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Tag - poésie

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mercredi 9 juin 2021

฿€ℜḠ∃ℜϟ ÉℝÜÐЇ†$

Nous sommes apparus
comme les bergers érudits
à travers les sources et les champs
en transparence de la mémoire des lieux
installés dans les nuages mammatus
enterrés sous les herbes hautes
chaque pierre accueille l'affamé
et son goût divinatoire
chaque pas éloigne l'infâme
Nous sommes disparus
comme les gouttes de la pluie


Photographies & peintures © Sonia Marques


jeudi 4 février 2021

℘AяTḯґ

Peinture © Sonia Marques

À la veille de ne jamais partir



Na véspera de não partir nunca

Ao menos não há que arrumar malas

Nem que fazer planos em papel,

Com acompanhamento involuntário de esquecimentos,

Para o partir ainda livre do dia seguinte.

Não há que fazer nada

Na véspera de não partir nunca.

Grande sossego de já não haver sequer de que ter sossego!

Grande tranqüilidade a que nem sabe encolher ombros

Por isto tudo, ter pensado o tudo

É o ter chegado deliberadamente a nada.

Grande alegria de não ter precisão de ser alegre,

Como uma oportunidade virada do avesso.

Há quantas vezes vivo

A vida vegetativa do pensamento!

Todos os dias sine linea

Sossego, sim, sossego...

Grande tranqüilidade...

Que repouso, depois de tantas viagens, físicas e psíquicas!

Que prazer olhar para as malas fítando como para nada!

Dormita, alma, dormita!

Aproveita, dormita!

Dormita!

É pouco o tempo que tens! Dormita!

É a véspera de não partir nunca!

 

 +

Poesias de Álvaro de Campos.  

Ática, Lisboa, 1944


+


À la veille de ne jamais partir

du moins n’est-il besoin de faire sa valise

ou de jeter des plans sur le papier,

avec tout le cortège involontaire des oublis

pour le départ encore disponible du lendemain.

Le seul travail, c’est de ne rien faire

à la veille de ne jamais partir.

Quel grand repos de n’avoir même pas de quoi avoir à se reposer !

Grande tranquillité, pour qui ne sait même pas hausser les épaules

devant tout cela, d’avoir pensé le tout

et d’avoir de propos délibéré atteint le rien.

Grande joie de n’avoir pas besoin d’être joyeux,

ainsi qu’une occasion retournée à l’envers.

Que de fois il m’advient de vivre

de la vie végétative de la pensée !

Tous les jours, sine linea,

Repos, oui, repos...

Grande tranquillité...

Quelle paix, après tant de voyages, physiques et psychiques !

Quel plaisir de regarder les bagages comme si l’on fixait le néant !

Sommeil, âme, sommeille !

Profite, sommeille !

Sommeille !

Il est court, le temps qui te reste ! Sommeille !

C’est la veille de ne jamais partir !


+

mardi 3 novembre 2020

ℵ☮✞ℰ ☾ℒѦϟϟiℚṲℰ



Victor HUGO
Recueil : Toute la lyre (1888 et 1893)

NUIT

I.

Le ciel d'étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l'ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.

Le vent, soufflant des empyrées,
Fait frissonner dans l'onde où luit
Le drap d'or des claires soirées,
Les sombres moires de la nuit.

Puis la nuit fait un pas encore.
Tout à l'heure, tout écoutait ;
Maintenant nul bruit n'ose éclore ;
Tout s'enfuit, se cache et se tait.

Tout ce qui vit, existe ou pense,
Regarde avec anxiété
S'avancer ce sombre silence
Dans cette sombre immensité.

C'est l'heure où toute créature
Sent distinctement dans les cieux,
Dans la grande étendue obscure
Le grand Être mystérieux !

II.

Dans ses réflexions profondes,
Ce Dieu qui détruit en créant,
Que pense-t-il de tous ces mondes
Qui vont du chaos au néant ?

Est-ce à nous qu'il prête l'oreille ?
Est-ce aux anges ? Est-ce aux démons ?
A quoi songe-t-il, lui qui veille
A l'heure trouble où nous dormons ?

Que de soleils, spectres sublimes,
Que d'astres à l'orbe éclatant,
Que de mondes dans ces abîmes
Dont peut-être il n'est pas content !

