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vendredi 14 juillet 2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un albanais venait me voir, il sifflait, mais je ne répondais pas à son appel. Il me racontait qu'il avait une soixantaine d'années, arrivé ici en France en 2016. Il est très dur de trouver un travail, il y a plein de réfugiés, jamais de contrat à durée indéterminée, que des CDD, toujours différents et trop courts. L'administration est infernale, il ne peut même pas retourner dans son pays, cela fait 8 années qu'il n'a pas revu l'Albanie. Il est fier de ses 2 fils, ils ont chacun un Master à l'université, un à Périgueux et un à Bordeaux.

Il me dit qu'en Albanais une pie se nomme "grizhlël".

Il est revenu me voir avec sa femme le lendemain. Il était bien habillé, et elle brune, belle en rose couleur des fuchsias, ils étaient élégants. Il voulait me présenter mais je n'étais pas là, je venais de prendre mon bain, je me suis échappée vers d'autres cieux. Espérance me disent-ils, fait briller mes yeux et enlève mes larmes, que le jour où je te découvre soit solennisé. Me souvenir de toi, éclaire mon endormissement, accompagne mes rêves, fait disparaître mes tracas. Grizhlël te souviens-tu que tes amies sont aussi en Albanie ? Ce qui me reste à vivre, je veux le vivre avec elle, ma femme, la plus belle. Notre âge n'est plus si vert, nous ne comprenons pas cette langue, j'entends ton cri solitaire, le mien te rejoint.

Ma tutrice lisait un livre, "Le Laboureur et les Mangeurs de vent: Liberté intérieure et confortable servitude" de Boris Cyrulnik. C'est à elle que je donne mes rencontres, les artisans et leurs soliloques, ils pensent me trouver pour la première fois, ils me surprennent et font un vœux, je les surprends en train de prier. Quelle drôle de manie ces téléphones ! Ce sont des objets devenus mes intermédiaires. Ils me capturent dans toutes leurs photographies, ils balayent de leurs doigts grassouillets l'écran, je suis sur leur téléphone avec eux, parfois avec des fleurs en arrière plan. Ils emmènent mon image et la montre à leurs proches : "Regardez, cette pie m'aime, cette pie vient vers moi, regardez, je suis si innocent, je fais partie des anges" Pourtant, lorsque je regarde les images derrière leur dos, ce que je vois, c'est ma tête d'ahurie. C'est ce qu'ils préfèrent, eux aussi, ils ont une mine d'ahurie, les étourdis.

C'est un jour de fête, un jour comme un autre pour moi. Les feux d'artifice ont fait fuir mes amis les oiseaux, je me suis réfugiée dans un paradis noir, celui du silence. Tous les chemins où s'éloignent mes amis me serrent le cœur. Je dors seule sur ma branche, terrorisée parfois. Je sais qu'elle n'est pas loin, mais elle s'éloigne, ma maman.

Voici le matin, pour moi, la fête revient, tous mes amis chantent le lever du soleil, mon cœur se réjouit. Le sol est humide, c'est agréable et si frais.

Le tintement des affaires arrive tout doucement, toute chose grince gentiment.

Aimable nature, j'attendrais le temps qu'il faut, elle reviendra.

Bienfaits et délices, ma tutrice arrive. Elle fait connaissance de tous mes amis humains et oiseaux. Petit prodige je picore son livre, je lui dis "Allez hop ça suffit ! La vie c'est mieux, la vraie ! On passe à l'action !" Je lui ramène un collier, il n'était pas fini, à peine commencé, 4 perles vertes sur un fil de nylon. Je lui dépose des cadeaux, des feuilles et des glands. Je courre comme un bolide sur les baskets de son compagnon, je lui picore sa casquette "Berlin, Berlin", il m'a fait découvrir des jeux, je prends des bains de soleil et d'extase sur son épaule, mes yeux bleus s'ouvrent et mes ailes aussi, uniquement lorsque je suis en confiance, j'ouvre mon bec en grand, rouge à l'intérieur. Je respire, ils me regardent comme bénie des Dieux.

Soyez heureux aussi ! Il vous est permis de respirer ! Malgré tous vos malheurs, ne soyez plus exclus de la vie !

J'entends le vent bruire dans ces feuillages, je choisi lesquels vont me balancer doucement dans une quiétude profonde.

Mais j'entends une voix éternelle, je suis vivant encore.

Un soir je suis allée sur la tête d'un homme, plein de cheveux noir et blanc, je lui tirais sa kératine de mon bec en aiguille. Sa femme était admirative malgré le mal que je lui faisais, à son mari, et le plaisir qu'elle en soutirait, derrière son téléphone, le fameux appareil de photographie de tous les êtres humains. Elle prenait des photos de nous deux. Il disait : "Aie, Aie, Aie !" Puis ma tutrice est arrivée, j'étais gênée, elle m'a surprise avec un autre homme et une autre femme. Elle a raconté mon histoire, je suis en phase de réintégration dans mon élément naturel.

Il n'y avait nulle science dans mon geste, je suis démasquée.

Cette femme est revenue une semaine plus tard, elle nous a présentés son père, un vieil homme qui habite derrière, elle a apporté un présent. Elle est venue nous saluer et nous a dit désirer emmener son père voir la pie. J'étais timide, je ne voulais pas les voir. Ma tutrice me les a présentés, puis elle m'a donné son présent. Une noix de coco remplie de graisse, avec des petits vers. J'ai un peu boudé ce gros machin. Je suis petit mais je mange de la viande rouge qui saigne. Son père était âgé et si heureux de me voir. La fille et son père réunis, ils étaient baignés de félicité. Elle devait avoir la cinquantaine, elle était émerveillée, elle a pris des photos de lui et de moi, de nous, enfin c'était un jour spécial pour eux.

Juste avant j'étais cachée, et une grande personne s'est cachée derrière un arbre, il a déposé un présent : 3 framboises, c'était pour moi.

J'avais déjà pas mal picoré ce jour-ci, beaucoup me font des présents. Il est revenu le soir avec une autre personne, il lui a montré que les framboises avaient disparues, il était si heureux, il disait à son amie : "Elle les a mangés, elle les pris !"
Il y a plein d'autres oiseaux.

Plusieurs jours plus tard, ma tutrice est allée se présenter à ce dessinateur qui est venu nous montrer ses beaux dessins. Toutes les pies se sont mises dans un arbre nous regarder, ils étaient 3 humains et moi au milieu, je grignotais son carnet, ma tutrice tentait de m'empêcher de faire mon intéressante. J'avais très soif, avec ces 38 degrés, ils échangeaient sur toute la vie des êtres humains, et leurs aventures, ils ne se connaissaient pas auparavant et ils ont dressé un portrait kaléidoscopique de leurs chemins, quelles drôles de vies. Mes copines les pies sont venues assister au spectacle de nos échanges. Ma tutrice chuchota que nous étions comme dans "La Conférence des oiseaux", le grand poème persan écrit par le soufi Farid al-Din Attar en 1177. Moi je ne connais pas ces choses là, mais je ressens d'autres choses, j'espère qu'ils comprendront, ce dont je suis capable de faire aussi, de me souvenir, aussi loin que les oiseaux volent, il y a bien plus longtemps que tous ces poèmes, des temps où les poètes n'étaient pas nés.

