ANY EVER

Ryan Trecartin

Ryan Trecartin
Installation de Ryan Trecartin et Lizzie Fitch au Musée d'Art moderne de la Ville de Paris - 2012 (Photo : Sonia Marques)
Extrait du communiqué :

Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente Any Ever, première exposition d’envergure en France des artistes américains Ryan Trecartin et Lizzie Fitch. Depuis plus de cinq ans, ils développent à travers vidéos, installations et sculptures un monde où la culture consumériste et les relations intergénérationnelles sont amplifiées jusqu’à l’absurde.(18 octobre 2011 - 8 janvier 2012)

Ryan Trecartin et Lizzie Fitch travaillent ensemble, la fonction de chacun variant selon les projets. Pour les vidéos, Ryan Trecartin écrit les scénarios, dirige les acteurs et réalise le montage, tandis que Lizzie Fitch se charge de la production. Pour les installations et les sculptures, leur collaboration est fluide, quoique spécifique. Le rôle de chaque intervenant est d’ailleurs toujours détaillé dans le générique des films ou les crédits des œuvres plastiques.
Au-delà du rapport auteur(s)-collaborateur(s), leur travail invente une forme nouvelle de création collective. Dans ses vidéos, Ryan Trecartin fait figure d’homme-orchestre, bien que les rôles tenus par ses amis soient autant de performances individuelles. Les personnages se mélangent, fusionnent, se subdivisent... Le genre, l’âge, l’apparence et la fonction sont autant de données aléatoires dont la permutation sert de ressort à la fiction.
Any Ever
est un univers en expansion. On n’y pénètre qu’en acceptant de réexaminer les codes du monde réel et les règles du langage. La trilogie Trill-ogy Comp (2009) et les quatre films qui composent Re’Search Wait’S (2009-2010) se développent dans l’espace de l’ARC à l’intérieur de pièces destinées à être habitées comme la scène d’un théâtre : chaque vidéo possède ainsi son lieu propre où le son a un rôle à part entière.
Elaborée depuis deux ans avec les artistes, l’exposition du musée d’Art moderne de la Ville de Paris est conçue comme un environnement protéiforme. Le spectateur est entraîné dans un copier-coller sans fin, anarchique et jubilatoire. Cependant, aucun de ces récits n’est univoque ; les comportements s’y répètent en boucle ou soudain échappent aux motivations qui avaient semblé les guider.
Lizzie Fitch et Ryan Trecartin sont nés tous deux en 1981, respectivement dans l’Indiana et au Texas. Ils ont étudié à la Rhode Island School of Design. Ils vivent et travaillent à Los Angeles.

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Ryan Trecartin

Image de la Vidéo  "The Re’Search" de Ryan Trecartin
Cette exposition a été époustouflante, tant dans les installations et couleurs, l'utilisation des objets de magasins type Ikea ou bricolage, les sièges et les salles pour visionner les vidéos. Celles-ci peuvent se voir en passant, il y a un fond sonore, mais si l'on s'installe et l'on prend le casque, commence une cascade immersive du 'cut' au 'cut' sonore impressionnante. J'ai beaucoup aimé la vidéo "The Re'Search", avec tous ses caractères de façades de ces pré-adolescentes dans leur chambre qui expriment un monde aliéné d'images et de zapping effréné. Peintes, maquillées, les espace aussi peints et maquillés, peut-être le lociciel After Effects n'est pas loin, dans des tableaux qui vibrent, insolents, des pigments jetables que le cerveau veut rejeter ou il reste scotché fasciné à la vitre. Les voix américaines se coupent la parole, la narration filmique se trouve être entre un rap, un hip hop, un R'n'B contemporain, tandis que des personnalités multiples envahissent l'écran et s'agitent devant la caméra. Des choeurs de jeunes filles chantent, le vocabulaire très scénarisé mêle des langues vernaculaires de SMS, télé-réalité, tourisme mondial, avec une superficialité visuelle à couper le souffle ! Le flux constant de commentaires et contre-commentaires fusionnent dans un rapport synesthésique violent. L'expérience de la simultanéité caricature l'insensibilité avec laquelle nous réagissons face à l'inondation culturelle, les attitudes consuméristes, les blocs de mots et de phrases qui arrivent d'un coup. Cette exploration de la technologie du troisième millénaire, de l'identité, du consumérisme décoiffe certainement les expositions d'artistes français de la même génération parfois trop passéistes qui montrent le plus souvent une peur de l'avenir et ne représentent plus le contemporain malgré l'étiquette. Lyzzie Fitch, artiste, alter ego féminin de Ryan Trecartin, un duo, travaillent ensemble depuis une dizaine d'années sont les précurseurs d'une nouvelle forme de la création collective.

