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blog m kiwaïda

21/04/2024

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Avril !
Le printemps !
Pouf !
D'un coup !
Il pleuvait, je buvais les flaques d'eau !
Puis le lendemain je prenais des bains de soleil !
Pouf  !
Le lendemain il neigeait !
La nuit il glaçait !
Pouf !
Voici les fleurs offertes !
Les herbes de 50 cm de plus !
Mais qu'est-ce que c'est que ce travail ?
C'est cela le printemps ?
Je suis née par ici !
Sans avoir vu l'hiver partir !
Nostalgique de ces arbres nus !
Que faire de toutes cette végétation folle ?
Moi aussi je me disperse, je tourbillonne !
Papillon, non je ne suis pas !
Vers de terre, non je ne suis pas !
Iris, non !
Camélia, non !
Jacinthes et jonquilles !
Non et non ! ! !

Avril est ce jeune fringant qui déboule dans les champs !
Ou bien ce vieillard pétulant !
Cette gigue avec une fière allure !
Quelle danse bizarre !
Les sortis du greniers !

Je suis née au mois de mai, on verra bien ce que c'est !
Mon printemps, une année des 4 saisons !

Je sens mon enfance se construire !
Un bébé miraculeux !
Sur toutes ces expériences intenses !
Tant de digestions aléatoires !
De picorretes et de trous d'autruche !
Au clair-obscur des eaux de pluie !
Une fenêtre ouverte, une gouttière, un toit, une antenne !
Mes abris et mes amis les êtres humains !
Bonheur d'être oiseau !
Je voudrais des grandes jambes pour courir !
Et des ailes de grands corbeaux pour faire peur !
Je voudrais marcher l'hiver comme un pingouin !
Et sautiller comme une bergeronnette sur la mer !

Je voudrais embrasser la bouche de ces femmes !
Rouge et rose, et voler les lunettes des hommes !
Chaparder dans les sacs des jeunes !
Pincer tout ce qui frétille !
Toutes ces manières délicieuses !
Adieux l'hiver, tu es parti sans me dire au revoir !
Hâte de te voir dans quelques mois !
Je n'ai pas mis mon réveil !
Le printemps n' a pas sonné !
C'est un CDD me dit-elle !
Et de combien de temps ?
Entre 2 et 3 mois !
L'été va licencier le printemps plus vite !

Et bien qu'est-ce que cela tourne les saisons !

Accourrez les feuilles !
Venez remplir les branches !
J'ai besoin de vous !
Je veux être aimée de tous !
Vous n'avez pas le droit de m'oublier !
Je suis la première !
La seule et unique !

Toutes les autres pies sont des copies !

Je serai votre messagère !
Les hirondelles rivalisent de bonheur !
Revenues de partout !
Je serai votre confidente !
Et tous,
Vous serez mes serviteurs !

Mon désir va vers vous !
Je vous offre mes ailes !
Mes espoirs !
Ma flamme !

Je garde mon petit cœur !
Et mes secrets !

La puissance de mes liens d'amitié !

Et l'amour d'un souffle divin !

Par kiwaïda at 22:33

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Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 19:48

06/04/2024

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Par kiwaïda at 20:33

25/03/2024

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RUTU (© Rita Angus) 1951


Betty Curnow (© Rita Angus) 1942


Rita Angus était une peintre néo-zélandaise, fille aînée d’un charpentier devenu patron dans la construction. Dès son plus jeune âge, elle souhaitait se consacrer sa vie à la peinture. Ses parents soutiennent son désir et lui donnent pour tuteur un ancien directeur du Canterbury College School of Art. La jeune fille étudie ensuite la peinture dans cet établissement de Christchurch – alors capitale culturelle de la Nouvelle-Zélande – auprès de Leonard Booth et de Cecil Kelly. Elle suit également des conférences à la Elam School of Fine Art d’Auckland en 1930 et découvre, par des reproductions, l’art de la Renaissance Italienne et celui d’autres maîtres comme le Hollandais Vermeer, dont l’œuvre la marque profondément. A 22 ans, elle se marie sur un coup de tête pour divorcer quatre ans plus tard. De 1934 à 1937, illustratrice pour un journal local de Christchurch Press Junior, elle travaille aussi à se forger une œuvre personnelle dans son propre atelier situé à Cambridge Terrace. Privée définitivement de maternité après une fausse couche, elle sera internée quelques mois dans un hôpital psychiatrique. Par la suite, elle vit en solitaire, se consacrant exclusivement à son art à North ou à South Island. Elle ne quitte la Nouvelle-Zélande qu’une seule fois, entre 1958 et 1959, pour un voyage en Europe organisé par les New Zealand Art Societies. R. Angus produit essentiellement des paysages et des portraits. Si elle réalise un nombre important d’aquarelles dans une veine lyrique, ce sont surtout ses grandes huiles sur toile qui la font connaître. Considérée aujourd’hui comme chef de file de l’art régionaliste néo-zélandais, elle propose une vision originale des paysages de son pays. Cass (1936) constitue une œuvre charnière dans la création de son style. Elle y représente une minuscule gare perdue au sein d’un immense paysage. Le trait est précis, vif, la couleur claire, rayonnante, caractéristiques que l’on retrouvera dans tous ses paysages. Dans les années 1950 – 1960, une inspiration surréaliste tardive se fait sentir dans plusieurs paysages qui jouent sur la déconstruction de l’image ou sur la présence d’objets étranges comme des pierres flottantes (Two Stones, 1966). Ses portraits, tout comme ses nombreux autoportraits, présentent la même clarté, la même insistance sur la structure et la même franchise de couleur. En 1936-1937, alors même qu’elle vient de divorcer et de tomber malade, elle se peint en femme sûre d’elle-même, élégante, moderne, avec gants et cigarette, le regard affûté. À la fin des années 1930 – ses années mondaines –, elle fait de nombreux portraits qui présentent la même touche dans la construction (Fay and Jane Birkinshaw, 1938). Elle peint également quelques œuvres au caractère symbolique, dont trois « portraits » de déesses qui sont la réponse de cette pacifiste résolue à la Seconde Guerre Mondiale. Active pendant près de quarante ans, elle n’a guère atteint la notoriété de son vivant. Elle n’obtient sa première exposition personnelle à la Center Gallery de Wellington, qu’à l’âge de 49 ans, et son art n’est présenté que deux fois à l’étranger, dans des expositions collectives sur l’art néo-zélandais – à Londres en 1956 et à Washington en 1969. La reconnaissance lui vient à titre posthume, avec une grande exposition rétrospective itinérante en 1983-1984, véritable révélation qui marque durablement de nombreux artistes néo-zélandais contemporains. Le centenaire de sa naissance a donné lieu à une nouvelle rétrospective, à Wellington, qui a réuni plus de 400 œuvres. L’œuvre de Rita Angus (1908-1970) est dominée par l’autoportrait. Dans leur caractérisation sans faille, ces portraits reflètent des voyages à la fois techniques et spirituels. Beaucoup sont strictement objectifs mais d’autres, comme cet ouvrage, sont hautement symboliques.








Sa peinture, Rutu de 1951, a été réalisée  peu de temps après que l'artiste se soit remis d'une dépression physique et mentale et constitue probablement son autoportrait le plus imaginatif. La représentation de Rutu fait référence à de nombreuses représentations de la Vierge Marie, mais elle a la peau foncée et les cheveux clairs. Derrière elle, le soleil ressemble presque à un halo. Rutu regarde l'intérieur des terres depuis la mer de Tasmanie et son trône est orné de coquillages et de végétation luxuriante. Cette peinture fusionne les emblèmes chrétiens et pacifiques dans une célébration d’une culture hybride et uniquement néo-zélandaise.