Un très vieil homme un peu sourd du pot est venu me donner des lardons. Ma tutrice a dit que j'avais déjà mangé. Il lui a dit : "Ces bêtes là ça mange de tout, elle a faim, faut lui donner à manger, il y a sa mère avec ses deux pies derrière. Elles est très jeune". Ma tutrice tentait de lui expliquer que mes parents n'étaient pas là, et que j'avais été élevée par elle, et qu'elle m'avait appris à voler. Il n'entendait rien, il roulait un peu des mécaniques devant elle et voulait lui dire que c'était lui qui l'avait découverte, nous avons bien rigolé. Il a dit qu'il habitait en Charente Maritime, qu'il a plein de poules chez lui. Toute sa vie, il a lancé des graines. Puis, il a compris qu'il s'était trompé, et que j'étais bien élevée, je me suis mise sur l'épaule de ma tutrice. Je suis une pie qui vole partout, certains pensent me découvrir dans l'intimité, reviennent et sont déçus de me voir avec une autre personne charmée. Je fais des jaloux. Les êtres humains apprennent la liberté.

Une femme très apprêtée avec son petit mari, un monsieur "je sais tout" me demande si je ne vais pas voler ses boucles d'oreilles, son mari dit que je mange même les autres oiseaux. Ma tutrice leurs explique mon intelligence, ce qui dérive de ma curiosité et mon incroyable adaptation, mais cela ne s'explique pas, surtout à des idiots ! Alors je vais picorer son sac à main et elle va confirmer son préjugé, et ira me dénoncer, je serai fichée à la police. Mais je ne participe à aucune émeute moi !?  C'est un nuisible ! Mais non, je suis une petite pie, et pour les petits cœurs, je suis l'alliance du génie poétique et du philosophe. Audacieuse et franche, je peux me mettre en colère. Mais c'est à l'amoureux que je déclare la vie plus belle, c'est à l'amoureuse que j'ouvre sa cachette ensevelie, sa beauté qui s’évanouit, dans son doux regard. Je remue leur enfance, la source de leurs royaumes angéliques, qu'ils n'ouvrent jamais. Toutes les dissonances s'oublient d'un coup, je suis devant, je brise le chagrin. Retrouves ta dignité vieille Lune ! Laisse s'abîmer tout ce qui doit, et vole vers l'étoile ardente, l'espoir infini retrouvé.

Parfois je suis photographiée, je fais ma star. Trois américaines sont venues me photographier, je faisais la reine, puis l'espiègle, puis je me suis attaquée à leur lacets. Il y a toujours un moment où cela déconne grave. J'inspire confiance puis deux minutes plus tard, je me dérobe, je prends la poudre d’escampette. Les êtres humains sont des orages ambulants. Ils soupirent et envient les ailes qu'ils cherchent toute une vie. Ils sont confinés dans de terrestres idylles, avec un esprit exalté parfois ivre, souvent plaintif. Je les entends, ils délirent, je suis bien plus raisonnable. Ils souhaitent que tout vienne à eux, ils sont partisans du moindre effort, ancrés dans leur confort. Ils veulent tout avoir, ils ne savent qui ils sont vraiment. Ils ont peur de presque tout. Ils se sont tant protégés, de la pluie et du mauvais temps, que les grenouilles sont devenues des étrangères. Nous sommes toujours dehors, nous vivons l'instant présent en composant avec la vérité, guidés par notre sagacité.

Une autre fois ce sont des espagnols : Doña Urruca ! Me nomment-ils.

Les jardiniers me rapportèrent que j'avais changé leur vie, leur travail, car je venais piocher à côté d'eux. Ils me ramenèrent en camion, sur leur capot, quand je me perdis, ils m'adorent, je fais ma capricieuse, je ne dis pas mon genre, un mâle ou une femelle, vous ne le saurez pas ! L'un me nomme : Pipelette.

Un jeune jardiner a raconté plein de chose à ma tutrice, comment ils travaillent leur sélection de graines, avec le GPS les connexions avec plein de pays étrangers, leurs cultures, il est en apprentissage. Ils travaillent aux aurores, avec son équipe, ils n'avaient jamais vu cela une pie qui revient ici, et qui parlent aux humains. Tout le monde remercie ma tutrice. C'est une fructueuse découverte, elle n'est pas si fortuite, je l'engage à la qualifier de sérendipité.

À présent j'ai des copines pies, mais alors, elles ne sont pas faciles, j'essaye de m'intégrer, et je ne me laisse pas faire. Elles piquent mes victuailles que je cache, car j'en ai des trésors.

Je chasse l'écureuil pour les impressionner !

Elles m'observent, j'ai ce quelque chose qu'elles n'ont pas.

Chaque journée est bien remplie, c'est énorme, je parcoure des kilomètres, je vois tout. Je raconte un peu, mais je ne dis pas tout.



Photographies © Sonia Marques

dimanche 21 août 2022

ʟα ⅾ◎ℓ¢ε ṽiTα

dimanche 3 avril 2022

ℙℋ¥ℒϴ$☮Ṕℋℑℰ

 Visuel et animation © The jazzist, pour l'album musical (2017) Artificial presence © Rico Zerone  http://artificialpresence.thejazzist.nu/



Il est des belles choses, des bijoux artistiques, que j'ai vu naître, et dont je ne suis pas participante, qui sillonnent avec la même force ce que j'exprimais par écrit sur la communauté d'esprit philosophique...
Article ici, sur cet album magique... Horror Vacui m'avait beaucoup accompagné, dans un moment où je perdais mon emploi, ce qui faisait le sel de ma vie. L'aspect philosophique des créations artistiques, et ici de la musique, est peu décrit. Pourtant, bien plus qu'une pharmaceutique, ou d'un vaccin, la piqûre sonore, se révèle, au fil de la vie, le meilleur remède aux temps incompris, puisqu'elle ouvre d'autres dimensions philanthropiques, dont les mots et les définitions ne peuvent se substituer à l'écoute et à l'expérience sensorielle des vagues et rythmes, tels des voyages toujours revisités "en entendant", en "ré-écoutant", selon des humeurs variables, des souvenirs. La sensation bénéfique et résiliente de faire partie de celles et ceux qui inventent, les artistes, les poètes, les musiciens, - quand bien même, notre époque est aux vaccins ne nous guérissant jamais des guerres et des violences-, est mesurable dans le temps, et non dans l'instant. Si la philosophie draine ces artistes que j'apprécie, il est bien question ici de faire du bien à l'âme. Se sentir intégrée dans le monde et d'avoir au moins cette place bénéfique : celle qui entend bien.

