bmk

blog m kiwaïda

Philosophie

Fil des billets

18/03/2024

₩♓ЇT€ ฿Ḻ∀℃ḰℬЇℝḎ



Illustrations © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un merle noir plongea sur moi, il criait. Je faisais comme si je ne le voyais pas, je le toisais. Mais, il décida qu'à chaque fois que j'entrais dans son périmètre, de foncer sur moi. J'avais fait quelque chose qui ne lui plaisait pas, et il souhaitait me le dire. Je ne savais pas quoi, ni quoi dire, ni pourquoi était-il en colère ? À la tombée de la nuit, il me fit comprendre certaines choses. J'étais arrivée à un seuil, je devais m'émanciper, je n'étais plus une petite pie, l'enfant des pies. Il était si insistant, que cela ressemblait à une forme de harcèlement. Ma tutrice interrogea ce merle.
Son cri d'alarme était un "tjuk" sonore, répété 5 ou 6 fois, et dont le rythme s'accélérait tout en allant crescendo, puis il devenait un peu hystérique, il semblait très inquiet. Sa tonalité devenait aussi métallique "tjink tjink tjink", lorsqu'il défendait les limites de son espace.
Au crépuscule, il commençait par une mélodie enchanteresse, puis lorsque je me baladais par inadvertance, faisant mine de ne pas le voir, en plongeant mon bec dans une flaque d'eau grisâtre, il fonça sur moi en poussant des cris stridents.
Je décidais d'entrer dans la conférence des oiseaux ce soir, sur une branche près de lui et sa compagne, je me posais le regardant.
Le merle noir n'arrêtait pas sa complainte. Le rouge-gorge se posa ensuite à côté de lui, j'étais encerclée, j'écoutais, j'entendais bien ce qu'ils me racontaient.
Puis le couple de pies se posait en face de nous, un peu plus haut.
Et, bien plus bas, mes tuteurs nous regardaient.
Dans le silence de ce soir- là, tout était déplié.
Nous étions au seuil.
Le merle me côtoyait depuis des mois déjà, nous avions passé l'hiver ensemble, il est vrai que je le taquinais de temps à autre, surtout s'il venait à boire dans ma flaque d'eau à terre. Il n'avait pas peur de moi, ni des êtres humains. J'admirais son chant et son plumage noir lustré, son cercle oculaire jaune vif et son bec d'or. Son amie d'un brun plus pâle et tachetée n'était jamais très loin. Le premier à chanter le matin ou l'un des dernier du soir. Le rouge-gorge est de sa famille. Il mange des lombrics, il ratisse le sol à fond. Il a trouvé sa compagne cet automne, je l'ai vu avec ses disputes vives, tous deux, se poursuivant et essayant de voler l'un au-dessus de l'autre. Ils sont champions de la reproduction, et peuvent élever jusqu'à 5 couvées en une seule saison. La première est souvent détruite, pas très bien dissimulée par les feuilles.
Comme tous les turdidés, je regardais le merle recherchant sa nourriture au sol, il m'arrivait de le copier. Ils trouvaient sous les arbres et les buissons des escargots, des vers, des scarabées et des larves d'insecte. Les feuilles mortes furent retournées dans tous les sens. Il est souvent querelleur ce merle noir et chasse ses congénères, mais aussi les autres oiseaux. Il était un peu stressé, mais stressant aussi.
Ma tutrice m'interroge : "As-tu détruit le nid du merle, ou as-tu empêché ce couple de réaliser leur architecture ?"
Je lui dis : "As-tu vu des œufs bleus ?"
Alors que nous avancions dans la conversation, tous, j'étais située entre les merles, les pies et le rouge-gorge, je décidais de voler entre mes tuteurs.
Ils décidèrent de méditer, nous nous envolions tous la nuit venue.
Le jour venu, la clarté d'un ciel quand même opaque, laissait le blanc des baskets très éclairant.
Gris partout, pas de merle, en vue.
Le rouge-gorge sacré, vint se baigner en toute confiance dans ma flaque grise.
J'étais prête à partager.
Les merles pouvaient recommencer leur construction, mieux dissimulée.
En attendant, ma tutrice m'expliqua 2 ou 3 choses. Cela reste entre nous.
Elle me raconta l'histoire du merle blanc. Je décidais de la réserver et la raconter ensuite au merle noir, celui qui me chasse.
"Mais", lui demandais-je, "pourquoi ses œufs sont bleus ?"
Le merle est discret pour conquérir son amoureuse. Sa parade est à l'abri des regards, pourtant sa panoplie est large de cris aigus aux gloussements, à la large ouverture de son bec d'or, sa queue étalée ou redressée. Il s'accouple très rapidement. La merlette qui se charge de la construction du nid, avec ce qui lui tombe sous la patte ou le bec, y compris des matériaux plastiques récoltés çà et là. Le nid peut être installé aussi bien dans un buisson de lierre très dense que sur une enfourchure de branche. La femelle pond entre 3 et 6 œufs, et elle assure la couvaison quasi toute seule pendant 2 semaines. Le couple assure la subsistance pendant 3 semaines. Après, tout ce petit monde dehors, et on peut recommencer. Tout est si rapide ! Outre l'effet parasol de la couleur bleue des œufs de merle, il semblerait que cette couleur, favorise le signal au merle mâle de mieux prendre soin des œufs. Des scientifiques ont réalisé une expérience à ce sujet. La couleur des œufs serait le signal de la qualité et de la santé de leur compagne, une femelle en bonne santé engendrant de bébés plus sains. Si les œufs bleus sont plus brillants, ils seront nourris deux fois plus à l'éclosion par le mâle. La couleur bleue des œufs du merle est due à la biliverdine, un pigment déposé sur la coquille de l'œuf lorsque la femelle pond. Il existe certains indices suggérant que les niveaux les plus élevés de biliverdine indiquent une femelle plus saine et donnent des œufs d’un bleu brillant. Les œufs pondus par une femelle saine semblent ainsi encourager les mâles à s'intéresser davantage à leurs jeunes.

"C'est bien ce que je leurs disais, non seulement, ils devraient mieux réaliser le nid, mais en plus, ce merle devrait mieux s'occuper de ses enfants !"
"Ce n'est pas une excuse valable pour piquer dans la construction, ni même si tu vois des œufs bleus qui t'intriguent, ce sont des bébés merles en devenir, ne touche pas à ces bijoux célestes"

Le lendemain, le merle s'installa avec sa compagne au crépuscule, et nous offrit son chant mélancolique si doux de notes flûtées, claires et sonores, un autre en faisait de même.
C'était le moment de découvrir des secrets, de passer la porte.

Je décidais de raconter l'histoire du merle blanc :

 Sur les conseils d’une pie, un oiseau blanc était entré dans une grotte magique pour y chercher le trésor inestimable du Prince des richesses. Atteignant une seconde grotte intérieure, l’oiseau y découvre un tas de poudre d’or. Plongeant son bec dans la poudre, il est surpris par le démon gardien du trésor qui, crachant flammes et fumée, se précipite sur lui. Réussissant à s’envoler de la grotte pour échapper aux griffes du démon, l’oiseau blanc s’aperçoit qu’il est devenu noir et que son bec est resté d’un lumineux jaune d’or.

Je lui donnais des baies de sorbier et nous avons fait la paix, chacun sachant ses limites de l'autre, dans notre aire de jeu. Ce merle noir était le forgeron, il m'invitait à travailler dans la forge de mon cœur et à faire un bon ménage de printemps ! Moi petite pie, je décidais de ne pas rester sur le seuil, comme m'invitait le merle noir, et de franchir un nouveau monde, ne pas refuser d'assumer mon pouvoir et mes responsabilités. Oui je pouvais détruire les œufs bleus, mais ce pouvoir je ne l'utiliserai pas, afin de rester parmi mes amis merles, je prenais mes responsabilités. Même si le merle me provoquait, je ne rentrais pas dans le conflit. Car, je savais, au fond de moi, que j'avais un pouvoir. Je souhaitais lui faire savoir que j'avais la connaissance de sa découverte des trésors, tout cet or était à lui, petit forgeron, et sa capacité de reproduction exceptionnelle. Je savais aussi, que son espérance de vie était réduite, alors, j'étais heureux de voir ce merle retrouver la paix. Je sais qu'il peut recommencer à se montrer attaquant, mais il saura alors, trouver en moi, le respect de son or.


Par kiwaïda at 14:13

04/02/2024

☮ґTiεṧ

Journal d'une pie (extrait)


