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samedi 22 avril 2023

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Photographies des catalogues DEEP, JUNGLE, BONJOUR © Sonia Marques
Je retrouvais mes trois catalogues photographiques, nommés, DEEP, JUNGLE, BONJOUR. Je les avais confectionnés et édités, depuis ma maison d'édition oLo (Observatoire du Langage des Oasis) en 2011, que j'avais aussi créé, pour d'autres catalogues et nouvelles littéraires, certaines ont été éditées chez d'autres éditeurs, en France. Chaque catalogue comporte une centaine de photographies en couleur, ou presque. Le texte que j'avais écrit en préambule, était issu d'une recherche de longue haleine, que je continue, sur l'insularité, ici, à travers la photographie, d'où le titre : La photographie nissologique (du nom d'un de mes sites Internet) Je m'aperçois, avec la distance des années, que c'était un sentiment, un état d'esprit que je décrivais, une façon de voir. La trace photographique me permettait de montrer cet état d'esprit, je retrouve ici, la quintessence de ce regard retranscrit, de façon plus fort que je ne l'exprimerai aujourd'hui, de façon plus brut. Le texte était écrit sur chacun des catalogues, en pages intérieures, et mis en pages sur 3 colonnes, l'un est sur le fond du Tage à Lisbonne (DEEP), l'autre est sur un sol de confettis à Limoges (BONJOUR), et un autre sur un papier peint à Angers (JUNGLE). Il y a aussi un travail d'édition et de graphisme, j'observe que l'intention de mêler le texte aux fonds photographiques, est un symptôme aquatique, que les mots deviennent des petites pattes d'insectes noires, émergées à la surface d'une eau, celle de la photographie nissologique. Il y a quelque chose comme retranscrire la partie émergée d'un iceberg, par les mots, tandis que la profondeur (comme le nom "Deep" d'un de ces catalogues) reste inaccessible. Le désir de photographier les fonds sous-marins, ou, depuis les airs, depuis un avion, avec mes vues aériennes, était-ce celui de passer outre la condition des terriens, d'êtres humains, marchant avec leurs jambes, en touchant la terre ? Ou bien était-ce l'affection portée à ce qui n'est pas incarné dans le corps humain, mais emporté par l'autre, ce qui lui est extérieur, au-delà de sa pesanteur ? Et puis, l'animal, cet être vivant, souvent capturé et mis en cage, domestiqué, ou exploité pour des zoos, qui pense en secret à son évasion, ou bien celui qui vole le nectar d'une fleur, tout en volant sans être vu, ou presque, représentent un peu cette part de mystère, cette profondeur. Les mots émergés, les photographies mémorielles qui tapissent les murs, tel des papiers peints, enveloppent ces paysages animistes, habités par les esprits des lieux. Il me semble que ces vues ont été des présences, pour moi, qui m'accompagnaient, car elles n'étaient pas capturées, ni volées, c'était des moments parfois très longs, pendant lesquels je côtoyais ces lieux, les arpentant durant des jours, des années, j'apprenais de ces espaces étrangers, ils m'apprenaient beaucoup, et c'était la solitude, solide, qui me faisait les voir, si profonds devant moi, comme si je nageais dans des eaux, que personne ne pouvait comprendre, seulement voir à la surface.












Je prends conscience que ces photographies viennent de villes différentes, parfois de pays étrangers, où j'ai vécu un peu, ou bien, où j'ai travaillé. On souhaite toujours immobiliser le voyageur, ici la voyageuse, capturer l'animal qui vole, et le laisser en cage, l'observer, voir s'il pleure, s'il est triste de ne pouvoir se mouvoir. Il y a ce fantasme, de pouvoir, voir un être doué d'ailes, d'un potentiel inatteignable pour les êtres humains, s'occuper à vivoter dans un espace clôt, auquel on donne quelques friandises, de temps en temps, et il y a ce pouvoir et contrôle en imaginant que l'être capturé n'attend qu'une seule chose : demander toujours plus de friandises, hors il n'en est rien. La limite de ce pouvoir ridicule est celui de croire, que l'être capturé ne pense pas, et surtout n'a pas de jugement sur le traitement. L'air de rien, l'air de voyager, une politique de la liberté (cela n'existe pas) s’immisce dans mon regard, déjà par la clôture du raisonnement, et du procédé photographique même (à l'origine, une invention miliaire pour se camoufler parmi la nature). L'idée de mobilité, est au cœur de ces catalogues. L'idée de voyage traverse ces photographies, mais aussi, l'animalité, même lorsque l'on regarde la mer, on imagine l'animal qui y vit, le poisson, ou bien ces animaux qui nous regardent cachés, partout, il est question d'une nature autre que celle des êtres humains. D'ailleurs des êtres humains, dans ces photographies, ont tous disparu, tous consentants à ne point figurer. Je crois que seule la couverture de BONJOUR, figure des bottes portées par une majorette, mais, hormis quelques plans découpés, de jambes, plutôt des collants transparents, nous ne voyons que des paysages et des lieux, ou bien des garçons de dos, penchés sur un bassin, où des animaux nagent, mise en abîme des écrans et espaces clôt. Qui est libre ? L'oiseau qui nage et regarde ces jeunes hommes, ou ces hommes qui ont payé pour voir l'oiseau nager ? Sur le fond du texte du catalogue DEEP, c'est le Tage de Lisbonne, entièrement bleu, presque vert. Il y a une petite bouteille qui flotte, transparente. C'est une bouteille de Vinho Verde, de la marque Gatão (qui veut dire "chat") un vin frais "jeune, amusant et audacieux", dit la marque. C'est un peu l'esprit de ces photographies.
Dans cette bouteille, est disposé, un petit origami (un pliage de papier, de la technique japonaise et chinoise de l'art du papier plié) Si je crois bien me souvenir, il fut en métal argenté, avec une adresse mail. Elle figure la bouteille à la mer. Il me semble que mes photographies représentent des bouteilles à la mer, de la part d'une naufragée.
Puisqu'une bouteille à la mer est un moyen de communication avant tout. Ils se constitue d'un message sur un morceau de papier, qui s'insère dans une bouteille bouchée qui est jetée dans une mer ou un océan, parfois sans destinataire précis, ou bien avec une intention précise, avec l'espoir qu'une personne finisse par la trouver, au gré des courants. Rendues célèbres par la littérature, les bouteilles à la mer sont connues du grand public pour servir de moyen d'appel à l'aide aux naufragés sur une île déserte. C'est aussi un symbole, "lancer une bouteille à la mer", c'est apporter quelque chose au monde qui n'a pas beaucoup de portée, justement, mais qui peut être très significatif d'une avancée, technique ou sociétale, ou un geste de désespoir, comme des prisonniers lancent des papiers à travers les barreaux de leurs cellules de prison.
Dans l'histoire de cette photographie, la vue du Tage avec une bouteille à la mer, il y a plusieurs notions imbriquées, qui présupposent son avènement, mais aussi, les motivations engagées de son auteure, moi, la photographe, l'air de rien. De rien du tout, donc. Une naufragée.
Peut-être y avait-il quelque chose dans ma généalogie, ou bien dans l'histoire mystique du Tage, qui se révélait à la surface de l'eau, quelque chose y serait né, ou abandonné, comme les histoires de la naissance du monde, puisque les marchands phéniciens nommaient Lisbonne, Alissubo, la « Rade délicieuse ». Mais aussi combien de noyés et de voyageurs sans escales ?
Le Tage est magnifique à toute heure, un nombre incroyable de personnes s'y pressent après leur journée de travail, de façon très pacifiste, juste pour regarder le Tage et les couchers de soleil. À l'aube, c'est le même périple, avant d'aller travailler, des ouvriers, des employés, nombreux, se posent et boivent un café à emporter devant le Tage, comme pour méditer sur les passés glorieux, les désastres économiques, les royaumes déchus, les désirs grandioses des conquêtes et des découvertes, histoire de consacrer à la Terre, la preuve qu'elle n'est pas plate, mais des Indes, on pouvait aussi se tromper, les indiens d'Amériques n'étaient pas ceux que l'on croyait, errare est humanum.
J'ai effectué un voyage d'étude et de diplomatie, pour le Portugal au début des années 2000, à Lisbonne, car j'avais réalisé un très beau dossier pour créer un contact bilatéral avec l'école d'art de Lisbonne pour mon école angevine, en France, dans l'enseignement supérieur, où j'enseignais. J'avais effectué au préalable 2 autres dossiers (pour Porto et Coimbra) Tous  furent recevables, mes collègues, très heureux et le directeur (l'école n'avait pas de contact avec aucune capitale européenne) m'avait envoyé là-bas, signer tous les papiers administratifs. Un séjour où j'ai rencontré plusieurs personnes, et j'avais moi-même organisé mon voyage, puisque personne n'était expert, en France. L'école m'a montré beaucoup de choses, et j'ai pris conscience de l'intelligence et la faculté de tous les professeurs à dialoguer et à accueillir l'étranger. J'ai rédigé pour l'école un rapport très complet, pour tous, avec des photographies et des retranscriptions complètes de nos échanges. J'ai rencontré des étudiants et l'une est partie ensuite à Angers. C'était un contrat énorme pour l'école (qui en bénéficie toujours) une prouesse... diplomatique (j'ai réalisé la même chose avec Bruxelles, en Belgique, plus tard, car un enseignant en arts numériques avait longuement bénéficié de mes cours diffusés en ligne et m'avait invité là-bas pour développer des échanges)
L'envergure
, est un beau mot pour résumer ce que je ressens.

