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mardi 21 juin 2022

℉☮ḺḰ

Petites peintures (1 Mètre) © Sonia Marques

mercredi 11 mai 2022

ℳαґⓠʊ℮ṧ

(ci-dessus > Édition de l'artiste David Hockney : The Arrival of Spring, Normandy, 2020)

Ode à la solitude...

À l’aube de ses quatre-vingts ans, David Hockney a recherché pour la première fois la tranquillité à la campagne, un lieu où observer le coucher du soleil et le changement des saisons, un endroit où tenir à distance la folie du monde. Ainsi, lorsque la Covid-19 et le confinement ont frappé, cela n’a pas changé grand-chose à la vie à La Grande Cour, la ferme normande plusieurs fois centenaire où Hockney avait installé son atelier un an auparavant.

On ne reporte pas le printemps est un manifeste qui célèbre la capacité de l’art à divertir et à inspirer. Il s’appuie sur une multitude de conversations et de correspondances inédites entre David Hockney et le critique d’art Martin Gayford, son ami et collaborateur de longue date. Leurs échanges sont illustrés par une sélection de peintures et de dessins inédits réalisés par l’artiste sur son iPad en Normandie, en lien avec des œuvres de Van Gogh, Monet, Brueghel et d’autres encore.

Constamment poussé à aller de l’avant par son enthousiasme contagieux et son sens de l’émerveillement, à contre-courant depuis toujours, mais très populaire depuis soixante ans, Hockney ne se préoccupe pas de l’opinion des critiques. Totalement absorbé par son environnement et les thèmes qui le fascinent depuis des décennies: la lumière, la couleur, l’espace, la perception, l’eau, les arbres, il a beaucoup à nous apprendre, non seulement sur notre façon de voir… mais aussi sur notre façon de vivre.

*

Très belle édition, les verts sont lumineux, un beau travail graphique du passage entre l'écran, la couleur additive et l'imprimé, le papier, la couleur soustractive, j'apprécie le peintre et la qualité pédagogique de sa vision picturale, cultivée, plein d'humour et sans complexe, mais respectueux de ses apprentissages et ses enseignements.

Et pour dialoguer en ce printemps sans concession, mes paysages, aussi mes photographies, mes dessins, mes marques, comme mon nom de famille...

L'artiste photographe et l'âge d'or

Un dessin âgé et jeune

Des contemplations...

Photographies © Sonia Marques

dimanche 1 mai 2022

ʝ☺ʟї м◎їṧ ⅾℯ Mαḯ






Tout simplement !
Peintures © Sonia Marques

vendredi 29 avril 2022

†ϴṲ†








Photographies © Sonia Marques

TOUT

TOUJOURS

TOUT DE SUITE

TOUT LE TEMPS

TOUCAN

TOCO

COCO

COLORI

ON SAIT

TOUT

ON VOIT

TOUT

TOUJOURS

AMOUR

TOUT LE TEMPS

PARTOUT

LES BOUS


samedi 16 avril 2022

ℳÅ✞ℑ$$∃




La chapelle du Rosaire, dite aussi chapelle Matisse, est une petite chapelle érigée de 1949 à 1951 à Vence pour le Couvent des Dominicains. Conçue par l'architecte Auguste Perret et décorée par Henri Matisse.




Henri Matisse, peintre à Nice en 1949... Il avait 80 ans...

Matisse (la dignité de penser)

« Quand j’exécute mes dessins Variations, le chemin que fait mon crayon sur la feuille de papier a, en partie, quelque chose d’analogue au geste de l’homme qui cherchait, à tâtons, son chemin dans l’obscurité. Je veux dire que ma route n’a rien de prévu : je suis conduit, je ne conduis pas. » « Tout est neuf, tout est frais comme si le monde venait de naître. Une fleur, une feuille, un caillou, tout brille, tout chatoie, tout est lustré, verni, vous ne pouvez-vous imaginer comme c’est beau ! Je me dis quelquefois que nous profanons la vie : à force de voir les choses, nous ne les regardons plus. Nous ne leur apportons que des sens émoussés. Nous ne sentons plus. Nous sommes blasés. Je me dis que pour bien jouir, il serait sage de se priver. Il est bon de commencer par le renoncement, de s’imposer de temps en temps une cure d’abstention. Turner vivait dans une cave. Toutes les huit jours, il faisait ouvrir brusquement les volets, et alors quelles incandescences ! Quels éblouissements ! Quelle joaillerie ! »


Et je pensais à l'artiste portugaise Maria Pires da Silva Keil do Amaral (1914 -2012)...

...foi uma pintora e ilustradora portuguesa; pertence à segunda geração de pintores modernistas portugueses.
Maria Keil realizou uma obra vasta e diversificada que abarca a pintura, desenho e ilustração, azulejo, design gráfico e de mobiliário, tapeçaria, cenografia, etc.

Destaca-se de modo particular a sua intensa atividade como ilustradora, bem como o papel crucial que desempenhou na renovação do azulejo contemporâneo em Portugal.




Painéis de azulejo da pintora e ilustradora Maria Pires da Silva Keil do Amaral em Lisboa (The Sea, 1958-59, azulejos panel, Av. Infante Santo, Lisbon)

(*•̀ᴗ•́*)و ̑̑

Aproveito para lhes enviar meus votos de feliz Páscoa !




Desenho e ilustração © Maria Pires da Silva Keil do Amaral

dimanche 3 avril 2022

ℙℋ¥ℒϴ$☮Ṕℋℑℰ

 Visuel et animation © The jazzist, pour l'album musical (2017) Artificial presence © Rico Zerone  http://artificialpresence.thejazzist.nu/



Il est des belles choses, des bijoux artistiques, que j'ai vu naître, et dont je ne suis pas participante, qui sillonnent avec la même force ce que j'exprimais par écrit sur la communauté d'esprit philosophique...
Article ici, sur cet album magique... Horror Vacui m'avait beaucoup accompagné, dans un moment où je perdais mon emploi, ce qui faisait le sel de ma vie. L'aspect philosophique des créations artistiques, et ici de la musique, est peu décrit. Pourtant, bien plus qu'une pharmaceutique, ou d'un vaccin, la piqûre sonore, se révèle, au fil de la vie, le meilleur remède aux temps incompris, puisqu'elle ouvre d'autres dimensions philanthropiques, dont les mots et les définitions ne peuvent se substituer à l'écoute et à l'expérience sensorielle des vagues et rythmes, tels des voyages toujours revisités "en entendant", en "ré-écoutant", selon des humeurs variables, des souvenirs. La sensation bénéfique et résiliente de faire partie de celles et ceux qui inventent, les artistes, les poètes, les musiciens, - quand bien même, notre époque est aux vaccins ne nous guérissant jamais des guerres et des violences-, est mesurable dans le temps, et non dans l'instant. Si la philosophie draine ces artistes que j'apprécie, il est bien question ici de faire du bien à l'âme. Se sentir intégrée dans le monde et d'avoir au moins cette place bénéfique : celle qui entend bien.

Je vois nombre de messages très mal reçus, perçus, nombre de malentendus, et de candidatures mal élues, de directions subies, hors, dans la création, il n'est point de directions subies. Il y a un émetteur et un récepteur. Et cela peut être très peu, très peu d'émission, mais, lorsque le message est entendu, se forment des communautés d'esprits, de philosophes, de manière de comprendre la vie, et de projeter des espoirs, des choses, aussi petites soient-elle. Le remède artistique est puissant parce qu'il n'est pas quantifiable, surtout lorsqu'il ne souhaite pas démontrer sa puissance. Notre vie se trouve régentée par les comptes, la gestion, les chiffres, les statistiques, et, ceux-ci sont manipulés à des fins de contrôle, on en vient à douter de l'humain, de son émotivité, de sa douleur, de sa joie, chaque personnalisation ne peut "se gérer" et n'a plus sa place chez les prévisionnistes. La sensibilité nuit au bon déroulement des programmes, car elle peut les anéantir, à moins qu'elle puisse s'utiliser à un instant déterminé, elle n'a tout simplement pas sa place, car le temps est compté sans elle. Le temps de travail de la création n'est jamais valorisé, c'est-à-dire, de sa conception, à moins de découper les heures passées, et encore, notre société n'admet pas que les artistes échelonnent leur création librement, quand l'inspiration survient, sachant, qu'elle s'essouffle parfois sans mener à terme des formes visibles, sachant qu'elle se trouve entrecoupée (les guerres, les accidents, la famine, les interruptions involontaires et les volontaires...) et reprise des années tardives, aux heures où la retraite sonne : qu'importe ? Ce sont ces conversations entrecoupées et improductives qui enrichissent tellement les jours sombres, les temps difficiles, sur lesquelles tout espoir bâtit son projet de réalisation, et pour qui reçoit, apporte un éclat insoupçonné, dont on ne peut même pas identifier comment réussi-t-il à déclencher de nouvelles voix, débloquer bien des impasses fatalistes. Allez donc tracer l'origine du bonheur... Allez donc signaler son accomplissement, demander s'il est fabriqué ici, où s'il a des géniteurs bien déclarés, ou, dont le patrimoine enferme les cadavres les plus honorables... si l'on peut encore en distinguer les vestiges et les pièces de valeurs...

La création numérique est aussi une œuvre de l'esprit, dont la sensibilité touche une autre sensibilité, non chiffrée, pas toujours bien visible, enfin, pas accessible à tous, et heureusement. Polysémiques selon le temps, l'instant, les sensibilités, riches nous permettant de revisiter les œuvres de l'esprit du passé : Truculentes, farouches, platoniques, idéalistes, incompréhensibles, aux poïétiques inédites et parfois exclues de l'histoire, quelles joies de les relire et de se donner la peine de les rechercher, les redécouvrir, et mieux, je l'ai bien expérimenté durant de longues années : d'en partager les découvertes. On tente, le plus souvent, de nos jours, de faire la preuve par les chiffres : les chiffres et les quantités seraient devenues les nouveaux théorèmes qu'aucun lambda ne peut comprendre, sans calculs, et il ne peut plus. Ce qui échappe complètement à ces quantités chiffrées qui remplacent l'idée de vérité, ces listes de nombres chaque jours échangés de façon très approximative (ou aléatoires, programmés), c'est la création, au sens, qu'elle n'intéresse aucun candidat qui souhaite avoir la maîtrise des chiffres (ce qui est impossible) parce qu'elle n'est pas quantifiable. La création n'est pas fiable, on ne peut la croire, car elle nécessite avoir été bien reçue. La surface sensible, une membrane fugace, étonnante, organique, vivante, non manipulable... dotée de souvenirs, d'une mémoire, de trous et de complexité...