Je retrouvais mon petit arbre japonais, le photinia. Des pousses roses ont surgi. L'un de mes premiers arbres de nuit et d'exploration l'été dernier. Je ne lui connaissais pas cette merveilleuse disposition à fleurir à l'arrivée du printemps. "Mais, ce n'est pas encore le printemps", me dit ma tutrice. Pourtant, je suis si éveillée comme un printemps, n'est-ce pas d'ailleurs une manière romantique de fêter l'âge de la jeunesse ? J'ai bien 1 printemps ? "Haha !" Sourit ma tutrice, "Ce n'est pas tout à fait exact, tu n'as même pas 1 été ! Tu es comme, à l'ombre des saisons, une phase de stage, en quelque sorte !"
C'est ce que l'on va voir, pensais-je ! Tous les oiseaux par milliers sont aussi fous de joie, que moi ! N'en déplaisent aux êtres humains dotés d'une horloge scientifique...
Bien qu'elle m'explique que la saison du printemps arrive en mars, moi je ressens que c'est déjà le printemps. Mes nuits sont très froides, je dirai même qu'elles ressemblent à cet hiver si rude, mon premier, mais tous mes amis, les ailés de tout cet univers sont avec moi, pour fêter le printemps. Chaque jour est un jour rempli d'espoir et tout surgi, il y a des bourgeons partout. Ma tutrice me dit toujours de me méfier, je ne connais pas les saintes glaces, mais elles arrivent au mois de mai. Je lui réponds que je suis comme elle, je pense à parader, sortir mes plus beaux atours, faire mon défilé, comme ce qu'elle m'a raconté, tous ces froufrous !
Je découvre mes arbres de jeunesse, que j'ai délaissés pour de très hautes sphères, de très grands arbres. Je vois les haies et les buissons, tous ces petits feuillus, dont les plus petits oiseaux raffolent. Le goyavier du Chili, ma tutrice me l'a fait découvrir, lorsque j'étais encore un bébé oiseau. Lui, j'ai eu la chance de voir ses fruits. Je leurs parle comme de petits messieurs, des personnages. Aussi persistant que le photinia, dont je verrai, pour la première fois, les fleurs bientôt.
Le goyavier, m'a fait découvrir de petites baies roses à la fin de l'été. Ses fleurs sensuelles, mellifères rosées, de petites cloches, je les ai tellement senties, elles furent mes premiers jouets en pleine nature. Leurs effluves étaient bien plus fortes au coucher du soleil et c'était un lit de conte de fée, pour ma nuit des grandes solitudes. Il parait que ses fruits sont utilisés pour fabriquer l'arôme de fraise, pour les êtres humains, ou ces choses vaporeuses et nuageuses, les barbes à papa, roses, que fabriquent ces êtres doués de fantaisies mercantiles. Ma tutrice me racontait qu'elle avait fabriqué des barbes à papa, des nuages, mais sans le colorant rose, afin de créer des nuages blancs, lorsqu'elle étudiait à l'école des Beaux-Arts de Paris, pour inviter les passants à se faire photographier sur un fond bleu. Les polaroids réalisés sont de charmantes photographies d'un imaginaire déjà de celui de côtoyer les nuages. Elle avait réalisé cette performance artistique et ainsi avait favorisé dans cette école, la venue d'un nombre plus conséquent de visiteurs. Une publicité inégalée dans cette école en désertion. Ainsi, avait-elle rencontré une designer très connue, qui avait été séduite par cette idée formalisée et très concrète, généreuse mais rigoureuse, comme la contemplation d'un monochrome bleu, et l'avait embauché durant quelques années pour travailler avec elle, sans rémunération évidemment, comme tous les artistes. Les nuages donc, ma tutrice avait la tête dans les nuages.
Comment avait-elle disposé un bébé oiseau dans ces arbres ? J'ai multiplié mes efforts pour la retrouver et poursuivre nos discussions.
À l'abri des vents, certains arbustes prospèrent. Bien qu'un grand chêne nous dominait, plein de nids divers, cet été, cet arbre me faisait peur, puis, lorsque j'ai débusqué l'écureuil malicieux, très tôt, aux aurores, j'ai réussi à courir et voler dans ce chêne imposant, afin d'attraper la queue rousse de cet énergumène unique. Les êtres humains ne peuvent savoir à quel point, les arbres sont nos amis, nos lieux de vie, et donc, les poumons de la nature, mais aussi ce qui permet à ces êtres humains de respirer.
Respirer : le savent-ils ?
Nous sommes toutes parties car des hélicoptères se sont stationnés au-dessus de nos têtes, au-dessus de nous tous, et même à notre niveau. Ce sont des bêtes énormes, nous avons très peur de ces engins là. Ma tutrice m'a dit qu'ils provenaient de la gendarmerie. Elle m'explique que d'autres sont de couleur jaune, et ils sauvent des vies en urgence, transportant des êtres humains vers les hôpitaux. Car dans cette région, les êtres humains n'ont pas de médecins, ils se font rares. Mais ceux-là ont fait un boucan d'enfer ! De vieux êtres humains se croyaient en guerre et ne savaient se qu'il se passait. Ma tutrice est venue me raconter que c'était des tracteurs au sol qui manifestaient leur mécontentement. Ils bloquaient des rues, et les hélicoptères les surveillaient. Un des tracteurs avait la possibilité de faire de la musique avec ses klaxons, c'était assez beau comme un orgue joyeux, pas lugubre. Elle m'expliquait que les tracteurs sont les véhicules des agriculteurs et qu'ils avaient trouvé une technique pour envoyer du lisier sur les façades des établissements visés. Je lui demandais si c'était comme nous les pies, nous envoyons nos crottes sur les personnes qui nous embêtent ou même sur celles que l'on aime bien, lorsque nous  sommes tranquillement installées sur leurs épaules ? Non, me dit-elle, ce n'est pas tout à fait pareil. Elle me disait qu'à Limoges, ils ont choisi un établissement administratif, dont les employés s'occupent de contrôler et créditer leur domaine agricole, mais les choses se sont complexifiées et des normes ont alourdi le travail des agriculteurs, les procédures ont tellement ralenti les choses, que certains attendaient depuis des années d'être payés et se sont endettés, et même se sont sentis tellement abandonnés, qu'ils se sont suicidés. Je me suis dit, que quand même, c'était une sacrée idée de projeter du lisier sur des habitations, même si ce sont des lieux où les êtres humains travaillent, mais ne dorment pas, de très beaux bâtiments tous neufs et modernes si grands, car c'est ce que nous faisons quotidiennement, nous les oiseaux. Il y a des lieux où les oiseaux crèchent la nuit, et ils sont si nombreux qu'ils défèquent sur les arbres et ceux-ci, au fur et à mesure, deviennent malades, dans les milieux urbains. Ce sont nos fientes à l'allure d'une pâte blanche, composées de déchets, notamment d'ammoniac que l'on converti en acide urique. Les êtres humains en ont horreur lorsqu'ils en trouvent sur leurs voitures, car l'acidité fait des dégâts et attaque la couche de vernis. Quelques heures en plein soleil et c'est marqué, c'est indélébile.
Nous sommes des peintres !
Parfois la forte concentration de nids et nos colonies nécessitent l'abattage d'arbres car la pourriture attaque la racine de ceux-ci. En général, les fientes sont distribuées de façon assez aléatoire pour que cela ne cause pas de problème, dans la nature. Seulement s'ils collent sur des jeunes tissus végétaux encore fragiles, là c'est toxique. Il existe du "fumier" de poule qui est vendu ou bien du "guano", qui provient des animaux marins, principalement un engrais pour les agriculteurs. Contrairement à ce que les êtres humains pensent, les bactéries éjectées de notre corps survivent rarement longtemps, le risque d'infection n'est pas élevé des fientes d'oiseaux, même s'ils vaut mieux s'en débarrasser avec des gants. Si le caca d'oiseau tombe sur les êtres humain, il y a peu de risque sur la santé. D'ailleurs, si c'est le cas, c'est un signe de chance. Parfois, les fientes contiennent des graines encore viables, ainsi les déjections dans la nature favorisent aussi l'avènement de plantes nouvelles, et leur distribution incertaine, peut aussi favoriser l'avènement de mauvaise herbes, selon. Il y a des êtres humains qui déposent une mangeoire pour oiseaux dans leur jardin ou leur balcon, parfois ils n'adaptent pas bien ce qu'ils y déposent. Ma tutrice connait très bien ce travers. Ils déposent des graines de tournesols, qui se trouvent êtres toxiques aussi pour les plantes situées en dessous. Car les déjections des oiseaux qui picorent ces graines provoquent une toxicité pour les plantes situées aux alentours. Par ailleurs, ces graines sont trop grasses, mais il existe aussi des boules de graisses vendues dans le commerce pour les oiseaux du jardin, de même, elles ne sont pas bonnes pour nous les oiseaux, trop grasse en trop grande quantité. En revanche, la fiente de poule est très bonne pour les jardins, riche en minéraux pour les plantes. Lorsqu'elle me racontait les tonnes de lisier projetés sur les façades, je ne savais pas la composition, ce sont des excréments des urines des bovins, porcins et ovins, avec d'autres débris. Dans le fumier, qui est plus solide, ce qui est différent, car le lisier est plutôt liquide, on peut aussi trouver la forme du purin. Ce dernier est aussi une matière où les variétés sont des engrais de différentes sources (orties, prêle, urine d'animaux domestiques…) on trouve des transformations de ces purins, qui servent ensuite à tous dérivés ammoniaques, ils dégraissent la laine, des mordant pour la teinture, des solvants pour un tas de choses… On pense aux fongicides, aux insecticides, et là on rentre facilement dans des problèmes écologiques, car tout est question de dosage et d'équation de cohabitation, d'où les débats de tous les êtres humains, pas d'accord entre agriculteurs et écologistes. Par exemple, le purin d'ortie a été sauvé de l'appellation de pesticide, mais cela change encore. Cette fameuse “guerre de l’ortie” dure depuis plus de 10 ans. Très efficace au jardin, le purin d’ortie était cependant interdit par la réglementation puis a été expressément autorisé. La guerre de l'ortie est très intéressante à étudier pour observer le ballet des lois depuis des dizaines d'années les "pour" et les "contre, afin de classer comme danger celui-ci ou pour l'adopter comme bénéfique.
"L'ortie, en voilà une bonne réflexion philosophie" me disait ma tutrice. Concernant ce qui était projeté sur les bâtiments, petite pie, je pense que c'est catastrophique pour le nettoyage, mais si les agriculteurs sont asphyxiés autant par des formulaires administratifs et ont perdu par suicide autant de leurs camarades, n'est-ce pas, une forme d'alerte qui sent très fort ? Pour peu que les fonctionnaires administratifs aient encore un peu d'odorat, parmi leurs sens amenuisés ? Si je pouvais conseiller les êtres humains, je leurs dirai que oui, déféquer sur la tête des êtres humains c'est salvateur…. Mais ils ne peuvent pas le faire, car ils ne volent pas au-dessus de tout, au-dessus des lois terriennes. Ma tutrice me dit, que si, les guerres sont faites d'engins aériens qui dégagent bien plus que du purin, de toutes choses néfastes pour toutes vies, et ce sont des inventions guerrières infernales. En souhaitant égaler les oiseaux, ils ont inventé des engins de guerre.
J'ai eu une idée de canadair de caca, afin de voir des milliers de plantes nouvelles, et des bombardiers ?
Ma tutrice me regarde et me dit : "Il ne faut pas pousser mémé dans les orties" !
Si c'est comme ça je m'envole, d'autres ne lâchent rien, moi je lâche tout ! Ciao !


Par kiwaïda at 15:56

08/01/2024

ℰϟℙѺIℜ


Journal d'une pie (extrait)

ESPOIR, lui dis-je

Petit bout, j'étais nu, dans mon costume.
Une patte après l'autre, je marchais en gambadant, dans la nature.
Dans l'odieuse liberté de mentir à mon espèce animale.
J'étais fou, de toi, de vous, de tous, de ce que je ne connaissais pas.
Je sautillais, je m'en foutais, de tout, je voulais tout voir et de suite tout goûter et puis partir en courant.
Partir sans me laisser attraper par le temps ni par la nuit.
La viande au bec, les vers déterrés, au diable la mort, au diable les morts.
Je vole vers toi, je vole, vers l'adieu, je vole vers l'odieux ciel, je vole vers Dieu.
C'est Janvier je m'en fou, je suis fou de toi, je suis fou, je suis un petit roi.
Personne ne me voit, personne ne me croit, personne ne le sais, moi-même je m'en tape le cornichon !
Une année nouvelle ? Qu'est-ce ?
Je connais l'étouffante chaleur, le froid sibérien, la tempête nocturne et les pluies diluviennes.
Je ne connais pas les mois, ni les années, ni les chiffres, ni même les hommages, ni les guerres.
Chaque jour je vis la guerre de la vie, survivre est un combat de tout instant.
La minute où je suis fou, de toi je te le dis, la minute d'après je suis loin de toi et je t'oublie pour ma survie.
Te voilà, enfin, me voici à l'heure.
Je reviendrai, la nouvelle année aux vols certains charmer tes incertitudes et voler ton sourire.
J'ouvrirai les yeux des passants, abandonnés à ne plus parler, ni oser embrasser la vie.
Et je volerai si loin, que leur espoir de me revoir nourrira, enfin leur destin.
Avenir, je saurai venir à eux, je serai à venir, toujours avenir.
Bonne année pardi !
Mon paradis !
J'ai dit !





Graphismes-peintures © Sonia Marques

Par kiwaïda at 12:35

29/12/2023

ϟϴṲṔiℝs


















Photographies © Sonia Marques

Respire, à travers le soupirail...

Par kiwaïda at 23:31

21/09/2023

ℒ℮ яøṧṧї❡ᾔøL



Journal d'une pie (extrait)