Danser sa vie

Fichier vidéo intégré


Lectures from Improvisation Technologies by William Forsythe
Reedit: Nik Haffner, Volker Kuchelmeister, Chris Ziegler
Production Management: Julian Gabriel Richter
Performance: William Forsythe
The Forsythe Company and ZKM, 2011
Paris, Centre Pompidou, 2011

Fichier vidéo intégré
Fichier vidéo intégré










William Forsythe réalise un film vidéo à la fois pédagogique et lumineux sur l'imaginaire des formes dans l'espace et des gestes du corps, de la chorégraphie, autours, à l'intérieur, avec, sans, ces formes, ces espaces à géométries variables. Son plaisir est communicatif, c'est un jeu d'incrustations, avec brio lorsqu'il saute l'une des formes, néons, un bâton vertical, tel un magicien qui s'invente ses étapes, relais, haies, échelles à gravir : "champagne"

Exposition au Centre Pompidou jusqu'au 2 avril "Danser sa vie" :
J'ai pu découvrir également un film de performance/danse d'Olafur Eliasson, artiste contemporain danois, né en 1967, (Movement microscope, 2011).

Olafur Eliasson dit :

"En tant qu'artiste, je veux voir une exposition aussi par l'intermédiaire de mon corps. En art, on comprend physiquement ce qui arrive, sans passer par les mots. Il suffit de marcher à travers l'exposition Danser sa vie pour en prendre conscience : les danseurs y font danser les tableaux que l'on croyait statiques, comme Udnie, de Picabia, ou Le Bal Bullier de Sonia Delaunay (1913). Merce Cunningham disait que «le cerveau est dans notre corps tout entier». On reconnaît confusément quelque chose que l'on a déjà éprouvé."

Dans son film, des danseurs se sont mêlés à ses collaborateurs dans son studio de Berlin pour s’essayer au finger connect, danse des mains inspirée du hip-hop.

"Autour de moi à Berlin, j'ai des danseurs, des performeurs, des architectes, des historiens de l'art et des scienti­fiques. Le plasticien américain Bruce Nauman a filmé le vide de son atelier dans sa vidéo Mapping the Studio. Celle que j'ai réalisée pour le Centre Pompidou, Movement Microscope, filme mon studio comme un travail en cours, un processus très physique. L'espace, l'architecture et le corps sont interactifs. Plutôt que de danser dans l'espace, on peut danser un espace, comme le démontre superbement William Forsythe, vrai «space machine» dans ses performances. Je suis un fan de hip-hop depuis l'adolescence. Je pouvais danser comme un robot ! J'ai rencontré alors Steen («popper» du groupe Out of Control, NDLR). Son énergie de danseur urbain galvanise les jeunes de banlieue marginalisés. Il est mon héros."

Dans cette exposition j'ai pu revoir une vidéo mixée de Jeff Mills, avec le superbe pas de danse de Joséphine Baker (The Dancer, 2011) en noir et blanc, un film 16 mm de Jan Fabre (Quando l'uomo principale è una donna, 2004) où l'on voit une femme nue danser (Lisbeth Gruwez), enduite d'huile, aux gestes qui quittent rarement le sol, glisse et vertige du corps sculptural dont l'érotisme premier laisse place à une chorégraphie performance fascinante. Quando l'uomo principale è una donna s'inspire des femmes-pinceaux ou performances anthropométriques d'Yves Klein. L'interprète évolue sous un dôme de bouteilles d'où s'échappe de l'huile d'olive, d'abord au compte-gouttes, puis par filets formant des flaques et transformant la scène en une véritable patinoire.
Revu aussi le podium à ampoules de Felix Gonzalez-Torres, vu et revu, pour se remémorer les années 90, mais toujours sans un seul couple qui danse à l'intérieur ensemble, malgré les traces de pas et les casques près à l'écoute.

