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blog m kiwaïda

01/09/2023

ℒϴṼ∃ℜS

Dessin © Sonia Marques

<3

Par kiwaïda at 01:09

20/08/2023

†αґ⊥αґü❡α✏ღ@ґḯηнα













Pinturas fotográficas © Sonia Marques

Tartarugas-marinhas são os primeiros répteis fluorescentes encontrados na natureza.

Hoje sou uma linda tartaruga que sonha, com o azul, com o ar, com o mar, com o céu, com as estrelas, com a água, em estar com minhas amigas as tartarugas marinhas, num mar azul, marítimo, em pinturas ultramarinas...

Par kiwaïda at 14:42

11/08/2023

¢αятε ρøṧ☂αL℮

Peintures © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)

Un jeune homme avec un masque, les cheveux libres et le t-shirt jaune s’accroupit vers moi, puis il tentait de m’attirer, il parlait doucement, je le reconnaissais. Je m'envolais vers ma tutrice installée sur son tapis magique avec son compagnon. Le jeune homme souhaita me suivre puis il posa une question à ma tutrice : "Vous la connaissez cette pie ?" Puis elle raconta mon histoire. Il lui dit : "Ravi d'avoir rencontré la maman pie". Puis il raconta notre histoire, lui et moi, nous nous connaissions un peu, il venait me voir et je communiquais avec lui. Je lui ai piqué l’œil, il a eu mal durant 15 jours. Il m'a dit que ce n'était pas grave mais qu'il a ainsi appris à se protéger. Je lui agrandissais le trou de son t-shirt pendant qu'il osa raconter cet accident à ma tutrice, elle fronça les sourcils, je sentais qu'elle était en colère après moi. Mes deux amies pies se sont mises à gazouiller et raconter un tas de trucs. Le jeune homme raconta un peu sa vie avec les animaux, comment il a récupéré un pigeon blessé, comment il a tant bien que mal redéposer une corneille tombée du nid, sur une branche près des parents, comment il a pris un tube pour emmener la souris de son appartement dans un bosquet dehors, comment milles aventures, il tentait de pousser un peu les êtres sans les brusquer pour leurs redonner un peu d'élan. Il était comme ces êtres qu'il observait dans la détresse. Sensible à ma petite vie de pie et l’accompagnement dont je bénéficiais, il racontait à ma tutrice à quel point j'étais une petite célébrité dans ces parages. À présent ils savent chacun, chacune un peu plus mon histoire, sur le tapis de ma tutrice, les langues se délient, la vie des uns et des unes et des autres arrive, seulement par l'expérience de l'autre, les êtres humains nomment cela l’altérité. La chose étrange et suspecte que je suis, pour les plus attentifs et sensibles, est un petit miracle dans leur quotidien et éveille leur âme d'enfant, de sauveur, de joueur, de joueuse. Je ne suis qu'un être qui virevolte d'un être humain à un autre à un arbre, à un mur, je plane entre toutes ces choses, obstacles de ma route, je fais un peu le tri. Celui là oui, celui là non. Parfois un homme en costume passe le midi et me montre du doigt et tente de m'attirer comme si j'étais un animal idiot. Je ne bouge pas, au sol, sur ce sable d'été, et je le regarde. D'un coup, devant les autres, il se trouve très con. Il se relève et repart comme s'il n'avait rien fait, ni de bruits incongrus, ni de gestes grotesques, il reprend sa marche, et moi, je marche comme si cet homme était bien un idiot. Et c’est ainsi que je fais rire mon monde. À l'heure du déjeuner, celles et ceux qui travaillent viennent avec leur barquette et grignotent, c'est le meilleur moment pour titiller l'âme humaine. L'autre jour j'ai vu mon copain le petit chien blanc, il est tout fou lorsqu'il me voit. Nous jouons devant les yeux ébahis des touristes qui s'arrêtent. Ils n'en croient pas leurs yeux. Je saute sur le chien, il se cache derrière les jambes, aboie, tourne autours de tous, je vole au dessus, je crie comme un petit dessin animé, je le provoque, je saute à travers des bassins d'eau, il ne peut me suivre, je le ferai presque tomber dans l'eau, puis je reviens, à 2 pattes et lui à 4 pattes, on courre partout, sa maîtresse est admirative, elle sait nos jeux, elle a emmené une petite caméra. Mes ailes me servent à sautiller à m'élancer très haut, je suis très expressif, comme une marionnette animée d'une folle envie de crier ma joie, je suis si sérieuse, avec mon bec, pourtant j'exprime une gaité monstrueuse et tapageuse. Je sais que ma tutrice s'inquiétait mais comment ne peut-on pas être entrainé par ma force communicative, les gens sont dans leur train-train, souvent assez tristement, ils marchent comme s'il allaient à l'échafaud. J'arrive comme un pépin, une pépite qui n'existe pas, ils doivent se pincer plusieurs fois, ils sont sidérés. J'ai mes humeurs. Je boude aussi. Mais depuis que j'ai mes copines les pies, je passe des journées extraordinaires. Il faut dire que ma tutrice y met du cœur à créer du lien et m’intégrer avec les autres. Une bonne ressource humaine. Un jour je suis arrivée en retard, et les 2 autres pies s'étaient déjà bien installées avec ma tutrice et elles lui parlaient, une, le mâle qui faisait très peur est devenu tout choubidou, il lui pique ses doigts de pieds, comme je faisais. Je suis jaloux comme tout ! Il me copie. Il tente de la séduire, il prend des morceaux de bois et les déplacent, lui qui ne faisait jamais cela. Il gazouille auprès d'elle, il secoue le tapis. C'est pas possible. Alors il est devenu de plus en plus proche. Nous sommes un groupe de 3 à 4 pies. ma tutrice souhaitait faire ce travail pour moi, mais voilà que c'est elle qui est intégrée au monde des pies. Mais ce n'est pas tout. Voici qu'un groupe de merlettes se met à la suivre, et se cache près d'elle, attentives toutes. Elles si craintives, elles viennent comme des amies. C'est un drôle de paysage. Nous disparaissons d'un coup s'il y  a des prédateurs, des êtres humains malintentionnés ou des bêtes agressives. Ainsi, seuls les délicats peuvent être témoins d'un spectacle paisible d'amitié entre elle et nous.
Un soir au crépuscule je m’appétais à dormir. Ma tutrice me cherchait et j'étais sur le sac ouvert d'une femme qui pleurait. Ma tutrice me demandait de partir, mais je lui disais de mieux regarder cette femme. Elle était de dos avec sa petite robe d'été, bronzée, menue mais elle se cachait le visage. Et elle avait plein de petits bagages, comme si toute sa vie tenait dans tous ces petits effets alignés. Moi je sautais carrément dans son sac. Ma tutrice lui demanda si elle avait besoin d'aide. Elle lui a dit qu'elle voulait juste se changer. Ma tutrice comprit qu'elle venait d'être mise dehors ou qu'elle s'était elle-même sauvée. C'était une femme assez sûre d'elle mais complètement à plat. "Vous avez besoin d'aide ?" Reposa ma tutrice. Elle se cachait le visage. Elle lui dit qu'il y avait un couvent qui accueillait les personnes, ou femmes esseulées. Elle lui dit qu'elle en venait, mais qu'ils étaient complets, mais qu'elle voulait juste se changer. Sa petite robe d'été rose, la nuit tombait, ma tutrice comprenait là, qu'elle devait s'habiller pour la nuit. Alors elle m'ordonna de sortir de son sac afin de la laisser loin des regards se changer. Elle avait du mal à me faire partir, je suis si curieuse, tout m'intéressait. Puis je décidais, que si cette femme était seule, cette nuit, je lui tiendrais compagnie. Je montais sur une branche au-dessus d'elle et j'attendrais. Je savais que ma tutrice ne partirait pas de suite. Afin d'apaiser, maintenir le lien. Elle aperçu un homme au loin, il titubait un peu et il avait une bouteille d'alcool. Il cherchait quelque chose. Ma tutrice comprit de suite. La femme était dans l'ombre d'un arbre, il repartit. Puis la nuit tombée, j'étais au-dessus d'elle, je veillais sur elle. L'homme revient, puis il aperçu ma tutrice, il cacha sa bouteille derrière le dos et alla trouver la femme, et lui proposa de la suivre, car sa voiture était garée plus loin mais devant ma tutrice il se montrait plus gracieux. Elle refusa, fermement, il repartit.
Cette nuit elle est restée là. Avec moi.
Il faisait doux, une nuit d'été.
Le lendemain plus rien.
Ma tutrice n'est pas venue, sachant que nous étions en communion.
Un autre jour se lève, tout est différent, les gens aussi. Ce ne sont jamais les mêmes.
L'été se terminera, je ne ressemble plus au petit d'avant, je suis de plus en plus fort, mes yeux bleus deviennent noirs, je suis un peu plus vorace, je me débrouille bien. Parfois ma tutrice est mélancolique. Elle me dit que lorsque l'on aime une personne, quand on tombe amoureux, on aimerait montrer à la personne que l'on aime des tas de paysages magnifiques que l'on a connu, ou que l'on aimerait voir, avec l'être aimé. Elle me dit que l'on ressent l'envie de montrer les plus belles choses à l'autre, que cet autre soit aussi heureux qu'elle ne le fut en découvrant milles merveilles. Elle me dit qu'elle sait que je ne pourrai jamais voir les paysages qu'elle connait. Mais qu'elle aimerait me voir dedans, voir mes réactions, sautillant et découvrant la mer, les vagues, le sable, les palmiers. Tout ce qui rend la vie mortelle, lorsque la beauté resplendit, les immensités des horizons lointains, les yeux désireux de ces vues des mondes inouïs, des bonheurs inégalés, tout devient ultime, le silence aspire l'incroyable et fait naître les plus profondes paix pour en révéler les plus hauts espoirs. Ces paysages où devenir naufragés c'est revenir d'où l'on vient, sans pouvoir deviner quels sont les fruits de tous ces arbres, les couchers de soleil et les nuits étoilées.
Je luis dis que je ne sais absolument pas de quoi elle parle, donc ce n'est pas grave. Cela ne me parle pas du tout. Chaque jour est un émerveillement pour moi. Alors elle me dit qu'elle pourrait me décrire les paysages, comme des cartes postales comme si elle aussi était en voyage. Je vois bien que c'est elle qui manque de vacances, mais elle m'assure que me côtoyer ce sont des vacances inoubliables. Bien mieux que des cartes postales. Et puis, elle a une idée. Elle s'en va travailler un peu. C'est une artiste, et elle revient me montrer ses paysages. Mais elle ne voulait pas qu'ils soient trop précis. Elle les représentait comme des rêves un peu flous, afin que je rêve aussi avec elle.
Elle m'offrait ses rêves de voyages, tels qu'elle les peignait.
Je ne voyais que des tâches colorées disposées de différentes manières. Pour moi, rien ne ressemble à la nature ni aux paysages que je vois ou tels que je les vis. Mais j'ai ainsi compris comment les êtres humains rêvaient et créaient des images.
La nuit je vois ses peintures.
Toutes ces couleurs.
Je vole dedans.


















