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mardi 14 juin 2022

ℰℳÅiℒ

Photographies © Sonia Marques

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Ce souvenir d'enfance était resté très intense, comme lorsque l'on regarde une peinture de très près, jusqu'à se noyer dans les couleurs. Enfant ou adolescente, je regardais la parure de ma mère, son bracelet, comme une montre, mais magique changeante, sa bague aux couleurs vives, son collier, comme des petits couchers de soleil, ou bien, comme s'il y avait une danseuse, de flamenco, en tous cas, c'était le feu, la danse, une émulsion ou une alchimie colorée prise dans le vif, vernissée. C'était très innovant ou rare, de bénéficier de cet art là, ma mère me disait que c'était des émaux, si jeune, je savais alors que c'était des émaux, ce qu'était l'émail, à quoi cela ressemblait. Comme c'était une création, j'avais aussi accès à la créativité, l'art de l'émaillerie. Tout comme je savais déjà ce qu'était la céramique, depuis ces voyages au Portugal et les explications de mes parents, l'azulejeria. Ce qu'ils ne savaient pas, et moi, non plus, c'est que je me retrouvais vivre à Limoges... 40 années plus tard... où se trouvent aussi céramique et émaux, d'une autre façon. Ma culture avait parcouru déjà des pays différents, et elle m'a aidé à aimer enseigner et transmettre et innover. Je me souviens donc, que cette parure fut une inspiration, lorsque j'habitais en Seine-Saint-Denis et que je réalisais mes premières études vers mes 15 ans, à Paris, le saut à l'élastique, dans le 18e, au lycée d'arts graphiques Auguste Renoir, puis en passant 4 années à l'école Dupérré dans le 3e à Paris jusqu'au diplôme "Modes et environnement" (un DSAA) avec de superbes professeurs, designers, stylistes, philosophes, artistes, et leurs félicitations. J'avais réalisé des créations, dès les années 90, complètements innovantes, entre textiles, plâtre, mode, arts du spectacles, sportives, qui, aujourd'hui seraient toujours étonnantes. Ces petits bijoux d'émaux, lorsqu'un professeur nous demanda de réaliser la pochette du vinyle et CD du Boléro de Ravel, constituaient une source d'inspiration. Le savait-il ? Non. Ni mes parents, ni personne ne l'a jamais su. J'apprends que cette parure fut le cadeau de mon père à ma mère : voici que nous sommes vernis ! Est-ce cela la transmission ? La culture ? Oui c'est un exemple.  Le bel ouvrage, il fallait le reconnaître, avoir le goût, le désir de l'offrir, de le voir porté. Ainsi, je m'aperçois que cette parure est bien inaltérable. Mon conjoint me dit : elle est bien plus contemporaine que ce que nous avons vu, ici, une parure pour gladiateurs érudits.

Tout peut devenir une inspiration, un petit cailloux, le toucher du satin, d'un animal, d'une peau, les épines d'une châtaigne... Son goût mêlé au lait, des desserts économiques, que garde-t-on de nos souvenirs, nos madeleines de Proust... Comme cette confiture de fraise déposée sur une cuillère dans le film d'anticipation "Soleil vert" ("Soylent green" de Richard Fleischer, 1973) à ceux qui en sont privé, ce souvenir... humain... En période de disette ou de restriction, l'imaginaire et les souvenirs sont nos plus beaux atouts, à nous de les raviver chez nos anciens, raviver la flamme de l'histoire, tirer les fils : L'anamnèse, une simple amélioration de l’efficience de notre potentiel humain. C'est ainsi qu'arrive le récit, l'individuation, permettre à l'autre de se souvenir de qui il est, qui elle est, à l'aune de son présent, mesurer le parcours. C'est bien mieux qu'un curriculum vitae, ces espèces de papier normalisés, si mal vus par les cabinets de ressources humaines, retoqués à l'infini, inutiles et illisibles... c'est ainsi que plus personne ne trouve d'emploi et personne ne trouve de candidat...