Cultiver son jardin imaginaire, serait peut-être la seule manière de ne pas subir les mauvais théorèmes, mais la promesse de pouvoir élaborer le sien, sa mathématique. C'est cela l'expérience... L'expérience sensible humaine est aussi dotée de mathématiques.

Merci à Rico Zerone et à The Jazzist pour m'avoir fait entendre ces mathématiques d'esprits artistiques, et j'espère recevoir d'autres émissions philosophiques ;.) Tel un beau rappel de vaccin.

lundi 28 février 2022

$☺ηḯα



© Sonia Delaunay : Rhythm Colour (1939)


Sonia, née Stern (ou Sara Illinichtna Sternnote), c’est d’abord une enfant d’ouvriers ukrainiens, née à Gradizhsk, en Ukraine, en 1885, qui aura la chance d’être adoptée par son oncle maternel en manque de descendance, la faisant passer d’un milieu modeste aux cercles intellectuels de Saint-Pétersbourg. De Henri Terk, son oncle, elle prend le nom, et étudie assez peu les beaux-arts : le dessin à Karlsruhe pendant deux ans, puis à Paris à l'Académie de la Palette dans le Quartier du Montparnasse. Devenue Sonia Terk, elle reçoit une éducation digne de ce nom (découvrant les arts, les langues, les voyages) et surtout une rente qui lui permettra de créer à sa guise. Un mariage de convention en 1908, avec le galeriste et collectionneur allemand Wilhelm Uhde, elle a été naturalisée française grâce à ce premier mariage, il l’aidera entre autres à exposer et rencontrer celui qui deviendra son mari et compagnon de vie, Robert Delaunay. Leur relation intime et professionnelle restera admirable jusqu’à la fin. Après une période fauve, elle invente, avec son deuxième mari, une forme de peinture qu'Apollinaire définit du terme vague d'orphisme, qui ne correspond à aucune tendance réelle. Sonia et Robert Delaunay ont surtout travaillé ensemble sur la recherche de la couleur pure et du mouvement des couleurs simultanées. Aucun drame autobiographique, que ce soit ses origines juives ou la naissance de leurs fils Charles, ne viendra altérer son enthousiasme créatif, malgré les conflits (de la Révolution russe à l’Occupation) Elle a allié l’univers de son foyer à celui de la ville mondaine et avant-gardiste qu’était Paris, et tissé des lignes de vie et de chance qui n'ont fait que varier une même énergie vibrante. Des maillots de bain aux tapisseries en passant par la mode ou l’architecture, c’est une seule même quête simple et honnête du contraste des couleurs simultanées qui donne à son travail cette intensité.

Son travail sur le textile, notamment, est influencé par ses origines ukrainiennes : la première couverture qu’elle crée pour son fils, en assemblant plusieurs tissus de couleurs vives, s’inspire directement de la tradition ukrainienne. Elle donne à cette œuvre une dimension cubiste, qui se retrouve au fil de son travail. Les pièces de Sonia Delaunay sont exposées dans les collections permanentes du musée d'Art Moderne et du Centre Georges Pompidou à Paris. C'est une des artistes les plus influentes du 20eme siècle, à une époque où les femmes étaient souvent reléguées au rang de muse ou de modèle. Son travail dans des domaines variés a laissé une empreinte durable dans le monde de l'art.


Extrait de l'article du journal portugais
:

Um dos casais mais referenciais da criação artística do século XX, Robert e Sonia Delaunay abriram as portas para um novo movimento artístico: o orfismo, um estilo que resulta da junção do fauvismo e das suas cores garridas e fortes com o cubismo e as suas formas geométricas. A experimentação em tons e em amplitudes visuais tornaram-se habitués de uma dupla que chegou a passar por Portugal, no período da Primeira Guerra Mundial, já parte da conhecida École de Paris, que reunia essa ebulição cultural na capital de França. Travaram, assim, conhecimento e fizeram uma amizade forte com os artistas Amadeo de Souza-Cardoso e Almada Negreiros, para depois, no seu regresso, se abrangerem nas novas expressões criativas que o século XX trazia na força da sua atualidade. Robert Delaunay nasceu em Paris, a 12 de outubro de 1885. Dois meses e dois dias depois, nasceu Sonia, na Ucrânia. Na morte, afastaram-se mais: ele partiu a 25 de outubro de 1941, com 56 anos, sendo vítima de um cancro; ela viveu até 5 de dezembro de 1979, chegando a completar 94 anos de idade. Robert nasceu numa família nobiliárquica, ficando ao cuidado dos seus tios. Foram eles que o incentivaram a seguir a sua ambição de se tornar pintor e foi estudar Artes Decorativas em Paris. Depois de concluir esse curso, colaborou com o Salon de Indépendants e com a Société des Artistes Indépendants, à qual se juntaria na provocação que foi causando aos típicos conservadores, chocados com o abstracionismo ali premente.




© Sonia Delaunay : Marché au Minho (1915)

> 1914 Robert réformé, ils partent en Espagne, puis au Portugal où les marchés de pastèques, melons, les costumes, la musique inspirent Sonia. Cette guerre amènera pour Sonia la fin de sa rente provenant de biens immobiliers de Russie, en 1917 les bolcheviks nationalisent, Sonia est ruinée. Mais la rencontre avec Serge Diaghilev la sauve en lui proposant de créer les décors et costumes d'un ballet Cléopâtre. Sonia décide alors d'arrêter de peindre pour gagner sa vie. Décor de théâtre, ouverture d'une casa Sonia en Espagne où elle vend ses objets, robes, chapeaux, meubles, tissus. La vente d'un tableau les aide à se ré-installer à Paris vers 1921. Sonia s'attèle aux costumes d'une pièce 'Coeur à gaz', d'une fête de charité. Sonia Delaunay crée sans arrêt tissus, robes et manteaux. L'exposition internationale des Arts décoratifs de 1925 la consacre avec sa boutique simultanée. Elle créera même l'habillage d'une voiture. Financièrement c'est très difficile, Sonia continue cependant ses travaux alimentaires. Lors de l'exposition Internationale de 1937 les Delaunay décorent 2 pavillons dont le Pavillon de l'Air. Elle expose au salon des Tuileries, au salon des Réalités nouvelles des Rythmes qui rappellent un peu certaines toiles de Robert Delaunay. Et puis c'est la guerre et l'exode. La mort de Robert en 1941 la laisse désemparée. A la mort de Robert Delaunay en 1941, elle se retire à Grasse jusqu’à la fin de la guerre. En 1946 elle est cofondatrice du Salon des réalités nouvelles et expose avec le groupe Art concret. Elle est également cofondatrice du groupe Espace en 1953. Elle se consacre à l'exposition rétrospective de son mari en 1946 et à son œuvre. Elle renaîtra en 1953 à la peinture, la sienne. En 1960 elle peint un jeu de cartes esquissé lors de sa jeunesse. En 1966, elle rencontre son dernier poète Jacques Damase, elle réalisera autour de ses poèmes 11 pochoirs. Elle recrée des tapis, des lithographies, des décors, des costumes, des toiles. "Jusqu'en 1979, date de sa disparition, elle a toujours créé", explique Anne Montfort, cocommissaire de l'exposition à Paris en 2015 : Sonia Delaunay, Les Couleurs de l’abstraction, au Musée d’Art moderne de la ville de Paris. Ils ont travaillé de concert, Robert et Sonia Delaunay, et Sonia a souvent été assimilée à Robert, en n'étant considérée que comme la "femme de", déplore Anne Montfort. Elle a d'ailleurs tout fait pour que l'œuvre de son mari soit reconnue après sa mort en 1941, au détriment de la sienne." Libre, Sonia Delaunay ne respectait pas la distinction entre "art majeur" et "art mineur". Elle passe allègrement de la peinture aux arts appliqués, dessinant des imprimés "simultanés" pour des tissus, imaginant des manteaux-­tableaux, fabriquant des reliures de livres et esquissant des affiches publicitaires.
Décorée de la Légion d'honneur en 1975, elle s'éteint à Paris le 5 décembre 1979... à 94 ans.
Ses œuvres sont d'une incroyable force et créativité, plus d'un siècle plus tard, aujourd'hui, toujours aussi vivantes, au regard de l'abandon de la culture et des artistes, et de ce qu'elles et ils nous enseignent au péril de leur vie, toujours modestes et sans compter sur l'excès de visibilité, mais sur le savoir et la finesse des réalisations.






La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France est un poème écrit au début de l'année 1913, puis il a ensuite été illustré, mis en forme par l'artiste Sonia Delaunay (1885-1979) et publié aux éditions Les hommes Nouveaux à la fin de l'année 1913. Les relations entre le texte de Cendrars et la peinture de Sonia Delaunay sont dictées par la technique du simultané. Les recherches sur la couleur et la lumière menées par les Delaunay s'inscrivent dans les liens tissés entre l'étude de la couleur et celle du son, notamment de la musique. Le rythme dicte la création dans la Prose du Transsibérien, le poème varie entre le rythme intérieur de l'introspection du narrateur et la cadence rapide du train, vitesse fluctuante entre les arrêts et les accélérations de la locomotive. Les formes colorées répondent au même impératif du rythme. Le simultané repose sur la base rythmique du poème, le travail de Sonia Delaunay dépasse ainsi l'illustration du texte.

Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France

Dédiée aux Musiciens


En ce temps-là j’étais en mon adolescence

J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de mon enfance

J’étais à 16.000 lieues du lieu de ma naissance

J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares

Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours

Car mon adolescence était si ardente et si folle

Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple

D’Éphèse ou comme la Place Rouge de Moscou

Quand le soleil se couche.

Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.

Et j’étais déjà si mauvais poète

Que je ne savais pas aller jusqu’au bout.

Le Kremlin était comme un immense gâteau tartare

Croustillé d’or,

Avec les grandes amandes des cathédrales toutes blanches

Et l’or mielleux des cloches…

Un vieux moine me lisait la légende de Novgorod

J’avais soif

Et je déchiffrais des caractères cunéiformes

Puis, tout à coup, les pigeons du Saint-Esprit s’envolaient sur la place

Et mes mains s’envolaient aussi, avec des bruissements d’albatros

Et ceci, c’était les dernières réminiscences du dernier jour

Du tout dernier voyage

Et de la mer.

Pourtant, j’étais fort mauvais poète.

Je ne savais pas aller jusqu’au bout.

