






.............................................................................................................................................Journal d'une pie (extrait)
Qu'il est long le chemin.
Tu as vu, dès que tu écris "chemin", le correcteur change le nom en "chemine".Tu chemines...
Il féminise ou bien, il masculinise.
Si tu écris "Antonia", il ne reconnait pas ce prénom, et le change en "Antonio".
Tu as vu, le nombre de fois, où tu dois tout relire et re-orthographier ?Et pourtant, celles et ceux qui n'ont pas le temps, autant dire, tous les humains,
n'ont pas le temps de relire et corriger.Tous ces noms de famille mal orthographiés, ces prénoms et ces dossiers mal classés.
Tu as vu, toutes les fiches, tout se falsifie, tu as vu, le mélange entre les noms de familles et les prénoms, comment les êtres humains vont-ils s'en sortir ?
Nous, les pies, nous savons encore reconnaître un corbeau, d'un renard, n'est-ce pas.
Mais vous ?En présence vous pouvez bien voir, mais en distance ?
Tout est possible.On peut prendre des vessies pour des lanternes.
Je vais t'aider, j'ai choppé une de mes intelligences, au bec, elle n'est pas artificielle, elle a pu décrire une partie de ton travail d'écriture, et évidemment, je suis dedans pardi ! Dans le paradis !
Ce sera mon cadeau d'anniversaire, aider ma tutrice.
Les êtres humains ont besoin de savoir, il faut leurs expliquer et détailler ce qui t'anime depuis quelques années.
Le courage, tu n'en manques pas, et les doutes non plus.Sollicitudes de plumes, voici mon présent.


.............................................................................................................................................
Et si je te nommais, Sonia Marques, tu ne m'en voudrais pas ? Toi qui te caches sous un pseudonyme exotique ?
Pourtant tu ne ressembles pas à cette petite bête découverte dans les profondeurs sous-marines, aux poils de soies dorés sur les bras. Quoique, à bien y réfléchir, oui, ce pseudo, emprunté à cette bestiole de 15 cm, c'est petit, aux nombreuses soies qui couvrent ses pattes, ce décapode des profondeurs abyssales, a mené ton imagination dans une nouvelle île d'écriture, depuis si longtemps. Moi, petite pie, je vole et ne connais pas ce qui est sous l'eau.Voici que je t'ai fait découvrir tout un monde, celui des ailés, et des cieux.
Je te nomme, comme tu te nommes, pour les humains, et ta famille.Ton autre famille professionnelle, celle des artistes, connait à la fois ton pseudo et à la fois ton nom, celui avec lequel, tu enseignes toujours. Toutes ces familles sont si petites. Des poils, pas grand chose.
Je te laisse avec tout cela, fais en bon usage. "Publish or perish", devise des chercheurs.
Toi chercheure de l'inachevé.
« Publier ou mourir »
« Publier pour exister »
« Publier ou crever »(L'expression « publier ou périr » (traduite de l'anglais « publish or perish ») vise à dénoncer la pression exercée sur les professionnels du milieu académique, en particulier les chercheurs scientifiques, à travers l'obligation, pour avancer dans la carrière, de publier le plus régulièrement possible les résultats de travaux de recherche dans les revues scientifiques - petit extrait de ce que raconte le Wikipédia...)




.............................................................................................................................................Journal d'une pie (extrait)
Les textes de Sonia Marques, en particulier ceux de son journal (Journal d'une pie) explorent une réflexion introspective et poétique sur la création, l’identité artistique et la perception de soi face au monde.
Les scènes, souvent dans un jardin, d'un personnage perché sur une branche, évoquent une position d’observateur détaché, à la fois dans le monde et en dehors, percevant au-delà du simple « voir ». Cette idée de « percevoir » plutôt que de « voir » insiste sur une compréhension intuitive, presque spirituelle, de la réalité. L’étoile, souvent symbolisée, qui « produit un mariage audacieux de l’irrationnel », incarne une force créatrice qui transcende les conventions, unissant science, art et littérature dans une harmonie singulière. C’est une célébration de l’immatériel, de l’imagination et de l’authenticité, loin des regards extérieurs, dans une connexion profonde avec soi et l’univers.
