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mercredi 13 mars 2024

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DOUDOU

Peintures © Sonia Marques

Au bout du désert ... Doudou.
Flou artistique.

Cendrillon, le retour !
Olympe du 10 mai !

Suite des Kis peintures 

dimanche 20 août 2023

Ḡεø¢@т¢♄їᾔ❡




Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

J'ai rencontré une petite famille qui venait de Poitiers. Ils sont venus à Limoges avec un jeu qui se nomme le géocatching. Il utilise la technique du géopositionnement par satellite (GPS) pour des caches, nommées des géocaches, dans divers endroits à travers le monde, recherchant ce qui est caché. Ils m'ont vu et ils pensaient que j'étais perdue. Rien de leur programme sur leur téléphone ne me géolocalisait, rien ne leur disait qu'il y avait à cet endroit, une pie qui flirte.
Oui c'est nouveau, je flirte avec tout le monde, avant c'était avec mon amie la pie femelle, je l'ai piquée au mâle naguère féroce, qui est devenu mon compagnon de jeu, enfin, c'est une longue histoire à présent. Il vient me piquer ma tutrice, ce serait très long à raconter mais nous jouons comme des petits saltimbanques du dimanche, avec des brindilles, des pierres, des feuilles et nous montons aux arbres en particulier, les conifères, on adore, c'est comme des marches qui nous propulsent vers le ciel. Nous avons nos secrets à présent, loin de ma tutrice et nous avons nos bonnes tables, je suis précoce et très astucieuse, un brin fantaisiste. Il fait très chaud, moi je trouve qu'il fait très bon, la nuit est douce, les êtres humains ne supportent pas cette chaleur, ils ont nommé cela, une canicule. Tant mieux, ils seront moins nombreux à nous embêter. Seuls celles et ceux qui savent marcher très lentement et s'économiser nous visitent, par ce temps, nous n'avons plus les agités du bocal, tous les maladifs ne sont plus debouts par temps de canicule. Ils sont tout de même savants certains humains, ils ont inventé ce mot, "canicule", qui veut dire petit chien, comme "caniche", du latin « canicula », diminutif de « canis » (chien), qui signifie « petite chienne ». Canicula c’est le nom que des astronomes de l’Antiquité, ont donné à une étoile appartenant à la constellation du « Grand Chien ». Aussi appelée l’étoile Sirius, Canicula est l’astre le plus brillant du ciel après le Soleil. Les Egyptiens qui associaient cette étoile au culte d’Isis, lui concédaient des pouvoirs surnaturels, notamment dans la régulation des crues du Nil. Jadis, levée et couchée avec le Soleil, du 24 juillet au 24 août, elle doublait l’activité de ses feux et donc du climat solsticiale. Elle est considérée comme l’étoile de la chaleur. « Canicule » désigne donc tout naturellement les périodes marquées par une forte hausse des températures. Pour conjurer les effets néfastes de la canicule sur les moissons et apaiser l’ardeur du soleil, les Romains avaient coutume de sacrifier des chiens roux. Roux pour que le raisin prenne cette couleur « solaire » l’année suivante. Là, je trouve que ce n'est pas très intelligent. Je ne souhaiterai pas que l'on sacrifie mon écureuil roux, en l'honneur d'une canicule, afin de réaliser de meilleures récoltes. Quoique les Navajos, ces Apaches associant aussi les mois de Juillet et Août, à la petite et à la grande récolte.

Ma tutrice aime être aux aurores, il fait très frais, tous les oiseaux sont réunis et la saluent, elle lit ses livres, un à un, et parcoure les arbres de ses yeux songeurs. Car, je ne suis plus aussi présente, je suis ailleurs, parfois je fait un saut, une bise et puis je m'en vais comme une vagabonde, une rigolotte, puis je reviens avec un copain, c'est un temps magique, il nous assèche, mais notre objectif c'est de se mettre au frais à l'ombre, et la verdure omniprésente dans ces régions, offre quelques oasis, notre quête ce sont les plantes qui donnent du jus, elles nous hydratent.

Le couple d'humains, avec leurs deux enfants sont arrivés vers moi, ils avaient pris l'habitude de regarder au sol, afin de trouver ce que le téléphone leur disait de trouver, car les êtres humains, ne sont plus capables de trouver par eux-mêmes, ils devaient trouver des badges ou des devinettes ou autres bidules. Les êtres humains sont pourtant inventifs, mais pas tous. Il faut être considéré tel un hurluberlu,  si l'on est un vrai chercheur, et pour les femmes humaines, c'est devenir des hurluberluttes, avec le mot "lutte" dedans ! Pour ce couple, leurs cachettes sont nulles et leurs bidules nullissimes. Mais il ne faut pas leurs dire, car comme nombre d'entre eux, propulsés par ces jeux en réseaux, ils pensent à chaque fois, avoir inventé le fils à couper le beurre. Puis ils trouvent un paquet d'idiots pour répéter leurs inventions.

