Photographies © Sonia Marques

Journal d'une pie (extrait)


Ici là, il faut le sauver !

Vite !

Assis avec sa patinette, ou sa trottinette, il avait quel âge cet humain ?
Une quarantaine d'années ? Son engin est électrique, il écoute sa messe avec son téléphone et met son haut parleur, puisque je l'entends très fort. Je lui pique son engin, mais je ne peux le conduire, c'est un très bon perchoir, étonné, il me filme, et me laisse paisiblement démonter son engin.
Je cache des trucs dans ses roues, il sourit. Il lui manque une dent devant.
Ma tutrice vient le saluer, il lui dit : "C'est très intelligent cet oiseau, très intelligent"
Elle lui sourit.
On ne sait plus si les gens s'adressent à ma tutrice ou à moi, esquisse son compagnon comme trait d'esprit.
J'ai eu beaucoup de boulot ces temps-ci.
Il faut le sauver, il faut le sauver, il y a quelques jours, nous avons sauvé un chaton. J'y ai mis toute mon ardeur à les alerter !
Nous ? Je savais bien que ma tutrice allait le sauver et le guérir, il avait plein de parasites, comme moi. Mais lui, c'est peut-être un acte de cruauté, un abandon d'une nuit. Et moi ?
Ma tutrice étudie cette notion, il semble que l'arrivée du petit chat lui donne quelques questions à développer. C'est la fin de l'été, elle lit un livre sur la cruauté ordinaire d'un neuropsychiatre, parfois elle raconte des bouts à mes copines pies.
Déjà plusieurs livres cet été et des mots digérés. Pourquoi les êtres humains sont-ils cruels ? Oui, car les animaux ne le sont pas.
Ma tutrice fait un rapprochement entre son étude du harcèlement scolaire et la cruauté.
Dans les dictatures, elle m'expliquait qu'il existait plusieurs structures historiques, comme le nazisme ou le communisme. Et concernant le nazisme, ce fut une structure idéologique que l'on a pu analyser, avec la distance, empreinte de cruauté, sadique.

La cruauté existe toujours, elle tentait de m'expliquer comment des êtres humains en viennent à faire du mal à des animaux, les abandonner. J'ai été confrontée à ces formes là, petite, et je ne savais pas pourquoi un petit chat était abandonné par sa mère ? Était-elle souffrante ? Un accident ? Avait-on enlevé ce petit chat de ses parents ? Les êtres humains n'en voulaient pas, cela coûte, ou, ils en ont déjà, ou bien, ils ne l'aiment pas du tout, il est plein de puces, il n'est pas à leur goût, ou d'autres choses, qu'on ne peut imaginer, cruelles. Ou bien, d'autres choses qu'on ne peut imaginer, mais sentir au plus profond de soi : c'est un don du ciel. Ce chaton était tombé du ciel ! Ce don portera son nom désormais. Le vétérinaire de ma tutrice parlait de ces actes de cruauté, ils y sont confrontés. Ainsi que l'association qu'elle a pu rencontrer cet été, des personnes lui relatèrent leurs trouvailles désastreuses sur les animaux, lapidés par des enfants. Ma tutrice a vu des jeunes gens tenir un lapin bélier nain très mal, comme s'il était un chiffon, inoffensif et sans défense, il ne pipait mot, il était tenu par les pattes avant, et ses pattes arrière bougeaient dans le vide, la pire position, il était apeuré, les jeunes gens se moquaient de lui, et le posaient au bord des bassins d'eau, il avait très peur. Ils semblaient l'avoir volé à une autre personne. Elle a échangé avec différentes personnes, des passants, et le jardinier, il y a un manque d'éducation sur la faune et la flore, c'est évident, sauvage ou domestiquée, apprivoisée ou cultivée, les jeunes s'ennuient, ma tutrice le voit si souvent. Ils jouent au ballon, en fait, ils tapent dedans, et ils tapent sur des monuments historiques, des vitraux, personne ne dit rien, les oiseaux les fuient, au milieu de la faune et la flore, ils sont ignorants de tout, ils ne savent pas qu'ils sont regardés, observés de partout, le jour et la nuit, que leurs actes ont des conséquences sur l'environnement. Un sans domicile fixe souvent saoul, il dort sous nos yeux, il tente de leurs parler, mais les enfants le taquinent et c'est lui qui sera emmené par la police à leur place. Il est harcelé, lorsqu'il dort, il parle des enfants, il trimballe son tapis de laine partout, il fait le passe-muraille, ses couleurs sont le vert, le jaune, le marron, la couleur de la terre et des feuilles d’automne. Il n'y a plus d'école, les jours d'école, ils n'apprennent rien. Les parents sont démissionnaires, ou absents ou travaillent toute la journée et la nuit, ou certains ne sont plus là, ou, même s'ils sont là, ils ne sont plus là, et ce, depuis si longtemps. Et d'autres subissent des violences dans leur maison et les reproduisent dehors ou sur les animaux, sur leurs camarades, leurs enseignants, sur les poubelles, sur les sans domiciles fixe.