Depuis les arts graphiques, la photographie et ses tirages papier, ses apparitions de mon petit labo que j'avais acheté, réaliser des films, des vidéos, les projeter, en scénariser des projections, ouvertes à tous, réaliser des documentaires pour d'autres, pour ma chorégraphe et la danse contemporaine, travailler, la cire, la sérigraphie sur tissus, la gravure, la céramique, exposer une mosaïque carrelée, émaillée... Ouvrir une maison d'édition, réaliser des livres et pour tous, confectionner des livrets, depuis la maternelle (et oui !) et tout ce qui devenait le numérique dans tous les domaines : j'ai toujours été passionnée par les techniques, et mon parcours artistique en témoigne dans chacune de ses réalisations très atypiques. J'ai aussi transféré les techniques les unes aux autres provoquant des décloisonnements, dans mon enseignement toujours, ce qui n'a jamais été bien vu des plus conservateurs et conservatrices, mais n'est-ce pas toujours le cas des inventeurs et inventrices ? Jusqu'à la censure, ou même l'ostracisation, mon enseignement étant hors-norme et surtout "traversant", avec une déconcertante facilité. Je suis capable d'adaptation rapide et en plus de formaliser aussi rapidement comment enseigner ce que j'apprends. Cette rapidité n'est pas l'apanage des fonctionnaires ni des institutions, ainsi, il faut parfois attendre et patienter des années, avant de voir et apprécier que tout arrive pour tous et que les accès soient "accessibles" pour tous. La technique c'est tout un art et de l'apprendre aux autres aussi. Souvent, j'ai rencontré d'autres professeurs agacés de ne pas savoir, de ne pas avoir été formés, voir des directions d'école affreusement jaloux-ses, préférant punir celles et ceux qui aiment enseigner, que de favoriser ces arts et savoirs faire, leur donner toute la place, ou un atelier. Repérée très tôt par des artistes et designers, je travaillais pour eux et elles, sans ménager mes efforts et sans moyens mais avec des idées déjà. Ce sont des professeurs, designers et artistes qui m'ont bien accompagnés lors de mes études, je leurs suis reconnaissante, je pense à chacun d'eux, chacune d'elle, souvent. Dans notre pays, les difficultés à évoluer et reconnaître les talents sont manifestes, il est bien plus question de difficultés à reconnaître les compétences, à recruter, les talents ne manquent pas, mais il manque vraiment des sachants, des artistes d'expériences qui savent recruter et qui ont un regard, une aisance, une culture, des passions, mais surtout une ouverture d'esprit. Ce qu'il manque, dans ce pays, ce sont des personnes ayant tant à partager, tout sauf leurs frustrations, et sans aucune jalousie, des personnes qui ne font ni procès, ni racisme, ni prédations, ni complots. Ce n'est pas rare du tout, ce qui est rare c'est de savoir où sont ces personnes et surtout les protéger, les accompagner, leur donner la liberté de recruter de former des équipes. Je le vois partout, nos écoles manquent cruellement de ces regards, de ces artistes diplômés de bonnes écoles, partout, dans tous les territoires. Beaucoup ont été mis à l'écart, et c'est un gâchis que l'on constate. On préfère se fier à la communication, au journalisme, on relaye sans arrêt ce qui est déjà trouvé, médiatisé, ce qui fait le "buzzzz", ce qui est déjà acheté, vendu, répété, copié, c'est lassant, lassant. On préfère ainsi que les présidents soient des journalistes, des acteurs de télévision, que les recruteurs-teuses soient des journalistes, tout est journal, rapporteur, rapporteuse. Et moi et mon petit journal atypique, hors-norme... c'est pas du journalisme ça  (trop d'idées, personnelles ! Que fait-on du personnel dans une culture du semblable, du même ? Rien) Quand nous avions besoin de colporteurs, mais quand nous avons accès à l'information et que nous savons mieux que les journalistes trouver les informations, quand est-il de l'information, elle s'intoxifie et doit se vérifier, sans cesse.  L'élite est devenue semblable à la masse, et c'est un superbe dénivellement, un politicien sans histoire, ni culture, a le plus de chance d'être élu démocratiquement, par l’abstention elle-même : le non, le refus, des comportements inavouables dans les urnes, ne pas vouloir nommer, parviennent à élire ce que le peuple veut détester et haïr, pour avoir le pouvoir de manifester ensuite son mécontentement, voici ce qui prime : la colère toujours. La colère encore, la rancœur, la traitrise... Un jour peut-être, gouverner ou élire en sera autrement, pour l'instant, il y a un impensé, tel des Sisyphes qui attendent les élections suivantes et les manifestations, pour remonter leurs pierres, et la voir tomber, tout le pays est rythmé par la colère et la destruction, aux tristes  joies anarchiques et paillardes...Cela occupe une société qui ne pense plus... Suivre le groupe, scander le même slogan, c'est reposant, cela fait même du bien, cela rassure, cela rend même heureux. Pour celles et ceux qui pensent, c'est moins simple. On s'éloigne des diktats.

