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Tag - paix

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mercredi 7 février 2024

℃ѺℒЇℬℝi

Listen to the hummingbird
Whose wings you cannot see
Listen to the hummingbird
Don’t listen to me.

Listen to the butterfly
Whose days but number three
Listen to the butterfly
Don’t listen to me.

Listen to the mind of God
Which doesn’t need to be
Listen to the mind of God
Don’t listen to me.

Listen to the hummingbird
Whose wings you cannot see
Listen to the hummingbird
Don’t listen to me.



Leonard Cohen- The Flame - Poems Notebooks Lyrics Drawings - 2018

samedi 25 novembre 2023

ℙøм♭A ḓA ℘AZ


















POMBA DA PAZ / Desenho © Sonia Marques



Journal d'une pie (extrait)

Elle me raconta les chansons, les mélodies, il y en avait une que son compagnon avait trouvé, après avoir écouté notre nouveau funambule, et il lui dédia celle-ci.

Ma tutrice me dit : c'est pour toi !

Et puis elle m'envoya un dessin, pris sur le vif, dessiné avec un chat sur les genoux, très attentif, une colombe de la paix, qu'elle nomme : "Pomba da paz"



dimanche 11 décembre 2022

✝☺υ☂ ﹩❝éḉłαḯґ℮ ⓠüαη∂ ☂υ εṧ ℓà

lundi 27 janvier 2020

ϟḺ€€Ṕ


Femme couchée dormant

Félix Vallotton (1899) :  56,5 cm x 76 cm

L'art de la suspension...

Discret jusqu'à être secret....
Il donnait l'impression de promener son ennui, sans ennuyer personne...
Ses amis lui reprochait, amicalement, de ne pas être très effusif, il n'était pas d'une lecture très facile...

(citation du peindre Francis Jourdain)
Ce qui est retranché du monde... Vallotton enlève des détails, il introduit l'abstraction dans la figuration.
Ses gravures sont magnifiques. Il était aussi romancier et critique, très peu connu du grand public... français.
Valloton ne possède pas les femmes, nombre de nus de ce peintre, ce qui est rare, ne sont pas des femmes qui aguichent celles et ceux qui regardent ses nus.
Elles ne menacent pas les hommes dans leur virilité, en leur demandant d'être le maître à tous prix de la scène, de les dominer.
Elles sont aussi autonomes, et d'un riche intérieur. La plénitude, mais aussi une certaine forme de retranchement au monde s'expriment dans les ombres parfois angoissantes, mais aussi dans la lumière et les couleurs vives, étincelantes. Cette femme couchée dormant, me fait penser à Matisse, car il y a des motifs très présents, mais ses tissus forment un paysage d'émotions déformées, inaccessibles et silencieuses. Cet informe paisible, ce repos mérité, après de longues journées bavardes, signalées par ces tapisseries qui saturent toute la toile, me donnent ce sentiment de contemplation mais aussi de distance nécessaire à celle-ci : ne pas troubler, ni agir, juste contempler.
Une contemplation si simple, un accès déroutant, au silence retrouvé.

jeudi 14 novembre 2019

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samedi 16 juillet 2016

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Henri Matisse : Nice, cahier noir (1918 / huile sur toile, 33 x 40,7 cm)

