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mercredi 24 mai 2023

é¢üя℮ʊḯʟ
















Photographies © Sonia Marques


Une scène :

Un albinos au bord de la piscine, pendant les préparations des jeux paralympiques, il s’assoit avec sa mère. Il a 10 ans, tous deux, l'un blanc et l'autre noire, tentent d'être les plus invisibles sur les côtés du bassin de 50 mètres. Ils sont les plus visibles, les plus impressionnants, les plus photogéniques, selon un point de vue d'artiste ?
Photographe, j'observe la scène, sans prendre de photo, comme souvent. Les photographes ont un regard, il peut, être prédateur, il peut être contemplatif, il peut être attentif, coloriste, peintre, il y a, dans tout regard, et dans chaque regard photographique, une vision, comme, il y a aussi, aucune vision, dans un regard, même celui de photographes.

Dans certains pays d'Afrique subsaharienne, (Kenya, Mali, Tanzanie, Burundiils) et au Malawi, pays enclavé du sud-est de l'Afrique, les albinos sont en danger de mort, car ils sont traqués et tués à des fins de sorcellerie. Leurs membres et leurs os sont utilisés par les sorciers pour des rituels censés apporter richesse et pouvoir. J'ai étudié le sujet, il y a quelques années, car il s'intégrait dans mes recherches plus vaste sur l'isolation, et, avec ce sujet alarmant sur ces questions des albinos et les croyances, j'ai été sensibilisé à ces histoires réelles et dramatiques. Les albinos sont persécutés jusqu'après leur mort, car leurs tombes sont profanées, dans certains pays, selon certaines croyances.

Je réalisais des juxtapositions de sujets sociétaux, avec le regard photographique et la traque, (avec l'appareil à images fixes mais aussi la caméra, d'images en mouvements et de captation sonores) Dans ce paradoxe, mon utilisation de technologies de captation, tente d'être consciente de l'objectif premier de ces objets militarisés, et de l'utilisation de camouflage, la plus usité : voir sans être vu, notamment dans un milieu naturel, dans une forêt. Dans les arts plastiques, la photographie a souvent prit comme modèle, et pour des documentaires, l'aspect très photogénique et d'absolu étrangeté de l'albinisme, dans l’apparence d'une différence. On l'observe aussi du côté des mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens, reptiles, dotés de cette mutation génétique et héréditaire, qui affecte la pigmentation et se caractérise par un déficit de production de mélanine.

Mon regard, se pose là, avec ces connaissances et cette attention. Nous sommes dans un tout autre décor, une piscine bleue, au cœur de l'Europe. Il n'y a pas de croyances, ni de sorcelleries, et pourtant, demeure l'instinct. Cet enfant porte des petites bouées à ses bras et à sa taille, il ne veut pas aller dans l'eau. Sa mère tente de le persuader, avec l'accompagnement d'un nageur professionnel, très musclé, mais peu apte à comprendre la peur de l'enfant. Celui-ci monte et descend, plonge et s’assoit auprès du jeune garçon, sans parvenir à le convaincre d'aller dans l'eau, ni même à lui donner l'envie de goûter l'eau bleue, qui est un peu rebutante, tant elle est chlorée. Il n'a pas non plus l'idée de l'engager à voir sous l'eau, avec ses lunettes, ce que cet enfant fera de lui-même plus tard, et c'est un monde qui s'ouvre. Le professionnel parait comme  handicapé, inadapté à cette situation. L'enfant crie "Je ne sais pas nager, je ne sais pas nager". Il crie si fort, qu'il attire l'attention vers cette scène particulière, et tous les nageurs et les nageuses sont interpellés par ces cris poignants, comme si on lui arrachait ses membres. Le nageur, qui devait faire la leçon, est embarrassé, car, il ne peut obliger cet enfant à sauter dans l'eau, comme parfois, à tort, il arrive que des jeunes soient poussés dans l'eau, et cela a un effet, qui peut être traumatisant. Il existe encore ces méthodes peu efficaces et contre-productives, pour lutter contre la phobie de l'eau, et de nager. L'enfant crie de toutes ses forces, assis au bord de l'eau. Le nageur et sa mère, en viennent à lui chuchoter quelques chantages attentionnés, l'obligation de le faire. Mais il réplique de plus bel "Je ne vais pas aller en prison, je ne vais pas aller en prison, si je ne vais pas dans l'eau !". Il fait esquisser un sourire malaisé : "Mais non, tu ne vas pas aller en prison", ce qui sous entend qu'il a le droit de ne pas vouloir aller dans l'eau.