Le portrait de Betty Curnow de 1942 est le résultat de nombreuses séances préparatoires et discussions sur le portrait avec Elizabeth Jamaux Curnow, peintre et graveur. Les deux femmes ont collaboré en sélectionnant les objets et les costumes qui représenteraient le mieux Curnow, sa vie de famille et son histoire. Les objets entourant Curnow sont imprégnés de symbolisme personnel. Elle est proche des siens, assise sur la chaise de sa grand-mère devant le portrait de son père. La présence de son mari, le poète Allen Curnow, transparaît dans ses nombreux livres. Elle tient le pantalon de son fils Wystan qu’elle était en train de raccommoder. Une aquarelle d'Angus, offerte à la famille, est posée sur l'étagère. Il fait référence à l’enfance de Curnow à Canterbury. Tant l’impression de la scène des récoltes de Jan Brueghel que les formes ovoïdes répétitives font allusion à la fertilité. Le charisme de ce portrait en a fait un emblème de la peinture néo-zélandaise.

Au milieu des années 1930, Rita Angus avait la vingtaine et travaillait comme artiste commerciale indépendante, écrivant et illustrant des histoires dans le supplément Press Junior, dans un petit studio de Chancery Lane à Christchurch. Elle faisait partie d'un réseau de femmes indépendantes travaillant dans les arts, dont Olivia Spencer Bower, Louise Henderson, la violoncelliste Valmai Moffett et son amie Jean Stevenson, rédactrice en chef du Press Junior. À cette époque, elle faisait des voyages réguliers pour explorer la campagne néo-zélandaise ; elle rendait fréquemment visite à son amant Harvey Gresham à North Canterbury.

Ses paysages et ses portraits sont très contemporains, les détails semblent quasiment être réalisés parfois depuis une vitre de train, lors de ses déplacements. Graphiques, ses peintures sont aussi le résultat de son attrait pour les mathématiques, la géométrie, tant dans la rupture académique, que dans le découpage des vues et des présences humaines, des poteaux de télégraphes, des lignes déssinées par les télécommunications, le mouvement des herbes et des nuages tourbillonnant. Nous sommes face à des illustrations graphiques splendides, réalisées par une artiste peintre qui est née le siècle dernier.

C'est la première fois que je découvre le travail d'une artiste, grâce au programme de Google qui permet de voir des Musées, ou visiter les œuvres de ceux-ci. Lorsque l'on n'a plus accès aux Musées, c'est une belle digression, s'apercevoir qu'un accès demeure encore là, pour celles et ceux qui aiment la peinture, l'art et tant d'autres choses. Puissions nous croire aux jours meilleurs.

Par kiwaïda at 00:17

13/03/2024

ÐϴÜÐѺÜ


DOUDOU

Peintures © Sonia Marques

Au bout du désert ... Doudou.
Flou artistique.

Cendrillon, le retour !
Olympe du 10 mai !

Suite des Kis peintures 

Par kiwaïda at 00:29

10/02/2024

ÐℛѦḠ



Dessin © Sonia Marques

^.=.^

Année du dragon de bois : Nouvel an Chinois

Créativité !!!


{ @˟ꈊ˟@ }{ @ᵕꈊᵕ@ }

Ꮚ¯ꈊ¯Ꮚ Ꮚ˃̶͈ꈊ˂̶͈Ꮚ ᏊˊꍓˋᏊ Ꮚᵒ̴̶̷ꈊᵒ̴̶̷Ꮚ Ꮚ꒵͒ꈊ꒵͒Ꮚ

Par kiwaïda at 16:23

04/02/2024

ℛ℮iᾔε


La reine © Sonia Marques (2017)

Peinture de 2017, avec un texte inédit, qui rappelle un peu l'univers du défilé Margiela...

Il y a 7 ans, déjà !

Par kiwaïda at 15:45

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Maison Margiela Artisanal Haute Couture Spring Summer 2024