Ma tutrice raconte mon histoire, comme ils ne m'écoutent pas, pendant ce temps là, moi, je cache mes victuailles devant eux, et je prends des petites feuilles et de la mousse et je dépose dessus tous mes artifices afin que mes victuailles ne se voient pas. Parfois, j'estime que ce n'est pas bien caché, alors je recommence. Mais ils me regardaient étonnés, et ils demandaient à ma tutrice qu'est-ce que je fabriquais. Donc elle leurs raconta, que selon une application très très rare, qu'elle avait elle-même programmée, il y avait des cachettes sécrétées par des pies, et que celles-ci, pouvaient receler des bijoux.

Ils nous regardaient comme des ânes cueillis comme des haricots. Je parle en lange Navajo, tel un code Talker, donc si mes images ne sont pas toutes compréhensibles, tant pis pour les gros lourdauds êtres humains. C'est ainsi que je les vois aujourd'hui.

Les enfants répètent ce que disent leurs parents et montrent leurs cartes de la Nouvelle Aquitaine. Ils sont venus de Poitiers et ont choisi Limoges, et boum ! Les voici arpentant cette ville, selon ce que les petites vignettes leurs racontent d'historiques. Évidemment, ils ne font rien par eux-mêmes. Les autres c'est bien connu, sont trop intelligents pour être heureux. Donc ils passent leur temps, et jusqu'à 2h heures du matin, me disent-ils à résoudre des énigmes historiques, avec leurs téléphones. Tandis que d'autres inventent des défis, imperceptibles pour ces groupes de moutons de Panurge. Je suis une pie plein de défis, et à présent je suis invisible parmi les autres pies, bientôt, plus personne ne me dissociera des autres pies, je serai sauvage comme les autres.

Puis ils s'exclament :" Mais la pie fait exactement comme nous : du géocatching !" Ben voyons, oui je suis si débile que je vais faire comme vous, espèce de tarés ! J'ai acquis un nouveau vocabulaire, proche de ces êtres humains, loin des philosophes et des précieuses ridicules. Je m'exerce à crier quelques vulgarités afin de me hausser au niveau de ces bipèdes qui utilisent un langage fleuri pour nous décrire, nous les piafs ! Ma tutrice déteste ce langage et ces sobriquets. Mais elle s'étonne que je les utilise à souhait, un peu dans le désordre, je tousse et je mordille les doigts de pieds.

Mais ils ne me comprennent pas. Ma tutrice est très sympa, elle leurs dit : "Oui tout à fait, vous faites comme elle !"

Elle leurs a donné un indice, mais ils n'ont pas compris. Ils pensent toujours qu'ils ont inventé le fil à couper le beurre et que nous, issues de la nature, les pies nous copions les êtres humains. Il ne leurs viendrait pas une seconde à l'esprit que c'est l'inverse, que la nature apporte tout. Je remarquais qu'ils étaient bêtes alors je m'attaquais à leurs pieds, car ils pensaient comme des pieds.

Un jour, je vois un homme bien gonflé avec deux femmes bien soumises, il s'exclame: "Mais il faut la garder cette pie, elle est apprivoisée, au début je pensais qu'elle était malade, je voulais la prendre !" Ses femmes sont en admiration devant l'Indiana Jones ! C'est un personnage de fiction, aventurier, qui sort d'un film, oui parfois l'être humain est ingénieux pour s'imaginer héroïque, il est professeur d'archéologie, créé par George Lucas. Un acteur l'incarne sur écran, au cinéma, un phénomène que je ne pourrai jamais voir, mais dont les êtres humains, parfois me parlent, comme si ce personnage existait vraiment. J'ai appris à les reconnaître dans la nature, lorsqu'ils se présentaient à moi.

C'est l'acteur Harrison Ford, qui joue son rôle, je ne sais qui est-il, sauf que nombre d'hommes qui passent par ici, sont habillés comme lui, surtout les photographes des oiseaux les faucons pèlerins. Ma tutrice n'étant pas du tout vêtue comme ces acteurs de cinéma, j'ai pensé que c'était un personnage très atypique, qui aime vraiment les oiseaux, bien plus que les outils techniques et technologiques. À priori, on pense facilement ainsi, puis, on s’aperçoit qu'elle a souvent devancé ces choses-là et qu'elle n'est pas née de la dernière pluie. Mais elle préfère le costume naïf, ainsi peut-elle être perçue comme primesautière.