Je pense à Matisse, déjà évoqué récemment dans ce blog. L'une des premières expériences artistique qui m'a engagée à m'orienter dans l'art. Grâce à ma mère, qui nous faisait découvrir son œuvre à travers des catalogues, enfants. Premiers dessins et peintures effectués, familiarité de la couleur du regard maritime, de la danse, des femmes et du travail obstiné du peintre. J'avais aussi l'expérience des dessins à la gouache, de mon père, de son obstination aussi à la tâche. J'avais leurs photographies, leurs films, de paysages. Évidemment je suis persuadée que c'est à travers la culture et l'art et très tôt, que les enfants ouvrent leur regard. J'ai été conduite à travailler avec de jeunes enfants des cités, à les faire dessiner, j'avais 18 ans. Et ces jeunes n'avaient pas tous reçu d'ouverture sur l'art, par leurs parents, mais ils avaient quelque chose de très expressifs, des facultés à dessiner, sans le savoir, car dans leur observation des faits et gestes, de leur quotidien, de la lumière de leurs pays, ce furent les plus beaux dessins que je n'avais jamais vu chez de jeunes personnes. Mon regard les accompagnait et mes formations, je les découvrais, je voyais ce dont ils étaient capables assez rapidement et nous œuvrions pour les belles choses. Il y avait des prénoms si différents et je me souviens d'une Shéhérazade, que j'ai rencontré des années plus tard dans le bus, me remerciant et se souvenant de moi lui enseignant le dessin. Des années plus tard, en enseignant dans des écoles d'art, élitistes, je n'ai jamais retrouvé cette habilité, cette expression ravageuse, sauvage et aussi douce des lignes des portraits et paysages de ces enfants, auxquels j'avais créé des éditions. Et par respect, je n'ai jamais utilisé à mon propre compte leurs dessins, comme certains artistes peuvent le faire, tout est resté pour chacun d'eux, et les éditions seulement vues de mes proches. Je pense à eux.

Alors je pense aussi à Matisse et à Nice évidemment et à la culture et l'enseignement, à l'éducation. Je suis touchée par des attaques, dans mon métier, des attaques et menaces qui ont dégradé considérablement mes conditions de travail et d'enseignement, des méthodes pour faire peur, terrifier, et des banalités du mal. Tout cela fait constamment écho à ce que nous traversons avec les attentats et qui touche les plus faibles, démunis, les plus pauvres et humbles, parfois celles et ceux qui ont la paix dans leur cœur et savent l'enseigner, ne serait-ce qu'à leurs proches. Tous ces signes convergent, la violence, le silence, l'incapacité à faire la paix. Ainsi je crains pour ma profession, l'enseignement en art, ce qu'il devient, le manque absolu de sagacité, de protection et de diversité. Les difficultés de mobilités au sein d'institutions en crise, le pouvoir administratif, les erreurs et la bêtise, tout cela me semble très significatif et laborieux dans la communication et la coordination, le nivellement par le bas, alors que nous sommes vraiment en danger et qu'il y a tant de possibilités, d'idées, pour que tout se passe mieux, et tant de voix tues. Lâchetés et manque total de solidarité sont notre lot quotidien, masqués par des publicités individualistes. Lire à travers les images, comprendre, interpréter, ne nous reste que l'attention comme refrain commun.

Voici une série de peintures, dessins, collages que j'aime bien, en considérant que tout, chez Matisse, procède d'un regard ouvert (né le 31 décembre 1869 au Cateau-Cambrésis et mort le 3 novembre 1954 à Nice). Mess bonnes notes.


La réflexion (huile sur toile 46 x 55 cm, 1935) 

Auguste Matisse 1933, Photographe : Carl Van Vechten

 

Intérieur à Nice, la sieste (Nice-1922) / Jeune fille à la mauresque, robe verte (Nice -1921)

 

Nature morte aux grenades, 1947 / Le rêve, 1940

Découverte un matin de 1917, Henri Matisse n’envisageait qu’une brève étape sur la Côte d’Azur. Il y passera plus de 35 ans de sa vie, comblé par une lumière et un territoire unique. Il s’en émerveillait inlassablement. Et, c’est au printemps 1943, redoutant les bombardements alliés sur Nice, qu’il reculera d’une vingtaine de kilomètres, louant la « Villa Le Rêve » à Vence, en compagnie de Lydia Delectorskaya. Elle était sa secrétaire, son modèle, son assistante, mais également sa muse. Raymond Escholier écrira d’elle « La grande inspiratrice du maître, par sa splendeur plastique, par la beauté et l’expression de son visage, et aussi par son intelligence et son esprit, demeure Lydia Delectorskaya ». Ils resteront à Vence six ans, touchés par le charme de la demeure, avec son dédale de pièces désuètes, sa terrasse, ses fleurs, « ses beaux panaches de palmiers qui remplissent les fenêtres » et son jardin gorgé de lumière. Matisse avait emporté à Vence sa collection d’objets sans lesquels il ne pouvait créer : jarres, vases, tables et chaises, coquillages, tapis, textiles… que l’on retrouve dans ses peintures et dans ses dessins. Un charmant désordre régnait dans la villa enfouie dans une nature chatoyante au travers de laquelle se découpe la cité médiévale et les collines qui s’écoulent doucement vers la Méditerranée. « Villa le Rêve », un endroit au nom idéal.

