Journal d'une pie (extrait)

ESPOIR, lui dis-je

Petit bout, j'étais nu, dans mon costume.
Une patte après l'autre, je marchais en gambadant, dans la nature.
Dans l'odieuse liberté de mentir à mon espèce animale.
J'étais fou, de toi, de vous, de tous, de ce que je ne connaissais pas.
Je sautillais, je m'en foutais, de tout, je voulais tout voir et de suite tout goûter et puis partir en courant.
Partir sans me laisser attraper par le temps ni par la nuit.
La viande au bec, les vers déterrés, au diable la mort, au diable les morts.
Je vole vers toi, je vole, vers l'adieu, je vole vers l'odieux ciel, je vole vers Dieu.
C'est Janvier je m'en fou, je suis fou de toi, je suis fou, je suis un petit roi.
Personne ne me voit, personne ne me croit, personne ne le sais, moi-même je m'en tape le cornichon !
Une année nouvelle ? Qu'est-ce ?
Je connais l'étouffante chaleur, le froid sibérien, la tempête nocturne et les pluies diluviennes.
Je ne connais pas les mois, ni les années, ni les chiffres, ni même les hommages, ni les guerres.
Chaque jour je vis la guerre de la vie, survivre est un combat de tout instant.
La minute où je suis fou, de toi je te le dis, la minute d'après je suis loin de toi et je t'oublie pour ma survie.
Te voilà, enfin, me voici à l'heure.
Je reviendrai, la nouvelle année aux vols certains charmer tes incertitudes et voler ton sourire.
J'ouvrirai les yeux des passants, abandonnés à ne plus parler, ni oser embrasser la vie.
Et je volerai si loin, que leur espoir de me revoir nourrira, enfin leur destin.
Avenir, je saurai venir à eux, je serai à venir, toujours avenir.
Bonne année pardi !
Mon paradis !
J'ai dit !





Graphismes-peintures © Sonia Marques