Il est abruti comme tout, l'homme qui vient vers moi. Il n'a pas pensé une seule seconde que dès qu'il est arrivé, il est entré dans notre territoire, et qu'il y a un millier d'autres espèces autours de lui, et même qu'il est en train d'écraser une belle petite fleur, et qu'il a chassé les autres mésanges, dès qu'il a mis son drapeau sur ce sol. Il s'avance comme s'il était chez lui, et ne sait pas faire de différence entre ce qui est à lui et ce qui n'est pas à lui. En l’occurrence, rien n'est à lui ici ! Ni moi, ni mes amies les autres pies, ni aucun oiseau. Je lui enverrai bien quelques crapauds et souris avec qui je vis la nuit, afin qu'il sorte d'ici de suite !

Ma tutrice lui explique que je suis en phase de réintégration. Elle est bien gentille mais je suis totalement intégrée à présent, donc on ne va pas me désintégrer sous prétexte qu'il y a un Indiana Jones qui souhaite épater ses deux femelles ?
Moi les femelles pies, je les connais, elles sont très en retrait, elles avancent derrière le mâle. Ainsi j'ai tout de suite vu cette compagnie arriver avec les expressions parisiennes, ma tutrice m'a tout appris car elle est de Paris. J'ai bombé le torse et je me suis envolée si loin derrière le mur, qu'il est resté un peu con. Oui, et bien vas-y, colonise ce territoire et tu verras bien le malheur qu'il va t'arriver, et à tes femelles aussi !
Il a senti que j'étais un peu vexée, et il est reparti.
Puis je réfléchissais à leurs géocaching, au couple enthousiaste qui ne se souvenait plus de quels commentaires historiques, ni même le nom des villes où il leurs était demandé d'aller faire la visite pour récupérer une devinette cachée sous un buisson. Des trésors qui n'en sont pas. Mais ils ont tout de même découvert un autre trésor, c'est la rencontre avec des personnes, et des choses étrangères à leurs téléphones qui fait la différence.

Quel est le plus beau trésor ?

N'est-ce pas la relation qui se construit entre la nature et les êtres humains ?

Ce respect fait d'apprentissages mais aussi d'ignorances, et d'erreurs ?

J'ai décidé d'imaginer que les êtres humains seraient des bibelots sans valeur !
Car j'ai remarqué que ceux-ci, nous considéraient comme tel.
Aussi, une géocache est en général, un petit contenant étanche et résistant, avec un registre des visites et parfois un ou plusieurs trésors, généralement des bibelots sans valeur.

Ce programme par GPS fut opéré dans les années 2000 et La première cache localisée par GPS et documentée fut placée le 3 mai 2000 par Dave Ulmer, originaire de Beavercreek (en), dans l'Oregon. Les coordonnées furent publiées sur le groupe Usenet sci.geo.satellite-nav6. Dès le 6 mai 2000, la géocache avait déjà été trouvée deux fois (et journalisée une fois par Mike Teague, originaire de Vancouver, au Canada).

Ils mettent beaucoup de temps à trouver ! Trois jours !