Aussi le spectacle de Jérôme Bel : THE SHOW MUST GO ON
Un spectacle repère de la fin de ces années 1990, pour un art chorégrahique qui se passe de mouvement dansé, une pièce conceptuelle, avec fantaisie et humour. La bande son des années pop et rock, airs connus et reconnus induisent ou non des actions simples et répétitives. On peut voir en ligne ou télécharger un film en 2 parties de Jérôme Bel, sur son site Internet, expliquant ce spectacle.

Et des petits Matthews Barney, un régal ! Le duel homme-bouc, mythologie moderne, enrobés plutôt qu'encadrés.

Matthews Barney


Matthews Barney  Matthews Barney


Matthews Barney
Matthew Barney ENVELOPA : Drawing Restraint 7 (kid) (détail), 1993 Diptyque d’épreuves gélatino-argentiques dans des cadres en plastique prothétique

Le sentiment des choses

Exposition au Plateau (Paris jusqu'au 26 février) / Commissaires  : Elodie Royer et Yoann Gourmel

Lenka Clayton et Michael Crowe, Isabelle Cornaro, Julien Crépieux, Robert Filliou, Martino Gamper, Ryan Gander, Mark Geffriaud, Ray Johnson, Chitti Kasemkitvatana, Bruno Munari, The Play, Bruno Persat, Pratchaya Phinthong, Chloé Quenum, Clément Rodzielski, Fred Sandback, Mieko Shiomi.

Extrait du communiqué :

Premier volet d’une série d’expositions proposée par Elodie Royer et Yoann Gourmel, commissaires invités pour la saison 2011-2012, l’exposition collective « Le sentiment des choses » prend pour point de départ le travail et l’esprit de l’inventeur, artiste, designer, écrivain, illustrateur, graphiste, pédagogue Bruno Munari, « un Peter Pan à l’envergure d’un Léonard », selon l’expression de Pierre Restany.
Déplaçant et déployant dans la vie quotidienne ses recherches continues sur la circulation et l’instabilité des formes, des signes, des couleurs, de la lumière, des mots, des images, il n’a eu de cesse d’allier imagination et méthode, invention logique et intuitive, au sein d’une démarche à la poursuite de l’essentialité des choses. Des premières peintures futuristes des années 1930 aux livres illisibles, des machines inutiles aux fourchettes parlantes, des xérographies originales jusqu’aux structures à haute tension des années 1990, Munari s’est joué toute sa vie avec une grande économie de moyens des catégories et des disciplines, dans une tentative de les fondre dans une seule pratique radicale et généreuse de l’art, incitant chacun à développer sa propre curiosité et créativité.
Plus prospective que rétrospective, cette exposition ne cherche cependant pas tant à mettre l’accent sur son héritage ou ses influences, qu’à remettre en mouvement, en idées et en formes, son travail au milieu d’autres pratiques artistiques. Elle réunit ainsi sur le même plan des peintures, des prototypes, des multiples, des objets design, des livres, des jeux de Munari, et des œuvres d’artistes de différentes générations et nationalités, partageant une attitude et un esprit animés par le jeu, la sincérité, l’économie, la poésie.
Construire puis démonter chaque été pendant dix ans une pyramide en bois au sommet d’une montagne et attendre qu’un éclair vienne la frapper, envoyer quotidiennement des lettres collages à des amis ou à des inconnus, tenir une galerie dans son chapeau, reproduire un mouvement de caméra à l’aide de peintures abstraites, bâtir une maison sur les bases d’une conversation, réaliser des dessins muraux à l’aide d’un ballon de foot, faire des sculptures à emmener avec soi en voyage ou avec un fil de laine sont ainsi certains des gestes et des œuvres que l’on peut y croiser.
Proposant une situation ouverte dont les détours importent davantage que la destination, où le processus et l'expérience partagée priment souvent sur le résultat, cette exposition « en groupe » suggère un frottement conceptuel et sensible de ces différentes pratiques, contemporaines et historiques, dans ce qu’elles ont de commun comme de dissonant. Des démarches individuelles ou collectives qui, dans une sorte de défiance face à la notion d'œuvre d'art comme objet fini et fétichisé, privilégient une relation subjective et fragmentaire à l’œuvre, entendue comme précaire, transitoire, multiple.
On ne connaîtrait « le cœur des choses » qu’à travers les sentiments qu’elles éveillent en nous. C’est ce que formule le mono no aware, principe littéraire japonais, définissant les émotions qui naissent en nous au contact des faits et des choses comme le seul moyen d’en connaître leur substance. « Le sentiment des choses » en est une traduction possible et élusive.