Lorsque j'avais fondé avec mes amis un collectif d'artistes en apprentissage au sortir de mes multiples formations, j'avais déjà remarqué ce retard à l'allumage, les étudiants les plus intéressants avec des créations très précieuses, à l'état même de projets, n'étaient pas compris ni vus des jury et des professeurs. Il faut dire que nous étions aux prémices des créations sur Internet,  ainsi ai-je choisi, de fédérer, former, apprendre, en groupe et favoriser d'autres personnes ayant l'envie et la curiosité de faire des recherches et créer dans des domaines inexplorés. Les engager dans leur voix. Enseigner a toujours été une recherche, de la technique, non séparée de l'expérience personnelle, du parcours, du chemin et de la capacité de retranscrire ou de théoriser ce véhicule de vie. Car pour moi, l'art c'est la vie, et c'est tous les jours, et mieux, en binôme, en compagnie, en partageant mes trouvailles, ou en écoutant celles des autres, mes proches, ma famille, la moindre trouvaille... un téléphone, une voiture, les déboires, les erreurs, les bricolages, les contrats, le juridique, l'artistique et le muséal... Le paysage, la langue, combien d'apprentissages, et tissages chaque jour ? Chaque réveil est une possibilité de se renouveler, de mettre à l'épreuve du temps ce que l'on croit comprendre... Vieillir c'est s'attacher aux riens, aux détails, le plus invisible à tous devient le plus important pour soi, les repères sont espacés, singuliers, les traits marqués, la volonté de faire économisée, la volonté d'en être, supprimée : vieillir c'est devenir, c'est être pour toujours.

La mémoire, cela commence par un souvenir : un bijou, une couleur, telle une galaxie, des planètes, ainsi va la création, et l'inspiration, si fugace aux sagacités renouvelées...

Un jour je portais une bague en acier, un miroir argenté avec une pointe en volume, discrète et réflective, c'est Calvin Klein qui la produisait, une belle illusion, d'où son nom, j'enseignais et parlait avec des gestes de la main. Une jeune femme, étudiante était fascinée par cette bague qui ornait les gestes professoraux. En plein milieu du cours, elle exprima à haute voix son admiration devant ce bijou, pourtant minuscule, dans une pièce, moi éloignée de tous, et, sans aucun rapport avec le cours, elle s'exclamait, heureuse d'avoir trouvé quelque chose qui l'intéressait par la dimension scientifique, certainement la matière et la forme circulaire. Son intervention n'était pas dans la norme du comportement des autres étudiants, pourtant son approche d'un élément du réel, de son observation, indiquait une connaissance atypique, intense, cela produisait du sens aussi, dans sa disruption. Par ailleurs, elle était peintre et avait déjà réalisé des peintures de galaxies, planètes, voix lactées, très colorées et subtiles, de grandes envergures, tandis que les autres étudiants n'avaient pas encore ni étudier la peinture, ni eu l'initiative d'en réaliser des desseins, ni d'études sur la couleur. Donc de telles réalisations provoquaient l'admiration ou l'indifférence des étudiants qui ignorent encore les capacités et connaissances acquises pour arriver à de telles factures et soins dans les mélanges colorimétriques. Elle était un peu à part, et ne parvenait pas à se sentir à l'aise en cours, l’oppression ressentie, était celle que nous pouvions tous ressentir, quand l'ignorance prend le pouvoir sur la connaissance. C'est une oppression magistrale, une mise en abîme de la dévalorisation de l'enseignement. Elle appréciait mes cours, car elle s'y sentait intégrée et il y avait une harmonie entre tous, un intérêt de l'écoute des uns envers les projets des autres. Les différences ne se chamaillaient pas, mais se posaient comme principe même d'une manière de faire des mondes et de les inventer. J'étais toujours attentive à ce que chacun, chacune, des étudiants puissent se sentir en disponibilité d'apprendre : c'est le plus dur, car il n'y a là aucune perfection, si les réussites des uns ne font pas les défaites des autres, c'est que les jours se succèdent et le mouvement change les perspectives, l'alternance entre faire des erreurs et comprendre, ou peaufiner ses talents et accumuler des croquis et recherches et pouvoir en cerner les mondes qui s'ouvrent au fur et à mesure, surprend toujours. Selon les écoles, la seconde étape c'est de rendre fluide son enseignement aussi auprès des autres professeurs, que soient intégrés ou respectés les enseignements de chacun : très difficile, dans certains cas, il est impossible de se faire respecter. Ces années là sont très difficiles, s'il n'y a pas de volonté de respecter le rythme de chacun, chacune, car il y a beaucoup de violence, de haine, de frustrations, de précarisations, de mauvaises évaluations, orientations, dans les écoles, s'ajoutent à cela, des mentalités concurrentielles, qui n'ont pas lieu d'être, favorisant la mauvaise compétition, les rivalités, plutôt que l'émulation, et nous arrivons vite au harcèlement scolaire (étudiants, ou professeurs, tout le monde devient une victime collatérale, beaucoup adoptent la lâcheté pour espérer rester parmi les rangs, sans rien dire, ou sinon en apportant du grain au moulin de l'image d'Épinal, trouver la tendance politique et s'y couler comme si de rien n'était, mettre son drapeau, son écharpe comme les autres, ne pas émettre d'idée trop personnelle, ni apporter une expérience individuelle, le risque est que tout se tourne vers une idéologie)