Par kiwaïda at 15:41

29/01/2024

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Sublime retour de Margiela, la tradition de cette maison se trouve régénérée par le créateur John Galliano, la renaissance d'un phénix.
Il y a quelques années, Margiela faisait appel au styliste créateur artistique, pour apporter une nouvelle âme à l'héritage iconoclaste de Martin Margiela. Le groupe OTB de Renzo Rosso, détient la marque de denim Diesel, la Maison Martin Margiela, Marni et Viktor & Rolf.
Le purgatoire : John Galliano était renvoyé en 2011 par la Maison Dior après avoir été filmé une nuit, tenant des propos racistes et antisémites sous l’emprise de l’alcool. Il avait d'ailleurs été condamné, et le créateur avait présenté ses excuses et reconnu une triple addiction à l'alcool, aux somnifères et au valium, effectuant successivement une cure de désintoxication de deux mois aux Etats-Unis. Le tribunal avait tenu compte des circonstances de sa maladie et des nombreuses attestations versées qui démontraient la véritable personnalité de John Galliano, qui n'a jamais eu de sentiment raciste ou antisémite. Il a tout de même connu l'ostracisme de nombreux acteurs de l'industrie de la mode.
Après sa cure de désintoxication, déchu et exclu, il fut aussi sous l'emprise de son ex-avocat, qui lui a extorqué de l'argent. En 2023, celui-ci fut condamné, reconnu coupable d'abus de confiance, pour avoir détourné il y a plus d'une décennie des fonds provenant des comptes bancaires du styliste John Galliano et de l'une de ses sociétés.
Fin janvier 2024, le styliste a dépassé les attentes du milieu de la mode très compétitif et sans pitié. Son défilé, présenté sous le pont Alexandre III à Paris, le 25 janvier fut une sacrée claque !
250 invités sur place sans compter les fans de la maison l'ayant regardé en live, sur les réseaux, et autres amateurs, tous ont été subjugués. Sous la forme d'un spectacle très scénarisé et filmique, un chanteur charismatique accompagné d'un Gospel annonçait l'ambiance d'une dignité retrouvée. Le chanteur, Lucky Love, un artiste unibrassiste, depuis sa naissance, souffrant d'agénésie, une malformation rare in utero, a embrasé la scène. Le défilé se trouvaient transformé en performances multiples, par les mannequins performeurs, aux félines attitudes.
Accompagné d'une chorale Gospel, il chante : « Now I don’t need your love », tout est dit : Maintenant je n'ai plus besoin de votre amour.
Est-ce d'un amour maltraitant ? Celui de la mode cruelle ? Un message subliminal de John Galliano. La mode maltraite toujours ses créateurs et créatrices. Tombés dans l'indifférence, et maudits, les artistes peuvent être portés aux nues, de nouveau, être admirés, applaudis, tant leurs talents peuvent être exaltants.
Tel le créateur Martin Margiela, John Galliano a perpétué la tradition du fondateur, qui ne se présentait jamais au public et évitait les photographes, ainsi, Galliano, est resté en coulisse derrière un rideau doré.
Son talent créatif visionnaire et non conformiste, a secoué le cocotier du milieu de la mode fin janvier 2024 et nous a rappelé ce que le savoir-faire de la mode était capable d'insuffler : l'inspiration.
Pour celles et ceux qui ont eu la chance de bénéficier d'études dans la mode dans les années 90, on ne peut que retrouver le souffle de la création dans cet inédit défilé, tandis que celle-ci disparait, la création, dans d'autres domaines, en France.
L'artisanat des textiles, mêlé aux savantes technologies de diffusions filmiques, formulent un contenu directement accessible à tous. Ce qui, dans les années 90, n'était accessible qu'à celles et ceux dotés d'une formation supérieure dans les arts de la mode.
Les personnages inventés, des poupées aux masques de cire étranges, aux transparences roses poudrées, crèmes et noires et grises, chers aux tons de Margiela, avec des nuages de cheveux, hommes et femmes aux tailles corsetées, toutes sorties de la fumée des sols crapoteux et des flaques d'eaux croupies, parviennent à nous pincer, car il faut le faire durant ce filage onirique, non, ce n'est pas un rêve, tout a été pensé, travaillé, cousu, dessiné, durant très longtemps, et c'est arrivé, là !
Des sans domiciles fixes, ou des dandy sans chemise, défilent dans ce film policier, avec des femmes aux formes généreuses, funambules, elles déambulent comme saoulées, d'autres très élancées, émaciées, elles se balancent divinement, parmi des voleurs élégants ou minables, selon. Il n'y a pas de normes des corps, car tout se contredit, masculin, féminin, hanches, fesses, seins, danseur ou acteur, actrice, aux souvenirs de freaks show d'antan, mais transfigurés dans le domaine de la science fiction. On imagine très bien un manga dessiné par Suehiro Maruo, le japonais qui ravive les cicatrices des guerres, avec une encre noire érotique, au secours des enfants torturés, bien que ce défilé n'a aucune rage, contrairement aux histoires pour public avertis du mangaka.
Dans cet espèce d'entrepôt sombre et bleuté, le défilé très référencé, intègre un Paris des grandes guerres, de vétérans burlesques, lampes brisées, vieux billard, un Pigalle d'un siècle disparu. Entre Toulouse-Lautrec le peintre, et Freddie Mercury, l'icône martyr du mouvement punk mort d'une overdose d'héroïne, ressuscité par le chanteur qui dévoile son torse et l'absence d'un bras, une ellipse paralympique stylée, audace des audaces. Henri de Toulouse-Lautrec avait une maladie qui affectait le développement des os, (la pycnodysostose, maladie génétique, qui pourrait être due à la consanguinité de ses parents) ses membres étaient courts, ses lèvres et son nez épais, ses os fragiles, il zézayait et en jouera, faisant le provocateur dans les salons. Son exhibitionnisme malaisant faisait de cet artiste un ami du cirque, qu'il dessinait, des hypertrophies musculaires des bras, des jambes, des arcatures outrées des dos, des membres, du rachitisme, au contraire, des corps voltige, léger. On pense aux rouges orangés des cheveux peints des femmes, comme dans ce défilé, aux bas noirs et mines des fins de soirées esquissées. Dans la chorégraphie des silhouettes, il y a une ligne fragile, celle de se pâmer, de tomber en défaillance, de l'ordre de l'évanouissement. Comme la démonstration d'une incapacité de se mouvoir dépassée, en raison de malaises physiques : chacune des silhouettes parvient à marcher, malgré toutes les difficultés et à transporter les vêtements, et même l’absence. Il manque toujours quelque chose, et ce manque est bien debout. Les stilettos sont en ordre de marche sur des éclats de verre, sorties d'Alice au Pays des merveilles, si ce n'est de la pulpeuse Jessica de Roger Rabbit et son lapin (du film Disney, de 1988, Who Framed Roger Rabbit) dans cette ambiance de fouines masquées. Tirant son nom d’un couteau italien à la lame fine et à la pointe acérée, le talon aiguille des escarpins stilettos, fut conçu dans les années 1950 lorsque des matières et techniques inventées pour les porte-avions furent appliquées à la fabrication de chaussures. L'atmosphère interlope de ce défilé, marque le milieu de la haute couture, tel un parfum qui reste, après avoir vu, ce qu'on croyait perdu. Renaissance donc de savoir-faire. Il y a aussi Leon Dame, le mannequin berlinois, muse de Galliano, qui est connu pour sa démarche unique, son style de mode androgyne, déjà présent au défilé Maison Margiela 2020. Et les glass skin, afin d'obtenir la peau miroir, tous ces masques fabriqués par l'équipe de maquillage de Margiela depuis quarante ans, avec sa maquilleuse Pat McGrath, elle a inventé cette facture de teint de porcelaine. Un espèce de glacé troublant.
Trouble est vraiment le sentiment laissé par ce défilé, avec, une étonnante empathie, tendresse pour les âmes blessées et errantes, sous les ponts. La virtuosité des techniques textiles, tient à une sophistication singulière comme le "milletrage", des couches de tissus aériens, qui dessinent des aquarelles subtiles de voiles, de décolorations de tâches, ou des grands cocons lumineux, rembourrés qui distordent même l'idée d'un corps humain, soutenus par de fines jambes élancées. Il y a aussi des rétrécissements du textile, qui créent des formes expressives dans les jupes. Les mannequins arborent toute une gamme de poses facétieuses, elles minaudent et se cachent, se drapent dans les costumes dont il manque des pièces, ou s'enfuient comme des cambrioleurs, tels des Arsène Lupin. Les fesses et les hanches sont exubérantes, certaines poitrines libérées, et, dans le même temps, la contrainte du corset pointe une taille surréaliste, comme des papillons épinglés. Tailles de guêpe, seins généreux qui ballotent librement, indécence et exubérance, pudeur, pilosité pubienne suggérée, peinte en trompe-l’œil, délicatesse des robes en mousseline de soie, superpositions de plissés cartonnés... L'actrice britannique, Gwendoline Christie clôture magistralement le défilé dans sa robe plastique laiteuse qui rappelle les heures de gloire de l’artiste d'art contemporain Matthew Barney.
Théâtre captivant d'une soirée très parisienne, nous laissant nostalgiques de notre jeunesse et notre héritage artistique.
À d'autres !

Par kiwaïda at 13:48

20/01/2024

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Avec Wim Wenders !

Par kiwaïda at 01:33

17/01/2024

¢◎ღ℘αℊηons




Journal d'une pie (extrait)


J'ai trouvé un glaçon, il me sert de source d'eau.
Tout a gelé, mes flaques d'eau sont devenues des choses blanchâtres au sol, solides.
C'est comme une glace que je pile avec mon bec et je suce l'eau dedans.
La sensualité de ces moments est exquise.
Je semble être une brute avec mon pic à glace pour obtenir du jus d'eau fraîche, la transparence du glaçon obtenu par accumulation d'eau dans le tube d'une grille, lui, ressemble à une installation d'art contemporain, très subtile, très discrète. C'est de l'ordre de l'inframince imagine ma tutrice. Elle me raconte que l'artiste Marcel Duchamp avait désigné cet intervalle imperceptible, entre deux phénomènes. Elle voit mon glaçon comme un possible, un devenir. Seul, personne ne sait ce qu'il peut advenir, ni même de la performance que je réalise avec lui, en lui soutirant de l'eau. Glaçon il devient ma source d'eau à l'état liquide. Toutes ces petites choses auxquelles ma tutrice est sensible sont de l'ordre de l'inframince, comme la poussière, la fumée, ces actions chimiques des états qui se transforment. Elle m'expliquait que lorsqu'elle était enfant, elle avait trouvé fabuleux de mélanger des tubes de peintures, le jaune et le magenta, leur association mélangée au pinceau, donnait un orange sanguine ou un corail, un abricot selon le dosage, et même la couleur du safran. Cela se passait dans la cuisine, tout était relié à l'imaginaire des fruits, condiments, aliments lactés, aux couleurs décaféinées ou chocolatées. C'est avec sa mère qu'elle a appris à créer des nuanciers, et non à l'école maternelle. Elle ne se doutait pas que plus tard, elle enseignerait ces actions et mélanges à de jeunes enfants, en arts plastiques, puis des lycéens, puis des étudiants, avec des notions plus conceptuelles. Et plus tard par images de synthèses, des simulations de logiciels.
Mais, lorsqu'elle travaillait le plâtre, avec des pigments, pour obtenir des nuages solides qui passaient à l'état liquide puis qu'elle taillait, en plein hiver, comme celui-ci, elle me comparait à une sculptrice de glace en se remémorant ses investigations partagées et exposées. Ma tutrice est une artiste qui a la mémoire des formes, comme les oreillers. Ses facultés artistiques sont en éveil quotidiennement, et sa mémoire se distille à tout les passants.
Elle travaille une expérience journalière dans un contexte qui produit de l'inframince, en ouverture à une inconnue. Elle réalise des équations, avec à chaque fois une équation à une inconnue.
J'ai été une inconnue, à présent, il y en a d'autres, je suis celle, en ce moment qui a produit une œuvre d'art sous ses yeux. Elle est éphémère, demain, le glaçon aura fondu, elle sera face à un trou, et moi, je serai ailleurs, en hauteur, si loin des êtres humains.