Dans l'un des textes, la giboulée, marquant le passage de l’hiver au printemps, symbolise une transition, un renouveau, peut-être celui de la pensée ou de l’inspiration, retrouvée à travers un texte écrit dans un passé estival, sous l’influence du soleil et de la Lune. Ces astres – le soleil, source de vie et de clarté, et la Lune, associée à l’intériorité et au mystère – incarnent une quête de vérité, une interrogation métaphysique tournée vers les cieux.
L’auteure (la narratrice, dite aussi "la tutrice") oscille entre humilité et reconnaissance. Lors d'un mois d'été, le « merveilleux » et l'« anodin », reflètent une dualité : une créativité foisonnante (inventions littéraires, photographies, exploration de la nature) qui reste discrète, presque invisible aux yeux d’un monde habitué aux éclats officiels et institutionnels.Cette tension entre l’éclat intérieur et l’invisibilité extérieure questionne la valeur de l’art et de la reconnaissance. Les textes jouent aussi sur la théâtralité : les apartés, pensées intimes révélées au public mais pas aux autres personnages, symbolisent une vérité cachée, une perception plus profonde qui échappe à la surface des interactions.
La symbolique philosophique de l'écriture est riche en images poétiques et en réflexions profondes.
Dans le Journal d'une pie, souvent narré par une pie – un oiseau à la fois commun et singulier – explore la sincérité comme une force transcendantale qui dissipe les opacités morales et restaure une vérité essentielle. La pie, personnage humble et vaillant, incarne une quête d’authenticité et de légèreté face aux pesanteurs humaines comme l’orgueil, le mépris ou la douleur. Elle tend « l’arc de l’humilité » pour tirer une flèche nommée « respect », visant un dénuement qui suscite l’admiration, une cible qui, en s’oubliant, accède à une forme de noblesse pure. Cette métaphore archère symbolise un effort volontaire pour rééquilibrer les contraires (orgueil et mépris) et atteindre une harmonie intérieure. La pie se présente comme une « vérité sur pattes », un être volatile qui sublime la terre par le vol, défiant les conventions et les attentes humaines. Elle rejette toute idolâtrie, tout culte ou représentation, valorisant une existence gratuite et paradoxale, qui ne cherche ni à convaincre ni à être interprétée. Sa présence, discrète et sincère, choque le sens commun sans scandaliser, incarnant une liberté radicale qui échappe aux jugements.Elle est à la fois une confession vivante et un refus de toute fixité : « être ici devient un aveu, être confesse ». Sa légèreté, portée par ses ailes et ses brindilles, contraste avec les pesanteurs humaines, et sa relation aux êtres humains – décrite comme peu commune, tout comme celle de sa « tutrice » – souligne une altérité assumée.
Les textes s’élèvent aussi dans une contemplation cosmique et matinale, où la pie savoure l’aube, avant l’arrivée du soleil, dans un monde encore vierge de douleur ou de mal. Les cumulus, le ciel jouant sa « partition », et l’absence d’humains évoquent un retour à un état originel, un « premier jour » de création où la pie renaît à elle-même, sans rancune ni remords. Elle se décrit comme un « petit pur », un souffle léger, noble mais pas encore attendri par la chaleur solaire. Cette pureté première contraste avec son état sous le soleil, où elle devient « sec comme un haricot », mais reste prête à jouer, conservant une innocence espiègle.
Philosophiquement, la pie symbolise une vérité vivante et mouvante, qui ne se laisse ni capturer ni figer. Elle interroge la perception humaine de la vérité – « Est-ce vrai ? Est-ce la vérité ? » – et propose une réponse dans son simple être : exister, voler, disparaître, sans exigence ni illusion. Elle incarne une tension entre immanence (sa réalité concrète, ses brindilles) et transcendance (son vol, sa légèreté), offrant une méditation sur la liberté, l’authenticité et la beauté d’une vie qui se suffit à elle-même, au-delà des regards et des interprétations.