Dans mes bagages, lorsque je visitais l'école lisboète des beaux-arts, très belle, mon conjoint, avec qui je vivais alors, s'est embarqué aussi, profitant de mon expérience. Tandis que j'avais un boulot monstre, je souhaitais revenir avec un contrat, il réalisait des origamis, c'était ses vacances. Il développait son propre travail artistique, et était enseignant aussi.
L'origamiste embarqué, a eu l'idée de glisser un origami dans une bouteille vide de Vinho Verde, je lui apprenais la culture gustative et œnologique portugaise, mes préférées de ces bouteilles étaient celles, avec avec la forme ronde. Il a acheté plusieurs bouteilles, et les a vidées toutes et disposées dans le bidet de la pension, afin de les faire sécher, pour projeter de disposer dans chacune un petit origami. C'était charmant, j'ai toujours apprécié ses idées artistiques, lorsqu'elles étaient dénuées d'idéologie et ouverte sur l'imaginaire. Je pense que c'est notre association, qui le tournait vers des horizons étrangers. En rentrant le soir, de ma journée de travail, je vois que les bouteilles ont toutes disparu. Nous interrogeons les gardiens, et l'un nous raconte que la femme de ménage est tombée sur toutes ces bouteilles et a pensé que la nuit fut bien arrosée, elles les a toutes mises à la poubelle. Une scène digne de Mister Bean (la série télévisée humoristique anglaise des années 90) Nous avons recherché toutes ces bouteilles dans les poubelles de la pension et l'origamiste en herbe a pu réaliser son projet, in fine. Les concierges ont beaucoup ri et se sont donc aperçus que nous étions artistes. J'ai ainsi raconté l'objet de ma venue aussi. Plus tard, l'une de ces bouteilles fut jetée dans le Tage, et j'ai ai réalisé une photographie. C'est bien celle-ci, dans le catalogue DEEP.
En fait, pour chacune des photographies, j'ai une histoire à raconter. Souvent ces photographies sont aussi issue d'un projet artistique, plastique, mais aussi de souvenirs très formateurs, comme l'histoire du racisme en école d'art, ce qui existe toujours évidemment. L'humour est quelque chose qui retourne bien des situations dramatiques. Les singes sont là pour nous singer, n'est-ce pas ? On se trompe souvent sur les personnes, comme les indiens d'Amérique, ils n'étaient pas ceux que l'on croyait.






Ces 3 catalogues sont scénarisés comme un film, la juxtaposition des photographies (une par page, pleine page) forme un récit, une fiction qui se fait et se défait, à chaque page, et se ferme par une photographie. Nombre de rideaux sont représentés, comme des écrans face au lecteur, à la lectrice. J'ai beaucoup apprécié les créer. Les revoir, ces jours-ci confirment un pan de mon expérience photographique, assez longue, puisque j'ai peut-être appris à photographier en famille, et à l'étranger et depuis toute jeune. Parfois, c'est en déplacement que ces photographies ont été prises, comme des visions en plein rêves de scènes étranges et magiques, à l'aube. Le camouflage est très présent, bien plus car les animaux deviennent des motifs qui se fondent dans le décor. Les inaccessibilités sont manifestes, ou bien, les accès dangereux.












Voici le texte d'introduction de ces catalogue, daté de 2011 :

La photographie nissologique

Lorsque j’ai créé le site Internet Nissologie en 2007 (la science des îles), j’ai dédié un espace dans le menu (FOT) pour mes photographies. Cet espace d’édition en ligne, visible partout dans le monde depuis un ordinateur m’a fait adapter et concevoir des photographies spécialement dans ce cadre de visibilité, cette fenêtre. Avec des dimensions d’un écran de 1024x768 pixels, chaque photographie s’affiche selon un mode aléatoire à l’actualisation de la page ; à chaque visite et ouverture sur cette fenêtre, une nouvelle photographie avec ses informations en bas : sa date de prise de vue, la ville et le pays. Ceci pour l’espace de diffusion, spécifique. Avec cette méthode, mes sélections et mon regard se sont précisés, les photographies sont devenues nissologiques, insulaires. Certaines ont été réalisées des années auparavant, avant l’avènement du numérique, avant Internet, car dès les années 80, avant mes études artistiques, je m’initiais à la photographie, empruntant l’appareil de mon père, regardant les films en super 8 réalisés par ma mère. Lors de mes premières études supérieures en arts graphiques, je décidais d’acquérir un labo en noir et blanc afin de réaliser mes tirages, seule, depuis mes négatifs de mon appareil 24x36 analogique. Lors de mes études à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1997, j’ai obtenu une bourse pour un échange international et j’ai été sélectionnée pour étudier à l’école Émily Carr à Vancouver. C’est là-bas que j’ai appris à réaliser des tirages en couleurs. J’ai trouvé les moyens d’exposer dans 2 galeries différentes une installation nommée Vancouver Lovers (les amants de Vancouver) avec plus de 400 agrandissements de couleur, dont les points de vue pouvaient être depuis un avion ou sous l’eau des piscines. Ce parcours de photographe, je le dois à une certaine obstination et concentration dans le temps, le plus souvent dans des moments solitaires, juste en regardant (le réel) La sculpture, la peinture, les signes sont devant nous, je les capte sans aucune scénographie au préalable. Il y a, si ce n’est à la prise de vue, un travail à postériori, sur la couleur et ses contrastes. C’est une restitution émotionnelle des conditions de captation d’une scène offerte, éminemment visible, accessible, mêlée au regard intérieur du photographe sans aucune clarté ni évidence. Cette tension, ce contraste entre ce que l’on voit et ce qu’apporte la photographie de plus intériorisé, profond, est ce que je recherche. Dans les photographies nissologiques, l’être humain a déserté le cadre, les paysages. L’animalité reflète l’humanité, souvent apprivoisée, ou en cage. L’artifice des réalisations humaines, comme les carnavals, ou les décors des fêtes foraines sont là pour témoigner de cette absence de la figure, quand ce ne sont pas les masques qui la représente, ou tout ce qui nous empêche de mieux voir (barrière, rideaux, mur, grillage...) La distance également, tout ce qui rapetisse l’échelle humaine (les vues d’avions, de points culminants) ou celle des trains à grande vitesse qui font défiler des paysages sans personne, sont des points de vue d’isolement, qui manifestent des états sans contact, de séparation. Ces captures, ces croquis, sont autant d’esquisses pour mes dessins, mes poésies ou mes compositions sonores. En toute synesthésie, photographier le réel, me permet de créer le plus souvent ensuite vers des supports dématérialisés (son, infographie, multimédia) et de dessiner tout en photographiant les contours de formes issues du quotidien, du banal, mais qui, de mon point de vue, sont insolites, extra/ordinaires jusqu’à apparaître parfois exotiques car désuètes.
En 2007, tentant d’écrire sur ces photographies, ma description se faisait dans ces mots :

- Je me suis toujours considérée comme touriste à moi-même.
L’appareil photo n’a fait qu’accompagner ce sentiment d’étrangeté dans tous les endroits qui m’étaient familiers.
Celui-ci, l’appareil, ayant changé souvent d’apparence et de technologie, de l’analogique au numérique, de la caméra à la webcam à l’appareil qui n’est plus là.
Plus là, parce que les images sont partout et nulle part. Il suffit de les attraper au vol, d’autres prennent des photos, tant de photos prises, les donnent, les perdent, les volent, les vendent, les bradent, les valorisent, les partagent, les exposent, les cachent, les accumulent, les archivent, les collectionnent, les déchirent, les modifient, tant d’images photographiques sont accessibles, de points de vue que nous, êtres humains, n’aurions jamais imaginés de notre vivant


- Des vues d’avion, des vues d’autres planètes, des vues sous-marines, des vues microscopiques, sous la peau, dans les pierres précieuses et des vues imaginaires dans des montages photographiques, des collages médiatiques et des horreurs.
Que d’images, que de polysémies !
Que de polémiques intellectuelles sur leurs statuts !
Mon regard est polysémique et pourtant unique. Si mes yeux étaient des appareils photographiques, ce qu’ils deviennent, je voudrais les fermer souvent. Oublier ce que je vois et dormir profondément.

La vue me tue.


Curieusement, je compose des sons et je me repère dans l’espace avec ce que j’entends. Dans le noir, la nuit souvent, j’accueille cette vision sonore plus calmement.
Ainsi les photographies que je prends, les images que je recueille, cadre, sélectionne et montre, sont celles qui me permettent de penser seule. Ce sont des espaces-temps solitaires et ouverts sur le monde contemporain, trop vaste, trop possible. Les photographies nissologiques sont ces espaces-temps de retranchements, calmes, et aussi trop possibles.

- Les voyages, les trajets, longs ou courts, ceux des transports urbains ou aériens et ces moments où l’on s’arrête, ou l’on se retrouve dans une chambre d’hôtel qui finit par être sa chambre, la sienne, un chez soi étranger et familier lorsqu’elle devient rythme, repère, sécurité. Le regard ici, espère formuler ses oasis dans des environnements de troubles.
- Les espaces improvisés et éphémères des échafaudages, ceux qui durent comme de vieux carreaux de céramiques effrités sur les murs, ceux qui sont destinés à partir comme les graffitis, le rayon de lumière qui perce le nuage pour caresser la mer, les filtres multiples des écrans, des bâches, des balcons, des fenêtres, des volets qui nous empêchent d’accéder et réalisent tous nos vœux voyeuristes, ceux d’être à l’abri, tout en pouvant voir ce qui fait peur : l’étrange.
Des lieux étrangers que j’habite souvent.
Un état étrange de perdition dans lequel habiter semble possible parce que je ferme les yeux.