Les aspects sociologiques du contexte à analyser et les facultés cognitives individuelles sont pourtant des données en plus, être formés aujourd'hui sur ces nouveaux items avec une connaissance de la systémique sont très importants, peut-être bien plus que d'être dans un réseau social virtuel, car c'est une question de survie. Autant dire qu'il faut être formé à l'abandon, et ne pas s'offusquer de la violence, ni résister bêtement : c'est le pire.

Ne pas être indifférent et s'ouvrir à la différence. C'est une utopie, car nous sommes dans le sens opposé, il suffit d'entendre l'écart entre les politiques et la réalité du terrain, les usages, le nombre et l'économie nécessaire (très peu d'argent suffit, mais un peu plus d'intelligence du sensible et de bon sens... et pas de l'artificielle intelligence...nous en sommes à l'inverse, l'opposé, la demande est celle de toujours plus de moyens, sauf que ce n'est pas possible, ni pour quelques uns, ni pour tous... c'est un autre sujet à développer)

Dans les formations artistiques, se mêlent le narcissisme avec la prétention et la jalousie. La clairvoyance, la perspicacité, la lucidité activent la mise à distance de ces facteurs toxiques. Si l'égo est surdimensionné pour créer de l'image, et donc de l'illusion, il l'est aussi dans les aspects plus intellectuels, conceptuels, car c'est ici même que la naissance du médiocre est à son apogée, car le ridicule ne tue pas. C'est ici même que le médiocre à de meilleures chances d'être ovationné et médaillé. Car le ridicule ne tue pas et les êtres humains ont besoin de se divertir, de rire de tout, autant que nourrir un jardin intérieur, secret et inaccessible au commun des mortels... La liberté d'expression du médiocre a peu à peu remplacé les vœux de réflexion, d'introspection, d'imagination et donc de création, je pourrai ajouter de façon saugrenue, la douceur est remplacée, quoique la mièvrerie et la minauderie sont hautement tolérés, comme le cabotinage. Le silence est pourtant nécessaire, travailler et étudier en paix. Ce qui n'est quasiment plus possible, le bruit partout, la rumeur, la pression de montrer, de s'exposer sans cesse, dans des moments où il n'est pas nécessaire d'être surexposé, c'est le mot d'ordre (prouve que tu existes...) c'est aussi à développer.

Esprits-êtes vous là ?

Cette jeune étudiante fascinée par la bague illusion, comme je le fus de celle de ma mère, en émail rouge, jaune, blanc, noir...m'apprit dans la confidence qu'elle venait d'être diagnostiquée autiste asperger. Il semble que ce diagnostique était très longuement attendu, depuis des années. Malheureusement pour elle, en informant l'administration et la direction, elle fut tout simplement exclue de l'école d'art, et très brutalement Ce qui, aujourd'hui, est en contradiction totale avec ces domaines des formations artistiques. Excellente artiste déjà, et désireuse d'étudier encore, elle avait une tutrice, et aimée de ses camarades. La meilleure voix, la plus juste, serait d'étudier en paix, sans idéologie, et que les écoles soient accessibles à tous. Sans elle, le groupe n'était plus apprenant, son absence a dispersé les étudiants, aucun n'est resté dans l'école. C'était une chance pour tous. Mais finalement, en sortir n'était-ce pas le meilleur apprentissage de la vie ?

Ce qui est ingénieux peut se retrouver marginalisé. L'invention c'est vraiment une autre galaxie, en passant par la sérendipité...

Un souvenir, et tout bascule, la recherche peut commencer. Il y a donc une corrélation entre la mémoire, le passé et la projection future, c'est comme une fulgurance, un déclic puissant, ou une douce lumière, dans une profonde nuit et apercevoir une petite étoile...

Sensibles et sensibleries, paramétrer l'impossible, espérer être compris, ou simplement entendus, plutôt que vus. N'est-ce pas cette petite différence qui est en jeu ?

La relation humaine est interaction et souvent une déception. Sommes-nous capables aujourd'hui d'être déçus ? De ne pas avoir la certitude d'être bien compris ? Est-ce si important de tout comprendre ?

Les énigmes sont si belles.