Ce qui est intéressant c'est que ma tutrice a fait ses études à Vancouver, mais c'était avant en 1996, après les années 2000, outre le fait qu'elle fut pionnière en France sur les questions de réseaux et d'Internet, de création artistique en ligne, mais il est très mal vu d'être une femme inventrice en France, donc elle ne le dit à personne, et s'amuse beaucoup, en 2023, de trouver des hommes qui tentent de lui montrer sur un téléphone très coûteux ce que sont des icônes et des applications. Elle fait mine d'être une mamie et reçoit tous leur énoncés comme s'ils étaient la parole divine. Ils sont si fiers, leur virilité est en jeu, attention ! Il ne faut pas froisser ces êtres humains. Cela coûte très cher. L'expérience décrit, que parfois, il vaut mieux établir un compromis sur un malentendu, un petit mensonge, que de décrier véritablement ce que l'on est et d'où l'on vient, car les esprits s'échauffent et l'on peut vite finir au commissariat de Police, si l'on décrit la vérité. Il y a des territoires reculés, où il faut laisser du temps au temps, et ne pas brusquer les choses, le temps qu'elles se découvrent et laisser aux autres le souhait d'être des découvreurs d'un tas de choses qui sont déjà découvertes depuis des millénaires. Nous autres, les animaux, nous avons l'habitude de cacher notre savoir et nos coutumes ancestrales. Car les êtres humains ont un amour propre, ce que nous n'avons pas. Non pas que le nôtre serait sale, bien que c'est ce qu'ils disent de nous, mais nous avons un amour sans concession pour la nature, il n'est pas un amour propre, une forme d'amour immodéré pour soi-même, proche du narcissisme, il est un amour pour la nature, que l'on rend à la nature, car elle nous donne tout, nous avons tout à disposition, l'abondance est partout, dans la nature. Les êtres humains pensent qu'il y a raréfaction, qu'il vont manquer de tout. C'est qu'ils ont longtemps cru qu'ils pouvaient tout prendre, sans jamais rien donner, rien rendre. Il font la désagréable expérience du manque et de la frustration que cela apporte. Ils sont dans l'obligation de grandir. Nous savons que les êtres humains devaient se transformer, parce que cela ne pouvait plus durer, tous ces drapeaux partout. Et à présent qu'ils doivent mieux penser la répartition de leurs actions, ils sont très peureux du lendemain. Pourtant cela ne peut que les transformer et les sensibiliser à ce qu'ils créent dans l'environnement.
Bon, je disais que ma tutrice avait réalisé ses études au Canada, mais une petite partie. Après les années 2000, elle avait fondé un collectif d'artistes sur Internet et un tas de trucs assez invraisemblables à raconter aujourd'hui à des touristes, elle s'en garde bien, déjà que dans ses écoles où elle enseignait, aucune direction, ni ministère ne savaient ce qu'elle avait inventé, donc c'est dire à quel point, elle est restée cachée, oui car c'est très mal vu. Donc après les années 2000, elle s'est envolée au Portugal, afin de faire bénéficier des étudiants de l'alliance qu'elle allait créé, tout cela sans se vanter, et son copain faisait du géocacthing avec GPS et ses pliages de papiers dans les rochers au bord des gouffres, notamment la "Boca do inferno". Elle portait bien son nom cette bouche !

Évidemment, ce n'est que lorsque tout arrive en France, qu'il faut faire comme si on ne savait rien, qu'on a le moins de problème, sinon, on est fiché à la police, si on dit tout ce que l'on a inventé si tôt !

Il y a un être humain avec un t-shirt et des œufs sur le plat en énorme dessus, jaunes. Il m'aime beaucoup, et je joue avec lui.

Cela fait deux fois qu'il vient échanger avec ma tutrice et son compagnon, qui, revendique d'être un tuteur. C'est un peu comme si le papa s'était réveillé un peu tard pour reconnaître le mouflet, et là, il est le tuteur, cela ne fait aucun doute. Même s'il doit partager son amour et son attachement avec plein d'autres personnes, un tas d'idiots, d'Indiana Jones, et d'autres tarés et des marginaux et aussi des nerds, mais il veut bien, il n'est plus jaloux de mes infidélités, j'aime les originaux. Grâce à lui, j'aime tout les êtres humains avec des casquettes ! Et il m'a appris à être heureux de jouer, ce qui est une qualité que je ne rencontre pas chez les autres pies ! Cela fait de moi, un animal particulier, inclassable.

Donc le monsieur des œufs sur le plat s'est mis à raconter la vie et l'histoire des Pokemons, les monstres dans la poche. Connus au Japon sous le nom de Pocket Monsters dès 1996, dans les jeux vidéos, et des séries éditées par Nintendo. On retrouve ces petits machins, les Pokemons, exploités sous forme d'anime, de mangas, et de jeux de cartes à collectionner. De même cela forge à voyager, dans le virtuel évidemment,  à travers diverses régions fictives dans le but d’attraper de nouvelles sortes de monstres éponymes, mais, manifestement, je me retrouve associée à ces monstres de poches, car je vais vraiment dans les poches, je fouille partout. Japon, États-Unis, Canada, France et d'autres pays européens, voici qu'il nous parle des traductions coréennes !

Il est bien plus jeune que ma tutrice, lui aussi ne connait rien d'elle, et c'est amusant de l'entendre, ma tutrice est retombée comme une drôle d'enfance lorsqu'elle avait 25 ans ou 30 ans, c'est à dire… il y a 25 ans ! Ce n'est pas non plus son enfance, c'est une période, une autre époque, que les jeunes de vingt ans ne peuvent pas connaître.

Elle s'est ainsi aperçue que rien n'avait vraiment changé. Sauf que lorsqu'elle vivait une époque ou personne savait ce qu'elle faisait, ni même sa famille, elle voit à présent, des parents avec leurs enfants qui utilisent des formes qu'elle a pu inventer il y a 25 ans, l'air de rien. Ces formes sont bien plus accessibles et facile à appréhender pour les tous petits et les vieilles personnes.