Touchée.


Le réel me tue.


Afin de ne plus être atteinte par le réel, les traces de mon passage dans celui-ci deviennent des fictions.
Et c’est mieux ainsi.
La photographie nissologique est nostalgique.

© Sonia Marques – 2011








 E N V E R G U R E

  • Distance entre les extrémités des ailes étendues chez les oiseaux ou autres animaux ailés. (Les plus grandes envergures ont été mesurées chez l'albatros hurleur [3,60 m], chez le marabout [3,35 m] et chez des rapaces diurnes.)
  • Capacité, puissance de quelqu'un, ampleur de son intelligence, de sa volonté, poids de sa personnalité.



dimanche 16 avril 2023

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Photographies © Sonia Marques

La pivoine arrive !

En ce moment c'est la fête du Saint Martial à Limoges, l'apôtre d'Aquitaine (IIIe siècle)
Les ostensions septennales se déroulent en ce moment (tradition médiévale)

Guérison et sauveur : Le Saint Martial, de ses initiales S et M, sur le blason de la ville de Limoges est partout sur les drapeaux en ce moment, signe de la guérison.

Vers 994, il y avait des maladies dans le Limousin, et l’Aquitaine, mortelles : le mal des ardents, ou ergotisme, une épidémie qui se déclenchait à la fin des moissons. C'était une intoxication au pain de seigle contaminé par un champignon parasite, l'ergot du seigle. Elle provoquait une sensation d’atroce brûlure et d'hallucination (d’où l’appellation « ardent », du latin ardere, brûler), des crises de convulsions et des spasmes douloureux, des diarrhées, des paresthésies, des démangeaisons, des maux de tête, des nausées et des vomissements. Les malades avaient des hallucinations, des troubles psychiatriques comme la manie ou la psychose. Les chroniqueurs médiévaux ont décrit en plus le noircissement, la nécrose puis la chute des mains et des pieds chez les personnes atteintes. Les morts se comptaient par centaines. Cette maladie était perçue comme un châtiment de Dieu. À Limoges, les malades, venus implorer la protection divine, s’entassaient dans les églises. Face à l’étendue du drame, l’évêque Hilduin et son frère Geoffroy, abbé de Saint-Martial, décident d’organiser un grand rassemblement autour des reliques de plusieurs saints limousins. Des ambassadeurs sont envoyés dans toute l’Aquitaine pour convier les archevêques de Bordeaux et de Bourges, les évêques de Clermont, du Puy, de Saintes, de Périgueux, d’Angoulême et de Poitiers, à se réunir en concile à Limoges. Le 12 novembre 994, après trois jours de prières et de jeûne, le corps de saint Martial, premier des évêques de Limoges et protecteur de la cité, est levé de son tombeau, placé dans une châsse d’or, et porté en procession depuis la basilique du Sauveur (place de la République actuelle) jusqu’au mont Jovis, à l’extérieur des murailles. Cette colline porte ce nom qui signifie Mont de la joie depuis cette époque. Elle est située, aujourd'hui, en pleine ville de Limoges, dans le quartier Montjovis. La procession est conduite par tous les prélats, les moines de l'abbaye de Saint-Martial, et Guillaume IV duc d’Aquitaine, suivis de nombreux pèlerins. Une foule immense se presse tout au long du parcours, peu à peu rejointe par des groupes de moines chargés de reliques venues de Figeac, Chambon, Salagnac, et de nombreuses autres paroisses. Arrivées sur la colline dominant la ville, les reliques des saints limousins sont offertes à la vénération de la population en détresse. Cette manifestation de masse est la toute première ostension (une appellation qui trouve son origine dans le verbe latin ostendere, qui signifie montrer, ou exposer, et qu’employa pour la première fois Bernard Itier, moine bibliothécaire de l’abbaye Saint-Martial, en 1211). Le 4 décembre, alors que le corps de saint Martial est ramené jusqu’à son tombeau, l’épidémie a cessé de sévir. Les chroniques de l’époque font état de plus de sept mille guérisons.








Blason de la ville de Limoges

DESCRIPTION

De gueules au buste de Saint Martial d'argent, vêtu et diadémé d'or accosté des lettres onciales S à dextre et M à senestre, au chef cousu d'azur chargé de trois fleurs de lys d'or

DEVISE
"Dieu garde la ville et saint Martial la population"



mercredi 15 mars 2023

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Photographies © Sonia Marques

Je m'endormais sur la vue du château...

A história mais conhecida de S. Jorge tem a ver com a morte de um dragão terrível que existia em Silene, na Líbia. Para acalmar a fúria do dragão, os habitantes ofereciam ao monstro duas ovelhas por dia. A certa altura, o dragão tornou-se mais exigente e reclamou um sacrifício humano. A escolha aleatória recaiu sobre a filha única do rei da Líbia. Nesse momento trágico, S. Jorge apareceu, oferecendo-se para lutar com o dragão e libertar a cidade daquele terrível jugo. Montou o seu cavalo e com uma lança feriu o dragão. Trazendo-o preso para a cidade, matou-o perante todos os habitantes, depois de exigir em troca a sua conversão ao cristianismo.
Existe outra versão da lenda, reclamada pelos habitantes de S. Jorge, perto de Aljubarrota, que conta que S. Jorge era um oficial romano que estava aquartelado naquela região. Tinha por costume mandar os seus soldados dar de beber aos cavalos na "Fonte dos Vales", no ribeiro da mata. Porém, no momento em que os cavalos bebiam, por vezes surgia da fonte um dragão que os devorava. Os soldados, com medo de serem também mortos, recusavam-se a lá voltar. Para acabar com este martírio, S. Jorge dirigiu-se à fonte, deu de beber ao seu cavalo e quando o dragão surgiu, matou-o com a sua lança.


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São Jorge também é venerado em diversas religiões afro-brasileiras, como a Umbanda, onde é sincretizado na forma de Ogum. Todavia, a ligação de São Jorge com a Lua é algo puramente brasileiro, com forte influência da cultura africana, e em nada relacionado com o santo europeu. Em estados como Pernambuco, Rio Grande do Sul e Rio de Janeiro, o santo foi sincretizado a Ogum, enquanto na Bahia, sincretizado a Oxóssi. A tradição diz que as manchas apresentadas pela Lua representam o milagroso santo, seu cavalo e sua espada pronto para defender aqueles que buscam sua ajuda.

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Desde os tempos do czar Yaroslav – o Sábio, o povo russo venera São Jorge. Ele é o santo padroeiro dos príncipes, e sua imagem aparece no brasão e na moeda de Moscou. Ele representa um guerreiro valente, defensor das terras russas, protetor do camponeses. Muitas casas têm imagens do cavaleiro Jorge matando um dragão com sua lança; é a vitória do bem e da fé sobre as forças do mal.




São Jorge, 1911, óleo sobre tela, 107 x 95 cm, Wassily Kandinsky, Russian Museum, São Petersburgo.

Les tableaux de Raphaël sur ce sujet, l'un est visible au Louvre, avec le cheval blanc (réalisée vers 1500) représentent cette victoire, il y a aussi des illustrations éthiopiennes puisque c'est aussi un mythe bien représenté. Mais celui de Kandinsky de 1911, ce tableau, est assez étonnant, un petit bijou pour celui qui écrivait sur le spirituel, dans l'art. Je me demande s'il est encore en Russie ce tableau. La Révolution russe avait chassé l’artiste de sa terre natale en lui spoliant ses biens. Un an après ce départ, la toute nouvelle URSS interdisait les arts abstraits jugés « dégénérés ». Kandinsky en avance sur ce temps maudit, avait déjà ouvert la porte à l'abstraction. Loin du désordre russe, il s'installe en Allemagne il découvre les joies de la géométrie. Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, ses capricieuses formes. Mais rattrapé par la politique, encore, de l’Allemagne des années 1933, avec le nazisme, il fuie de nouveau, et s'exile, et s’installe à Neuilly. Peu avant sa mort, il change sa deuxième nationalité, l’allemande, contre une troisième, française.

Enfin, je m'endormais sur le château, dont la vue m'emmenait loin de ce patronyme évident, de ce saint qui tua le dragon.

Cafou le cheval blanc si petit, et moi, étions si heureux de penser à tout cela, tout en sachant que personne ne le pensait à notre place, ni le dragon, ni la politique, ni les dévots.
Mais il est vraiment trop petit pour être un cheval, il faut reconnaître que l'imagination transforme un peu toute sainteté en ânerie, l'humain s'il ne l'oublie pas sous les diktats, est doué de ces doux ânes et rêves, afin d'envoyer dans ses nuages chausse-trapes, ce qui convient, et vénérer ses saints quand cela lui convient. À sa convenance donc.
Petit souvenir joyeux et fugace d'un serveur noir qui paraphrasait ses allocutions de : À votre convenance. Un sportif de haut niveau préparant les jeux olympiques aux croissants et escargots, autours d'un café.
De l'art et du muscle, du blanc et du noir, pour éviter de finir rouge, cramé par le torticolis des jours sans fin, ni queue ni tête, ni filet de sauvetage, pour les artistes funambules, toutes celles et ceux perçus rapidement comme des bidons.