Ainsi que des monstres énormes
Dans l'océan illimité,
Que de créations difformes
Roulent dans cette obscurité !

L'univers, où sa, sève coule,
Mérite-t-il de le fixer ?
Ne va-t-il pas briser ce moule,
Tout jeter, et recommencer ?

III.

Nul asile que la prière !
Cette heure sombre nous fait voir
La création tout entière
Comme un grand édifice noir !

Quand flottent les ombres glacées,
Quand l'azur s'éclipse à nos yeux,
Ce sont d'effrayantes pensées
Que celles qui viennent des cieux !

Oh ! la nuit muette et livide
Fait vibrer quelque chose en nous !
Pourquoi cherche-t-on dans le vide ?
Pourquoi tombe-t-on à genoux ?

Quelle est cette secrète fibre ?
D'où vient que, sous ce. morne effroi,
Le moineau ne se sent plus libre,
Le lion ne se sent plus roi ?

Questions dans l'ombre enfouies !
Au fond du ciel de deuil couvert,
Dans ces profondeurs inouïes
Où l'âme plonge, où l'oeil se perd,

Que se passe-t-il de terrible
Qui fait que l'homme, esprit banni,
A peur de votre calme horrible,
Ô ténèbres de l'infini ?

Le 20 mars 1846.





Photos : Écrans de veille...

samedi 26 septembre 2020

Ṳℵ JѺṲℝ ℵѺϟ Ⓙ☮Ї€ϟ



Un jour nos joies

Ne dites pas sous les étoiles ce qui ne peut les faire briller
Ne dites pas combien vous avez mal de ne pas être éclairés
Ne dites pas manquer d'amour lorsque les étoiles au-dessus de vous meurent
Pour vous et vous offrent leurs derniers enseignements

Les étincelles effacent nos noms d'usage néant
Amants anéantis nantis d'amour
Qu'un baiser suffit à modeler l'argile
Douce l'aile invisible du départ
Serment sacré de l'envol

Des années de patience pour un instant de bonheur
Une joie frémissante sur le brouillon de la vie
Brûle le cœur des âmes agates

Loin, les bois abritent les délires
Ils trébuchent sans trouver leur chemin
La peur du sourire divin les bouscule
S'agglutinent les désolés et les adieux

Pleuvra ne pleuvra pas ?
Le panpan se roule en boule
La bavarde répète son texte avec sa salopette violette
Ses ailes pourpres et la violence de son rouge
Culminent, insolents dans le bleu pastel
D'un ciel songeur
Il retient nos joies

Un jour
Nos joies

Toujours
Éclateront



Autoportraits (photographies © Sonia Marques)

mercredi 19 août 2020

Ḻʊ@ ηø√α









Fotografías © Sónia Marquès, e poema...

ir onde tudo começa
passar uma camisa branca
de linho em Limoges
e nos encontrarmos
uma noite em Lisboa
duas cidades
duas mesmas letras
dois começos
levante-se uma manhã
e veja o Tejo
a luz branca
reconhecereis você
aérea é a silhueta
de uma cidade
memória branca
o tempo passa
renascido

lundi 15 juin 2020

฿ℒÅℕℭ



blanc


Le silence était blanc. Un lac s'adressait à lui, puis il s'adressa à nous. Devant, derrière, passé, futur. Qui était-il ? Doux et si blanc, d'eau et d'argile. C'était une petite boîte, elle pouvait s'ouvrir. Un ours blanc orné de tous les dons. Il ne fallait pas l'ouvrir. La terre est remplie de maux, la mer aussi, les maladies tourmentent les mortels. Le silence la nuit est un cadeau. Il s'était posé au bord de l'eau sous les étoiles de la tempérance et de la prudence. Il regardait les chagrins sans bornes et les douleurs incurables, au loin, de sa rive chaste et sage. C'était un cadeau du ciel. Un ours blanc orné de tous les dons. Il ne fallait pas l'ouvrir.