Je vois nombre de messages très mal reçus, perçus, nombre de malentendus, et de candidatures mal élues, de directions subies, hors, dans la création, il n'est point de directions subies. Il y a un émetteur et un récepteur. Et cela peut être très peu, très peu d'émission, mais, lorsque le message est entendu, se forment des communautés d'esprits, de philosophes, de manière de comprendre la vie, et de projeter des espoirs, des choses, aussi petites soient-elle. Le remède artistique est puissant parce qu'il n'est pas quantifiable, surtout lorsqu'il ne souhaite pas démontrer sa puissance. Notre vie se trouve régentée par les comptes, la gestion, les chiffres, les statistiques, et, ceux-ci sont manipulés à des fins de contrôle, on en vient à douter de l'humain, de son émotivité, de sa douleur, de sa joie, chaque personnalisation ne peut "se gérer" et n'a plus sa place chez les prévisionnistes. La sensibilité nuit au bon déroulement des programmes, car elle peut les anéantir, à moins qu'elle puisse s'utiliser à un instant déterminé, elle n'a tout simplement pas sa place, car le temps est compté sans elle. Le temps de travail de la création n'est jamais valorisé, c'est-à-dire, de sa conception, à moins de découper les heures passées, et encore, notre société n'admet pas que les artistes échelonnent leur création librement, quand l'inspiration survient, sachant, qu'elle s'essouffle parfois sans mener à terme des formes visibles, sachant qu'elle se trouve entrecoupée (les guerres, les accidents, la famine, les interruptions involontaires et les volontaires...) et reprise des années tardives, aux heures où la retraite sonne : qu'importe ? Ce sont ces conversations entrecoupées et improductives qui enrichissent tellement les jours sombres, les temps difficiles, sur lesquelles tout espoir bâtit son projet de réalisation, et pour qui reçoit, apporte un éclat insoupçonné, dont on ne peut même pas identifier comment réussi-t-il à déclencher de nouvelles voix, débloquer bien des impasses fatalistes. Allez donc tracer l'origine du bonheur... Allez donc signaler son accomplissement, demander s'il est fabriqué ici, où s'il a des géniteurs bien déclarés, ou, dont le patrimoine enferme les cadavres les plus honorables... si l'on peut encore en distinguer les vestiges et les pièces de valeurs...

La création numérique est aussi une œuvre de l'esprit, dont la sensibilité touche une autre sensibilité, non chiffrée, pas toujours bien visible, enfin, pas accessible à tous, et heureusement. Polysémiques selon le temps, l'instant, les sensibilités, riches nous permettant de revisiter les œuvres de l'esprit du passé : Truculentes, farouches, platoniques, idéalistes, incompréhensibles, aux poïétiques inédites et parfois exclues de l'histoire, quelles joies de les relire et de se donner la peine de les rechercher, les redécouvrir, et mieux, je l'ai bien expérimenté durant de longues années : d'en partager les découvertes. On tente, le plus souvent, de nos jours, de faire la preuve par les chiffres : les chiffres et les quantités seraient devenues les nouveaux théorèmes qu'aucun lambda ne peut comprendre, sans calculs, et il ne peut plus. Ce qui échappe complètement à ces quantités chiffrées qui remplacent l'idée de vérité, ces listes de nombres chaque jours échangés de façon très approximative (ou aléatoires, programmés), c'est la création, au sens, qu'elle n'intéresse aucun candidat qui souhaite avoir la maîtrise des chiffres (ce qui est impossible) parce qu'elle n'est pas quantifiable. La création n'est pas fiable, on ne peut la croire, car elle nécessite avoir été bien reçue. La surface sensible, une membrane fugace, étonnante, organique, vivante, non manipulable... dotée de souvenirs, d'une mémoire, de trous et de complexité...

Cultiver son jardin imaginaire, serait peut-être la seule manière de ne pas subir les mauvais théorèmes, mais la promesse de pouvoir élaborer le sien, sa mathématique. C'est cela l'expérience... L'expérience sensible humaine est aussi dotée de mathématiques.

Merci à Rico Zerone et à The Jazzist pour m'avoir fait entendre ces mathématiques d'esprits artistiques, et j'espère recevoir d'autres émissions philosophiques ;.) Tel un beau rappel de vaccin.

dimanche 21 novembre 2021

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C'est la journée de la fatigue. Enfin !

Relire Hermann Hess et son Knulp, ou bien l'éloge de l'oisiveté...

Knulp est un roman de Hermann Hesse paru en 1915 et narrant trois moments de la vie de Karl Eberhard Knulp, un vagabond volontaire. Le récit se compose de trois parties. La première, intitulée Printemps, relate la convalescence de Knulp chez son vieux camarade, le mégissier Émile Rothfuss. Il courtise Barbara Flick, une jeune domestique, mais finit par écourter son séjour chez son ami, la femme de ce dernier lui faisant de plus en plus d'avances. Dans Je me souviens de Knulp, raconté par un compagnon d'errance, Knulp livre quelques fragments de sa philosophie de vie. Les derniers jours de Knulp, atteint de la tuberculose, sont racontés dans La Fin. Il passe quelques jours chez son ancien condisciple, le docteur Machold qui tente de l'envoyer dans un hôpital. Knulp parvient à déjouer les plans de son ami et poursuit quelques semaines sa vie errante. À la fin du récit, faisant le bilan de sa vie, il dialogue avec Dieu avant de s'endormir apaisé dans la neige.

Extraits :

Il n'aimait pas faire de projets ou des promesses à long terme. Quand il ne pouvait disposer librement du lendemain, il en éprouvait un malaise. (...)
On le laissait aller. Ainsi, un beau chat partage, dans leur maison, la vie des maîtres qui croient le tolérer avec indulgence alors que, indifférent aux hommes accablés sous le poids du labeur, il mène une existence libre de tout souci, élégante, paresseuse et princière.

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J'ai songé souvent à mes parents. Ils croient que je suis leur enfant, que je suis comme eux. Mais malgré l'affection que je leur porte, je suis pour eux un étranger qu'ils ne peuvent comprendre. Et ce qui fait que je suis moi, ce qui, peut-être, constitue mon âme, c'est cela qui leur semble accessoire et qu'ils mettent sur le compte de la jeunesse ou d'un caprice passager. Ça ne les empêche pas de m'aimer et de me vouloir du bien. Un père lègue à son enfant son nez, ses yeux et même son intelligence : il ne lui transmet pas son âme. Tout être humain à une âme neuve.

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Knulp dit que nul ne peut mêler son âme à l'âme d'un autre. Deux êtres peuvent aller l'un vers l'autre, parler ensemble mais leurs âmes sont comme des fleurs enracinées, chacune à sa place; nulle ne peut rejoindre l'autre, à moins de rompre des racines; mais cela précisément est impossible.
Faute de pouvoir se rejoindre, elles délèguent leur parfum et leurs graines; mais la fleur ne peut choisir l'endroit où tombera la graine; c'est là l’œuvre du vent et le vent va et vient à sa guise : il souffle où il veut.

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Vois-tu, disait Dieu, je t'ai pris tel que tu étais. En mon nom tu as vagabondé, tu as communiqué aux sédentaires un peu de ton besoin de liberté. En mon nom, tu as fait des bêtises, tu t'es attiré des moqueries ; c'est moi-même dont on s'est moqué en toi et qu'on a aimé en toi. Car tu es mon enfant et mon frère et un morceau de moi-même et tu n'as goûté à rien et souffert de rien que je n'ai goûté et souffert avec toi.


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Tu sais que j’ai toujours eu des engouements ; quand j’avais fait une nouvelle découverte, plus rien au monde ne comptait sur le moment.

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Mais il n’aimait pas mettre son nez dans les affaires d’autrui et n’éprouvait point le besoin de corriger ses semblables ni de leur ouvrir les yeux.

