Soleil nocturne (Photographie © Sonia Marques)



Instantané

Dans cette irréversibilité de l'instant que m'imposaient ces tentatives de les penser, de n'en retenir aucun (instant), puisqu'il n'y a point de retour, je savourai quelques micros sensations, baignées dans l'innocence, une transparence inouïe, comme ces rayons de lumière du mois de septembre dans un air glacé, mais cristallin, celui qui nous annonce la fin de l'année, le début de l'hiver, ce présent est un présage.

Le cadeau, le présent.

Maintenant, s'il ne s'annonce pas, s'il ne fait que se présenter, c'est toujours un cadeau, à qui sait le voir en sa nudité, il est un cadeau.

Nu, non pas dans une nudité qui évoque la chair, mais nu minéral.

Lire en son sein, comme en son cristal, c'est voir l'innocence.

Si tout failli dans cette brèche, et si la puissance réside dans cette fragilité, on peut comprendre l'inaliénabilité, cette qualité qui ne peut être ôtée, elle est digne d'elle-même, et c'est un bonheur de la sentir, car elle ne peut être saisie, ni vue dans sa totalité.

Lorsque l'on parvient à déchiffrer le mensonge, la sincérité advient plus crue et elle est inadmissible pour les fervents du mensonge. Lorsque la justice sombre dans l'iniquité, elle quitte, oui elle quitte, doucement mais surement, et donc, elle a quitté son pouvoir puisqu'elle soutien le mensonge.

Le mal a besoin de la collaboration, la faiblesse d'y être tenté et de s'y agglutiner forment des groupes, des amoncellements de lâches. Se vautrer goulument, s'enrichir des propositions malhonnêtes, c'est passablement renverser l'ordre.

Percevoir ce qui dans le rayon de lumière est innocent, c'est réaliser ce chemin éblouissant, d'une innocence retrouvée, lorsqu'elle fut spoliée, et maculée d'inepties et d'injustices.

Épris de simplicité, les instants fugaces qu'occupent les beautés de toutes natures, illuminent l'enfance de nos meilleurs sentiments, délivrés de l'opacité qui empêche l'élan innocent. En toute transparence, traverser, sans le savoir, les apparences.

Laisser passer la lumière c'est aussi laisser voir le monde qui passe à travers soi. Sentir résonner ce qui traverse l'espace simplement, sans aucun obstacle.
La conscience vaniteuse oppose son désir d'être admiré à ces rayons du monde. En voulant trop être vus, les regards ne peuvent traverser l'apparence. Déceptives, les fausses communications isolent, ce sont de fausses communions, là où personne ne se réunit vraiment, ni ne s’unit pour le meilleur, tout se montre en réunion d'apparat, des promesses non tenues. En renvoyant à l'opposé, en sens inverse, ces tromperies communicatives ajoutent à la peine aux douleurs non exprimées.
Ainsi les paysages du monde n'entrent pas.

La beauté intérieure est pénétrée par tous les paysages du monde.
Le secret indéfectible de l'être et l'innocence, cet habitacle de la maison enfantine, est lui, impénétrable.
En ce sens, tous les maux du monde ne parviennent à briser son essence.

Interroger ce qu'il se passe à l'intérieur de soi, c'est accéder aux paysages des petits mondes qui nous ont traversés.
Mobiliser tout ce qui nourrit l'éthique, de celle de nos éducations personnelles à celle de nos sociétés passées, et, celles, en train de se faire, me semble favoriser l'épanouissement tant recherché, bien qu'il se trouve dénué de toute appropriation de biens.

Même si je dois ces pensées uniquement à ma vie quotidienne avec des animaux de différentes natures, aux petits mondes extraordinaires, en y mettant le cœur d'un être humain réduit à son animalité la plus survivante, et à sa sensibilité la plus fine, elles n'omettent pas leurs responsabilités dans la domestication et induisent de nouveaux rapports au monde.

Les manières de vivre apprises ne sont plus adaptées aux bouleversements des crises successives.
Les comportements, s'ils ne sont pas réajustés, de façon individuelles, ne peuvent prétendent à la consolidation commune de bonnes valeurs. La dissonance est si bruyante, que les désaccords se sont réunis. Le brouhaha, si le mot est rigolo, pèse sur les actions, elles se trouvent donc inefficaces.

De tous temps, les sociétés faisaient face à des changements, rien de nouveau, l'intelligence c'est la capacité d'adaptation, elle se heurte à l'instinct de conservation, puisque l'on comprend seulement, que conserver n'est plus possible.

Nous regardons avec consternation le tri, comment se sélectionnent les priorités, dans une confusion entre le tri des êtres humains et leurs productions. La quintessence des êtres et de leurs vulnérabilité première et en tous points, deviennent secondaires, si ce n'est, éludés, de toute considération.

L'effervescence des activités humaines, fut pensée comme une richesse, des productions. Le marché de l'emploi est resté encore structuré sur cette idée, hors c'est un excès qui est rejeté par la nature même.
Travailler dessert entièrement la protection de notre terre.
Penser orienter le travail sur la protection de notre terre est un basculement fait de tromperies, sur la marchandise. Ce sont de nouvelles marches vers l'expansion d'une poignée de fous au détriment de toutes les âmes de bonne volonté.

Toute la difficulté est là. C'est un défi, plus que le tri sélectif, le discernement demande du temps.
Et pourtant, dans ce temps périodisé et découpé à l'infini, seul celui du temps retrouvé de l'innocence est une passerelle vers l'accomplissement de chaque vie.
On a voulu rendre le temps sécable, par science, était-ce la meilleure des solutions ?