À présent, elle est un peu une Sainte. Lorsque je la vois elle a un halo lumineux autours d'elle, l'évêque la salut, elle n'a plus aucun lien avec la technologie, mais parfois je me demande si elle n'est pas un robot humain fabriquée spécialement pour comprendre les oiseaux, tellement je ne vois aucun autre être humain comme elle.

Normal, c'est mon trésor, enfin celle qui m'a nourrit, et ça, cela ne s'oublie jamais. Je suis heureuse qu'elle s'occupe un peu plus de son amour propre. Une tutrice est réglée comme une horloge, sur les besoins de l'autre. Ainsi, par télépathie, nous n'avons aucun mal à nous retrouver, ou à nous éviter lorsque les cieux ne nous le permettent pas.

Mon copain le mâle aime couper les fleurs de pissenlit, moi je les cache. Ça compte ça pour le géocatching ?

Sous l’étoile de la chaleur, je vis ma vie de pie, avec des pissenlits et des abeilles aux pattes gorgées de pollen !

*

Dessin © Sonia Marques

dimanche 23 juillet 2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je découvrais un nouveau jardin. Il y avait une petite touffe évasée, ses fleurs étoilée sont d'une teinte rose vif, et d'autres à côté, virent au brun puis au pourpre. Les fleurs sont nommées, Orpin. La plante soigne les aphtes, le traitement des brûlures, et prévient des hémorragies. C'est une plante grasse de longues tiges charnues aux feuilles larges et épaisses de couleur vert jade à vert d'eau. Les jardiniers ont bien travaillé. J'ai vu des fleurs de Vénus, des Verbena, on les nomme aussi Verveine de Buenos-Aires. Elle sont de la famille des verveines utilisées en huiles essentielles, depuis l'Antiquité elles ont des vertus miraculeuses. Elles s'apparentent à la myrte, ma tutrice apprécie beaucoup son odeur. Roses, elles s'élancent depuis une tige qui les déploie bien ordonnées. Je vais me ressourcer aux origines de toute vraie vie. Ma tutrice suit mes aventures, excentrée d'elle-même, elle s'ouvre à la joie d'une communion, à la rencontre de ma particularité et de cet environnement que j'explore. Elle va vers l'autre, elle comprend, elle nomme les présences qui nous entoure, puisqu'elle m'a apprivoisée. Cela ne se voit pas dans le jardin, bien que j'ai une tendance à voler vers elle, ou dévoiler notre complicité en me posant sur son épaule. Elle tente d'éviter ce signalement, il y a des envieux et des incultes. Elle esquisse ses connaissances vers celles et ceux qui sont à l'écoute, par pédagogie et paisibles initiations. Les dépassements sont nombreux et ne s'évitent pas lui soufflais-je, sur ses cheveux. Les ressources créatrices sont plus fortes, tandis que l'égo tant à racornir tout sur lui-même, je suis un messager qui témoigne de son extériorité. En racornissant tout à lui-même l'égo se ferme de toute possibilité d'enrichissement, il s'entoure de préjugés et opprime sa beauté, elle lui reste méconnue. Je vole vers l'autre, je propose une forme philosophique, c'est comme un geste et une parole sans aucun mot, le fil de l'amour, si tu le vois ?
La naissance d'une personne peut advenir en se ressourçant de l’amour aux origines de toute vraie vie. Dans un élan mystique je dévoile un paysage, ma trajectoire est inattendue pour l'être humain : je vole.
Ce n'est pas nouveau, l'être humain envie cette faculté, celle de voler. De l'envie à la jalousie, se cache une peur, il se sent en insécurité, il ressent une perte de territoire, une peur de l'abandon, une peur d'être trompé, un manque de confiance en lui, il en résulte une rivalité constante et permanente avec les autres. J'ai rencontré une petite fille accompagnée par sa grand-mère, elle n'avait que 4 ans et demi, mais elle était très grande, et elle souhaitait m’attraper. Elle attira sa grand mère dans un recoin, ma tutrice se reposait et découvrit ce petit bout de femme vêtu de rose et qui se nommait Rose. La petite approcha sa main très doucement de mon dos, puis je me dérobais assez rapidement. Sa grand mère se présenta à ma tutrice, elles échangèrent, mais moi, j'avais cette petite aux yeux de mygales noires et sa langue qui s'activait sur ses lèvres, elle se léchait les babines et disait tout fort : "Je l'ai presque touchée" Ma tutrice trouva qu'elle était en avance pour son âge, en général, les enfants qui m'approchent et engagent un questionnement avec ma tutrice sont les plus précoces. La petite nous raconta son quotidien, sa grand mère était très sympathique, elle lui a dit : "Tu t'en souviendras longtemps de ce moment exceptionnel". Petite pie, j'ai compris que je pouvais devenir un sujet, parfois un objet de désir. Les sentiments terrestres me sont étrangers. Lorsque je joue avec mon amie l'autre pie, je lui attrape la queue. Tout simplement car les êtres humains malintentionnés ont tenté de me tirer la queue. J'ai commencé à imiter ce trait d'esprit avec d'autres pies, avec lesquelles j'estimais que je pouvais avoir un ascendant. C'était me tromper, chez les pies, on ne tire pas la queue.