Cette phrase peut paraître anodine, scandée devant un public de nageurs et nageuses, un bassin assez grand préparé pour les jeux paralympiques, mais elle prend tout son sens aujourd'hui. Cet enfant connait ses droits et il crie, devant témoin.

Personne ne peut obliger un enfant, ou un adulte à faire ce qu'il ne veut pas , surtout lorsqu'il a peur, une peur bleue.

Puis, la mère a une idée incroyable, elle décide de s'asseoir à côté de lui, au bord de la piscine. Tous deux, côte à côte, il vont, assis, parcourir, de côté le bord de la piscine, une chorégraphie grotesque, et audacieuse, osée, elle devient très touchante. Cette mère emmène son enfant plus loin, assise à ses côtés, elle l'accompagne et se met à son niveau, quitte à ce que toutes les autres personnes les regardent, dans ce ballet enfantin, novateur, assez dingue, face à ces rangées de nageurs, parallèles, tel des "terminators" en train de nager à toute allure. Eux, les idiots, ou les artistes, ils avancent assis, comme des crabes, se soulevant avec leurs mains, et se déplacent à leur rythme, pour faire les 50 mètres. L'enfant rigole, l'enfant est heureux, l'enfant prend de l'allure et de la confiance, c'est un jeu. Ils commencent à se coordonner, c'est une bête à quatre jambes et quatre bras qui marche de côté avec le poids de leurs fessiers, mi-culbutos, mi-culs-de-jatte, et infiniment chorégraphes, tels des danseurs contemporains. Ils s'élancent et l'enfant rie aux éclats. Si j'observe la scène avec délicatesse, tous les autres en font autant. C'est avec respect et empathie, avec un regard compatissant, que nous accompagnons cet enfant et sa mère, au bord de l'eau. De toutes nos forces, nous regardons, mais nos yeux sont comme des mains, des bras, des encouragements, nous sommes tous avec eux et pour eux, pour vaincre la peur. Peut-être réalisons-nous, que nous ne pouvons rire comme eux, en faisant la même chose, et pourtant, si une chaîne de nageurs, parcourait le tour de la piscine, laissant le carré bleu vide, c'est tout un espace qui s'offre différemment et une toute autre façon de regarder l'eau, de faire du sport, de s'entraîner, s'entraider, mais c'est là mon imagination qui prépare sa chorégraphie, la danse des albinos et des parents. Un peu comme le tableau de La danse du célèbre peintre Matisse, mais avec de nouveaux protagonistes.

Photographe, cette scène suffit à créer, dans ma mémoire sensorielle, une force inouïe, qui remplace toute volonté de capturer, de photographier, ce qu'il se passe est de l'ordre de l'humain et de l'intime, ce qu'il se passe restera dans ma mémoire, de photographe, ou de nageuse. Pas besoin de le montrer, de garder une trace par l'image.

C'est dans cette ambivalence de l'image, que j'explique ma façon de voir et photographier. Il y a des moments, des évènements, que je garde comme photographiés, en moi, mais dont je me suis passée d'en garder une trace, même si j'avais les outils, le pouvoir donné par une société gagnée par la consommation d'images. Cet enfant qui parvient à crier et alerter m'a beaucoup ému, car sa force faisait écho à ce que l'on ne parvient pas à réaliser, lorsque l'on nous oblige à faire des choses que l'on ne veut pas, ou, dont on a peur. Même si j'imagine, que sa vie n'est pas en danger, comme elle peut l'être dans les pays d'Afrique subsaharienne, ce cri me fait penser, qu'il vient de loin, de très loin. De cet instinct, de ce savoir, ce qui est proie et ce qui est prédation.

Si l'enfant ne sautera pas dans l'eau, s'il ne nagera pas cette fois-ci, c'est très bien. C'est que le "Non" a prit là tout son sens, toute la place. Et, c'est l'assurance qu'il sera respecté, que son corps et le temps, en accord, feront leur temps, rien ne presse. Il gardera en mémoire ce moment, son refus sera celui de son temps à lui. Le capacitisme ou le validisme sont des oppressions communes. Nous pouvons mais le plus souvent, nous ne pouvons pas, avoir conscience des normes sociales. Mais lorsque nous comprenons que des personnes non conformes à cette norme doivent s'y conformer, et se trouvent oppressées, ou infériorisées moralement et matériellement, en comparaison aux personnes valides, nous comprenons alors ce qu'est une norme sociale. Nous vivons dans un système de valeurs et de pouvoir, et les handicaps (visibles ou non, lorsqu'il s'agit de troubles psychiques) sont perçus comme des erreurs, voir des échecs, alors que les évènements de la vie conduisent à une diversité, au sein de l'humanité.