Un garçon tient une branche et il flagelle sa petite sœur, pensant ne pas être vu. Elle se roule par terre, sa mère arrive en vitesse, et, lorsqu'elle voit la petite à terre, elle lui tire les oreilles et la punie devant ses deux grands frères, peut-être ont-ils 10 ans, et elle, a peut-être 4 ans, la branche à la main, au dos. Ils cachaient leur arme, une branche si fine, tandis que la petite pleure, la scène est cruelle, les deux frères ne disent rien, mais ils sont saisis eux-mêmes par le manque de discernement de la mère qui s'en prend directement à la plus petite, et déjà à terre, sidérés, ils la laissent faire. La mère semble aussi petite que les deux frères, la petite sœur, sa fille certainement, est vêtue de rose, la seule couleur, elle est rose et n'a pas encore d'épines et ne sait ni se défendre, ni parler, raconter ce qu'il s'est vraiment passé, ni même exprimer qu'elle a mal. Son refus d'obtempérer devant sa mère, de se lever, marque bien plus, le fait qu'elle a peur, des coups de ses frères, et puis, de sa mère.
Puis cette femme, embarque sa petite fille, en la tirant par le bras, derrière le mur attendent des voitures tout confort, un homme se tient droit, très impatient, à sont tour, il sermonne la femme, sa femme ? La mère ? Il l'accuse d'être en retard, deux jeunes femmes habillées en robes moulantes, et maquillées sont très agacées, les talons très hauts, elles attendent les chauffeurs, ils s'engouffrent tous dans ces voitures dispendieuses, immatriculées de la capitale, puis ils partent tous, et à toute vitesse. Ces véhicules enfournent une certaine violence, à bas bruits, elles polluent notre environnement, nous demeurons, nous, les pies invisibles, témoins, avec la rose dans les yeux, d'une innocente, frappée par ses frères, sa mère, puis ce vieux monsieur, son père ? Son grand-père ? Dans un cortège digne des grands mariages, ou des fêtes, que nous observons, si tristes. Ce n'est qu'une brindille n'est-ce pas, ce n'est qu'une réprimande contre de petits enfants, ce n'est qu'un rendez-vous manqué avec l'autorité. Les enfants peuvent aussi regretter leurs gestes, et comprendre ensuite qu'ils ont une responsabilité envers le plus petit enfant. La mère peut comprendre aussi, que rien ne sert de courir après le temps, qu'accuser sans écouter ni voir, et taper à l'aveugle, c'est risquer de laisser les pétales d'une rose, et ne recevoir en retour que les épines. Lorsque le mal est fait, il faut tout recommencer pour améliorer les situations où le mal sévit, car le mal courre plus vite, et rien ne sert de passer son temps, ensuite à l’attraper. Il sera déjà parti ailleurs.