Le soleil se lève, il fait encore frais, je vaque à mes occupations et elles sont multiples. Ma découverte du nouveau jardin, avec des arbres et buissons différents, des fleurs et des légumes, c'est très bien rangé. Il y a plusieurs autres pies aguerries, elles savent où se nourrir. Je n'ai pas eu de parents pour m'apprendre, je suis dans une imitation approximative. Je passe beaucoup de temps à cacher de menues choses que j'estime importantes à mes yeux, mais elles ne s'avèrent pas nourrissantes. Je sais que ma tutrice veille au grain, elle connait l’imprégnation et les conséquences, j'ai pour l'instant une attitude mi-imprégnée par l'être humain, mi-sauvage, j'aime bien avoir ce truc en plus. Je ne sais pas assez que notre complicité, avec ma tutrice fait des envieux. Nous avons eu une désagréable expérience. De jeunes enfants d'êtres humains qui s'ennuyaient âgés d'une dizaine d'années ou une quinzaine, sont venus nous harceler sur plusieurs jours. Ils voulaient me toucher et ont insulté ma tutrice et son compagnon. Ils m'ont protégé. Ils pensaient que ce serait d'autres oiseaux, ou les chats qui seraient mes principaux prédateurs, mais ce sont bien les êtres humains, en particuliers les adolescents. Ils sont peu éduqués et indifférents aux animaux, aux choses de la nature. Et, ils sont très envieux de cette filiation entre un être humain et un animal, que celui-ci soit dans la nature. Ils pensent d'un coup que je pourrai leurs appartenir. Ils sont aussi jaloux de l'amour qui co-existe. Dans ce pays, la violence est encouragée, partout. Elle est montrée comme modèle d'émancipation, de protestation, de manifestation, d'existence. Dans ma réalité, ce sont nos jardins qui sont piétinés, les arbres coupés, les êtres humains ne nous voient pas, ils nous insultent souvent et nous méprisent.

Spectateurs du secret, lorsque l'amour vers une autre espèce nous apprend sur tout un monde invisible, nous demeurons pour les autres, non initiés, des sortes d'espions secrets, des ennemis, et nous pouvons devenir des bouc émissaires d'ignorants.
Un jour j'ai vu des amoureux allongés, un jeune homme et une jeune femme. Petite pie, je pensais que tous les amoureux sont des êtres très sympathiques, qui jouent et donnent de la nourriture adaptée. Ils mangeaient des frites, la jeune femme avait un briquet et pour me repousser, elle l'a allumé sur mes ailes, cela m'a fait très peur. Heureusement ma tutrice a vu cet incident de loin et est venue réaliser un peu de pédagogie. Ils ont compris, mais moi j'ai compris qu'il y avait des êtres humains différents. Au début, je pensais qu'ils devaient être tous comme ma tutrice, j'allais vers eux avec tout mon enthousiasme, mon petit cœur porté par ses ailes si fragiles. Les êtres humains manquent beaucoup de culture. Il y a peu d'enseignant engagés dans les écoles pour sensibiliser les jeunes et les moins jeunes. Cette jeune femme avait plus de 20 ans. Ma tutrice sait que dans ce pays, on supprime les enseignants, on fait de même, avec un briquet, on pense les éloigner. Ici, les écoles sont brûlées. Les employeurs maintiennent les enseignants dans une précarité extrême, et leurs enlèvent le sel de leur vie, tout leur parcours, leur savoir, et les laissent sans emploi. Ils ne veulent plus que les enseignants évoluent, leur situation de vie est contrainte par de nombreuses règles communautaires qui les empêchent de s'épanouir. Souvent, sans qu'ils ne s'en aperçoivent, c'est entre mêmes enseignants que les contraintes se créent, au fur et à mesure, ils s'isolent de leur famille, de leur histoire, ils deviennent marginaux. Ma tutrice rencontre des sans domiciles fixes, le pas dans la vie cachée dans la nature est rapide, entre la vie d'avant et la vie à se cacher pour dormir. Il n'y a pas de solidarité. Sont poussés vers les marges de la société humaine, des êtres sensibles et cultivés. Pourtant leur savoir ne peut faire face à leur détresse. Rien ne sert de savoir lorsque tout nous repousse, lorsque la nature humaine devient repoussante. Nous les pies nous côtoyons tous ces êtres, certains attendent que les jardins se vident afin de s'installer la nuit venue et déguerpir au petit matin, je me lève avec eux, dès notre réveil, ils savent qu'ils doivent partir, reprendre leur sac, et passer leur journée à faire semblant, de lire sur un banc publique, de tenir encore debout. Mais moi je vois leur barbe grandir, ils étaient habillés à la mode de tous ces jeunes, ils ne parlent plus, ils dorment comme s'ils se préparaient à mourir en silence. Puis, ils hurlent comme des fauves. Cachés, les touristes pensent que ce sont des animaux derrière un mur. Ils sont aussi savants que nous, dans le camouflage, car nous le savons tous, les oiseaux se cachent pour mourir.