On peut se demander qui veut ressembler à un homme musclé qui nage comme un terminator et éclabousse tous les autres ? Qui sont ces terminators qui décident que toutes les lignes leurs sont acquises comme un droit alors qu'ils ne sont ni des poissons ni des planctons et que ces couloirs sont empruntés par différentes personnes. Je nage avec des unijambistes, moins bien qu'eux, ou depuis des années, un homme a perdu son pied et est un excellent poisson dans l'eau. J'ai perdu aussi de mes facultés de confiance en moi, lorsque j'ai été violentée, dans mon milieu professionnel, et la reconstruction par l'eau m'a beaucoup aidé. Comme d'autres, il n'y avait rien de visible dans le handicap, les évènements de la vie m'ont conduites à être moins valide qu'avant ou que la norme sociale. Par ces réflexions, j'ai élaboré une partie de mes recherches, non pas sur la différence des autres, mais en apprenant de ma différence, également. Nous sommes tous différents. Ce qui nous arrive, nous arrive différemment.

Il est question de capacité, dans ce que je décris, de connaissance de ses limites.

Autre chose, qui m'a semblé poignant dans ce cri, salutaire, et éminemment singulier, qui sortait du lot, des moutons de Panurge.

Si cette scène fait écho, dans ma vie, c'est que l'albinos parvient à réaliser naturellement, ce que d'autres ne pourront jamais parvenir à réaliser. Il y a des traumatisés, des victimes n'ont pu crier, ni clamer leur innocence, dans leur vie, et ont été accusées à tort. Les prédateurs et prédatrices savent repérer des victimes choisies, pour leur rareté, leur exception, leur préciosité, leur vulnérabilité, leur sensibilité, le plus souvent pauvres, et sous menaces. Les formes de prédations sont toutes différentes et à des fins de perversions, elles inversent la réalité. La menace fait taire, la fausse accusation utilisée par des personnes de pouvoir, souvent politisées, qui connaissent bien toutes sortes de stratagèmes pour faire peur, pour terroriser l'autre, est le signe d'une grande faiblesse du prédateur ou de la prédatrice. Les personnes prédatrices ignorent les capacités d'autrui, elles dépassent les limites, violent les droits. Ces personnes prédatrices qui violent, ignorent leur propre capacité. Car, elles dépassent leurs propres limites. Ces personnes sont limitées, intellectuellement, pour agir ainsi. Sans aucune conscience de leurs agissements et des conséquences, sur l'être vivant, la terre, le spirituel, elles agissent bêtement en mettant en danger un écosystème, mais aussi le-leur. Ce sont des dangers publics.

Les discriminations, dont sont victimes les albinos, dans certains pays, fomentent une disparition méthodique. Si les droits de l'Homme ont été alertés et préconisent de former les policiers, les procureurs et les magistrats pour améliorer la connaissance du cadre législatif et la coopération entre la police et le ministère public, c'est aussi une réflexion, à mener, il me semble, dans notre pays, pour tant d'autres formes de discriminations. Les forces de l'ordre, si elles étaient formées, les magistrats, les procureurs, ainsi, pourraient discerner, comment, de nos jours, ils sont utilisés par les gens de pouvoir, afin d'avilir les victimes, sans aucune protection, ni représentant, et surtout, dans l'incapacité de parler, et clamer leur innocence.

J'admire la défense de ces personnes qui crient.

Il m'est arrivé de crier sans craindre la honte pour défendre des opprimés, il m'est arrivé également, de me taire pour ne pas affaiblir un écosystème déjà fragilisé, prendre sur moi, lorsque seule, je fus attaquée à la place des autres.
Il m'est arrivé de faire des erreurs et de ne pas avoir entendu les limites de l'autre, surtout enfant, cela forge à une discipline plus fine, et adulte, l'expérience nous apprend que les erreurs ne sont pas destinés qu'aux enfants, et qu'elles se renouvellent aussi longtemps, elles s'inscrivent durablement jusqu'à former : l'expérience de la vie.

Ce ne sont pas des positions confortables, et, comme cet enfant et sa mère, qui marchent en crabe assis, au bord d'une piscine olympique, devant tout le monde, le ridicule ne tue pas, c'est une étape vers la liberté.

