Peinture ©  Sonia Marques

Revoir Pompéi

Voici Tao encore tout mouillé de la forêt, son petit sylvain, son aminche, il revient de ses conversations avec les divinités agrestes. Il lui tend un caillou, il est sourd et pas poli du tout, il s'arroge le droit de la contemption. Cette petite chose brutale ne sait pas émettre sa lumière, ni taillée, ni façonnée, elle veut être diamant, elle n'est que caillou. Dans sa paume il la regardait telle la source d'un problème, une entéléchie ! L'accomplissement d'une fin, le minéral de ce qui a été réalisé, se trouvait là, comme un quinaud, ne sachant où se mettre, ni comment se montrer. Il sécrétait un liquide huileux, était-ce son pétrichor ? Il posait ce caillou à côté de la poubelle, avant de l'ouvrir. Le caillou gronda, morigéna, incapable de courtoisie, il manquait des mots, il ne restait qu'une vindicte, l'hanouna. L'obstiné ne saisit pas sa dernière chance, il ne terminait pas ses phrases. Tout comme lui, sans manière, ni minauderie, il saisit le caillou avec force et volonté d'en finir, en sauvegardant dans le dessein de son geste, une pointe de grâce. Avec sprezzatura, il ouvrit la porte en grand, et Vlan ! Il lançait le caillou honteux de son acédie plus loin que le Mont Analogue. La nonchalance de son veston de lin, feinte, était travaillée avec soin. Le panache du lancé de cailloux fut inventé ce jour même. Entre happy few, ils animaient des dîners de chasse aux cailloux, dans une panachée de styles, décontractés et savants. Dans leurs souliers ils attrapaient des cailloux.

- Ouvrez la porte en grand et Vlan !
- Lancer le caillou quelconque !

Maîtriser le lancé est une des rares adaptation qui distinguait les êtres humains des autres espèces. Spontanément, ils recherchaient des cailloux quand ils se sentaient menacés, les projectiles sont des armes aux fondements des guerres.

Tao trouvait les cailloux, et lui, il les lançait.

Et les châtaignes ?
Emparadisées aussi !

Toutes les pégadilles.