Photographie © Sonia Marques

l'air est frais le soir
l'air est frais le matin
entre le soir et le matin
il n'y a plus rien
bernard fait semblant de dormir
bianca surveille les choses
vladimir compte ses bibelots
les murs sont sourds
les portes aveugles
le bleu silencieux
des cieux
fait mine de ne rien savoir
sur la candeur des champs

tu dors dans un lieu retiré
éminent solitaire
tu sais que l'air brûle les agités
l'envie les importune
poison amer de leur infortune

feuilles émeraudes et rousses
bruissent sous le sommeil des bois
une paix sans importance
s'étend à l'ombre du monde

des insectes copulent
sans regarder l'été

la forêt écoute ton cœur
caché dans ton antique demeure
où le hasard t'a fait naître
sous la voûte étoilée

tu contemples les astres muets
les joies terminées de la journée
sans y avoir participé

les songes décuplés
les lucioles saupoudrées dans le velours noir
la jeunesse auréolée de sottises
la vieillesse d'un millefeuille d'inventions
oubliant la mer promise

tu soupires à la fraîche
ici tout se réveille
qu'une vie entière a contenu
caché coupable

laissant éclore la fleur d'une ride
parmi les plis de ta peau

tu gardes encore ton troupeau
toutes ces douces absences
et les cris des hirondelles
le jour où tu dors cador
volent dans l'allégresse
de tes souvenirs

l'horizon de l'hiver
fait taire tes glorieux espoirs
et renaître tes imaginations brillantes
quelques fulgurances dans ta dolence

enivré par autant de chasteté
hormis ces insectes épris de déloyauté
être inutile rend merveilleux
l'âme et les consolations

peu d'ambition guérit des rêves inassouvis
puisque la cruauté ne sait pas sourire
il y a des terres étrangères
aux sources du bonheur