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vendredi 1 décembre 2023

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Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


La transformation s'est réalisée. Je suis devenue le chat. Le chat est devenu la pie.
Je suis revenue, au chaud, je suis la pie-chat.

La magie de Noël se saupoudre dans la ville, les êtres humains ont travaillé pour allumer de petites lumières.

Je regarde la télévision pour chat, et je suis subjuguée par des écureuils et des oiseaux incroyables.
Ils habitent aussi la forêt, là d'où je viens.
Ils aiment les noix et les graines, je suis très impressionnée, moi la pie-chat.

Mes yeux de chat sont hypnotisés.

Les arbres sont désolés, leurs feuilles sont tombées pour la plupart, là où j'ai fait mes premiers pas-pattes, sur ces branches, me nettoyant le bec.
Ils sont désolés et nous aussi. Lugubres espaces dénués de lumière, la nuit arrive si vite qu'elle tire le rideau seule, sans nous le dire.
Il faut se dépêcher de s'abriter, on ne voit plus rien le soir vers les cinq heures.

Je suis si heureuse de connaître cette saison si froide, les nuits sont glacées, je deviens boule de plumes, noire et énorme.
Je ne pensais pas vivre jusqu'ici, quand d'autres souhaitaient me tuer.
Que c'est beau l'hiver qui arrive, je pensais ne pas réussir à l'habiter, c'est lui qui me prend par la main, il me souffle son air divin, si pur, et si vivifiant.
Comme ma tutrice est courageuse, comme je le suis bien plus.
Mes amies les autres pies sont au complet, chacune la reconnaît, elle les reconnaît.
Les jardiniers sont toujours à la tâche.
De nombreux oiseaux sont là, des jeunes, si jeunes, à la tombée de la nuit, c'est un ballet merveilleux de choses ailées noires et malicieuses, de sons si différents, délicats et raffinés.
Les entendre suffit à voir les étincelles d'une vie que l'on pensait morte. Une vie habitante, une vie multiple et incarnée dans des notes de musiques surprenantes, un kaléidoscope improvisé, fermons les yeux.
Chaque sonorité semble s'enfuir, chaque oiseau tire son épingle du jeu. Tout n'est que fugue et fugue, tous s'en vont, et lorsque les yeux s'ouvrent, tout est parti.

L'hiver est bien là, implacable, sans possible retour en arrière.

Avance !

Le matin, dans la brume, le sol est humide et gelé, nous aimons sautiller dessus, picorer partout, toute cette moquette est pour nous, personne, aucune âme.
Ma tutrice nous observe et sait à présent tous nos vols, lorsque nous survolons la rivière, lorsque nous arrivons, à vol d'oiseau tout est si proche.
À pieds, les êtres humains ne peuvent voir toute notre cartographie, on s'appelle, on crie, on est heureuse, on est une seule chose et toutes à la fois.
Notre corps s'éparpille dans les milliers d'autres volant. On fait ci, on fait ça, et, on ne sait pas qui on est. Nous savons, nous, qui sommes nous.

Toutes ensembles, nous regardons les grues, leur forme en V, leurs cris, elles sont si belles, les cendrées.

Les arbres sont désolés, ils se sont lestés de toutes leurs feuilles, tout ce qui les encombrait.
Comme nous tous, nous laissons mourir ce dont nous n'avons plus besoin.
Ces poids encombrants, ces regrets épais, ces remords trop forts, ces entailles et épines dans le cœur.
Nous nous séparons de tout cela, nous avons déjà enterré ces fardeaux et avons célébré leurs expériences, leurs doux accompagnements et fâcheux doutes depuis ce début de l'année.
Viens petite gloire, tente de hisser ton pavillon modeste.
Laisse ta voile faire le reste, et glisse moussaillon, vers la fin de l'année, illumine un peu ton chemin, et tous tes cailloux, jusqu'ici clairsemés.
Que tes pierres grises et opalines se transforment en mousses vertes de coton.

Nous sommes désolés.

La froideur a désertifié les terres, la chaleur humaine se fait plus précieuse, si rare, les cœurs sont serrés, les larmes tombent au goutte à goutte.
Ici ou là, on éponge, ici ou là on calfeutre les fenêtres, ici ou là, on se pare de couvertures, ici ou là, on se réchauffe comme on peut, ici ou là, on n'ose pas se plaindre.

Ma tutrice cherche ma mère et mon père. Du chat ou de la pie ? Et d'elle ? D'ailes ?
Je suis entrée à pas feutrés dans une âme féline, afin de faire mes griffes dans l'arbre de la vie.

Sous un sapin, je rêvais passer l'hiver dans un foyer.

La cheminée des fées.

J'ai cheminé jusqu'à toi.

Merci de nous avoir pris sous ton aile.











lundi 4 janvier 2021

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Buffalo dream


Montages dessins-photographiques © Sonia Marques

lundi 30 mars 2020

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Photographies © Sonia Marques

vendredi 7 juin 2019

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Rêve limpide (© Sonia Marques)