Planètes, galaxies, infiniment petit, animaux marins microscopiques et éléments anatomiques, nos capricieuses formes...


mercredi 8 mars 2023

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Photographie © Nina Andersen

C'est bientôt !

mercredi 4 janvier 2023

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Dessins, et photographies © Sonia Marques

dimanche 13 novembre 2022

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Photographies © Sonia Marques

Gamalag, Ydaki, Terres australes, Gisement d'uranium, Mooloo, Didjeridoo...


mardi 1 novembre 2022

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Photographies (© Sonia Marques- 1997 Vancouver - Groenland)

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Hasard, je découvre la réalisation récente du clip vidéo "Freed from Desire"  du chanteur Thomas Azier, d'Ellen Treasure, avec les maisons qui défilent. Je suis conduite également à cadrer sur des souvenirs qui défilent très vite. Je décide de réaliser des arrêts sur images. Voyages et croisements, scènes, pays différents, à travers lesquels, j'ai formé un chemin artistique.

Je pratique une autoscopie bienheureuse, un voyage astral, de la voyance ? Percer à jour, percevoir. Ces livres ouverts de rencontres et récits communs, dont je deviens porte-parole silencieuse, m'offrent des fenêtres où voir le vrai, dans l'absence d'un regard intrusif, quelque chose de l'ordre de la vérité, transparait. Limpide, et pourtant ma présence paraissait alors inexistante, non résistante, passage furtif, ou simplement discrète, dénuée de pensée, mais imprégnée de ces autres et de leurs irréductibles mystères. Serai-je médium, sans intermédiaire, véhicule d'histoires, d'un vécu que l'on croyait ne pas avoir vécu, témoin de forces dont il manquait l'oracle, passé trop vite, parti plus loin, disparu. Faire accoucher l'autre de ce qu'il n'a pu voir, son geste allié de son regard artistique, sans toucher, ni faire, juste être là, ou moins là, mais quelque part, sans incidence, juste en coïncidence. Faire coïncider, adjoindre l'étoile pour qu'elle file son propre cheminement. Fée.
Non concernés par ce qui advient, bien plus par qui nous sommes, et bien moins par comment sommes-nous. Pourtant, la somme de tout ce que nous croisons, forment les décisions, renoncements, changements de directions, trajectoires de ce que nous sommes devenus. Si sous chaque souvenir, il est un jour de fête, lorsque l'on parvient à percevoir la félicité, dans toute insignifiance, peut-être que l'on parvient à lâcher les fardeaux trop signifiants, adipeux obstacles en travers des routes, ou flétrissures ruminantes, tout ce qui gène et s'encapsule dans d'infâmes lourdaudes, toutes ces consciences plombées, ne regardant que leur inintérêt personnel. Ce gros "soi" qui se fige dans le miroir des alouettes. Il veut être l'initiateur et le terminus et devient une fin en soi, ensevelir sous son malheur, tout ce qu'il croise, bétonner pensant figer l'autre croyant le posséder. Où sont les fluides ? Du moment où l'on dispose la poudre du café, puis, l'eau coule et se filtre, jusqu'au moment où le choix du récipient changera la tonalité de notre pensée, sa couleur, afin que nos lèvres au bord du goût, nous disposent dans un état de conscience, ou de souvenirs, chaleureux. Le discernement s'opère avec le temps.

Aéroport, centres villes, de pays éloignés, bus, gares, je rencontre des personnes que j'ai connues, plusieurs années plus tôt, des signes, de drôles de hasards, que l'on croit. On prend un café, des nouvelles, des pans de vie racontées à la hâte, des confidences, ce n'est qu'un passage, on se souvient avec amitié et douceur des choses en commun, des nœuds Nord ou Sud, la discrétion, les créations, mon accompagnement, je ne sais, oui, j'étais là, je me souviens de tout, de toi, de vous, de ta famille, de vos découvertes. Les personnes revues, ne s'imaginent pas qu'elles ont compté, sont respectées, qu'elles m'accompagnent toujours, milles souvenirs. Ces petits riens, ces petits clins d’œil sont les éclats d'un diamant insoupçonné, le cœur généreux des êtres est la plus honorable des sensibilités, et chacun, chacune, sommes seuls à pouvoir décider d'y accéder. On a joué aux connexions virtuelles, on oublie tout de l'expérience de la marche et des déplacements.

Jusqu'ici, ma vie se trouvait transportée de façon collective, était-ce une façon de participer à comment mieux protéger la terre ? Je ne le formulerai pas ainsi, sous cet angle politiquement correct. C'était pour être humain. J'ignorais à quel point mes déplacements seraient des lieux traversés et partagés, des expériences du savoir, puisque mes pas étaient innocents. Revoir des amis, c'est apprendre la disparition de leurs proches, cela fait partie de ce qui nous lie à la vie, perdre. Tout se perd, nos plus beaux souvenirs, comme les plus mauvais. Les meilleurs nous tiennent éveillés jusqu'à les destiner aux plus jeunes, désarmés face à la cruauté. Me lire c'est ne pas nous oublier, c'est espérer nous décerner le prix si dérisoire de nos présences. Nous nous sommes perdus de vue, est une très belle phrase, elle dit aussi, que nous allons nous retrouver.

Le chanteur hollandais, Thomas Azier, nous l'avions découvert au festival musical du Printemps de Bourges en 2013, bientôt 10 ans. Il était charismatique sur scène. C'était la première fois que je découvrais ce festival, et la dernière fois, car je n'apprécie plus les rassemblements. Mon conjoint le connaissait, l'histoire de cette ville, pour moi inconnue. Un souvenir riche de sens. Nous avions assisté à un brusque changement climatique entre deux journées, d'une dizaine de degrés, la pluie et le froid, puis la chaleur écrasante, ou l'inverse. Dans le même temps j'ai été conduite à découvrir une partie de l'histoire de France. J'écoutais avec assiduité, comment cultive-t-on les palmiers, les dattes, la question de l'arrivée d'eau, les oasis, le Sahara, d'un sage instruit, une parenthèse enchantée. Je suis invitée alors à découvrir les marais de Bourges, une enclave d'une centaine d’hectares aménagés sous des formes d'agricultures privées de potagers, avec un mode de circulation singulièr. Cette découverte inédite, restera dans ma mémoire, je repars avec des photographies, puis, je reviens souvent à Bourges pour accompagner une famille, une histoire, loin de la mienne.

Je serai conduite à enseigner dans l'école d'art de cette ville, trois années plus tard, dans une vétusté qui n'en faisait pas l’esclandre. De ces récentes connaissances sur ces marécages, je les ai partagées, avec parcimonie, à l'intention de mes étudiants des premières années ou deuxième, celles et ceux désireux d'apprendre, ils avaient choisi le studio que je développais sur le dessin, un groupe qui s'était élargi à d'autres de toutes les années. Je plaçais mes affaires dans le casier de Nathalie Magnan, le seul ouvert, elle m'avait soigneusement recommandé de l'utiliser, plus tard je le lèguerai à sa compagne pour son hommage, puis j'ai disparu, je n'ai fait que mon devoir. Je concevrai deux sessions consécutives (formulées en deux workshops pour l'école) "L'art de la disparition" et "Apparitions", en immersion dans les marécages, qui semblaient si exotiques, palmiers et canoés, des étudiantes glisseront au gré de leurs enregistrements sonores. Avec l'idée de faire ce même chemin de ma première fois, et de présenter cette flore et faune, à des étudiants en art, afin de réaliser un partenariat pour toute l'école, en tâtonnant, en favorisant la contemplation d'un paysage insulaire. Mes références se basaient sur le peintre américain, Gerald H. Thayer Abbott Handerson et ses découvertes, à propos de la couleur et le camouflage dans le paysage animal, notamment ses motifs. Mais bien évidemment, à partir de mon expérience pédagogique et artistique, personnelles, un peu plus longues, émaillées d'autres artistes et rencontres, de ses dernières années. J'ai ensuite réalisé une conférence sur mes recherches pédagogiques, ce qui a inspiré d'autres professeurs. J'avais la vision d'une ruine, je ne me suis pas trompée. Mes collègues ont désiré poursuivre ce partenariat dans les marais, dès 2017. J'ai pu honorer des adieux à cette collègue, que j'avais rencontrée, lorsque j'étais étudiante, vers 1996, elle s'éteignait après un long combat. Je décris cette rencontre, encore un hasard, plus bas.

Lors du festival, en 2013, j'avais beaucoup apprécié le groupe Efterklang danois, et Mesparrow, la jeune tourangelle faisait ses premiers pas avec son album au nom d'oiseau. Thomas Azier, a évolué depuis, son album "Love disordely" est poétique, à la recherche d'une beauté qu'il sait insaisissable. Ses cris et ses efforts de les contenir, le rythme toujours en tentant de courir après la fuite ou de fuir l'ennui.

Le désir c'est intime, c'est voir en l'autre la belle lutte qu'il ou elle mène, sans que personne ne le sache même. C'est adhérer à la force de vivre au delà même de ce que l'on décrit : la difficulté. Le désir serait-il lié à l'effort ?