J’avais faim

Et tous les jours et toutes les femmes dans les cafés et tous les verres

J’aurais voulu les boire et les casser

Et toutes les vitrines et toutes les rues

Et toutes les maisons et toutes les vies

Et toutes les roues des fiacres qui tournaient en tourbillon sur les mauvais pavés

J’aurais voulu les plonger dans une fournaise de glaives

Et j’aurais voulu broyer tous les os

Et arracher toutes les langues

Et liquéfier tous ces grands corps étranges et nus sous les vêtements qui m’affolent…

Je pressentais la venue du grand Christ rouge de la révolution russe…

Et le soleil était une mauvaise plaie

Qui s’ouvrait comme un brasier.

En ce temps-là j’étais en mon adolescence

J’avais à peine seize ans et je ne me souvenais déjà plus de ma naissance

J’étais à Moscou, où je voulais me nourrir de flammes

Et je n’avais pas assez des tours et des gares que constellaient mes yeux

En Sibérie tonnait le canon, c’était la guerre

La faim le froid la peste le choléra

Et les eaux limoneuses de l’Amour charriaient des millions de charognes.

Dans toutes les gares je voyais partir tous les derniers trains

Personne ne pouvait plus partir car on ne délivrait plus de billets

Et les soldats qui s’en allaient auraient bien voulu rester…

Un vieux moine me chantait la légende de Novgorod.

Moi, le mauvais poète qui ne voulait aller nulle part, je pouvais aller partout

Et aussi les marchands avaient encore assez d’argent

Pour aller tenter faire fortune.

Leur train partait tous les vendredis matin.

On disait qu’il y avait beaucoup de morts.

L’un emportait cent caisses de réveils et de coucous de la Forêt-Noire

Un autre, des boîtes à chapeaux, des cylindres et un assortiment de tire-bouchons de Sheffield

Un autre, des cercueils de Malmoë remplis de boîtes de conserve et de sardines à l’huile

Puis il y avait beaucoup de femmes

Des femmes, des entre-jambes à louer qui pouvaient aussi servir

De cercueils

Elles étaient toutes patentées

On disait qu’il y avait beaucoup de morts là-bas

Elles voyageaient à prix réduits

Et avaient toutes un compte-courant à la banque.

Or, un vendredi matin, ce fut enfin mon tour

On était en décembre

Et je partis moi aussi pour accompagner le voyageur en bijouterie qui se rendait à Kharbine

Nous avions deux coupés dans l’express et 34 coffres de joaillerie de Pforzheim

De la camelote allemande “Made in Germany”

Il m’avait habillé de neuf, et en montant dans le train j’avais perdu un bouton

- Je m’en souviens, je m’en souviens, j’y ai souvent pensé depuis -

Je couchais sur les coffres et j’étais tout heureux de pouvoir jouer avec le browning nickelé qu’il m’avait aussi donné

J’étais très heureux insouciant

Je croyais jouer aux brigands

Nous avions volé le trésor de Golconde

Et nous allions, grâce au transsibérien, le cacher de l’autre côté du monde

Je devais le défendre contre les voleurs de l’Oural qui avaient attaqué les saltimbanques de Jules Verne

Contre les khoungouzes, les boxers de la Chine

Et les enragés petits mongols du Grand Lama

Alibaba et les quarante voleurs

Et les fidèles du terrible Vieux de la montagne

Et surtout, contre les plus modernes

Les rats d’hôtel

Et les spécialistes des express internationaux.

Et pourtant, et pourtant

J’étais triste comme un enfant.

Les rythmes du train

La “moelle chemin-de-fer” des psychiatres américains

Le bruit des portes des voix des essieux grinçant sur les rails congelés

Le ferlin d’or de mon avenir

Mon browning le piano et les jurons des joueurs de cartes dans le compartiment d’à côté

L’épatante présence de Jeanne

L’homme aux lunettes bleues qui se promenait nerveusement dans le couloir et qui me regardait en passant

Froissis de femmes

Et le sifflement de la vapeur

Et le bruit éternel des roues en folie dans les ornières du ciel

Les vitres sont givrées

Pas de nature!

Et derrière les plaines sibériennes, le ciel bas et les grandes ombres des Taciturnes qui montent et qui descendent

Je suis couché dans un plaid

Bariolé

Comme ma vie

Et ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle Écossais

Et l’Europe tout entière aperçue au coupe-vent d’un express à toute vapeur

N’est pas plus riche que ma vie

Ma pauvre vie

Ce châle

Effiloché sur des coffres remplis d’or

Avec lesquels je roule

Que je rêve

Que je fume

Et la seule flamme de l’univers

Est une pauvre pensée…

Du fond de mon cœur des larmes me viennent

Si je pense, Amour, à ma maîtresse;

Elle n’est qu’une enfant, que je trouvai ainsi

Pâle, immaculée, au fond d’un bordel.

Ce n’est qu’une enfant, blonde, rieuse et triste,

Elle ne sourit pas et ne pleure jamais;

Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse boire,

Tremble un doux lys d’argent, la fleur du poète.

Elle est douce et muette, sans aucun reproche,

Avec un long tressaillement à votre approche;

Mais quand moi je lui viens, de-ci, de-là, de fête,

Elle fait un pas, puis ferme les yeux – et fait un pas.

Car elle est mon amour, et les autres femmes

N’ont que des robes d’or sur de grands corps de flammes,

Ma pauvre amie est si esseulée,

Elle est toute nue, n’a pas de corps – elle est trop pauvre.

Elle n’est qu’une fleur candide, fluette,

La fleur du poète, un pauvre lys d’argent,

Tout froid, tout seul, et déjà si fané

Que les larmes me viennent si je pense à son cœur.

Et cette nuit est pareille à cent mille autres quand un train file dans la nuit

- Les comètes tombent -

Et que l’homme et la femme, mêmes jeunes, s’amusent à faire l’amour.

Le ciel est comme la tente déchirée d’un cirque pauvre dans un petit village de pêcheurs

En Flandres

Le soleil est un fumeux quinquet

Et tout au haut d’un trapèze une femme fait la lune.

La clarinette le piston une flûte aigre et un mauvais tambour

Et voici mon berceau

Mon berceau

Il était toujours près du piano quand ma mère comme Madame Bovary jouait les sonates de Beethoven

J’ai passé mon enfance dans les jardins suspendus de Babylone

Et l’école buissonnière, dans les gares devant les trains en partance

Maintenant, j’ai fait courir tous les trains derrière moi

Bâle-Tombouctou

J’ai aussi joué aux courses à Auteuil et à Longchamp

Paris-New York

Maintenant, j’ai fait courir tous les trains tout le long de ma vie

Madrid-Stockholm

Et j’ai perdu tous mes paris

Il n’y a plus que la Patagonie, la Patagonie, qui convienne à mon immense tristesse, la Patagonie, et un voyage dans les mers du Sud

Je suis en route

J’ai toujours été en route

Je suis en route avec la petite Jehanne de France.

Le train fait un saut périlleux et retombe sur toutes ses roues

Le train retombe sur ses roues

Le train retombe toujours sur toutes ses roues.

“Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre?”

Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept jours

Tu es loin de Montmartre, de la Butte qui t’a nourrie, du Sacré-Cœur contre lequel tu t’es blottie

Paris a disparu et son énorme flambée

Il n’y a plus que les cendres continues

La pluie qui tombe

La tourbe qui se gonfle

La Sibérie qui tourne

Les lourdes nappes de neige qui remontent

Et le grelot de la folie qui grelotte comme un dernier désir dans l’air bleui

Le train palpite au cœur des horizons plombés

Et ton chagrin ricane…

“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”

Les inquiétudes

Oublie les inquiétudes

Toutes les gares lézardées obliques sur la route

Les fils télégraphiques auxquels elles pendent

Les poteaux grimaçants qui gesticulent et les étranglent

Le monde s’étire s’allonge et se retire comme un accordéon qu’une main sadique tourmente

Dans les déchirures du ciel, les locomotives en furie

S’enfuient

Et dans les trous,

Les roues vertigineuses les bouches les voix

Et les chiens du malheur qui aboient à nos trousses

Les démons sont déchaînés

Ferrailles

Tout est un faux accord

Le broun-roun-roun des roues

Chocs

Rebondissements

Nous sommes un orage sous le crâne d’un sourd…

“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”

Mais oui, tu m’énerves, tu le sais bien, nous sommes bien loin

La folie surchauffée beugle dans la locomotive

La peste le choléra se lèvent comme des braises ardentes sur notre route

Nous disparaissons dans la guerre en plein dans un tunnel

La faim, la putain, se cramponne aux nuages en débandade

Et fiente des batailles en tas puants de morts

Fais comme elle, fais ton métier…

“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”

Oui, nous le sommes, nous le sommes

Tous les boucs émissaires ont crevé dans ce désert

Entends les sonnailles de ce troupeau galeux

Tomsk Tchéliabinsk Kainsk Obi Taïchet Verkné Oudinsk Kourgane Samara Pensa-Touloune

La mort en Mandchourie

Est notre débarcadère est notre dernier repaire

Ce voyage est terrible

Hier matin

Ivan Oulitch avait les cheveux blancs

Et Kolia Nicolaï Ivanovitch se ronge les doigts depuis quinze jours…

Fais comme elles la Mort la Famine fais ton métier

Ça coûte cent sous, en transsibérien, ça coûte cent roubles

Enfièvre les banquettes et rougeoie sous la table

Le diable est au piano

Ses doigts noueux excitent toutes les femmes

La Nature

Les Gouges

Fais ton métier

Jusqu’à Kharbine…

“Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre?”

Non mais… fiche-moi la paix… laisse-moi tranquille

Tu as les hanches angulaires

Ton ventre est aigre et tu as la chaude-pisse

C’est tout ce que Paris a mis dans ton giron

C’est aussi un peu d’âme… car tu es malheureuse

J’ai pitié j’ai pitié viens vers moi sur mon cœur

Les roues sont les moulins à vent du pays de Cocagne

Et les moulins à vent sont les béquilles qu’un mendiant fait tournoyer

Nous sommes les culs-de-jatte de l’espace

Nous roulons sur nos quatre plaies

On nous a rogné les ailes

Les ailes de nos sept péchés

Et tous les trains sont les bilboquets du diable

Basse-cour

Le monde moderne

La vitesse n’y peut mais

Le monde moderne

Les lointains sont par trop loin

Et au bout du voyage c’est terrible d’être un homme avec une femme…

“Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre?”

J’ai pitié j’ai pitié viens vers moi je vais te conter une histoire

Viens dans mon lit

Viens sur mon cœur

Je vais te conter une histoire…

Oh viens! Viens!

Aux Fidji règne l’éternel printemps

La paresse

L’amour pâme les couples dans l’herbe haute et la chaude syphilis rôde sous les bananiers

Viens dans les îles perdues du Pacifique!