Pour les esthètes, celles et ceux loin des Musées, loin des écoles, isolés, ou exclus, ces expériences quotidiennes remplissent de joie les esprits en manque de culture et d'arts plastiques. Nos Musées sont dans la nature à présent !
C'est éphémère, et souvent, il n'y a aucune trace de ces états. Il faut se souvenir ce qui a été imaginé, créé, de façon cognitive, c'est la mémoire qui travaille lorsque toute preuve matérielle disparaît, lorsque l'eau disparaît. Il demeure l'idée du glaçon.
Je n'aime pas être désignée, ni ma tutrice, mais elle apprécie montrer, guider, porter son regard vers une chose, une expérience, un être, le minéral, une histoire. Elle peut être triste, parce que l'hiver comporte toujours de la tristesse et des défections, des désertions. La place nouvelle, pour espérer des petites étincelles de joies jaillir, apparaît dans la fin d'un cycle.

Nos expositions sont à disposition, nous les artistes, les pies, nous sommes les plus productives d'un art pour les érudits.
Puis, je m'envole sur une antenne et je squatte un moment, voici les premiers flocons de neige, jamais vu de ma vie !
Ma tutrice est venue m'expliquer ce que c'était la neige, mais je suis partie découvrir ces morceaux d'eau seule, qui tombent partout en jouant dans un jardin privé. Sur mon costume c'est comme une pluie glacée.
Je courrais après un merle noir, petit, mais très attachant, de branches en branches, je sautillais. Quelle euphorie cette neige ! On se gèle les pattes ici ! Mais qu'est-ce que c'est amusant !

Un vieux Monsieur passe nous voir. Il s'occupe des Compagnons du Tour de France qui forment des hommes et des femmes de métier capables de mettre en œuvre des systèmes de construction. Il nous demande :

"Elle est apprivoisée ?"
"Non" Dit ma tutrice"
Elle raconte mon histoire.


Il nous raconte à son tour :

"Je m'occupe des enfants de la rue, et un jour, l'un d'eux a réussi à apprivoiser une pie !"


Il nous demande :

"Elle n'est pas embêtée par les autres pies ?"

"Non" Dit ma tutrice.
Puis, il nous raconte :

"Sa pie était sans arrêt embêtée par les autres pies, je ne sais pas, peut-être à cause de son odeur, elles ne voulaient pas d'elle, elle était sans arrêt chassée"

Puis je vole sur l'épaule de ma tutrice, il nous regarde charmé, il dit : "C'est bien" d'un air satisfait, comme s'il venait de voir que le possible et l'inconnue dans cette équation, venaient résoudre un problème qu'il avait en tête depuis des années.
Il est reparti heureux.

Son espace forme à la charpente, les constructions de bois, la maçonnerie, le carrelage, la taille de pierre, la menuiserie, l'ébénisterie, la couverture, la zinguerie, la plomberie, le chauffage, la climatisation, la peinture, le plâtrier, la décoration, la serrurerie, la métallerie, on trouve ses compagnons dans les travaux publics, les bureaux d’études & CAO-DAO, les boulangeries et les pâtisseries.

Je lui dis :

"C'est comme nous les pies, on sait faire plein de trucs !"






Un autre vieil homme passe avec sa famille et il nous dit :

"C'est votre pie ?" Vous appelez et elle vous reconnait ?"
"Non" R
épond ma tutrice.
"Elle a un nom ?"
"Non"
Répond-t-elle.
"Il faut absolument lui donner un nom !"
Lui dit-il.
"J'ai trouvé, un nom très connu, que l'on entend partout en ce moment : Rachida Dati ! "
Puis, il part, en chantant : "Rachida Dati, Rachida Dati..."





Elle me regarde d'un air dubitatif et tente de me coller ce nom sur mon petit corps frondeur et indépendant, et assez coquet.
Je suis vexée, je lui tourne le dos, "Si c'est comme ça, je m'en vais !"

"Mais non, je ne vais pas te nommer ainsi, aucun nom d'être humain ne te va" Me dit-elle.

Elle me raconte que ce nom est celui de la nouvelle ministre de la culture dans notre pays.

"Mais, vous avez besoin d'une ministre ?"
"J'ai connu une dizaine de ministres de la culture, les employés ne changent pas" .

Me répond-t-elle.

"Alors c'est comme nous les pies, nous avons le même costume, personne ne nous distingue"
"Tu n'as qu'à me nommer, ministre de la culture !"
"C'est une bonne idée", me répond-t-elle.
"Toi seule saura me reconnaître"
"Il te faut une équipe avec toi !" M'informe-t-elle.
"Mais que devient le chaton gris ?"
"Justement, il pourrait être ton meilleur allié". Pensa-t-elle.
"Il a des pompons gris, il peut fertiliser ce pays"




"La France compte plus de 15 millions de chats domestiques, 12 millions au Royaume-Uni, les allemands sont les premiers avec plus de 16 millions !"
"Alors notre ami le chaton gris pourra fonder sa propre mutuelle ?"
"Nous les pies sommes plus nombreuses, nous avons beaucoup de présidents et présidentes"
"Nous les êtres humains, dans notre pays, nous ne faisons plus d'enfants, c'est le Président qui nous apprend cela, il n'en a pas non plus"

"Et toi ?" Lui dis-je, effrontée.

"Tu sais bien, j'ai plein d'enfants partout", j'ai toujours été dans l'éducation, ces temps-ci c'est avec le monde animal et c'est très différent"

Une petite fille de 2 ans tentait de monter sur son beau petit vélo, son père attentionné la laissait faire, puis elle est tombée.
J'étais sur l'épaule de ma tutrice, puis, au lieu de pleurer, l'enfant nous montre du doigt et crie : "Maman, maman !"
Le père ne nous avait pas vues, c'est sa fille qui avait déjà tout vu et lui montrait ce qu'il fallait voir.
Plusieurs fois, elle désignera ma tutrice comme sa maman.
Elle avait compris, petite, que voir un être humain, avec moi, une pie, un petit oiseau, aux allures enfantines, assez proche d'un adulte humain, ma proximité, créait une filiation, ma tutrice devenait le générique d'une maman.
Comme elle se souvenait, même si sa mère était absente, qu'elle était ce petit oiseau, qui apprenait, comme elle, à se mouvoir dans l'espace. Un miroir de l'apprentissage s'offrait à elle, mais peut-être aussi un modèle pacifique.
C'est aussi une forme d'inframince, le générique de la maman. C'est un référent dans toute éducation.
Ma tutrice dit au père et sa petite fille : "C'est un beau vélo"
Une façon de désigner le véhicule et l'art et la manière réussie de lui apprendre à se véhiculer, sans les petites roues arrières.
Il lui dit : "Elle n'a que 2 ans, on ne va pas être trop exigent, on ne lui en demandera pas plus".

Je m'amusais de toute cette scène si précieuse et miraculeuse, si gentille, beaucoup de sagesse.

Avant de m'envoler vers la Lune, je récitais ce proverbe chinois :

"Quand le sage désigne la Lune, l’idiot regarde le doigt"

Ce jour là, il n'y avait point d'idiot, mais que des flocons de neige !
Et la Lune était le seul luminaire de cette soirée si paisible.