Peintures © Sonia Marques



Par kiwaïda at 01:55

03/07/2023

☾◎℮υґ






Photographies et dessin © Sonia Marques

Par kiwaïda at 15:02

24/06/2023

ℒ❝♄◎мღℯ ℘Liṧṧé

Par kiwaïda at 13:23

22/06/2023

J☺ї℮









Photographies © Sonia Marques


Par kiwaïda at 11:33

19/06/2023

ℙ@ηтα



Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 01:33

ℭαяⅾїᾔαʟ



















Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 01:27

ℒα ℙi∃ ∂℮ṧ ✞α ℙiṧ








Photographies © Sonia Marques

Par kiwaïda at 01:21

08/06/2023

Ḡiℓ☺⊥

Françoise Gilot avait 101 ans... Elle s’est éteinte à New York ce 6 juin 2023. Elle a vécu entre la Californie, Manhattan et Paris.
Des photos de son atelier ici. et ici., et ici.

Et quelques unes de ses peintures... Très belles créations.



Les tulipes (1991)
(Lithographie)

Elles me faisaient penser à mes dessins... de tulipes, du mois d'avril dernier !





Une autre lithographie de 1951 : Maternité



La chaise verte (huile sur toile) 1958



French window in blue, (huile sur toile) 1939

Qu'écrire ? Presque rien, quoique..
Tant de récits parcourent cette vie, elle fait partie d'un tout, une histoire, celle dont on regarde avec admiration, artiste, et lorsque l'on aime peindre et envisager la couleur... Ses compositions, ses dessins, ses peintures, "La chaise verte" est admirable, il y a là quelque chose de plus fin que ses inspirateurs, et mari... Avec Picasso, elle aura deux enfants, Paloma et Claude, éclipsée par son mari, elle le quitte pour vivre à Paris, il est violent et également avec ses enfants. Picasso n'avait alors pas l'habitude du "non" d'une femme. Elle a un troisième enfant, Aurélia, avec le peintre Luc Simon. Libérée de l'emprise de Picasso, elle publie Vivre avec Picasso, en 1964, traduit en 16 langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires. Elle décrit Picasso comme tyrannique, égoïste et cruel. Scandalisé qu’elle dévoile leur intimité dans un livre, il cherche à le faire interdire et arrête de voir ses enfants Claude et Paloma. Puis, Françoise Gilot refait sa vie en 1970 avec le biologiste Jonas Salk, qu’elle suit sur la côte ouest. Six ans plus tard, elle devient présidente du département des beaux-arts de la University of Southern California, jusqu’en 1983. Après la mort de son mari, elle retourne à Manhattan où elle s’installe dans un appartement/atelier situé dans le quartier chic de l’Upper West Side. Et comme on s'en doute bien, en France... sa reconnaissance tardive... arriverait presque à ses 101 ans, mais pas encore dans les livres d'histoire de l'art. Ha ! Quelle vie d'artiste les françaises ! Et encore, elle a vécu toute sa vie... ailleurs qu'en France...
Elle est née en 1921, et décide de suivre les pas de sa mère, une aquarelliste, à 7 ans, elle aime déjà peindre. À 13 ans, elle fait de l’appartement de sa grand-mère son tout premier atelier. Mais son père refuse que sa fille se dédie à une carrière de peintre : il lui impose de poursuivre des études de droits, et de freiner son activité picturale. Françoise Gilot poursuit discrètement sa formation artistique auprès du peintre surréaliste hongrois Endre Rozda (1913-1999). Un an après avoir débuté son cursus universitaire, elle se replonge à corps perdu dans la peinture, inspirée par les couleurs vives de Matisse et les motifs abstraits du groupe des Réalités nouvelles, dont elle sera plus tard membre. Ses efforts portent leurs fruits : en 1943, alors qu’elle est à peine âgée de 21 ans, une galerie parisienne expose ses toiles… et Pablo Picasso en personne fait le déplacement pour les observer. Convaincue de sa destinée, elle annonce quelques mois plus tard à ses parents qu’elle sera artiste, et qu’il n’en sera pas autrement. Alors que son père lui coupe les vivres, (il l’a battue, et a essayé de la faire interner dans un asile d’aliénés) Françoise Gilot ne remet pas en question sa décision et accepte de donner des cours d’équitation au bois de Boulogne pour vivre. Voici comment commence son aventura.... C'est elle qui surnomme Picasso "Le minotaure" il a 40 ans de plus.
Ainsi, à ses débuts, de leur rencontre, elle appréciait beaucoup le voir travailler, en particulier lorsqu'il s'est approché de la terre et des potiers. Annie Maïllis, amie et biographe de Françoise Gilot, à l’origine du documentaire La femme qui dit non diffusé par Arte, a résumé l’expérience de cette dernière comme celle d’une survivante. « Elle est la seule compagne de Picasso à l’avoir quitté, les autres sont devenues folles ou se sont suicidées. Elle, elle a sauvé sa peau et elle est partie », a-t-elle expliqué, en faisant notamment référence à Marie-Thérèse Walter et Jacqueline Roque. « Il était envahissant et dominateur. Je tenais à ma liberté que je venais de conquérir en quittant mes parents pour habiter chez ma grand-mère qui me laissait faire ce que je voulais. Je lui résistais. » Fille d’aquarelliste, Françoise Gilot a tenté de se protéger, en ne dévoilant que très peu de détails sur sa personne. « Il s’est toujours plaint de ne pas me connaître, mais c’était à dessein de ma part, dans le cas contraire, il en aurait profité pour me détruire » toujours dans le documentaire, il était « d’un côté dépressif, un aspect goyesque, un sens inné du drame et de la mort et très souvent de mauvaise humeur » , Picasso aurait été cruel « avec les gens qu’il aime ».  « Quand Picasso a passé le cap des 70 ans, ma jeunesse lui devenait insupportable. Il était agressif et désagréable », s’est souvenue l’artiste. De son côté, elle n’était déjà plus la même. « Moi, j’avais changé aussi. Je n’étais plus la discrète conciliante que j’étais autrefois. Mon brio s’affirmait. J’avais repris la peinture, timidement, en optant pour un minimalisme à l’opposé de son style, puis, à partir de 1951, en y mettant de plus en plus de couleur. »

De plus en plus de couleur... Merci pour nous tous et toutes !
Alors écrire un peu plus sur les inscriptions des guerres qui jalonnent ces vécus d'artistes. Je vois un appel d'air dans les peintures de Gilot.