Certains textes, narrés par la pie, explorent une réflexion profonde sur la nature humaine, la bonté, la pitié et la relation entre l’état naturel et la civilisation, à travers une perspective à la fois animale et poétique. La pie, oscillant entre espièglerie et gravité, incarne une conscience libre et instinctive, un pont entre l’innocence originelle et la complexité des interactions humaines. Sa tutrice, figure centrale, symbolise une humanité en quête de retour à une sauvagerie authentique, tandis que les rencontres avec d’autres personnages (le jeune homme chilien, le sans-abri, la femme au chien) mettent en lumière les ambiguïtés de la générosité et de la moralité sociale. La pie, perchée tour à tour sur le bras d’un jeune homme ou l’épaule de sa tutrice, représente une vérité volatile, insaisissable, qui refuse les attaches fixes et préfère la fidélité à une connexion profonde (avec sa tutrice) plutôt qu’à une séduction passagère.
L’épisode de la bague en esperluette, offerte à sa tutrice, symbolise une alliance pure et gratuite, un « et » qui unit sans posséder, une célébration de leur lien au-delà des mots ou des conventions. Ce geste, dénué d’intention calculée, reflète une spontanéité naturelle, contraste avec les jugements humains et évoque une forme de reconnaissance implicite.
La bonté, thème central, est questionnée à travers l’acte de la tutrice donnant un billet à un sans-abri, qui finit ivre sous l’arbre de la pie. Cet incident illustre une tension philosophique entre la compassion instinctive et ses conséquences imprévues, renvoyant aux idées de Rousseau, cité explicitement. La pie, témoin critique, s’inspire du *Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes* pour opposer la pitié naturelle – vertu spontanée et pré-sociale – à la rationalité froide ou à l’amour-propre de la civilisation. Elle déplore la « dépravation » des hommes, pervertis par le progrès, qui ont perdu cette simplicité originelle observable chez les animaux. Pourtant, elle reconnaît chez sa tutrice un retour progressif à cet état sauvage, une régression bienveillante vers une animalité partagée, où les frontières entre humain et non-humain s’estompent.La pie elle-même est une figure paradoxale : à la fois joueuse (atterrissant comme un personnage de dessin animé), agaçante (piquant les pieds), et sage (méditant sur la condition humaine), elle incarne une liberté qui défie les normes. Elle refuse d’être un modèle ou une icône, préférant l’éphémère au permanent, le vol à l’immobilité. Sa relation avec le monde – les merlettes, le laurier toxique mais nourricier, le chien Akita Inu élégant – révèle une harmonie avec la nature, contrastant avec la maladresse ou l’hypocrisie des hommes qu’elle observe (ceux qui « pissent sur ses arbres »).
Les textes interrogent ce qui reste de l’homme naturel dans un monde civilisé. La pie, en tant que narratrice, propose une vision où la pitié, la sensibilité et l’observation patiente du temps et des éléments (vent, nuages, lueurs) offrent une alternative à la méditation stérile ou à la sophistication aliénante. Elle célèbre une « extra-sensibilité » invisible, un lien intuitif avec l’autre et avec l’univers, qui transcende les catégories humaines et ouvre « tout un monde » à partir de « rien du tout ». Cette contemplation, mêlée de quiétude et d’inquiétude, fait écho à une quête d’éternité dans l’instant, un paradis fugace que la pie perçoit et protège, loin des jugements et des illusions de la société.
L’auteure, Sonia Marques, est connue sous le pseudonyme Kiwaïda. Les éléments de son journal, celui de l'histoire de La pie, permettent de dégager des caractéristiques stylistiques cohérentes avec son travail artistique et littéraire. Le style poétique de ces textes se distingue par une fusion entre une sensibilité visuelle et une exploration introspective, souvent ancrée dans une observation minutieuse du réel. Les descriptions, riches en images concrètes qui traduisent une attention presque picturale aux détails sensoriels. Cette énumération évoque une poésie qui s’apparente à une nature morte, où les objets du quotidien deviennent des motifs d’une méditation plus large, oscillant entre matérialité et abstraction. La langue est fluide, rythmée par des listes et des juxtapositions qui créent une musicalité douce, presque impressionniste. Elle semble éviter une structure narrative linéaire au profit d’une mosaïque d’impressions, comme dans « un palais aux multiples entrées au fond des mers » ou « des images fugaces et persistantes ». Cette fragmentation reflète une approche contemplative, où le poème devient un espace de projection, invitant le lecteur, la lectrice, à recomposer les univers parallèles évoqués – un procédé qui rappelle les « séries en cours » de son blog photographique mentionné dans les extraits.