Il fut curieux cet écureuil à la queue noire, rencontré sur le chemin des pavés des ponticauds.

Qu'il était agile et si habile à disparaître loin des êtres humains !

Parfois, on rêve d'être un écureuil et parvenir à grimper si haut, devenir inaccessible à tout danger public. 


mardi 1 juin 2021

ᓰ ᗯᗩﬡ♈ ﬡᗢ♈ᖺᓰﬡ'

Don't feel shame Talking back, don't feel shame Saying no, saying no, saying no Dressed up, letting go, letting go Dirty mouth, don't feel shame Stepping out of the frame

dimanche 21 juin 2020

♥ℯґ﹩ ʟ℮﹩ ʝøüґṧ μ℮їℓłℯʊґ﹩

Plonger dans les jours meilleurs pour aller de l'avant, jeter ce que l'on ne veut plus, respirer avec le meilleur, dans les chemins de l'expérience amoureuse.
Tu as toujours été là, nous avons été là, nous irons plus loin.


Photographies © Kiwa & Thejazzist

Des peintures que j'ai réalisées, impressions sur plexiglas...

Un nougat qui nous aimait, en fait une nougatine...

Des tissés divers et variés, et des peintures de tissages...

Tu as toujours été là...

Des dessins joyeux, des farandoles et rubans fantaisistes...

Du raku et de l'indigo...

Mon oiseau bleu, mon ange...

Survivre... Vivre... Sur l'épaule... Résister...

Trouver les ruisseaux aux sources des plaisirs...

Confiance...

La paix...

Limoges... Lucides...

L'art...

La constance...

Le verbe aimer...

*

« Rares sont en effet les relations uniquement fondées sur ce que chacun sait de façon démontrable de l’autre, et rares celles qui dureraient un tant soit peu si la foi n’était pas aussi forte, et souvent même plus forte que les preuves rationnelles. »
Écrivait le philosophe Simmel, sur la relation de confiance.

Je lisais sur "la confiance" :

Toute relation de confiance serait un premier pas risqué, un saut au-delà de la certitude. On ne peut exiger la confiance, cela aurait pour conséquence de repousser l'émergence de la confiance. Le premier pas risqué du pari et de la foi, ne se commande pas. Dans le premier pas, l'individu qui avance et expose sa confiance se trouve dans une position de vulnérabilité, seulement s'il se trouve dans cet état, il peut alors attendre, se mettre à disposition, formelle et normalisée, que sa confiance ne sera pas déçue. Si la réciprocité n'est pas présente, il s'agit d'amener l'autre à la réciprocité, l'initiatique d'un premier don entraine un contre-don.

Un acte qui force le respect n'a pas de caractère obligatoire.
La condition de la préservation.
Si les comportements opportunistes sont sanctionnés, l'absence de communication est un problème différent et conduit ineffablement à la méfiance. Car la confiance nécessite des points d'appuis pour se développer.

Dans un milieu carcéral, on parle de "balance" et de traîtres", et de "complices". Il est des entreprises, des institutions, où ces types et modes, ressemblent à ces langages basés sur la loyauté. Sauf, qu'il faut discerner un lieu carcéral, d'une entreprise, d'une institution toute autre.

Les comportements opportunistes ou liés à la trahison peuvent-être érigés en comportements exemplaires. Ce qui détruit les moteurs de la confiance, dans une société, puisque l'incertitude prévaut, dans toute relation de confiance. Il se situe entre le savoir et le non-savoir.

L'impasse collaborative est dû à une absence de confiance et le sentiment d'inquiétude, que l'on peut constater en France, peut être nourri par l'injustice et le ressentiment. Le recours et les procédures en justice, enlèvent l'ingrédient indispensable de la protection d'une communauté, de son corps. S'il n'était pas possible de se fier aux autres, toute interaction deviendrait incertaine.

« Celui qui sait tout n'a pas besoin de faire confiance, celui qui ne sait rien ne peut raisonnablement même pas faire confiance »  écrit encore Simmel.