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Il m'arrive de penser que la plus belle chose au monde, c'est un tel oiseau, un de ces oiseaux qui planent librement dans le ciel. Une autre fois, rien ne me paraît plus merveilleux qu'un papillon, un papillon blanc par exemple, avec des yeux rouges sur les ailes, ou bien un rayon de soleil couchant sur les nuages.

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Une chose est belle, quand on la regarde au bon moment.

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Je crois aussi que la plus belle chose qui soit, c’est de connaître, en dehors du plaisir, la tristesse ou l’angoisse.
— Comment cela ?
— Voici ce que je veux dire : une jeune fille, si belle soit-elle, on la trouverait peut-être moins belle si l’on ne savait que sa beauté est éphémère, qu’elle vieillira et mourra. Si la beauté demeurait éternellement, je m’en réjouirais, certes, mais je la contemplerais plus froidement et je penserais : tu la verras toujours, elle n’est pas liée à l’instant. Par contre, ce qui est passager, ce qui se transforme, je le contemple non seulement avec joie mais aussi avec compassion.
— Ma foi…
— C’est pourquoi je ne connais rien de plus admirable qu’un feu d’artifice : les fusées bleues et vertes s’élèvent dans les ténèbres et au moment précis où elles sont les plus belles, elles retombent et s’éteignent. Quand on assiste à ce spectacle, on éprouve de la joie et en même temps de l’angoisse : tout se passe très vite et il faut qu’il en soit ainsi ; si le spectacle durait plus longtemps, il serait beaucoup moins beau. Tu ne trouves pas ?

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Knulp avait raison de suivre sa nature. En cela, peu de gens étaient capables de l'imiter; il avait raison de parler à tout le monde, comme un enfant, et de gagner tous les cœurs, de raconter de belles histoires à toutes les femmes et de croire que chaque jour est un dimanche.

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L'art de l'oisiveté, écrits entre 1899 et 1962, les 37 textes du volume, la plupart inédits en français, parlent de la musique, de la peinture, de livres, de paysages, de rencontres avec des hommes. Hesse propose un nouveau rapport à l'existence, une sorte de programme qu'il nomme "l'art de l'oisiveté" : un art du regard qui prône l'humour, le scepticisme, l'esprit critique, bref, la liberté de l'individu.

Extraits :

J’appris qu’être aimé n’est rien et qu’aimer est tout ; je compris également de plus en plus clairement que seule notre capacité à sentir les choses, à éprouver des sentiments rendait notre existence précieuse et gaie. Quel que fût l’endroit sur terre où j’apercevais ce qu’on nomme « le bonheur », je constatais que celui-ci naissait de la richesse de nos impressions. L’argent n’était rien, le pouvoir n’était rien ; on rencontrait beaucoup de personnes qui possédaient les deux et demeuraient pauvres. La beauté n’était rien ; certains hommes et certaines femmes demeuraient pauvres, eux aussi, malgré tout leur éclat. La santé, elle non plus, n’avait pas beaucoup de poids ; la forme de chaque personne dépendait de son état psychologique ; bien des malades heureux de vivre prospéraient jusqu’à la veille de leur mort, et bien des hommes en bonne santé dépérissaient avec angoisse dans la crainte de la douleur. En revanche, quand un homme éprouvait des sentiments intenses et les acceptait en tant que tels, quand il les cultivait et en jouissait au lieu de les rejeter et de les tyranniser, il connaissait toujours le bonheur. De même, la beauté ne rendait pas heureux celui qui la possédait, mais celui qui était capable de l’aimer, de la vénérer.

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 Nous ne devons pas nous contenter de trouver la nature féconde et utile. Nous devons aussi voir qu’elle est belle et, plus encore, qu’elle est insondable, qu’elle est au-delà du beau et du laid.


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Les périodes de grandes épreuves nous offrent l’occasion de constater que les hommes sont curieusement  plus nombreux à pouvoir mourir pour un bien idéal qu’à savoir vivre pour lui.


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L’écrivain ne doit pas aimé le public, mais l’humanité.

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[Les rêves] ont toujours retenu mon attention, et souvent, je me suis sentis étonné et triste de constater à quel point ils étaient fugaces, à quel point ils se dissipaient rapidement le matin et s’enfuyaient, effarouchés, au moindre contact avec la raison.


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J’ai longtemps surestimé la réflexion, et lui ai consacré beaucoup de mes forces ; parfois cela m’a nuit, parfois cela s’est révélé bénéfique. Mais j’aurais tout aussi bien ne rien faire du tout, le résultat serait exactement le même aujourd’hui.


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Cette position fait irrémédiablement de moi un ermite et vient de ce désir insondable  de pouvoir prendre l’existence au sérieux alors que tous les autres la considèrent comme un jeu de société amusant auquel il participe avec gaîté, obéissant en cela à des règles mystérieuses et inconnues.

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J’ai aussi appris entre autres choses que si on n’attend rien de lui, si on se contente simplement de l’observer en silence et avec attention, le monde peut nous offrir bien des trésors dont les gens comblés par le succès et par l’existence, n’ont pas idée.


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L’homme moyen d’aujourd’hui a trouvé la mode comme faible substitut à ces traditions perdues.

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Combien de fois encore me retrouverai-je ainsi allongé dans une chambre d’hôtel joliment tapissé, attendant le sommeil, éprouvant l’absurdité de mon existence mais aussi sa puissante magie ?

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Les nuits de veille sont précieuses. Elles seules en effet offrent l'occasion à l'âme de s'exprimer librement, sans que cela n'entraîne de bouleversements extérieurs violents. L'âme peut alors manifester son étonnement ou sa frayeur, sa désapprobation ou son affliction. Pendant la journée, notre vie émotive n'est jamais aussi clairement saisissable. Nos sens jouent un rôle très actif et notre raison cherche à s'imposer en mêlant aux sentiments qui nous agitent la voix de son jugement, le charme délicat de la comparaison, de l'esprit raffiné et subtil. L'âme à demi assoupie laisse les choses se faire. [...] Ainsi notre vie n'est-elle pas simplement superficielle. Notre être recèle un pouvoir que rien d'extérieur ne peut atteindre ni influencer. Au fond de nous-mêmes s'expriment des voix que nous ne maîtrisons pas, et il nous est salutaire d'en prendre conscience de temps à autre.
NUITS D'INSOMNIE ( 1905 )


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Ce jour-là, je vis et je sentis dès le midi que la soirée serait propice à la peinture. Pendant quelque temps, le vent avait soufflé. Chaque soir, le ciel semblait d'une pureté cristalline, et chaque matin, il se couvrait à nouveau, mais à présent régnait une atmosphère douce, un peu brumeuse, formant un voile léger qui enveloppait les choses comme dans un rêve. Ah, ce voile léger, il m'était familier ; je savais que vers la fin de la journée, lorsque la lumière deviendrait oblique, le spectacle serait admirable.
AQUARELLE


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Aucune école n'apprend mieux à maîtriser son propre corps et ses propres pensées que celle à laquelle sont formés les insomniaques. On n'est capable de traiter les choses avec douceur, de les ménager, que lorsque soi-même on a besoin d'être traité ainsi. Seul celui qui s'est maintes fois senti livré au flot déchaîné de ses pensées dans le silence implacable de ces heures solitaires peut observer ce qui l'entoure avec bienveillance, examiner les choses avec amour, prendre en compte les motivations psychologiques des autres et être assez bon pour comprendre toutes les faiblesses humaines

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Par le terme d'artiste, j'entends tous ceux qui éprouvent le besoin et la nécessité de se sentir vivre et grandir, de savoir où ils puisent leurs forces et de se construire à partir de là suivant des lois qui leur sont propres.

