D'après une photo de George Barris de Marylin Monroe sur la plage de Santa Monica le 13 juillet 1962. Elle a 36 ans.

C'était dans ce pays où les lumières avaient éclairé une bonne partie des inventions, les sciences, la littérature et les beaux-arts, durant des années, peut-être 2 siècles...

Que restait-il de ces étoiles ? Il n'était pas bon avoir du goût, il n'était pas bon savoir, en ces temps de lynchage. Alors à quoi servaient ces études, si longues et complètes, si épanouissantes, si elles se trouvaient lapidées par des bricoles pour appâter le maire alcoolique du coin, nommé le "trouduc" ? Il fallait remonter un peu plus loin dans l'histoire, les habitants avaient perdu le goût mais aussi, ne savaient plus rien, si bien qu'ils se penchaient, depuis des années vers les idées présentées toutes cuites, ou parfois recuites, des idées très simples que l'on peut répéter. Une des idées reçues, est celle la plus adulée comme on adulait des images. Ce sont des sortes d'iconodules de la pensée toute faite, à l'aide de drapeaux et d'oripeaux, ils ont assombri une partie du ciel, ne gardant que celle où les étoiles ne sont plus. Donc une de ces idées faciles à assimiler, par n'importe quel icono cono, c'est que l'argent est volé. Qu'est-ce que cela veut dire ? L'argent est volé ou s'envole ? Non, l'argent d'où qu'il vienne, transformé en mets coûteux ou vins, ou vêtements de luxe ou propriétés, enfin de ce que les habitants peuvent encore voir, là où il est encore visible et montré en image, dans les magazines, sur Internet, cet argent n'est jamais gagné, mais volé.

C'est la première idée, et elle, cette idée, gagne du terrain, remporte toute les adhésions. Il suffit d'alimenter l'hystérie des eaux troubles dans laquelle ce pays des lumières éteintes se trouve béni, par les icono cono, et l'adhésion populaire est quasiment définitive et peut tuer n'importe quel icono cono ! Cette idée simple qu'on "nous vole notre argent" s'illustre depuis des années à différents niveaux et elle fonctionne comme un rouage nanofacturé, imprimé en 3D, parce que l'idée ne coûte pas cher à fabriquer, et s'étend comme feu aux poudres en un éclair de temps : elle est très rapide à diffuser, ça marche de suite, et de plus en plus vite.

Donc sur cette thèse, nombre de docteurs (celles et ceux qui écrivent des thèses, pas celles et ceux qui auscultent des corps nus, voire plus) se complaisent à la nourrir et à s'inviter experts en commentaires, de tous poils donc. Aujourd'hui, une thèse s'achète par imprimante 3D, pas besoin d'étudier, il faut copier l'idée la plus répandue. Elle se décline ainsi : un homme pauvre ne peut pas devenir riche, une femme belle ne peut pas être intelligente, une femme savante n'a pas de goût, un homme de goût est un homme riche, les riches sont celles et ceux qui ont volé aux pauvres, les pauvres n'ont ni goût ni savoir, le savoir et le goût ne vont jamais ensemble, mieux vaut vivre sans goût et sans savoir pour rester vivant et sans être lynché...

Le pays se laissait ainsi mordre de tous côtés par l'irrésistible envie de tuer ce qui semblait beau, ce qui semblait intelligent, mais de toutes ces semblances, les habitants icono cono ne tuaient que des images, en bons iconodules. C'est que l'icono trash faisait, justement fortune. Et pour les habitants d'un pays où l'idée première la plus entendue était que l'argent s'envole, il fallait le rattraper et le dépenser très vite, avant qu'il ne se perde...

Pour ce qui n'était plus matériel, c'est-à-dire l'argent lui-même, point de problème, les habitants ne s'en occupaient pas, car ils ne croyaient que ce qu'ils voyaient.