Je ne connaissais rien à ces pratiques très répandues de groupe, ces méthodes de harcèlement qui s’acquièrent très tôt à l'école. Ma tutrice a étayé une pensée philosophique sur ce phénomène, elle s'applique, mais cela ne sert à rien. Elle est sérieuse, j'espère lui faire découvrir cet autre monde, celui de la confiance. Les êtres humains sont lâches ensemble. Ils sont solidaires uniquement dans cette faculté de trouver une personne sur qui se défouler ensemble. Parfois ils disent que les pies sont des nuisibles. Ils ont répertorié notre famille d'oiseau comme une race qu'il faut éliminer. Même si les études ont évolué, certains ont gardé cette idée que nous volons leurs récoles et leur bijoux. Petite pie j'ai vécu le harcèlement mais contrairement aux êtres humains, cela ne me touche pas, d'ailleurs je ne comprends rien aux insultes. Le danger est au sol, le danger est partout, dans les branches, le jour et la nuit. La liberté aussi, est à chaque instant, le choix doit se faire en un éclair. Le savoir, dans ce pays est devenu une cible, il est attaqué. La connaissance se cache, au grand désespoir des êtres humains sensibles.

J'ai rencontré plusieurs autres êtres humains très gentils, et aussi des experts, une soigneuse qui m'avait remarquée et voulait me capturer pour réaliser ses expériences. Heureusement que ma tutrice était là. Elle lui a raconté mon histoire. La soigneuse était jeune et encore en stage et elle m'avait repérée, elle trouvait que j'étais une pie atypique, mais elle ne savait pas que j'étais en phase de réintégration. Elle était vêtue d'une robe blanche décolletée, et avait une multitude de tatouages partout, sur ses jambes, ses bras, et un petit sac en toile. Elle correspondait avec ses amis à l'aide d'un casque sur ses oreilles et se photographiait sans arrêt avec son téléphone, son visage en faisant des moues. Lorsqu'elle a vu ma tutrice elle s'est présentée comme une soigneuse, c'était plutôt l'inverse que j'ai vu. Elle était prête à me désintégrer, m'emmener en observation, car elle pensait que j'étais seule et isolée, et que je devais être malade quelque part. Je devais avoir des problèmes de santé, et comme elle venait d'apprendre qu'elle pouvait capturer pour soigner, ainsi se donnait-elle le pouvoir d'être soigneuse. Ma tutrice est bien plus âgée, elle a deux fois son âge et elle est très calme. Elle me dit qu'elle a connu aussi cela, en tant qu'être humain. Une femme qui se dotait d'un pouvoir qu'elle n'avait pas a voulu l'emmener voir un médecin pour que le médecin réalise qu'elle avait un problème pour être aussi atypique. Le médecin fut très embarrassé, car elle a vu que ma tutrice était douée, et intelligente et très gentille, mais harcelée au travail. Elle me fait comprendre que cela arrive chez les êtres humains de se sentir avoir un pouvoir sur l'autre. Elle me dit qu'en période de guerre, les méchants font cela, ils envoient des êtres humains être fichés chez des médecins ou à la police. Moi petite pie, j'ai pensé que ce monde s'ennuyait et ne savait pas grand chose. La soigneuse s'est aperçue à temps de l'erreur qu'elle allait faire. Moi j'étais très sympa, j'allais la voir, elle mangeait des poireaux, mais je n'aime pas ça. Ainsi ma tutrice a eu le contact d'une association qui sauve des oiseaux dans le Limousin, c'est exactement ce qu'elle a fait avec moi. Ils ont un nombre important cette année de choucas tombés du nid et de martinets. Ma tutrice trouve les martinets très beaux. Apus, apus, ils peuvent rester en vol durant des mois, sans se se poser, leurs pattes sont atrophiés, ils ont des vols incroyables, et ce sont les plus rapides, parfois 200km/heure. Ils sont confondus avec les hirondelles. Mais leur grosse tête est engoncée, leurs yeux si expressifs. Elle voyait un petit verdier se faufiler dans les branchages, d'un vert si vif, qu'elle ne le voyait que par intermittence, camouflé dans ces feuillage vert. C'est la soigneuse qui lui a dit le nom potentiel de cet oiseau. J'étais contente de les voir échanger, elles ont des connaissances différentes. La plus jeune, c'est par la théorie, ma tutrice c'est l'expérience du terrain et de la vie quotidienne avec des oiseaux, elle est artiste. La soigneuse lui révéla qu'avant son stage, elle n'avait jamais porté aucune attention aux oiseaux. Elle ne les distinguait pas et n'y attachait aucune importance. Son association recherchait des bénévoles, elle a dû apprendre très vite, depuis, elle fait très attention, cela a valorisé aussi son saut dans la vie active, il y a un sens dans sa vie professionnelle. C'est un très beau métier que celui de soigner des oiseaux et un beau métier jardinier. Ma tutrice rencontre des gens très riches, et différents que l'on ne distingue pas, et qui sont dans le lien à la nature.