Robert Filliou
Affiche de © Robert Filliou, 1967 : L'immortelle mort du monde

J'ai beaucoup apprécié cette exposition et j'ai découvert un artiste Bruno Munari, sa poésie et redécouvert un autre artiste, génie sans talent, de nationalité poète, Robert Filliou, entre autres, ainsi qu'un collectif japonais : The play. Le journal de l'exposition (gratuit) est très bien réalisé, avec des documents et textes développé et généreux, des éditions de Munari sont en vente sur place. Voici des extraits de ma visite (inside/outside) :


Robert Filliou
Robert Filliou, Danse poème aléatoire collectif, 1962 © Nelson Freeman, Paris/ Michel Tabanou

ROBERT FILLIOU

Né à Sauve en 1926 – Décédé en 1987, Les Eyzies (France)
Robert Filliou fut un artiste nomade. Un nomadisme à entendre tout aussi bien au sens propre qu’au sens figuré, tant sa vie compte de pays rencontrés, tant son œuvre se caractérise par l’exploration permanente de nouveaux territoires. Proche de Fluxus, par sa volonté d’un art rendu à la vie, à la fois ludique et participatif, il refusera cependant toujours toute étiquette, nuisible à la spontanéité, moteur de la « création permanente », moment ultime de l’homme. Car tout le travail de Filliou se ressaisit comme une remise en question inexorable de la pratique artistique à partir d’une réflexion anthropologique radicale : tout homme est un génie empêtré dans des savoirs et des savoirs-faire qui lui dérobent cette génialité primordiale. Anthropologie en droite ligne inspirée par la philosophie Zen, qui, au travers des notions de non-savoir et de non-agir, alimentera sans cesse chacune de ses créations.

 
Robert Filliou
Avec des crochets et une ficelle rafistolée fixée à deux bâtons, Robert Filliou compose "Pour pêcher à deux la lune" 1962-84

La règle et le hasard

(Extrait de Parlé écrit / verbale scritto – Bruno Munari Il Melangolo, 1992, éditions Corraini, 2008)

Comme le jour et la nuit
la règle et le hasard sont deux contraires
comme la lumière et l’obscurité
comme le rouge et le vert
comme le chaud et le froid
comme l’humide et le sec
comme le masculin et le féminin
La règle rassure,
la géométrie nous aide à connaître
les structures ou à construire un monde dans lequel
on peut évoluer sans crainte.
Le hasard est l’imprévu
parfois terrible
parfois heureux la rencontre avec quelqu’un
avec qui s’établit tout de suite
l’amour et la sympathie,
l’explosion de la solution
la découverte d’un phénomène.
La règle est mentale
on la construit avec logique
tout est prévu
avec la règle on peut construire
un programme.
Le hasard naît du climat
du contexte général, social,
géographique, des récepteurs sensoriels.
Un parfum d’eucalyptus
la forme d’un caillou le rythme des vagues...
La règle seule est monotone,
le hasard seul est inquiétant.
Les orientaux disent :
la perfection est belle mais elle est stupide
il faut la connaître mais la bousculer.
La combinaison de la règle et du hasard
c’est la vie, c’est l’art
c’est la fantaisie, c’est l’équilibre.