Elles ont nom du Phénix, des Marquises

Bornéo et Java

Et Célèbes a la forme d’un chat.

Nous ne pouvons pas aller au Japon

Viens au Mexique!

Sur ses hauts plateaux les tulipiers fleurissent

Les lianes tentaculaires sont la chevelure du soleil

On dirait la palette et les pinceaux d’un peintre

Des couleurs étourdissantes comme des gongs,

Rousseau y a été

Il y a ébloui sa vie

C’est le pays des oiseaux

L’oiseau du paradis, l’oiseau-lyre

Le toucan, l’oiseau moqueur

Et le colibri niche au cœur des lys noirs

Viens!

Nous nous aimerons dans les ruines majestueuses d’un temple aztèque

Tu seras mon idole

Une idole bariolée enfantine un peu laide et bizarrement étrange

Oh viens!

Si tu veux nous irons en aéroplane et nous survolerons le pays des mille lacs,

Les nuits y sont démesurément longues

L’ancêtre préhistorique aura peur de mon moteur

J’atterrirai

Et je construirai un hangar pour mon avion avec les os fossiles de mammouth

Le feu primitif réchauffera notre pauvre amour

Samowar

Et nous nous aimerons bien bourgeoisement près du pôle

Oh viens!

Jeanne Jeannette Ninette nini ninon nichon

Mimi mamour ma poupoule mon Pérou

Dodo dondon

Carotte ma crotte

Chouchou p’tit-cœur

Cocotte

Chérie p’tite chèvre

Mon p’tit-péché mignon

Concon

Coucou

Elle dort.

Elle dort

Et de toutes les heures du monde elle n’en a pas gobé une seule

Tous les visages entrevus dans les gares

Toutes les horloges

L’heure de Paris l’heure de Berlin l’heure de Saint-Pétersbourg et l’heure de toutes les gares

Et à Oufa, le visage ensanglanté du canonnier

Et le cadran bêtement lumineux de Grodno

Et l’avance perpétuelle du train

Tous les matins on met les montres à l’heure

Le train avance et le soleil retarde

Rien n’y fait, j’entends les cloches sonores

Le gros bourdon de Notre-Dame

La cloche aigrelette du Louvre qui sonna la Barthélemy

Les carillons rouillés de Bruges-la-Morte

Les sonneries électriques de la bibliothèque de New-York

Les campanes de Venise

Et les cloches de Moscou, l’horloge de la Porte-Rouge qui me comptait les heures quand j’étais dans un bureau

Et mes souvenirs

Le train tonne sur les plaques tournantes

Le train roule

Un gramophone grasseye une marche tzigane

Et le monde, comme l’horloge du quartier juif de Prague, tourne éperdument à rebours.

Effeuille la rose des vents

Voici que bruissent les orages déchaînés

Les trains roulent en tourbillon sur les réseaux enchevêtrés

Bilboquets diaboliques

Il y a des trains qui ne se rencontrent jamais

D’autres se perdent en route

Les chefs de gare jouent aux échecs

Tric-trac

Billard

Caramboles

Paraboles

La voie ferrée est une nouvelle géométrie

Syracuse

Archimède

Et les soldats qui l’égorgèrent

Et les galères

Et les vaisseaux

Et les engins prodigieux qu’il inventa

Et toutes les tueries

L’histoire antique

L’histoire moderne

Les tourbillons

Les naufrages

Même celui du Titanic que j’ai lu dans le journal

Autant d’images-associations que je ne peux pas développer dans mes vers

Car je suis encore fort mauvais poète

Car l’univers me déborde

Car j’ai négligé de m’assurer contre les accidents de chemin de fer

Car je ne sais pas aller jusqu’au bout

Et j’ai peur.

J’ai peur

Je ne sais pas aller jusqu’au bout

Comme mon ami Chagall je pourrais faire une série de tableaux déments

Mais je n’ai pas pris de notes en voyage

“Pardonnez-moi mon ignorance

“Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers”

Comme dit Guillaume Apollinaire

Tout ce qui concerne la guerre on peut le lire dans les Mémoires de Kouropatkine

Ou dans les journaux japonais qui sont aussi cruellement illustrés

À quoi bon me documenter

Je m’abandonne

Aux sursauts de ma mémoire…

À partir d’Irkoutsk le voyage devint beaucoup trop lent

Beaucoup trop long

Nous étions dans le premier train qui contournait le lac Baïkal

On avait orné la locomotive de drapeaux et de lampions

Et nous avions quitté la gare aux accents tristes de l’hymne au Tzar.

Si j’étais peintre je déverserais beaucoup de rouge, beaucoup de jaune sur la fin de ce voyage

Car je crois bien que nous étions tous un peu fous

Et qu’un délire immense ensanglantait les faces énervées de mes compagnons de voyage.

Comme nous approchions de la Mongolie

Qui ronflait comme un incendie

Le train avait ralenti son allure

Et je percevais dans le grincement perpétuel des roues

Les accents fous et les sanglots

D’une éternelle liturgie

J’ai vu

J’ai vu les trains silencieux les trains noirs qui revenaient de l’Extrême-Orient et qui passaient en fantômes

Et mon œil, comme le fanal d’arrière, court encore derrière ces trains

A Talga 100.000 blessés agonisaient faute de soins

J’ai visité les hôpitaux de Krasnoïarsk

Et à Khilok nous avons croisé un long convoi de soldats fous

J’ai vu, dans les lazarets, des plaies béantes, des blessures qui saignaient à pleines orgues

Et les membres amputés dansaient autour ou s’envolaient dans l’air rauque

L’incendie était sur toutes les faces, dans tous les cœurs

Des doigts idiots tambourinaient sur toutes les vitres

Et sous la pression de la peur, les regards crevaient comme des abcès

Dans toutes les gares on brûlait tous les wagons

Et j’ai vu

J’ai vu des trains de 60 locomotives qui s’enfuyaient à toute vapeur pourchassées par les horizons en rut et des bandes de corbeaux qui s’envolaient désespérément après

Disparaître

Dans la direction de Port-Arthur.

À Tchita nous eûmes quelques jours de répit

Arrêt de cinq jours vu l’encombrement de la voie

Nous le passâmes chez Monsieur Iankéléwitch qui voulait me donner sa fille unique en mariage

Puis le train repartit.

Maintenant c’était moi qui avais pris place au piano et j’avais mal aux dents

Je revois quand je veux cet intérieur si calme, le magasin du père et les yeux de la fille qui venait le soir dans mon lit

Moussorgsky

Et les lieder de Hugo Wolf

Et les sables du Gobi

Et à Khaïlar une caravane de chameaux blancs

Je crois bien que j’étais ivre durant plus de 500 kilomètres

Mais j’étais au piano et c’est tout ce que je vis

Quand on voyage on devrait fermer les yeux

Dormir

J’aurais tant voulu dormir

Je reconnais tous les pays les yeux fermés à leur odeur

Et je reconnais tous les trains au bruit qu’ils font

Les trains d’Europe sont à quatre temps tandis que ceux d’Asie sont à cinq ou sept temps

D’autres vont en sourdine, sont des berceuses

Et il y en a qui dans le bruit monotone des roues me rappelle la prose lourde de Maeterlinck

J’ai déchiffré tous les textes confus des roues et j’ai rassemblé les éléments épars d’une violente beauté

Que je possède

Et qui me force.

Tsitsika et Kharbine

Je ne vais pas plus loin

C’est la dernière station

Je débarquai à Kharbine comme on venait de mettre le feu aux bureaux de la Croix-Rouge.

Ô Paris

Grand foyer chaleureux avec les tisons entrecroisés de tes rues

Et tes vieilles maisons qui se penchent au-dessus et se réchauffent

Comme des aïeules

Et voici des affiches, du rouge du vert multicolore comme mon passé bref du jaune

Jaune la fière couleur des romans de la France à l’étranger.

J’aime me frotter dans les grandes villes aux autobus en marche

Ceux de la ligne Saint-Germain-Montmartre m’emportent à l’assaut de la Butte

Les moteurs beuglent comme les taureaux d’or

Les vaches du crépuscule broutent le Sacré-Cœur

Ô Paris

Gare centrale débarcadère des volontés carrefour des inquiétudes

Seuls les marchands de couleur ont encore un peu de lumière sur leur porte

La Compagnie Internationale des Wagons-Lits et des Grands Express Européens m’a envoyé son prospectus

C’est la plus belle église du monde

J’ai des amis qui m’entourent comme des garde-fous

Ils ont peur quand je pars que je ne revienne plus

Toutes les femmes que j’ai rencontrées se dressent aux horizons

Avec les gestes piteux et les regards tristes des sémaphores sous la pluie

Bella, Agnès, Catherine et la mère de mon fils en Italie

Et celle, la mère de mon amour en Amérique

Il y a des cris de sirène qui me déchirent l’âme

Là-bas en Mandchourie un ventre tressaille encore comme dans un accouchement

Je voudrais

Je voudrais n’avoir jamais fait mes voyages

Ce soir un grand amour me tourmente

Et malgré moi je pense à la petite Jehanne de France.

C’est par un soir de tristesse que j’ai écrit ce poème en son honneur

Jeanne

La petite prostituée

Je suis triste je suis triste

J’irai au Lapin Agile me ressouvenir de ma jeunesse perdue

Et boire des petits verres

Puis je rentrerai seul

Paris

Ville de la Tour unique du grand Gibet et de la Roue.

mardi 8 février 2022

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Et voici que je trouve des corrélations entre l'artiste allemand Oskar Schlemmer, étudié il y a quelques années, pour mes recherches, et l'artiste Giovanni Battista Bracelli, italien, lui, bien en amont ! Son recueil de gravures qu'il intitula Bizarrie di varie figure est étonnant et très beau.

/

/ (Extrait encyclopédique)

BRACELLI GIOVANNI BATTISTA (1re moitié XVIIE s.)