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L'émail du coquillage, l'émail des dents du morse...

jeudi 26 mai 2022

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En filigrane (Fotografias © Sónia Marquès)

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* Filigrane est un terme qui dérive du Latin FILUM qui désigne le fil, et GRANUM, le grain.

A origem da filigrana remonta ao terceiro milénio antes de Cristo, na Mesopotâmia. As peças mais antigas datam de 2500 a.C. e foram descobertas nas sepulturas do Ur, no atual Iraque. Outras peças, descobertas na Síria, são de aproximadamente 2100 a.C. Chegou à Europa através das rotas comerciais no mar Mediterrâneo, onde se tornou relativamente popular nas civilizações Grega e Romana. As descobertas mais antigas de joalharia em filigrana foram feitas na atual Itália e estima-se que sejam do séc. XVIII a.C. Foi também durante o Império Romano que teve origem a própria palavra “filigrana”: as descobertas mais antigas foram feitas na atual Itália, e remontam ao séc. XVIII a.C.
No entanto, uma vez que o Médio Oriente era uma encruzilhada de culturas, a filigrana continuou a sua viagem e cruzou fronteiras até à Índia e à China. No extremo Oriente, era usada sobretudo como elemento decorativo e não como joalharia. Encontramos, por exemplo, esculturas revestidas em filigrana, bules, pratos ou caixas.
Claro que a filigrana deste tempo tão remoto não era igual à que conhecemos nos dias de hoje: os padrões eram diferentes, assim como o uso. Mas a semelhança das técnicas utilizadas não deixa espaço para dúvidas - conseguimos identificar estas peças seculares como exemplares de filigrana.

Simples, a forma como diferentes fios finos desenham padrões e são soldados conjuntamente de maneira a criar uma peça muito maior. Nenhuma outra arte de joalharia usa uma técnica de fusão semelhante para juntar fios de ouro. Hoje - como há milhares de anos - os diferentes fios que compõem cada peça unem-se apenas pelo calor, sem recorrer a nenhum outro material ou liga. Podemos ainda dizer que não há nenhuma outra técnica de ourivesaria em que se utilize tão poucos metais para criar formas tão grandes e tão extraordinárias. Em alguns corações em filigrana, por exemplo, metade da “superfície” da peça pode ser ar!

A Filigrana na Península Ibérica

As peças mais antigas em filigrana descobertas na Península Ibérica remontam a 2000 - 2500 a.C., mas a sua origem não é clara. Possivelmente, estas peças pertenciam a comerciantes ou navegadores oriundos do Médio Oriente e não foram fabricadas aqui.
Só durante o domínio dos romanos, durante o séc. II a.C., começou a existir na Península exploração mineira - por curiosidade, foi neste período que se começaram a explorar as minas das serras da Pia e de Banja, em Gondomar.
Mas apenas milhares de anos depois, no séc. VIII d.C., conseguimos assegurar com certeza que a filigrana estava a ser desenvolvida e produzida em Portugal. Foi com a chegada de povos Árabes que surgiram novos padrões e que, pouco a pouco, a filigrana da Península se começou a diferenciar da filigrana de outras partes do mundo.
Enquanto que na vizinha Espanha a tradição da filigrana se foi perdendo, em Portugal foi-se apurando. A partir do séc. XVII, a filigrana portuguesa já tinha um imaginário próprio e moldes muito diferentes de qualquer outra filigrana.

As formas e estilos da Filigrana Portuguesa


A filigrana portuguesa representa maioritariamente a natureza, a religião e o amor:   

•    o mar é representado com peixes, conchas, ondas e barcos;

•    a natureza é a inspiração dasflores, dos trevos e das grinaldas;

•    com motivos religiosos, encontramos ascruzes, como a cruz de Malta, e os relicários. Mais recentemente, as medalhas com santos,anjos efiguras religiosas;

•    o amor, claro, é a inspiração de todos oscoraçõesem filigrana.


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En filigrane (Fotografias © Sónia Marquès)
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Outros símbolos icónicos da nossa filigrana têm uma origem histórica ou não totalmente clara. Falamos de :

Coração de Viana

Ao contrário do que se poderia pensar, o propósito primeiro do Coração de Viana não foi ser um símbolo de amor, mas sim um símbolo de dedicação e de culto do Sagrado Coração de Jesus. Terá sido a rainha D. Maria I que, grata pela “bênção” de lhe ter sido concedido um filho varão, mandou executar um coração em ouro.