Dans l'histoire de la chanson qu'interprète le chanteur hollandais, Freed from Desire, même si l'intonation me rappelle l'intention poignante de la chanson de Bruce Springsteen ("State Trooper" sur l'album Nebraska de 1981), c'est à la base, une chanson du même titre, connue du public en 1996, de Gala, une chanteuse italienne de l'Eurodance. Ce sont deux époques très différentes, pourtant, la répétition des accords musicaux traduisent un climat haletant, tandis que les mots nous conduisent, tel des véhicules, vers des antagonismes de notions de survies (liberté/contrainte/dépassement/limites) Une tension qui est palpable dans notre société contemporaine, entre restrictions et désirs d'émancipation, depuis les guerres et la pandémies, entre autres, et, de façon plus individuelle, l'impossibilité de trouver des formes d'expression, afin d'être entendu, compris (crier ou susurrer ?) s'isoler ou participer, contempler ou agir.
La création d'imaginaires formule déjà des canaux d'expressions fédérateurs, certains artistes recherchent aussi à s'émanciper de ce qu'on leurs impose d'incarner, ainsi peuvent-ils, ou peuvent-elles, se trouver fuir les demandes d'arrêt, sur image.
Je me situe là, entre l'arrêt et le désir de mouvement. Si je me retourne, tout à disparu, si je retiens, je révèle, si je continue, tout se transforme, le temps file, et la demande de ralentir se fait toujours plus puissante. Chacun, chacune peut ressentir cette force de transformation et sa résistance.
Le monde change, la tension se mesure partout, entre régressions et progressions, cela produit des chocs. Pourtant, il y a des transformations douces, au fil de l'eau. Peut-être est cela, le fluide.






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Je pensais qu'il y avait une méprise sur la notion "Punk". On peut attribuer cette désignation à des artistes qui ne sont pas punks. Sans aucun pouvoir d'achat, mais avec un pouvoir de création exceptionnel. Telle fut, la période que je vais décrire.

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En visionnant son clip, je me suis alors souvenue de la vidéo particulière que j'avais réalisée et présentée en mai 1999 au Château d'Oiron, là où je rencontrais Ellen Treasure. Le paysage était si plat, terne, sans relief, brumeux, sourd aussi, inquiétant. La vidéo que j'exposais, tonique, réveillait les fantômes. Ellen était venue regarder nos installations communes dans ce château. Nous y étions depuis quelques jours afin d'acheminer une exposition collective. Nous étions tous étudiants, sous la coupe de l'artiste Jean-Luc Vilmouth, notre chef d'atelier à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris (ENSBA). L'intention première du conseiller en arts plastiques, que connaissait Jean-Luc Vilmouth était que notre groupe d'artistes déjà singulier, puisse investir le château et apporter de l'animation. Ce à quoi, il ne s'attendait pas, c'est que ce château sera quelque peu secoué, par des punks, terriblement attachants, pas du tout violents, des beaux bizarres.

Selon Baudelaire : « Le beau est toujours bizarre. Je ne veux pas dire qu’il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu’il contient toujours un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente, et que c’est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. C’est son immatriculation, sa caractéristique. Renversez la proposition, et tâchez de concevoir un beau banal ! »

Dès les années 90, le ministère de la Culture y disposait une collection d’œuvres d'art contemporaines, dans ce château, immiscées dans les collections historiques du monument de différents siècles. En évoluant rapidement, l'expérience tentée d’une création contemporaine dans un patrimoine ancien sera un modèle et dès 1996, la collection fut présentée en renouant avec l’esprit de curiosité de la Renaissance.

Aucun hasard, finalement, si ce château hanté, faisait ressurgir des souvenirs vivants, avec lesquels, nous nous sommes enthousiasmés, avec bonhomie, de nos approximations artistiques. Cette fête de tous les Saint, moment particulier pour penser à tous ceux-ci, compassion, mansuétude, reconnaissance,  meilleurs sentiments.

La vidéo que j'avais confectionnée, est propice à cette fête, s'en remémorer, comme une œuvre fédératrice, rassemble des idéaux et des forces. Nous nous entendions tous très bien, mes camarades étaient mes amis, nous avions œuvré ensemble, juste avant les années 2000, et mes souvenirs réveillent de la joie et de l'amour, au sens noble du terme. Je pense que j'étais un élément pacifique, Jean-Luc Vilmouth partageait ce calme et le souhait de l'harmonie, dans un groupe. J'avais étudié au Canada, je revenais partager pour tous mes camarades, mes recherches, et cela avait motivé quelques uns à poursuivre leurs études, dans la même école à Vancouver. Je devais m'activer pour passer le diplôme de fin d'études quelques semaines après, en juin 1999. J'avais donc préparé bien en amont cette séance programmée à Oiron, pour être avec tous, sachant que j'étais la seule à passer mon diplôme, la première de l'atelier. Par gentillesse, j'avais accepté, malgré mon échéance, de prendre une journée pour aider Ellen Treasure. Elle était venue au château, pour son travail personnel, dans l'intention de réaliser des photos de mode et avait besoin de modèles. Elle avait quelques accessoires, et me proposait de poser pour elle. J'ai porté deux robes, l'une bleue indigo avec de grosses boules cousues colorées dessus en polystyrène, il me semble me souvenir que c'était Charlotte, son amie, qui les avait créés, l'autre, une robe confectionnée dans un drap beige et céladon rayé d'édredon de plumes, boursouflée, très originale. Elles avaient toutes deux trouvé, pour l'une une caravane blanche comme décor en extérieur et l'autre, en intérieur avec une lumière douce, années 70, avec un siège à bascule en osier. Je crois me souvenir, que les tirages agrandis n'avaient pas donné satisfaction, d'autant plus que je faisais l'acrobate sur le fauteuil, ou la gymnaste avec la robe, en réalisant une roue. Mes deux photographes de mode en herbe, attendaient que je sois plus disposée à prendre la pose. Je n'étais pas mannequin, mais une petite athlète espiègle, et photographe, agile, j'avais la maîtrise du cadre photographique, moins la photogénie. C'était un moment récréatif, c'est avec bonheur, que je me souviens d'elles. J'ai obtempéré dans ce rôle amusant, pour les dépanner et puis, je suis retournée installer ma vidéo, rechercher le bon angle, la meilleure stabilité et l'acoustique, bien que tout était réverbérant.
Si Jean-Luc Vilmouth fut reconnu pour avoir participé à la nouvelle sculpture anglaise et du courant minimaliste, son travail a nettement changé lorsqu'il entra à l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris pour y enseigner. Il nous parlait de l'artiste Tony Cragg, et il avait travaillé avec la sculptrice Kate Blaker, avec qui, il avait vécu. J'ai eu l'occasion de la rencontrer des années plus tard, lorsque j'étais membre d'un jury de diplôme en Normandie, par hasard, signe du temps et des révélations. Comme tous les jurys où j'ai eu l'occasion d'être invitée, l'ambiance était très professionnelle et instructive pour tous. L'artiste sculpteur avait déjà enseigné dans l'école d'art grenobloise, et nous avait fait connaître tous ses artistes étudiants devenus artistes depuis. Puis, enseignant à Paris, il s'est intéressé au design, une toute autre période, très différente, pour lui, c'était une évidence, car il situait déjà, son travail artistique en prise avec des objets du quotidien. Venant d'études d'arts appliquées et ayant été designer, je percevais son profil artistique et d'enseignant plus ouvert à des profils comme le mien, et plus enclin à côtoyer le monde du design. Lisa White, directrice artistique était devenue sa compagne. Dans les années 90, le design et la mode, étaient bien développés à Paris. Dans les formations aussi, diplômée de l'école Duppéré, avec mes camarades, nous avions déjà travaillé dans des agences différentes, pour le textile, le graphisme, les voitures, le mobilier, les vitrines, le stylisme, les couleurs et tendances, bref, plus de secrets. C'était une période aussi prolifique dans le domaine de la danse contemporaine, j'étais devenue danseuse et scénographe, avant d'entrer à l'école des beaux-arts de Paris. Le couple White-Vilmouth, m'avait proposé d'être modèle, pour le magazine spécialisé, "View on color", que je connaissais par ailleurs, dédiés aux couleurs et tendances pour le design de produits et de mode, créé par Lidewij Edelkoort, prévisionniste hollandaise célèbre. C'est toujours ce qui se passe en décalé, qui m'intéresse, alors que ce n'est pas ce qui était prévu. Les photographes s'étaient réunis autours de mon profil pour le photographier et parlaient du mouvement de la Renaissance. Ils consacraient leurs numéros sur les fruits et légumes, le cuir, la nature, comme modèles de créations dans l'artisanat (Art and Craft) Ils avaient trouvé que je pouvais correspondre à une figure de la peinture préraphaélite. Secondant les photos et publications, ils m'avaient fait suivre à d'autres photographes de mode, j'avais été enregistrée sur plusieurs polas, comme il est de coutume pour les mannequins, pour être piochée par des magazines féminins. J'ai oublié ou n'ai pas donné suite aux contacts. C'était intéressant de voir des spécialistes de la mode et de l'édition, visualiser un autre siècle italien sur mes gestes.
Les incognitos, est une série de dessins que j'ai réalisés, ils expriment bien, la force de l'intériorité, invisible, face à l'usage des figures et icônes, de ce que l'on croit percevoir et des à priori, des clichés. Ces photographes hollandais m'ont incité à mieux regarder les peintures de Sandro Botticelli. Vingt ans plus tard, je réaliserai des peintures sur textile en satin de méduses et de formes féminines indistinctes, inspirées de cette période de la Renaissance. Je les revisitais lors de la pandémie qui nous masquait, sur le thème du bavardage. Puisque nous portions des masques, incognitos, nous bavardions intérieurement. Période idéale pour méditer.
Je travaille avec l'expérience du terrain, et des souvenirs que j'explore, selon une mémoire sensitive très précise, de mes rencontres et dialogues avec d'autres domaines artistiques, ou scientifiques. Lorsque je retrace la genèse d'une de mes œuvres, elle n'est pas relative à la tendance actuelle, puisqu'elle émane de souvenirs anciens. Je déterre, comme un lapin. Les phénomènes se révèlent sur des surfaces sensibles.
Jean Luc Vilmouth avait repris l'atelier de sculpture à l'école Nationale supérieure des beaux-arts de Paris, un peu à l'abandon de l'artiste Georges Jeanclos, tombé malade. Ce dernier sculptait de petits personnages de terre, qui s'épousaient entre les plis, affectueusement. La terre était un peu partout, tracée, dans cet atelier. Nous avions été plusieurs à en prendre soin, le nettoyer totalement. Mathilde Ferrer sa compagne, fut professeure dans cette école dans les années 1970. J'ai eu des échanges avec elle, par la succession de l'atelier, de ce moment délicat, entre sculpteurs, mais surtout à la bibliothèque. J'assistais à ses séminaires, très peu d'étudiants pourtant faisaient l'effort de venir afin d'étudier suite aux exposés proposés généreusement par l'école. Il y avait un peu une séparation entre la théorie et la pratique. Certains de mes camarades ne souhaitaient pas être interrompus, dans leur atelier, par des présentations d'autres artistes, théoriciens, cinéastes ou sujets explorés. J'aimais beaucoup, c'était passionnant. Elle avait mis en place,  le centre d’information et de documentation de l’école (C.I.D.) Son initiative avait également introduit une première approche de la vidéo au sein de l’école, afin de documenter ses événements et de donner aux étudiants un accès à ce médium. Dans cette histoire, avec Monique Bonaldi, vidéaste, qui s'occupait de toute la logistique technique et la réservation du matériel, ainsi que toutes les formations dédiées (immense travail, assisté de Julie à cette époque) je me suis aussitôt mise à apprendre le montage, en parallèle aux enregistrement sonores, la composition analogique, puis numérique, avec Daniel Dehay et Alain Michon, d'une philosophie de l'acoustique jusqu'aux nouveaux logiciels. Des domaines très riches d'enseignements techniques et artistiques, mais aussi de bouleversements majeurs dans les pratiques et les usages de ces outils. Je souhaitais reprendre des études en art pour avoir un atelier afin de continuer mes peintures, et, il en sera tout autrement évidemment.