La deuxième idée quelle était-elle ? Oui, le savoir. On imagine qu'il est plus difficile d'émettre une idée simpliste sur le savoir, et bien non. Il faut garder souvenir, que ces habitants sont quasiment dans l'ombre et qu'ils ne voient plus les étoiles. Ils ont conçu des statistiques et des questionnaires afin de mesurer le quotient intellectuel des habitants. Évidemment ceux-ci sont complètement caduques et bien désuets, ne serait-ce que pour mesurer le niveau de culture générale, ils se sont basés sur d'anciens modèles masculins de bande-dessinées misogynes ou sur des femmes écrivains féministes, dont le mot féministe ne pouvait même pas exister étant donné que le féminisme n'existait pas lorsqu'elles ont été publiées par des hommes. Il y a plusieurs points très discutables, mais revenons à cette deuxième idée, pourquoi mesurer l'intelligence des habitants ? Afin de créer une cloche, d'un côté en bas de la cloche, les débiles, au milieu la population en majeure partie, celle qui paye les impôts et peut travailler dans la société des lumières éteintes et de l'autre côté, toujours en bas de la cloche mais à l'opposé, les précoces, celles et ceux qui ont un haut potentiel, définis, par les icono cono comme les débiles, celles et ceux dont on ne peut rien faire et qui emmerdent le bon fonctionnement de l'extinction générale des lumières !

En gros, après avoir effectué ces mesures, il faut éliminer, de la société tout élément, en bas de la cloche dingdong. On peut aller chercher des écrivains, des femmes renommées, déjà publiées depuis des lustres avec l'aide de leur mari bien placé, jalouse d'une précocité, d'un enfant même disposé à l'analyse de ses faits et gestes quotidiens, l'enfant en sait bien plus que l'écrivain. Et pousser ces femmes sans talent à écrire sur leur proie : un enfant surdoué. Ce sera une arme afin de combattre tous les enfants qui espèrent grandir dans cette société et qui imaginent pouvoir rallumer les lumières. Il n'est point question là des enfants avec un porte-voix tendu par des adultes manipulateurs pour passionner les foules coupables à la découverte écologique de ce sur quoi ils marchent depuis leur naissance : la terre. Non, il est question des enfants non manipulables, ils savent en avance mais ne peuvent être désignés comme savants, car les savants se désignent entre eux, entre adultes plutôt débiles, et votent à qui sera le génie d'un siècle ou d'un quart d'heure américain.

La troisième idée, c'est celle, encore plus complexe que l'on croit, mais en fait toujours aussi simpliste, c'est que le spirituel devienne un sujet de guerre. Les icono cono nés aveugles de cœur, mais dans l'impossibilité de comprendre l'invisible, ils ont beaucoup perdu de leur sensibilité, ont décidé que des religions différentes devaient s'affronter et s'entretuer, afin d'atteindre l'invisible, puisqu'ils ne le voyaient pas. Ils pensent que seule l'identité, l'appartenance à une religion, une communauté, une secte, un club de golf même, pouvait résumer le parcours social et professionnel d'une personne. Donc tout ce qui n'était pas visible, et la sensibilité en fait partie, et le goût, parce qu'avoir du goût c'est aussi savoir goûter, sentir, devait être en guerre et les icono cono devaient militer, s'associer, afin de faire la guerre à tout individu qui ne déclinerait pas son identité.

De ces 3 idées illustrées à tous niveaux et dans toute la presse, gouvernait de plus en plus un pouvoir simplifié, qui attribuait des droits aux icono cono, simplifiés. Dans le domaine de la simplification, on trouve des simplets, mais aussi plusieurs autres petites unités, ou parties réduites de façon différentes et c'est là où la simplification, si l'on y regarde d'un peu plus près, c'est-à-dire, en se baissant un peu, en rapetissant, après avoir bu la potion magique "buvez-moi", peut devenir complexe. Oui, la simplification, quand on change d'échelle de valeur, de crédit, peut devenir complexe. Pour cela il faut savoir lire "buvez-moi", et on sait à présent, que les habitants ne savent plus rien, ni même lire la notice d'une boisson. Les dégâts dans ce pays, sont innombrables, et les maires trouduc ont dépassé la dose prescrite. Un mode de gouvernance simplifié se décline en plusieurs élus sur des terres, non écologiques, définitivement non écologiques. Les votes sont simplifiés, contre avantages et crédits, ajoutés puis enlevés après élections, et se réalisent avec des boutons incrustés au creux des poignets. c'est rapide et non anonyme. Ainsi l'ostracisation peut également s’effectuer en temps réel. On peut un peu mieux observer que la jalousie, l'envie, la haine, toutes ces qualités, devenaient les meilleurs outils pour adhérer à un pouvoir, dit vertueux, un pouvoir simplifié, au service de l'extinction des lumières, mais pas des feux. Seul le savoir pouvait donner des clés de lectures, afin de comprendre et non pas seulement voir (ça voir), que sous ces vertus affichées sans goût de luxe, ou ces slogans syndicaux qui défendent la veuve et l'orphelin, officiaient les idées simplistes les plus viles et vulgaires, détruisant à petits feux les savoirs et savoirs faire de ce pays. L'argent ayant perdu le monopole et le socle divin des échanges et procédures par intérêt, les repères et les pères s’effondraient sous ces jours de plus en plus incertains, ces genres indéfinis et ces transformations rapides, sans aucun savoir, dans la semi-obscurité.