Il dit d'elle :

« Belle villa, je veux dire pas en nougat, sans chiqué. Murs épais et portes vitrées et fenêtres allant jusqu’au plafond - donc lumière abondante. (...) Une belle terrasse, avec une grande balustrade abondamment doublée de lierre romain panaché et de beaux géraniums de couleur chaude que je ne connaissais pas - de beaux panaches de palmiers remplissent mes fenêtres ».

La Villa où vécut Henri Matisse de 1943 à 1949

Icare : Page extraite de Jazz Nytmoma, 1947

 

Petite odalisque à la robe violette, 1937

Matisse à l’œuvre (Nice) pour La chapelle du Rosaire (dite aussi chapelle Matisse) dans son appartement

À cette époque, Matisse était déjà gravement malade, âgé de plus de soixante-dix ans, Lydia décide alors d’engager Monique Bourgeois, une jeune fille pauvre, orpheline de père, pour veiller sur les nuits de Matisse. À son tour, elle deviendra son infirmière, son modèle et sa muse. Entre elle et Matisse se tisse une tendre complicité. À Louis Aragon qui lui demandait son opinion sur son modèle, Matisse répondit: « C’est le foyer de mon énergie ». L’aventure prend un tour inattendu le jour où Monique Bourgeois donne à Matisse un rival redoutable : DIEU. La jeune fille va entrer dans les ordres de Saint-Dominique, prenant le voile sous le nom de Sœur Jacques-Marie. Matisse la regrette. Toutefois, elle viendra lui rendre visite souvent. En Août 1947, elle lui soumet un dessin de vitrail qu’elle voudrait voir exécuter pour la chapelle en ruine du couvent des dominicaines, située à quelques mètres de la « Villa le Rêve ». Au bout de quelque temps, il lui annonce qu’il réalisera lui-même non seulement le vitrail, mais la chapelle entière. Commencée en 1948, l’énorme entreprise s’achève en 1952 : Matisse a 82 ans. La Chapelle du Rosaire sera offerte aux sœurs dominicaines. Pour la première fois, un peintre réalise un monument dans sa totalité, de l’architecture au mobilier en passant par les vitraux. Cette réalisation est son testament spirituel. Une œuvre majeure, dont il aimait à dire qu’elle était son chef-d’œuvre « malgré toutes ses imperfections », un lieu dont la visite emplit d’émotion. Son unique œuvre monumentale, connue dans le monde entier sous le nom de Chapelle Matisse.


La chapelle du Rosaire dite aussi chapelle Matisse est une petite chapelle érigée de 1949 à 1951 à Vence, (Alpes-Maritimes), pour le Couvent des Dominicains, par l'architecte Auguste Perret (1874-1954) et décorée par Henri Matisse (1869-1954). Elle a été consacrée le 25 juin 1951.

  

Vues de La Chappelle de Matisse, toit, intérieur...

Très malade, l'artiste n'a pu assister à l'inauguration de son œuvre, en 1951. Il écrivit ceci à cette occasion :

« Je n'ai pas cherché la beauté, j'ai cherché la vérité. Je vous présente en toute humilité la chapelle du Rosaire des dominicaines de Vence… Cette œuvre m'a demandé quatre années d'un travail exclusif et assidu. Elle est le résultat de toute la vie active… Je la considère, malgré toutes ses imperfections, comme un chef-d'œuvre. »

Les vitraux : en correspondance directe avec les céramiques, constituent l’alternative indispensable à l’« équilibre expressif de deux forces, la couleur du vitrail du côté droit et le blanc et noir sur tout le côté gauche ». Le vert, le jaune et le bleu, couleurs dominantes, s’inspirent de motifs végétaux.

