Comment continuer à vivre lorsque la maladie vous guette ? Cléo, une très belle chanteuse, attend les résultats d'un examen médical, avec d'autant plus d'anxiété qu'une cartomancienne lui a prédit qu'elle était malade. Hantée par la peur, elle erre sans but dans les rues de Paris. Au fil de sa dérive, elle se débarrasse de ses oripeaux. Dans le parc Montsouris, un jeune homme l’aborde…


Le film "Cléo de 5 à 7" réalisé par Agnès Varda en 1961 est accessible sur Arte en ligne ces jours-ci. Très beau film graphique avec ses noirs et ses blancs, ses interrogations miroirs et ce goût mélancolique de fin du printemps et de l'arrivée de l'été qui se délie avec la journée la plus longue, comme cette ballade dans le parc avec l'inconnu, le bonimenteur prédit par la cartomancienne, un joueur de mots en permission. Il renverse le cours des choses et s'invite au hasard, comme l'ange qui souffle la vie aux morts vivants. Un parfum d'ailes du désir. Un film de chatons, avec des chatons, filmé par une dame chat. Miaou ! Gâteries, Gato, chat... Seulement pour les précieux, capricieux, féminins d'avant le féminisme et du harcèlement de rue, des trognes et des contes de fées face à la finitude et tout ce que l'on garde en ayant peur de la mort, tout ce que l'on garde avant la fin, sans avoir vraiment goûté à la vie. Magnifiques plans des paysages et des rues mais aussi d'une circulation en voiture comme une boîte à musique, tel un manège où l'on chevauche sa voiture comme un jouet-cheval qui monte et qui descend avec volupté.
Courtiser la vie et la mort.

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Vendredi 29 mars, quelques jours après la publication de cet article, Agnès Varda décède à l'âge de 90 ans.
Je retiens cette phrase d'elle : Mon travail n'est pas dans l'ombre mais dans la discrétion.

R.I.P.