Les éclipses peuvent générer des moments, quelques secondes seulement, de lumière. C'est pour cela que les habitants se précipitent tous à regarder le ciel, dans des points névralgiques différents des plateaux et sommets, ou même aux fenêtres, afin de tendre vers cet espoir que la sagacité toucherait la fêlure d'un de leur cerveau, et que le plus fêlé d'entre eux parviendrait à avoir, ou recevoir, une idée, cette lumière non prosaïque, dénuée de prose, d'une force poétique inouïe comme le bouleversement d'un mode de penser terne et fonctionnaire, servile et sans transparence. Mais cette limpidité, ce fluide sensuel et intellectuel n'arrivait jamais. Et même s'il arrivait, le fêlé d'un coup devenu un génie ne délivrerait jamais son idée, il serait lapidé sur le champ ou torturé. Il finirait ses jours dans l'obscurité la plus totale, ce qui, finalement ne l'atteindrait pas, puisque la lumière, il la trouverait dans son cœur, les yeux fermés, l'insularité incassable du diamantaire et non du lapidaire.

Si les lumières s'éteignaient et qu'étaient tués dans l'oeuf les enfants et les animaux doués d'une intelligence sensible, les seuls pour sauver les icono cono, ces derniers ne pouvaient même plus comprendre que l'argent ne leur était jamais volé, mais que les efforts payent, et pas ceux visibles, mais ceux éprouvés de l'intérieur, en interrogeant même leur sensibilité. Alors les icono cono perdaient leur beauté première, celle qui demeure à l'intérieur, celle qui sait, qui a du goût, qui travaille parce qu'elle aime et qui se repose en paix. La beauté première rongée par l'idée que toute beauté n'a aucune spiritualité, serait même illusoire, une image à détruire, avait beaucoup de mal à perdurer, elle devenait jetable, utilisable mais jamais regardée pour ce qu'elle était. Pourtant la beauté qui siège dans les cœurs est celle encore qui allume les lumières. Tout le ciel n'est pas obscur puisque ce sont les étoiles qui font la nuit. L'obscurité totale advient lorsque la prison des idées simples prend trop de place.

Si sont montrés des lingots d'or aux icono cono, par jalousie, ils chercheront sans fin à savoir qui les a. Le lynchage, leur seule passion, devient alors leur seule recherche. Mais un lingot d'or, même l'image d'un lingot d'or, n'est pas une étoile (inaccessible) dans le ciel de la nuit, il n'éclaire pas grand chose, et n'a pas trop de goût. Ce serait même un mauvais goût. De même savoir que son voisin vit sur un tas de lingots d'or, ce n'est pas savoir grand chose. De même si ce voisin s'est identifié à une religion et la placarde un peu partout où il passe, ne fait pas de lui un gage de spiritualité et de sagesse accomplie et il n'est pas non plus utile, quoique l'utilitaire ici est coquin, de le vilipender, d'inciter à la haine de ce que l'on ne sait pas.

Sur le sable, les beautés drapées dans des serviettes usées par le temps, les cheveux lumineux et sans pigments, dessinent des étoiles, des grains de sable, sur lesquels nous marchons en oubliant ce temps qui passe.