Photographies © Sonia Marques

jeudi 23 avril 2020

Ð℮яяїèґ℮ μεṧ ρ@υ℘ḯèяεṧ


Dessin © Sonia Marques (série Les incognitos - 2003)


Derrière mes paupières

 

La flâneuse s’est approchée à pas de velours sur mon ventre ensommeillé, puis elle a grimpé sur mes seins, feignant d’aller toujours plus haut, mais retardée par les buttes, son corps s’affaissait sur l’une des collines. Son œil noir était devenu bleu profond, puis bleu ciel, je discernais, pour la première fois, son vrai regard, clairvoyant. De son frêle cou, une force miraculeuse tirait son crâne vers mon sein. Elle léchait l’âpre satin, avec vivacité, tout en continuant de grimper à pas de velours. Parvenue au creux de mon cou, lovée comme une boule gorgée de bonté, elle lapait ma peau salée. Mouillée, jusqu’au cou, je percevais derrière mes paupières, l’antre de l’espace qu’elle avait dessiné. Un croissant de lune, un cil blanc posé sur une nappe de pétrole. Trempée, je nageais à la surface. Tu sais que les robinets étaient fermés et que nous n’avions plus de lumière pour nous éclairer la nuit. Les accès aux labels distingués nous étaient interdits, le jour. Derrière mes paupières, le paysage était inouï, mais interdits aux munsters, qui n’ont guère de vision intérieure. Leur croûte, pourtant bien lavée, a une odeur assez développée, qui rebute les narines sensibles. Les munsters sont trop loin des mystères de la vie pour en humer les parfums et explorer pleinement la création. La sécheresse jaune aspirait toutes leurs ressources. Pour ne pas y penser, ils comptaient les morts. Les jours ressemblaient à une danse macabre et les nuits aux respirations diverses et variées, insoupçonnées, la vie battait son plein, derrière mes paupières. La flâneuse reconnaissante me baignait de son énergie soyeuse et brossait mes rêves dans le sens du poil. Nous regardions sans fard les diurnes limités aux erreurs de calculs. Nous fermions les yeux sur ce désamour des chiffres et des beaux mathématiques, sans masque, nous faisions défiler des arpèges de billets doux. Plats et pleutres, comme ils se présentaient chaque jour, nous pouvions être attristés par l’immaturité prônée comme modèle infaillible, la maîtrise et le contrôle continu des bonnets d'ânes, que l'on hisse sans conviction au-dessus des beignets frits et trop sucrés. Le silence imposé nous donnait l’opportunité d’accueillir, ce qu’il se passait derrière les paupières du monde, éclairés par la nouvelle Lune, dans cet axe frondeur et tumultueux, propice aux changements de directions, le Soleil ne regardait plus la Lune vainqueur, mais admiratif de l'aurore boréale fugace, les yeux fermés. Devenue une légende controversée, princesse des beaux bizarres ténèbres, la flâneuse guidait son monde par le bout du nez. De son petit gabarit, elle avait soumis les plus lâches et prétentieux et avait passé outre les subalternes, trop ternes et pas assez invisibles pour mener la quête de l’amour au bord du précipice du désir. Tous les indésirables éclairés par des projecteurs violents, surlignés à l’encre magique, vidés de leurs substances cinglée, se retrouvaient dans une corbeille, enfin réunis, sous la même enseigne, un paradis fiscal aussi minuscule qu’un ongle coupé, trop gênant pour les contagieuses velléités. Bienvenu dans les mystères de la vie, tu es un nouveau membre, la nuit porte fortune, et le bout du bout, s’enfonce dans tes opportunes sagacités. Ni l’intégration, ni la désintégration n’existent, ni l’égalité, ni la diversité, aucun de ces maux ne traverse l’esprit des voyageurs intranquilles, car la poésie n’a pas cette volonté d’écraser qui que ce soit, ni limiter les véhicules de ta traversée onirique. Bien, venue, et nue. Mange-moi. Bois-moi. Sans maudire. Mouillée jusqu'au cou, la flâneuse s'approche à pas de velours sur ton ventre ensommeillé, derrière mes paupières.

dimanche 19 avril 2020

ÐÅℵϟ Ḻ❝☮ℳℬℛ∃ Ḏ€ ℒ∀ ℕÜi†

nuit1.jpg

© Sonia Marques (peinture - 2019)


Dans l’ombre de la nuit

 