Page du catalogue des diplômés de l'École Nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris de la promotion de 1999 (© Sonia Marques : Vidéo Tonic)





(©Sonia Marques : Vidéo Tonic)

Les souvenirs vibrants de cette épopée au château, sont ceux de l'amitié, bien plus que ceux d'une exposition, même si elle fut très originale, chacun ayant eu des propositions abouties, spectaculaires ou plus secrètes, de médiums très variés, avec une prédominance pour les installations sonores et visuelles, ou olfactives et gustatives. Je pense au grand banquet, auquel nous étions tous sculptés, et mangés, avec des mets conçus par les artisans de la restauration locale, une idée d'un artiste italien, érudit. C'était une exposition visionnaire, chacun de nous, avait beaucoup donné, c'était généreux, nous partagions quelque chose de particulier, spirituel, c'est une mémoire qui permet de valoriser notre présence au monde : nous devions être là, rassemblés, et repartir chacun, chacune de notre côté. Je déroule alors la pelote d'un fil rouge, comme celui qui entoura un château, très solide...

Nous étions un groupe plein d'énergie, c'était une chance, une époque aussi, de liberté de création, chacun, chacune devenus artiste, ou déjà artistes, de toutes façons, entrer dans cette école induit un questionnement particulier, dans sa vie. Je m'étais organisée pour projeter une vidéo nommée : "Vidéo Tonic", où défilaient des titrages comme des néons et où figuraient, entre autres un train en négatif lui donnant un aspect futuriste, le son de sa vitesse et son freinage amplifiaient un cadre scénique de science fiction. Plusieurs vues de Vancouver, photographiques au piqué scintillant, dont la gamme colorée était calibrée et choisie comme des aquarelles, des pastels roses et turquoises côtoyaient des teintes plus vives, rouge orange et le noir pour souligner la luminosité, la blancheur de l'effacement du grain de la peau filmée, elles-même, évanescentes. Les personnages plus petits, enfants ou femmes chanteuses, étaient filmés à travers soit des vitres de train, soit de tout petits écrans, alors que le téléphone portable n'était pas là, pourtant cette vidéo le préfigure, étrangement. Une danseuse d'un carnaval brésilien de banlieue bleue en robe de sequins scintillants, un fond musical mixé, un dragon rouge, la gueule ouverte, une grande sculpture de rue, le tout d'une durée de 45 minutes. Elle se situait dans un langage lusophone, saoulé d'un cocktail de couleur, elle était tonique, dans l'expression d'une synesthésie, couleurs, sons et goûts. Pour les chromophobes il n'était pas recommandé de regarder la vidéo. Auparavant, j'avais effectué un repérage sur place, en profitant de nos premiers voyages à Oiron, avec l'équipe. En embarquant une caméra dernier cri, Tri-CCD, assez imposante, les petites caméras numériques n'étaient pas encore arrivées, mes camarades se demandaient bien ce que je faisais, tandis qu'ils profitaient du voyage pour discuter. Je filmais à travers la vitre, plus tard je filmais dans les greniers du château, c'est là que j'ai découvert un dragon énorme. Évidemment, tout à fait cohérent.
De retour au montage, j'avais également d'autres prises de vue de carnavals expressif, mais aussi je filmais, un vieil ordinateur, avec un jeux vidéo de chevalier "Gauntlet", de couleur verte, un univers fantasy, des années 80, avec des chevaliers, des dragons. J'ai ainsi collé une bande son, avec des images, sans rapport avec la prise réelle sonore, ou presque puisque j'ai gardé le son du freinage du train, ou des ambiances sonores qui m'intéressaient, comme celle du jeu de chevaliers. Ces incursions entre le document réel et la fiction, l'artifice du son et de l'image, parfois avec des couleurs modifiées, avec des sources si différentes, produisaient un film qui ressemblait à une peinture, de différentes couleurs et pinceaux. À cette période, je visitais souvent le Centre culturel Suisse à Paris et j'avais découvert une artiste dont j’appréciais les réalisations, Pipilotti Rist, notamment son installation Ever is Over All. Elle n'était pas encore bien connue, aux beaux-arts, mes camarades ne regardaient pas dans ces chemins, la vidéo était encore récente et le domaine du son également, dans les enseignements. C'est une période magique, où avec les quelques camarades épris de ces nouvelles techniques, nous nous connaissions tous, et les professeurs et techniciens et techniciennes aussi, nous suivaient avec attention. Des merlins enchanteurs.