En réalisant cet ultime travail pour la Chapelle du Rosaire à Vence, Matisse démontre ce qu’il a toujours proclamé, à savoir que l’art excède les « sensations rétiniennes » : « Je ne travaille pas sur la toile mais sur celui qui la regarde » déclare-t-il. Dans cet esprit, Matisse conçoit et effectue les éléments architecturaux (atelier blanc, porte du confessionnal et autel), les vitraux (Le Ciel sur la terre, Jérusalem céleste, Les Abeilles, Le Vitrail bleu pâle, L'Arbre de vie et des vitraux annexes comme "le Poisson à l'Étoile" ou un projet de vitrail "Crucifixion" non abouti), les céramiques (Pages murales, Le Chemin de croix, La Vierge à l’enfant), (Saint Dominique, Le Médaillon de la Vierge) et les chasubles, ce qui explique leur excellente coordination et la parfaite harmonie d'ensemble.

Odalisque à la culotte grise, (1926-1927, Huile sur toile)

Dans l’Odalisque à la culotte grise, la géométrie et les couleurs fortes jouent les premiers rôles. L’odalisque peinte dans des couleurs sobres : chair, vert et gris tend à se fondre dans le décor. Dans son compte rendu du Salon d’automne de 1927, le critique d’art Jacques Guenne (1896-1945) s’interroge : "Pourquoi avec toutes ses raies bleues, rouges, violettes, jaune, avec cette grande tenture rouge aux motifs gris, la petite toile de Matisse ne devient-elle pas le plus affreux étalage de papiers peints de quartier populeux, je l’ignore. Ou plutôt je sais que cet artiste est comblé par la grâce de la couleur."
Les grands motifs des tissus que Matisse a tendus sur un châssis démontable et le chromatisme dominé par le rouge annihilent toute sensation d’espace. Seuls les accessoires donnent une relative sensation de profondeur. La table Louis XV et le brasero sont régulièrement utilisés par le peintre. On a cependant bien du mal à les situer par rapport au canapé qui semble envahir leur espace.

 

Primavera (1938, Linogravure) / Nature morte aux grenades (1947 - huile sur toile, 80.5 x 60 cm)

Matisse et ses colombes...

Je ne connaissais pas cette anecdote, mais nous avons la même passion et les mêmes chemins d'observation, depuis les berges de la Seine... Riez bien de cette trouvaille, lectrices et lecteurs, vous qui m'avez accompagné dans mes pérégrinations diverses ou observé nombre de mes dessins, de vols sauvages, ou écouté des albums sonores de voix d'ailés colorés, hébergé certains anges, enterré même, accompagné l'élévation de leur esprit.

Henri Matisse avait une passion pour les oiseaux (et surtout des colombes) qui a commencé au cours de l'été 1936. De retour à Paris et en se promenant le long des berges de la Seine, son attention s'est porté sur les marchands qui vendent une variété d'oiseaux et des colombes en cage. Il est revenu à la maison avec cinq ou six oiseaux à la fois et heureux dans leurs formes et couleurs, le plumage et le chant. Son amour des oiseaux a duré toute sa vie. Vers la fin de sa journée, Matisse donna à Pablo Picasso, qui aimait les oiseaux et avait des canaris et des pigeons, une élégante colombe. Picasso en a tiré son portrait sur ​​la célèbre affiche, Colombe de la Paix.

      

lundi 23 novembre 2015

ϴ♄α¥◎

Bonjour (OHAYO) Film de Yasujiro Ozu, 1959

Revoir Ozu… Il y avait quelque chose dans le film Bonjour qui m'était resté en mémoire : la protestation des enfants.