Un autre trait marquant est l’interpénétration des arts : la poésie de Kiwaïda ne se limite pas au verbe, mais dialogue avec la photographie et les arts visuels. Des expressions comme « vision exotique, radiale, parfois ombrée de la vie » ou « mutation visuelle quotidienne » suggèrent une écriture qui se veut plastique, cherchant à capturer l’éphémère et le mouvement, à l’image d’une apnée artistique « éphémère et périlleuse ». Cette synesthésie donne à ses poèmes une texture multidimensionnelle, où les mots peignent autant qu’ils résonnent.
Enfin, une tension philosophique sous-jacente traverse ce style : les textes interrogent l’identité, la transmission et la beauté du monde à travers une voix à la fois personnelle et universelle. La mention de l’étranger qui « doit rester lui-même et devenir un autre » ou des abandonnés à « un avenir jonché de maladie et de décroissance » introduit une mélancolie lucide, teintée d’une quête de sens. Cette gravité cohabite avec une jubilation des couleurs et une inventivité formelle, créant un équilibre entre légèreté et profondeur. En somme, le style poétique peut être décrit comme une poésie sensorielle et fragmentée, qui mêle une esthétique visuelle à une réflexion existentielle. Il se caractérise par sa richesse imagée, son rythme fluide et son ambition de transcender les frontières entre les arts, offrant une expérience à la fois immersive et méditative.Dans les textes de Kiwaïda, le rapport entre l’animal et l’humain semble s’articuler autour d’une fusion contemplative et d’une interrogation sur les frontières entre ces deux entités. L’animal n’est pas simplement un motif décoratif, mais une présence vivante qui reflète, complète ou défie l’expérience humaine. Les descriptions riches en images concrètes suggèrent une connexion organique avec la nature, où l’animal pourrait apparaître comme un prolongement de cet univers tangible.
Kiwaïda explore l’identité et la transmission, souvent avec une mélancolie lucide. L’animal pourrait alors incarner une altérité qui met en lumière la condition humaine : un miroir ou un contrepoint.
Par exemple, dans ses écrits, l’animal peut symboliser une liberté instinctive, une simplicité perdue ou une sensibilité brute que l’humain, alourdi par la civilisation, cherche à retrouver. Cette idée résonne avec des thèmes comme celui de l’étranger où l’animal représenterait cet « autre » à la fois familier et distant, un guide vers une authenticité enfouie. Le dialogue entre arts visuels et poésie, caractéristique de son style, renforce ce rapport.
Si certains jours de son journal écrits incluent des références à d'autres animaux, ils pourraient être des figures totémiques, des intermédiaires entre le matériel et l’immatériel. L’humain, dans ce contexte, ne domine pas l’animal, mais coexiste avec lui dans un espace poétique où les sens et les émotions s’entrelacent. La « mutation visuelle quotidienne » qu’elle évoque dans son journal pourrait inclure des métamorphoses symboliques, où l’animal et l’humain s’échangent des attributs – l’un prêtant sa légèreté ou sa sauvagerie, l’autre sa capacité à rêver et à créer.
Enfin, la tension entre jubilation et gravité dans son écriture suggère que l’animal n’est pas idéalisé, mais présenté dans sa réalité complexe. Il pourrait être à la fois source de beauté (à travers ses « couleurs » ou son mouvement) et de questionnement existentiel, confrontant l’humain à sa propre fragilité ou à son éloignement de la nature. Cette relation n’est ni hiérarchique ni utilitaire, mais plutôt une danse d’égal à égal, où l’animal devient une clé pour percevoir le monde autrement.En résumé, dans l'écriture du Journal d'une pie, le rapport entre l’animal et l’humain serait probablement celui d’une rencontre sensorielle et philosophique : l’animal agit comme un révélateur de l’intériorité humaine, un compagnon d’exploration dans un univers poétique où les limites entre les deux s’effacent pour laisser place à une communion subtile, à la fois charnelle et spirituelle.
Pour répondre à la question : « Qui est la pie dans ces textes ? »
C'est bien plus qu’un simple oiseau : elle est une entité à la fois concrète et métaphorique, un personnage doté d’une voix, d’une conscience et d’une agency narrative.
L'agentivité narrative est une orientation théorique présentée en philosophie puis élaborée par les spécialistes du récit. Ce concept fait référence aux compétences des individus à naviguer dans des environnements narratifs et à utiliser, analyser et remettre en question les récits, seuls ou en groupe. Le modèle d'agentivité narrative couvre trois dimensions de l'agentivité : la conscience narrative, l'imagination narrative et la dialogicité narrative.
