend... Ces jours-ci, elle a pu entendre et observer son milieu naturel, il y a des séquoias, de grands arbres qui seront des lits de nuit. Il faudra bien qu'elle fasse sa place parmi ses corneilles, mais aussi de toutes les choses et bruits des êtres humains, pluies et tempêtes naturelles... Ou feux d'artifices, Canicules et raréfactions de l'eau... Comme l'on devient vite un parent, qui anticipe tous les dangers ! Elle m'apprend l'envol et la nature. Attirée par le plus haut, le plus élevé, frugale et joyeuse, la pie est très intelligente, l'une des espèces qui s'adapte le mieux à tout environnement. Anthropisation des paysages... L’anthropophilie, de anthrôpos (« homme ») et de philos (« amour de »). La pie anthropophile, est capable de vivre aux côtés de l'être humain. Elle n'a pas peur, la pie est un oiseau courageux, espiègle, messager spirituel protecteur et tant d'autres félicités... elle m'apporte la joie, avec l'intelligence de son esprit.

Je n'ai jamais vu un oiseau réaliser autant de progrès en quelques jours ! Qui est le maître et qui est l'élève ?
Il y a toujours une école, même lorsque l'on pensait fermé l’accueil des sages enseignements !

Photographie © Sonia Marques

"En attendant, j'ai appris à lire et jouer avec des boulettes de papier, prendre mon bain, écouter de la musique... pipapelula... voici que je chante aussi, je recherche la bonne fréquence de ma radio..."



Le voyage des plantes & les Grandes Découvertes
Auteur José E. Mendes Ferrão
Traducteur Xavier de Castro
Édition Chandeigne

Description :

On connaît un peu en France l’histoire de la tomate, de la pomme de terre, du maïs, originaires du Nouveau Monde, parce qu’ils ont conquis l’Europe et que leurs tribulations nous ont été vaguement enseignées à l’école. Mais on ignore qu’aux XVIe et XVIIe siècles, quasiment toutes les plantes vivrières ont changé de continent, bouleversant complètement les habitudes alimentaires et les pratiques agricoles dans le monde entier, en particulier dans les zones tropicales. Ainsi les plantes typiquement asiatiques comme les cocotiers, les manguiers, les orangers doux, etc., vont se retrouver rapidement en Afrique et aux Amériques ; à l’inverse, les plantes américaines – patates douces, ananas, arachides, papayes, noix de cajou, etc. – vont s’implanter sur les deux autres continents ; l’Afrique va exporter quelques plantes d’importance comme le café ou le palmier à huile. La banane et la canne à sucre, d’origine asiatique mais acclimatées depuis longtemps dans le bassin méditerranéen, connaîtront soudain une exploitation quasi industrielle en Afrique et dans le Nouveau Monde. Cette diffusion s’est essentiellement faite sur les navires portugais de la ligne des Indes, disséminant graines et plants aux escales de Madère, Açores, São Tomé, en Angola, au Mozambique, puis à Goa et Malacca, plaques tournantes des échanges en Extrême Orient. Doté d’une riche iconographie d’époque, ce livre conçu à la manière d’un dictionnaire dresse un inventaire spectaculaire de cette première mondialisation.. Il relate la découverte et le voyage des 69 principales plantes vivrières consommées dans le monde et de quelques autres qui eurent un usage industriel plus ou moins important (hévéa, ricin, aleurite, rocou, etc.). Il donne les conditions de leur découverte ; leurs premières descriptions et appellations, images extraites des sources d’époque ; leurs multiples pérégrinations jusqu’à aujourd’hui; pour chacune, les chiffres actuels de la production mondiale, son évolution et les principaux producteurs.

jeudi 22 juin 2023

J☺ї℮









Photographies © Sonia Marques


lundi 19 juin 2023

ℒα ℙi∃ ∂℮ṧ ✞α ℙiṧ








Photographies © Sonia Marques

ϴℛḠṲℰ




Un concert était donné ce 18 juin en la cathédrale Saint-Étienne de Limoges afin de bénir le retour du grand orgue après une longue période de restauration, harmonisé durant 9 mois en Espagne, à Barcelone.
Le relevage,
le nom de son installation après sa restauration.
Le grand orgue de la cathédrale Saint-Étienne a été démonté fin 2021, tuyau par tuyau, puis transporté à Barcelone au sein de la facture d’orgues Grenzing, représentée par Francesca Molina, Andréas Fuchs, André Lacroix. J'ai assisté à toutes les étapes et j'ai vu les tuyaux assez impressionnants, être mis en boîte. La coïncidence, c'est qu'il fut un temps, mon voisin de pallier était jeune organiste dans cette cathédrale. J'ai ainsi pu voir de près, l'orgue avant qu'il ne soit rénové.