Ma tutrice rassurante a rencontré des êtres humains sensibles avec qui échanger, des experts et des non experts, jeunes ou âgés, toujours attentionnés, c'est la grande majorité de ses rencontres. Une infime partie de personnes peuvent être entachées de cruauté, cela sidère toujours, et parfois c'est dès le plus jeune âge, un manque d'éducation, toute la société est concernée. Les enfants violents, encore si petits, passent leurs fin de semaine dehors, pourtant ils crient dans un cadre étonnant, où nombre d'animaux vivent, d'insectes, nombres d'arbres et même un Musée. Il y a aussi de jeunes animaux, des bébés dans des nids juste au-dessus d'eux. Ils passent leur temps à taper sur un ballon. Ils tapent car ils ont appris à taper. Ils crient et s'insultent, les mêmes mots sont utilisés plusieurs fois, dans des phrases lapidaires, chacun devient le bouc émissaire de l'autre, car ils sont chacun innocent. La violence leur tombe dessus comme une tempête sans fin, ils n'ont rien demandé, ni à être là, ni à taper sur un ballon. C'est ce qu'on leurs demande de faire, les joueurs de football, gagnent bien leur vie, selon ce qu'ils voient à travers des images, et les études ne sont pas nécessaires, ils voient que le président favorise les jeux du football, un nom anglophone, bien plus que tout, même les maîtres d'école, même la maîtresse, préfèrent les camarades qui tapent, car... tout le monde tape, tape, tape. C'est ce qu'ils simplifient, et ils n'ont pas tout a fait tort, car les valeurs dédiées à l'étude, et aux études, aux facultés de réflexion, intellectuelles et de calcul, ont été dévalorisées, à tel point, que l'appât du gain et des jeux, sont devenus des priorités. On ne souhaitait pas faciliter l'accès aux études supérieures, mais ouvrir une voix plus large pour les jeunes garçons, dans le sport. Les autres qui souhaitaient s'émanciper de cette voix, imposée parfois, devaient se battre littéralement pour dépasser leurs limites. Apprendre bien plus, réciter bien mieux, calculer et se cultiver par eux-mêmes, visiter eux-mêmes les Musées, lire de tout. Et si par miracle, ils réussissaient et s'épanouissaient, un autre obstacle viendrait les surprendre, ils n'étaient ni attendus sur le marché de l'emploi, de la recherche, de l'enseignement, ni attendus pour, à leur tour, afin de participer à redéfinir le cadre des offres et des besoins, en toute égalité, de citoyen à citoyen, malgré leur expérience et leurs facultés rares. Les filles, les femmes, quels sont leurs droits ? Se demandent-elles. Tout simplement, les obstacles sont toujours ceux de l'exclusion. Pour justifier des exclusions, il faut des victimes, des agresseurs, des bouc émissaires, et, dans le désordre, des rappels à l'ordre. Mais le ballon se dégonfle vite. Ces enfants pensent que si l'on tue les enseignants dans leur école et que l'on gratifie les joueurs de ballon, c'est que l'école n'est pas un lieu d'évolution, mais un lieu à risques élevés, on ne peut plus étudier au calme, et c'est déjà fournir un effort, se concentrer, et rester sans rien faire, assis à lire, c'est tout simplement risquer un coup de poignard dans le dos. Ils pensent ainsi que taper dans un ballon, pour tuer l'ennui, éviter de s'apprécier et d'écouter le silence de la vie, les signes de la nature, c'est prendre moins de risque, et c'est pouvoir exprimer de la colère, le ballon c'est le mal que l'on tape, après qui on courre et c'est aussi notre meilleur copain, une philosophie de la fuite en avant, le ballon rond. Et puis, un jour, un de ces enfants rencontrera un oiseau...

Il y a de l'indifférence, la personne dotée de cruauté, passagère ou dont c'est un de ses traits de caractère n'a pas d'empathie, elle est très pauvre, une personne déficiente, émotionnellement. Souvent c'est dans sa petite enfance, qu'elle a rencontré de mauvais traitements. Une femme lui racontait, que ce sont souvent des enfants ou des adultes qui ont été maltraités qui maltraitent des animaux, et de petits animaux, choisissant des proies fragiles, sans aucune défense. Ces personnes ayant subit, parfois des abus sexuels, reproduisent, sans le savoir, des abus divers sur les animaux. Les violences intrafamiliales, conjugales, ont un impact sur la nature. La manière d'envisager l'environnement, ses gestes et actions, toute décision, toute conduite, tout peut accélérer, détruire, réparer, guérir, soigner, nettoyer, couper, planter, germer, tailler. Les saisons sont de formidables rythmes et guides dans les comportements à adapter. L'adaptation, une difficulté, une opportunité.