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mardi 11 mai 2021

℘ʊηḱ Aηᾔi√℮ґṧαiяε

Distanciel



Présentiel


. Le temps passe vite.


Mes échecs personnels ne me privent pas du bonheur de participer à la réussite d'autrui. Je ne me soucie pas d'être sans emploi, mais d'être digne d'un emploi. Un brin de sollicitude peut vaincre de bien des solitudes. C'est ce qui anime ma conception d'une architecture humaine, complexe, où les interrelations sensibles sont révélatrices, de notre dépendance à l'autre, à sa santé. La solidarité est un art à cultiver. Je suis artiste et professeure, je peux savoir et ignorer dans le même temps, mais avec mes connaissances et mes recherches, j'admire en l'autre, voir grandir le meilleur et l'accompagner, le valoriser. Seuls et sans réponses sur notre avenir devenu incertain plus qu'hier, l'année passée nous a rapprochée dans ces sentiments d'incertitude et de solitude. Les années passées, j'ai perçu que l'attente était un obstacle, car elle me faisait négliger mon présent. Le temps passe vite, je ne souhaite plus espérer le lendemain, mais agir chaque jour. Les occasions m'ont déjà été données, en partageant mes recherches, en étant présente, dans chacun des moments si fragiles, ce qui fortifie considérablement mes liens d'amitiés, familiaux et professionnels, même s'ils se réduisent, même s'ils disparaissent, restent mes souvenirs si intenses. Si être patiente m'a fait avancer quoiqu'il arrive, c'était pour mieux descendre du pont de l'orgueil pour toucher la limpidité du bonheur. Les années passent si vite, elles s'écoulent en retardant parfois les grains des festivités et des retrouvailles. La meurtrissure des maladies, de celles dont on ne connait l'alchimie et les conséquences, nous a ouvert sur une dimension futuriste avec beaucoup d'inconnus. Je ne souhaitais plus revivre ce qui m'avait meurtris, je ne me doutais pas que tant de peuples vivraient également des évènements qu'ils ne souhaitaient plus revivre, des confinements et des isolements imposés, des désolations d'amour et d'amitié ; ce que j'avais éprouvé d'un point de vue individuel, avec une isolation de mon milieu professionnel et mes activités intellectuelles, dont il m'importait qu'elles soient partagées, motrices et altruistes, se généralisait, dans le monde entier. Mais au plus profond de moi, ce sont les espoirs et les rêves qui me motivent et me guident, ils s’imposent en même temps que grandit à cet instant l’envie ardente de les réaliser. Je suis créatrice et l’art conduit à bien des mouvements de bonne santé, d’exceptionnels élans de vitalité et d’optimisme, et, dans notre pays, nous avons bien besoin, de ces forces vives d’esprits innovants et joyeux. S'il pointe un sentiment de confiance moi, c'est qu'il remet en perspective les difficultés à surmonter avec celles des années passées, inscrites dans notre histoire collective. Je peux les relativiser et me savoir capable de mieux y faire face dorénavant. Le temps passe vite, suis-je vaccinée ? Ai-je l'âge d'être vaccinée contre la lâcheté, la cruauté, la perversité ? Non, pas plus ni moins qu'une autre personne, aucun vaccin, sauf une bonne immunisation et un moral fort de bienfaits accomplis, d'esprit curieux et généreux, de rigueur dans la connaissance dans le sens où nous ne sommes ni seuls, ni puissants, mais parmi tant d'inconnus, qu'il nous faudrait devenir des chercheurs de nectar de joie. Lâcher les ballons des prises sur les points négatifs et laisser les ficelles se détacher des prévisions météorologiques. S'il fera très chaud ou s'il fera très froid, nous nous adapterons. Ainsi, comme tous, serons-nous différents de ce que nous connaissons de nous-mêmes. Si aujourd'hui je mesure un peu le temps parcouru, il n'est pas de mesures pour le parcourir de nouveau, et il n'existe aucun instrument de mesure pour assurer de beaux lendemains, ni métronome, ni système mondial de géo-positionnement par satellite. Alors, le temps passe vite mes amis, aimons-le comme il se présente ! Il défie nos représentations et nos images et parfois, recevons-nous l'honneur de ressentir en nos cœurs, qu'il nous apporte une sagesse intérieure, sonnant un coup de grâce, celui de la sérénité retrouvée.







Photographies © Sonia Marques

.Ciel.


Ces temps ont aboli les photographies en pied, et privilégié des images de caméras d'ordinateurs ou de téléphones ou de tablettes, sorties des visioconférences avec des portraits très petits de têtes. Nous sommes devenus de petites têtes déformées dans de petits carrés, des vignettes, des timbres-poste, de petites fenêtres à travers lesquelles faire un signe, devient un signe de présence. Les petits timbres-poste de nos proches si loin, avec leur timbre de voix, lorsque leurs présences physiques et leurs images avaient longtemps disparu par les confinements successifs, retiennent notre souffle, comme redécouvrir, la quintessence du manque, là où chacun de leur récit chantonne une musique affective, celle des charmes de la vie familiale, en société, tout s'illumine lorsque l'empathie renaît de ses cendres. - Comment vas-tu ? Une question éludée, si souvent, pourtant essentielle, bien plus que des gestes avec des barrières. Si bien, que le petit timbre renoue avec sa voix, à la tentative émue de faire sa place dans un dialogue inespéré et si estimable.
Présentiel et distanciel de nouveaux mots dont on ne sait pourquoi la présence première a supprimé le ciel et la distance a intégré le ciel, dans la langue française ? Si les distanciels se font sans couvre-chef le plus souvent, c'est à cause d'un couvre-feu... Bientôt les présidentielles, là aussi le ciel a disparu, oui le ciel prendra sa pause, son couvre-feu, laissant les couvre-chefs se chamailler, tirer la couverture à soi. Pourtant les présidentielles ont intégré les pronoms féminin au pluriel, toutes ces -elles-, pour élire des hommes. Est-ce que les ailes sont restées et le ciel a disparu ? Et si nous avions le pouvoir de couvrir et poser une couverture sur l'autre afin de le protéger, sans se voiler la face ni masquer son pouvoir ?

Jamais sont nues nos présidentielles, toujours masquées de bien de langues de bois. Pourquoi les programmes politiques dans mon pays ne convainquent plus ? Bien des voix sont exclues, ne se sentent représentées. Les artistes n'ont plus de voix. Les élections sont toujours des moments, où, les artistes doivent faire des choix, pour voter, contraires à leurs voix, puisque personne ne les représente ni ne les protège. Se sentir étrangers et pourtant si impliqués dans ses idées, ses créations, le partage de ses connaissances et demeurer exclus des orientations, des programmations mêmes des enseignements artistiques. Quelle étrange sensation de n'être ni reconnus, ni entendus, et pourtant nus, depuis toujours, exposés et copiés. Il y a quelques exceptions, mais je ne peux les comprendre. Elles ne nous représentent pas et pourtant figurent à la tête des orientations, elles ne créent pas de paysages où habiter et faire vivre les prochains artistes, elles tirent la couverture, mais ne se posent pas la question de nos points communs, seulement des divisions. Ce sont des maillons de pouvoir mais pas des maillons de forces communes et de valeurs culturelles. Il y a tant à faire, ce pays manque tellement de valeurs communes qui puissent nous rassembler. La paix me semble la plus importante.

