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samedi 13 août 2022

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Issey Miyake, Starbust (collection automne/hiver 1998)
Vue de l'exposition IsseyMiyake Macking Things, Fondation Cartier pour l'art contemporain, Paris 1998
Photo © Jerôme Schlomoff

Hiver 1998, je travaillais à la Fondation Cartier pour l'art contemporain à Paris, pour l'exposition d'Issey Miyake, artiste miraculeux, qui vient de nous quitter. Tant de chose à écrire. Chaque jour à étudier, commenter, guider les visiteurs, chaque tissu, chaque salle, chaque procédé innovant, tant de souvenirs. Des rondes avec mes amis, des rencontres, un Noël magique avec l'équipe, des félicitions d'Hervé Chandès, le commissaire, assisté de Serges Laurent, une lettre des amis de la Fondation à mon attention, dans l’ascenseur, de compliments, et Martine, avec qui nous avons tant marché autours de ses plissés, que j'ai retrouvée à Berlin, aussi en plein hiver, par hasard, Étienne, nos projets, nos vœux, et toutes ces jeunes femmes, au prémices de leur avenir professionnel, consacrant toutes leurs après-midi, à garder et faire des visites de cette exposition, dans un écrin exceptionnel, glaçant, transparent. Avant cette exposition, nombre de nos études artistiques ont été profilées pour apprécier les innovations de cet artiste hors pairs. Récusant les termes de styliste de mode et préférant se définir comme « fabricant de vêtements » ou « designer », manière d’affirmer que forme, fonction et esthétique sont indissociables, Issey Miyake est l’auteur d’une création sans équivalent, inscrite au carrefour de toutes les disciplines, les pratiques et les recherches. 
L’exposition Issey Miyake, Making Things, à laquelle j'ai participé, explorait cette nouvelle façon d’appréhender le vêtement où l’imagination se conjugue au bien-être et aux technologies les plus innovantes. Au rythme d’un parcours dynamique et original, l’exposition illustrait à travers quatre espaces les réflexions d’Issey Miyake : la liberté et le mouvement, la relation entre le design et l’art, la recherche sur les matières et les nouveaux modes de production, le vêtement du futur.

Je me souviens de cette salle si chaude, aux vêtements de feu, d'or, comme des couvertures de survies, assez difficile à observer, les gants métalliques, la chaleurs des lumières, il y avait quelque chose de Baroque, comme l'église, dont j'ai écrit un article juste avant. Même si l'origami parcoure ses œuvres, et, cela a sans aucun doute inspiré Étienne, qui en a fait une bonne expérience artistique du pliage, il y a quelque chose d'infiniment dynamique et dansant. Né à Hiroshima, son histoire, et celle du feu l'explique, dans cette exposition, de la protection, de la survie, s'inscrit dans la grande histoire du nucléaire. Marqué par la bombe atomique larguée le 6 août 1945 sur Hiroshima, sa ville d'origine, alors qu'il n'avait que 7 ans, il est un rescapé. Il grandit dans un contexte d’après-guerre particulièrement lourd, mais il ressent ses premières émotions esthétiques dans cette cité reconstruite. Il étudie ensuite à l’Université des Beaux-Arts Tama à Tokyo (1959-1964) et se signale en protestant contre l’absence des vêtements lors de la conférence mondiale du design. Il présente son premier défilé encore étudiant : Nuno de Ishi no uta (Un poème de vêtement et de pierre). La fin du XIXème siècle est marquée par le japonisme qui influence aussi la mode. Le peintre Foujita , dont j'ai écrit un article également, arrive à Montparnasse dès 1913 mais c’est dans les années 1960 que des Japonais viennent compléter leur formation à Paris dans le domaine de la mode. Issey Miyake et Kenzo, dont j'apprécie beaucoup les créations, qui nous a quitté aussi, séparés par deux années seulement font partie des précurseurs, ils seront suivis par d’autres compatriotes dans les années 1980.
Son vocabulaire de formes amples qui convoitent le corps plus qu’elles ne l’évitent, le traitement des tissus qu’il est le seul à concevoir, la poésie lunaire et l’épure domptée comme une couleur sont un lexique permanent pour les créateurs.
En 1988, il lance son célèbre concept Pleats Please, des vêtements plus accessibles, conçus dans un textile synthétique qui conserve la mémoire du plissé. La ligne devient une marque en propre quelques années plus tard avant d'ouvrir en 1996 sa première boutique en France, Boulevard Saint-Germain, à Paris. Puis, en 1998, en collaboration avec l'ingénieur textile Dai Fujiwara, Issey Miyake lance A-POC (A Piece of Cloth), dont le nom reprend le titre de son défilé PE 1977. Il s'agit là encore de confort avant tout. Coupé dans un tissu tubulaire, le vêtement introduit un design nouveau avec lequel peut jouer celui qui le porte. Ce sont ces robes tubulaires, que je présentais, à la Fondation Cartier, entre autres. Que de souvenirs !