Le Soleil s’est définitivement couché. L’obscurité réduisait notre pouvoir, nous attendions le lever du jour comme promesse d’une lumière de l’action et de l’espoir. Mais le jour ne se lèvera plus. Il ne nous regardera plus de haut. Il ne désignera plus le compte du temps humain. La Lune a pris l’avantage, elle ne sera plus la soustraction de nos nuitées sur nos journées. Elle est notre seul espoir. Tu le sais, mon amour, la Lune a éclairé nos rapprochements, dans l’intimité cachée du jour après jour. Nous nous sommes abrités, lapins lunaires, désignés par la Lune, lorsqu’elle tombait sur les préjugés du jour. Nous avons inventé une ombre dans le nocturne, afin que la Lune devienne notre lumière. Le scintillement des étoiles parsemait nos draps insomniaques puis, notre imaginaire impétueux courrait dans les champs noctambules des délices chavirés à chaque métamorphose. Entrer dans la nuit et ne plus en voir la fin, s’éterniser en elle et tâter le paysage à l’aveugle. Sombrer sans pouvoir plus rien retenir et être transpercé par la Lune sans pouvoir percer le jour, sans plus aucun pouvoir. Consacrer notre amour au voyage des astres, dessiner des liens d’étoiles en planète, d’une galaxie à l’autre, sans plus aucun point d’émission, ni de limite entre l’être et le paraître. L’amour a confondu les hiérarchies, nous a fondu, nos sens crépusculaires interpénétrés. Tu le sais, l’extinction du Soleil a troublé nos représentations. Les rêves ont envahi notre réalité, anéantissant tous les calculs visibles à l’œil nu. Encore plus nus et invisibles aux autres, dénudés et sans arrêt frôlés par les rêves débordés par le divin, il y a toujours plus à voir que d’ordinaire. Nous avons trouvé, dans l’ombre de la nuit, de quoi toucher l’essentiel, un amour dont la clarté des horizons s’est évanoui et respire profondément dans le sublime, ce drap nocturne éternel, propice aux enlacements et caresses. Fermer les yeux en pleine nuit, se retrouver à l’ombre, en phase avec sa seule conscience. Nos paupières ainsi fermées rejoignaient toutes celles des autres. Les solitaires, les pouvoirs de faire disparaître, ils se dérobent à la possession. Les couleurs apparaissent dans la nuit avec un effort discret de variation. L’obscurité impose le contraste et les demi-teintes et les fantaisies espèrent naître avec exubérance de cette opacité silencieuse. Nous n’avions rien vu venir, nous sommes devenus cette pénombre, après une inertie et une fatigue lente, le jour avait pris nos forces, sans écouter nos sensibilités. Le rideau est tombé, la nuit nous a emporté, et nos angoisses avec, bercées, et chaleureusement bénies, le sommeil n’est pas notre ennemi. Pour récupérer des forces, il est même notre fidèle ami. L’amitié du sommeil a trompé les dépressions du jour, afin d’échapper à ses devoirs de paraître, le seul calendrier de l’être humain, basé sur les jours et non, les nuits. En fermant les yeux sur tous les mots d’ordre, solidaires, nous nous en sommes sortis, nous sommes nés de l’obscur, en accompagnant le vertige du monde. Désespérément improductifs pour les traces diurnes et les rois de la distinction, notre destinée s’abîmait, pour eux, dans l’indistinct et l’inquiétude. Notre décalage avec la norme, nous rapprochait des solitudes trop en mouvement, incontrôlables, sans obligation de reproduire le visible. Artistes amoureux, dans nos théâtres d’apparitions, dans l’ombre de la nuit, nous avions mis à distance le réel, pour mieux nous en souvenir et tracer dans notre mémoire sensible, les dessins rédempteurs, des phénomènes de l’amour. C’est dans cette promiscuité profonde et lunaire que la surface s’était engloutie et nous avait enveloppé ensuite, pour nous habiller de son invisibilité.
Tu ne me vois plus. Je ne te vois plus. Nous nous sommes perdus de vue.
Là, dans l’indicible, une seule certitude : je t’aime.