Brincos Rainha

É quase unânime que os brincos rainha apareceram em Portugal durante o reinado da Rainha D. Maria I (1734 - 1816). A origem do nome, essa, parece remontar ao reinado de D. Maria II (1819 - 1853), que usou um par destes brincos numa visita a Viana do Castelo em 1852. Depois desta visita, popularizaram-se como símbolo de riqueza e de statuse ganharam o nome “brincos rainha”. Noutras zonas do Minho, é ainda conhecido como “à moda da rainha”, “de mulher fidalga” ou “mulher rica”. Mas o que é realmente curioso são os desenhos dosbrincos rainha. Afirma-se que serão um símbolo da fertilidade feminina, uma vez que há uma parte redonda, com um círculo mais pequeno ligado à peça principal de forma aparentemente ténue: um símbolo da ligação do filho ao ventre da mãe, do qual se irá libertar. Os adeptos desta teoria referem ainda que a parte inferior do brinco é um triângulo invertido, um símbolo feminino já à época.

Arrecadas

As arrecadas começaram por ser os brincos da população mais humilde e que as classes mais privilegiadas começaram a imitar. Na sua origem estavam as arrecadas Castrejas, com inspiração no quarto crescente da lua.

Colares de Contas
Os colares de contas são tão antigos quanto a arte da ourivesaria. Mas os colares de contas a que nos referimos são os
As contas de Viana descendem das contas gregas: são ocas por dentro, o que as torna leves, e perfeitamente esféricas. Distinguem-se, no entanto, pelo fio em filigrana e por um pequeno ponto ao centro. p> Surgiram pela dificuldade em comprar um colar inteiro em filigrana: as mulheres iam comprando conta a conta até conseguir fazer um fio inteiro. Também existia a vantagem de alterar o fio e deixá-lo do comprimento pretendido.
 
Filigrana Portuguesa hoje
Hoje, o fabrico de filigrana em Portugal concentra-se sobretudo nas zonas de Gondomar e da Póvoa do Lanhoso. No Minho, a filigrana continua a estar associada a uma larga tradição: os “trajes de domingar”. O traje minhoto feminino é sempre complementado com diversas peças de ouro, incluindo colares e brincos que passam de geração em geração.

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En filigrane (Fotografias © Sónia Marquès)

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Dans la bijouterie antique, le filigrane est un bijou constitué de minces fils de métal assemblés de telle sorte qu'ils forment comme une broderie. Les fils sont étirés puis soudés ou assemblés sur une pièce de métal généralement. Cette technique provient de la période antique et était pratiquée à l'origine en Orient par les Sumériens de Mésopotamie, à une époque où la production d'objet en or augmentait. Elle parvient ensuite en Occident pendant le Moyen-âge. On retrouve alors le filigrane dans l'orfèvrerie religieuse en tant que décor, par exemple, mais aussi dans la bijouterie et l'habillement, et de nombreux objets comme les casques, les poignards notamment. L'avantage de cette technique est qu'il suffit de très peu de matière pour créer un grand nombre de fils. Le travail du filigrane nécessite une grande patience et une précision infinie, ce qui en fait un objet de grande valeur.

Le secteur de la bijouterie au Portugal a pris une place déterminante dès le début des découvertes maritimes. La capitale Lisbonne s'est rapidement enrichie avec les influences de la culture orientale dès le XVème siècle d'une part, puis plus tard avec des richesses venues du Brésil telles que les pierres précieuses, l'or et les diamants.
Le filigrane, lui, fait partie de l'histoire du Portugal. Des pièces en filigrane réalisées par l'orfèvrerie portugaise datant des années 2000-2500 avant Jésus Christ ont d'ailleurs été retrouvées au Portugal. Ces bijoux traditionnels portugais, entre autres appelés Brincos de filigrana, peuvent être déclinés en plusieurs modèles comme les Brincos de Viana (boucles d´oreilles de Viana), dont le nom provient de la ville portugaise Viana do Costelo qui a conservé cette technique ancestrale. Ils sont principalement portés lors des fêtes nationales par des danseuses folkloriques. Aujourd'hui, ces objets restent des pièces précieuses à valeur avant tout stylistique. En or ou en argent, le filigrane se décline essentiellement en boucles d'oreilles et en colliers, ou encore en ornements destinés à décorer les robes de mariées notamment.

Les pièces portugaises en filigrane sont connues pour être d'une grande qualité. Chaque pièce est unique puisqu'elle est fabriquée à la main. La majorité des artisans spécialisés dans la technique du filigrane au Portugal exercent dans le nord du pays, dans la ville de Póvoa de Lanhoso notamment, reconnue au niveau national aujourd'hui comme la capitale de l'art du filigrane.
C'est dans la municipalité de Gondomar, au nord du Portugal, que la production de bijoux en filigrane est la plus importante du fait des nombreuses mines d'or présentes sur le territoire. La production de bijoux est répartie dans plusieurs ateliers tenus généralement par des familles. La technique du filigrane est un véritable héritage qui se transmet de génération en génération. La ville reste donc marquée de cette tradition, et la bijouterie de Gondomar représente à elle seule 60% de la production nationale de bijoux.
L'art du filigrane tient ainsi une place prépondérante dans l'artisanat et l'orfèvrerie portugais, notamment dans certaines villes qui conservent et entretiennent cette tradition particulière.