L'abandon est aussi un facteur : abandonner un animal dans la rue, la forêt, dans un sac poubelle, l'attacher à un arbre, le noyer, le mutiler, et lui faire subir des sévices absolument horribles et mortels, sont des actes de cruauté qui manifestent un comportement agressif ou défensif. Nous pouvons avoir de la peine à y croire, mais c'est une réalité, les êtres humains sont touchés par cette forme d'atteinte mentale, car c'est une déviance, que l'on ne retrouve pas chez les animaux. Il y a une différence de taille entre le sauvage et la cruauté. La cruauté est une déviance humaine. Pour autant, les difficultés à se nourrir, de nos jours, à se loger, et les pertes subites, les drames, font que des propriétaires aimants de leurs compagnons de vies, leurs animaux, sont dans l'obligation de les léguer, car ils ne peuvent plus les nourrir correctement, puisque eux-mêmes ne parviennent plus à subsister. C'est un déchirement de se séparer de leurs bêtes, avec lesquelles, ils ont noué un lien très fort, celui-là même qui les menait à la guérison, ou à une vie plus tendre ou joyeuse, ou dissonante, dans les contingences matérielles. L'abandon peut aussi se trouver dans ces issues positives. Et puis, que sait-on des animaux de compagnie lors de guerres ou de bombardements ? On a vu tant de personnes devenues migrantes avec leurs cages de transport et leurs sacs, fuir. Que sait-on des oiseaux sous les bombes ? Est-ce que les oiseaux préviennent les autres ? Sensibles aux champs magnétiques, les félins ils peuvent anticiper les changements...

L'instinct agressif que l'on remarque, chez ces êtres qui souffrent, appelle à une surcharge narcissique, ils ont été abandonnés, ou les parents furent négligents, ils ont subit des agressions, n'ont pas été accompagnés enfants, ou leurs parents n'ont pas rempli leur fonction rassurante et aimante et ils n'ont pas répondu à leurs besoin vitaux, ou les ont maltraités durablement, leurs traumatismes, peuvent générer de la violence, s'ils n'obtiennent pas ce qu'ils veulent, parfois des actes sadiques peuvent marquer leur comportement. La loi qui régente les sociétés, pour certaines, elle n'est pas dissuasive ou les enjoints à continuer et à poursuivre leurs méfaits. De nombreuses études ont relevé que les comportements cruels exprimés dès l'enfance ou l'adolescence sur les animaux, sont fréquemment le fait de personnalités elles-mêmes abusées dans leur jeunesse, et constituent des facteurs prédictifs d'une violence tournée vers les humains à l'âge adulte.
Dans notre société, la petite société des arbres, moi, la pie, je la décris comme une société de la nature mais dans l'urbain, tous les êtres humains qui vivent dans cet environnement urbain, pour une certaine portion, ne sont pas sensibilisés à leur environnement. Ils le deviennent à notre contact, pour certains, certaines. Ils viennent, ils se prennent en photo, ils jouent aux boules, au départ ils n'écoutent pas, ils n'entendent rien, ils ne voient pas, tous les signes sont là, nous sommes là, nous vivons ici, c'est notre chambre, notre salon, ils écrasent notre salle de bain, ils envoient leur ballon dans notre grenier, il lance un caillou sur un confrère, ils tuent les poissons avec des branches d'arbres devant leurs parents, la mère et le père.

La cruauté ordinaire est partout.

On peut rencontrer ces êtres humains n'ayant aucune sensibilité à l'espèce animale, parfois ne souhaitent jamais les regarder ou les toucher s'ils sont domestiqués, d'autres en ont peur, ne savent pas comment réagir si un animal, pacifique, vient vers eux. Il existe aussi de l'indifférence à leur vie, à leur élan de vie, et donc, à leurs difficultés, leur maladie, s'ils sont blessés, ces êtres humains n'auront aucune attention, pour eux, ils n'ont même pas le mérite d'exister, et pour d'autres ils ne doivent pas exister. Il existe des chasseurs, c'est encore autre chose, complexe.

Récemment il y a eu une justice pour les blaireaux. Elle a suspendu un arrêté préfectoral autorisant deux périodes de chasse complémentaires dans le département où nous sommes. Une victoire historique pour les associations de protection de l’environnement, qui montre aussi que les mentalités évoluent autour du sort réservé aux blaireaux.
En effet les chasseurs pratiquent encore une chasse du blaireau moyenâgeuse, qui se nomme "La vénerie sous terre". C'est une pratique de chasse consistant à déterrer des animaux à l’aide de chiens pour les situer et les acculer, puis de pioches et de pelles pour creuser, et enfin de pinces géantes et de couteaux ou fusils pour extirper de terre puis d’abattre lesdits animaux chassés. Les chasseurs creusent dans leur ultime refuge pendant des heures (jusqu’à deux jours) pour extirper les blaireaux à l’aide de pinces dignes d’instruments de torture du Moyen Âge.
Les blaireaux sont le plus souvent achevés à l’arme blanche, autre métaphore pour désigner des coups de pelle, de hache ou de masse. Quant aux jeunes blaireautins, ils sont abattus en même temps que leurs parents, ou abandonnés. Dans ce cas, sans abri et sans protection, ils ne survivent pas longtemps. La France détient un recors de cruauté à l’instar des autres pays européens.

