Illustration © Sonia Marques
nager sous la pluie
découvrir le paradis des ombres
sous le grondement des Dieux
se frayer un passage
sous la séparation des nuages
les êtres filants glissent
à la surface de l'eau
sans aucun fardeau
au-dessus des abysses
des fonds oubliés
des ruines d’Égypte
englouties
il pleut sur les visages
les nageurs solidaires
épousent leur fluides
poissons charnels
imperméables peaux
insondables acides
désoxyribonucléiques
prédire l'avenir
face à l'immensité du ciel
ombrageuses sérénités
des temps longs
de l'humeur des astres
subir les métamorphoses
s'aplatir sous le destin
sans plus porter les maux
ni les expertises
admirer le tumulte et la menace
des cotons épais et gris
des cumulonimbus
leurs courants ascendants
et le soleil qui perce à jour
toutes les défaillances
avancer couché avec assurance
sans jamais douter de la transparence
dans toute cette flottabilité
tout est limpide
tout est désir
aucune peine
aucune peur
être sondé sans remords
être jugé sans culpabilité
être contemplé sans s'abîmer
être la nagefluide, portance, gravité, hélium
se baigner dans l'indifférence
la foudre aux fesses
l'orage tropique
au sommet des énergies potentielles
luisants d'eau
rien savoir
blonds, bruns, frisés
sans pieds que des palmes
qu'importe les corps
seules les fusées du soir
aux lunettes saphir
plonger dans l'invisible
tout rassemble et suspend
fleurs de lotus et extraterrestres
de l'azur des flots
au couchant doré
les paupières scintillantes
écoutent l'écho des enfants sauvages
dans la joie oblique
les plus jeunes sautent à l'envers
du décor
tout se renverse
chaque espoir prend son envol
au gré de l'instant
d'un cri lyrique et fou
opéra de reflets bleus
ultramarins des mythes grecs
tatouages de flammes noires
ferronnerie artisanales
les nageurs cathédrales
petites pâtisseries orientales
aux désirs de rouleaux dorsaux
les crinières dévorées
devant les blondes mosaïques
d'un autre temps
sur les peaux rouges
sur les peaux blanches
les gouttes perlent cristallines
dans un sobre maillot
loin de l'abondance
au cœur de l'oasis
depuis une enfance étrange
dans un désert de mot
langage sans angélisme
éclipse des études
aux bord des aurores
sans lueur boréale
sombrer doucement dans l'esquisse
de la piscine certain jour
mouillés d'être les sots des capitaines
sur une barque sans agence de voyage
ni diplôme
l'assurance de n'être ni aimés
ni envisagés, ni dévisagés, pour ce que l'on est
naître sous une bonne étoile
brodée de défis et d'aura stellaire
dans l'arène des eaux limpides
baignées d'absolutions