mercredi 1 avril 2020

ÐÉ☾ѺИℱЇ✝Ṳℝ∃

^
Photographie © Sonia Marques

Déconfit, il daignait se retourner : n'en faites pas tout un foin !
Elle n'était pas seule, il ne voulait jamais la quitter. Il se trouvait maintenant sur son lit de muguets à ses côtés. Elle avait fini par l'accepter, bien qu'il fût un peu petit et qu'elle n'aimât pas beaucoup son mordant et son humour pince-sans-rire, ni ses griffes trop saillantes. Mais elle aimait son courage à vivre, qu'il partageait avec les humains de ce monde. Elle aimait aussi son air déconfit quand son râtelier restait vide, quand ce genre d'évènement, ou sa maîtresse, trompaient son attente. Il hésitait entre l'exil et le royaume, en méditant sur la pensée camusienne. Toujours pas de carottes ? C'est la déconfiture ! S'il est ainsi que tous les Lapins sont égaux : Parle à mon pompon, mes oreilles sont malades !

Sans rancune, espèce de confiné à la noix !
Les terriers sont à la mode, dans le monde entier.
Il y a des années-lumière !

Ils se doraient la pilule, voici qu'ils sont blancs comme des cachets d'aspirine !

Comme moi <3

En telle compagnie intellectuelle, elle n'en finissait pas de tomber sur le cul...







vendredi 7 février 2020

Ḻℯ ¢ḯᾔéM@

dimanche 6 octobre 2019

αυ ℓαяℊℯ

Image du film Atlantique, franco-belgo-sénégalais réalisé par Mati Diop, sorti en 2019

Image du film Manta Ray (en thaï : Kraben Rahu) franco-sino-thaïlandais écrit et réalisé par Phuttiphong Aroonpheng, sorti en 2018.

Atlantique et Manta ray, 2 films que j'ai particulièrement aimé récemment, d'origines différentes. Dans mon parcours, je trouve des points sensibles et poétiques, ainsi que noirs, en commun. Ils sont parsemés de petites lumières colorées, dans la nuit, aussi, tous les deux, dans des situations de précarités. Si leur paysage, à chacun, diffère, la mer les rapproche. Sensuels et spirituels, aussi, sont-ils de belles images de contemplations. Le pacifisme de Manta ray, évoque aussi le diable des mers dont la symbolique du poisson choisi pour le titre, que l'on retrouve comme fantasme à capturer par pierres précieuses, est subjuguant. L'amour se passe d'individu en individu, mal en peine, ou peines de l'âme. Nous pourrions admirer, en regardant ce film, que l'amour se passe de mot, car le héro est muet et se soumet à toutes les guérisons de l'âme. Prendre soin de l'autre, en même temps que tuer l'autre, devient un gage de survie, de gagner sa vie, n'est-ce pas la plus paradoxale de leçon de vie ? Le muet va rendre ce qu'on lui a donné, dans la mer des incertitudes, nous laissant comme cadeau, sa non violence. Beau !

Dans Atlantique, l'amour non consommé et inconsolable nous amène au pays des revenants, de la revanche zombie et sourde. Les morts-vivants, eux aussi ont une âme et se réincarnent dans les complices des crimes de l'humanité, les voleurs du sel de la vie. Et j'en connais à présent un rayon, même si je ne vis pas en Afrique, au Sénégal, je pige bien, les affres des chantiers et des mois de salaires non payés. Je pige bien autre chose, et ce n'est pas exotique, la place des femmes et leur pouvoir. Les femmes ne représentent pas le pouvoir, mais elles ont le pouvoir. Celui de maltraiter la féminité, de la violer, de la vendre, au nom de la tradition. Ici, on mesure bien l'importance des biens matérialistes qui s'échangent et se substituent aux valeurs morales et religieuses. Il en est de même, dans notre pays, finalement. On prône une virginité à tous point de vue, et une innocence, alors que les intérêts financiers sont devenus maîtres des traditions, les ont remplacées, sans même que les êtres humains ne s'en aperçoivent, rivés sur leurs téléphones portables. Reste la poésie de l'amour, lui, qui se consomme, en bien des imaginaires, même celui des amants retrouvés le temps d'une nuit. Naufragés de l'amour. Beau !