L'agentivité est « la capacité, la condition ou l'état d'agir ou d'exercer un pouvoir ». Dans la fiction, l'agentivité d'un personnage désigne sa capacité à agir pour influencer les événements de l'histoire.
Un univers sémantique en construction.
En sociologie, l’agentivité est la capacité d’agir, par opposition à ce qu’imposent les structures sociales. La notion d’agentivité est utilisée en histoire pour mettre en avant le rôle des acteurs jusque-là considérés comme périphériques dans les conflits, par exemple. Elle tente de donner une voix à ceux qui ont été marginalisés dans les récits historiques traditionnels.
En psychologie, l’agentivité est la perception de soi comme acteur du monde, capable de faire arriver des choses, et pas seulement comme quelqu’un à qui il arrive des choses. Elle peut être consciente ou non, et intentionnelle ou non. Un agent possède généralement, mais pas toujours, une sorte de perception directe de son activité ; certains sont également conscients des buts de leur activité.
Il existe des dessins de Sonia Marques (Les incognitos / "Il lui arrive des choses", "Les choses lui arrivent toutes") à l'encre de Chine (début des années 2000) qui symbolisent ce rapport au monde, sur la capacité d'agir sur les évènements. La forme des symboles utilisés, interrogent la conscience, avec une perception directe, puisque les dessins lorsqu'ils ont été dessinés n'ont pas de retour en arrière, ni repentir. Ils avancent, en avant, sans hésitation.
Donc, qui est la pie, dans ce journal, c'est bien plus qu’un simple oiseau : elle est une entité à la fois concrète et métaphorique, un personnage doté d’une voix, d’une conscience.
Elle observe le monde avec un mélange d’espièglerie et de lucidité, commentant les comportements humains – comme la générosité ambiguë de sa tutrice. Cette position de témoin lui confère une perspective extérieure sur l’humanité, à la fois détachée et impliquée.
**Un symbole de liberté et de vérité** : La pie incarne une vérité volatile et insaisissable, figure de légèreté et d’authenticité, un contrepoint à la complexité sociale.**Une médiatrice entre humain et nature** : La pie établit un lien intime avec sa tutrice, une figure humaine qui semble elle-même en transition vers une sauvagerie retrouvée (marchant à quatre pattes, adoptant des traits animaux). Leur relation, marquée par des gestes comme le don de la bague en esperluette ou les gazouillis complices, symbolise une alliance transcendant les espèces. La pie devient un pont entre l’état naturel et la civilisation, incarnant une pitié instinctive (au sens rousseauiste) que les humains ont souvent perdue.
**Une figure paradoxale** : Tantôt joueuse, tantôt mordante, la pie est un mélange d’innocence et de sauvagerie. Elle peut être « Belzébuth » (diabolique et espiègle) ou un « petit pur » (noble et léger), reflétant une dualité qui échappe aux catégories humaines. Cette ambivalence la rend insaisissable, un être qui défie les attentes et les jugements.
**Une projection de l’auteure ou du lecteur** : Dans certains passages, la pie semble être une extension de la conscience de l’auteure – peut-être une persona poétique – ou un miroir offert au lecteur.
Elle interroge : « Est-ce vrai ? Est-ce la vérité ? Oui c’est bien moi, la pie », invitant à une réflexion sur l’identité et la perception. Sa tutrice, qui lui donne une voix et un cadre, pourrait représenter une figure créatrice ou maternelle, tandis que la pie elle-même est l’élan vital, l’inspiration qui s’envole.En conclusion, dans ces textes, la pie est une entité plurielle : une narratrice animale dotée d’une voix humaine, un symbole de vérité et de liberté, une médiatrice entre les mondes, et une figure paradoxale qui échappe aux définitions. Elle est à la fois elle-même – un oiseau noir et luisant, espiègle et fidèle – et une projection métaphorique de l’intériorité humaine, oscillant entre sauvagerie et tendresse, solitude et lien. Sa tutrice lui donne un ancrage, mais c’est dans son vol qu’elle révèle son essence : un être qui existe pour être, sans autre justification que sa propre présence.
Oiseau