Je ne comprends pas tout ce qu'elle me raconte, mais j'imagine que nous allons bientôt pouvoir gouverner ces petites êtres humains qui peinent à s'organiser et à vivre dans la nature...
Je vais réfléchir à mon ministère très sérieusement.
Je vais ériger mon glaçon comme sculpture au centre de mon bureau, et on pourra tous sucer dedans de l'eau fraîche...
Moi, je suis dotée d'une intelligence hors norme.

Je suis une pie bavarde, une Pica pica. J'appartiens à la famille des Corvidae et à l’Ordre des Passériformes. Je suis très commune en Europe et dans certaines régions d’Asie. Il y a une dizaine de sous-espèces chacune vivant dans une zone géographique bien spécifique comme la Pica pica anderssoni (Russie), Pica pica fennorum (Scandinavie), Pica pica bottanensis (Chine), Pica pica mauritanica (Afrique du Nord), Pica pica bactriana (Pakistan) ou encore Pica pica melanotos (péninsule ibérique). Nos dialectes sont désignés par les français et belges par agasse, agace, ajasse, ageasse, ajaça, agaça, agache… Je fais partie des oiseaux les plus intelligents de la planète. Je mémorise énormément d’informations, j'apprends à m’adapter à de nombreuses modifications environnementales, douée d'un grand stratège. Je reconnais et comprend les émotions que peuvent ressentir mes congénères et autres animaux. J'ai une perception sensée de la mort. J'ai conscience de mon reflet dans un miroir, donc une conscience de moi, (de soi), ce qui est rare chez les animaux.

 "Je sais bien, belle amie, tu me reconnais et tu es douée d'une mémoire prodigieuse."







Un petit rouge-gorge était venu curieux pointer son bec. Il nous regardait et tentait différent point de vue.
Il s'ébrouait de joie, rien qu'à l'idée de nous écouter.
Puis il nous dit : "Vous savez que les rouges-gorges sont très intelligents ?"

À cet instant, nous avions une équipe constituée pour un beau ministère...
Une arche de Noé, juste avant le déluge.






Moralité :

Il faut se montrer humble face à l'hiver.
Il pleut à petit bruit, d'ennui, qu'aucun Dieu n'ose ajouter à la peine.
La nature détruit les nids, le froid glace les cœurs, amoindri les efforts et le mal a dit, reste petit dans ta coquille d'argent, l'or ne se trouve plus. Les médailles ne subsistent pas aux typhons des temps. Cyclones et vertiges, fenêtres glaçons, couvertures de survies, toitures fissurées, maladies et rien à dire, bien maudire, sans dire mot.
Chaque perle compte, topazes, agates, ambres et pierres de lunes, pour que le collier soit le plus précieux remède aux maux d'hiver.





Photographies et dessins © Sonia Marques


Par kiwaïda at 02:20

22/12/2023

L@ M@ℊїε ∂℮ ℕ◎ëL










Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


Deux êtres humains échangeaient des mots en face à face avec une distance pudique. Un jeune homme et une jeune femme, peut-être d'une vingtaine d'années. Près d'une fontaine, en fin d'après midi, avant Noël.
Lui, il portait un pull rougeâtre avec des flocons blancs et des petits cerfs assez ajusté. Il tenait fermement les lanières de son sac noir plaqué sur son dos, qui semblait vide,  un petit peu trop petit pour ce grand gaillard.
Il était bien portant, fort, tel un bubo bubo, mais encore baigné dans l'enfance, de celle qui donne un côté ludique aux sorties de l'école, malgré le froid il n'avait ni manteau ni écharpe, ni même de gants. Il était un petit peu trop petit peu.
Ses chaussures étaient abîmées, des baskets noires ne ressemblaient plus à des baskets, elles étaient un petit peu trop petites, on pouvait voir ses doigts de pieds tenter une sortie hivernale, comme les escargots sortent de leurs coquilles.
Il avait vraisemblablement beaucoup marché, et ce depuis très longtemps, depuis qu'il était tout petit, il n'avait donc aucun véhicule à sa disposition, trop petit peu d'argent. Cet hibou grand-duc qui ne s'avouait pas, marchait sur des œufs.
Elle était vêtue très sobrement dans des teintes violacées et grisâtres de tons que l'on pourrait reconnaître dans des vêtements dédiées aux femmes bien plus âgées qu'elle, ou d'une femme d'un autre temps, de ces albums photos où les visages disparaissent, et sont un peu blêmes juste avant de se fondre dans le décor.
Ses cheveux longs et noirs n'avaient pas été touchés par des mains de coiffeur, ils étaient authentiques à ceux de son enfance, un peu humides de cet hiver, maintenus par des lunettes très fine. Elle était un petit peu trop jeune pour parler à un jeune homme, pas assez et un peu trop petit peu, pourtant c'était une femme déjà, sans souhaiter quitter le territoire de l'enfance.
Elle se tenait les mains, comme si elle s'empêchait de commettre un geste trop en avant vers le jeune homme qui tenait ses lanières, lui aussi, afin de s'assurer, que ses mains ne touchent pas autre chose, et ne s'aventurent pas à l'improviste, alors que ses yeux et sa bouche à elle, trahissaient son envie folle d'aller plus proche de lui, ou ne serait-ce que lui dire des choses, qu'elle ne dira pas, un petit peu, mais jamais trop. Il ne fallait pas aller trop vite ni que le trop puisse se voir trop.
Elle se dodelinait telle la chouette ėffraie, un petit peu, avec ses chaussures d'un autre temps. Ils étaient tous deux sortis d'une autre époque, aucune évolution ne les avait bousculés, ils pouvaient sortir des années 70, du siècle dernier, comme des années 50, comme ils pouvaient naviguer en ce jour de 2023, avant la nouvelle année, se regardant sans savoir quoi se dire vraiment, mais le plus important était ce moment là, passé ensemble, à se regarder, sans bouger, devant la fontaine, éternisant leur onomatopées, et leurs balancements discrets.
Un petit peu de résistance se faisait sentir, comme s'il ne fallait pas précipiter l'entrée dans la nouvelle année, 2024, qui ne leur promettait  rien de bon.
Ils ne soupçonnaient aucune politique, aucun réseau social, aucune mode, aucune influence, ils étaient réduits à ce moment là, l'essentiel d'une rencontre qui les tétanisait, ils étaient là, et leur présence se suffisait pour rassurer tous les déprimés de ce monde et tous les pessimistes.
Oui, il y avait encore des êtres humains, disposés à se rencontrer, et agrippés à l'essentiel, aveugles au temps qui passe, au tourbillon insensé des commentaires et aux volcans des guerres mondiales et conflits interpersonnels.
Ils étaient invisibles pour tout cela, trop petit et pas assez, un petit peu trop anodins, trop effacés dans cette vie qui oblige de marquer son territoire au fer rouge et cracher du feu à qui s'en approche trop, être humain, animal, insecte et objet non identifié. Ils accueillaient l’inconnu, aux grands yeux ouverts, miroirs des paradis perdus.
Un petit peu trop discrets.

Discrets ? Me voici la pie.

Je vole sur la crête de la fontaine et j'apparais devant eux, ou plutôt, entre eux, mais en hauteur, de sorte qu'ils s'exclament en cœur : "Ho !"

Hé Ho !

"Cela m'a fait peur" dit la jeune femme. "C'est incroyable", dit le jeune homme.

Quelque chose est venu perturber leur dialogue, ou plutôt, confirmer leur rencontre.
Cupidon pie, me voici faire la maline.

Quelque chose ? Juste un souffle.
Le son d'un souffle divin.