L'histoire :

Minoru et Isamu vivent avec leurs parents dans la banlieue de Tokyo. En rentrant de l'école, ils aiment à s'arrêter chez un voisin qui a la télévision pour regarder des matches de sumo. Leurs parents, mécontents, leur interdisent d'y retourner. Pour protester, Minoru et Isamu entament une grève de la parole, qui va provoquer par ricochet de nombreuses incompréhensions parmi les voisins.

En revisionnant le film, je remarque autre chose, toujours traversée par nos actualités politiques et socio-culturelles vues d'ici. Minoru et Isamu, critiquent les comportements de leurs parents, ou le modèle de l'autorité (du quotidien), tel qu'il leurs est perçu. Une approche philosophique du film concentre son développement sur ce quotidien, dont nombre de formules, perçues comme 'creuses' du point de vue des enfants, ponctuent la journée, comme "Bonjour", "Il fait beau aujourd'hui", "Comment allez-vous ?". Les enfants les perçoivent comme des formules hypocrites, où rien ne s'échange vraiment, alors que dans leur monde de jeux, ils s'expriment librement. Le père insiste sur le fait que les enfants doivent se tenir et ne pas parler à tort et à travers. Le fond historique du décor du film est la transformation de la société japonaise. D'un côté nous avons un panorama du voisinage où la rumeur et les jalousies se colportent d'une porte à l'autre et peut dégrader la dignité des femmes (sur ce fait on peut toujours l'observer de notre côté aujourd'hui), des rapports inégalitaires entre femmes et hommes à la maison et de l'émergence des femmes dans le monde du travail (toujours d'actualité), dans un décor représentant la banlieue de Tokyo ;  de l'autre, il y a l'introduction d'un média de sons et d'images en mouvement : la télévision.
C'est toute une interrogation du message (et de sa transmission, sa compréhension, son interprétation) qui travaille le monde des enfants, mais à travers aussi, l'avènement des émissions télévisées. Émettre et transmettre, ici, se différencient, même s'ils procèdent tous deux de la médiation.

Petit aparté historique :
L'invention de la télévision est l'aboutissement d'une longue chaîne d'innovations entre scientifiques, ingénieurs, écossais, allemands, américains, et américain d'origine russe… qui débute officiellement en 1926 (nous savons combien les recherches antérieures et les découvertes contribuent aux officielles démonstrations)… Côté français, on note en 1931 la première émission de télévision publique : L'ingénieur français René Barthélemy réussit pour la première fois en France à retransmettre une image de 30 lignes entre Montrouge et Malakoff en banlieue parisienne. Directeur du centre expérimental de Montrouge, Barthélemy a développé un procédé de télévision qu'il ne cessera de perfectionner. Quatre ans plus tard il réalisera la première émission régulière de télévision française. Côté japonais, la NHK, compagnie de diffusion au Japon, a commencé à émettre en 1925 et sa propre chaîne en 1953, la couleur arrive en 1960.
Dans Bonjour, le film d'Ozu, la référence est plus généralement faite aux États-Unis, dont l'occupation du Japon a pris fin au début des années 1950.

Si les enfants filent chez leurs voisins plus modernes, afin de regarder des parties de Sumos (en noir et blanc) en évinçant leurs devoirs, c'est qu'ils se rassemblent sur quelque chose qui leur parait "plus" animé que les conversations "inutiles" de leurs parents. Cette illusion arrivée, l'écran télévisé, l'objet conflictuel, défie la culture traditionnelle des parents japonais, et l'attitude décontractée amenée par l'usage anglophone met en perspective le changement des espaces de convivialité. Comme dans toutes transformations de rites et de repères, l'accompagnement des parents joue un rôle élémentaire, dans la capacité à inventer de nouveaux dialogues et jeux avec les enfants, tout en gardant et en transmettant les fondements de leurs cultures. La machine à laver est aussi, du côté des femmes, un objet qui va révolutionner les tâches domestiques, mais aussi maintenir la dichotomie entre hommes et femmes très longtemps (la femme a une machine à laver, l'homme un ordinateur) et sera transmise de parents aux enfants. On peut observer que depuis ces années 50, la condition de la femme n'a pas évolué aussi vite que le bouleversement des us et coutumes et des technologies.
L'esthétique dépouillée d'Ozu, dans ce film, devient un modèle dans le design contemporain. Le fameux siège où s'assoit le petit frère attachant Isamu, les pulls marrons à bandes bordeaux, les espaces cloisonnés par des pans légers et amovibles, les tables basses et la relation corporelle au sol, l'importance du riz, comme ciment des repas entre enfants et parents, même lorsque les enfants font grève de la faim, il se retrouvent à voler le récipient où se cuit le riz afin de se rassasier avec leurs doigts, sans les baguettes... Et nous remarquions les superbes étiquettes, larges et assez grandes, au dos des pantalons des enfants.