On ignore tout de la vie de cet artiste florentin qui est devenu subitement célèbre vers 1930, quand nombre d'artistes de l'avant-garde découvrirent en lui un étonnant précurseur. Les quelques gravures que l'on connaît de lui situent son activité entre 1624 et 1649, principalement à Rome, semble-t-il. Mais seul son très curieux recueil qu'il intitula Bizarrie di varie figure mérite de retenir l'attention. Révélé par un article de L'Amateur d'estampes en 1928, il fut remarquablement analysé l'année suivante par sir Kenneth Clark dans le Print Collector's Quarterly. Ce recueil de cinquante estampes de petit format daté de 1624 comprend un titre, un frontispice, une dédicace, et quarante-sept gravures légèrement tracées à l'eau-forte, que Clark divise en trois groupes : « calembours » plastiques assez peu réussis (un port figurant un corps humain, un bateau composé de nus) ; une série de compositions humaines figurées par divers ustensiles assemblés (casseroles, raquettes) ; enfin, et le plus intéressant, des personnages réduits à des formes géométriques (sphères, cylindres, cubes) ou à des motifs divers, rubans, charpentes.
Clark voit avec raison dans ces inventions insolites l'application des recherches maniéristes dans le domaine de la « représentation figurée » — c'est-à-dire l'assimilation symbolique ou fantaisiste d'une image à un concept —, très à la mode depuis le milieu du XVIe siècle, dans un monde de plus en plus fasciné par les machineries. Il faut ajouter que Bracelli travaille à une époque où le grotesque, jusqu'alors simple élément du décor, devient de plus en plus humoristique parce qu'il est associé aux représentations triviales mises à la mode en Italie par les Carrache, et qu'il est utilisé pour exprimer le burlesque du théâtre italien. La correction du dessin de Bracelli, l'élégance même de certaines attitudes interdisent cependant d'y voir, sinon un divertissement, du moins une œuvre comique. Cependant certains « calembours », comme ce personnage qui aiguise un couteau sur son ventre figuré par une meule, ressortissent nettement à la comédie, mais d'autres, qui ne sont pas sans évoquer les personnages « métaphysiques » de Giorgio de Chirico, sont tout aussi bien inquiétants ou fantastiques.
Des recherches techniques du même ordre, mais qui n'ont pas la même portée, avaient été menées un peu avant dans l'atelier de Cambiaso à Gênes, mais Bracelli est beaucoup plus original. On comprend alors son succès auprès des surréalistes. Outre ce recueil, Bracelli n'a fait que quelques gravures sans grand intérêt, dont une suite de Figure con instrumenti musicali (1629). Il est cité comme peintre mais on ne connaît aucun tableau de lui. Il n'existe que neuf exemplaires répertoriés des Bizzarie, dont un seul (coll. Rosenwald) complet. Il a été publié en fac-similé par Alain Brieux en 1963 avec une préface de Tristan Tzara.

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Le Ballet triadique (Triadisches Ballett) l'œuvre chorégraphique expérimentale d'Oskar Schlemmer et Hannes Winkler... En 1937, Oskar Schlemmer fut diffamé, comme tant d'autres artistes et fiché par les nazis comme artistes dégénérés et interdit d'exercer. Son œuvre m'a beaucoup parlé et me parle toujours.

mardi 18 janvier 2022

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Peintures de Félix Vallotton (1865-1925)

J'ai déjà publié sur Valloton, avec mes quelques vignettes de ses peintures, je trouve des points en commun avec mes photographies, dessins, un siècle plus tard, et avec de nouveaux outils ou manières de voir le monde. Dans ces vignettes figurent une douceur du regard et des facultés de coloriste indéniables. Il y a quelque chose de frais et d'enfantin, celui d'envisager les arbres, étendues d'eau, couchers de soleil, comme des éléments de couleurs. Ils s'agencent dans l'espace comme des objets en relation intime les uns avec les autres, liés par un sentiment paisible, qui masque bien des tourments. Il était écrit à son sujet, indépendant, secret, passionné, réfléchi et sensuel, misanthrope, dessinateur prolifique, il s’est essayé à la sculpture et aux arts appliqués, il a écrit dès son plus jeune âge (des critiques d’art et des essais, des pièces de théâtre et trois romans) Des capacités hors normes pour échelonner ses expressions sur différents médiums, médias...  Ses œuvres m’apparaissent comme des évidences, non parce qu'elles sont décrites comme "simples", mais parce qu'elles résument, elles sont la synthèse de ces sentiments sereins, après le chaos, d'un retour au calme et aux aspects savants de la méditation intérieure, du repos, d'un art complexe de saisir le moment opportun de la lumière ; d'un point de vue de découvreur, sur une vallée, ou celui d'un photographe ou d'un graveur, qui regarde d'en haut ; les petits hommes et les petites femmes, le sable depuis une falaise, des sortes de vues grand angle, ou télescopiques. Ses gravures en noir et blanc sont charmantes et esquissent cet art de poser le yin et le yan, de savoir déceler une émotion entre deux, et entre deux personnages, deux amoureux, une foule, la délectation d'une paresse, d'un chat noir qui s'étend comme un chemin d'abandon. 

L'abandon de soi, sublimé. 

Lorsque l'on est passionné, il nous reste encore de quoi partager, à d'autres passionnés de l'art. L'imagination libère d'autres temps pour les artistes et les doux rêveurs, rêveuses.

mercredi 29 décembre 2021

♓∀Ṕℙ¥ ℋ∀ṔℙУ

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Um mar calmo e brilhante, uma mãe.

O mar, o oceano, a paisagem sem senha, sem palavra de passe, sem caixa eletrônico...

Mãezinha.

Illustration © Sonia Marques

lundi 27 décembre 2021

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Illuminations

































































































Illustrations de la bande dessinée © Sonia Marques



samedi 18 décembre 2021

ℬ☮Ѧϟ ℉∃$†Åϟ

Cette carte de vœux est toujours d'actualité. Je l'ai créée pour les fêtes de fin d'année en 2017 ou 2018, cela n'a pas d'importance, puisqu'elle fut intégrée à la page d’accueil de mon site Internet. Celui-ci, visionnaire, préfigurait une notion de confinement. Les bonnes fêtes étaient ainsi souhaitées à toutes celles et ceux avec qui j'ai travaillé, mes amis également, mes proches et très proches, et les amis très distants, celles et ceux, dont la distance kilométrique, de pays à traverser, ne permet, ces temps-ci, que d'être en relation, par écran interposés, bien plus que par la voix (le téléphone) Nous pouvons le regretter, notre société, n'a pas trouvé mieux que ces modes de communication qui font très mal aux yeux, et même, dans les milieux professionnels, il est recommandé de télétravailler. Imprimée et envoyée à plusieurs, cette carte fut aussi une (grande) carte de coordonnées. Chanceux et chanceuses à celles et ceux de l'avoir reçue, avec tendresse.

Au-delà de cette notion festive, chère à mon cœur, elle annonçait ma nouvelle compagnie. Je n'ai de cesse de m’intéresser au monde animal. Une nouvelle naissance, l'éthologue rencontrait le quotidien de l'artiste, quasi convalescente, après avoir donné tout son temps au service des autres humains, les animaux aussi se trouvaient rassemblés dans une arche providentielle.

La page d’accueil de mon site Internet n'a pas changé, elle exprime une certaine permanence, dans un monde en perpétuel changement.



La page de ma biographie à feuilleter, provient aussi d'une création, hors ligne, devenu textile, issue d'un dessin de grande taille (plus grand que ma taille humaine) d'un personnage, un magicien, en train de peindre avec des cymbales ("Domino") liée à la dominoterie et aux corps flottants, présents dans mon travail artistique, qui m'a accompagné dans la durée. Un merveilleux programme de recherche, qui m'habite. Comme des dominos, ce jeu étonnant d'adresse et d'imprévus, (autre terme utilisé pour des jeux spectaculaires de petits dominos) mes œuvres artistiques forment des réactions en chaîne. Souvent, un élément qui semble mineur, pour d'autres, provoque un changement de proximité à d'autres créations en chantier, qui provoque d'autres changements similaire, et ainsi de suite. Cet effet Domino, suite d'événements liés entre eux, est une métaphore intéressante, dans ma méthode de travail et d'expression artistique, car elle prévient du risque systémique, tout en exposant la faille d'un système. Mais il ne peut être décodé que par des sachants. L'expertise de l'image et des arts graphiques, de la communication, est un art de l'histoire des images et de leurs capacités à générer du lien et de traverser des frontières. C'est dans "le toucher", associé à une certaine acuité visuelle, que mon art tente d'ouvrir un champ d'émotions : c'est plus par les poils et les plumes, que j'ai le mieux réussi, à traverser la complexité des relations sociales, en explorant des langages, qui m'étaient totalement inconnus, et dont, je n'avais reçue aucune formation, si ce n'est, d'avoir été très jeune, confrontée à des animaux différents. Et ce, certainement dès ma naissance. Une de mes cousines plus âgée que moi m'avait raconté, qu'elle était restée très impressionnée par des portraits photographiques en noir et blanc agrandis et affichés chez mes parents (les auteurs), de moi, petite, sur un âne qui semblait immense, dans un chemin de terre. Est-ce que je semblais être à cheval (d'un âne), avant de savoir marcher, les mains dans les poils ? L'âne est déjà un animal très particulier, qui n'en fait qu'à sa tête.

N'en faire qu'à sa tête...

Extrait du dessin Domino.

Œuvres multimédias © Sonia Marques

*

Il y a toujours plus grand que soi. Le pouvoir des assujettis, dans le monde animal, et aussi, je l'éprouve, chez les êtres humains, est dominant. N'en déplaisent à celles et ceux qui continuent de penser, que seuls les dominants déclarés, décident de qui est dominé. Mon observation de certaines espèces animales et leur potentiel à communiquer sans aucune voix, et par leurs sensibilités, chatoyantes, m'ont beaucoup appris de langages dont nous nous trouvons assujettis, sans en avoir une once de contrôle, ni de domination. Cela confère aussi, au lien avec le paysage qui se transforme et le climat, sur terre.

*

J'écrivais ceci sur Domino, et ses couleurs flottantes (2013-2015) :

Domino est le nom que je livre à cette œuvre. Elle représente un magicien qui fait de la peinture. Je ne dirai pas un peintre, car avec ses outils, ses cymbales, cet instrument de musique percutant, il fait de la peinture, il ne la pratique pas, il la fait apparaître par hasard. Ses cymbales trempées dans la couleur sont les pinceaux qui mélangent les couleurs. Son costume et le fond sont la palette et le décor. On peut distinguer parfois des tracés qui s’effacent progressivement dans un ton uni et puis des contours qui cernent d’autres tons, jusqu’à former des motifs de camouflages. Cette création est issue de plusieurs études historiques. Je laisse flotter des notions lorsque je peins dans ma tête, des histoires qui n'ont pas de couleur, pas d'images, ni de représentation. Je leurs dédie un dessin, je leurs attribue des gammes et des nuances de couleurs. Pour ne pas perdre le rythme de cette pensée dansante, j’ai imaginé des couleurs qui seraient non miscibles entre elles, qui se repoussent et s'épousent, dont j'observais leur sensualité se dessiner avec Domino et ses instruments de musique jetés ensemble, comme des percussions synesthésiques. D'ailleurs, le mot Cymbales vient du grec, kumbalon, signifiant jetés ensemble, de la même origine que le mot Symbole. Si les cymbales sont utilisées dans la musique populaire, des fanfares folkloriques aux marches militaires, et au jazz, elles sont apparues pour la première fois dans l’ancienne Assyrie (le nord de l’actuel Irak), en Egypte et en Judée. On se servait également de petits instruments similaires en Occident. Ce n’est pourtant qu’au XVIIIe siècle que les grandes cymbales originaires de Turquie sont arrivées en Europe. Je voyage à travers la création. Et je stationne un moment dans une œuvre avant de repartir. La réalisation est une clôture, mais pas une finitude. Domino me laisse une fenêtre ouverte sur la peinture. Il me semble que la peinture maquille un drame, quelque chose de grave, afin de se sentir vivant. Ce personnage symbolise une cartographie, un paysage, des plaines et des surfaces agricoles vues de près, vues d'en haut, abstraites et parcellisées.