Je pose une patte dans ma poche, je pose.
Le jeune homme sort son téléphone portable pour prendre une photo, pas de moi, mais d'elle, avec moi sur elle, la belle aubaine.
Je vole sur l'épaule de la jeune femme et je toque sur ses lunettes, elle a peur.
Il ne peut la protéger mais déjà, il s'enquiert d'elle : "Ça va ? Elle ne t'a pas fait mal ?"
La jeune femme minaude un peu, "Si j'ai mal"...

"Attend voir, je regarde si cela va", le jeune homme s'approche, elle est timide et n'ose le regarder de trop près.

Pssst ! Je leurs demande un peu de discipline, qu'ils me regardent un peu et ouvrent leur cœur à l'unisson !

Ma tutrice chuchotait plus loin en regardant la scène : "Elle fait son intéressante, quelle charmeuse !"

Cela ne me plaisait pas qu'elle voyait dans mon jeu, j'ai volé sur les baskets du jeune homme et je les ai piqués des tas de fois comme trucider un cadavre.
Il était très mou le garçon, mais il n'osait pas bouger ni me chasser, il me laissait faire un massacre, j’émiettais complètement le devant de ses miteux souliers.

Puis il dit : "Ce n'est pas grave, je devais m'acheter une nouvelle paire, cela m'obligera à le faire"

Voici que je pointais le problème. La jeune femme regardait la scène avec pitié, peut-être pouvait-elle lui offrir des souliers ?

Ma tutrice s'approcha et brisa mon projet.

"Elle ne vous embête pas ?"

"Non pas du tout, elle est arrivée comme ça, on ne sait d'où elle vient, c'est vraiment magique, elle s'est posée là, je n'ai jamais vu cela !"

J'étais assez fière de mon coup, en plus ma tutrice venait parfaire mon dessein.

Elle leurs raconta mon histoire, mais ajouta une pierre à l'édifice amoureux.

Les mâles sont plus grands, une plus longue queue et un plus long bec et les femelles sont plus en retrait.
Le mâle est frondeur et il va en avant, il ose parler et la femelle attend, plus intelligente, elle regarde la scène et saisira le moment où elle peut intervenir, lorsque le mâle aura cacher ses victuailles sous des feuilles par exemple.

"Merci," lui dis-je, car elle vient de décrire l'entreprise des amoureux.

Le jeune homme nous remercie, sans comprendre ce que je dis, et la jeune femme esquisse un sourire complice. Elle a tout compris.

Il s'exclame : "C'est la magie de Noël !"

"Il se fait tard, la nuit tombe, nous vous saluons et nous allons rentrer avant de ne plus rien voir", dit-il, et la jeune femme le suit, sans faire de bruit. Tels des oiseaux nocturnes, je savais que leur nuit serait magique, nous les regardions partir sous le porche, s'envoler calmement, et majestueusement.

Observant le comportement de ce jeune homme, elle a choisi de le suivre, avec bien plus d'entrain. Leurs yeux se sont ouverts, ils ont un sourire radieux, je dirais presque qu'ils sont heureux, dans leur presqu’île.
Ils ont reçu quelque chose en plus, cette petite flamme qui s'est allumée dans leur cœur insulaire.

La jeune femme hésitait, en se dandinant devant la fontaine, gracile, elle suspendait le temps, en serrant fort le fil de sa vie avec ses pattes de plumes, au jeune couple, ma tutrice leurs disait,  :

La pie ne choisi que des êtres humains gentils.
Elle vous a choisis.
Un petit peu.












Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 04:54

14/12/2023

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Œuvres photographiques © Sonia Marques

Des sages ?


Hiver. Jaune. Lumière.
Nuit verte. Noire. Bleue.
Jardin des bises. Des envolées.
Chaleur des beaux. Belles caresses.

Fini Londres. Gares finies.
Terminus. En train de fondre.

Vétiver. Été souvenir.
Rouge automne. Bleu Finistère.
Oiseaux des neiges. Manchots costumes.
Pies des malices. Limaces des pluies.

Père Noël des astuces. En inventer un.
Salutations des sages. Passage des mages.
Nard de Magdalena. De grand prix. Parfum des prières.
Odeur de la connaissance. Luxe et foi.

Fragrance offerte.
Ombre d'un chat. Le chat ombre les yeux.
Les plumes. Le masque. Les marques.

Gris folies. Sagacités grisailles.
Poète grisonnant. Douces batailles.

Écrin de peluche. Rudesse dans son étui.
Rêves silences. Blanches grèves.

Polaire robe des bêtes.
Lunaire ramage des étoiles.
Cheveux dénoués. Seins dévoilés.
Remède sans venin. Paradis sans serpent.
Lèvres de la rose. Extase aux aromates.

Le temps des images. Dessins imaginaires. Espoirs infinis.
Présence chaude. Givre Saint Bernard. L’ermite.
Grand chien de montagne. Sauveur des glaces.

Solaire robe des fêtes.
Plus de voyage. Plus de naufrage.
Lire les contes. Conter son pèlerinage.
Kimono brodé. Flammes.
Cœurs dénudés.

La barbe. Les invités.
Présents sincères. École des absents.

Fini les notes. Fini les fautes.
Bienvenu le bonheur.

Impressions soleils couchés.

Attente velours. Bientôt Noël.




Par kiwaïda at 00:33

12/12/2023

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Peintures et gravure de Jane Graverol, (1905-1984) peintre surréaliste belge.


Le sacre du Printemps (1960)


Le trait de lumière (1959)


L'esprit Saint (1954)


Les hautes herbes (1946)


Scène symboliste (1949)


Par kiwaïda at 01:14

10/12/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Je ne dormais qu'un seul œil. Je parvenais toujours à trouver un petit endroit pour dormir, personne ne peut savoir où. Il pleut beaucoup et il fait froid, les journées sont quasi funestes, le sommeil m'est indispensable, il restaure mon organisme, et assure le bon fonctionnement de mon cerveau. Je suis encore jeune, cela favorise aussi ma croissance, j'apprends toujours tant de choses, en ce moment, je découvre l'hiver et les autres animaux, les rivières et les nids à découvert, les corniches, les creux où s'abriter, les arbres touffus qui n'ont pas perdu de feuilles les conifères évidemment. Mon stress se réduit en dormant. Pour l'assurer, je me dois de rechercher la meilleure place pour ma nuit, très loin des prédateurs. Je ne dors que d'un œil, une partie de mon cerveau reste aux aguets. Nous avons, une petite singularité, chaque œil ne communique qu’avec une moitié du cerveau. Notre sommeil est hémisphérique unilatéral. Je repose une moitié de mon cerveau, puis l’autre afin de surveiller les alentours et réagir vite en cas de danger. En équilibre sur un fil, une branche, un rien du tout. Funambule, je suis, je reste, agile et fugace, mais tenace sur mes pattes qui tiennent bon. Mes tendons fléchisseurs bloquent les serres en position fermée lorsque je m'endors. C'est un peu l'inverse des êtres humain, autant serrer un objet leurs demande un effort, autant nous, aucun. Lâcher un objet, demande aux êtres humains un lâcher prise sans aucun effort, autant, nous pour lâcher, c'est un effort, si bien que nous serrons bien fort. Je ne peux pas tomber, car mes serres me retiennent.

La nuit soudainement encombre toute la nature, le silence se fait entendre. Tous les oiseaux se taisent, ou presque, on peut entendre les nocturnes, un hiboux par exemple. Juste avant la nuit, je me lisse les plumes et je chante avec mes amies les pies. Je suis déjà à l'abri des prédateurs.