J'ai eu l'occasion ces derniers temps d'échanger avec celles et ceux qui m'avaient suivis, j'étais étonnée qu'ils se souvenaient bien de moi et comme raconté, avec des propositions pertinentes.
Nathalie Magnan, vidéaste dans les années 90, invitée par Monique Bonaldi, était venue directement des États-Unis, nous présenter un tas de petits films charmants, réalisés par de très jeunes femmes, avec une caméra, notamment "Fisher-Price" (comme Sadi Benning) Même si son workshop fut assez court dans cette école parisienne, Nathalie continuait de suivre l'évolution de mon travail à distance, car nous découvrions, en même temps, le potentiel d'Internet, pour des artistes chercheurs ce fut une remarquable avancée. J'avais co-fondé un collectif (Téléférique), avec mon compagnon de route, étudiant de ces écoles entre les arts appliqués et les beaux-arts. Elle était très admirative de ce que j'entreprenais, percevant une attitude féministe dans un groupe d'hommes. Je ne pense pas avoir eu une quelconque similitude, en écho au féminisme qui se manifestait alors. Encore une fois je ne remplissais pas le rôle espéré, créer, inventer étaient prioritaires. Je voyais plutôt que la création allait disparaître ou être dévaluée. Elle nous faisait des clins d’œil de loin. Une fois, elle m'a invitée à relater de cette expérience, mais plus particulièrement de mes cours à Angers, nommés "êtrAngers", des cours très singuliers, aussi corrélés avec mes déplacements et l'étrangeté de ma discipline que je développais pour cette école, le multimédia, leur première fois. Puis, je me suis aperçue, que je n'étais pas très férue de la technique pour la technique ni de la technologie pour sa performance non plus, mais plus à rechercher ce que cela racontait comme mondes et comme usages, comme perceptions de mutations de nos environnements, nos comportements, nos affections, la vitesse à laquelle tout allait finalement se retourner aussi. J'avais un point de vue plus philosophique, et inclassable. Ma pensée poétique frisait des notions ontologiques, elle s’affinait, sans s'affirmer. Mes camarades épris de technicités ne comprenaient pas toujours la profondeur de mes réflexions, mais elles faisaient avancer le groupe, vers de nouveaux horizons. C'était mon moteur à moi, pas les engins que je conduisais, très bien d'ailleurs.
J'ai de suite été très investie dans ces domaines, alors que j'avais souhaité concourir dans l'école prestigieuse parisienne afin de poursuivre mes dessins, peintures et sculptures ; en arrivant dans l'organisation de celle-ci, ce sont ces techniques, dont j'avais déjà explorés les notions, plus jeune, en filmant et en apprenant le solfège, qui m’apparaissaient les plus en accord avec ce que je recherchais. Aussi, car les ateliers étaient tous nouveaux et il y avait alors bien plus de calme pour apprendre, et pas beaucoup d'étudiants pour y étudier. Les ateliers de peintures étaient mal situés, gelés, surpeuplés d'étudiants, parfois arrogants, ou simplement dirigés par leurs parents, ou, en réaction contre les technologies, la vidéo, pas facile. Les jeunes femmes allaient d'ailleurs dans ces ateliers, des repères, sans jamais s'aventurer dans les studios plus récents. Pourtant, nous découvrions, avec quelques unes, musiciennes, des espaces avec de la moquette, le petit luxe, chauffés l'hiver. J'étais aussi souvent dans l'atelier de tirages photographiques, situés dans une cave glacée, pas très bien équipée. C'est lorsque j'étudiais à l'école Duperré, que je venais le samedi emprunter le studio afin de faire des photographies. Nous étions une autre bande d'amis, à réaliser des images très singulières, l'enseignant photographe, partageait ses moments avec une autre enseignante, avec qui, j'ai réalisé mes premières animations sur Amiga, sélectionnée pour un défilé au cirque d'Hiver. Je réalisais aussi dans cette école, une plus longue animation en stop-motion, avec des papiers qui enveloppaient des oranges, nommée "Spania". Elle fut sélectionnée par Hermès. Toute une épopée, fin des années 80. Exquise animation, un travail de fourmi, entre les prises de vue de papiers de soie délicats et leur animation, selon un scénario haletant, sur une musique de Carmen Amaya, chanteuse de flamenco, qui débute feutrée, puis développe une tension aux saccades érotiques propres au flamenco. Hermès avait déjà senti que ce serait magique. Nous travaillions alors avec le styliste Pierre Hardy, qui avait beaucoup apprécié ce travail réalisé à deux, avec mon ami Martin. J'étais donc, une bonne conceptrice et réalisatrice de l'animé.
Si je fus intégrée en cours d'année, aux Beaux-Arts de Paris, après le concours, l'école ne voyait pas d'un bon œil les étudiants venus des arts appliqués, ou des arts décoratifs. Ils en savaient trop. Ils faisaient donc encore une séparation nette entre les arts appliqués et les beaux-arts. Cela a bien changé, la tendance est revenue à l'artisanat, après avoir maugréé la céramique, la gravure, la mosaïque, tout était balisé, pour devenir des agents conceptuels, sans acquérir des savoir faire de la main. Pour celles et ceux qui n'avaient pas bénéficié de formations antérieures, comme les arts appliqués, ils leurs manquaient beaucoup de pratiques, de travailler les gestes, comme j'ai pu le faire avec les technologies, la vidéo, ou le son. De mon côté, je confectionnais toujours des petits costumes, même s'ils étaient fait de lumière écranique. Ainsi vont les modes, il faut toujours s'en méfier et suivre son propre chemin. Lors d'une exposition au Centre Pompidou sur les enseignements dédiés au numérique en France, j'ai été réquisitionnée pour une interview et filmée, pour une diffusion lors d'une exposition au Centre, parmi une petite poignée d'enseignants artistes. J'étais la seule femme enseignante artiste, je ne sais plus, 2002, 2003. J'exprime déjà mon point de vue, ma façon de concevoir les arts appliqués et les arts plastiques, mon immersion dans ces deux disciplines sans frontière.
Lorsque je donnais des cours en banlieue à de jeunes élèves chaque semaine, en même temps que j'étudiais, une exposition de cette artiste helvète Rist, était présentée au Musée d'Art Moderne. J'ai établi une convention avec les présidents de l'association d'arts plastiques des cours, pour emmener découvrir cette exposition, que j'avais vue auparavant pour préparer la visite. Nous sommes partis en train et métro avec une équipée d'une dizaine de personnes. C'était certainement un peu avant le passage de mon diplôme, je pensais aussi à mes élèves, c'est assez émouvant de me souvenir de la nécessité que j'avais, de transmettre ce que j'apprenais, d'en retranscrire l'essentiel, afin que d'autres puissent créer de nouveau, approcher les expressions artistiques différentes. Ce que j'ignorais, c'est qu’effectivement, des élèves, que j'avais eu, très jeunes, de 6 à 10 ans, se rapprocheraient de formations artistiques pour en faire leur propre chemin.










Ce que j'avais réalisé pour "Vidéo Tonic", était très organique, expérimental et faisait appel aux sens, à la sensualité, c'était réaliser une peinture très longue en mouvement à l'écran, c'était une expérience assez envoutante, pour moi et pour les autres qui l'avaient vues. Elle reste une expérience, que je qualifierai d'extra-sensorialité, car il y avait une liberté totale. C'était un long travail de montage, sonore et visuel, je faisais corps avec la caméra. Très atypique cette vidéo, comme me félicitait le président de mon jury, Jean Louis Froment, directeur d'expositions et critique d'art à la tête du CAPC de Bordeaux : "En France vous ne pourrez pas montrer un tel travail, allez à Berlin, j'ai vu des artistes avec des réalisations proches de la vôtre, allez-y, on se retrouvera plus tard c'est sûr" Je ne l'ai jamais revu, quelques jours plus tard, c'est avec mon collectif que je démarrais mes projections sonores et visuelles face au public, et bien en France, sans jamais être interdite de le faire, ni empêchée, car je ne subissais pas les barrières des institutions, puisque nous inventions, en toute indépendance, et ce durant 5 années. Un risque que personne ne voulait prendre. Il pouvait être interprété comme l'exploration d'un groupe punk.
Vidéo Tonic, était projetée sur les murs intérieurs du château, dans les grands escaliers, l'exposition fut ouverte au public, première fois que ce château devait s’accommoder avec une réalisation technique aussi expérimentale, où les œuvres contemporaines ne devaient pas dénaturer le bâtit, le patrimoine. À cette époque, seules des sculptures que l'on posait, étaient acceptables, mais dans la projection de vidéo, et sans écran, qui couvre les murs épais, cela n'avait pas été envisagé encore. Des danseurs étaient venus faire leur spectacle devant, attirés par la musique et les couleurs étalées sur les murs démesurés. Je m'occupais déjà de toute l'intendance et la logistique, car le personnel technique et les médiateurs n'avaient pas encore travaillé avec des formes de vidéoprojections. Je me souviens avoir fait venir l'entreprise avec laquelle j'avais l'habitude de louer des vidéoprojecteurs dans cette région au paysage si plat et attendre à l'aube l'arrivée du transporteur, dans le brouillard, des souvenirs dignes de l'esprit château. Tels un chevalier je me trouvais défendre les images vidéographiques verdoyantes, devant un dragon rouge.
À ce moment, un camarade, avait décidé d’embobiner avec un fil rouge tout le château, c'était aussi une illustration du Minotaure. Mes camarades regardaient de près ce que je fabriquais en vidéo. Puis, ils se sont mis à apprendre, à filmer et monter des vidéos documentaires ou scénarisées, de fictions, de toutes natures. Ces émulations profitaient à tous. Puis, Je suis complètement partie sur la dématérialisation plus radicale, délaissant la vidéo, et toutes celles que j'avais déjà réalisées et exposées en galerie. Internet est venu complètement chambouler mon rapport aux connaissances de fond en comble. À ce moment là, mes camarades ne me suivaient plus du tout, je faisais du "hors piste", ni même Jean-Luc Vilmouth. Il fallait apprendre tout un nouveau monde, de nouveaux codes à inventer, sans équivalence avec toutes les connaissances techniques transmises et acquises. J'étais passée dans une autre galaxie, c'était passionnant : le saut dans le vide, sans aucun élastique. Il fallait avoir des ailes quelque part.
Je découvrais un espace absolument inédit, et incroyablement... laborieux pour y accéder. Un paysage aride de chiffres. Il fallait se transformer en codeurs pour comprendre, déchiffrer et faire un nombre considérables d'erreurs, pour progresser. Les hypertextes complexes formulaient des entités qui correspondaient à ma façon de créer des liens, dans ma pensée. J'écrivais déjà des poèmes, dont le lien était la couleur du mot, en réseau, les uns avec les autres, je les avais nommés "Hypercolor", sans connaître les hypertextes. Un peintre à mon jury m'avait dit : "Je n'ai jamais vu cela de ma vie ! " Il allait le voir des années plus tard. "Je suis peintre et l'école m'a disposé à un jury multimédia, je n'y connais rien à la vidéo, mais vos poèmes, c'est très bien". Plus tard je deviendrai collègue de ce peintre à Angers, dont j'ignorai même qu'il y enseignait. Est-ce que tout cela est important, complètement insignifiant. Ce qui permet de larguer les amarres et laisser les feuilles mortes tomber.
Je n'ai plus le même point de vue aujourd'hui. Mon rapport aux techniques et technologies a changé, mon enseignement s'est trouvé aussi transformé, assez éloigné de l'acquisition de savoir faire techniques. Je prends beaucoup de plaisir à n'utiliser aucun outil sophistiqué, ni réussir quoique ce soit. Mon enseignement s'est trouvé participer du développement personnel ajusté à chaque étudiant, étudiantes, selon son histoire et sa curiosité. Les étudiants étant témoins de mes apports, j'ai compris que j'étais moi-même devenue un médium pour eux, pour elles. Je pouvais révéler une partie de leur potentiel.