Au crépuscule ce jour, me viennent ces pensées...
Sommes-nous sensibles ? Seulement, si nous savons préserver nos qualités sensibles, l'ignorance balaie de son renoncement, l'accès sensuel à ces qualités intrinsèques à la vie et donc, à la condition de la meurtrissure. L'insensibilité est un paravent. Il suffit d'une rencontre pour ôter ce préjugé et parvenir à l'humilité. Défaillir d'amour, comme le jour se pâme au crépuscule.

vendredi 3 décembre 2021

ḠÜЇℜℒ∀ИÐℰ$


Extase est un diaporama de photographies de vues de montagnes sur une plage sonore longue d'une composition musicale que j'ai nommée Island. Projeté sur grand écran et exécuté par un programme informatique, il était programmé lors des démos de Téléférique, un groupe d'artistes que j'ai co-fondé en 1999, dans plusieurs lieux à travers la France, sur une durée de quelques années. Une période de transition, fin des années 90 et début des années 2000. Une année charnière où pas mal d'expériences étaient tentées, un peu comme un feu d'artifice d'un siècle à une autre. Les photographies, que j'ai travaillées, s'organisaient, dans mon esprit, comme des espaces inventés, des paysages d'altitudes, bien que certaines vues se posent au sol. La couleur est la dimension picturale la plus remarquable de ces sites, qui, in fine, n'existent pas, sauf dans mon esprit. Si cet extrait représente ici des vignettes comme des timbres-postes, dans la programmation exposée, la projection était très grande, et nous étions en immersion dans ces paysages. La musique répétitive que j'ai créé, venait vraiment de mon esprit et je ne connaissais pas, à cette période Terrence Mitchell le compositeur contemporain américain, de la musique minimaliste californien, et pourtant, je pense que cette composition aurait pu en être issue. Étrange, non ?
Je n'écoutais pas alors, de musique minimaliste, mais plutôt technoïde. Plusieurs compositions sonores ont été réalisées ainsi, sans référence, et pourtant, c'est bien moi qui les ai composées. Il y a eu des journalistes qui venaient interroger mes amis, membres du collectif, pour leurs demander sans arrêt si c'était eux, les compositeurs, et ils souhaitaient vraiment rencontrer l'auteur, en pensant que cela devait être un homme. Mais leurs réponses les décevaient lorsqu'ils me montraient du doigt : c'est elle. Ils rebroussaient chemin, sans m'interroger, mais continuaient après à contacter chaque homme de mon collectif et finissaient par en inviter quelques uns dans leur programmation musicale, d'autres festivals. Cela ne me gênait pas, dans le sens où je n'aurai pas pu travailler avec des personnes obnubilées par le genre et ainsi, rien n'était dénaturé de ce qui sortait de mon esprit.
La période de décembre me fait penser à cette démo enneigée, que j'avais organisée, pour un festival, un symposium des arts électroniques international, avec mes amis. Le flyer, que j'avais dessiné, était à l'image d'une cartographie en montagne avec des téléphériques, icônes de notre groupe, qui préfigurait le mode de téléchargement d’œuvres d'art, dans un protocole de transfert, en FTP. C'était très ingénieux ! Un 8, 9, 10 décembre de l'année 2000, il faisait aussi froid que ces jours-ci, et nous étions très précaires, et pourtant avec des rêves immatérialistes, que nous avions réussi à matérialiser, avec une solidarité assez extraordinaire, mais aussi un enthousiasme plus fort que tout, une foi dans nos avancées, que je trouve toujours magique. Et pourtant si modestes. Il fallait avoir l'amour et la capacité de réunir des jeunes personnes si différentes, de culture et de genre, et aussi techniquement aux prémices du numérique, j'étais formatrice autant que je me formais. Mon appartement ressemblait à une table aux multiples entrées. Ma capacité d’accueil était naturelle. Puis le contexte à changé et en changeant de ville et de région, mes méthodes d'apprentissages, de formations, d’accueil, ont aussi changé. L'altitude se mesurait, plus j'explorais, moins j'étais suivie. Et mes traces s’effaçaient. Si j'étais un guide, celui-ci, la guide, celle-ci, est partie très loin devant. La cordée était si lourde, et tirait si fort que j'ai dû, à un moment, prendre appui sur de nouveaux repères, en laissant mes amis prospèrent sur les bases. Quand on voit loin, on doit se fier à sa ligne de crête, solitaire.

Là je regardais les années 2000. C'est loin et c'est aussi proche pour d'autres qui découvrent ces reliefs, bien plus tard.

Ce qui reste très vivant, c'est cette joie, je pense qu'elle est très vivante, et se manifeste au souvenir, mais aussi, dans ces moments de repos où j'estime qu'il faut se reposer. Pas beaucoup de cabanes dans la montagne, et un petit hélicoptère sauverait bien de difficultés inutiles, mais il est agréable aussi de grimper avec peu, d'être léger et croiser une chouette effraie. Blanche, et son bébé.
Souvent ces oiseaux, comme tant de perroquets, ou de toucans, dans les pays où il fait chaud, se posent des questions lorsqu'ils regardent la caméra de surveillance. On peut ainsi les voir, être filmés, à leur insu, regardant à travers l'objectif à plusieurs reprises, détournant ainsi la visée, s'imposant comme être vivant dans la majeure partie de l'image, de l'écran, de la vignette donc. Ces animaux nous regardent les regarder, sans savoir qu'ils occupent un espace non prévu pour eux. Ce comique de situation est exactement ma situation. Je regarde un appareil quelconque destiné à surveiller, de façon étrange, comme si cet objet n'avait pas d’intérêt pour moi, si ce n'est que parfois me gêner, parfois m'amuser, et en le titillant, j'agace les observateurs et les observatrices, qui ont conçu cet appareil, pour surveiller les routes, ou les voleurs, ou parfois je les amuse. Mais je suis vue comme un animal surprenant et idiot.

Le problème est que "le quelconque" a demandé beaucoup de techniques et de crédits, souvent à des fins politiques, qu'il y a des armées derrière (ou parfois justement plus personne, les caméras de surveillance ne sont pas surveillées et souvent abandonnées) et qu'agir ainsi peut sembler, se moquer de la politique. Hors, c'est une méprise, je ne parle pas le même langage et ne me meus pas dans la visée d'un tel appareil de surveillance. Avec mes patauds essais, parfois de virer l'engin et le mettre hors service, ma vie ne s'en trouve pas modifiée. Tandis que c'est un drame de ne plus voir ni pourvoir surveiller, ni d'être bien vus pour d'autres.

Les incognitos

L'autre visuel, est celui d'une double page, de mon édition, nommée Les incognitos, réalisée plus tard, en 2011, le collectif Téléférique était dissout, j'avais déménagé dans une ville que je ne connaissais pas, mais j'avais embarqué mes dessins commencés déjà en banlieue parisienne, dessinés à l'encre de Chine noire sur de grands formats. La réalisation de cette édition, permettait de passer à la couleur et de travailler les superpositions. Les 2 monstres choisis, en vert et rouge, me faisaient penser à Noël, et je ne les avais jamais évoqués avec Extase. Pourtant, ces dessins et ces inventions d'icônes, étaient déjà présentes dans d'autres projets présentés, collectif, je pense à Phosphène, un format très hallucinogène, que j'avais co-réalisé, et jouait en direct avec Robin Fercoq, devant un public très surpris, en pianotant nos claviers d'ordinateur. Je me souviens de toutes les phases de réalisations, dans mon appartement ou dans le sien, souvent le soir, car je travaillais le jour pour payer mon loyer, dans d'autres entreprises privées, pas facile de jongler, mais, c'était exceptionnel, quand on est jeune, on est capable de faire tellement de choses diverses, que l'on ne se rend pas compte, qu'elles seront un réservoir inépuisables d'acquis et de beaux souvenirs.

Cette édition s'inscrivait dans des éditions que je nommais Isolarii, et secondaient la création d'un site Internet sur les Îles : Nissologie. Toutes ces idées, riches, renvoyaient à d'autres idées, puis ces autres idées renvoyaient à d'autres idées. Autant dire que je m'amusais à penser à une université pour une seule personne, la plus isolée, n'était-ce pas là, la perception de l'exclusion que  j'abordais avec humour, ou de l'exclusif. Au plus loin, au plus haut, toujours pour prendre de l'altitude, n'y avait-il pas là de quoi se retrancher dans un espace difficile d'accès. Surtout si l'on doit affronter ces monstres rouge et vert ?

C'était ainsi sonné :

Isolarii : Nom des éditions nissologiques.
* Auteur : Sonia Marques, artiste, professeur
* Recherche : oLo (Observatoire du Langage des Oasis)

"Ces isolarii (insulaires) sont mes poussières de continents, des recueils, catalogues, cartographies, histoires, illustrations, poésies, curriculums, manifestes, essais, collaborations, toutes sortes de textes, images, enrichis par l'expérience personnelle de leurs auteurs. Comme les recueils d'îles du XVe siècle, dont est inspiré le nom de cette édition, ils concernent des unités "étroitement circonscrites et aisément descriptibles", ils s'adressent aux poètes, navigateurs, artistes, chercheurs et s'inscrivent dans l'Observatoire du Langage des Oasis, (oLo)"

* Isolarii : Name of the nissology's editions
* Author : Sonia Marques, artist, professor
* Research : oLo (Observatory of the Language of Oases)



Mon observatoire du langage des oasis n'a pas cessé, depuis, de s'agrandir.

samedi 6 novembre 2021

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Photographies © Sonia Marques

samedi 30 octobre 2021

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Photographies © Sonia Marques

Sentinelle du désert, petit suricate, la délicate. L'eau a éteint le feu, la baleine translucide devinait, son coucher de soleil une nuit étoilée, nous faisait parvenir ses pétales de papiers métallisés, pliés, reposés. Autant d'écus d'or sous nos pieds, les années ont passé, sans s'éterniser. Le minuscule éléphant n'en était pas un, il tournait le dos et regardait son ombre, très à l'écoute, son fessier éclairé, dans une marre émeraude, quelle merveilleuse tapisserie, elle-même assise, miroir de lignes turquoises, au flanc fléché. Esthète pierrot, merci les bons jours, adieux les subterfuges. Artistes, les ardeurs redoublent de mérites, des années de fabrications, de couleurs et d'inventions, imprévisibles et audacieuses, des intentions dédiées aux âmes fidèles. La baleine de cristal nous faisait parvenir ses pétales de paillettes, observés par les lapins du pays des merveilles.
Qu'il est doux d'être arrivé aussi loin, aussi haut, as-tu déjà vu un terrier qui vole ?

dimanche 24 octobre 2021

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Le jour avant le bonheur


Nous sommes allés visiter l'exposition, qui porte bien son nom, Le jour avant le bonheur, au musée des Beaux-Arts de Limoges, de Louttre.B.