Bénédiction de l’orgue par Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges, l’abbé François Renard et Mgr Juan José Omella, Cardinal et Archevêque de Barcelone.

François Dupoux, titulaire des orgues de la Cathédrale, a joué en introduction : Marcel Dupré (1886-1971) : Cortège et litanie.

Puis le grand récital par Quentin du Verdier:

Johann Sebastien Bach : Toccata et fugue en ré mineur
Choral Wacher Auf, Ruft Ins Die Stimme (choral du veilleur)

Camille Saint-Saëns : Danse macabre

Louis Vierne : Carillon de Westminster

Maurice Duruflé : Prélude Adagio et Chiral Varié sur le Veni Creator

La DRAC de Nouvelle-Aquitaine, site de Limoges, Roland Galtier, technicien conseil auprès du ministère de la Culture, Didier Rimbaud, ingénieur à la DRAC de Limoges, ont accompagné ce relevage.

Quentin du Verdier, fait partie des brillants organistes français de la jeune génération, il est venu spécialement donner ce récital, élève du Conservatoire de Paris. J'ai apprécié les différentes tonalités de cet instrument composé de 50 jeux. Les normes de sécurité évoluent, avant, la transmission de l’instrument était électronique, à présent elle est éléctro-numérique, avec davantage de possibilités, et une palette diversifiée. En 400 ans, trois orgues ont pris place en la cathédrale Saint-Étienne. En 1939, l’installation d’un orgue en provenance de Marseille est avortée, et un projet d’orgue moderne voit le jour. C’est l’architecte Jean Creuzot qui a lancé la construction de cet orgue, inauguré à Limoges en 1963 et qui a réalisé la structure en béton qui le soutient en la cathédrale.

Cet orgue passe de trente-cinq jeux à cinquante jeux. Il y manquait "la voix humaine" : "La voix humaine est un jeu de détail très beau. Il l’utilise dans la musique du 19e siècle notamment. Cela avait été un oubli du technicien de l’époque." dit François Dupoux

"On a tous les jeux qu’on appelle le "plein jeu" typique de l’orgue. Ils l’ont parfaitement accordé au moment des travaux. Là, on a un plein jeu dans l’esprit baroque classique." dit Quentin du Verdier. L’organiste nous a fait entendre les vibrations des tuyaux, certains, hauts de près de dix mètres.

La construction de cette cathédrale commença en 1273 et ne fut terminée qu'en 1888 par le rattachement du clocher d'origine romane (porche d'entrée roman) à la nef, soit six siècles de construction. Le portail Saint-Jean de style gothique flamboyant est particulièrement magnifié sous l'éclairage nocturne. A l 'intérieur se trouve un jubé très richement orné dans le style Renaissance. L'édifice reste l'un des rares grands monuments gothiques du sud de la Loire. A l'issue d'une campagne de fouilles à l'été 2005, un baptistère exceptionnel, un des plus grands de France, a été découvert au pied de la cathédrale. Monument Historique. Cathédrale construite en granite. Connue comme l’une des plus belles cathédrales ogivales du sud de la France ; premier édifice religieux au IIIème bâti par Saint-Martial, puis basilique dédiée à Saint-Étienne au Vème ; cathédrale romane au XIème où Richard Cœur de Lion fut confirmé Duc d’Aquitaine en 1169.