Il arrivait l'orangé, chanter devant elle. Souvent, il se posait sur différentes branches la regarder. Si elle ne le voyait pas, il se posait au sol, animant son petit buste rond couleur d'une belle orange, afin qu'elle le discerne sur les pétales brunes des feuilles au sol, ou parmi les plus vertes. Ainsi elle pouvait le voir, puis il se disposait très rapidement sur une branche face à elle. Très curieux d'elle et ses lectures, ses yeux ronds noirs l’observaient. Et comme cela ne lui suffisait pas, il sautait  de branches en branches, puis d'arbres en arbres situés près du sol, pour l'observer de différents points de vue, car elle était assise en train de lire. Ainsi, une nouvelle complicité s’installait au fil de ses venues, très silencieuses. L'oiseau minuscule n'avait pas encore dit un seul mot, tandis qu'elle en avalait de multiples, de ses lectures.
Puis, un jour, de ces jours plus tristes que les autres, où la solitude intérieure était plus intense et incommunicable à l'humain, il apparut devant elle sur une branche, d'un air plus léger que les autres. Il s'affichait ainsi : Le rossignol.
Elle venait de perdre son joyeux complice de tous les temps, son petit oiseau orange africain. Il était âgé mais toujours vif, voici qu'un rossignol, aussi orangé, vient lui offrir son plus beau chant.
Il commença, il déroula une mélodie très douce et fluide, il chantait pour elle. Elle n'en revenait pas, tout cela pour elle ? Elle savait que le rossignol annonçait notre venue, nous les pies. Mais là, elle avait un petit soliste pour elle toute seule, dans la fraîcheur d'une fin d'été, sans aucun autre spectateur, ni même aucun passant.
Il mis sa patte dans sa poche, ainsi disait-elle de ses amis les oiseaux, il s'installait donc, en confiance pour un petit bout de temps. Puis il émit des petits sons discontinus, si infimes qu'elle se demandait s'il était possible qu'un être humain puisse les entendre. Elle devait ainsi régler ses niveaux d'écoute, elle entendit qu'elle pouvait ainsi s'adapter aux sons différents et aux complaintes, les siennes, mais aussi la sollicitude des autres, de ce petit orange, un porte-parole de son oiseau africain.
L'ouïe développée, elle fermait les yeux, et le rossignol s'approcha d'elle sur la première branche. Elle le remerciât.
Il s'envola comme il était venu, une apparition  qui forme les doutes des matérialistes, cela n'existe pas disent-ils.
Tout récit des rossignols n'est qu'une affabulation de plus.
Pourtant, le rossignol chantait, pour elle.
Nous voici ensuite, parader auprès d'elle. Mon concurrent et copain devenu, le mâle pie, qui avait perdu ses plumes, en pleine mue, lui qui était devenu si laid, et faisait peur à tous, était devenu le prince de la forêt, la mue terminée. Elle avait accompagné sa mue en redoublant de victuailles nutritives. Il était luisant et noir, ses plumes chatoyantes.
Moi petite pie, à mon tour d'être en mue, je n'osais la voir, et passait furtivement, ma tête déplumée, montrait ma fragilité. Elle savait ce moment difficile et se montrait plus tendre à mon égard. Je l'écoutais et recevais ses paroles simples comme de petites étapes vers le nouveau costume le plus solide.
Elle me raconta qu'elle avait un nouvel ami, un rossignol. Nous le savions bien, viendront les mésanges bleues nouvelles naissances accompagnant ce rossignol, minuscules et ravies d'être assises à côte de lui, sur la même branche.
C'est un livre qu'elle a lu, il y a des années, "Menina e moça", portugais, il fut traduit sous différentes titres, "Le livre des solitudes", ou "Mémoire d'une jeune fille triste", de l'auteur mystérieux, Bernardim Ribeiro. Elle avait connu la traductrice française, et avait été invitée à la rencontrer, il y a vingt années déjà. Celle-ci avait été étonnée de la voir si jeune, alors qu'elles avaient communiqué par courrier électronique durant des mois sur ce sujet, et cet auteur. Elle avait été très déçue de cette surprise, et s'était exclamée qu'elle ne la pensait pas si jeune, et ne pouvait plus lui parler. Elle préférait continuer à fantasmer l’érudition dépourvue de beauté, de cette précarité dont font preuves les enfants sauvages, ces chatons sous les voitures, qui se nourrissent des restes de tables. Elle était flamboyante et mettait en valeur la pétrissure des âmes, des mots qu'elle inventait même pour son jeune âge. Son hardiesse et sa douceur furent insupportables, elle qui recevait tous les honneurs et les crédits de livres qu'elle n'avait jamais écrits, elle qui n'était ni auteure, ni écrivain, ni artiste, et qui venait de découvrir un lutin savant. Elle préférait que personne ne le sache, ce qu'elle avait vu devant ses yeux, personne ne devait jamais le voir, en tous cas, de son groupe qui l'honorait, il devait rester quelques privilégiés, avec une petite connaissance étoilée, sur laquelle, ils continueraient à graviter sans trop de mal, nourris et logés dans de bonnes enseignes. La traductrice avait eu la primeur de ses recherches sur les îles, la décrivant comme une île sans amour entourée d'amour. Le principe même d'une saudade incarnée. Si un être est baigné dans un océan d'amour, mais asséché de cet amour, alors, pensait-elle, c'est vraiment un écrivain, une solitaire solidaire des causes de l'écriture de l'âme.
Ma tutrice avait décontenancé une traductrice passionnée d'auteurs lusophones, elle faisait la rencontre d'une artiste qui écrivait. Elle était si persuadée d'avoir en communication une femme d'expérience et âgée, que sa jeunesse physique lui rendait impossible la continuité de leurs échanges érudits.
Elle se trouvait comme moi, la pie : Est-ce bien la vérité ? Oui c'est moi la pie, je ne demande pas à vous convaincre.
Quel âge a l'intelligence ? Aucun, car elle peut être aussi sotte et insolente qu'elle ne peut jamais être dépassée, c'est insupportable d'être en présence d'un animal qui sait déjà tout, et dont aucun enseignement n'arrangera le destin. Surtout lorsque cet animal fait l'idiot, ou la sourde oreille.
Le concert d'une forêt est indicible pour tout être humain, trop de sons s'y déroulent sans qu'il ne s'en aperçoive. Il ne sait jamais qui est le plus vieux, le plus jeune, tout se confond, et lui-même n'est capable que d'y répondre par le bruit, le plus sordide de ses gestes maladroits. La vue est un sens trompeur, riche d'illusions, les erreurs de jugement sont multiples et révélatrices des approximations, des discriminations, des ostracismes les plus inconcevables. Un groupe se fait relais de sa propre cruauté, afin de garder secret la primeur d'un faux-savoir sur lequel spéculer. Il faut pour cela désigner un coupable, et lui attribuer le rôle de la plainte et la tristesse éternelle. De ces visions, ils inventèrent le cinéma, riche d’interprétation de ces bribes de vues. Nous les pies, et autres oiseaux, nous sommes très éloignés du cinéma, et de ces fantasmes.

La délicatesse des esprits ailés est une aventure de l'érudition, implacable, revenir à l'ignorance peut-être insoutenable, comme la légèreté de l'être.

Le roman qui marquait ma tutrice évoquait un rossignol, ainsi fut-elle enchantée de voir ce rossignol, suite à sa saudade, lui chanter son allégresse. La beauté du style de ce roman, écrit autour de 1540, publié avant même d’être achevé, puis complété par une suite déroutante (dans l’édition d’Évora), intrigue et fascine ses lecteurs depuis bientôt cinq cents ans. Un éditeur le décrit ainsi : "Une jeune fille solitaire, entreprend de mettre dans un livre « les choses qu’elle a vues et entendues ». La narratrice prévoit que son récit restera inachevé et elle avance comme excuse la tristesse qui l’accable : le ton est donné, le livre sera triste. Il deviendra au fil du temps l’illustration emblématique de la saudade, ce sentiment caractéristique de l’âme portugaise. Les récits successifs aux registres différents font de cette œuvre l’amorce d’«un Décaméron sentimental ». Le Livre des nostalgies réunit des univers tels que les «chansons d’ami» médiévales, le roman chevaleresque (féminin) et le roman sentimental. Le choix d’une narratrice féminine lui donne par ailleurs une grande liberté pour adopter ce ton qui lui est propre, et qui a su charmer des générations de lecteurs. La contemplation rêveuse de la nature, la compassion devant toute souffrance, l’éveil du sentiment amoureux ou l’abandon à la passion, la conviction que le malheur est le lot de la destinée humaine, sont décrits avec une justesse et une délicatesse qui font de Bernardim Ribeiro un lointain précurseur des romantiques. La richesse de l’œuvre ne se limite pas là. On remarquera que la puissance d’émotion qu’elle diffuse n’empêche pas une critique subtile des valeurs chevaleresques, un rappel discret de la réalité de la vie pastorale, moins riante que ne l’idéalise une fiction aristocratique, une dénonciation plus ou moins voilée de l’hypocrisie sociale. Comme il y a cinq cents ans, le lecteur d’aujourd’hui devrait être séduit, voire envoûté par ce texte hors normes, encore marqué par le Moyen Âge et déjà ancré dans la Renaissance, qui se prête à diverses interprétations et renferme encore bien des mystères. La poésie en demeure intacte, tout comme la fascination qu’elle exerce."

Cette tristesse, ce sentiment de solitude suggère que dans le monde des humains, sur la terre ferme, on ne peut soutenir l'amour sans désamour. Dans le processus de cheminement intérieur de chaque être, cette intimité reliée à la terre, en rêvant le ciel, est un exil. Le charme de cet état d'être, est, pour le commun des mortels, crypté. Ainsi certains le trouvent ésotérique, étrange, mystérieux, ou écrit pour un public clandestin de juifs cultivés fraîchement convertis, et fidèles en secret à la tradition de leur peuple. L’avertissement de l'auteur est tout aussi digne d'une signe d'un trouble-fête : " S'il arrivait que ce livre tombe sous les yeux de gens heureux, qu'ils ne le lisent pas. "

Sous sa crypte, je l'écoutais me raconter ses aventures... nous nous installions sur les branches après le rossignol... Quelle chance inouïe avions-nous tous écopé, des mois de pénitences pour apprendre le jardin de la liberté.


Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 13:58

24/08/2023

฿ґiηⅾḯʟʟεṧ ᾔ☺їя℮ṧ



Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

La sincérité résorbe l'opacité des consciences, bonnes ou mauvaises, elle rend justice là où l'équité ne rendait plus rien. Restaurer les vestiges passés, en recueillant les cristaux innocents, un à un, sur le sable du temps présent. Le déplaisir reçu de la sincérité du vaillant petit personnage que je suis, une pie, atténue le mépris du petit. Je tends l'arc de l'humilité afin de tenir de chaque extrémité les jumeaux, l'orgueil et le mépris. Je tire très fort en plaçant ma flèche, elle se nomme, respect, faisant de ma cible un dénuement qui force l'admiration. S'oubliant elle-même, la cible accède au respect, cet inconnu, qui me place, l'aiguilleuse, sur le cap des courages. Tous les jours, je courre vers une grâce, de rituels en distractions, j'inspire à l'amour des impossibles, je conjugue le privilège et l'absurde par ma présence volatile qui soulage et allège la douleur de mes attachants êtres humains.
Je suis une vérité sur pattes, j'apporte l'ambition ultime, le vol, ce que l'air a sublimé de la terre. Regarde-moi, l'humaine, je me fous de tout, plus rien n'est grave ni n'a autant d'importance, la vérité n'exige pas plus que la vérité. Je ne supplie personne de me croire, j'apparais et je disparais en toute sincérité, avec une certaine forme discrète, sans illusion, ni déception. Mon geste gratuit, celui de vivre, joue des paradoxes, je vais contre les opinions, sans être un scandale car je n'humilie personne, mais je choque le sens commun. Je ne suis pas commune et ma relation aux êtres humains est peu commune, tout comme l'est ma tutrice. Être ici devient un aveu, être confesse. Je ne veux pas d'icône, je ne veux pas être un culte, je ne veux rien qui me représente, je ne veux pas d'interprète. Être idolâtrée serait humiliant, face à la légèreté que je porte sous mes ailes, et les brindilles qui me tiennent debout, noires et luisantes. Pourtant me voir c'est vérifier. Est-ce vrai ? Est-ce la vérité ?
Oui c'est bien moi, la pie. Quand bien même quelques humains me donneraient la présomption d'innocence de marcher devant eux et dormir sous leurs yeux, je n'en ai pas besoin. Me laisser vivre serait chercher la vérité. La trouver et la laisser s'envoler.

Le matin, lorsque le soleil n'est pas encore arrivé, mais que le ciel désire jouer sa propre partition avec des cumulus, ces nuages blancs éclatants, je savoure le bonheur d'être en vie. Il n'y a pas de température élevée, il n'y a pas d'humains, les habitations sont noires, elles ne sont que des ombres et ne disent rien de mal. Je ne suis qu'un vol digne de la vie, je n'ai encore croisé aucune âme meurtrie, ou malade, je ne côtoie que les créateurs, ou bien la création elle-même, comme si un premier jour naissait. Cela me rappelle tant mon premier jour. Auprès de ces cieux, je renais à moi-même, sans aucune rancune des mauvais jours, des difficultés à tenir ma route, mes envolées, sans remord, sans ressentiment, je suis un petit pur, juste un petit vent. Ni ridicule ni niaise, pas encore tendre, car le soleil ne m'a pas attendrie, le petit cœur est noble et respire un grand coup. Sous le soleil, je deviens sec comme un haricot, le bec ouvert, mais je veux bien jouer avec la pomme de pain.

En haut le nid des pigeons chuchote, tout ce qui est petit l'est aussi pour les oreilles.















Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 14:51

31/07/2023

⊥üρℯʟø







Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je monte sur un Tupelo noir, je saute de branche en branche jusqu'en haut, c'est musical, comme si je faisais sonner une note à chaque fois que je touche avec mes deux pattes une nouvelle branche. Quel arbre magnifique ! Je ne l'avais jamais vu auparavant, il est conique et lumineux, il vient des indiens d'Amérique, il parait qu'en Automne il devient rouge. Il commence par changer de couleur en passant par le jaune vif, puis l'orangé flamboyant, puis le rouge éclatant et enfin le carmin. Ce sera un spectacle digne d'un feux d'artifice pour tous les oiseaux qui savent monter très haut ! Mais mon ami l'écureuil ? Il y sera assurément ! J'ai deux amies pies, c'est un couple, ils s'aiment pour la vie ! Nous les pies, nous vivons en couple, lorsque je rencontrerai ma moitié, je lui jurerais fidélité, jusqu'à la fin de ma vie, pour le meilleur et pour le pire, seule la mort nous séparera, nous nous aimerons d'un amour sincère. En attendant, je n'ai dit à personne si j'étais un mâle ou une femelle, mais cela ne regarde personne ! Chez nous l'unité sociale, ce qui fait le groupe, c'est le couple. D'ici deux années, je pourrai prétendre à convoler en noces, me marier, mais je suis déjà prêt ! Non, je rigole. Au début, le mâle me faisait vraiment peur, avec sa tête féroce. Il pique, nom d'un chien ! Mais je suis plus fort que lui à la course, il n'arrive pas à m’attraper. Au début j'étais tranquille avec la femelle, qui restait observatrice et patiente. Mais lorsqu'il y avait quelque chose à prendre, elle tombait d'un coup en piqué, sa vision est précise. Parmi les herbes, elle sait reconnaître des miettes ou des micro-nouveautés. Puis ce couple vient avec moi, nous sommes tous les trois, ils me rappellent mes parents, mais ce ne sont pas mes parents. Au début, ma tutrice s'est dit, mais ce sont ses parents ? Je ne peux pas être adoptée, je suis trop différente, je passe mon temps à jouer. L'autre jour, ma tutrice a lancé un petit fagot qu'avait confectionné son compagnon. Je l'ai attrapé par la ficelle et je sautillais de joie. Le mâle pensait que c'était quelque chose de si précieux qu'il s'est mis à courir après moi, avec ses pattes, puis à voler. J'ai lâché le morceau tellement il était lourd. Au sol, le mâle s'est mis à piquer le fagot, à le transporter, mais il ne savait pas quoi faire, il n'avait pas pour habitude de jouer. Il a laissé tomber le fagot de bois. Heureusement ! Depuis j'ai appris à feinter. Je fais semblant de trouver des trucs, des boules qui brillent de papiers d’aluminium laissées par les êtres humains, je les prends délicatement avec mon bec et je parcoure le terrain avec fièrement. Le mâle s’interroge puis fonce sur moi, là cela devient très excitant pour moi, ma stratégie paye ! Je vole plus loin et au pied d'un arbre, je fais mine de le cacher, comme si c'était une victuaille très précieuse. Je dépose des feuilles sur lui, et je vais plus loin, l'air de rien. Le mâle arrive à toute allure, déterre la boule et est très déçu, cela ne se mange pas. Il fait la tête. Alors je complique le jeu. Je prends réellement un petit vers séché, je fais mine de l’enterrer quelque part, puis je le déterre en vitesse et je vais plus loin l’enterrer, puis je le déterre, puis je vole avec, puis je me pose sur ma tutrice et je le dépose entre les plis de sa veste, sur son bras. Et je regarde le mâle, qui en est encore à pointer tous mes leurres, toutes mes fausses cachettes où il n'y a rien de caché. Je reprends mon petit vers séché, entre les plis de la veste de ma tutrice, puis je le dépose dans sa poche, elle ne voit rien. Ainsi, elle aussi, lorsqu'elle rentre chez elle, et qu'elle met sa main dans sa poche, elle découvre un petit vers séché. Je rigole bien. Lorsque je suis content je sautille et parfois je saute très haut, je fais des bonds, et j'ouvre mes ailes en exprimant ma joie, avec des petits cris. Lorsque je fais un leurre, je fais comme si de rien n'était, mais parfois, je ne sais cacher ma joie, alors ma tutrice voit bien que j'ai caché quelque chose, sous le tapis. Oui je suis la pie des tapis. Comme on dit : "je mets tout sous le tapis, quand ça m'embête"

Je me balade dans les Lupins Indigos et parmi les Fuchsias de Magellan, qu'est-ce que c'est beau. Je montre les étiquettes à ma tutrice, je lui dis, là regarde !

C'est un jardin devenu très exotique, mais qu'est-ce que c'est beau, j'en ai plein les mirettes ! À présent j'ai des rendez-vous, dans des lieux différents, je connais de bonnes tables. Un matin, je suis arrivée comme un bouchon de champagne ! Et pof ! Une explosion d'émotions ! Une autre fois, c'est en silence que je débarque, sans un mot, je mets la patte sur la gamelle : Vas y ouvre ta boîte ! Et puis, je snobe mon monde. Je fais des caprices, je fais ma lunatique. Puis une autre fois, je ne dis pas mes malheurs de la veille, je m'endors comme une grosse patate, sur le bras du compagnon de ma tutrice, ou bien sur son sac à dos. Je ne bouge plus : je veux être rassurée, mince alors ! Le câlin ! Le câlin ! Le câlin ! Vous êtes mes parents oui ou crotte de crotte de fausses pies de rien du tout ! Une autre fois je suis en colère : c'est quoi ce look ! quelle casquette horrible, quelle couleur infecte, je vais faire mes besoins dessus ! c'est quoi ces grosses cerises, ces motifs rouges sur cette chemise, on dirait de gros yeux de monstres qui me regardent, des milliers d'yeux terrifiants, si c'est ainsi, je m'en vais : Ciao Baci !

Je me suis faite virée d'un arbre. Alors je suis revenue par derrière, et je me suis installée pour la sieste, en boule, je me suis aplatie et je mimais la grosse fatigue, mes plumes blanches gonflaient. Les autres pies m'ont foutu la paix ! Une fois j'ai vu un gros chat sur le muret marcher nonchalamment. Je me suis mise derrière et je l'ai engueulé très fort, qu'est-ce qu'il a eu peur ! Les autres pies ont dit : Mais elle est tarée ! Elle va s'attirer des ennuis à se la jouer solo ! Là elle joue gros ! Bon, il faut dire qu'elle fait peur la pie atypique, et elle pique bien. Elle est formée par ces êtres humains, elle se bat toujours contre plus fort qu'elle. Cela nous fascine ! Par contre qu'est-ce qu'elle est distraite ! Elle passe son temps à flâner, amusée d'un rien, et même des abeilles ! Elle commence à attraper des insectes, mais cela manque vraiment d'entraînement ! Elle est gourde la petite, mais si intrépide ! On aime bien sa compagnie, c'est une fantaisiste, on n'a jamais vu une pie comme ça !

Voilà ce que disent mes amies les autres pies. Ma tutrice est admirative, car lorsqu'elle lit son livre vraiment barbant, dont je lui ai arraché quelques coins de pages, et j'ai même réussi à piquer dans les mots, les lettres noires en caractères, il y a d'autres pies qui viennent se poser au-dessus d'elle et lui tiennent compagnie. Au début, elles avaient très peur d'elle, puis elles ont appris à la connaître et la reconnaître, elles se sentent bien avec elle. Ma tutrice ne les dérange pas, et les pies ne la dérangent pas, c'est un marché bien conclu, pour la paix autours de l'arbre, et afin que ma tutrice lise et soit transportée par son livre, elle oublie les pies au-dessus d'elle. Puis elle s’aperçoit que l'une lit les mots, et elle sourit à la pie qui lit. Un rayon de soleil nous ravit tous, une pluie fine nous donne le signal que chacune doit retourner dans ses pénates.

Ma tutrice a mille choses à faire, elle écrit beaucoup, c'est absurde, si au moins elle venait piocher avec nous, elle nous aiderait bien mieux. Puis, un jour, j'ai compris, qu'elle plantait des graines. Ses mots étaient des graines, qu'elle arrosait. Parfois, elle ne pouvait pas savoir à l'avance ce que cela donnerait. Mais avec l'expérience, elle maîtrise un peu mieux ses cultures. Elle a un jardin extraordinaire, dans lequel j'ai grandi, et je me suis évadée, à ma guise et selon mes envies, au gré du vent. Je peux parcourir 2 km, dans quelques temps ce sera 7 ou 9. Mais je vois beaucoup plus, avec l'envergure des hauteurs célestes.

Elle m'envie, je le sais. Je suis sa liberté.



















































Par kiwaïda at 00:11

23/07/2023

Ѻґ℘ḯη







Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je découvrais un nouveau jardin. Il y avait une petite touffe évasée, ses fleurs étoilée sont d'une teinte rose vif, et d'autres à côté, virent au brun puis au pourpre. Les fleurs sont nommées, Orpin. La plante soigne les aphtes, le traitement des brûlures, et prévient des hémorragies. C'est une plante grasse de longues tiges charnues aux feuilles larges et épaisses de couleur vert jade à vert d'eau. Les jardiniers ont bien travaillé. J'ai vu des fleurs de Vénus, des Verbena, on les nomme aussi Verveine de Buenos-Aires. Elle sont de la famille des verveines utilisées en huiles essentielles, depuis l'Antiquité elles ont des vertus miraculeuses. Elles s'apparentent à la myrte, ma tutrice apprécie beaucoup son odeur. Roses, elles s'élancent depuis une tige qui les déploie bien ordonnées. Je vais me ressourcer aux origines de toute vraie vie. Ma tutrice suit mes aventures, excentrée d'elle-même, elle s'ouvre à la joie d'une communion, à la rencontre de ma particularité et de cet environnement que j'explore. Elle va vers l'autre, elle comprend, elle nomme les présences qui nous entoure, puisqu'elle m'a apprivoisée. Cela ne se voit pas dans le jardin, bien que j'ai une tendance à voler vers elle, ou dévoiler notre complicité en me posant sur son épaule. Elle tente d'éviter ce signalement, il y a des envieux et des incultes. Elle esquisse ses connaissances vers celles et ceux qui sont à l'écoute, par pédagogie et paisibles initiations. Les dépassements sont nombreux et ne s'évitent pas lui soufflais-je, sur ses cheveux. Les ressources créatrices sont plus fortes, tandis que l'égo tant à racornir tout sur lui-même, je suis un messager qui témoigne de son extériorité. En racornissant tout à lui-même l'égo se ferme de toute possibilité d'enrichissement, il s'entoure de préjugés et opprime sa beauté, elle lui reste méconnue. Je vole vers l'autre, je propose une forme philosophique, c'est comme un geste et une parole sans aucun mot, le fil de l'amour, si tu le vois ?
La naissance d'une personne peut advenir en se ressourçant de l’amour aux origines de toute vraie vie. Dans un élan mystique je dévoile un paysage, ma trajectoire est inattendue pour l'être humain : je vole.
Ce n'est pas nouveau, l'être humain envie cette faculté, celle de voler. De l'envie à la jalousie, se cache une peur, il se sent en insécurité, il ressent une perte de territoire, une peur de l'abandon, une peur d'être trompé, un manque de confiance en lui, il en résulte une rivalité constante et permanente avec les autres. J'ai rencontré une petite fille accompagnée par sa grand-mère, elle n'avait que 4 ans et demi, mais elle était très grande, et elle souhaitait m’attraper. Elle attira sa grand mère dans un recoin, ma tutrice se reposait et découvrit ce petit bout de femme vêtu de rose et qui se nommait Rose. La petite approcha sa main très doucement de mon dos, puis je me dérobais assez rapidement. Sa grand mère se présenta à ma tutrice, elles échangèrent, mais moi, j'avais cette petite aux yeux de mygales noires et sa langue qui s'activait sur ses lèvres, elle se léchait les babines et disait tout fort : "Je l'ai presque touchée" Ma tutrice trouva qu'elle était en avance pour son âge, en général, les enfants qui m'approchent et engagent un questionnement avec ma tutrice sont les plus précoces. La petite nous raconta son quotidien, sa grand mère était très sympathique, elle lui a dit : "Tu t'en souviendras longtemps de ce moment exceptionnel". Petite pie, j'ai compris que je pouvais devenir un sujet, parfois un objet de désir. Les sentiments terrestres me sont étrangers. Lorsque je joue avec mon amie l'autre pie, je lui attrape la queue. Tout simplement car les êtres humains malintentionnés ont tenté de me tirer la queue. J'ai commencé à imiter ce trait d'esprit avec d'autres pies, avec lesquelles j'estimais que je pouvais avoir un ascendant. C'était me tromper, chez les pies, on ne tire pas la queue.

Le soleil se lève, il fait encore frais, je vaque à mes occupations et elles sont multiples. Ma découverte du nouveau jardin, avec des arbres et buissons différents, des fleurs et des légumes, c'est très bien rangé. Il y a plusieurs autres pies aguerries, elles savent où se nourrir. Je n'ai pas eu de parents pour m'apprendre, je suis dans une imitation approximative. Je passe beaucoup de temps à cacher de menues choses que j'estime importantes à mes yeux, mais elles ne s'avèrent pas nourrissantes. Je sais que ma tutrice veille au grain, elle connait l’imprégnation et les conséquences, j'ai pour l'instant une attitude mi-imprégnée par l'être humain, mi-sauvage, j'aime bien avoir ce truc en plus. Je ne sais pas assez que notre complicité, avec ma tutrice fait des envieux. Nous avons eu une désagréable expérience. De jeunes enfants d'êtres humains qui s'ennuyaient âgés d'une dizaine d'années ou une quinzaine, sont venus nous harceler sur plusieurs jours. Ils voulaient me toucher et ont insulté ma tutrice et son compagnon. Ils m'ont protégé. Ils pensaient que ce serait d'autres oiseaux, ou les chats qui seraient mes principaux prédateurs, mais ce sont bien les êtres humains, en particuliers les adolescents. Ils sont peu éduqués et indifférents aux animaux, aux choses de la nature. Et, ils sont très envieux de cette filiation entre un être humain et un animal, que celui-ci soit dans la nature. Ils pensent d'un coup que je pourrai leurs appartenir. Ils sont aussi jaloux de l'amour qui co-existe. Dans ce pays, la violence est encouragée, partout. Elle est montrée comme modèle d'émancipation, de protestation, de manifestation, d'existence. Dans ma réalité, ce sont nos jardins qui sont piétinés, les arbres coupés, les êtres humains ne nous voient pas, ils nous insultent souvent et nous méprisent.