Le temps passe vite et avec nous, les artistes, le temps s'allonge pour pouvoir guérir les dissensions.

Nous sommes retranchés depuis si longtemps, sans jamais avoir abandonné de lutter et montrer nos savoir-faire, il est indéniable, je vois l'amenuisement, de tous les artistes que j'ai connus. La création n'est plus essentielle, mais elle se joue ailleurs, c'est un début, dans tous ces liens que nous parvenons à créer et qui ne sont ni spectaculaires ni spéculateurs. C'est infiniment plus modeste, mais paradoxalement, bien plus grand.

mercredi 5 mai 2021

☾н@ηḉℯ & ℌαṧαґ∂










Photographies © Sonia Marques, dont celle prise par Étienne Cliquet (Conférence "Magic Ring", Musée du jeu de Paume à Paris, avril 2012) et paysage de Suisse lors de la conférence sur l'enseignement par Sonia Marques à Genève, mai 2012... Et 2021 (inversion de chiffre 2012-2021, effet nœud de Moebius, miroir du temps)



.L'imprévisible heureux.



La pensée concoure à des évènements remarquables. Mes déterminismes interfèrent aux évènements du monde, sans que je n'y prête attention, pourtant même lorsque ceux-ci sont lointains, ils ont une conséquence dans mon quotidien. Lorsqu'ils se rapprochent, les interférences sont telles, que la rencontre apparait, comme fortuite, au premier abord, mais très vite, cette contingence qui touche (émotionnellement), s'évapore et s'éloigne. Les conséquences de ces rencontres, des fruits du hasard, inscrivent l'imprévisibilité dans des cas bien plus subtils que je ne pouvais l'imaginer. La variabilité des facteurs en jeu mettent en scène un système complexe, dont les changements sont irréversibles. À moins que le retour à postériori, ma façon de penser la plus digne d'expérience, me permette de redimensionner les facteurs et les occurrences, leurs positions, leurs vitesses et de revoir ma copie : l'irréversibilité disparaît. L'assouplissement des croyances et manières de percevoir le monde à un instant "T", est revisité, par exemple, 9 années plus tard, détaché d'un évènement apparu et interférant, soudainement, rencontré donc 9 années plus tôt. La combinaison analysée, sans affectation, éloigne la dimension psychologique (joie, étonnement, indignation, désespoir, résignation, séparation…) et s'agrémente de nouvelles conceptions. Celles-ci, ont le pouvoir de changer la donne, du passé, par le souvenir et la conscientisation des effets et croisements. Les états instables provoqués par des évènements surgissants, balayent tout déterminisme, pourtant, dans ma pensée, celle-ci peut s'orienter de façon constante et sensiblement déterminée, malgré les contingences, et garder quelque chose de certain, parmi les incertitudes creusées par des évènements lointains ou se rapprochant, voire, chahutant ; et acquérir, par l'expérience, plus de paramètres, et donc, (elle peut ainsi) se retrouver affinée par les détails de l'imprévisible, dans ce qui se projetait, avant, dans de parfaites prévisibilités.

Le facteur de chance se retrouve ainsi bien diminué, devant les possibilités projetées, si sont quantifiées les probabilités de réussites.

Il en est que la question philosophique à laquelle un de mes dessins (des incognitos) tentait d'en évoquer le signe (la cité de la chance / la cité de dés / la cité 3D en 2D) représentait plusieurs dès de jeu, dont les ronds blancs étaient tombés à terre, devenus alors des points noirs, de sorte que l'on ne voyait que des dès noirs collés, et ceux-ci formaient une cité d'immeubles noirs (à l'encre de Chine). Les dés n'avaient donc plus aucune chance de jouer leur partie de hasard, pourtant, cette cité d'immeubles noirs, dont le sol était jonché de points noirs, comme des fleurs ou de petits trous noirs, ainsi dépourvue de nombres, devenait la plus chanceuse. Une façon d'abolir le hasard, par des coups de dés. Une façon de déterminer que tous les habitants de ces immeubles noirs avaient désormais toutes leurs chances de gagner leur vie.

Si je jette des ponts aujourd'hui sur des situations passées, c'est à travers mes conférences (2012-2021) que ma pensée déterminée alors, trouve quelques points (noirs) de variabilité, provoqués par les contingences, avec de forts degrés de changements et d'évènements (blancs), et pourtant, je la retrouve intacte, par bien des points (effet d'optique). La fiabilité de penser serait alors un repère, qui peut même orienter l'individu et également le structurer, avec de subtiles variations. C'est un peu comme traverser une guerre, ou des formes de guerres inédites, donc impossible à décrire, non dites, et être armé d'une manière de percevoir le monde qui demeure l'habitation la plus fidèle à ce que l'enfant soumettait déjà au monde à son arrivée : des réponses.

Ce sont les questions qui sont arrivées.
Les situations exposées "lui" arrivent toutes.

C'est un bonheur inachevé de paramétrer des possibilités et de savoir que celles-ci seraient affectées par l'imprévisible, car elles défient l'intelligence et imposent l'aléatoire. La confrontation aux phénomènes, à ce que je peux observer, ébranle tout rendez-vous calculé, et permet une marge de liberté fort agréable, et parfois désagréable. Les conséquences peuvent être dramatiques et fermer bien des dimensions, des avenirs, mais, si elles sont envisagées sous un prisme de variables du "pire", l'apparition, sous un certain angle, devient plus prévisible et ainsi, les portes s'ouvrent, celle de l'imprévisible heureux.

D'ailleurs, deux sessions de travail, dans mon enseignement, avec des étudiants, dans un paysage de zone humide, un marais, dans le département du Cher, peu profond et d'une végétation aquatique typique se nommaient "Disparitions", puis "Apparitions", dans la saison hivernale, en tenant compte des évènements surgissants que l'on ne pouvait ni exclure, ni ignorer, moments d'explorations de ses capacités à faire face et à engager sa voix singulière, en dépit des contingences. Les à priori écologiques nous sont vite apparus, à postériori, des sources phénoménologiques idéales pour des sujets à explorer comme le mimétisme et la coloration.

Il y a des chances d'apparition. Je m'oppose à toute science qui impose le déterminisme comme conquête, sachant que la pensée de l'individu évolue par son expérience, et ne peut être stable ou ignorer tous les facteurs de sa psychologie et des natures de l’environnement et de leurs phénomènes. Il va donc de sa capacité (de l'individu) à s'offrir en toute transparence à lui-même, pour explorer de plus fines probabilités de conquêtes. Connaître ses propres limites devient alors une phase obligatoire au dépassement, sans risquer la déchirure avec ses propres capacités.