I LOVE YOU

Le professeur d'anglais est celui qui va éclairer et parfois réussir à rompre le silence, sans toutefois abandonner la courtoisie des phrases futiles. La langue anglaise arrive dans le film en clin d’œil et langage amoureux petit détonateur de situation décalées et humoristiques. Le petit Isamu va souvent dire "I love you", avec une rapidité et une facilité déconcertante, sans l'associer au sens, quand bien même la déclaration d'amour des adultes japonais s'avère plus difficile et un long chemin de séduction, qui passe par les formules perçues comme insipides pour les enfants. Le professeur d'anglais amoureux, et son amoureuse, femme moderne qui travaille et lui demande des textes de traduction, forment le couple dialoguant, avec pudeur, sachant lire avec l'expérience dans ces "Bonjour" et ces "Il fait beau". Les enfants sont là exclus de ces formes de dialogue en leurs présences, d'un langage qui leurs demeure secret finalement, car encore sans expérience de vie. Ils sont néanmoins témoins et bien inclus, dans le monde des adultes avec leurs activités, dans la même communauté de vie. Les enfants faisant la grève à la parole afin de protester contre leurs parents, inventent une forme pacifique de protestation et s'évertuent à "tenir parole", quand bien même le père leurs donnait une leçon sur le langage et le respect. Et nous voyons dans le film, qu'il n'est pas si psychorigide que les enfants veulent le faire paraître. Même si, au début, le père n'est pas dans l'écoute de son fils ainé qui lui fait face, mais dans l'idée de rétablir l'ordre et surtout, le faire taire. Dans son rôle de l'autorité, qu'il tente de tenir, le père (et la mère) émettent au fur et à mesure, des concessions, une écoute, une observation, qui permettent aux uns et aux autres de continuer à vivre ensemble, et d'accepter un nouvel objet extérieur, communiquant. La mère et le père seront unis dans cette évolution enfantine, tout en gardant l'espace de chacun, viable, même dans de petits espaces familiaux. Sans violence, dans ce film, les parents vont même s'amuser de l'attitude de leurs enfants et observer jusqu'à quand vont-ils tenir. De leur côté, les enfants vont éprouver le langage et l'utilité des formules qui leurs paraissaient inutiles dans la société.