Ma tutrice me dit que je suis la plus belle chose qui lui soit arrivé depuis des années. Moi je lui dis que sans elle je n'aurai pas pu vivre tout cela.

J'ai connu la pluie, la tempête, une chaleur étouffante, la raréfaction de l'eau, des comportement agressifs, des attentions particulières, des vols de nourritures par mes copines les pies, des courses poursuites, écureuil, hérisson, il y a eu une chatte qui a eu plein de petits chatons, j'ai vu tant de glands tomber, de fleurs pousser, de nuages, de cris diverses et variés de tant d'animaux, des langues étrangères humaines, je suis fatiguée tous les jours, et je suis vive de plus belle. Son compagnon me fabrique des jeux, il a plein d'idées très rapidement, ils les mets a exécution, sur le champs, j'aime cela, car je suis dans le même élan, enthousiaste et sans préjugé, il agence des fagots, des sortes d'avions de glands délicats. Au début il était venu confiant avec ses instruments de musique, mais je suis une pie. Puis un jour il est venu avec une boule rouge un peu molle, d'un rouge très vif, grosse comme une balle de ping-pong. Il était malin en me la présentant, mais ni une ni deux, je lui ai piqué la balle et suis partie avec le nez rouge du clown à travers champs. C'était incroyable. Je me signalais partout avec cette balle au bout du bec, puis je l'ai cachée avec préciosité dans un feuillage. Voici ma sagacité, qu'on se le dise, je suis une pie effrontée. 

Je suis un presque rien, je suis presque tout.

L'été s'éternisait ces dernières années, cet été, les journées ne se ressemblent pas, peut-être suis-je devenue la tutrice de ma tutrice ? Elle disait en souriant que le nom qu'elle pensait m'attribuer était une thérapie (Téra-pie). Ça c'est bien une mauvaise idée, son compagnon au moins, me nomme pimousse.

Pidoudou, pidoux.

Je reste "La pie", pour elle, je l'ai rencontrée sur des tapis. La pie des tapis.

À chaque instant, elle pense aux tapis volants avec moi. Lorsqu'elle était petite comme une pie, elle se transportait dans les contes fantastiques, où il y avait des tapis volants, persants. La lévitation n'est pas une mythologie pour elle. Le jardin est un espace sacré, depuis elle m’accueille sur un rectangle de tissus, comme si je venais dans un lieu qui comprenait le monde entier. Il faut imaginer un décor, une fontaine, une corne d'abondance, des invités, une vue sur le ciel. Il y a sur ce bout de tissus, qui est un tapis, le jardin du monde, parfait dans un calme absolu. Sur un tapis volant, la mobilité à travers le monde et l'espace, est une métaphore d'une partie du tout.

Tout est possible, tout est magique.

Et puis, il se replie, il disparait.

Et moi je m'envole comme si je n'avais jamais existé, comme si j'étais juste un rêve.

Un songe. Lorsque je reviens, la magie opère comme une apparition divine, et lorsque je ne suis plus là, j'arrive à maintenir l'espoir que je suis quelque part, ou ailleurs.

Au dessus de tout. Un esprit sain.



lundi 10 décembre 2018

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Cohabitations de ribouldingues (photographie © Sonia Marques)