Le photographe Robert Capa (1913-1954), reporter de guerre, qui a émigré en France fuyant le nazisme en 1933 (d'origine hongroise, né Endre Ernő Friedmann), avait couvert, en pleine guerre d’Espagne, l’exode massif des réfugiés espagnols en 1939 vers la France. Il réalise cette photographie mythique du couple :  Picasso et sa femme, Françoise Gilot, Antibes, vers 1948.
Lors de la conquête du pays Basque par les troupes du général Franco, jusqu’en 1939 après la chute de Barcelone qui sonne le glas de trois années de guerre civile, en quinze jours, un exode sans précédent voit un demi million de personnes – 200 000 combattants républicains et 300 000 civils – franchir dans des conditions terribles la frontière des Pyrénées où rien n’est prévu pour les accueillir. Les soldats sont désarmés, internés dans des camps de fortune sur les plages d’Argelès, du Barcarès, de Saint-Cyprien, puis à Gurs dans la montagne Pyrénéenne. Les femmes et les enfants sont répartis dans des centres d’hébergements improvisés à travers toute la France.
Dans cette fresque historique entre les pays, tumultueuse, de guerres, c'est en 1953 que Françoise Gilot quitte Picasso. Ils vivent dans un milieu très privilégié, mais le quitter va la laisser aussi sans ressources, durant les dix années suivantes. Malgré cette photo idyllique du couple en 1948, quoique très symbolique, et d'après guerre, Picasso se vengera en empêchant Françoise de poursuivre une carrière de peintre. Il interdit purement et simplement aux galeries parisiennes d'exposer ses œuvres, faute de quoi elles ne pourraient plus jamais présenter une de ses œuvres à lui, un chantage diabolique auquel se plient les galeristes. Une dizaine d'années plus tard, après Picasso lui fait la guerre par rumeurs nauséabondes, et pour la détruire. Pour subvenir à ses besoins, Françoise publie, en 1964, le livre Vivre avec Picasso. L’ouvrage a été décrit comme le « portrait de Picasso le plus intime et le plus révélateur que l'on ait écrit ».
Fin 1944, Pablo Picasso a rejoint le parti communiste, il a sa carte au parti, l'année 1964 de la publication du livre de Françoise Gilot est aussi l'ostracisation de la peintre dans le monde communiste des arts et des lettres, à un tel point, qu'une pétition les réunissant tous est publiée contre cette peintre. Picasso parvient à monter contre elle, ses meilleurs amis, avec qui elle a travaillé, dont elle découvre par surprise leurs noms qui figurent sur la publication de la pétition. Toute sa carrière en France se termine à ce moment. Elle ne le savait pas mais c'est le prix que paye cette peintre libre pour son émancipation, de femme et d'artiste : aucune rétrospective ne lui a été consacrée en France. Elle a bravé le dictateur Picasso, qu'elle définissait comme "Barbe bleue", celui qui dispose ses proies dans des chambres mortuaires, en leur réservant, chacune une torture psychologique et cruelle, un traitement aux fins destructives, après la possession. Obsessionnel, il imposait 24h sur 24h sa présence, il ne lui laissait jamais un moment à elle, elle ne pouvait jamais partir en vacances seule, ni jamais se retrouver. Picasso avait besoin de quelqu'un en permanence avec lui, à ses côtés. Lorsqu'ils vivaient ensemble, ils travaillent ensemble, ils peignaient dans le même atelier, jusqu'à ce qu'il l'étouffe. Il recevait beaucoup de monde, comme un roi soleil, majoritairement des courtisans, des mondanités pesantes. Elle profitait des matins pour peindre, et s'occuper en même temps de ses deux enfants, car il démarrait ses journées à 11H30 pour recevoir du monde. Le dessin qu'elle a réalisé nommé "Adam forçant Eve à manger la pomme", représente Picasso et elle, et sa version d'Adam et Eve, selon elle, c'est Adam qui a forçé Eve à manger la pomme, et non pas Eve qui fut celle par qui le péché arrive. Le dessin est direct au trait et digne d'une campagne d'affiches féministes actuelles contre les violences conjugales, mais réalisé en 1946...
Tandis que Picasso fut l'adhérent le plus brillant d'une campagne nationale de recrutement du PCF, ce qui lui redonnait une légalité qu'il avait perdu sous Franco. Devenu militant (dans le documentaire, on voit Simone Signoret et tant d'autres dont il s'entoure) il fut accueilli avec les honneurs. Même si Picasso considérait le dirigeant du parti communiste alors, Maurice Thorez  n'ayant aucune culture artistique, des communistes allaient jusqu'à déclarer qu'ils autorisaient les "peintres communistes à peindre comme Picasso". Dans l'histoire de ce parti, et dans les sphères artistiques, il a toujours existé cette image figée de Picasso, d'un art de peindre affilié au communisme, même s'il fut taxé d'opportuniste aussi pour son adhésion, dont il avait besoin pour alimenter son réseau et ses expositions. Pour beaucoup, sans culture, mettre en avant le nom de Picasso, c'était l'assurance, et cela est resté ainsi, de ne pas se tromper en matière d'art et de fidélité au parti. Les temps changent, aujourd'hui, Picasso est perçu comme un homme dangereux, une typologie à fuir, souvent copieur d'autres artistes, le génie artistique a été égratigné, aussi par la découverte d'autres artistes qui n'étaient pas autant valorisés, ou inconnus, du monde entier, aux talents minorés. Ainsi a-t-il trouvé Françoise Gilot, et comme il le disait pour sa création : Je ne cherche pas, je trouve.
On comprend pourquoi, d'autre part, un nombre considérable d'artistes, pas seulement des peintres, ont toujours été exclu de toute exposition ou manifestation, dans les villes dirigées par des communistes. Hélas, on comprend aussi pourquoi, la peintre Françoise Gilot n'a jamais été exposée en France, on peut penser également à plusieurs autres femmes artistes. À la fin du documentaire, Françoise Gilot, en 2019, a une rétrospective à New York, des années 1950 à nos jours nommée "Red". La peintre est touchante vêtue de rouge, elle a 98 ans, on lui demande si elle veut retourner un jour en France, elle fait la moue, ne le souhaite pas. Pourtant on lui dit "C'est ton moment, la France parle enfin de ton travail, tout est oublié de cette période où les français ne t'aimaient pas..." C'est assez terrifiant, aussi car n'est pas posée la question, si elle considère que les français ont changé, quoique sa réponse est sans appel : ils n'ont pas changé, et l'art non plus, en tous cas, l'évolution n'a pas eu lieu, ni la révolution donc. Les américains ont accompagné son illustre carrière et, comme d'autres artistes, ont pu laisser s'épanouir une œuvre entière, sans ostracisation politique. Cataloguée femme qui a dit "Non" aux violences conjugales, liées à celles artistiques, dans son histoire.
La destinée de la femme suivante de Picasso, est aussi tragique, Jacqueline Roque, elle a 28 ans il en a 72, une histoire où elle finira veuve en dépression et se suicidera. Bref, la saga Picasso a fait écrire des romans, des réalisation de documentaires, des procédures en cascades, des héritages et des déshéritages en pagaille, des conflits permanents comme Guernica, son tableau le plus connu au monde entier, du nom de cette ville martyr espagnole, dont les bombes incendiaires en 1937 des nazis ont détruit cette cité basque. Le massacre perpétré en soutien au général Franco pendant la guerre civile espagnole a fait plus d’un millier de morts, le bilan ne sera jamais établi. Tableau de guerre donc, mais dans l'intimité du peintre, chaque animal, selon Françoise Gilot, dans le documentaire, représentait une de ses femmes, avec laquelle, il avait des démêlés, lui toujours représenté comme le taureau viril, et les autres femmes, chacune avec son étiquetage qu'il avait élaboré durant leur vie commune, toutes en train de mourir ou se débattre. Son symbole à elle était celui de la cavalière, ou du cheval, un animal qu'il détestait. Elle est revenue lors d'une corrida, un an après leur rupture, à cheval, dans l’arène. Comme chaque apparition est une scène théâtrale, celle-ci sera la dernière de leur entrevue. La femme suivante ne parviendra jamais à effacer la cavalière partie comme une amazone, libérée, dont Picasso pensait que c'était la seule à lui avoir échappé, à s'être évadée... à cheval. Malgré cette image de rebelle qui sied bien aux féministes, l'envers du décor demeure ces années, où elle fut soumise, et invisibilisée, elle fut son interlocuteur et interprète, son gestionnaire de fonds, son modèle, et était conduite à copier ses œuvres. Durant les 10 années de vie commune, c'est aussi celle qui lui a donné 2 enfants, et 10 années, ce sont bien des années dédiées à s'occuper de leurs enfants, les jours entiers. Elle trouvait des stratagèmes pour miner de ne pas savoir bien cuisiner. Tandis que des écrivains poètes, sociologues entouraient Picasso pour écrire sur l'idée de la cuisine comme une attitude érotique de sa vie, ils écrivaient de longues tirades fantasmées de ce que pouvaient vivre une femme vivant avec Picasso, sans jamais décrire ni voir la réalité : pour ces femmes, Picasso était une prison. Claude-Lévi Strauss, en faisant un clin d’œil à Picasso, écrivait que le-faire-la-cuisine est assimilé à faire-l'amour. «Les pierres de l'âtre sont les fesses, la marmite le vagin et la cuillère à pot, le pénis», ce grand ethnologue (1908-2009) dans Le cru et le cuit (1964), avait là occulté la violence avec laquelle Picasso... ne s'intéressait ni à la cuisine, ni aux femmes, in fine, il avait d'ailleurs un régime strict et ne s'intéressait pas à l'art culinaire, il voyait la cuisine comme une boucherie, une corrida. Des peintures de “cuisines“, Picasso en a fait seulement deux, dénotera Françoise Gilot, en 1949, "une complètement blanche avec uniquement des lignes et une autre où il y a du blanc-gris-noir. Il n’en a pas fait d’autres", tandis que c’est devenu un sujet pour Françoise Gilot, entre 1951 et 1952. Elle dira : "Je ne faisais pas la cuisine, mais j’ai peint la cuisine comme si j’étais dans une prison. " On considérait alors que la femme était la personne qui s’occupait des choses de tous les jours et elle dira que "Lorsque Pablo a fait sa “cuisine“, c’était uniquement un problème plastique de lignes et de rythmique. Il n’y avait pas mis de substrat humain.” Quand ils déménageaient, c’est elle qui chargeait et déballait la voiture. On se demande en 10 ans, comment a-t-elle trouvé le temps de peindre. Elle a caché les marques de violence sur son visage, en particulier une cicatrice. Elle dira lorsqu'elle quittera la France, qu'elle ne sera plus conciliante. Ainsi, du côté français, n'avons-nous que cette période romancée par la vie de Picasso durant leur vie commune, tandis que la vie artistique de Françoise Gilot centenaire a duré jusqu'à son dernier souffle, malgré ses problèmes cardiaques.