Lorsque l'on étudie la cruauté entre les humains, il est question de traitement inhumain justement.
La manière de traiter l'autre de façon inhumaine, de le chosifier, est une manifestation de la volonté de contrôle sur l'autre, mais aussi d'employer les châtiments après des bêtises ou des fautes supposées par la victime.
L’inversement est dénotée, l'agresseur nomme sa chose, et justifie ses actes, car sa chose serait celle qui l'agresse, et il ou elle, le cruel ou la cruelle, se retrouve ainsi victime.
Cet inversement se retrouve dans les formes de harcèlement, entre humains.
Il y a le plaisir d'infliger à l'innocent, l'innocente, et aussi l'amplification des actes, afin de voir ce qu'ils produisent.
Faire du mal à des innocents et regarder ce que cela produit dans l'entourage.
La personne cruelle a cet art de la théâtralité, et elle agit souvent dans une faille, un climat délétère.
Il y a chez cette personne un plaisir de choquer, par amusement.
Elle n'a pas conscience du mal qu'elle inflige à l'autre.
La personne cruelle aime à isoler sa proie et la couper de ses liens d'amitié, d'amour, de la famille.
La vengeance est aussi un mécanisme, mais aussi tout déplacement de ses propres frustrations, sur une cible.
La personne cruelle, apprécie entraîner d'autres personnes à faire comme elle, c'est son plus haut plaisir, pervertir les autres. Toute forme est utilisée, mauvaises rumeurs, sabotages, supplices, humiliations.
Ce sont souvent d'autres êtres humains fragilisée et faibles d'esprit qui suivent une personne cruelle, ou parfois leur naïveté et manque de discernement les entraînent assez facilement.

Ma tutrice m'expliquait que c'est un mal dans le travail et dans les écoles, que le pays n'arrive pas à endiguer.
L'éthique n'est pas enseignée, ni la philosophie. Le discernement du bien et du mal est absent des programmes. Ma tutrice a découvert la majorité de ses étudiants dans l'enseignement du supérieur dépourvus de ces notions.

Là, où il fut un temps, celui qu'elle a connu, où s'enseignaient encore, par les salles des catholiques et les familles, ces notions fondamentales à une civilisation, et le "Tu ne tueras point", on découvre que les jeunes gens sont dépourvus de connaissances, ils mènent une vie d'études d'errances submergés par la violence.
Le pire est d'avoir politisé ces lieux d'études, et de ne pas les avoir sanctuarisés, protégés.