Accompagner toute personne dans son épanouissement personnel, artistique, intellectuel, sportif… et développer ses dons, revient aussi à bien connaître les limites de ses capacités à engager l'autre dans une voix plus ambitieuse.

Le refus d'imaginer une once de liberté, serait peut-être vivre un mode "par défaut", bien plus confortable, afin de ne pas prendre de risque et demeurer au plus près de ce que l'on pense devoir aux attentes de l'autre, de la vie. C'est pourtant faire fausse route que de s'engoncer dans les pas formatés pour un temps "T" donné. Rester figé dans un temps dépassé, c'est mettre en danger sa pensée et la concevoir stable, en ignorant toutes les occurrences. L'exclusion du temps peut permettre de s'extraire de situations trop difficiles ou de la peur de l'échec, mais elle coupe la pensée de son interaction avec le chaos du monde et de son évolution, sa capacité à acquérir de l'expérience.

Par rencontre, j'ai pu imaginer ce que le mode "par défaut" imposé par le milieu informatisé, pouvait exclure et ignorer. Cette limitation de la pensée, pouvait, un temps donné, rendre plus confortable l'instabilité des milieux (matériaux-médiums-formes de vies sociales) et maintenir un socle, un support pour conserver une structure pensée par un groupe à une époque révolue. Mais elle réduisait au fur et à mesure la conscientisation et excluait toute sensualité et présence au monde et à ses contingences.

Afin de ne pas confondre les termes, il existe en neuroscience, un réseau nommé : du mode par défaut (MPD) Il désigne un réseau constitué des régions cérébrales actives lorsqu'un individu n'est pas focalisé sur le monde extérieur, et lorsque le cerveau est au repos, mais actif. Je le compare à ces moments où ma pensée vagabonde, mais elle s'apparente souvent à ma façon d'écrire et actionne l'hyper-latence (beau paradoxe) Ma pensée se déconcentre facilement, elle semble partir dans tous les sens, comme une dispersion, mais elle est tout à fait normale, chez tous (en particulier lors de l'endormissement) quand on n'a pas besoin de penser à quelque chose de particulier. À ne pas confondre avec ce mode par défaut, qu'utilisent beaucoup de conceptions informatiques et techniques, pour bâtir un réseau, et là je m'abstiendrai d'énoncer ce qu'est le mode sans échec, car, il est aussi très intéressant par rapport à la peur de l'échec... Belle traduction, pour les informaticiens, au contrôle des émotions. Ayant souvent utilisé ce mode, en informatique, c'est assez réussi.

Pourtant, si je reste du côté des neurosciences, le mode par défaut est un peu ce moment où il se passe plein de choses au niveau cognitif, une sorte de boucle mentale qui réassemble en permanence les pensées, de façon inconsciente. Il émane de cette dispersion, lorsque la pensée vagabonde (le cerveau serait alors au repos), cette faculté de l'idée ou de l'Euréka. Ainsi pensai-je, de la trouvaille, mais parfois bien plus, de façon fulgurante : j'ai trouvé.

Il me semble que de cette manière, ce que je nomme poétiquement l'imprévisible heureux, est plutôt de l'ordre de l'émerveillement aux choses, de mon point de vue, d'être tournée vers ce qu'il se passe, ailleurs ou chez l'autre, devant moi ou vraiment plus loin. Cet aspect vif, de la curiosité, serait, peut-être, charmé par l'aspect cognitif de ce moment semblant reposé, sans aucune activité (ce mode par défaut en neuroscience) et pourtant connecté à ce qui diffère = la différence. Tant de bifurcations mèneraient ainsi à la découverte, en passant par l'émerveillement.

Bref :

C'est un bonheur inachevé de paramétrer des possibilités et de savoir que celles-ci seraient affectées par l'imprévisible, car elles défient l'intelligence et imposent l'aléatoire. La confrontation aux phénomènes, à ce que je peux observer, ébranle tout rendez-vous calculé, et permet une marge de liberté fort agréable, et parfois désagréable. Les conséquences peuvent être dramatiques et fermer bien des dimensions, des avenirs, mais, si elles sont envisagées sous un prisme de variables du "pire", l'apparition, sous un certain angle, devient plus prévisible et ainsi, les portes s'ouvrent, celle de l'imprévisible heureux.

mardi 14 juillet 2020

Ṽℰℛ✞ℐℭÅℒЇ†É

Photographies © Sonia Marques

En préparant ma tarte aux courgettes jaunes, au curcuma et poivre et comté, parsemé de persil, je pensais à ce besoin de verticalité, que je ressentais. Nous étions encore le 13 juillet, et lorsque je publie ma courgette, au 14 juillet, jour de la fête nationale française, ma courgette est encore horizontale... On dirait une banane, un panneau de signalisation, écologique. Il nous manque un nouveau système immunitaire, une sorte d'ascèse non plus dans son coin, mais coopérative. Il nous manque une figure d'autorité et non pas autoritaire, qui incarne le chemin le plus difficile que nous avons à réaliser les prochains mois. Ma courgette aimerait se lever et évoquer ce besoin de verticalité. La traction vers le haut. Car nous sommes las et pourtant bien là à attendre. Consommer comme des hébétés ne nous convient plus. Demeurés englués dans cette horizontalité chaotique non plus. Ma courgette va-t-elle réussir à incarner ce besoin d'autorité ?

*

Elle est bien bonne. J'aime cuisiner et les idées politiques ne manquent pas. Dommage que l'on a réduit à ne rien faire, tous les citoyens et citoyennes, de notre pays, qui avaient encore, un peu de vigueur. Ne nous reste que la cuisine pour rectifier le tir et apprécier récompenses de nos efforts, chacun, chacune, dans notre coin. Il est des goûts, des couleurs et des cultures, maintenues à l'écart des corporatismes. Le choix des ingrédients est plutôt bon, la méthode rapide et efficace, néanmoins fine, la cuisson parfaite, la mise en bouche délicate, quoique un peu trop chaude. L'impatience a brûlé l'étape du "laisser reposer", et l'hydratation glacée à fait exploser l'émail. Encore du chômage pour longtemps, de nouvelles recettes de cuisine en prévision. Ainsi va notre pays.

Mon besoin de verticalité arrive au moment même, où je perçois que l'on m'impose de demeurer inactive, comme tant d'autres. Je peux avoir des idées, mais pas les mettre en action. Car, il n'appartiendrait plus qu'aux corporations, d'agir. Pour ou contre notre bien.

Un peu de hauteur face à la densité.