Marc-Antoine Bissière, dit Louttre.B (1926-2012) est imprégné par un milieu artistique parisien effervescent dès son plus jeune âge ; il côtoie notamment par l’intermédiaire de son père, le peintre Roger Bissière (1886-1964), des artistes tels que Georges Braque ou Louis Latapie. À partir de 1938, la famille part s’installer dans la maison familiale de Boissierette (Lot), où le tout jeune homme commence à peindre aux côtés de son père. Louttre.B développe rapidement une recherche abstraite qui lui permet d’étudier les rapports colorés et trouve son identité artistique dès les années 1960 en créant un vocabulaire pictural propre, continuellement renouvelé ; il expérimente sans cesse à travers une forme de figuration que l’on retrouve dans nombre de ses œuvres. Proche de la terre, il construit une approche artistique sensible et empathique, teintée d’humour. Il diversifie ses pratiques et multiplie les expériences, créant des sculptures monumentales, des gravures, des livres d’artistes ou encore une série de pièces en porcelaine pour la manufacture de Sèvres.

Ces toiles nous ont offert un écho éblouissant dans ce Musée au cœur du jardin de l’Évêché, en plein soleil, un écrin où la nature déployait, ce jour, de somptueuses parades colorées, sous des arbres exotiques, des pétales jonchaient le sol, des feuilles séchées qui se retournaient et nous révélaient l'envers du décor. Ravissantes peintures que celles de cette nature, mais encore plus charmantes, les peintures de Louttre B., qui résonnaient avec cet été, ou cet Automne, ou cet hiver qui grimpe sur les branches secouer ce qui doit partir. Ce qui n'est plus essentiel, n'est-ce pas, doit nous quitter, afin de faire une table rase pour préparer la nouvelle année. Alors en regardant chacune de ces peintures, je savais déjà, que j'allais garder celles-ci pour les années à venir, et balayer toutes les perfides manifestations, sans aucune commune mesure, avec cette ouverture proposée, honnête, dans cette jubilation des tons et des sablés : merveilleuses destinées, que celle de la peinture sauvegardée, et très peu connue.

Si les jaunes, dans cette nature étaient les favoris, parsemés de rouges et dans la disparition progressives de verts, dans les peintures très bien encadrées, je distinguais des mauves et des roses si doux, côtoyant les bleus francs et les coups de pinceaux rythmés, sur du sable chaud, des empreintes, des griffures. De petites maisons, des collines ou châteaux, des fleurs énormes, voici que j'étais presque dans mes photographies. Mon compagnon me disait que ces peintures ressemblaient aux miennes, oui, il y avait un air frais, et cela fait plaisir, une connivence quelque part, parmi les isolements. Alors on joue aussi, on rigole des tons et des mats, que c'est mat ! C'est fort et c'est graphique, terriblement enfantin, et sauvage, superbement maîtrisé et sans aucun complexe de la couleur. Tout se propose, sans jamais être frustré, tout nous expose à de nouvelles dimensions de nuances, des poésies frontales et de petites fenêtres sur des rêves ou des souvenirs, autant de portes ouvertes qui ne souhaitent jamais fermer notre regard. Que c'est beau de ne pas fermer sa porte, c'est assez rare, au pays où tant de portes se ferment, suppriment des couleurs non désirées, parce que différentes, exquises, singulières, vives, des prénoms divins, des noms marqueurs d'histoire, de lune et de ciel étoilé : pour tous. Rien n'est de trop, rien n'est à enlever. Matisse était tout proche, des motifs, des ciels rois et des traits noirs épais, des découpages poudrés, gouachés. Luxuriance et profondeur des verts dans des pluies de jaunes sablés lumineux. Les gestes saccadés, de surimpressions, couches et sous-couches, reliefs, collines surlignées, palmiers noirs, maisons blanches de craies, nuages jetés, épris de vitesse, un paysage penché parfois, comme si, par la vitre d'un véhicule qui roule très vite, et même doucement, ou d'un train, on apercevait le rayon du soleil repasser les arbres et les fleurs et les toits des maisons, juste avant que tout coule. Pfff !

Photographies © Sonia Marques






























































Alors, nous n'avions plus qu'à sortir du Musée, et entrer dans les peintures...







































































































































Photographies © Sonia Marques



En retard...

C'est les vacances !


jeudi 7 octobre 2021

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Photographie © Sonia Marques

Soleil /


Je pensais à "La fille du soleil"... Cette chanson que j'avais écrite et chantée pour l'album "Cocotriste", dont la musique est composée par Rico Zerone, elle venait d'un de mes poèmes. Il habite à Vienne en Autriche.
Vienne et Haute-Vienne...
> Vienne, est la capitale de l'Autriche, située à l'est du Danube. Son héritage artistique et intellectuel d'après les encyclopédies : Mozart, Beethoven et Sigmund Freud. Réputée pour ses palais impériaux, dans ses Musées, sont exposés des œuvres d'Egon Schiele, de Gustav Klimt et d'autres artistes...
Et moi, je suis dans la Haute-Vienne.
> En France, la Haute-Vienne est un département français, situé dans la région Nouvelle-Aquitaine. Cela vient de la rivière Vienne (Vient-Vienne...), qui le traverse d'est en ouest. Sa préfecture et principale ville est Limoges. L'Insee et la Poste lui attribuent le code 87...
Et voici que les arts décoratifs ne sont pas très loin, pour une artiste, tout est si proche !
Comme un mouvement, le va-et-vient, tout cela sonne déjà comme une musique !

Être la fille du soleil est un tout un programme, l'astre le plus important, tout tourne autours du soleil...
Très belle période que la création de cet album et des autres. J'avais fait écouter, le morceaux de Cocotriste, il y a quelques années, lors d'une conférence sur un ensemble de mes œuvres artistiques récentes, qui comprenait une pièce de théâtre pour enfant, des poèmes, des sculptures, des tapisseries, des dessins numériques et des compositions sonores, ainsi que tout un travail sur mon enseignement et les réalisations d'étudiants et l'on m'avait dit : Alors, quand est-ce que Coco n'est plus triste ? En souriant. C'était inattendu comme interprétation, plutôt littérale. La période était-elle triste ou gaie ? Et est-ce qu'il était question des cocos ? Rien de tout cela. Nous l'avions créée de façon très sérieuse et limpide. Cocotriste est une sorte de crocodile, les premières paroles sont : "Il vivait dans un fleuve, ses larmes l'avait formé..." C'est un animal exotique qui pleure, et sa sensibilité nous rappelle à quel point, les larmes sont des armes. J'avais d'ailleurs dessiné un très grand dessin de deux armées de crocodiles qui s'affrontaient à la ligne noire extrêmement fine et délicate, je pense me souvenir qu'il faisait deux mètres de long. Aujourd'hui ce coco, infiniment sensible et martial, je pense à lui. Plusieurs cycles de vies sont passées depuis. Il était quelque part un annonciateur, un animal majestueux et généreux, incapable de violence, contrairement aux crocodiles, pourtant il vient de cette famille. Sa défense en cas d'attaque, est en revanche, implacable, rien ne lui résiste, par sa gentillesse et son courage.

Ces beaux jours, artiste limougeaude, je réalisais des photographies ensoleillées, elles me faisaient penser à un peintre, né à Limoges, Paul-Élie Ranson (1861_1909) car ses œuvres ont un sens du décor, ce qui annonce l'Art nouveau, il appartenait aussi aux nabis. Je pensais aussi aux vitraux réalisés par le maître verrier américain Louis Comfort Tiffany. Lorsque l'on crée, on pense à beaucoup de choses, c'est une sorte de culture personnelle, on apprend où l'on vit, d'où l'on vient, où l'on rêve d'aller. J'écoute Claude Chalhoub, puis Bachar Mar-Khalifé, tous deux libanais. Bachar, j'ai eu l'occasion de le voir jouer à Poitiers, c'était magique. Récemment je découvrais ses interprétations des Gnossiennes d'Érik Satie, que j'ai pu jouer au piano, ou bien sa danse électro pour Musique de fête, très sympa et effectivement : on danse...


Donc être la fille... du soleil : tout un programme, chantant et dansant <3
Être photographe, écrivain, dessinatrice, danseuse... tout un programme, composer des musiques... et travailler avec des amis... ou enseigner... tout un programme, sans jamais se prendre au sérieux... Paul-Élie Berthet, était aussi un curieux de tout, il s'intéressait à la théosophie, au spiritisme, à la magie, à l'occultisme, ce qui le distinguait des autres nabis (Nabi est le nom que se sont donné les jeunes peintres qui se regroupent autour de Paul Sérusier, vers 1888. Le terme nabi, en arabe, ou nevi'im, נביאים en hébreu, signifie dans un sens actif « orateur » ou « annonciateur », ou, dans un sens passif, « celui qui est ravi dans une extase » ou « appelé par l'esprit ». En Occident, nabi a été traduit par « prophète », « illuminé », ou encore « celui qui reçoit les paroles de l'au-delà », « l'inspiré de Dieu ») Il avait donc plusieurs activités et les arts décoratifs furent aussi des voix explorées dans des matériaux et arts appliqués variés : panneaux décoratifs, papiers peints, tapisseries, vitraux, décors de théâtre...