Picasso désignait sa compagne Françoise Gilot, sous le symbole de la paix. Les peintures de Gilot sont élégantes, sa rencontre avec Matisse (dont Picasso était jaloux) a apporté, dans son cheminement, une évolution salutaire, et, une longévité exceptionnelle. Il est bien triste qu'en France, nous n'ayons pas bénéficié d'une rétrospective de son vivant, comme beaucoup d'artistes françaises... Je suis étonnée de la proximité graphique, avec d'autres artistes, comme l'artiste Judith Lanaud, qui nous a quitté à ses 100 années, pionnière du mouvement moderniste brésilien. Dans de même périodes et longévité, la couleur et l'abstraction, depuis la figuration, sont des recherches picturales assez riches, si j'avais cette possibilité, je réaliserai le commissariat de ces deux artistes peintres, peut-être n'ont-elles jamais dialogué ensemble, mais certainement qu'elles ont vu leurs œuvres respectives. Il serait bienvenue qu'un jour, en France, on ne dispose plus les femmes artistes comme des victimes ou des femmes de, mais que des chercheurs s'intéressent vraiment à l'histoire de leur vie à travers leurs œuvres et leurs décisions, leurs idées, sans qu'elles ne soient non plus dépendantes de régimes politiques, bétonnées comme étendard.
Oui donc, la femme qui dit oui, oui à quoi ?




Les yeux bleus
(1956) de Françoise Gilot

Par kiwaïda at 18:45

07/06/2023

ℝ☮ÜTiℕ€ϟ

Photographies © Sonia Marques

Les chemins montent et descendent, se rencontrent et se séparent, sur les montagnes baignées de lumières, depuis l'obscurité des forêts. Se coucher et se lever, le Soleil montre et la Lune médite, puis révèle au Soleil, les rêves forestiers. Parfois tout se rejoint à un point donné. Parvenir à joindre les deux bouts, une gymnastique humanoïde, la routine.

Par kiwaïda at 13:16

05/06/2023

мυ¢ℌα

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Alfons Mucha (1860-1939), Monaco, Monte Carlo, affiche, impression Champenois, 110 x 76 cm.

Réalisée dans la rue Bonaparte, pas très loin de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, une rue très chargée, en voitures, bruits, vitrines, que j'empruntais assez souvent pour étudier.

L'artiste Tchèque Mucha, artiste doué, quittait son pays à 17 ans, devenu d’illustrateur à Paris. 

Petite bio :

Le peintre tchèque Alfons Mucha naît à Ivancice en Moravie du Sud le 24 juillet 1860, d'Ondrej Mucha, huissier de justice et d’Amalia Malá. Alfons Mucha décède le 14 juillet 1939 à Prague des suites d’une pneumonie. En 1879, Alfons Mucha part travailler à Vienne où il est employé comme aide pour réaliser des décors de théâtre dans l’atelier de la société Kautsy-Brioschi-Burghardt. En 1883, il rencontre le comte Egon Khuen Belasi qui lui offre une formation à l’Ecole des beaux-arts de Munich. Il y est admis à l’automne 1885. En 1887, Alfons Mucha se rend à Paris pour continuer ses études au sein de l'Académie Julian puis de l'Académie Colarossi, tout en réalisant des affiches publicitaires et en illustrant des catalogues, des calendriers et des livres. Un mécène tchèque finance sa formation à l’Académie Julian, qu’il quitte en 1888. Ses qualités techniques et artistiques finissent par être reconnues et il est embauché par la première grande maison d'édition parisienne Armand Colin. La célébrité de Mucha vient surtout de ses élégantes affiches Art nouveau, mises à la mode notamment grâce à l'actrice Sarah Bernhardt, pour laquelle il compose ses affiches de théâtre depuis "Gismonda" en 1894. Au début de l’année suivante, l’actrice conclut un contrat de collaboration pour six années avec le peintre. En 1896, Alfons Mucha participe au Salon des Cent. Il commence à faire imprimer ses affiches par la société Champenois avec laquelle il conclut un contrat. Sa première exposition personnelle est organisée à partir du 15 février 1897 dans la galerie Bodinière à Paris. En juin il expose au Salon des Cent et la revue La Plume lui consacre un numéro spécial. Il crée les affiches décoratives "La Fleur" et "Le Fruit".
Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900. Il reçoit pour exemple la médaille d'argent à l'Exposition Universelle de 1900, et il est également fait chevalier de la Légion d'honneur. L'année suivante, Mucha conçoit la bijouterie Fouquet au 6, de la rue Royale à Paris (boutique aujourd'hui présentée au musée Carnavalet). Une autre production de Mucha moins connue comporte cependant des peintures, des sculptures, des décors et des objets d’art, témoins de cet homme mystique et visionnaire, animé d’une véritable pensée politique. A l’heure du renouveau national tchèque et de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois, il travaille sur son Épopée slave qui l’occupe entre 1910 et 1928, témoin alors de son rêve d’unité entre les peuples slaves.

Les bijoux :

La collaboration entre Georges Fouquet et Mucha, a commencé grâce à Sarah Bernhardt (actrice, peintre et sculptrice française) En 1899, elle entre chez le joaillier avec le dessin d’un bracelet serpent du célèbre artiste Tchèque. Séduit par le style de Mucha, Fouquet lui demande de dessiner les bijoux pour l’Exposition Universelle de 1900 : les premiers bijoux d’artiste, casque d’où s’échappe des chaînes, parure de corsage à épaulières, bracelet relié à une bague. Ils font sensation sans échapper à la critique qui les jugent « étranges » et « d’une richesse bizarre ». Cette collaboration est courte, 2 ans, mais elle va moderniser le style de la maison (menée jusqu’alors par le père, Alphonse) et lui assurer une renommée internationale. Porté par ce succès, Fouquet demande à Mucha de concevoir sa nouvelle boutique du 6 rue Royale. Elle doit évoquer le style des bijoux et impressionner sa riche clientèle. C’est une première pour un artiste : Mucha imagine tout, de A à Z, des poignées de portes aux vitrines en passant par les tapis. Il donne la pleine mesure de son talent sans craindre l’excès et la démesure. Sur la façade, sous le G.Fouquet, une femme en bronze de près de 3 mètres accueille les visiteurs, drapée dans ses voiles, la chevelure ondoyante avec des bijoux à la main.