Si c'est dans l'action que nait la pensée, le petit être humain, pour s'élever, se hisser sur ses jambes, doit trouver des appuis pour s'agripper. Mais comment s'élever lorsque tous les appuis, de notre société, ont été détruis ? Une marche réduite, des réflexes psychomoteurs réduits, un développement réduit. Nos éprouvés de l'instant à vivre ont conduit à de toniques actions, de survie, une pandémie nous condense dans un état d'impuissance et d'inaction collectifs. L'infiniment lointain, la vision à long terme, cette vue d'ensemble, n'est pas l'infini hautain. La liberté d'initiative, sans crainte, nous a été enlevée, par tant de blocages. Pourtant, les acquisitions de connaissances de plus en plus élaborées et "prothésées" par les machines, n'ont pas encore relié l'intelligence à l'habilité des actions. Ma liberté d'action s'est réduite, tandis que ma liberté de penser s'est élevée. C'est un ratio tout à fait plausible, car il s'inscrit dans une société assistée, qui se construit sur l'idée que nous serions de plus en plus assistés par des machines, que nos emplois seraient supprimés. Dans cette espèce de "fatum", tout blocage le rempli assez bien, les manifestations s'impriment comme seules activités entendues. La politique des platrâges a effacé toutes les aspérités des niveaux et marches à gravir. On oublie les exercices, par facilité. L'ascèse n'est plus le chemin envisagé. Alors, pour celles et ceux qui demeurent dans leur cuisine, dont on a confisqué tout outil de travail, il ne reste qu'à retrouver le manche. Un simple outil, par lequel on le tient, afin de trouver de nouveaux appuis, pour s'élever et viser des hauteurs... de la courgette, viser de meilleurs cieux.

*

Bon appétit !

(un brin de fatuité mais point de connotation sexuelle, il faut bien crâner un peu, tout en cuisinant sa pensée)

dimanche 21 juin 2020

♥ℯґ﹩ ʟ℮﹩ ʝøüґṧ μ℮їℓłℯʊґ﹩

Plonger dans les jours meilleurs pour aller de l'avant, jeter ce que l'on ne veut plus, respirer avec le meilleur, dans les chemins de l'expérience amoureuse.
Tu as toujours été là, nous avons été là, nous irons plus loin.


Photographies © Kiwa & Thejazzist

Des peintures que j'ai réalisées, impressions sur plexiglas...

Un nougat qui nous aimait, en fait une nougatine...

Des tissés divers et variés, et des peintures de tissages...

Tu as toujours été là...

Des dessins joyeux, des farandoles et rubans fantaisistes...

Du raku et de l'indigo...

Mon oiseau bleu, mon ange...

Survivre... Vivre... Sur l'épaule... Résister...

Trouver les ruisseaux aux sources des plaisirs...

Confiance...

La paix...

Limoges... Lucides...

L'art...

La constance...

Le verbe aimer...

*

« Rares sont en effet les relations uniquement fondées sur ce que chacun sait de façon démontrable de l’autre, et rares celles qui dureraient un tant soit peu si la foi n’était pas aussi forte, et souvent même plus forte que les preuves rationnelles. »
Écrivait le philosophe Simmel, sur la relation de confiance.

Je lisais sur "la confiance" :

Toute relation de confiance serait un premier pas risqué, un saut au-delà de la certitude. On ne peut exiger la confiance, cela aurait pour conséquence de repousser l'émergence de la confiance. Le premier pas risqué du pari et de la foi, ne se commande pas. Dans le premier pas, l'individu qui avance et expose sa confiance se trouve dans une position de vulnérabilité, seulement s'il se trouve dans cet état, il peut alors attendre, se mettre à disposition, formelle et normalisée, que sa confiance ne sera pas déçue. Si la réciprocité n'est pas présente, il s'agit d'amener l'autre à la réciprocité, l'initiatique d'un premier don entraine un contre-don.

Un acte qui force le respect n'a pas de caractère obligatoire.
La condition de la préservation.
Si les comportements opportunistes sont sanctionnés, l'absence de communication est un problème différent et conduit ineffablement à la méfiance. Car la confiance nécessite des points d'appuis pour se développer.

Dans un milieu carcéral, on parle de "balance" et de traîtres", et de "complices". Il est des entreprises, des institutions, où ces types et modes, ressemblent à ces langages basés sur la loyauté. Sauf, qu'il faut discerner un lieu carcéral, d'une entreprise, d'une institution toute autre.

Les comportements opportunistes ou liés à la trahison peuvent-être érigés en comportements exemplaires. Ce qui détruit les moteurs de la confiance, dans une société, puisque l'incertitude prévaut, dans toute relation de confiance. Il se situe entre le savoir et le non-savoir.

L'impasse collaborative est dû à une absence de confiance et le sentiment d'inquiétude, que l'on peut constater en France, peut être nourri par l'injustice et le ressentiment. Le recours et les procédures en justice, enlèvent l'ingrédient indispensable de la protection d'une communauté, de son corps. S'il n'était pas possible de se fier aux autres, toute interaction deviendrait incertaine.

« Celui qui sait tout n'a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance »  écrit encore Simmel.

Ainsi je crois au lien, c'est un travail et un effort, qui ne demande pas d'effort, dans le sens qu'il n'y a pas de force, sur l'état donné. La paix, à mon sens, est la notion la plus difficile, la plus essentielle, pour vivre ensemble. Chacun avance avec le pardon. Après avoir réfléchi sur les notions abordées par Jankélévitch, autre philosophe, il me semble que le pardon est lié à l'individu et son histoire, quasiment, son karma. Si le pardon, c’est renoncer à l’espoir que le passé aurait pu être différent, nous pourrions accepter les maux du passé comme une fatalité heureuse : le passé devait être ce qu’il fut pour qu’une personne puisse devenir ce qu’elle souhaite être. Pardonner serait toujours pardonner sans avoir le pouvoir d’accorder le pardon. Pardonner l’impardonnable, n'est pas un pouvoir, car il se situe dans l'impossible, c'est une forme de courage qui le transcende. Le courage de pardonner n’existe pas avant la situation dans laquelle je suis appelée à être courageuse. Je trouvais intéressant cette idée, selon Jankélévitch, que se faire Dieu pour l’homme est toujours diabolique, car se faire Dieu parmi les hommes, c’est rendre l’existence des autres hommes impardonnable en souffrant sa propre impossibilité d’être.

Même si l'on se pose continuellement la question de l'impardonnable au regard des atrocités historiques, il me semble que l'impardonnable doit pouvoir être, lorsque l'on considère que le mal radical est placé dans le mal, l'enfer, et ne se tient plus dans l'humain (tel que Hannah Arendt avait déjà exposé ce discernement) Considérer qu'une agression consiste très exactement à rendre l’existence de l’Autre impardonnable, ce serait déchoir la victime de son humanité qui est dégradée en animalité. Considérer qu'un ou qu'une agresseur.e puisse avoir été victime, par le passé, et reproduise le mal, c'est considérer l'agression comme "humaine" et donc s'orienter vers le pardon, comme se pardonner soi-même, de ne pas avoir été à la hauteur d'une défense. C'est humain, tout simplement. C'est rétablir la confiance en soi.
Pour l’impardonnable et les questions historiques, de guerre, oui, je peux, me la poser, mais dans les cas historiques et tels qu'une société est capable d'en analyser les fondements du mal, se référer à l'éthique et à la philosophie. Évidemment, la foi et la spiritualité, tiennent lieu aussi de recherche sur le bien et le mal.

État de la recherche... Ma pensée s'intéresse à la confiance, celle-ci est établie, selon moi, de façon inégalitaire. On ne peut réclamer d'égalité dans la confiance, mais considérer l'incertitude, comme la mesure d'une réciprocité.

Je sais que la pratique est éloignée de la théorie, parfois, mais puisse-t-elle devenir une pratique philosophique ? Sans dogme, mais par l'expérience ? Un à postériori.

samedi 14 mars 2020

ґεṧρḯя

Du barouf en moins © Photographie Sonia Marques