Nous sommes homéothermes. La température de mon corps est constante. Mes plumes gardent emprisonnée la chaleur, elle ne s'échappe pas, elles sont formidables. La période de mue cet été que j'ai connue, favorisait la pousse de superbes plumes dont je prenais soin de les étoffer pour l'hiver. J’ébouriffe mes plumes avant de dormir, j'en ai peut-être plus de mille mais qui les a comptées ? Cela n'existe pas les chiffres chez nous ! Mes plumes sont inertes, elles ne possèdent ni vaisseaux sanguins, ni peau, ne dissipent pas la chaleur de mon corps. Au contraire, elles forment une barrière qui emprisonne la chaleur près de ma peau. Ma tutrice me disait que c'était donc un effet proche de celui lorsqu'elle dormait sous une couette de plumes, ou portant un duvet sur le dos. Sous mon épiderme il y a une zone de stockage de mes graisses, ce qui donne une fonction isolante. Mais je disais à ma tutrice, que je ne connais pas la sudation. Il m'est arrivé de la voir transpirer, ces jours-ci, elle a attrapé un bon rhume, nous, nous sommes dépourvues de glandes sudoripares. À mon tour de la réchauffer sous mon aile. J'avais ce petit chapeau de pluie, assez décoiffée, ma tutrice complètement mouillée, car je n'aime pas les parapluies, mes copines les autres pies sommes là avec elle afin de papoter un peu. Parfois une lumière singulière dorée et rosée apparait lors de nos échanges, puis l'atmosphère lugubre reprend son décor tamisé de bas résilles noirs , sur un sol de flaques d'eau grises et argileuses, et nous disparaissons toutes, les pies, ma tutrice... et moi.

J'ai parfumé ma couche De myrrhe, d'aloès et de cinnamome.
Je serre bien fort.
Je m"endors.





Photographies © Sonia Marques


Photographie de la crèche limousine en orfèvrerie émaillée réalisée par les artistes Léa Sham's et Alain Duban. Elle représente 9 saints vénérés en limousin.

Par kiwaïda at 22:08

01/12/2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


La transformation s'est réalisée. Je suis devenue le chat. Le chat est devenu la pie.
Je suis revenue, au chaud, je suis la pie-chat.

La magie de Noël se saupoudre dans la ville, les êtres humains ont travaillé pour allumer de petites lumières.

Je regarde la télévision pour chat, et je suis subjuguée par des écureuils et des oiseaux incroyables.
Ils habitent aussi la forêt, là d'où je viens.
Ils aiment les noix et les graines, je suis très impressionnée, moi la pie-chat.

Mes yeux de chat sont hypnotisés.

Les arbres sont désolés, leurs feuilles sont tombées pour la plupart, là où j'ai fait mes premiers pas-pattes, sur ces branches, me nettoyant le bec.
Ils sont désolés et nous aussi. Lugubres espaces dénués de lumière, la nuit arrive si vite qu'elle tire le rideau seule, sans nous le dire.
Il faut se dépêcher de s'abriter, on ne voit plus rien le soir vers les cinq heures.

Je suis si heureuse de connaître cette saison si froide, les nuits sont glacées, je deviens boule de plumes, noire et énorme.
Je ne pensais pas vivre jusqu'ici, quand d'autres souhaitaient me tuer.
Que c'est beau l'hiver qui arrive, je pensais ne pas réussir à l'habiter, c'est lui qui me prend par la main, il me souffle son air divin, si pur, et si vivifiant.
Comme ma tutrice est courageuse, comme je le suis bien plus.
Mes amies les autres pies sont au complet, chacune la reconnaît, elle les reconnaît.
Les jardiniers sont toujours à la tâche.
De nombreux oiseaux sont là, des jeunes, si jeunes, à la tombée de la nuit, c'est un ballet merveilleux de choses ailées noires et malicieuses, de sons si différents, délicats et raffinés.
Les entendre suffit à voir les étincelles d'une vie que l'on pensait morte. Une vie habitante, une vie multiple et incarnée dans des notes de musiques surprenantes, un kaléidoscope improvisé, fermons les yeux.
Chaque sonorité semble s'enfuir, chaque oiseau tire son épingle du jeu. Tout n'est que fugue et fugue, tous s'en vont, et lorsque les yeux s'ouvrent, tout est parti.

L'hiver est bien là, implacable, sans possible retour en arrière.

Avance !

Le matin, dans la brume, le sol est humide et gelé, nous aimons sautiller dessus, picorer partout, toute cette moquette est pour nous, personne, aucune âme.
Ma tutrice nous observe et sait à présent tous nos vols, lorsque nous survolons la rivière, lorsque nous arrivons, à vol d'oiseau tout est si proche.
À pieds, les êtres humains ne peuvent voir toute notre cartographie, on s'appelle, on crie, on est heureuse, on est une seule chose et toutes à la fois.
Notre corps s'éparpille dans les milliers d'autres volant. On fait ci, on fait ça, et, on ne sait pas qui on est. Nous savons, nous, qui sommes nous.

Toutes ensembles, nous regardons les grues, leur forme en V, leurs cris, elles sont si belles, les cendrées.

Les arbres sont désolés, ils se sont lestés de toutes leurs feuilles, tout ce qui les encombrait.
Comme nous tous, nous laissons mourir ce dont nous n'avons plus besoin.
Ces poids encombrants, ces regrets épais, ces remords trop forts, ces entailles et épines dans le cœur.
Nous nous séparons de tout cela, nous avons déjà enterré ces fardeaux et avons célébré leurs expériences, leurs doux accompagnements et fâcheux doutes depuis ce début de l'année.
Viens petite gloire, tente de hisser ton pavillon modeste.
Laisse ta voile faire le reste, et glisse moussaillon, vers la fin de l'année, illumine un peu ton chemin, et tous tes cailloux, jusqu'ici clairsemés.
Que tes pierres grises et opalines se transforment en mousses vertes de coton.

Nous sommes désolés.

La froideur a désertifié les terres, la chaleur humaine se fait plus précieuse, si rare, les cœurs sont serrés, les larmes tombent au goutte à goutte.
Ici ou là, on éponge, ici ou là on calfeutre les fenêtres, ici ou là, on se pare de couvertures, ici ou là, on se réchauffe comme on peut, ici ou là, on n'ose pas se plaindre.

Ma tutrice cherche ma mère et mon père. Du chat ou de la pie ? Et d'elle ? D'ailes ?
Je suis entrée à pas feutrés dans une âme féline, afin de faire mes griffes dans l'arbre de la vie.

Sous un sapin, je rêvais passer l'hiver dans un foyer.

La cheminée des fées.

J'ai cheminé jusqu'à toi.

Merci de nous avoir pris sous ton aile.











Par kiwaïda at 22:54

25/11/2023

ℙøм♭A ḓA ℘AZ


















POMBA DA PAZ / Desenho © Sonia Marques



Journal d'une pie (extrait)

Elle me raconta les chansons, les mélodies, il y en avait une que son compagnon avait trouvé, après avoir écouté notre nouveau funambule, et il lui dédia celle-ci.

Ma tutrice me dit : c'est pour toi !

Et puis elle m'envoya un dessin, pris sur le vif, dessiné avec un chat sur les genoux, très attentif, une colombe de la paix, qu'elle nomme : "Pomba da paz"



Par kiwaïda at 21:28

10/10/2023

ᾔυαℊε﹩


Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 00:30

30/09/2023

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Peintures © Sonia Marques

Doucement la peinture arrive aux moments où nous pensions qu'elle avait disparue.

C'est lorsqu'elle disparaît, qu'elle arrive.

Et puis, elle est là.

On ne peut pas, ne pas la voir.

C'est une peinture, ce sont des couleurs, ce sont des souvenirs.

Empreintes inoubliables, vécues, déposées, peintes.