On lit la méfiance d'Ozu dans un ordre qui serait absolu ou tout puissant ne serait-ce que par la quasi absence de la télévision, cet objet de communication qui créé le désordre familiale. Ce rapport à la puissance et l'impuissance de la parole devient ici créative et même récréative dans cette famille. Cette réflexion médiatique dépasse donc le désœuvrement qu'amène un nouveau pouvoir, celui des images télévisées, par le cinéma et sa mise en scène (du cinéaste réfléchissant sur son médium)
Mon analyse du film d'Ozu tourne autours de la relation entre enfants et parents. Les mots d'ordre du père qui étouffent la parole de l'enfant et le désir de l'enfant de prendre la parole et dans l'impasse de pouvoir le faire, impose son silence et tient parole, jusqu'au consensus. Quelque chose entre ces enfants qui ne parlent plus à leur père et imposent le silence.
Ozu explique sur Bonjour que "l'on peut bavarder à l'infini sur des choses insignifiantes, mais quand on arrive à l'essentiel, il est très difficile de dire quoi que ce soit". Et comme le dit le professeur d'anglais : "Il faut parfois dire des choses importantes". À la fin du film, les amoureux, sur le quai d'une gare, échangent des formules creuses, mais spectateurs, nous pouvons comprendre alors, en clin d’œil au développé du film, que celles-ci cachent une épaisseur des sentiments partagés, de communion, que seuls les amoureux peuvent comprendre. N'a-t-il pas là découvert le secret ? Tout se résout à cet instant. Ce film plaisant, fait de la plaisanterie, de joyeux désordres entretenus éloignant l'ordre établi.
La fin se termine très bien, par une entente et une écoute des parents et des enfants. Le temps que le film s'achemine et la famille s'est transformée avec l'usage des objets, l'usage du langage. C'est infime mais cela augure de plus grandes transformations. Et les enfants ont grandi.
Ce film garde une fraîcheur et une légèreté sur l'éducation propice à la réflexion, à l'aune de notre monde contemporain et des introductions radicales qui offensent actuellement nos cultures occidentales, notre vivre ensemble. Je regarde du côté de l'histoire au pays du Soleil levant, car il y a là, un apport étranger, exotique et bénéfique à la distanciation. La sympathie et le calme que révèle le regard d'Ozu, est une belle leçon. La scène du Hula-Hoop est ma préférée.

Réflexions plus graves ici, à la recherche de la paix :

Quand les enfants de notre pays en arrivent à la radicalisation et défient notre modèle culturel en tuant leurs proches, des individus de leurs âges bénéficiant des mêmes droits, c'est qu'il y a une crise profonde dans l'éducation, dans notre société. De jeunes gens ont tiré sur d'autres jeunes gens et se sont tués, dans des quartiers qu'ils connaissaient. Les cibles ne sont pas politiques. Ici la simple connaissance est bien séparée de la reconnaissance. Ces criminels n'ont pas connaissance de leurs droits, autrement que celui, amateur, de l'utilisation des armes. Le "Bonjour" et le "Il fait beau" a définitivement disparu de leur mode de communication. Il faut beaucoup souffrir pour avoir le besoin imminent de trouver un repère, un père virtuel qui puisse dicter une loi simplifiée de la raison de vivre. Elle se transforme, in fine, en la recherche d'une raison de la mort. C'est une logique et celles et ceux qui ont besoin d'une logique pour comprendre le monde sont bien malheureux. C'est la fin de l'imaginaire.
Il serait glaçant de penser que cette loi dictée, cette voix serait juste émise depuis un téléphone jetable, un signal, des signaux dégradés, dématérialisation des commandants, des commandes. Il se peut que nombre d'opérations foirent ou s'annulent aussi, grâce aux intermédiaires dégradés et défaillants. Tout comme quiconque peut ne rien comprendre d'un site Internet et de ses écrits, ses visuels, et malgré tout adhérer au contenu, à la forme, sans rien analyser et sans rien y voir.

Pour revenir à la logique, comme l'écrivait la philosophe Hannah Arendt, dans son travail sur la politique et la désolation :  "La seule faculté de l'esprit humain qui n'ait besoin ni du moi ni d'autrui ni du monde pour fonctionner surement est l'aptitude au raisonnement logique". Toutes ces leçons ne sont pas tirées et je l'observe au quotidien, même dans des milieux où les bibliothèques et les professeurs ne manquent pas. Les livres ne peuvent remplacer l'expérience de vie. Les livres et les lignes de mots illustrent notre histoire. Notre présent, ces instants fébriles, ont très peu de livres et de lignes de mots pour illustrer ce qu'il advient. La distance peut prendre un certain temps, des siècles.
- Quelle civilisation sera mieux penser la nôtre ?

"Tu ne tueras point" se trouve dans toutes les religions.

Le droit à la vie

Il s'agit du droit à ne pas être tué. La réprobation de l'homicide. Le droit à la vie est comme le « Tu ne tueras point ». C'est repris dans la déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.
Le droit à la vie a été invoqué pour protéger le citoyen contre ce qu'il considère comme « un meurtre légal », autrement dit : la peine de mort. Certains pacifistes, ont par le même raisonnement utilisé le droit à la vie pour combattre la guerre qui serait « le droit de ne tuer personne et de ne pas être tué ».