Le cardinal espagnol était venu la matinée, sur la commune de Chaptelat et la confrérie de Saint-Éloi en Limousin qui organisaient ce week-end les 11es ostensions depuis 1953, dont je faisais mention sur un article antérieur (St Martial). Il portait un ensemble, à la cathédrale d'un orange très vif et l'évêque de Limoges, un ensemble d'un rose très vif, tous deux presque fluorescent. Le cardinal me faisait penser à un autre article que j'ai publié (Crânes et vanités) et la peinture de Cranach. Cette date de ce concert du 18 juin était aussi une coïncidence, dans mon parcours. Il y a quelques années, à cette date j'ai écouté attentivement ce que l'on fait de mal dans mon milieu professionnel, la culture justement. Une épreuve qui a complètement changé mon point de vue sur la façon dont s'engonçait l'enseignement. J'avais alors en tête, que cette date, me faisait penser à l'appel du 18 juin 1940, lorsque le général de Gaulle lançait son appel aux Français à s’unir dans l’action pour libérer la France, et prononça un discours. Afin d'être à l'écoute, je pensais à la résistance. Ainsi, dans cette cathédrale, le temps m'a fait comprendre, le temps de l'envol, le relevage. Il y a une semaine, un ange est arrivé dans ma vie, une pie tombée au pied de la cathédrale sur les tapis. Il y a quelques années, j'ai écris une nouvelle, sur l'histoire d'un tapis (Amuser le tapis). La pie des tapis tombée du nid, une thérapie.


Une tourterelle grise et blanche, se pose devant moi, puis s'envole, elle était éclatante de vérité.

Photographies © Sonia Marques


dimanche 18 juin 2023

⊥℮ґя@мø⊥◎

















Photographie © Sonia Marques

Terramoto

la terre gronde

que faites-vous les humains ?

tout ce tintamarre pour rien

ne perdez pas de temps !

⋋( ◕ ∧ ◕ )⋌

samedi 17 juin 2023

Ṳ†☮ṔЇ€
















Photographies © Sonia Marques

5 jours et j'ai déjà grandi...

je mange seul, j'essaye de voler, je me lisse les plumes, je me fais une beauté

je parle avec les habitants

je sautille et je m'ébroue

j'ai moins peur

je dors tranquille

je fais ma poule

je fais mon pingouin, mon martin-pêcheur

mon transistor

mon poussin

il pulcino nero

je fais ma pie

j'ai la pépie

je suis une utopie

déployer mes ailes et voler au dessus des soucis

me nourrir seul, aller chercher ma nourriture...

je suis bien ici...

où sont mes parents ?

mes frères et mes sœurs ?

⋛⋋( ‘Θ’)⋌⋚

Nous avons vu un nid à terre...

Nous avons vu les parents

Bientôt je t’emmènerai les revoir...

Quand tu voleras de tes propres ailes...


dimanche 11 juin 2023

ℙїℯ

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Photographie © Sonia Marques

Bébé Pie tombée du nid... pouvait pas mieux tomber...

samedi 4 mars 2023

ḠℛѺṲ ḠℛϴṲ

Photographie © Sonia Marques

Les voici, des paquets de "grou grou" au dessus de nos têtes, la migrations  des grues cendrées...
Des vols très nombreux entrent en France depuis l'Espagne, Les grues hivernantes en Camargue, quittent le site en direction de l'Italie et dans une moindre mesure empruntent le couloir rhodanien.
Au nord de notre pays, des vols nombreux sont signalés en Belgique et en Allemagne... Les suivre ici.

Un bonheur renouvelé que de les entendre et les chercher du regard. Toujours étonnée de voir les passants, sans les entendre, ni les voir, lorsqu'elles ont au-dessus, si belles et majestueuses, des dessins dans le ciel, des navigations très spécifiques, chaque jour, un spectacle merveilleux.

Depuis 2010, j'ai appris à les reconnaître, de façon ontologique, être oiseau, en capacité de quitter, revenir, savoir où il faut aller, avec ses proches. Ces grues sont des signes des temps, les plus porteurs de sens, au-dessus des volcans (un titre de son et chanson que j'avais composé, ici même... comme une grue cendrée...)