Lorsque l'on observe le comportement de petits groupes menés par une personne perverse et envieuse, on trouve le bouc émissaire. La violence d'un groupe est pilotée par une personne perverse. Petite pie, j'ai fait l'expérience horrible, avec mes tuteurs, d'un groupe d'enfants, d'êtres humains, mené par un plus agressif que les autres, qui souhaitait me faire du mal et entrainait les autres à exécuter, selon ses rumeurs, il chuchotait sans arrêt et commentait la scène pacifique qu'il voyait, une petite pie joyeuse face à des êtres humains, mais il instiguait une loi d'interdiction, il disait à ses copains qu'il fallait m'enlever, et que eux aussi pouvaient me prendre, que c'est facile de prendre des oiseaux. L'envie était telle, que le meneur souhaitait détruire cette paix, il n'était pas acceptable, pour lui, de voir cette scène et en même temps, il ne désirait que la voir devant lui, ne pas la quitter des yeux et former ses autres camarades à attaquer le plus petit d'entre tous : moi, un petit oiseau.
L'attaque des personnes envieuses et perverses se porte sur celui ou celle qui dispose d'une vie intérieure profonde ou de compétences particulières. Cette spécificité de personnalité en fait une cible préférentielle. La personne perverse agit sans intentionnalité claire, car elle ne peut clairement exprimer et concevoir son manque. Cette impossibilité est due au fait que de s'avouer à elle-même risquerait de lui faire perdre la face à ses propres yeux. Elle donne alors du sens à ce sentiment diffus de manque en transformant, psychiquement ce qu'elle ne peut penser en un problème pensable par elle. Ceci la dispose dans une situation ambiguë face à la personne attaquée, car elle ne peut plus vivre sans l'objet de sa haine, et, dans le même temps, elle propage un message de persécution. Faute d'espace psychique intérieur suffisant, la personne perverse et envieuse dirige son action contre l'espace intérieur de l'autre, en la diffamant si cette personne est un être éthique, ou en tâchant de la désoler, désertifier son être, de lui enlever tout sel de sa vie, lui ôter, si elle en a le pouvoir, toute sociabilité, et si elle n'a pas ce pouvoir supérieur, elle utilise toutes les personnes intermédiaires, des supérieurs afin de comploter sur l'élue, supprimer la personne qu'elle envie, c'est soulager sa peine et son inconsistance à être. Posséder pour éradiquer l'être, remplacer l'être par l'avoir. Une erreur éprouvée par l'histoire des guerres. Pour cela, la personne perverse utilise le cynisme et s’affranchit des règles de civilité (lesquelles, selon elle, doivent s'appliquer qu'aux autres, et non à elle-même). Elle laisse entendre de façon répétée, que les mesures qu'elle prend pour brimer sa victime sont souhaitables selon les dires des autres. Elle tente de détruire ce qui rend l'autre spécifique, ce pourquoi il ou elle est appréciée.
L'oiseau, moi la pie, je suis un être qui peut projeter un esprit de liberté. Voler est une action impossible à réaliser pour un enfant et un adulte. Il est inimaginable et au-dessus de l'entendement qu'un être humain se lie d'amitié pour un oiseau et que l'oiseau soit l'ami d'un être humain. Cette transcendance n'est pas concevable, car c'est un dépassement. Un jeune enfant maltraité et très agressif voit dans cette scène ce qu'il ne peut pas atteindre, ce qui est inaccessible. Là où d'autres jeunes voient un modèle d'ouverture, un passage initiatique, le pervers interprète cela comme l'échec de sa vie, et veut supprimer celui-ci, il se trompe et il trompe ses camarades.
Souvent, les personnes ayant vécu une telle mauvaise expérience, subir des actes de cruauté, cela a transformé leur vie, les a éloignés des lieux de vie où se sont produits des actes, ou de leur famille, leur métier, parfois leur ville ou leur pays, et ils n'ont plus la même vision positive de ces terrains, ces paysages, dans un espace naguère privé ou public, où se propagent assez facilement ce mal. Parfois même dans les lieux ou institutions où ceux-ci devaient être des lieux sacralisés ou protégés, ou sanctuarisés, ou des lieux où l'autorité est là pour protéger les êtres humains. Lorsque ces lieux deviennent des lieux où le mal sévit sans qu'il n'y ait aucune législation, même au sein d'une justice ou de la police ou des écoles, de la santé, c'est un désastre pour les êtres humains. Une destruction de tout lien, de toute humanité. Dans des déserts d'amour où les cadres ne sont que des apparats, la destructions des âmes est fatale.

L'état post-traumatique affecte la vie de relation, car la victime ne sait plus à qui s'adresser. Elle ne peut se représenter ses interlocuteurs, interlocutrices et se replie sur elle-même, là où elle se trouve, si elle n'a pas pu partir, s'enfuir, là où son monde la fait naître si à la petite enfance, sans pouvoir déménager, partir  de son pays en guerre, elle demeure, dans un état d'insécurité. La victime évite de rencontrer qui que ce soit, elle évite de nouer un contact, même avec sa propre personnalité. Car la victime ne se reconnaît plus elle-même, peureuse, elle qui était si confiante, ne peut plus faire confiance. On peut acter que le désintérêt pour le monde qui entoure cette victime est lattent. Le monde est là, mais la victime a même disparu de ce monde, et parfois disparait d'elle-même, ou voudrait disparaître. L'extinction du contact va vers une extinction de la vie. Une inaptitude apparaît, l'inaptitude à vivre, ce qui, parfois, arrive sur des personnes qui étaient socialisées et intégrées, avec des réussites et un bonheur partagé, parfois généreux, sans savoir que guettait le mal, et rôdait l'envie, ou la jalousie, le mépris, la haine.

C'est à ce moment que nous, les animaux, en tous cas, moi, la pie, j'ai pleinement conscience de mon rôle sur terre, sauvée par ma tutrice.

Avait-elle des ailes ?