Brad Pitt, l'acteur, producteur a présenté neuf de ses œuvres au Sara Hildén Art Museum de Tampere, en Finlande, le 19 septembre 2022. Étonnant, c'est un bon sculpteur, autodidacte ! Le bas relief en plâtre, et cette sculpture d'un homme mettant sa tête dans un étau, m'ont vraiment surprise. "Un inventaire radical de soi, devenant vraiment brutalement honnête avec moi et tenant compte de ceux que j'ai pu blesser, des moments où je viens de me tromper" La sculpture "House A Go Go" de la petite maison en bois, des chutes maintenus par des adhésifs me parle aussi. C'est une exposition de l'artiste Louise Bourgeois qui m'avait fait aimer la sculpture, plus jeune, dans tout ce qu'elle peut contenir d'émotions et de matériaux denses, et aussi, dans la disposition de la fragilité, comme ses étagères de verre sur une seule roue, le bois, le plâtre, l'inconscient, les souvenirs, la conceptualisation d'une filiation, la fille et le père. J'avais pu admirer aussi ses œuvres en Espagne, gigantesques. Je retrouve dans ce personnage, la tête dans un étau de Pitt quelque chose d'aussi dense. Sculptrice, dans l'une de mes vies antérieures (nuages en plâtres et monticules pour danseurs, ou tour de casque en dégradés...), ou récemment pour mes "écoutants", je peux savoir les techniques employées, comme tous, ressentir la pièce, parfois l'intention de l'auteur, mais surtout, j'aime prendre le temps. Je suis très difficile, concernant des œuvres sculptées "contemporaines". Sinon les Musées des périodes non contemporaines qu'ils soient d'Asie, d'Afrique, ou de nos contrées, m’apprennent toujours, je développe des sentiments inexplorés en tournant autours, en écoutant justement, en ressentant aussi la petite chose, sa finesse ou la force de plus amples formes entropiques ou érigées, molles ou dures. Eva Hesse et Robert Morris m'ont aussi ouverts sur les accointances avec la danse, lorsque je faisais de la danse contemporaine, le mouvement Anti Form, ou plus récemment les installations qui viennent tout de même de notions de sculptures avec la lumière ou les miroirs d'Anne Veronica Janssens. Voir les œuvres devant soi, c'est toujours émouvant. Les artistes révèlent des parties de ce que l'on cache, se retrouver seul à seul avec des œuvres peut faire émerger une connaissance insoupçonnée, de soi, ou du monde, c'est toujours une rencontre, un croisement à priori anodin.
L'acteur a aussi des tenues de lins subtiles, mais c'est autre chose, quoique...
En tant que regardeur, contemplatrice, l'art n'a jamais rien à voir avec l'argent, de pertinence, peut-être que mon point de vue concerne plus le talent, plutôt que l'art, en tant que système. J'ai visité une minuscule exposition de retraités, avec mon conjoint, et nous avons pu découvrir ce que réalisait un homme et son étonnante modestie, en regardant des "tutos sur youtube". À la gouge pour sculpter dans le bois, ou en tordant des cuillères, ses oiseaux de différentes tailles, recelaient une émotion forte et discrète, quelque chose d'implacable s'imposait, une évidence. Cerise sur le gâteau, il y avait de l'humour dans certaines de ses réalisations et l'usage de technologies lumineuses, détournées (Led pour les yeux, détecteur de mouvement) ou une grande pelle et de simples verres en plastiques pour figurer un Bart Simpson, égérie de la série d'animation télévisée américaine. Échanger sur son travail, dans sa maison était fort instructif sur la valeur artistique et la puissance d'expression, peu importe le contexte et même si autours, personne d'autre ne réalisait de création. Il est toujours précieux et plein d'espoir de rencontrer des personnes aimables, qui donnent une expression à ce que l'on ne peut donner, à ce que personne d'autre, puisque c'est singulier, n'est en capacité d'offrir. Il m'est arrivée par hasard, au pied d'un château, d'être guidée vers une sculptrice, elle nous a conduit dans son atelier. Atteinte d'une maladie, elle s'est trouvée, plus tôt retraitée, et a investit des caves et a réalisé des œuvres sculptées avec un four à céramique, assez étonnantes. Parfois je pense, que je rencontre de façon fortuite, en humant l'air, des personnes qui n'exposent pas en galerie, et elles ignorent même la valeur de leur travail, si singulier, qui rivaliserait avec des réalisations bien en vues. Je n'aime pas être téléguidée, non plus. Aucun vernissage, aucune exposition, aucune biennale (toutes non éco-responsables), aucune école (pareil), comme quoi, réduire l'impact de l'empreinte carbone, certains ont déjà tout compris. Et les artistes sont autours de nous, ou bien, nous sommes des artistes entre tous. Peut-être, pour cela, faut-il marcher, exercer sa curiosité, s'ouvrir à l'aventura, sans trop de balises, ou, à partir de repères exposés, faire son petit chemin, essayer aussi de comprendre et apporter sa petite pierre à l'édifice, lorsque nous partageons un intérêt commun : l'expression artistique.
Dans les milieux de l'enseignement, pas tous les artistes sont en mesure de relater, historigraphier, faire l'effort d'expliquer, d'écouter les étudiants, et de les accompagner. C'est vraiment un tout autre art, que celui d'être le lien, entre la création et celles et ceux qui souhaitent apprendre. Ce sont des qualités rares et dévaluées, dans notre société, il faut pourtant du talent pour devenir enseignant, et c'est aussi différent que celui d'être soi-même l’artisan au service de son imaginaire. Pourtant, les qualités des pédagogues affinent le regard que l'on porte sur le monde, ouvre des perspectives et horizons, parviennent à faire germer l'espoir, et, pour ma part, je l'ai observé, donne le goût d'apprendre et d'apprendre aux autres. C'est merveilleux.
Brad Pitt a déjà le tapis rouge, quoique : du milieu des acteurs et actrices... sculpter, c'est aussi mordre le tapis rouge, ou faire une queue-de-poisson, aux entre-soi trop étanches. Le grand saut.
Découvrir Pitt, c'est malgré tout être un peu téléguidé tout de même, mais je ne suis pas si souvent agréablement surprise, donc je retiens ceci, et attend de voir le développement.
Le paysage est à lui seul une scène de sculptures, mes photographies sont aussi des peintures ou des cadrages dans ces sculptures naturelles, qui peuvent aussi devenir artificielles, lorsque la fiction déborde et explose les repères, les perspectives, ou renverse l'attraction terrestre. Surréalistes.