Je pensais à ces arts de la joaillerie, comme Lluís Masriera l’un des joailliers orfèvres catalans de l'Art Nouveau (1872-1958), et peintre (magnifique peinture : "Sota l'Ombrella") ; et tant d'autres qui puisent chez Mucha, et chez Suehiro Maruo (notamment dans son manga "L'île panorama" ) cet auteur de bande dessinée japonaise contemporain, maîtres du manga d'horreur, du genre Ero guro, mais à ne pas mettre entre toutes les mains, adultes avertis. Évidemment, les époques, l'histoire, les pays traversés, et les guerres, rien en commun. Pourtant, dans le trait, dans la manière, et l'art... Certainement que Mucha, à son époque était perçu comme étrange. Son père, huissier de justice, est étranger au monde de l’art. Ses premiers émois artistiques, Mucha les doit à la peinture religieuse, qu’il découvre à Prague. Cet artiste est très populaire au Japon, et dans le milieu des Mangas. En France, il est assez courant de voir des étudiants admirer Mucha, dont la référence est assez mal perçue au sein des écoles d'art, jugé trop populaire, et c'est d'ailleurs, dans ces mêmes lieux où l'on observe que les étudiants qui affectionnent le Manga, ne trouvent pas d’interlocuteurs. Lorsque j'enseignais dès les premières années le dessin, associés aux Mangas et à l'étude de peintres et illustrateurs renommés, comme Mucha, j'obtenais de très beaux résultats chez tous les étudiants, j'étais une interlocutrice, formatrice et professeure artiste, dans ces écoles. Mais ils ne progressaient pas dans les autres matières, ce qui en résultait, c'est que le domaine enseigné se retrouvait "écrasé" par les mauvais crédits attribués pour ces étudiants, dans toutes les autres matières enseignées (volume, espace, peinture...), tandis qu'ils savaient déjà diffuser en ligne, par le numérique enseigné et ses techniques associées, leurs dessins. Un bon décalage, impossible à résoudre... Pour ceux-ci, celles-ci, ils et elles quittaient les écoles plus tôt, ils et elles étaient conduits à quitter l'école. Cela me posait pas mal de questions sur les injonctions paradoxales formulées. J'avais une méthode assez magique, et je comprenais bien, que je ne pouvais pas faire participer tous les étudiants à comprendre, qu'ils étaient là, en train de réaliser de véritable bijoux.
Le bijou, lui-même n'était pas enseigné avec ces références contemporaines, et celles de l'Art Nouveau. Avec les expositions, de nos jours, la simple visite de ces mises en espaces, permettent aux plus jeunes, de compléter leur formation, en dehors des écoles. C'est le grand avantage de visiter des expositions. L'art traverse les disciplines avec une indolente fragilité, l'air de rien, de ne pas y prendre garde. Les années passent, et lorsque l'on traverse ces disciplines, on ne peut que se sentir libre d'aimer, sans craindre la mauvaise note. De toutes les fausses notes, s'accordent une ombrelle, telle une palette, cela devient une peinture, mais à y regarder de plus près, c'est un bijou, une bague, un émail, de la famille des émaux.

(Éternel Mucha, du 22 mars au 5 novembre 2023 au Grand Palais Immersif)

Par kiwaïda at 02:20

14/05/2023

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Photographies © Sonia Marques

Pour la Nuit européenne des musées, un retour sur le musée national Adrien-Dubouché, un musée sur la porcelaine de Limoges et l'histoire de la céramique. Il fut fondé en 1845 et fait partie de l'établissement public Cité de la céramique - Sèvres et Limoges. Son nom est celui d'Adrien Dubouché, négociant, amateur d'art, et de céramiques. Il fut nommé directeur du musée de Limoges en 1865 et a fait un don de 400 objets au musée. En 1868, il crée une école d'art, qu'il installe dans les bâtiments du musée, afin que les artistes puissent s'inspirer des collections exposées. Élu maire de Limoges en 1870, et envoyé à l'Exposition de Vienne en 1877 pour y organiser la section française des Beaux-Arts ; en témoignage de satisfaction, l'empereur François-Joseph d'Autriche lui confère la croix de chevalier de son ordre avec le titre de baron. Il fut vice-président de l'Académie des beaux-arts et président de l'École nationale des arts décoratifs de Limoges. À sa mort en 1881, le musée et l'école avaient pris une grande importance. La ville de Limoges demanda et obtint qu'une loi en fit des établissements nationaux. Son nom a également été donné à une rue et à une station de bus de Limoges.
J'avais pris soin, dès mon arrivée, dans l'enseignement pour l'école nationale supérieure d'art, liée encore à Aubusson, mais en séparation, de créer un partenariat avec la conservatrice, arrivée comme moi, également la même année, pour les étudiants de l'école limougeaude. J'étais coordinatrice des premières années. Elle avait trouvé ma démarche très volontaire. Plus tard, cela a fait son chemin, d'autres professeurs ont suivi le contact. Je me souviens la voir réaliser une visite avec les étudiants, et moi, de concevoir des cours, successifs à nos échanges. Depuis, les vitrines sont devenus colorées et l'inventaire mieux réalisé, et, elle est devenue directrice de ce musée.

Autre musée :



Le musée de la Résistance de Limoges, est un musée municipal de la ville de Limoges.
Cet établissement culturel de la Ville de Limoges illustre les valeurs citoyennes et solidaires portées par la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Dédié à tous ceux qui se sont sacrifiés pour défendre les valeurs fondamentales de la République, il a pour vocation de faire vivre la mémoire en offrant un lieu pédagogique et de diffusion de l’information, notamment pour le jeune public. Situé dans l’ancien couvent des Sœurs de la Providence du XVIIe et XVIIIe siècle rue Neuve Saint-Étienne, au cœur au quartier de la Cité, il propose sur 1400 m2 un parcours muséographique retraçant rigoureusement les faits historiques de la Seconde Guerre mondiale et particulièrement la Résistance, l’occupation et la déportation en Haute-Vienne.

Par kiwaïda at 19:05

12/05/2023

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Peintures © Sonia Marques

Par kiwaïda at 00:50

08/05/2023

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Sculpture en céramique © Julien Ducourthial (1990)

L'artiste n'avait pas encore 10 ans, lorsqu'il a sculpté ce drôle de personnage, assis.
Pour l'anecdote, sa sculpture fut volée par un autre élève.
La bonne nouvelle, c'est qu'elle a été remise... à l'auteur.
Ce sont des cours à Châteauroux, où l'élève apprit à réaliser, entre autres, cette sculpture, avec son enseignant en céramique.
Des années plus tard, l'artiste m'informa qu'elle devait s'adosser à quelque chose.
Il sortit ses livres.
Son chat venait parasiter la séance de photographie, alors, il décida de lui donner de l'herbe et d'adosser son personnage au pot.
La crête verte de ce punk en céramique venait créer un point de verdure en accointance avec le pot d'herbe à chat.
Je trouvais formidable, la façon dont était enveloppé ce personnage, il protégeait quelque chose auprès de son cœur.
Cicatrices diverses, veste de la marque "Nike", ce personnage est musclé, peut-être a-t-il un passé singulier, peut-être est-il sans domicile fixe, il a des lunettes noires et un clope au bec.
Il y a une queue d'un animal sur sa jambe. Il semblerait que l'animal soit parti... Il revient souvent se lover.
Être sensible aux personnages assis dans la rue, dialoguer avec, c'est peut-être s'en souvenir assez pour parvenir à représenter un bonhomme qui tend une jambe et secoure quelque chose de mystérieux entre ses mains aux doigts énormes.

Peut-être.

À d'autres !

Par kiwaïda at 23:15

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Photographies © Sonia Marques

Les modèles ont signé une autorisation, puis, ils ont sélectionné, parmi les photographies réalisées, celles qui ne heurtaient pas les âmes sensibles. Mais, après publication, les lapins se donnent un peu de temps, afin de mesurer l'impact de ces images sur le grand public. Ils attendent l'approbation des autres lapins, auquel cas, ils demanderont à ce que ces photographies soient retirées. Bien qu'il existe un grand Dieu lapin, qui les protège, de toute calomnie, ou infamie, ils bénéficient d'un droit à l'image, qu'ils comptent bien marchander contre quelques friandises défendues et des semaines de farnientes, méritées...
Que cela reste entre nous !