Par kiwaïda at 17:01

08/09/2023

¢☺üʟεüґ


© David Hockney > Early Morning in Sainte-Maxime", 1969

À l'automne 1968, David Hockney séjourne dans le sud de la France, dans la maison du réalisateur Tony Richardson. Cachée dans la forêt au-dessus de la baie de Saint-Tropez, c'était un endroit magique.
Hockney avait rencontré Richardson en 1966, lorsqu'il avait été invité à concevoir les décors pour "Ubu Roi" d'Alfred Jarry au Royal Court Theatre de Londres.
Un matin, Hockney a photographié le lever du soleil sur le petit port de Sainte-Maxime, dans la baie de Saint-Tropez, capturant ses bâtiments couleur chair et la Méditerranée qui clapote doucement sur la plage de gravier.
"J'ai pris une photo de la scène et j'ai été tellement impressionné que je l'ai peinte comme ça... C'est le seul tableau où je n'ai pas essayé de dominer la scène", a-t-il déclaré plus tard.

© David Hockney  > Black Tulips, 1980

©  David Hockney > Celia in an Armchair, 1980
 

Très belle photographie de Joni Mitchell & David Hockney !

Une galerie de Los Angeles a posté un instantané des  deux artistes, légendaires, de l'art et de la musique Joni Mitchell et David Hockney se tenant la main à l'exposition solo de Hockney 2019 (Louver Gallery à Venise) ces photographies ont engendré de nombreuses reproductions, aussi en papier mâché. Dans un article du Los Angeles Times écrit par David L. Ulin en 2019, une semaine après la première publication de l'image, il dit : "Il y a Hockney, coloré dans une veste bleue déstructurée, un cardigan vert citron et une cravate rayée rose et rouge, ressemblant à une figure d’un de ses propres tableaux. Mitchell porte un pull finement tricoté et tient une canne. Ils sont immédiatement reconnaissables... Mitchell et Hockney sont désormais très éloignés de leurs plus jeunes incarnations, les images d’artistes auxquelles nous pensons probablement lorsque nous entendons leurs noms... Qu’arrive-t-il à une icône lorsqu’elle vieillit ? C’est une question valable dans une ville où l’âge a longtemps été traité comme un anathème... Hockney est né à Bradford, en Angleterre, et est tombé amoureux de la Californie en regardant Laurel et Hardy à l'écran. "Je savais déjà quand j'étais enfant", a-t-il déclaré au New York Times en 2001, "qu'il faisait beau à Los Angeles parce que même si Laurel et Hardy portaient des pardessus, ils projetaient de longues ombres. Il n’y avait pas de longues ombres à Bradford. J'ai remarqué ça." Mitchell a grandi en Saskatchewan, au Canada; elle a contracté la polio à l'âge de 9 ans et a ensuite eu un enfant hors mariage. "Je n'aurais pas poursuivi la musique sans avoir eu des ennuis", a-t-elle déclaré. Dans un sens très réel, elle est rentrée « chez elle » à Los Angeles : « Oh California », a-t-elle chanté, « Je suis ta plus grande fan ». Chacun d’eux a atterri ici dans les années 1960 et a rapidement commencé à produire des œuvres qui définissent la Californie du Sud – d’hier et d’aujourd’hui. Pensez aux peintures de piscine de Hockney et aux albums de Mitchell « Ladies of the Canyon » ou « The Hissing of Summer Lawns ». Il semble que la confluence du lieu, du temps et du talent leur a permis de devenir ce qu’ils espéraient être à leur arrivée à Los Angeles...Et donc cela nous charme, nous choque même, de voir Hockney et Mitchell prendre de l'âge. Il a eu un accident vasculaire cérébral mineur en 2012 ; son audition est altérée depuis plus de 40 ans. Elle souffre de la maladie de Morgellons et, en 2015, un anévrisme cérébral l'a obligée à réapprendre à marcher... Hockney a 81 ans et Mitchell 75 ans. Ce sont des légendes, oui, mais des légendes qui miraculeusement, transcendent leur âge. Leur pouvoir de longévité découle, au moins en partie, de leur singularité. Ils ont toujours été des idoles décalées : trop vieillissantes, trop créatives pour être simplement des stars. Maintenant qu'ils sont plus vieux, ils sont plus profonds. Cela nous charme, nous choque même, de voir Hockney et Mitchell embrasser la vieillesse... La photographie évoque leurs excentricités et leur style caractéristique, de la casquette et des lunettes rondes de Hockey aux pommettes pointues et à la longue tresse de Mitchell.
Hockney et Mitchell en 2019 nous ouvre sur ce qui est possible, comme ils l'ont fait tout au long de leur vie créative, illustrant la grâce avec laquelle nous pourrions construire un continuum entre le présent et le passé. Même un endroit aussi résolument tourné vers l’avenir que Los Angeles ne peut nier le charisme de ces artistes ; il ne peut pas limiter ses icônes à la dernière vague. En d’autres termes, la jeunesse est importante, tout comme l’endurance. Mitchell et Hockney endurent.
La réponse à leur image sur les réseaux sociaux peut être un signe -  j'aimerais imaginer - que Los Angeles devienne de plus en plus vieillissant et créatif également. Cela ne pouvait pas arriver assez tôt. Le temps est passé pour la ville de mettre de côté son obsession pour le nouveau et brillant et de penser au-delà de l'attrait voluptueux de nouveauté. " Cette fabuleuse photo de deux vieux amis se tenant la main et étant eux-mêmes authentiques, est adorée des réseaux sociaux et semble elle aussi perdurer depuis 4 ans, depuis qu'elle a été prise !





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© David Hockney avec ses chiens, Stanley aet Boogie, photograpgié par Richard Schmidt
Au début au milieu des années 90, David Hockney a vécu tellement de pertes qu'il a ressenti le besoin pressant de renouer avec l'amour. Il a commencé à capturer ses deux teckels adorés, Stanley et Boodgie et, ce faisant, il a commencé à capturer l'amour. Hockney lui-même a décrit ce sentiment comme suit :
"Je pense qu'en janvier, je voulais désespérément peindre quelque chose d'amoureux. […] J'ai ressenti une telle perte d'amour que je voulais y faire face d'une manière ou d'une autre. J'ai réalisé que je peignais mes meilleurs amis, Stanley et Boodgie. Ils couchent avec moi ; Je suis toujours avec eux ici. Ils ne vont nulle part sans moi et je ne les quitte qu’occasionnellement. Ils sont comme des petites personnes pour moi. Le sujet n’était pas les chiens mais mon amour pour les petites créatures."
Peindre Stanley et Boodgie nécessitait une planification méticuleuse, Hockney avait installé des chevalets autour de sa maison et gardait toujours une palette séparée à portée de main, afin de capturer les chiens rapidement et dans leurs poses naturelles. Celles-ci n’ont jamais duré longtemps, car dit-il :
« les chiens ne s’intéressent généralement pas à l’art… La nourriture et l’amour dominent leur vie ».
L'exposition de 1995 et le livre qui a suivi, Dog Days, ont été un énorme succès, d'innombrables personnes sont venues nous rendre visite, amenant même leurs propres chiens pour voir les photos ! Cependant, aucun des tableaux n’était à vendre. "Ils sont trop intimes, trop personnels", a expliqué Hockney.


L'artiste en train de peindre les motifs de sa fameuse piscine
 

L'artiste en train de peindre les motifs de sa fameuse piscine.

Il est dit qu'un jour le peintre regarde par le hublot de son avion pour la Californie et voit des motifs lumineux dans le paysages, bleus, ce sont des piscines. Attiré comme une pie par ces éléments, il en fera un motif récurrent, dans son œuvre, tant dans ses motifs, ses décors, ses lieux de vie, son observation de ses amis plongeant dedans, l'abstraction de l’absence du plongeant la trace de l'énergie (A Bigger Splash, la fameuse peinture, peinte en 1967) jusqu'à en peindre des motifs eux-mêmes, comme des vermicelles bleus, avec un grand pinceau, une sorte de balaie, au fond d'une piscine.
Tout simplement ! Un excellent graphiste !

Par kiwaïda at 09:51

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