La Grue cendrée est l'un des plus grands oiseaux d'Europe. Une envergure de 2 m à 2,40 m pour un poids de 4 à 6 kg font d'elle, un oiseau imposant. Son nom de « cendrée » lui vient de sa couleur à dominante grise, couleur cendre, relativement uniforme. L'oiseau adulte présente une tête contrastée entre noir et blanc. Une calotte rouge située au sommet de la tête est également plus ou moins visible selon la saison. Cette zone n'est pas constituée de plumes rouges, mais au contraire, résulte d'une absence de plume. La couleur rouge est due aux vaisseaux sanguins particulièrement nombreux à cet endroit et qui affleurent sous la peau. La couleur est donc plus marquée et la zone plus étendue à l'approche de la période de reproduction, période d'excitation sexuelle. La « queue » en panache n'est en réalité que l'extrémité des rémiges (plumes des ailes) qui dépassent. La véritable queue est en réalité très courte et n'est visible que lorsque l'oiseau est en vol. Le jeune né dans l'année est différent car entièrement brunâtre. Il acquière progressivement son plumage d'adulte. En vol, la grue se distingue par sa silhouette en forme de « + », ses grandes pattes dépassant largement à l'arrière et son cou est tendu.

Le cri est très caractéristique et ne peut être confondu. C'est un « grou grou » qui lui a d'ailleurs donné son nom dans bon nombre de pays. Il permet bien souvent d'entendre les oiseaux bien avant de pouvoir les observer.

Espèce protégée en France depuis 1967

Vitesse de vol : 40 à 80 km/h en moyenne. Si les vents sont porteurs et puissants, la grue se déplace à plus de 100 km/h. La grue peut donc traverser la France en une journée. Altitude de vol : de 200 à 1 500m.

Population transitant par la France : environ 360 000 individus Population hivernant en France : environ 100 000 / 120 000 individus Les grues transitant par la France nichent essentiellement en Suède, Finlande, Allemagne du Nord et Pologne.

mercredi 4 janvier 2023

Ḻ℮ṧ ♏ÅḠ∃ϟ















































Dessins, et photographies © Sonia Marques

lundi 4 juillet 2022

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Photographies © Sonia Marques



  



Écouter les hirondelles : As andorinhas

A andorinha é um símbolo da cultura portuguesa : a lembrança mais sentimental do país: andorinhas de cerâmica.
Um símbolo nostálgico, as andorinhas só saem do ninho quando todas as suas crias saeme regressam sempre.

Esta ligação ao ninho – ao lar ou à pátria – é importante na cultura portuguesa.

A andorinha é considerada a personificação desse sentimento da saudade. Quando temos uma andorinha dentro ou fora de casa, essa ave transporta consigo a saudade de quem a ofereceu, uma boa recordação.

Em 1896, Raphael Bordallo Pinheiro registou a patente da sua versão original da andorinha de cerâmica. Raphael Bordallo Pinheiro e o seu irmão Feliciano já eram artistas de destaque na época. Quem visita Portugal provavelmente já viu os seus pratos de cerâmica – que ainda são feitos com os moldes originais em Caldas da Rainha – com o formato da comida que devem conter e celebrando coisas como repolhos, galinhas e peixes. Estes itens encontraram uma vida nova nos últimos anos entre os millennials e instagrammers, mas o capricho destas obras é diferente do trabalho feito na solene andorinha. Ricardo Brochado diz que a andorinha de Raphael Bordallo Pinheiro marcou um momento crucial na história do país. Portugal estava a afastar-se do romantismo na literatura e na arte para adotar a celebração do realismo. As andorinhas de Raphael Bordallo Pinheiro foram ficando cada vez mais populares ao longo dos anos. Apesar de ainda podermos comprar as versões originais, há artesãos por todo o país que agora oferecem as suas próprias versões desta forma icónica. Os viajantes encontram opções que variam desde os mais de cem euros até aos 50 cêntimos.

As andorinhas também servem como amuletos de proteção. Algumas pessoas acreditam que este símbolo funciona como uma mezuzá judaica, os pequenos rolos de pergaminho que são colocados nas ombreiras das portas e em templos judaicos. Existe uma ligação comum entre o povo judeu e a diáspora portuguesa.

A andorinha representa que existe um ninho algures em Portugal, embora existam portugueses a viver pelo mundo inteiro.

    



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