Et les bandes sonores de ces films sont magnifiques !

mardi 24 avril 2018

Ṽℰℜ✝

il saute et glisse entre ses mains satins
la sagacité noire et veloutée des plumes poils
et le soir tout enivré de figuiers et de lilas
il tombe à la renverse comme pâmé
les yeux doux de la vie des soucieux perspicaces

tête levée et port haut elle a les yeux mi-clos
face lune de miel en bouddha jaune gâteau
elle tient d'une main le chafoin négus roi
l'enfance la regarde et le soleil aux deux bras écartés
miroitent les souvenirs des pins verts ornés de bonté

quand la mer s'écumait au loin de ses espoirs orangés
les surfeurs aux cheveux enflammés par les rêves
dans leurs lit désargentés et vert sauvage
dans leurs maisons abandonnées aux draps rouge de bleu
ils nageaient aux cœurs brisés de peine

sans peur ni haine
(les poètes)

Photographies © Sonia Marques & JD

dimanche 30 octobre 2016

À тøʊṧ ʟℯṧ ᔕαḯη⊥ṧ

L'air était sans preuve du contraire, l'air était celui que l'on attendait. Poussés par son évidence, nous ne rebroussions chemin. Feuilles jaunes parsemées posées délicatement sur la surface de l'eau en mouvement, chacune offrant leur face lumineuse au ciel. Nous faisions mine de ne rien voir, afin de ne pas troubler le silence de ces apparitions merveilleuses. Espiègles voyants derrière nos lunettes d'ignorants, nous avancions, sans preuve du contraire, dans les traces des autres, poussés par l'évidence.
(SM)

Photographies © Sonia Marques

mercredi 27 juillet 2016

ᗷᓰᒪᒪᗴᔕ ᖱᙓᔕ ᙅᓰᙓᘮჯ

Nouvelles créations, sans titre © Sonia Marques (120 cm x 80 cm) - Dessin, peinture, photographie

Nouvelles créations (gros plan) , sans titre © Sonia Marques (extrait du format 120 cm x 80 cm) - Dessin, peinture, photographie

Nouvelles créations, sans titre © Sonia Marques (120 cm x 80 cm) - Dessin, peinture, photographie

Nouvelles créations (gros plan) , sans titre © Sonia Marques (extrait du format 120 cm x 80 cm) - Dessin, peinture, photographie

Deux grands dessins sont apparus en réalisation depuis hier. Pas encore de titre, ils sont différents et se ressemblent, l'un est blanc, l'autre est noir. Ils représentent de loin, des nuages hérissons, mais de plus près ce sont des paysages tourbillonnants.

Ces nuages montrent du doigt le monde d'ici-bas, aériens, transparents mais rendant visible le spectre de la lumière. La réflexion et la dispersion par les gouttelettes d'eau en suspension dans l'atmosphère des radiations lumineuses qui se combinent dans la lumière blanche du soleil produisent des nuages hérissons.

Nuages atmosphériques, tâche d'huile des cieux. Regarder à travers des billes transparentes.

*

Dans le même temps, je viens de découvrir les poèmes d'Herberto Hélder, écrivain et poète portugais, en particulier son poème continu (1961 - 2008) La critique littéraire rapproche son langage poétique de l'alchimie, de la mystique. Il n'y a pas de hasard. Je me suis demandée quels poèmes pouvaient correspondre avec ces nuages et ces jours-ci.

J'ai choisi 2 poèmes : Les blancs archipels (1970) pour le dessin du nuage blanc, et Le couteau ne tranche pas le feu (2008) pour le dessin du nuage noir.

Ils sont incomplets, seule la première page de chacun se trouve photographiée.

   

Extraits des poèmes d'Herberto Hélder : Les blancs archipels (1970) et Le couteau ne tranche pas le feu 

dimanche 15 mai 2016

777

Printemps


Et puis, c’est oublié.
Ai-je pensé, vraiment, ces choses-là ?
Bon soleil, te voilà
Sur les bourgeons poisseux qui vont se déplier.

Le miracle est partout.
Le miracle est en moi qui ne me souviens plus.
Il fait clair, il fait gai sur les bourgeons velus ;
Il fait beau — voilà tout.

Je m’étire, j’étends mes bras au bon soleil
Pour qu’il les dore comme avant, qu’ils soient pareils
Aux premiers abricots dans les feuilles de juin.

L’herbe ondule au fil du chemin
Sous le galop du vent qui rit.
Les pâquerettes ont fleuri.