Bruno Munari
Bruno Munari, Sculpture de voyage, 1958 11 exemplaires Courtesy Fondazione J. Vodoz e B. Danese Photographie : © Roberto Marossi
Bruno Munari

BRUNO MUNARI

Né en 1907 à Milan – Décédé en 1998, à Milan (Italie)
Bruno Munari s’est intéressé au graphisme, à l’illustration, au livre, tout autant qu’aux arts plastiques, au design, à la photographie, au cinéma. Il a traversé et participé à de nombreux mouvements artistiques des avant gardes du début du 20ème siècle. Très jeune, il participe aux mouvements Futuriste et Surréaliste. Très impliqué dans le Mouvement Art Concret, fondé à Milan en 1947, qui regroupe, entre autres, des artistes comme Max Bill, Klee, Kandinsky, Arp, Sottsass, il expérimente les formes géométriques, triangle, cercle, carré, cherchant à supprimer le superflu. Son travail concilie l’architecture, le design industriel et les arts visuels chers au Bauhaus. Dès les années 1930, le livre va devenir le support de ses recherches artistiques. Formé par l’un des maîtres du Bauhaus, Herbert Bayer, l’activité graphique de Munari commence avec des innovations radicales. Son goût pour la typographie l’amène à utiliser la lettre comme un langage en soi, à la manière du constructiviste russe El Lissitzky. S’inspirant d’anciens livres d’anatomie, il introduit des feuilles transparentes qu’il juxtapose entre des feuilles opaques, il joue sur les dimensions et les matériaux, mettant l’accent sur l’aspect tactile du livre-objet, sans oublier l’aspect ludique et l’humour. Il s’adresse tout particulièrement à l’enfant qui sommeille en nous avec ses « livres illisibles » (1949), avant la série des « Pré-livres » destinés aux tout-petits. Appliquant au livre ses expérimentations d’artiste dans un but d’appropriation par le lecteur, il vise l’art « de tous » et non « pour tous ». Passionné de pédagogie, il crée des ateliers de découverte, à l’instar de celui installé en 1977 à l’École des Beaux-Arts, dite Brera, de Milan. Il réalise des performances pour un jeune public, activité dont il ne se lassera jamais. Son influence s’étend jusqu’au Japon et en Amérique du Sud. L’exposition « Le sentiment des choses » présente l’étendue de la créativité de Bruno Munari, sous ses multiples facettes.


The play

1977-1986 Ensemble de photographies, posters, dessins documentant cette même action pendant 10 ans
The Play, Thunder, 1977 - 1986 © The Play

THE PLAY


The Play Collectif fondé en 1967 au Japon Situant « sans raison particulière » la plupart de leurs actions dans la nature en avouant simplement « aimer le temps et l’espace infinis du plein air », The Play est un groupe à géométrie variable composé d’individus aux personnalités et aux compétences diverses formé en 1966 dans la région du Kansaï au Japon et toujours en activité aujourd’hui. Au-delà de la critique des institutions sociales et artistiques caractéristiques du contexte japonais des années 1960, le groupe n’a cessé d’inventer ses propres modalités d’actions collectives et leur transmission en créant à plusieurs la possibilité qu’un événement advienne sans se soucier de son résultat. Rejetant implicitement la notion d’œuvre d’art comme finalité, le groupe a ainsi toujours mis l’accent sur sa propre dynamique fondée sur l’échange et le faire ensemble, dans sa dimension physique comme spirituelle, à travers la construction de situations éphémères. Dans l’exposition sont présentées des photographies, des dessins, des documents divers, traces fragmentaires d’une œuvre collaborative intitulée Thunder, élaborée de 1977 à 1986. « Pendant dix ans, de 1977 à 1986, nous avons attendu qu’un éclair frappe le Doraishin, un paratonnerre installé en haut d’une tour en bois constituée de pyramides triangulaires, que nous avons construites chaque année en alternance sur le mont Shubu et le mont Ohmine. Nous n’avons jamais pu observer ce phénomène. Le Thunder ne sera plus jamais reconstruit. Conclusion : environ cinquante personnes ont participé chaque année à la construction de cette tour. Et environ cinq cents sont venues visiter cette tour durant dix ans et partager avec nous ces moments d’attente ». (The Play, 1986)



The play      The play   The play

The play 

The play
1977-1986 Ensemble de photographies, posters, dessins documentant cette même action pendant 10 ans
The Play, Thunder, 1977 - 1986 © The Play


ᖘᗝ⋒ᖇ ᖰêᑕᖺᗴᖇ à ᖱᗴ⋒ჯ ᒪᗩ ᒪ⋒ﬡᙓ