samedi 10 septembre 2011

Montagnes et vallées


((/bmk/public/frontieres_montagnes_vallees.gif|"Frontières" : Montagnes et vallées (Sonia Marques & Étienne Cliquet)||"Frontières" : Montagnes et vallées (Sonia Marques & Étienne Cliquet), sept. 2011))
"Frontières", l'un des 5 dépliés de "Montagnes et vallées" © Sonia Marques et Étienne Cliquet - 2011

http://www.montagnes-et-vallees.net/

À propos :

Montagnes et Vallées est un projet des artistes Sonia Marques et Etienne Cliquet lancé en mai 2011. Il est conçu comme un atlas de cartes à télécharger, à imprimer et à plier. Chacune d'elles est constituée de lignes correspondant à des plis. En langage d'origami, on parle de plis « montagnes » ou « vallées » d'un déplié selon leur orientation (en creux ou en relief). Chaque carte figurant dans l'atlas Montagnes et Vallées est un déplié original dont les contours et la forme finale se révèlera uniquement à la personne faisant l'expérience de le plier. Le déplié requiert ici notre attention comme élément en soi, à la fois complexe et actuel à plusieurs égards. En terme mathématique, un déplié est un graphe donc un réseau (des sommets reliés par des arêtes). Procéder au pliage fait se rapprocher les différents points de la feuille qui se superposent comme une navigation à travers différents sites Internet ou différentes couches de réalités. En pliant la feuille, on donne corps à la topologie d'un réseau et au processus de commutation. Le déplié représente donc un réseau et à la fois un code source pour un objet à venir.

Production Les Capucins – centre d’art contemporain, ville d’Embrun (direction artistique Caroline Engel) dans le cadre du projet européen SMIR (eSpaces Multimédia pour l’Innovation et la Recherche en production culturelle) / programme Alcotra.


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✴ J'ai écrit un texte sur le dialogue et la genèse des créations sur mon site, qui réactualise le projet depuis ses sources et fait part des échanges et questionnements de notre collaboration.

Extrait :
"Dans Montagnes et Vallées les dépliés diffusés, à imprimer et plier soi-même (le mode-d'emploi est le déplié lui-même) sur le site Internet, ne présentent pas leur finalité, la chose, l'objet final n'est pas montré, ni exposé, il est à fabriquer par l'internaute, le plieur, la plieuse. Nous nous concentrons sur le processus, non sur le produit fini, qui est également un potentiel, induit par le déplié, "à venir", comme si l'achèvement de l'oeuvre dépendait de celle ou celui qui la reçoit, perçoit, manipule. Une sorte de souplesse (d'esprit, manuelle, de façon de voir les oeuvres, les acquérir, les transmettre) est proposé par le pliage, qui peut paraître hermétique au premier abord, pour ces jeux de patience. Nous sommes convaincus que ces jeux artistiques, taquins, sont des manières de voir des mondes et demandent souvent à l'autre d'être reflexifs (actifs et non passifs) Les mathématiques sont ici, dans l'origami, représentés comme un casse-tête dont l'objectif est de créer de la complexité à partir d'une seule feuille de papier carrée, sans la découper ni la coller. L'accent est mis non seulement sur la forme finale et la séquence, mais également sur les plis."