Visuel et animation © The jazzist, pour l'album musical (2017) Artificial presence © Rico Zerone  http://artificialpresence.thejazzist.nu/



Il est des belles choses, des bijoux artistiques, que j'ai vu naître, et dont je ne suis pas participante, qui sillonnent avec la même force ce que j'exprimais par écrit sur la communauté d'esprit philosophique...
Article ici, sur cet album magique... Horror Vacui m'avait beaucoup accompagné, dans un moment où je perdais mon emploi, ce qui faisait le sel de ma vie. L'aspect philosophique des créations artistiques, et ici de la musique, est peu décrit. Pourtant, bien plus qu'une pharmaceutique, ou d'un vaccin, la piqûre sonore, se révèle, au fil de la vie, le meilleur remède aux temps incompris, puisqu'elle ouvre d'autres dimensions philanthropiques, dont les mots et les définitions ne peuvent se substituer à l'écoute et à l'expérience sensorielle des vagues et rythmes, tels des voyages toujours revisités "en entendant", en "ré-écoutant", selon des humeurs variables, des souvenirs. La sensation bénéfique et résiliente de faire partie de celles et ceux qui inventent, les artistes, les poètes, les musiciens, - quand bien même, notre époque est aux vaccins ne nous guérissant jamais des guerres et des violences-, est mesurable dans le temps, et non dans l'instant. Si la philosophie draine ces artistes que j'apprécie, il est bien question ici de faire du bien à l'âme. Se sentir intégrée dans le monde et d'avoir au moins cette place bénéfique : celle qui entend bien.

Je vois nombre de messages très mal reçus, perçus, nombre de malentendus, et de candidatures mal élues, de directions subies, hors, dans la création, il n'est point de directions subies. Il y a un émetteur et un récepteur. Et cela peut être très peu, très peu d'émission, mais, lorsque le message est entendu, se forment des communautés d'esprits, de philosophes, de manière de comprendre la vie, et de projeter des espoirs, des choses, aussi petites soient-elle. Le remède artistique est puissant parce qu'il n'est pas quantifiable, surtout lorsqu'il ne souhaite pas démontrer sa puissance. Notre vie se trouve régentée par les comptes, la gestion, les chiffres, les statistiques, et, ceux-ci sont manipulés à des fins de contrôle, on en vient à douter de l'humain, de son émotivité, de sa douleur, de sa joie, chaque personnalisation ne peut "se gérer" et n'a plus sa place chez les prévisionnistes. La sensibilité nuit au bon déroulement des programmes, car elle peut les anéantir, à moins qu'elle puisse s'utiliser à un instant déterminé, elle n'a tout simplement pas sa place, car le temps est compté sans elle. Le temps de travail de la création n'est jamais valorisé, c'est-à-dire, de sa conception, à moins de découper les heures passées, et encore, notre société n'admet pas que les artistes échelonnent leur création librement, quand l'inspiration survient, sachant, qu'elle s'essouffle parfois sans mener à terme des formes visibles, sachant qu'elle se trouve entrecoupée (les guerres, les accidents, la famine, les interruptions involontaires et les volontaires...) et reprise des années tardives, aux heures où la retraite sonne : qu'importe ? Ce sont ces conversations entrecoupées et improductives qui enrichissent tellement les jours sombres, les temps difficiles, sur lesquelles tout espoir bâtit son projet de réalisation, et pour qui reçoit, apporte un éclat insoupçonné, dont on ne peut même pas identifier comment réussi-t-il à déclencher de nouvelles voix, débloquer bien des impasses fatalistes. Allez donc tracer l'origine du bonheur... Allez donc signaler son accomplissement, demander s'il est fabriqué ici, où s'il a des géniteurs bien déclarés, ou, dont le patrimoine enferme les cadavres les plus honorables... si l'on peut encore en distinguer les vestiges et les pièces de valeurs...

La création numérique est aussi une œuvre de l'esprit, dont la sensibilité touche une autre sensibilité, non chiffrée, pas toujours bien visible, enfin, pas accessible à tous, et heureusement. Polysémiques selon le temps, l'instant, les sensibilités, riches nous permettant de revisiter les œuvres de l'esprit du passé : Truculentes, farouches, platoniques, idéalistes, incompréhensibles, aux poïétiques inédites et parfois exclues de l'histoire, quelles joies de les relire et de se donner la peine de les rechercher, les redécouvrir, et mieux, je l'ai bien expérimenté durant de longues années : d'en partager les découvertes. On tente, le plus souvent, de nos jours, de faire la preuve par les chiffres : les chiffres et les quantités seraient devenues les nouveaux théorèmes qu'aucun lambda ne peut comprendre, sans calculs, et il ne peut plus. Ce qui échappe complètement à ces quantités chiffrées qui remplacent l'idée de vérité, ces listes de nombres chaque jours échangés de façon très approximative (ou aléatoires, programmés), c'est la création, au sens, qu'elle n'intéresse aucun candidat qui souhaite avoir la maîtrise des chiffres (ce qui est impossible) parce qu'elle n'est pas quantifiable. La création n'est pas fiable, on ne peut la croire, car elle nécessite avoir été bien reçue. La surface sensible, une membrane fugace, étonnante, organique, vivante, non manipulable... dotée de souvenirs, d'une mémoire, de trous et de complexité...

Cultiver son jardin imaginaire, serait peut-être la seule manière de ne pas subir les mauvais théorèmes, mais la promesse de pouvoir élaborer le sien, sa mathématique. C'est cela l'expérience... L'expérience sensible humaine est aussi dotée de mathématiques.

Merci à Rico Zerone et à The Jazzist pour m'avoir fait entendre ces mathématiques d'esprits artistiques, et j'espère recevoir d'autres émissions philosophiques ;.) Tel un beau rappel de vaccin.