Par kiwaïda at 14:13

07/05/2023

ℒøʊя℮їґ☺



 
© Atelier de Joana Vasconcelos
O Château de Vincennes acolhe uma instalação de Joana Vasconcelos. A artista portuguesa criou um loureiro de 13 metros de altura composto por 110.000 folhas tecidas à mão, que conferem um toque mágico ao monumento gótico flamejante, na Capela do Castelo de Vincennes (La Sainte-Chapelle). Para os sortudos que moram perto, olhando as fotografias, observo que é um trabalho nas cores do sangue, tortuoso, barroco, e pelo que posso ler, várias pequenas mãos fizeram esta árvore durante um período caótico.

Joana Vasconcelos foi convidada pelo Centre des Monuments Nationaux (CMN) para instalar a sua obra monumental inédita, Árvore da Vida, no âmbito da temporada França-Portugal 2022, apoiada pelo Instituto Francês. Adiada duas vezes, a espetacular instalação acaba de abrir suas portas. Combinando têxteis e engenharia, este louro de 13 metros de altura com 110.000 folhas tecidas à mão e luzes LED traz fantasia ao monumento de estilo gótico Flamboyant e convida o visitante a descobrir seus detalhes minuciosos para um momento de paz e introspecção, até 3 de setembro de 2023. Depois de uma visita à Galeria Borghese (Roma) em 2016, Joana Vasconcelos vê a escultura Apolo e Dafne de Bernini e imagina o loureiro em que a ninfa se metamorfoseia. A partir da obra-prima barroca, ela começa a trabalhar em uma árvore de 5 metros com folhas bordadas, mas a peça acaba não sendo concluída e o louro não vê a luz do dia. Durante a pandemia de Covid-19, o projeto renasceu quando o Centre des Monuments Nationaux CMN convidou o artista para acontecer a Sainte-Chapelle do Castelo de Vincennes. Durante a crise sanitária, as mãos dos talentos da oficina de Joana Vasconcelos, confinadas às suas casas, começaram então a trabalhar à distância. “O projeto levou três anos e mobilizou mais de 200 pessoas”, explica Joana Vasconcelos. Nesse período complicado, as integrantes da oficina bordam, tricotam e fazem crochê para criar as folhas da árvore maravilhosa. Pérolas, strass, desde bordados, a lantejoulas, à tecnologia já que na copa da arvore e em centenas de folhas foram instaladas luzes LED.… O louro reúne uma infinidade de materiais e técnicas diferentes que refletem a personalidade de quem trabalhou horas no projeto. Para além de investir a verticalidade da Sainte-Chapelle, Joana Vasconcelos faz eco aos vitrais renascentistas do monumento e, em particular, aos do Apocalipse situados em frente à sua instalação. “Este louro é a minha resposta ao Apocalipse, uma árvore mágica que oferece um momento de paz e beleza e convida à introspecção”, conclui a artista.
Todos nós temos pequenas árvores da vida, que tiveram dificuldade em crescer durante o período de pandemia. E essas arvorezinhas são todas de cores diferentes, tortuosas e muito bizarras. Cheio de amor e humor !



© Atelier de Joana Vasconcelos
Joana Baptista Vasconcelos (Paris, 8 de novembro de 1971) é uma artista plástica portuguesa. Nascida em Paris, filha de pais portugueses emigrados em França. O seu pai era fotógrafo, a mãe estudou na Fundação Ricardo Espírito Santo Silva e a avó era pintora. Com 3 anos regressou com a família a Portugal. Estudou na Escola António Arroio, em Lisboa, e depois na Ar.Co, onde estudou Artes. Nesta escola foi apoiada por Delfim Sardo e por Castro Caldas. Entrou na Galeria 1111, onde conheceu Júlio Pomar, Paula Rego, Graça Morais e vários escultores dos anos 1970.



Obrigado pela foto ! Esta instalação me parece magnífica, espero vê-la pessoalmente !

Par kiwaïda at 13:19

23/04/2023

ℳαη♄ã ḓε ☾αґᾔαṽαʟ


























Photographies © Sonia Marques

Hasards et hasard, je retrouvais BONJOUR, avec ses confettis de Limoges, mon catalogue de photographies de 2011, j'assiste à un carnaval, et je réalise une série, proche d'un autre catalogue : RESIGN, réalisé en 2017, à Grenoble...
Incarner, carne et un petit peu de Baden Powel endiablé !



Par kiwaïda at 20:18

22/04/2023

♓◎т мiґrøя


Este volume de retrospectiva no meio da carreira se concentra na fotografia de belas artes de Viviane Sassen, revelando uma corrente surrealista em seu trabalho. Sassen reconhece o surrealismo como uma de suas primeiras influências artísticas, visto nas sombras estranhas, corpos fragmentados e paisagens sobrenaturais que ela captura em seu trabalho. Para além das imagens da aclamada série "Umbra", este volume inspira-se na série "Flamboya", na qual regressou ao Quénia, "Parasomnia", uma exploração onírica do sono, na série "Roxane", um retrato mútuo criado com sua musa, Roxane Danset, "Of Mud and Lotus", um estudo sobre procriação e fecundidade, e "Pikin Slee", uma viagem a uma aldeia remota no Suriname. Ao longo, Sassen surge como uma fotógrafa poética obcecada por luz e sombra e uma técnica brilhante, que é uma mestre tanto em cores vibrantes quanto em tons suaves. Selecionadas pela própria Sassen ao longo dos últimos dez anos, as imagens se valem de estratégias surrealistas de colagem e justaposições inesperadas para fazer um levantamento de sua prática. Viviane Sassen (Hot Mirror : 2018)
J'aime beaucoup les réalisations photographiques de cette artiste néerlandaise, Vivian Sassen, que j'ai découverte il y a un certain temps, avant qu'elle ne soit reconnue, principalement à travers les milieu de la mode. Marquée par son enfance au Kenya, je trouvais des accointances avec mes photographies, en plus de son âge, son art est graphique et sa vison des ombres, créé des découpes dans les paysages et les corps de façon assez picturale. Sa palette colorée et son regard sur les gestes et la danse des corps habillés ou nus, noirs et face au soleil, dans les déserts ou ses plantes posées, ou ses caches de couleurs, sont autant de techniques surréalistes, avec ses peaux repeintes.

Par kiwaïda at 22:07

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Photographies des catalogues DEEP, JUNGLE, BONJOUR © Sonia Marques
Je retrouvais mes trois catalogues photographiques, nommés, DEEP, JUNGLE, BONJOUR. Je les avais confectionnés et édités, depuis ma maison d'édition oLo (Observatoire du Langage des Oasis) en 2011, que j'avais aussi créé, pour d'autres catalogues et nouvelles littéraires, certaines ont été éditées chez d'autres éditeurs, en France. Chaque catalogue comporte une centaine de photographies en couleur, ou presque. Le texte que j'avais écrit en préambule, était issu d'une recherche de longue haleine, que je continue, sur l'insularité, ici, à travers la photographie, d'où le titre : La photographie nissologique (du nom d'un de mes sites Internet) Je m'aperçois, avec la distance des années, que c'était un sentiment, un état d'esprit que je décrivais, une façon de voir. La trace photographique me permettait de montrer cet état d'esprit, je retrouve ici, la quintessence de ce regard retranscrit, de façon plus fort que je ne l'exprimerai aujourd'hui, de façon plus brut. Le texte était écrit sur chacun des catalogues, en pages intérieures, et mis en pages sur 3 colonnes, l'un est sur le fond du Tage à Lisbonne (DEEP), l'autre est sur un sol de confettis à Limoges (BONJOUR), et un autre sur un papier peint à Angers (JUNGLE). Il y a aussi un travail d'édition et de graphisme, j'observe que l'intention de mêler le texte aux fonds photographiques, est un symptôme aquatique, que les mots deviennent des petites pattes d'insectes noires, émergées à la surface d'une eau, celle de la photographie nissologique. Il y a quelque chose comme retranscrire la partie émergée d'un iceberg, par les mots, tandis que la profondeur (comme le nom "Deep" d'un de ces catalogues) reste inaccessible. Le désir de photographier les fonds sous-marins, ou, depuis les airs, depuis un avion, avec mes vues aériennes, était-ce celui de passer outre la condition des terriens, d'êtres humains, marchant avec leurs jambes, en touchant la terre ? Ou bien était-ce l'affection portée à ce qui n'est pas incarné dans le corps humain, mais emporté par l'autre, ce qui lui est extérieur, au-delà de sa pesanteur ? Et puis, l'animal, cet être vivant, souvent capturé et mis en cage, domestiqué, ou exploité pour des zoos, qui pense en secret à son évasion, ou bien celui qui vole le nectar d'une fleur, tout en volant sans être vu, ou presque, représentent un peu cette part de mystère, cette profondeur. Les mots émergés, les photographies mémorielles qui tapissent les murs, tel des papiers peints, enveloppent ces paysages animistes, habités par les esprits des lieux. Il me semble que ces vues ont été des présences, pour moi, qui m'accompagnaient, car elles n'étaient pas capturées, ni volées, c'était des moments parfois très longs, pendant lesquels je côtoyais ces lieux, les arpentant durant des jours, des années, j'apprenais de ces espaces étrangers, ils m'apprenaient beaucoup, et c'était la solitude, solide, qui me faisait les voir, si profonds devant moi, comme si je nageais dans des eaux, que personne ne pouvait comprendre, seulement voir à la surface.