Spectateurs du secret, lorsque l'amour vers une autre espèce nous apprend sur tout un monde invisible, nous demeurons pour les autres, non initiés, des sortes d'espions secrets, des ennemis, et nous pouvons devenir des bouc émissaires d'ignorants.
Un jour j'ai vu des amoureux allongés, un jeune homme et une jeune femme. Petite pie, je pensais que tous les amoureux sont des êtres très sympathiques, qui jouent et donnent de la nourriture adaptée. Ils mangeaient des frites, la jeune femme avait un briquet et pour me repousser, elle l'a allumé sur mes ailes, cela m'a fait très peur. Heureusement ma tutrice a vu cet incident de loin et est venue réaliser un peu de pédagogie. Ils ont compris, mais moi j'ai compris qu'il y avait des êtres humains différents. Au début, je pensais qu'ils devaient être tous comme ma tutrice, j'allais vers eux avec tout mon enthousiasme, mon petit cœur porté par ses ailes si fragiles. Les êtres humains manquent beaucoup de culture. Il y a peu d'enseignant engagés dans les écoles pour sensibiliser les jeunes et les moins jeunes. Cette jeune femme avait plus de 20 ans. Ma tutrice sait que dans ce pays, on supprime les enseignants, on fait de même, avec un briquet, on pense les éloigner. Ici, les écoles sont brûlées. Les employeurs maintiennent les enseignants dans une précarité extrême, et leurs enlèvent le sel de leur vie, tout leur parcours, leur savoir, et les laissent sans emploi. Ils ne veulent plus que les enseignants évoluent, leur situation de vie est contrainte par de nombreuses règles communautaires qui les empêchent de s'épanouir. Souvent, sans qu'ils ne s'en aperçoivent, c'est entre mêmes enseignants que les contraintes se créent, au fur et à mesure, ils s'isolent de leur famille, de leur histoire, ils deviennent marginaux. Ma tutrice rencontre des sans domiciles fixes, le pas dans la vie cachée dans la nature est rapide, entre la vie d'avant et la vie à se cacher pour dormir. Il n'y a pas de solidarité. Sont poussés vers les marges de la société humaine, des êtres sensibles et cultivés. Pourtant leur savoir ne peut faire face à leur détresse. Rien ne sert de savoir lorsque tout nous repousse, lorsque la nature humaine devient repoussante. Nous les pies nous côtoyons tous ces êtres, certains attendent que les jardins se vident afin de s'installer la nuit venue et déguerpir au petit matin, je me lève avec eux, dès notre réveil, ils savent qu'ils doivent partir, reprendre leur sac, et passer leur journée à faire semblant, de lire sur un banc publique, de tenir encore debout. Mais moi je vois leur barbe grandir, ils étaient habillés à la mode de tous ces jeunes, ils ne parlent plus, ils dorment comme s'ils se préparaient à mourir en silence. Puis, ils hurlent comme des fauves. Cachés, les touristes pensent que ce sont des animaux derrière un mur. Ils sont aussi savants que nous, dans le camouflage, car nous le savons tous, les oiseaux se cachent pour mourir.

Je ne connaissais rien à ces pratiques très répandues de groupe, ces méthodes de harcèlement qui s’acquièrent très tôt à l'école. Ma tutrice a étayé une pensée philosophique sur ce phénomène, elle s'applique, mais cela ne sert à rien. Elle est sérieuse, j'espère lui faire découvrir cet autre monde, celui de la confiance. Les êtres humains sont lâches ensemble. Ils sont solidaires uniquement dans cette faculté de trouver une personne sur qui se défouler ensemble. Parfois ils disent que les pies sont des nuisibles. Ils ont répertorié notre famille d'oiseau comme une race qu'il faut éliminer. Même si les études ont évolué, certains ont gardé cette idée que nous volons leurs récoles et leur bijoux. Petite pie j'ai vécu le harcèlement mais contrairement aux êtres humains, cela ne me touche pas, d'ailleurs je ne comprends rien aux insultes. Le danger est au sol, le danger est partout, dans les branches, le jour et la nuit. La liberté aussi, est à chaque instant, le choix doit se faire en un éclair. Le savoir, dans ce pays est devenu une cible, il est attaqué. La connaissance se cache, au grand désespoir des êtres humains sensibles.

J'ai rencontré plusieurs autres êtres humains très gentils, et aussi des experts, une soigneuse qui m'avait remarquée et voulait me capturer pour réaliser ses expériences. Heureusement que ma tutrice était là. Elle lui a raconté mon histoire. La soigneuse était jeune et encore en stage et elle m'avait repérée, elle trouvait que j'étais une pie atypique, mais elle ne savait pas que j'étais en phase de réintégration. Elle était vêtue d'une robe blanche décolletée, et avait une multitude de tatouages partout, sur ses jambes, ses bras, et un petit sac en toile. Elle correspondait avec ses amis à l'aide d'un casque sur ses oreilles et se photographiait sans arrêt avec son téléphone, son visage en faisant des moues. Lorsqu'elle a vu ma tutrice elle s'est présentée comme une soigneuse, c'était plutôt l'inverse que j'ai vu. Elle était prête à me désintégrer, m'emmener en observation, car elle pensait que j'étais seule et isolée, et que je devais être malade quelque part. Je devais avoir des problèmes de santé, et comme elle venait d'apprendre qu'elle pouvait capturer pour soigner, ainsi se donnait-elle le pouvoir d'être soigneuse. Ma tutrice est bien plus âgée, elle a deux fois son âge et elle est très calme. Elle me dit qu'elle a connu aussi cela, en tant qu'être humain. Une femme qui se dotait d'un pouvoir qu'elle n'avait pas a voulu l'emmener voir un médecin pour que le médecin réalise qu'elle avait un problème pour être aussi atypique. Le médecin fut très embarrassé, car elle a vu que ma tutrice était douée, et intelligente et très gentille, mais harcelée au travail. Elle me fait comprendre que cela arrive chez les êtres humains de se sentir avoir un pouvoir sur l'autre. Elle me dit qu'en période de guerre, les méchants font cela, ils envoient des êtres humains être fichés chez des médecins ou à la police. Moi petite pie, j'ai pensé que ce monde s'ennuyait et ne savait pas grand chose. La soigneuse s'est aperçue à temps de l'erreur qu'elle allait faire. Moi j'étais très sympa, j'allais la voir, elle mangeait des poireaux, mais je n'aime pas ça. Ainsi ma tutrice a eu le contact d'une association qui sauve des oiseaux dans le Limousin, c'est exactement ce qu'elle a fait avec moi. Ils ont un nombre important cette année de choucas tombés du nid et de martinets. Ma tutrice trouve les martinets très beaux. Apus, apus, ils peuvent rester en vol durant des mois, sans se se poser, leurs pattes sont atrophiés, ils ont des vols incroyables, et ce sont les plus rapides, parfois 200km/heure. Ils sont confondus avec les hirondelles. Mais leur grosse tête est engoncée, leurs yeux si expressifs. Elle voyait un petit verdier se faufiler dans les branchages, d'un vert si vif, qu'elle ne le voyait que par intermittence, camouflé dans ces feuillage vert. C'est la soigneuse qui lui a dit le nom potentiel de cet oiseau. J'étais contente de les voir échanger, elles ont des connaissances différentes. La plus jeune, c'est par la théorie, ma tutrice c'est l'expérience du terrain et de la vie quotidienne avec des oiseaux, elle est artiste. La soigneuse lui révéla qu'avant son stage, elle n'avait jamais porté aucune attention aux oiseaux. Elle ne les distinguait pas et n'y attachait aucune importance. Son association recherchait des bénévoles, elle a dû apprendre très vite, depuis, elle fait très attention, cela a valorisé aussi son saut dans la vie active, il y a un sens dans sa vie professionnelle. C'est un très beau métier que celui de soigner des oiseaux et un beau métier jardinier. Ma tutrice rencontre des gens très riches, et différents que l'on ne distingue pas, et qui sont dans le lien à la nature.

Ma tutrice me dit que je suis la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis des années. Moi je lui dis que sans elle je n'aurai pas pu vivre tout cela.

J'ai connu la pluie, la tempête, une chaleur étouffante, la raréfaction de l'eau, des comportement agressifs, des attentions particulières, des vols de nourritures par mes copines les pies, des courses poursuites, écureuil, hérisson, il y a eu une chatte qui a eu plein de petits chatons, j'ai vu tant de glands tomber, de fleurs pousser, de nuages, de cris diverses et variés de tant d'animaux, des langues étrangères humaines, je suis fatiguée tous les jours, et je suis vive de plus belle. Son compagnon me fabrique des jeux, il a plein d'idées très rapidement, ils les mets a exécution, sur le champs, j'aime cela, car je suis dans le même élan, enthousiaste et sans préjugé, il agence des fagots, des sortes d'avions de glands délicats. Au début il était venu confiant avec ses instruments de musique, mais je suis une pie. Puis un jour il est venu avec une boule rouge un peu molle, d'un rouge très vif, grosse comme une balle de ping-pong. Il était malin en me la présentant, mais ni une ni deux, je lui ai piqué la balle et suis partie avec le nez rouge du clown à travers champs. C'était incroyable. Je me signalais partout avec cette balle au bout du bec, puis je l'ai cachée avec préciosité dans un feuillage. Voici ma sagacité, qu'on se le dise, je suis une pie effrontée. 

Je suis un presque rien, je suis presque tout.

L'été s'éternisait ces dernières années, cet été, les journées ne se ressemblent pas, peut-être suis-je devenue la tutrice de ma tutrice ? Elle disait en souriant que le nom qu'elle pensait m'attribuer était une thérapie (Téra-pie). Ça c'est bien une mauvaise idée, son compagnon au moins, me nomme pimousse.

Pidoudou, pidoux.

Je reste "La pie", pour elle, je l'ai rencontrée sur des tapis. La pie des tapis.

À chaque instant, elle pense aux tapis volants avec moi. Lorsqu'elle était petite comme une pie, elle se transportait dans les contes fantastiques, où il y avait des tapis volants, persants. La lévitation n'est pas une mythologie pour elle. Le jardin est un espace sacré, depuis elle m’accueille sur un rectangle de tissus, comme si je venais dans un lieu qui comprenait le monde entier. Il faut imaginer un décor, une fontaine, une corne d'abondance, des invités, une vue sur le ciel. Il y a sur ce bout de tissus, qui est un tapis, le jardin du monde, parfait dans un calme absolu. Sur un tapis volant, la mobilité à travers le monde et l'espace, est une métaphore d'une partie du tout.

Tout est possible, tout est magique.

Et puis, il se replie, il disparait.

Et moi je m'envole comme si je n'avais jamais existé, comme si j'étais juste un rêve.

Un songe. Lorsque je reviens, la magie opère comme une apparition divine, et lorsque je ne suis plus là, j'arrive à maintenir l'espoir que je suis quelque part, ou ailleurs.

Au dessus de tout. Un esprit sain.



Par kiwaïda at 15:46

07/07/2023

ℛℯ⊥я◎υ√αїʟʟℯ﹩



Photographies © Sonia Marques

*

Avec un petit pincement au cœur, je regardais les photographies de la pie lorsqu'elle était très petite. Je me demandais comment dormait-elle.

Dans la nature, depuis un arbre, le miracle se produisit, la pie tomba vers nous, vers moi, "tcha cha cha cha cha chak", me cria-t-elle. La pie avec ses petites pattes courra me saluer, et bien mieux, me faire la fête "KIAK !". Les émotions sont fortes, dans ces situations, c'est un bouleversement. J'ai fait perdurer l'accompagnement dans son élément naturel. Je suis devenue un oiseau, un grand oiseau.