Je viens, je viens ! Mes pieds dansent tout seuls
Comme les pieds du vent rieur,
Comme ceux des moineaux sur les doigts du tilleul.

(Tant de gris au-dehors, de gris intérieur,
De pluie et de brouillard, était-ce donc hier ?)

Ne me rappelez rien. Le ciel est si léger !
Vous ne saurez jamais tout le bonheur que j’ai
À sentir la fraîcheur légère de cet air.

Un rameau vert aux dents comme le « Passeur d’eau »,
J’ai sans doute ramé bien des nuits, bien des jours...
Ne me rappelez rien. C’est oublié. Je cours
Sur le rivage neuf où pointent les roseaux.

Rameau vert du Passeur ou branche qu’apporta
La colombe de l’Arche, ah ! la verte saveur
Du buisson que tondra la chèvre aux yeux rêveurs !

Être chèvre sans corde, éblouie à ce tas
De bourgeons lumineux qui mettent un halo
Sur la campagne verte — aller droit devant soi
Dans le bruit de grelots
Du ruisseau vagabond — suivre n’importe quoi,
Sauter absurdement, pour sauter — rire au vent
Pour l’unique raison de rire... Comme Avant !

C’est l’oubli, je vous dis, l’oubli miraculeux.
Votre visage même à qui j’en ai voulu
De trop guetter le mien, je ne m’en souviens plus,
C’est un autre visage — et mes deux chats frileux,
Mon grand Dikette-chien sont d’autres compagnons
Faits pour gens bien portant, nouveaux, ressuscités.

Bon soleil, bon soleil, voici que nous baignons
Dans cette clarté chaude où va blondir l’été.

Hier n’existe plus. Qui donc parlait d’hier ?
Il fait doux, il fait gai sur les bourgeons ouverts...



Recueil "Douleur je vous déteste" Les poèmes de Sabine Sicaud


Une rencontre aux remparts des souvenirs

Angoulême (Photographies © Sonia Marques)

samedi 4 février 2012

ℱѦℕ✝Ѧ$♏Ѧϟ


FANTASMAS : dessins © Sonia Marques

Fantasmas (dessins) © Sonia Marques (2011)

♪ ♫ ♩ ♬ ♭ ♮

Hangover (BaBaBa) - Buraka Som Sistema

notes empilées les unes sur les autres...à dépiler ¶ notes piled / notas empilhadas © sonia marques

11/09/2006

rap attrape

ecran total
punk animal
sentimental
superouge
plus rien ne bouge
rap attrape
superorange
l’heure des anges
rap attrape
superbleu
paupières de feu
rap attrape
superjaune
la nuit d’un faune
rap attrape
superose
le jour en prose
rap attrape
surpervert
à découvert
rap attrape
supergris
la fin des radis
rap attrape
supernoir
aucun échappatoire
*
rap attrape
ecran total
punk animal
sentimental
ça fait mal
rap attrape
ecran total
punk animal
sentimental
rien d’anormal
* * * * * * * *

notes empilées les unes sur les autres...à dépiler ¶ notes piled / notas empilhadas © sonia marques



Film projet © Sonia Marques

Film work in progress © Sonia Marques (2012)

04/02/2012

f o n d r e

rentrer dans l'air et lui du temps des gardiens du paradis fantôme
respirer la libre portée des notes de musique en épées jazz
humecter ses lèvres en fermant ses yeux d'avance merci
les mains les mots le temps rayon x
rentrer dans l'air et lui
enfiler les notes de musique et les épées blanches
entrecroiser les doigts chauds la chance de voir la fumée sur fond de neige
rentrer dans l'air inversé et lui attiré

f o n d r e
un sucre dans l'eau
une larme dans le bain
d'il et d'elle nulle différence
les glaces aux parfums lents fendus épousés
l'élixir menthe des mages aimants
les masques s'effondrent
d'île et d'aile exhumés
matins bleus
magiques

♪ ♫ ♩ ♬ ♭ ♮

La ballade de Jim - Paradis
Cha - Opprefish

I love your music - Tobbiah
Crainte - The hacker & Gesaffelstein
Love theme - Vangelis (Blade Runner)
Navigator - Rico Z

Blaue sonne - Siriusmo
Frisbee Chaos - Michael Una
Bikini - Frank Ricotti
Le petit chevalier - Nico

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