Je prends conscience que ces photographies viennent de villes différentes, parfois de pays étrangers, où j'ai vécu un peu, ou bien, où j'ai travaillé. On souhaite toujours immobiliser le voyageur, ici la voyageuse, capturer l'animal qui vole, et le laisser en cage, l'observer, voir s'il pleure, s'il est triste de ne pouvoir se mouvoir. Il y a ce fantasme, de pouvoir, voir un être doué d'ailes, d'un potentiel inatteignable pour les êtres humains, s'occuper à vivoter dans un espace clôt, auquel on donne quelques friandises, de temps en temps, et il y a ce pouvoir et contrôle en imaginant que l'être capturé n'attend qu'une seule chose : demander toujours plus de friandises, hors il n'en est rien. La limite de ce pouvoir ridicule est celui de croire, que l'être capturé ne pense pas, et surtout n'a pas de jugement sur le traitement. L'air de rien, l'air de voyager, une politique de la liberté (cela n'existe pas) s’immisce dans mon regard, déjà par la clôture du raisonnement, et du procédé photographique même (à l'origine, une invention miliaire pour se camoufler parmi la nature). L'idée de mobilité, est au cœur de ces catalogues. L'idée de voyage traverse ces photographies, mais aussi, l'animalité, même lorsque l'on regarde la mer, on imagine l'animal qui y vit, le poisson, ou bien ces animaux qui nous regardent cachés, partout, il est question d'une nature autre que celle des êtres humains. D'ailleurs des êtres humains, dans ces photographies, ont tous disparu, tous consentants à ne point figurer. Je crois que seule la couverture de BONJOUR, figure des bottes portées par une majorette, mais, hormis quelques plans découpés, de jambes, plutôt des collants transparents, nous ne voyons que des paysages et des lieux, ou bien des garçons de dos, penchés sur un bassin, où des animaux nagent, mise en abîme des écrans et espaces clôt. Qui est libre ? L'oiseau qui nage et regarde ces jeunes hommes, ou ces hommes qui ont payé pour voir l'oiseau nager ? Sur le fond du texte du catalogue DEEP, c'est le Tage de Lisbonne, entièrement bleu, presque vert. Il y a une petite bouteille qui flotte, transparente. C'est une bouteille de Vinho Verde, de la marque Gatão (qui veut dire "chat") un vin frais "jeune, amusant et audacieux", dit la marque. C'est un peu l'esprit de ces photographies.
Dans cette bouteille, est disposé, un petit origami (un pliage de papier, de la technique japonaise et chinoise de l'art du papier plié) Si je crois bien me souvenir, il fut en métal argenté, avec une adresse mail. Elle figure la bouteille à la mer. Il me semble que mes photographies représentent des bouteilles à la mer, de la part d'une naufragée.
Puisqu'une bouteille à la mer est un moyen de communication avant tout. Ils se constitue d'un message sur un morceau de papier, qui s'insère dans une bouteille bouchée qui est jetée dans une mer ou un océan, parfois sans destinataire précis, ou bien avec une intention précise, avec l'espoir qu'une personne finisse par la trouver, au gré des courants. Rendues célèbres par la littérature, les bouteilles à la mer sont connues du grand public pour servir de moyen d'appel à l'aide aux naufragés sur une île déserte. C'est aussi un symbole, "lancer une bouteille à la mer", c'est apporter quelque chose au monde qui n'a pas beaucoup de portée, justement, mais qui peut être très significatif d'une avancée, technique ou sociétale, ou un geste de désespoir, comme des prisonniers lancent des papiers à travers les barreaux de leurs cellules de prison.
Dans l'histoire de cette photographie, la vue du Tage avec une bouteille à la mer, il y a plusieurs notions imbriquées, qui présupposent son avènement, mais aussi, les motivations engagées de son auteure, moi, la photographe, l'air de rien. De rien du tout, donc. Une naufragée.
Peut-être y avait-il quelque chose dans ma généalogie, ou bien dans l'histoire mystique du Tage, qui se révélait à la surface de l'eau, quelque chose y serait né, ou abandonné, comme les histoires de la naissance du monde, puisque les marchands phéniciens nommaient Lisbonne, Alissubo, la « Rade délicieuse ». Mais aussi combien de noyés et de voyageurs sans escales ?
Le Tage est magnifique à toute heure, un nombre incroyable de personnes s'y pressent après leur journée de travail, de façon très pacifiste, juste pour regarder le Tage et les couchers de soleil. À l'aube, c'est le même périple, avant d'aller travailler, des ouvriers, des employés, nombreux, se posent et boivent un café à emporter devant le Tage, comme pour méditer sur les passés glorieux, les désastres économiques, les royaumes déchus, les désirs grandioses des conquêtes et des découvertes, histoire de consacrer à la Terre, la preuve qu'elle n'est pas plate, mais des Indes, on pouvait aussi se tromper, les indiens d'Amériques n'étaient pas ceux que l'on croyait, errare est humanum.
J'ai effectué un voyage d'étude et de diplomatie, pour le Portugal au début des années 2000, à Lisbonne, car j'avais réalisé un très beau dossier pour créer un contact bilatéral avec l'école d'art de Lisbonne pour mon école angevine, en France, dans l'enseignement supérieur, où j'enseignais. J'avais effectué au préalable 2 autres dossiers (pour Porto et Coimbra) Tous  furent recevables, mes collègues, très heureux et le directeur (l'école n'avait pas de contact avec aucune capitale européenne) m'avait envoyé là-bas, signer tous les papiers administratifs. Un séjour où j'ai rencontré plusieurs personnes, et j'avais moi-même organisé mon voyage, puisque personne n'était expert, en France. L'école m'a montré beaucoup de choses, et j'ai pris conscience de l'intelligence et la faculté de tous les professeurs à dialoguer et à accueillir l'étranger. J'ai rédigé pour l'école un rapport très complet, pour tous, avec des photographies et des retranscriptions complètes de nos échanges. J'ai rencontré des étudiants et l'une est partie ensuite à Angers. C'était un contrat énorme pour l'école (qui en bénéficie toujours) une prouesse... diplomatique (j'ai réalisé la même chose avec Bruxelles, en Belgique, plus tard, car un enseignant en arts numériques avait longuement bénéficié de mes cours diffusés en ligne et m'avait invité là-bas pour développer des échanges)
L'envergure
, est un beau mot pour résumer ce que je ressens.

Dans mes bagages, lorsque je visitais l'école lisboète des beaux-arts, très belle, mon conjoint, avec qui je vivais alors, s'est embarqué aussi, profitant de mon expérience. Tandis que j'avais un boulot monstre, je souhaitais revenir avec un contrat, il réalisait des origamis, c'était ses vacances. Il développait son propre travail artistique, et était enseignant aussi.
L'origamiste embarqué, a eu l'idée de glisser un origami dans une bouteille vide de Vinho Verde, je lui apprenais la culture gustative et œnologique portugaise, mes préférées de ces bouteilles étaient celles, avec avec la forme ronde. Il a acheté plusieurs bouteilles, et les a vidées toutes et disposées dans le bidet de la pension, afin de les faire sécher, pour projeter de disposer dans chacune un petit origami. C'était charmant, j'ai toujours apprécié ses idées artistiques, lorsqu'elles étaient dénuées d'idéologie et ouverte sur l'imaginaire. Je pense que c'est notre association, qui le tournait vers des horizons étrangers. En rentrant le soir, de ma journée de travail, je vois que les bouteilles ont toutes disparu. Nous interrogeons les gardiens, et l'un nous raconte que la femme de ménage est tombée sur toutes ces bouteilles et a pensé que la nuit fut bien arrosée, elles les a toutes mises à la poubelle. Une scène digne de Mister Bean (la série télévisée humoristique anglaise des années 90) Nous avons recherché toutes ces bouteilles dans les poubelles de la pension et l'origamiste en herbe a pu réaliser son projet, in fine. Les concierges ont beaucoup ri et se sont donc aperçus que nous étions artistes. J'ai ainsi raconté l'objet de ma venue aussi. Plus tard, l'une de ces bouteilles fut jetée dans le Tage, et j'ai ai réalisé une photographie. C'est bien celle-ci, dans le catalogue DEEP.
En fait, pour chacune des photographies, j'ai une histoire à raconter. Souvent ces photographies sont aussi issue d'un projet artistique, plastique, mais aussi de souvenirs très formateurs, comme l'histoire du racisme en école d'art, ce qui existe toujours évidemment. L'humour est quelque chose qui retourne bien des situations dramatiques. Les singes sont là pour nous singer, n'est-ce pas ? On se trompe souvent sur les personnes, comme les indiens d'Amérique, ils n'étaient pas ceux que l'on croyait.