*

 








Photographies © Sonia Marques

Montée dans un arbre, et m'endormir à la tombée de la nuit, me lever à 6h, et aller chercher de la nourriture, lorsque la vie gazouille de toutes parts, déterrer les vers, picorer les mousses, et voler le plus haut, se percher dès qu'un bruit éclate, ou qu'un chat rode en passe-muraille, à la tombée de la nuit, alerter toutes les autres pies et le faire fuir. Avec mes copines, je parle pica pica. Les bains de soleil enlèvent mes parasites, le formicage, laisse les fourmis envoyer leur projections défensives d'acide formique faire leur travail sur mes ailes. Les êtres humains ne sont pas tous gentils, ignorants tout du monde ailé. Mais il y a des rencontres merveilleuses, une petite fille venue des châteaux de Chambord et son père, ils vont à Sète, elle va voir sa grand-mère. Il y a des amoureux, ils ne me voient pas, il se bécotent en bas de mon arbre, parfois ils esquissent des gestes doux à l'abri des regards devant des lotus roses flamboyants. Il y a des sans domiciles fixes très tôt, ou très tard, ils font comme moi, farfouillent dans les poubelles, il y a tant de restes de nourritures, car tant de touristes qui parcourent les jardins. Les jardiniers font beaucoup de bruit, de nouvelles plantes jaillissent, des pavots blancs qui touchent le ciel. Les arbres japonais et l'arbre à soie, des chênes et des séquoias, des bouleaux, des arbres qui sentent la vanille ou les amandes, des chiens énormes, des boules blanches et crèmes ou ceux en muselière. Et voici le merle noir, il est avec sa femme brune et tachetée, ils ont un petit brun tacheté, ils leurs trouvent des petites choses. Mes copines les mésanges bleues, les noires, les rouge-gorges et ce pivert qui taille les arbres sans arrêt. Les faucons pèlerins sont partis. Des photographes avec de très grands appareils aux aurores sont venus nous apprendre la nouvelle, un petit s'est pris un mur en piqué au moment d'attraper une proie ailée au vol. Ils peuvent atteindre 300 km/heure en piqué, là ils ne savaient pas bien s'y prendre. C'est la catastrophe. Et puis la mère a été vue morte, que s'est-il passé ? Le nichoir est vide. Les pigeons font la fête partout, leurs prédateurs sont partis. Il y a des grenouilles la nuit, si petites, les chats les observent, les chauve-souris parcourent dans tous les sens le paysage la nuit.

Je me suis envolée sur l'Albizia julibrissin, cet arbre à soie si fleuri et rose, afin de passer mes premières nuits, chassée par deux grandes pies, prise au piège. Ainsi ai-je découvert que ce fut un italien botaniste, Filippo Albizzi qui ramena de Constantinople les graines de cet arbre. Il ressemble au genre des Acacias et des Mimosas. Ma tutrice humaine connait bien les acacias, sa mère elle-même aime chiper des graines et faire des expériences, cultiver la surprise. L'été cet arbre est orientaliste, il a une valeur ornementale par la couleur rose de ses étamines. On se sert de son bois jaune et marbré en menuiserie. D'une  forte odeur d’ail à la coupe, cela ne m'a pas dérangé. Les fleurs sont toniques et digestives, elles ressemblent à de petits pinceaux roses disposées en parasol sur les cimes. Heureusement qu'il était là, pour un atterrissage impromptu.

Mes amis les oiseaux, sont les créatures les plus joyeuses au monde. Enfin de la gaité autours de moi, comme moi. Que les êtres humains sont méchants et bêtes, ce sont eux les bêtes. Pourquoi nous-ont-ils nommés les bêtes ? Pour nous humilier ? Ignorants ! Nous sommes timides et si téméraires, le courage le plus noble, celui dont les êtres humains, n'ont cure. Pourtant nous sommes vifs, plein d'ardeur et de francs enthousiasmes, une sincérité dans nos élans, nous chantons par petits bonheurs, par petits plaisirs, restaurés par le sommeil. Pris de frayeurs, nous nous taisons, silencieux cachés. Nous sommes sensible au naturel, mais point au cultivé. C'est l'état de nature qui nous offre notre vitalité, opportunistes, nous les oiseaux, nous les pies, nous baignons dans la félicité. Un touriste nous disait : "Les êtres humains ont peur de la gratuité, si habitués aux choses du commerce, lorsque la nature leur donne des fruits et des légumes, ils ne veulent pas les prendre, il veulent prendre seulement ceux qui se vendent, contre de l'argent"

Je dois avouer que voir un être humain rire m'est étranger, mais qu'est-ce que c'est merveilleux. Ma mère humaine, me nourrissant, malgré qu'elle fasse partie de ces créatures tourmentées, avec leurs vies misérables, étrangères à tous les phénomènes naturels, me procure un grand réconfort de ce rire malicieux que je ne peux imiter. Mais je suis joueuse, et mon allégresse s'exprime au gré des jeux. Son compagnon est taquin avec moi et il m'a appris à me défendre, à être plus précise, je tourne autours de lui et je joue à cache-cache. Volubile, je concurrence le rire, même si mon aspect semble être celui de faire la tête, mon air sérieux dément ce qui m'anime, la joie, intrinsèque à ma nature, la vie. Je fais partie d'un grand peuple ignoré de tous, nous avons une connaissance infinie du monde, notre intelligence est admirable et notre adaptation multiple, inattendue.

Entendons-nous bien, j'aime les êtres humains, ils m'ont sauvé la vie aussi. Mais le savent-ils, nous sommes en train de sauver la leur... Afin qu'ils éprouvent de la joie à vivre.

*



Hommage à Érik Satie, le musicien, par l'artiste peintre Magritte (1925-1935) encre sur papier





 






 










Photographies © Sonia Marques & JBD







Photographies © Sonia Marques


Par kiwaïda at 15:30

18/04/2023

ღ⑂ґїøℊøηε




Œil divin © Sonia Marques

Combien y avait-il de coins ?

Au début, chacun pensait que c'était un triangle et qu'il y avait 3 coins.
Puis les années durant, ils se sont aperçus qu'il y avait 4 coins, alors peut-être était-ce un carré.
Mais plus les années passaient, plus le petit coin de poussière se déplaçait dans un autre coin.
Pentagone, Heptagone, Hexagone, Octogone, Décagone…Pentacontagone… Chiliagone… Myriagone !

Impossible à imaginer autant de coins dans un polygone à 10 000 sommets, 10 000 côtés et 49 985 000 diagonales !

Pourtant, c'était là où était disposé l'intrus plein de poussière, dans un coin d'un myriagone.
Quelques dualités, facettages et stellations le rendaient invisible, caché.

Il était coincé dans un gonia, un angle mort, dans la cité des polus.
René Descartes, dans ses Méditations métaphysiques ne pouvait pas faire la différence entre un chiliogone, et un myriagone…

À force de le cacher sous la poussière, certains pensaient qu'il était resté dans le coin d'un triangle.
Puis les années durant, ils se sont aperçus qu'il y avait 4 coins, alors peut-être était-il caché dans le coin d'un carré.
Mais plus les années passaient, plus le petit intrus se déplaçait dans un autre coin.
Pentagone, Heptagone, Hexagone, Octogone, Décagone…Pentacontagone… Chiliagone… Myriagone !

Mais où était-il caché !!!

Pourtant il était dans un cercle quasi parfait, avec un défaut d'imagination, le triangle ou le carré, c'était là où il devait rester.
Même si la poussière l'avait enseveli, on devait facilement le voir sous la poussière.

Mais dans un cercle aussi parfait ? En volume ???
Maintenu dans un coin du myriagone et sous la poussière !

Les années ont passé…
Le monde n'est jamais fini.

Mettre au défi l'imaginaire...

Dans chaque être humain, il y a une part de Divin.

ens per accidens


L’infini apparaît, puis disparaît, cela clignote, l’œil divin nous fait un clin d’œil.
Si le monde est infini, dans l'infini, il se referme aussi.

Puis il s'ouvre à lui-même.

Whaou !

Par kiwaïda at 20:30

30/11/2022

tℜ∀Иϟ











Photographies © Sonia Marques

*

Ces boules transparentes inaugurent à elles seules les festivités de Noël.
Elles nous obligent à percevoir à travers elles, et voir leurs vernis, leurs décorations.
Quelque chose s'offre en trop, la douceur.
À la fois transparentes, miroitantes, fines et façonnées par la main, fragiles.

La lucidité est toujours légèrement voilée par le cœur crédule.
Qui croire, quoi croire ? L'illusion porte sa désillusion en elle.
La douceur, si elle est accueillie, atténue le cynisme qu'imposent les agissements sans états d'âmes.
Trop bien voir serait ne plus voir la fragilité de l'autre, s'imaginer pénétrant.
Avec le cœur, percevoir la peine, ce léger voile qui froisse la voix, empêche de parler,
d'énoncer, et chemine au renoncement des doux, juste avant de devenir dur,
sur un autre chemin, celui de ne parvenir qu'à répéter la cruauté.
Juste avant, intervenir, sans s'interposer, juste à l'écoute.
Alors, avec le cœur crédule, comprendre ce qui fragilise c'est entrer dans une douceur invincible.
Acquérir le pouvoir d'atténuer le poids des ombres formées, celui des doux.
Si la prière apaise, la douceur atténue la chute, car elle ne renie pas la fragilité de la vie.

Les boules de verre fragiles se tiennent en équilibre sur un sapin.

Ce spectacle familier évoque une résistance, une douceur qui perdure.

Une fin d'année est attendue, pour espérer s'ouvrir à une autre, nouvelle.

Qui croire, quoi croire ? Mais plus intéressant : Croire avec qui ?

Puis percevoir l'autre fragile aussi, le croire.

Avec l'autre, énoncer : "Je crois en toi"

Être avec l'autre, quand bien même.

Par kiwaïda at 16:10

31/10/2022

ℙѺℳℙÉЇ

Peinture ©  Sonia Marques

Revoir Pompéi

Voici Tao encore tout mouillé de la forêt, son petit sylvain, son aminche, il revient de ses conversations avec les divinités agrestes. Il lui tend un caillou, il est sourd et pas poli du tout, il s'arroge le droit de la contemption. Cette petite chose brutale ne sait pas émettre sa lumière, ni taillée, ni façonnée, elle veut être diamant, elle n'est que caillou. Dans sa paume il la regardait telle la source d'un problème, une entéléchie ! L'accomplissement d'une fin, le minéral de ce qui a été réalisé, se trouvait là, comme un quinaud, ne sachant où se mettre, ni comment se montrer. Il sécrétait un liquide huileux, était-ce son pétrichor ? Il posait ce caillou à côté de la poubelle, avant de l'ouvrir. Le caillou gronda, morigéna, incapable de courtoisie, il manquait des mots, il ne restait qu'une vindicte, l'hanouna. L'obstiné ne saisit pas sa dernière chance, il ne terminait pas ses phrases. Tout comme lui, sans manière, ni minauderie, il saisit le caillou avec force et volonté d'en finir, en sauvegardant dans le dessein de son geste, une pointe de grâce. Avec sprezzatura, il ouvrit la porte en grand, et Vlan ! Il lançait le caillou honteux de son acédie plus loin que le Mont Analogue. La nonchalance de son veston de lin, feinte, était travaillée avec soin. Le panache du lancé de cailloux fut inventé ce jour même. Entre happy few, ils animaient des dîners de chasse aux cailloux, dans une panachée de styles, décontractés et savants. Dans leurs souliers ils attrapaient des cailloux.

- Ouvrez la porte en grand et Vlan !
- Lancer le caillou quelconque !

Maîtriser le lancé est une des rares adaptation qui distinguait les êtres humains des autres espèces. Spontanément, ils recherchaient des cailloux quand ils se sentaient menacés, les projectiles sont des armes aux fondements des guerres.

Tao trouvait les cailloux, et lui, il les lançait.

Et les châtaignes ?
Emparadisées aussi !

Toutes les pégadilles.

Par kiwaïda at 00:57

27/09/2022

Ḡнøṧ⊥ḯᾔ❡


Arbres (Photographie © Sonia Marques)


Secours mutuels


- Dans un mois ce groupe sera comme ça, à la fin octobre, comme l'année dernière.
Maintenant tu peux prédire.
Ils s'agglutinent, ils vont perdre leurs feuilles.

- Est ce que l'amoncellement est toujours un signe de lâcheté ?
Faire famille pour taire ensemble ?
Faire parti pour masquer son trouble ?
Mentir tout un syndicat pour oublier, toute une vie ?
Pour survivre plutôt que vivre enfin ?