Le droit de ne tuer personne et de ne pas être tué

 J'entends si souvent les grues migrer ces jours-ci, leurs cris que j'interprète comme des enthousiasmes collectifs. Je viens d'en entendre à l'instant dans l'écriture de cet article, long et libre. Longs et libres sont ces envols des oiseaux vers d'autres contrées. Hier soir encore, je les ai vues, en V, au dessus des nuages, du bleu roi du ciel et de la lune blanche.

L'enfant est capable de créer de nouvelles valeurs.
- Les parents sont-ils en mesure d'écouter leurs enfants aujourd'hui ? Les enfants sont-ils en confiance avec le monde des adultes ? Les enseignements peuvent-ils désarmer ce qui advient ?
Éloignés de notre société sont les enseignements bouddhistes, desquels j'ai beaucoup appris, et surement si peu retenu. Le Bouddha avait analysé cette question du désir et de l"envie. Il vit qu’à l’origine de notre malaise il y avait le désir : l’envie d’avoir ou d’être toujours plus.
Ces jours-ci je pense à comment se matérialisent en violence, l'envie, la frustration, le désir, la jalousie, mais aussi à la perte de connaissance de comment faire la paix. Notre société l'a-t-elle su un jour ? Cette dernière, est une valeur qui a complètement disparue de nos enseignements.

Résister aux formules lapidaires, pouvoir continuer à écrire longuement, ne pas entrer dans la formule militaire des armements, du surveiller punir, et des cadenas qui clôturent les portes des enseignements, ne pas être soumis aux imbéciles commandants qui ne savent ni écrire ni lire et se refusent à comprendre tout contenu, s'employer au discernement.
Accorder à tous la faculté de raisonner, de penser, plutôt que d'exploiter les commisérations à des fins politiques. Il me semble que le concept de guerre n'a pas été revisité depuis des lustres et manque d'imagination, son recours à la force afin de régler des différents est une stratégie qui recule, plus qu'une tactique avancée. Le criminel et l'ennemi ne se distinguent plus de la masse des innocents et ne détruisent aucune armée. Les catégories opposées dans les guerres classiques ne sont plus opérationnelles. Seules la menace et la terreur deviennent des objectifs qui touchent la subjectivité de chacun, de chaque cœur. À cela, la distance critique des citoyens contre tout état sécuritaire, empêchant les libertés, peut devenir un moyen d'assouplir et redonner confiance, en une capacité de réflexion, non négociable, dans la liberté de penser. De nouvelles formes de protections sont à inventer également. Se refuser à céder à l’effroi paranoïaque pour une résistance éthique, éloigner de soi la défiance et la suspicion : nous avons là un travail intérieur à réaliser face aux menaces extérieures qui diffusent la peur.

Avec un Ozu, tout devient possible.
- N'est-ce pas armés par ces œuvres disséminées, vestiges éparses de notre civilisation, que la confiance revient ?
Légèreté et fraîcheur dans un monde toujours plus lourd et grave, sans humour.
Du côté du Soleil levant imaginé, je me réveille souvent afin de trouver la paix.

O Livro do desassossego de Bernardo Soares est une œuvre posthume du poète portugais Fernando Pessoa (1913-1935), qui veut dire "Le livre de l'intranquilité". Un siècle passé déjà.
Je me sens intranquille comme dans ces poèmes. Je boude souvent comme le petit Isamu.
Je proteste contre toutes formes de violences imposées.

❥ OHAYO !

lundi 28 octobre 2013

ᒪᗩᘮᖇᓮᙓ ᗩﬡᕍ ᒪᗢᘎ

Laurie Anderson et Lou Reed à Coney Island, New York, 1995 / d'après la photographie d'Annie Leibovitz

  

Il n'y a pas si longtemps...

Lou Reed (Photographie © Timothy Greenfield-Sanders)