Ces 3 catalogues sont scénarisés comme un film, la juxtaposition des photographies (une par page, pleine page) forme un récit, une fiction qui se fait et se défait, à chaque page, et se ferme par une photographie. Nombre de rideaux sont représentés, comme des écrans face au lecteur, à la lectrice. J'ai beaucoup apprécié les créer. Les revoir, ces jours-ci confirment un pan de mon expérience photographique, assez longue, puisque j'ai peut-être appris à photographier en famille, et à l'étranger et depuis toute jeune. Parfois, c'est en déplacement que ces photographies ont été prises, comme des visions en plein rêves de scènes étranges et magiques, à l'aube. Le camouflage est très présent, bien plus car les animaux deviennent des motifs qui se fondent dans le décor. Les inaccessibilités sont manifestes, ou bien, les accès dangereux.












Voici le texte d'introduction de ces catalogue, daté de 2011 :

La photographie nissologique

Lorsque j’ai créé le site Internet Nissologie en 2007 (la science des îles), j’ai dédié un espace dans le menu (FOT) pour mes photographies. Cet espace d’édition en ligne, visible partout dans le monde depuis un ordinateur m’a fait adapter et concevoir des photographies spécialement dans ce cadre de visibilité, cette fenêtre. Avec des dimensions d’un écran de 1024x768 pixels, chaque photographie s’affiche selon un mode aléatoire à l’actualisation de la page ; à chaque visite et ouverture sur cette fenêtre, une nouvelle photographie avec ses informations en bas : sa date de prise de vue, la ville et le pays. Ceci pour l’espace de diffusion, spécifique. Avec cette méthode, mes sélections et mon regard se sont précisés, les photographies sont devenues nissologiques, insulaires. Certaines ont été réalisées des années auparavant, avant l’avènement du numérique, avant Internet, car dès les années 80, avant mes études artistiques, je m’initiais à la photographie, empruntant l’appareil de mon père, regardant les films en super 8 réalisés par ma mère. Lors de mes premières études supérieures en arts graphiques, je décidais d’acquérir un labo en noir et blanc afin de réaliser mes tirages, seule, depuis mes négatifs de mon appareil 24x36 analogique. Lors de mes études à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1997, j’ai obtenu une bourse pour un échange international et j’ai été sélectionnée pour étudier à l’école Émily Carr à Vancouver. C’est là-bas que j’ai appris à réaliser des tirages en couleurs. J’ai trouvé les moyens d’exposer dans 2 galeries différentes une installation nommée Vancouver Lovers (les amants de Vancouver) avec plus de 400 agrandissements de couleur, dont les points de vue pouvaient être depuis un avion ou sous l’eau des piscines. Ce parcours de photographe, je le dois à une certaine obstination et concentration dans le temps, le plus souvent dans des moments solitaires, juste en regardant (le réel) La sculpture, la peinture, les signes sont devant nous, je les capte sans aucune scénographie au préalable. Il y a, si ce n’est à la prise de vue, un travail à postériori, sur la couleur et ses contrastes. C’est une restitution émotionnelle des conditions de captation d’une scène offerte, éminemment visible, accessible, mêlée au regard intérieur du photographe sans aucune clarté ni évidence. Cette tension, ce contraste entre ce que l’on voit et ce qu’apporte la photographie de plus intériorisé, profond, est ce que je recherche. Dans les photographies nissologiques, l’être humain a déserté le cadre, les paysages. L’animalité reflète l’humanité, souvent apprivoisée, ou en cage. L’artifice des réalisations humaines, comme les carnavals, ou les décors des fêtes foraines sont là pour témoigner de cette absence de la figure, quand ce ne sont pas les masques qui la représente, ou tout ce qui nous empêche de mieux voir (barrière, rideaux, mur, grillage...) La distance également, tout ce qui rapetisse l’échelle humaine (les vues d’avions, de points culminants) ou celle des trains à grande vitesse qui font défiler des paysages sans personne, sont des points de vue d’isolement, qui manifestent des états sans contact, de séparation. Ces captures, ces croquis, sont autant d’esquisses pour mes dessins, mes poésies ou mes compositions sonores. En toute synesthésie, photographier le réel, me permet de créer le plus souvent ensuite vers des supports dématérialisés (son, infographie, multimédia) et de dessiner tout en photographiant les contours de formes issues du quotidien, du banal, mais qui, de mon point de vue, sont insolites, extra/ordinaires jusqu’à apparaître parfois exotiques car désuètes.
En 2007, tentant d’écrire sur ces photographies, ma description se faisait dans ces mots :

- Je me suis toujours considérée comme touriste à moi-même.
L’appareil photo n’a fait qu’accompagner ce sentiment d’étrangeté dans tous les endroits qui m’étaient familiers.
Celui-ci, l’appareil, ayant changé souvent d’apparence et de technologie, de l’analogique au numérique, de la caméra à la webcam à l’appareil qui n’est plus là.
Plus là, parce que les images sont partout et nulle part. Il suffit de les attraper au vol, d’autres prennent des photos, tant de photos prises, les donnent, les perdent, les volent, les vendent, les bradent, les valorisent, les partagent, les exposent, les cachent, les accumulent, les archivent, les collectionnent, les déchirent, les modifient, tant d’images photographiques sont accessibles, de points de vue que nous, êtres humains, n’aurions jamais imaginés de notre vivant


- Des vues d’avion, des vues d’autres planètes, des vues sous-marines, des vues microscopiques, sous la peau, dans les pierres précieuses et des vues imaginaires dans des montages photographiques, des collages médiatiques et des horreurs.
Que d’images, que de polysémies !
Que de polémiques intellectuelles sur leurs statuts !
Mon regard est polysémique et pourtant unique. Si mes yeux étaient des appareils photographiques, ce qu’ils deviennent, je voudrais les fermer souvent. Oublier ce que je vois et dormir profondément.

La vue me tue.


Curieusement, je compose des sons et je me repère dans l’espace avec ce que j’entends. Dans le noir, la nuit souvent, j’accueille cette vision sonore plus calmement.
Ainsi les photographies que je prends, les images que je recueille, cadre, sélectionne et montre, sont celles qui me permettent de penser seule. Ce sont des espaces-temps solitaires et ouverts sur le monde contemporain, trop vaste, trop possible. Les photographies nissologiques sont ces espaces-temps de retranchements, calmes, et aussi trop possibles.

- Les voyages, les trajets, longs ou courts, ceux des transports urbains ou aériens et ces moments où l’on s’arrête, ou l’on se retrouve dans une chambre d’hôtel qui finit par être sa chambre, la sienne, un chez soi étranger et familier lorsqu’elle devient rythme, repère, sécurité. Le regard ici, espère formuler ses oasis dans des environnements de troubles.
- Les espaces improvisés et éphémères des échafaudages, ceux qui durent comme de vieux carreaux de céramiques effrités sur les murs, ceux qui sont destinés à partir comme les graffitis, le rayon de lumière qui perce le nuage pour caresser la mer, les filtres multiples des écrans, des bâches, des balcons, des fenêtres, des volets qui nous empêchent d’accéder et réalisent tous nos vœux voyeuristes, ceux d’être à l’abri, tout en pouvant voir ce qui fait peur : l’étrange.
Des lieux étrangers que j’habite souvent.
Un état étrange de perdition dans lequel habiter semble possible parce que je ferme les yeux.

Touchée.


Le réel me tue.


Afin de ne plus être atteinte par le réel, les traces de mon passage dans celui-ci deviennent des fictions.
Et c’est mieux ainsi.
La photographie nissologique est nostalgique.

© Sonia Marques – 2011








 E N V E R G U R E

  • Distance entre les extrémités des ailes étendues chez les oiseaux ou autres animaux ailés. (Les plus grandes envergures ont été mesurées chez l'albatros hurleur [3,60 m], chez le marabout [3,35 m] et chez des rapaces diurnes.)
  • Capacité, puissance de quelqu'un, ampleur de son intelligence, de sa volonté, poids de sa personnalité.



Par kiwaïda at 01:58

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