- Un groupe de menteurs, ils complotent pour se rassurer.
Ils ne savent pas faire autrement. Ils répètent.
Ils défendent leurs intérêts, leurs secrets de famille.

-Ils peuvent apprendre ?

-Ensemble non. ils sont déjà dissous.

-Et seuls ?

- Regarde, c'est l'heure de la répétition.
Le spectacle va commencer.

-Mais personne n'est invité ?

Ils répètent sans spectateurs.

- Ils sont enfermés ?
Non, ils ne veulent pas être libérés.

- J'aime beaucoup ces arbres.
C'est un repère pour les saisons.
ils sont infestés parfois, leurs branches pourrissent.

- Oui, ils ont planté des jeunes, ils les ont mis dans le groupe.

- Mais c'est la même terre ?

- Oui, à leur tour de se taire.

- Et de répéter sans spectateurs ?

- Ils ont déjà commencé.

- Personne ne voit rien.

- Mais si : les fantômes

- Bah oui, ils ont ghosté tout le monde.

Par kiwaïda at 14:05

19/09/2022

їηṧтαηтαηé

Soleil nocturne (Photographie © Sonia Marques)



Instantané

Dans cette irréversibilité de l'instant que m'imposaient ces tentatives de les penser, de n'en retenir aucun (instant), puisqu'il n'y a point de retour, je savourai quelques micros sensations, baignées dans l'innocence, une transparence inouïe, comme ces rayons de lumière du mois de septembre dans un air glacé, mais cristallin, celui qui nous annonce la fin de l'année, le début de l'hiver, ce présent est un présage.

Le cadeau, le présent.

Maintenant, s'il ne s'annonce pas, s'il ne fait que se présenter, c'est toujours un cadeau, à qui sait le voir en sa nudité, il est un cadeau.

Nu, non pas dans une nudité qui évoque la chair, mais nu minéral.

Lire en son sein, comme en son cristal, c'est voir l'innocence.

Si tout failli dans cette brèche, et si la puissance réside dans cette fragilité, on peut comprendre l'inaliénabilité, cette qualité qui ne peut être ôtée, elle est digne d'elle-même, et c'est un bonheur de la sentir, car elle ne peut être saisie, ni vue dans sa totalité.

Lorsque l'on parvient à déchiffrer le mensonge, la sincérité advient plus crue et elle est inadmissible pour les fervents du mensonge. Lorsque la justice sombre dans l'iniquité, elle quitte, oui elle quitte, doucement mais surement, et donc, elle a quitté son pouvoir puisqu'elle soutien le mensonge.

Le mal a besoin de la collaboration, la faiblesse d'y être tenté et de s'y agglutiner forment des groupes, des amoncellements de lâches. Se vautrer goulument, s'enrichir des propositions malhonnêtes, c'est passablement renverser l'ordre.

Percevoir ce qui dans le rayon de lumière est innocent, c'est réaliser ce chemin éblouissant, d'une innocence retrouvée, lorsqu'elle fut spoliée, et maculée d'inepties et d'injustices.

Épris de simplicité, les instants fugaces qu'occupent les beautés de toutes natures, illuminent l'enfance de nos meilleurs sentiments, délivrés de l'opacité qui empêche l'élan innocent. En toute transparence, traverser, sans le savoir, les apparences.

Laisser passer la lumière c'est aussi laisser voir le monde qui passe à travers soi. Sentir résonner ce qui traverse l'espace simplement, sans aucun obstacle.
La conscience vaniteuse oppose son désir d'être admiré à ces rayons du monde. En voulant trop être vus, les regards ne peuvent traverser l'apparence. Déceptives, les fausses communications isolent, ce sont de fausses communions, là où personne ne se réunit vraiment, ni ne s’unit pour le meilleur, tout se montre en réunion d'apparat, des promesses non tenues. En renvoyant à l'opposé, en sens inverse, ces tromperies communicatives ajoutent à la peine aux douleurs non exprimées.
Ainsi les paysages du monde n'entrent pas.

La beauté intérieure est pénétrée par tous les paysages du monde.
Le secret indéfectible de l'être et l'innocence, cet habitacle de la maison enfantine, est lui, impénétrable.
En ce sens, tous les maux du monde ne parviennent à briser son essence.

Interroger ce qu'il se passe à l'intérieur de soi, c'est accéder aux paysages des petits mondes qui nous ont traversés.
Mobiliser tout ce qui nourrit l'éthique, de celle de nos éducations personnelles à celle de nos sociétés passées, et, celles, en train de se faire, me semble favoriser l'épanouissement tant recherché, bien qu'il se trouve dénué de toute appropriation de biens.

Même si je dois ces pensées uniquement à ma vie quotidienne avec des animaux de différentes natures, aux petits mondes extraordinaires, en y mettant le cœur d'un être humain réduit à son animalité la plus survivante, et à sa sensibilité la plus fine, elles n'omettent pas leurs responsabilités dans la domestication et induisent de nouveaux rapports au monde.

Les manières de vivre apprises ne sont plus adaptées aux bouleversements des crises successives.
Les comportements, s'ils ne sont pas réajustés, de façon individuelles, ne peuvent prétendent à la consolidation commune de bonnes valeurs. La dissonance est si bruyante, que les désaccords se sont réunis. Le brouhaha, si le mot est rigolo, pèse sur les actions, elles se trouvent donc inefficaces.

De tous temps, les sociétés faisaient face à des changements, rien de nouveau, l'intelligence c'est la capacité d'adaptation, elle se heurte à l'instinct de conservation, puisque l'on comprend seulement, que conserver n'est plus possible.

Nous regardons avec consternation le tri, comment se sélectionnent les priorités, dans une confusion entre le tri des êtres humains et leurs productions. La quintessence des êtres et de leurs vulnérabilité première et en tous points, deviennent secondaires, si ce n'est, éludés, de toute considération.

L'effervescence des activités humaines, fut pensée comme une richesse, des productions. Le marché de l'emploi est resté encore structuré sur cette idée, hors c'est un excès qui est rejeté par la nature même.
Travailler dessert entièrement la protection de notre terre.
Penser orienter le travail sur la protection de notre terre est un basculement fait de tromperies, sur la marchandise. Ce sont de nouvelles marches vers l'expansion d'une poignée de fous au détriment de toutes les âmes de bonne volonté.

Toute la difficulté est là. C'est un défi, plus que le tri sélectif, le discernement demande du temps.
Et pourtant, dans ce temps périodisé et découpé à l'infini, seul celui du temps retrouvé de l'innocence est une passerelle vers l'accomplissement de chaque vie.
On a voulu rendre le temps sécable, par science, était-ce la meilleure des solutions ?

Par kiwaïda at 15:00

23/08/2022

ℛε¢øღღ℮n¢εґ


Soleil intérieur (Photographie © Sonia Marques)

Recommencer.

Dans tout commencement, il y a l'oubli.
Pour recommencer, il faut oublier et il faut le courage de commencer.
Le courage n'est fait que de l'acte de recommencer, il faut refaire car rien n'est jamais fait. Et pour refaire il faut du courage.
Penser se satisfaire de bien faire et d'avoir bien fait, n'est pas faire le bien.
Car, faire le bien, c'est de le recommencer, puisque le bien n'existe pas.
Pour qu'il existe, il faut le faire, puis lorsqu'il a été fait, le refaire, autrement, autrement bien.
Ne pas refaire la même chose, car, sinon ce serait de la mécanique, il n'y aurait plus de bienfaisance,
puisque le bien, il faut le créer, de toutes pièces.
Car, il n'existe pas, et il ne reste pas.
Pouvons nous, nous méfier, de penser faire le bien et qu'il est là, pour durer, pour toujours.
Non, le bien ne dure pas, il faut recommencer à faire le bien.
Si faire l'amour c'est déjà oublier ce que l'on a fait, c'est déjà le refaire pour faire l'amour,
puisque l'amour se défait dès qu'il a été fait. Et si c'était bien, il faut le refaire.
On dit bien, le mal est fait, car lorsque le mal est fait une fois, il est fait, lui, pour toujours.
Rien ne peut l'oublier, seulement le pardonner. Le mal se fait durablement.
Tandis que le bien est à recommencer.
Non pas pour prouver qu'il a bien été fait, mais pour éprouver le bien qu'il fait, car sans cela, on ne sait pas s'il fait du bien,
car le bien n'existe pas, il faut l'inventer au moment de le faire.
Et c'est de se sentir bien d'avoir fait le bien, que l'on peut espérer ne serait-ce qu'un fugace moment,
savourer la bonne chose, la chose bonne, ce qui est bien, ce qui pourrait même être mieux, que ce qui a été.
Ce serait bien quoi !
Recommencer, remettre à l'ouvrage l'expérience du bien, en espérant retrouver celui-ci et faire le bien, sans même le vouloir,
non pas comme il a déjà été fait, mais comme il se trouve se faire au moment où il se fait.
Courage.

Par kiwaïda at 23:25

22/08/2022

ł@ ℘ʟυṧ ßεʟłε ℘αґт ⅾ ℯʟ‷@ღøüя

soleil-sonia-2.jpg
Soleil intérieur (Photographie © Sonia Marques)

La plus belle part de l'amour.

Ici et maintenant, sans vouloir le lendemain, sans penser à hier, être dans l'instant, dans l'instant de l'instant, entre celui qui est et celui qui est en train d'être. Le donner.
Le temps d'y être et le donner.
Préférer l'autre, le lui donner, l'instant de l'instant pour soi, parti déjà vers l'autre.
Tout à soi étant donné à l'autre, tout à soi dont le temps était donné, s'enfuit déjà vers l'autre.
Se réveiller, en soi, à l'autre.
Le soleil intérieur, il grandi d'amour puisque sa place fut trop petite.
En donnant la sienne, son soleil brillait encore plus.
Puisqu'il n'avait plus de place, nul part, puisque résider était contempler ce que devenait l'autre à sa place.
Demeurer à l'endroit où sa place fut prise, c'était partir sans se sentir chasser, mais partir pour laisser sa place à l'autre.
C'était trouver ce soleil intérieur, l'infini égard, le retrait du savoir pour que l'ignorance sache à son tour.
La plus belle part de l'amour.

Par kiwaïda at 23:54

09/08/2022

ℊʟ@ї♥℮








Gloire : Photographies © Sonia Marques

Dans l'arène, le gladiateur romain vainqueur couvert de glaïeuls.
Force et victoire, fierté.

Les aïeuls, les aïeux.
Mes glaives, les gladius, mes glaïeuls.



Par kiwaïda at 13:43

14/07/2022

$Üℙ∃ℝ ℒÜℵ∃






















Le pique-assiette (de Grandville)



Photographies © Sonia Marques

*

La Lune était visible de 22 h 23 le 13 juillet à 4 h 52 du matin le 14 juillet, nommée : LA SUPERLUNE.

Les scientifiques deviennent sceptiques, voir s'amusent de ce superlatif et espèrent expliquer par des termes techniques, parfois un peu sans âme, que le commun du mortel, lorsqu'elle va se produire, cette Lune rose,  ne verra aucune différence entre la pleine lune habituelle et cette "Superlune", qu'elle ne sera pas une lune géante, pour nous simples observateurs...
Et pourtant... pourtant ce soir là, le 13 juillet, dans un axe Soleil en Cancer et Lune en Capricorne, les deux luminaires en face à face, assez beaux, nous pouvions déjà la voir surgir dans l'après-midi, puis les festivités. À l'origine, l'astrologue Richard Nolle en 1979 qui cherchait à lier les pleines lunes et les nouvelles lunes les plus proches de la Terre au cours de l'année avec des catastrophes naturelles, nomma la Superlune. Elle est plus grosse que les autres, la plus grande de l'année. La Nasa et les médias anglo-saxons, depuis une dizaine d'année utilisent ce superlatif, ce qui suscite un intérêt plus populaire de ce qu'il se passe dans le ciel, et fort heureusement, pensais-je. Les spectacles célestes, depuis la nuit des temps, c'est le cas de le dire, ou l'écrire, sont aussi des spectacles accessibles à tous. C'est évidemment ce qui occupe mon esprit : l'accès aux beautés. Depuis que je suis enfant, plus symboliquement, mon enfance fut marquée par l'observation, lorsque c'était possible, du ciel. Les artifices et ses festivités populaires étaient aussi un rituel formidable, artificiel n'est-ce pas, mais un rendez-vous accessible, que ne manquait pas ma mère de nous installer dans le petit balcon de ma chambre, ma sœur et moi, et avec elle s'exclamant de ce que nous offrait la municipalité, en regardant le ciel et le feu d'artifice. Serrées comme des sardines, parfois risqué pour le petit balcon, avec quelques coussins, mon père parfois montant nous sermonner, que cela n'était pas prudent, connaissant bien les constructions du bâtit, mais aussi surpris dès qu'un jet multicolore surplombait la scène, car il s'agit bien là de scénographies, chinoises. Ils étaient situés bien loin de nous, nous pouvions alors comprendre ce que la distance des points de vue, avec le ciel, et les artifices lancés par des artificiers depuis la terre, nous disposaient devant nos facultés : la terre, les étoiles, nous, étions à des distances astronomiques, et pourtant, nous pouvions "voir", il y avait là, le temps, lié à la distance, et donc au passé et à la mémoire. Nous pouvions aussi deviner, comme des devins, ce que l'avenir projetait, les étoiles étaient là et les astres se disposaient comme de merveilleux éléments naturels, nous laissant le champs inouï de nous sentir dépassés, infiniment humains, et incroyablement doués de perceptions, et de, de sensations, de mémoire, puisqu'aujourd'hui encore tout s'éclaire en observant le ciel. Souvent l'expression artistique de mes créations se résume à des contemplations, avec des médiums diversifiés.