Originaire du Minho, le Coeur de Viana est l’un des nombreux symboles portugais de cette région du nord du Portugal. Faisant frontière avec l’Espagne, le Minho est connu pour ses foulards colorés, le coq de Barcelos, la fameuse soupe aux choux portugaise Caldo Verde, ses mouchoirs et nappes brodés, et de nombreuses danses et chansons folkloriques. Mais ce sont ces magnifiques bijoux en or qui brillent le plus parmi toutes ces traditions. Sous forme de pendentifs ou boucles d’oreille, ces jolis coeurs en filigrane* sont portés par les femmes de la région – les Minhotas -, avec grande fierté.
Bien qu’il s’appelle “Coração de Viana” (Coeur de Viana), il n’est pas exclusivement produit dans cette jolie ville balnéaire. En réalité, l’utilisation du cœur est, dans une perspective plus large, une tradition de la région du Minho, que ce soit du Baixo-Minho ou de l’Alto-Minho. L’attribution de celui-ci à Viana do Castelo peut avoir résulté de la popularité de ses costumes traditionnels dont il fait partie. Foulard sur la tête et sur les épaules, tablier à la taille et une abondance de colliers en or autour du cou; c’est ainsi que s’habillent les Minhotas. Leur collection de colliers n’est pas uniquement décorative, elle représente le patrimoine, la richesse de chacune, tandis que la couleur de leurs vêtements indique leur statut social.
Selon Manuel Rodrigues Freitas, Directeur du Musée de l’Orfèvrerie Nationale à Viana do Castelo, “les cœurs de Viana ont une origine religieuse. Dans l’antiquité classique, le cœur représentait le centre de la vie, de la solidarité, de la fraternité et de l’amour, ce sont les caractéristiques les plus saillantes de la vie des saints, c’est pourquoi ils étaient représentés avec le cœur sur la poitrine”, explique-t-il. “Ces cœurs accentuaient la chaleur de l’amour avec des flammes qui surgissaient de sa partie supérieure du coeur, celle-ci étant une stylisation de ces mêmes flammes, c’est pourquoi on les appelle “coeurs flamboyants” ou “doubles coeurs”. Ils sont apparus au Portugal avec le culte du Sacré-Cœur de Jésus et, par conséquent, les femmes aiment le porter sur la poitrine comme symbole sacré, avec des formes plus simplifiées.”
Cette combinaison de la forme (le coeur) et du matériel (l’or) a transformé l’image du Cœur de Viana en symbole de la bijouterie portugaise. Sa grande particularité, outre la complexité de sa décoration florale ou végétale, est l’existence d’une contre-courbe sur l’un de ses côtés, lui conférant une beauté contemporaine et festive, ce qui est relativement courant dans l’art populaire du Minho.
Utilisé comme symbole pour de nombreuses campagnes nationales telles que l’Euro 2004, qui a eu lieu au Portugal, le Coeur de Viana a même trouvé sa place sur la poitrine de stars de Hollywood. Sharon Stone, par exemple, a reçu un magnifique Coeur en or lors d’une visite dans le Nord du Portugal et le porte avec grande fierté.
En plus de l’or, les coeurs existent également dans d’autres matériaux, comme l’argent, et même d’autres plus modernes, tel que le liège, mais l’argent doré est le matériel le plus utilisé. Quant à la technique traditionnelle, elle se maintient, ils sont toujours faits en filigrane, un art qui travaille les métaux en fils délicats, entrelacés, créant des œuvres d’art élaborées avec des motifs variés.
Il existe deux types de filigranes: la filigrane d’application, utilisée pour des effets décoratifs et la filigrane d’intégration, ce qui veut dire que le bijoux est entièrement fait de filigrane. Les fils de métal sont torsadés, battus et ramollis et affinés avec une source de chaleur, puis sont soumis à un nettoyage avant d’être travaillés par des orfèvres. La filigrane est un art exclusivement manuel, exigeant des artisans une grande compétence et méticulosité.
De nos jours, ces magnifiques bijoux traditionnels peuvent être trouvés dans la plupart des bijouteries du Nord au Sud du pays, mais c’est à Póvoa de Lanhoso, plus précisément à Travassos, que l’on trouve “la Terre de l’Or”. Un «village-atelier», dans lequel toutes les familles sont, ou ont été, liées à l’activité de l’orfèvrerie et où, soi-disant, est née «l’orfèvrerie Portugaise». Malgré l’industrialisation croissante du travail de l’or, il existe encore environ 40 ateliers traditionnels, qui ont hérité de la connaissance de cet art, qui brille dans chaque pièce originale.

