Image du film Atlantique, franco-belgo-sénégalais réalisé par Mati Diop, sorti en 2019

Image du film Manta Ray (en thaï : Kraben Rahu) franco-sino-thaïlandais écrit et réalisé par Phuttiphong Aroonpheng, sorti en 2018.

Atlantique et Manta ray, 2 films que j'ai particulièrement aimé récemment, d'origines différentes. Dans mon parcours, je trouve des points sensibles et poétiques, ainsi que noirs, en commun. Ils sont parsemés de petites lumières colorées, dans la nuit, aussi, tous les deux, dans des situations de précarités. Si leur paysage, à chacun, diffère, la mer les rapproche. Sensuels et spirituels, aussi, sont-ils de belles images de contemplations. Le pacifisme de Manta ray, évoque aussi le diable des mers dont la symbolique du poisson choisi pour le titre, que l'on retrouve comme fantasme à capturer par pierres précieuses, est subjuguant. L'amour se passe d'individu en individu, mal en peine, ou peines de l'âme. Nous pourrions admirer, en regardant ce film, que l'amour se passe de mot, car le héro est muet et se soumet à toutes les guérisons de l'âme. Prendre soin de l'autre, en même temps que tuer l'autre, devient un gage de survie, de gagner sa vie, n'est-ce pas la plus paradoxale de leçon de vie ? Le muet va rendre ce qu'on lui a donné, dans la mer des incertitudes, nous laissant comme cadeau, sa non violence. Beau !

Dans Atlantique, l'amour non consommé et inconsolable nous amène au pays des revenants, de la revanche zombie et sourde. Les morts-vivants, eux aussi ont une âme et se réincarnent dans les complices des crimes de l'humanité, les voleurs du sel de la vie. Et j'en connais à présent un rayon, même si je ne vis pas en Afrique, au Sénégal, je pige bien, les affres des chantiers et des mois de salaires non payés. Je pige bien autre chose, et ce n'est pas exotique, la place des femmes et leur pouvoir. Les femmes ne représentent pas le pouvoir, mais elles ont le pouvoir. Celui de maltraiter la féminité, de la violer, de la vendre, au nom de la tradition. Ici, on mesure bien l'importance des biens matérialistes qui s'échangent et se substituent aux valeurs morales et religieuses. Il en est de même, dans notre pays, finalement. On prône une virginité à tous point de vue, et une innocence, alors que les intérêts financiers sont devenus maîtres des traditions, les ont remplacées, sans même que les êtres humains ne s'en aperçoivent, rivés sur leurs téléphones portables. Reste la poésie de l'amour, lui, qui se consomme, en bien des imaginaires, même celui des amants retrouvés le temps d'une nuit. Naufragés de l'amour. Beau !

Et les bandes sonores de ces films sont magnifiques !