Si ces premières peintures animées, qui deviendraient peu à peu nos virus et écrans de veille favoris, avec l'arrivée des ordinateurs familiaux sur le marché, dans les années 80-90, c'était tout simplement l'accès à la magie et l'éphémère, cette fugacité et ce bruit de tonnerre dans le ciel, oui un spectacle, alors que nous n'avions aucun outil, ni ordinateur, ni Intrenet, ni téléphone portable, ni... (ha oui ces réseaux sociaux, notre catastrophe écologique par encore déclarée...) Renouer, en 2022, si nous étions privés avec la pandémie de feux d'artifice depuis deux années, c'était renouer avec le populaire. Voir toutes ces personnes si différentes, les habitants que l'on côtoient sans se connaître, s'installer à côté de soi, de nous, de façon paisible, pour observer le ciel, ce spectacle fugace et tonitruant, ce que les humains ajoutent comme musiques et programment comme éclats différents, tout un art, du lâcher prise, très appréciable pour les plus pauvres mêlés aux plus aisés, quelle importance ! Le spectacle est le même. Lorsque les artifices disparaissent, le ciel est aussi le même pour tous.

La "superlune" n'est autre qu'une Pleine Lune de périgée. C'est-à-dire une Pleine Lune qui se produit lorsque notre satellite naturel est sur le point de son orbite le plus proche de la Terre (l'orbite de la Lune autour de la Terre est elliptique : il varie entre 356.000 kilomètres et 406.000 kilomètres). Elle peut apparaître 14 % plus grande qu'une Pleine Lune qui coïncide avec l'apogée. Mais cela reste assez petit dans le ciel et il n'est pas évident de pouvoir distinguer la différence.

Pourtant, ce soir, bien informée de ce spectacle naturel, et du feu d'artifice revenu cette année, j'ai prévenu mes proches. Et elle était effectivement, de notre point de vue, spectaculaire, bien plus grande que les autres et le ciel avait débuté son spectacle naturel, avec des cumulus de nuages impressionnants, doux et déployés en de larges traits pastels, ou de petits nuages détachés les uns des autres, mais bien groupés, solidaires, enfantins, espiègles, apportant des touches de blancs et de bleu, sur un ciel bien dégagé qui s'assombrit dans la soirée, jusqu'à devenir ténébreux, pour laisser la Superlune, en stars de la nuit, éminemment magique. Dans la nuit noire, entourée de voluptueux cotons noirs et blanchâtres ou grisâtres et bleutés, cette Superlune éclairait la peinture d'un ciel aquarelliste, immense au-dessus de nous. Marcher la nuit avec le guide de cette Lune Capricorne fut une boussole grandiose dans ces turpitudes et émotions qui traversaient la terre, tous ces êtres humains à festoyer et ressasser leurs soucis et caprices, regrets et espoirs. J'avais, à plusieurs reprises, devant mes yeux hypnotisés, des tableaux que mon nouvel appareil téléphonique saisissait à sa façon, avec peu de clairvoyance. J'aime jouer avec les outils et exprimer ma sensibilité à travers tout ce que je saisi, des clous, du scotch, des riens et des outils technologiques, des pierres ou des imitations de pierres, comme les plâtres que j'ai sculpté, de nuage-pierre, pour une chorégraphe allemande. Le côté grisâtre de l'image me faisait penser à la couverture d'un livre offert par mon amoureux à Noël, sachant que j'aimais beaucoup les gravures de Granville, il était présenté par Topor. Je filais sur ce souvenir de la couverture avec la grosse Lune, le feuilleter.

Première phrase en exergue que je note : "L'âme est quelque fois une pauvre province".

Les animaux de La Fontaine deviennent chez Granville des personnages connus du siècle présent. Il en réalise ainsi des gravures de la comédie moderne, grinçante, cadavériques, et d'humour caustique et d'une finesse, que l'on ne trouve plus, dans nos années, hélas, son comique de goût, révèlent les travers, encore de notre société. Je me suis réfugiée bien des fois à la collecte de ses gravures et lithographies qui exprimaient par leur desseins ce que je ne pouvais dire à celles et ceux qui m'opprimaient.

"Je vous connais de longtemps, mes amis, et tous deux vous paierez l'amende : car toi, loup, tu te plains, bien qu'on ne t'ait rien pris, et toi, renard, tu as pris ce que l'on te demande?"
(d'une citation d'un magistrat à un loup et un renard aux chapeaux défoncés se querellant... dans des guenilles pleines de vols)

Souvent, ces scènes sont des tribunes, des tribunaux, mais sont aussi situées dans la nature, la campagne profonde, les fruits et légumes et leurs pourrissements, forment le vocabulaire favoris de ce grand artiste (Jean-Jacques Grandville, pseudonyme de Jean Ignace Isidore Gérard, né le 13 septembre 1803 à Nancy et mort le 17 mars 1847 à Vanves, caricaturiste, illustrateur et lithographe français) C'est ainsi que la caricature, cet esprit français, m'a été rendu bien plus compréhensible, par l'art, que n'est aujourd'hui rendu la question de la "liberté d'expression" et la question épineuse des caricatures religieuses qui a focalisé nos drames épouvantables sur la question du "dessin", et donc, d'une certaine façon, une quasi habitude de censurer, ou d'éviter, d'éluder, tout ce qui est dessin (ce que j'aime réaliser) ou de l'enseigner, ou à l'inverse de n'utiliser le dessin que comme outil politique, ou d'expression journalistique, ce qui est encore, une restriction savante, qui a réprimé bien des professeurs dans cette catégorie, du dessin, sans l'orienter sur le politique. Depuis, la solution est d'éviter, mais aussi de préférer "la matière" ou "l'abstraction", ou tout concept assez éloigné de ce que l'on pourrait voir, sentir, ressentir, comme sentiment humain. L'humain n'étant plus une qualité très appréciable, lorsqu'il est capable d'atrocité de masse.

Pourtant... pourtant, comme la Superlune, l'humain est capable d'humanité, serions- nous aptes à la sauver ?


Par kiwaïda at 18:35

29/04/2022

ᒪᗝ♈ᘎᔕ ᔕᗩᑕᖇé


Photographies © Sonia Marques (juillet 2017)

⊹╰ (⌣ʟ⌣) ╯⊹

On se demanderait presque comment le lotus apparait
Des eaux profondes et boueuses
Donner au ciel une beauté inouïe
Se dresser hors de la noirceur de la vase
Pour témoigner de la pureté
Et puiser son élégance dans l'impur
Des eaux saumâtres
Attiré par la lumière sachant trouver la clarté
Se gorgeant de l'éveil et du ravissement
Dans l'attente de l'extinction du soleil
Pour se refermer la nuit et retourner sous la surface de l'eau
L'aube est son renouveau
Le lotus s'ouvre par enchantement
Sa tige prend racine dans l'ombre aquatique
Élance sa fleur et son éclat à la surface de l'eau
Majestueuse nature, miraculeux événement

L'expérience des tréfonds de l'eau se manifeste par ce paisible lotus
Les conditions de vie, de toutes natures, et de toutes ressources profondes et invisibles
Initient à cette plénitude espérée, impossible à nier
La fleur sereine

Par kiwaïda at 16:00

05/03/2022

ℯяґεʊяs


Gaston Bachelard (1961)

En ces temps de disette de la pensée... je relisais Bachelard... Et je trouvais son portrait photographique sympathique, j'ignore l'auteur de celui-ci, ou l'auteure, quoique c'est moins sûr. Il a accompagné sa fille Suzanne devenue philosophe également, peut-être l'a-t-elle photographié ?

Le sens du voyage imaginaire est très différent selon les divers poètes. Certains poètes se bornent à entraîner leurs lecteurs au pays du pittoresque. Ils veulent retrouver ailleurs ce qu'on voit tous les jours autour de soi. Ils chargent, ils surchargent de beauté la vie usuelle. Ne méprisons pas ce voyage au pays du réel qui divertit l'être à bon compte. Une réalité illuminée par un poète a du moins la nouveauté d'un nouvel éclairement. Parce que le poète nous découvre une nuance fugitive, nous apprenons à imaginer toute nuance comme un changement. Seule l'imagination peut voir les nuances, elle les saisit au passage d'une couleur à une autre. Dans ce vieux monde, il y a donc des fleurs qu'on avait mal vues. On les avait mal vues parce qu'on ne les avait pas vu changer de nuances. Fleurir, c'est déplacer des nuances, c'est toujours un mouvement nuancé. Qui suit dans son jardin toutes les fleurs qui s'ouvrent et se colorent a déjà mille modèles pour la dynamique des images.

Extrait dans son essais sur l'imagination du mouvement (1943)

Puis je pensais au biais de confirmation... un processus mental (neurosciences) que l'on peut retrouver en politique. Les lecteurs et lectrices recherchent plus de presse qui expriment des opinions en accord avec les leurs... Le philosophe Gaston Bachelard considérait que c'était un facteur d'inertie pour l'esprit. Se satisfaire de ce que l'on pense et ne pas y opposer de critique, d'opinion contraire aux nôtres, c'est se retrouver, incapable d'évolution spirituelle. "L'esprit scientifique se constitue comme un ensemble d'erreurs rectifiées" disait-il. Prouver ce que l'on croit, c'est être assuré de trouver des éléments de preuves, ou répondre aux critiques, ne peut favoriser "ce qui, dans l'esprit fait obstacle à la spiritualisation". S'ouvrir à la contradiction et tenter de récuser nos démonstrations, plutôt que de chercher à les confirmer, serait quelques pas vers la spiritualité...

"Il vient un temps où l'esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit. Alors l'instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s'arrête."

Et j'ajouterai pour faire un saut dans l'autre citation, dans un autre temps, du même philosophe, mais pour interroger ces jours :

"Dans ce vieux monde, il y a donc des fleurs qu'on avait mal vues."

Ces fleurs me manquent.

///

En 1938, il publie : La formation de l'esprit scientifique, extrait :

"Quand on cherche les conditions psychologiques des progrès de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il ne s'agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité des phénomènes, ni d'incriminer la faiblesse des sens et de l'esprit humain: c'est dans l'acte même de connaître, intimement, qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causes d'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques. La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres. Elle n'est jamais immédiate et pleine. Les révélations du réel sont toujours récurrentes. Le réel n'est jamais « ce qu'on pourrait croire» mais il est toujours ce qu'on aurait dû penser. La pensée empirique est claire, après coup, quand l'appareil des raisons a été mis au point. En revenant sur un passé d'erreurs, on trouve la vérité en un véritable repentir intellectuel. En fait, on connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant des connaissances mal faites, en surmontant ce qui dans l'esprit même fait obstacle à la spiritualisation.

L'idée de partir de zéro pour fonder et accroître son bien ne peut venir que dans des cultures de simple juxtaposition où un fait connu est immédiatement une richesse. Mais devant le mystère du réel, l'âme ne peut se faire, par décret, ingénue. Il est alors impossible de faire d'un seul coup table rase des connaissances usuelles. Face au réel, ce qu'on croit savoir clairement offusque ce qu'on devrait savoir. Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science, c'est, spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé. "


et plus loin :


"L'opinion pense mal; elle ne pense pas: elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion: il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter."

Désirer savoir, pour mieux nous interroger ?

Par kiwaïda at 20:35

- page 1 de 3