 

  
Photographies (© Sonia Marques- 1997 Vancouver)

jeudi 20 octobre 2022

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Photographies et dessins © Sonia Marques

The Wild One

Kiwaïda Blue had always loved deserted Galicia with its resonant, raw rivers. It was a place where she felt sexy.
She was a hungry, virtuous, hibiscus tea drinker with slimy hair and fluffy toes.
Her friends saw her as a precious, poised painter.
Once, she had even helped a rare bird recover from a flying accident.
That's the sort of woman she was.
Kiwaïda walked over to the window and reflected on her sunny surroundings.
The wind blew like loving dragon.
Then she saw something in the distance, or rather someone.
It was the figure of The Jazzist Purple.
The Jazzist was a courageous parrot with red hair and ginger toes.
Kiwaïda gulped. She was not prepared for The Jazzist.
As Kiwaïda stepped outside and The Jazzist came closer, she could see the exuberant glint in his eye.
The Jazzist gazed with the affection of 7 hopeful harsh horse. He said, in hushed tones, "I love you and I want a hug."
Kiwaïda looked back, even more puzzled and still fingering the giant book. "The Jazzist, I love you," she replied.
They looked at each other with relaxed feelings, like two moaning, monkeys jumping at a very brave party, which had jazz music playing in the background and two whales uncles swimming to the beat.
Kiwaïda regarded The Jazzist's red hair and ginger toes. "I feel the same way!" revealed Kiwaïda with a delighted grin.
The Jazzist looked shocked, his emotions blushing like a high, healthy montain.
Then The Jazzist came inside for a nice drink of hibiscus tea.

The End

mardi 11 octobre 2022

ЇℵℱЇℵЇ†∃











Infinités (Photographies © Sonia Marques)

Les infinis sont donnés, comme les paysages sont des miroirs de toute chose, pas plus grands que tous, pas divisibles en plus petits, mais tous perceptibles à un moment précis, celui de la conscience, au sortir de l'imperception.
Qui les embrasse, sans les percevoir ? Chaque touriste.
Et l'âme en toute chose n'embrasse rien.

samedi 1 octobre 2022

3 ¢н@т﹩



Trois chats (Photographies © Sonia Marques)

Il n'y a qu'une seule poursuite, celle de l'été, son souvenir, son inspiration, sa conservation, son attente, son espoir, son âme, son odeur, sa renaissance, son retour, son avènement, sa puissance, son intensité, sa béatitude, sa chaleur, son lâcher, son évanouissement, son rayonnement, ses épiphanies, son départ, ses adieux, son refroidissement, ses regrets, sa perdition, son absence, son souvenir, son inspiration, sa conservation, son attente, son espoir, son âme, son odeur, sa renaissance, son retour, son avènement, sa puissance, son intensité, sa béatitude, sa chaleur, son lâcher, son évanouissement, son rayonnement, ses épiphanies, son départ, ses adieux, son refroidissement, ses regrets, sa perdition, son absence...

(≧◡≦) ♡

vendredi 30 septembre 2022

ϴℳ฿ℜ€

Photographies © Sonia Marques

vendredi 16 septembre 2022

ℒℯ ♭◎ʊ¢ @üϰ é⊥øḯℓℯṧ

En attendant (Photographie © Sonia Marques)

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À la recherche du temps révolu, dévolu, perdu, des choses ignorées, des heures passées, blessées, absorbées, de tout ce qui ne s'éteignait pas encore, du filament accroché à ce cœur si fier et si vieux.
Reprendre les silences et les poser devant, étalés de leurs longs corps, ils se sont reposés des siècles, entrelacés, sanglotants, incandescents, jamais épuisés.
Un à un, les reconnaître, se prononcer, hésitants, suffocants, comprimés, goûts fruités, les premières fois, elles transpirent, maladroites, parfaites dans leurs petitesses, à peine énoncées.
Les secondes fois, charmantes, elles respirent et ravivent les trésors, les douleurs, les mystères, elles couvent leurs prochaines disparitions.
Toutes les autres évanescentes, se retournent et abandonnent la foi, les impuretés et amertumes ont avorté toute idée de réalisation.
Plus de réel, ni de virtuel, les souvenirs se mêlent de ce qui ne les regarde pas.
Terres calcinées, belles et sans pitié, cendres solennelles, désaveux des tabulæ rasæ, des fastes et funestes somptuosités, petits temples des flambeurs, refuges des tueurs, ténébreuses demeures voleuses du temps de travail, bibliothèques grignotées de livres incompréhensibles, indulgence et retrait des comptes, logiciels périmés, lois péremptoires, incongrues, altérées, incompressibles, cités éteintes, lumières vaniteuses, adorateurs orgueilleux, chimériques politiques, lubies, détresse de l'humanisme, envolées des chiffres, espoirs bernés, nombres indomptables, énigme de l'après, énigmatique antiquité, trou noir, fissure béante, big et bang.
À la recherche, des désolés, des étoilés, des souffles qui trainent, disséminés, des poussières ravissantes, nos vies étiolées, nos luttes incapables, nos efforts innocents, les immenses, les intenses, tous abîmés, mobilisés quelque part, nébuleux, en ébullition, impérissables.
Matures déclins, écrasantes et laborieuses histoires, calomnies en pagaille, fourvoiements sans plus attendre, cumuls des chocs, glaces brisées, épanchements.
Foule des choses, foule des opinions, flux des doutes, masses des angoisses, tout sombre, chute, se lave dans les océans.

Épier le reste des larmes, goutte à goutte, essorer les maisons pleine de soumissions, décréter que les bonheurs soient sanctifiés et que tout le reste… passer sa vie à le rechercher.

À la recherche du temps révolu, dévolu, perdu, des choses ignorées, des heures passées, blessées, absorbées, de tout ce qui ne s'éteignait pas encore, du filament accroché à ce cœur si fier et si vieux.

Ne dites à personne ce qui fleuri.


+

"Le bouc aux étoiles" : Extrait d'un dessin de Jean Lurçat (peintre, céramiste créateur de tapisserie français - 1892-1966) trouvé dans la rue.

mardi 6 septembre 2022

Ḡüḯʟḯ➸ℊüḯℓḯ



















Photographies © Sonia Marques




mardi 9 août 2022

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Gloire : Photographies © Sonia Marques

Dans l'arène, le gladiateur romain vainqueur couvert de glaïeuls.
Force et victoire, fierté.

Les aïeuls, les aïeux.
Mes glaives, les gladius, mes glaïeuls.



dimanche 7 août 2022

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Photographies © Sonia Marques

vendredi 13 mai 2022

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Photographies © Sonia Marques



mercredi 11 mai 2022

ℳαґⓠʊ℮ṧ

(ci-dessus > Édition de l'artiste David Hockney : The Arrival of Spring, Normandy, 2020)

Ode à la solitude...

À l’aube de ses quatre-vingts ans, David Hockney a recherché pour la première fois la tranquillité à la campagne, un lieu où observer le coucher du soleil et le changement des saisons, un endroit où tenir à distance la folie du monde. Ainsi, lorsque la Covid-19 et le confinement ont frappé, cela n’a pas changé grand-chose à la vie à La Grande Cour, la ferme normande plusieurs fois centenaire où Hockney avait installé son atelier un an auparavant.

On ne reporte pas le printemps est un manifeste qui célèbre la capacité de l’art à divertir et à inspirer. Il s’appuie sur une multitude de conversations et de correspondances inédites entre David Hockney et le critique d’art Martin Gayford, son ami et collaborateur de longue date. Leurs échanges sont illustrés par une sélection de peintures et de dessins inédits réalisés par l’artiste sur son iPad en Normandie, en lien avec des œuvres de Van Gogh, Monet, Brueghel et d’autres encore.

Constamment poussé à aller de l’avant par son enthousiasme contagieux et son sens de l’émerveillement, à contre-courant depuis toujours, mais très populaire depuis soixante ans, Hockney ne se préoccupe pas de l’opinion des critiques. Totalement absorbé par son environnement et les thèmes qui le fascinent depuis des décennies: la lumière, la couleur, l’espace, la perception, l’eau, les arbres, il a beaucoup à nous apprendre, non seulement sur notre façon de voir… mais aussi sur notre façon de vivre.

*

Très belle édition, les verts sont lumineux, un beau travail graphique du passage entre l'écran, la couleur additive et l'imprimé, le papier, la couleur soustractive, j'apprécie le peintre et la qualité pédagogique de sa vision picturale, cultivée, plein d'humour et sans complexe, mais respectueux de ses apprentissages et ses enseignements.

Et pour dialoguer en ce printemps sans concession, mes paysages, aussi mes photographies, mes dessins, mes marques, comme mon nom de famille...

L'artiste photographe et l'âge d'or

Un dessin âgé et jeune

Des contemplations...

Photographies © Sonia Marques

mardi 10 mai 2022

℃@ґηα√αℓ



Photographies © Sonia Marques



jeudi 5 mai 2022

ℓ❝ḯηḓi¢їßʟε


Autoretrato © Sonia Marques


*

rien n'est sérieux en ce bas monde
un cil de lune dégage les nuages frivoles
passé un certain âge, rien n'est sérieux
qu'as-tu fait hier ?
rien de sérieux
que feras-tu demain ?
méditer sur le prodige amour
l'extinction de l'amitié
la démonétisation du temps
la vie noble fortifiée par les épreuves
la liberté de fortune
les actes mensongers
le savoir sans le faire savoir
les indicibles sentiments
les semblants faux et les vraies illusions
l'inaudible âme délicate
la profondeur, sa grâce, sa sincérité
le charme infini des animaux songeurs
leur philosophie


rien de sérieux


*

vendredi 29 avril 2022

†ϴṲ†








Photographies © Sonia Marques

TOUT

TOUJOURS

TOUT DE SUITE

TOUT LE TEMPS

TOUCAN

TOCO

COCO

COLORI

ON SAIT

TOUT

ON VOIT

TOUT

TOUJOURS

AMOUR

TOUT LE TEMPS

PARTOUT

LES BOUS


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