Des peintures de Paul-Élie Berthet

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Ravi dans une extase /



La fille du soleil
Photographie © Sonia Marques (octobre 2021)

mardi 10 août 2021

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No âmbito do GeoPalcos, Albufeira inaugura às 18h30 do próximo dia 2 de julho, sobre a Ponte Medieval de Paderne, uma instalação ‘outdoor’ da autoria de Vanessa Barragão, artista que Albufeira viu nascer e crescer. Um curso superior lançou a artista no mundo dos têxteis, a partir dos quais tem criado obras artísticas que têm percorrido parte do mundo, constando já uma das suas criações no Palacete de S. Bento, numa parede da residência oficial do Primeiro-Ministro.
Descobri este artista incrível e muito produtiva, Vanessa Barragão, através de uma obra têxtil realizada numa ponte, em Portugal. Então, fiz uma pesquisa diferente. Se a sua produção é quase invasiva e eu diria demoníaca, rica, sumptuosa, dotada de paciência e sobretudo ela é uma pintora, uma colorista. Porque a cor é a guia do seu imaginário, assim como a paisagem marítima, então se é tão demoníaca é porque está rodeada de múltiplas indústrias, novas formas de pensar a reciclagem em grande escala. Várias residências e várias empresas, aproximaram-se, portanto, desta talentosa artista para fazer anúncios elogiosos. Muita imprensa, muitos produtos, tapetes, muito ... Sou admiradora do seu trabalho, tão jovem, mas ao mesmo tempo é um pouco assustador. Há um excesso e uma promoção gigantesca. As obras são impressionantes, mas vários elementos são feitos à mão por várias pessoas e sua família.

Na França, o acompanhamento dos artistas é tão diferente e tão difícil, há pouco reconhecimento do que a mão sabe, mas também pouco reconhecimento no ensino, e às vezes há até rejeição. No entanto, a cultura é reconhecer os talentos e a variedade de know-how (saber-fazer), sejam eles digitais ou artesanais.


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jeudi 15 avril 2021

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Photographies © Sonia Marques

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Singe pose sur l'autre, ses mains de fourrure
Palmes vertes balancent dans le ciel céruléen
Soleil ambré décline
Outremer s'étale
Rivières de pêches puis lentement indigos
Éclats de rire lunaires sous le masque bonbon diamant
Pompons neige festifs

Collines d'arbres émeraudes
Dragons fuchsias et cocos aubergines

Blancs cassés sous les ponts
Timides cascades dragées
Chat perché sur croisillons écarlates

Maisons de craies
Drapeaux tricolores

Poules grenades des villages
Coqs florentins acajous

Béret bleu de France
Officiers de la poésie
Coquille d’œuf

Hôtels mandarines
Paons mirifiques

Entendre la voix de l'eau
Jour crème tombe
Coucher fauve

Voix de l'autre
Levez-vous
Opalines

samedi 5 décembre 2020

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Toutes images de cet article sont issues des œuvres de l'artiste Paola Pivi
Les ours de l'artiste Paola Pivi, ont déjà été exposés un peu partout. Je ne les ai jamais vus qu'en image. Et ce temps de fêtes de fin d'année, où l'on a perdu la notion du temps et des festivités, mais pas le sens de Noël (quel meilleur moment que le nôtre, des bouleversements économiques et sanitaires pour se concentrer sur les préciosités des liens humains) fut propice pour revoir, de nouveau, toutes ces cabrioles. Comme seuls des privilégiés peuvent se déplacer, il ne reste que ces photos sur Internet. L'avantage est d'observer les différentes postures de ces ours, selon les espaces d'expositions et les points de vues, mais surtout, selon les interactions, que chacun d'eux, ou en couple, se jouent. Danse, yoga, chamailleries, petite joie individuelle, ou mutinerie collective et ultra régressive. De plumes, aux dents noires visibles, museaux et griffes, ils représentent tout de même des ours polaires grandeur nature, l'un des plus grand prédateur du monde, en voix de disparition. Aujourd'hui, l'ours polaire vit dans des régions où la calotte glaciaire de l'Arctique diminue et il est devenu un symbole populaire d'un monde en mutation. Cela écrit, je ne partage pas forcément non plus, certaines œuvres de Paola Pivi ou d'autres artistes, où la mode est de déplacer des animaux vivants, comme l'histoire des poissons vivants dans un avion. Non, là, je n'ai pas d'atomes crochus avec ces démesures d'artistes. Mais les ours en plumes, oui. J'ai visité des expositions, où un nombre considérable d'oiseaux étaient en cage et visités par beaucoup de personnes, dans des conditions déplorables. Il n'y avait pas, alors de connaissance sur le bien être animal, pourtant, ces lieux d'expositions (je pense à la Fondation Cartier pour l'art contemporain où j'ai eu le plaisir de travailler) étaient tout de mêmes luxueuses, mais sans connaissances alors. Mais j'ai aussi pu visiter une exposition dans une toute petite galerie, à Limoges, subventionnée, de multiples cages individuelles accrochées au mur, avec un oiseau par cage exposé au tout venant, sans hygiène ni bonne alimentation (il y a plusieurs années, aujourd'hui, des associations seraient intervenues), j'étais très triste. Les petits espaces artistiques, ont cette manie de copier les grandes expositions parisiennes, à leurs mesures, et cela peut être encore plus dévastateur et pas beau du tout. Ainsi, je pense que les modèles sont très importants, nous devrions veiller aux modèles et aux représentations à un haut niveau, tout défaut de vigilance ou complaisance, entraîne un effet "domino" de mauvais modèles qui se répètent, en province, pour toute direction. Et les effets néfastes sont ruisselants, destructeurs. Cela a changé, tout le monde se dit "bio", sans l'être, "écolo", sans l'avoir jamais su. Drôle d'époque. C'est comme nombre d'humains qui revendiquent d'être féministes et ont mis en avant ce mot atroce, contre les "féminicides", tout en écrasant même leurs collègues femmes, les tuant à leurs tours sans aucune conscience de leurs actes et gestes. C'est ainsi, l'être humain est fait de paradoxe. Il aime les plumes, sans savoir comment elles sont faites. L'imitation est faite d'ignorance. C'est le cadeau de l'enseignement et de la nature.










Paola Pivi est née le 10 mai 1971 à Milan, en Lombardie, en Italie, est une artiste italienne contemporaine, qui vit et travaille à Anchorage, en Alaska1. en 1971. Pendant plusieurs années, elle a vécu une vie nomade, qui l'a conduite dans de nombreuses régions du monde. Aujourd'hui, elle vit et travaille en Alaska et à Milan avec sa famille. En tant qu'artiste multimédia, la pratique de Paola Pivi est diversifiée et contient des œuvres qui couvrent plusieurs médias, de la sculpture et l'installation à la photographie et à la performance. Son art énigmatique abolit la distinction entre le familier et l'alien, brouillant les frontières entre réalité et fantaisie. Les animaux sont un motif récurrent dans l'art de Paola Pivi. Par exemple, elle a fait monter 84 poissons rouges à bord d'un avion de passagers qui a traversé la Nouvelle-Zélande, transporté deux chevaux sur la Tour Eiffel et photographié un crocodile consommant un tas de crème fouettée. Les animaux sont placés dans des situations étranges, dotés de nouvelles couleurs et d'une nouvelle tactilité, et elle leur insuffle des caractéristiques et des gestes humains qui remettent en question notre vision des animaux que nous pensions connaître si bien. Comme les ours polaires, ces œuvres offrent de nouvelles perspectives sur les animaux et sur nous-mêmes et mettent en scène une relation complexe entre nature et culture. (courte bio de la galerie Perrotin)









J'avais un sourire en voyant ces bestioles immenses et je pensais à mes boules de fourrures réalisées vers 1994, dont plusieurs modèles ont été les joueurs de ces choses fabuleuses que j'avais inventées pour mon diplôme supérieur des arts appliqués à l’École supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, où j'ai passé 4 années d'études formidables et passionnantes. Cela avait fait un peu le tour de l'école et des générations ensuite, se sont mises à réaliser des objets ludiques, entre sculpture et danse. Des femmes designers reconnues étaient dans mon jury, j'avais eu une très belle fin d'année, récompensée de mes années d'études, je partageais mes idées aux autres camarades de classes, généreuse. Lorsque je vois ces grands ours, il y a quelque chose de similaire, dans la volonté de s'amuser, avec élégance, et un peu travestir les lieux communs de l'art contemporain. Mais il faut des moyens colossaux et de très bons soutiens pour développer un tel travail à l'échelle d'une exposition, et ça, c'est l'affaire de réseaux, auxquels, nous n'aurons jamais accès, d'ici, de nos inventions, certes, exceptionnelles et envieuses, lorsque l'on est encore dans une école d'art, mais complètement hors de portée. Même, nous ne pourrons jamais voir les expositions que nous aimons. J'ai connu nombre d'artistes français, mes amis, qui exposaient aux quatre coins de la France, sans moyen et quasiment jamais rémunérés pour leurs belles expositions et leurs réalisations, parfois dans un cadre institutionnel ou d’associations, le plus souvent subventionnées par l'État, et je parvenais très difficilement à aller voir leurs exposition, tant, les moyens pour y aller (transport et logement) sont inaccessibles pour les amis. Parfois, de mes expositions, mes proches ne pouvaient pas se déplacer, ni des rares concerts effectués dans un musée (celui d'Angers). Ainsi, il y a quelque chose d'assez ridicule, dans la course à laisser les expositions ouvertes, en période même de confinement. On ne s'est jamais demandé : Qui a véritablement accès aux expositions ? Si de mon point de vue, et depuis au moins une vingtaine d'années, je remarque que même les artistes, eux-mêmes, donc les concepteurs et conceptrices des expositions, les créateurs et les créatrices, ne peuvent se déplacer... Mystère ? D'autant que nous sommes dans une période très déstabilisante, où chacun, chacune vis sur ses réserves, et privilégie plutôt, les déplacements pour voir ses proches et accompagner les uns, les unes et les autres aux institutions de soins et de santé, plutôt que dans des évènements artistiques. Avons-nous la tête à regarder des ours colorés, jouer, en plumes ? Et bien OUI ! J'ai complètement la tête et la joie et le souhait, là, de voir des ours en plumes faire des cabrioles, avec celles et ceux que j'aime.

Je découvre en intégrant sa biographie, que cette artiste italienne est née le même jour que moi, pas la même année. Et bien, voici une raison de plus, découverte à l'instant, pour exulter de joie en regardant ces œuvres... Quelle coïncidence !
L'un des titres donné à l'une des exposition à New York, de ces ours, en 2013, fut : « Ok, you are better than me, so what? » J'aime beaucoup.Un beau pied de nez à la jalousie. Il y a des artistes meilleur.es que soi et bien heureusement, c'est une joie qu'ils et elles puissent encore œuvrer et évoluer, pour nous apprendre encore et encore, que tous, nous pouvons nous améliorer.

Ok tu es meilleure que moi, et alors ?

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