Ainsi je crois au lien, c'est un travail et un effort, qui ne demande pas d'effort, dans le sens qu'il n'y a pas de force, sur l'état donné. La paix, à mon sens, est la notion la plus difficile, la plus essentielle, pour vivre ensemble. Chacun avance avec le pardon. Après avoir réfléchi sur les notions abordées par Jankélévitch, autre philosophe, il me semble que le pardon est lié à l'individu et son histoire, quasiment, son karma. Si le pardon, c’est renoncer à l’espoir que le passé aurait pu être différent, nous pourrions accepter les maux du passé comme une fatalité heureuse : le passé devait être ce qu’il fut pour qu’une personne puisse devenir ce qu’elle souhaite être. Pardonner serait toujours pardonner sans avoir le pouvoir d’accorder le pardon. Pardonner l’impardonnable, n'est pas un pouvoir, car il se situe dans l'impossible, c'est une forme de courage qui le transcende. Le courage de pardonner n’existe pas avant la situation dans laquelle je suis appelée à être courageuse. Je trouvais intéressant cette idée, selon Jankélévitch, que se faire Dieu pour l’homme est toujours diabolique, car se faire Dieu parmi les hommes, c’est rendre l’existence des autres hommes impardonnable en souffrant sa propre impossibilité d’être.

Même si l'on se pose continuellement la question de l'impardonnable au regard des atrocités historiques, il me semble que l'impardonnable doit pouvoir être, lorsque l'on considère que le mal radical est placé dans le mal, l'enfer, et ne se tient plus dans l'humain (tel que Hannah Arendt avait déjà exposé ce discernement) Considérer qu'une agression consiste très exactement à rendre l’existence de l’Autre impardonnable, ce serait déchoir la victime de son humanité qui est dégradée en animalité. Considérer qu'un ou qu'une agresseur.e puisse avoir été victime, par le passé, et reproduise le mal, c'est considérer l'agression comme "humaine" et donc s'orienter vers le pardon, comme se pardonner soi-même, de ne pas avoir été à la hauteur d'une défense. C'est humain, tout simplement. C'est rétablir la confiance en soi.
Pour l’impardonnable et les questions historiques, de guerre, oui, je peux, me la poser, mais dans les cas historiques et tels qu'une société est capable d'en analyser les fondements du mal, se référer à l'éthique et à la philosophie. Évidemment, la foi et la spiritualité, tiennent lieu aussi de recherche sur le bien et le mal.

État de la recherche... Ma pensée s'intéresse à la confiance, celle-ci est établie, selon moi, de façon inégalitaire. On ne peut réclamer d'égalité dans la confiance, mais considérer l'incertitude, comme la mesure d'une réciprocité.

Je sais que la pratique est éloignée de la théorie, parfois, mais puisse-t-elle devenir une pratique philosophique ? Sans dogme, mais par l'expérience ? Un à postériori.

mardi 3 juillet 2018

ʟα ßℯʟʟ℮



vendredi 20 mai 2016

✔℮ṧυᾔη@

Bachar Mar-Khalifé en concert (Photographie © Sonia Marques)

Bachar Mar-Khalifé l'indocile que je découvre plein d'humour à Périgueux. Une salle décomplexée, danse de femmes en farandole, enfants chahuteurs, raconteuses d'histoires aux pieds des musiciens…
au Sans réserve, une salle qui porte bien son nom.
Des dédicaces, aux anges partis trop vite, aux réfugiés syriens et palestiniens qui vont apporter de belles choses à la France, un Assalamu alaykoum, cela signifie que la paix soit avec vous, et Bachar Mar-Khalifé ajoute ce n'est pas plus grave que cela.
Extatique concert, parfois intimiste mais dédié aux célestes, une voix spirituelle, des cris et appels, expérimental et jazz, électronique et improvisation, un super batteur avec lui, des duos de force et de douces mélodies très simples au piano.
Libres chants, déracinés, percussifs, il frappe de ses touches et ses recueillements.
Ténébreux, discret aussi, timide parfois et envoûtant. Sa voix aiguë par moment, subtiles tonalités dans le silence avec, par surprise, une puissance incisive, rythmée scandée. Il y a une prise de risque et un lâcher prise et la sensation, public, que tout est possible, que nous pouvons espérer, aussi expérimenter. Un live charismatique.
En dépassant l'heure, il nous amène en transgression douce et tourmentée dans des boucles électroniques hypnotiques éprises de liberté. Fougueux et féroce il commence par Layla. Scène réduite à l'essentiel, il sont 3 et l'on commence et fini en paix avec eux.
Dans une ville que nous découvrons, riche en histoire, avec un patrimoine gallo-romain, médiéval et de la Renaissance.
L'antique Vesunna. Murailles, vestiges, ruines… De quoi poursuivre les envoûtements et les voix célestes.

Photographies © Sonia Marques