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samedi 26 septembre 2020

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Photographie de la chanteuse Yousra Mansour, à la caserne Marceau de Limoges, lors du festival "Les zébrures", 2020
(© Sonia Marques)

« [Les paroles] visent à éveiller la conscience endormie d’individus endoctrinés par des propos racistes et qui considèrent certains humains comme supérieurs aux autres. C’est un appel à rechercher ce qui peut nous unir au lieu d’aller vers tout ce qui nous divise. »

Yousra Mansour

Bab L’Bluz reprend le blues en Afrique du Nord. Le groupe se consacre à transformer la société, à modifier les représentations du monde, de la femme, de l’autre en général. Il rejoint en cela le mouvement de jeunesse marocain nayda - une nouvelle vague d’artistes et de musiciens s’inspirant de l’héritage local, chantant des mots de liberté dans le dialecte marocoarabe de darija. Ancienne et actuelle, funky et rythmique, portée par des paroles en arabe, des voix qui montent en flèche et des grooves lourds, la musique de Bab L’Bluz, semble pulser du cœur du Maghreb.
Le projet

Créé à Marrakech en 2018, par Brice Bottin et Yousra Mansour, Bab L’Bluz est né du rêve de mettre en avant le guembri sur la scène musicale internationale, en confirmant que cet instrument né en Afrique, est à l’origine du Blues. Bab L’Bluz est un hommage aux racines inépuisables de la culture Gnawa, résolument 70’s. Leur musique innovante mêle tradition musicale et rythmes plus actuels (Hassani, Rock, Blues, Gnawa, Funk, Chaa3bi). Bien que la pratique du guembri soit traditionnellement réservé aux maa3lems, maîtres de cérémonie gnaouis, Bab L’Bluz a développé une identité musicale originale. Le groupe est composé de musiciens qui, comme les Gnaouis, ont voyagé tout en instaurant un état d’esprit et un style résolument modernes, ouverts à la musique du monde. Bab L’Bluz s’est également inspiré de la musique Hasanniya ou de la musique maure traditionnelle, présente en Mauritanie et certains pays voisins, notamment dans le sud du Maroc. Il se caractérise notamment par sa poésie connue sous le nom de Tebraa, où les femmes chantent pour leurs amants des poèmes d’amour. Entre Gnawa, Rock, Funk et Blues, Bab L’Bluz réunit ces styles de différents continents, afin de créer un point de rencontre, s’engageant ainsi à chanter pour la paix, l’égalité et l’amour aux quatre coins du monde. Le premier album Nayda ! est sorti en version numérique le 5 juin 2020 et sur CD et vinyle à partir du 10 juillet 2020.

Très belle prestation hier du groupe Bab L'Bluz, passé par Périgueux, demain à Naples, avant à Paris, nous étions chanceux qu'ils soient venus nous voir à Limoges. J'écoutais la musique Gnawa lorsque je dansais, en banlieue Nord de Paris, plusieurs spectacles de danses contemporaines, qui ont participé à ouvrir ma culture musicale déjà bien diversifiée. Le Gnaoua est un style musical du Maroc et les membres d'origine d'Afrique subsaharienne, principalement des descendants d'esclaves, rassemblés dans des confréries musulmanes mystiques dans lesquelles la transe joue un rôle très important. J'écoutais les musique d'Essaouira, mais aussi les compositions d'Ali Farka Touré. Je me suis souvenue de compositions musicales de mariage gnawas que j'avais et l'échappée à travers les déserts, mystiques, que ces sons nous accordaient, masqués tous, comme se protégeant des grains de sable. Nous étions bien sur des chameaux, sous ce chapiteau où le vent d'hiver de la nuit nous ordonnait de bien nous couvrir. La chanteuse Yousra Mansour, d'une douceur infinie, a commencé à jouer de sa guitare en peau de chameau, électrifiée avec ses compagnons, sa voix envoutante et leurs sons extatiques ont réussi à nous faire complètement oublié, où nous étions, et ce pourquoi nous y étions rassemblés, sans vision d'avenir, mais inch'Allah, protégés sous les chants d'amour et d'hommages aux mères et aux femmes. Très beau collier, le bijou, ce n'est pas donné à tous de savoir enseigner les bijoux de l'art, avec une voix sublime.