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Alfons Mucha (1860-1939), Monaco, Monte Carlo, affiche, impression Champenois, 110 x 76 cm.

Réalisée dans la rue Bonaparte, pas très loin de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, une rue très chargée, en voitures, bruits, vitrines, que j'empruntais assez souvent pour étudier.

L'artiste Tchèque Mucha, artiste doué, quittait son pays à 17 ans, devenu d’illustrateur à Paris. 

Petite bio :

Le peintre tchèque Alfons Mucha naît à Ivancice en Moravie du Sud le 24 juillet 1860, d'Ondrej Mucha, huissier de justice et d’Amalia Malá. Alfons Mucha décède le 14 juillet 1939 à Prague des suites d’une pneumonie. En 1879, Alfons Mucha part travailler à Vienne où il est employé comme aide pour réaliser des décors de théâtre dans l’atelier de la société Kautsy-Brioschi-Burghardt. En 1883, il rencontre le comte Egon Khuen Belasi qui lui offre une formation à l’Ecole des beaux-arts de Munich. Il y est admis à l’automne 1885. En 1887, Alfons Mucha se rend à Paris pour continuer ses études au sein de l'Académie Julian puis de l'Académie Colarossi, tout en réalisant des affiches publicitaires et en illustrant des catalogues, des calendriers et des livres. Un mécène tchèque finance sa formation à l’Académie Julian, qu’il quitte en 1888. Ses qualités techniques et artistiques finissent par être reconnues et il est embauché par la première grande maison d'édition parisienne Armand Colin. La célébrité de Mucha vient surtout de ses élégantes affiches Art nouveau, mises à la mode notamment grâce à l'actrice Sarah Bernhardt, pour laquelle il compose ses affiches de théâtre depuis "Gismonda" en 1894. Au début de l’année suivante, l’actrice conclut un contrat de collaboration pour six années avec le peintre. En 1896, Alfons Mucha participe au Salon des Cent. Il commence à faire imprimer ses affiches par la société Champenois avec laquelle il conclut un contrat. Sa première exposition personnelle est organisée à partir du 15 février 1897 dans la galerie Bodinière à Paris. En juin il expose au Salon des Cent et la revue La Plume lui consacre un numéro spécial. Il crée les affiches décoratives "La Fleur" et "Le Fruit".
Mucha reste indissociable de l’image du Paris 1900. Il reçoit pour exemple la médaille d'argent à l'Exposition Universelle de 1900, et il est également fait chevalier de la Légion d'honneur. L'année suivante, Mucha conçoit la bijouterie Fouquet au 6, de la rue Royale à Paris (boutique aujourd'hui présentée au musée Carnavalet). Une autre production de Mucha moins connue comporte cependant des peintures, des sculptures, des décors et des objets d’art, témoins de cet homme mystique et visionnaire, animé d’une véritable pensée politique. A l’heure du renouveau national tchèque et de l’éclatement de l’Empire austro-hongrois, il travaille sur son Épopée slave qui l’occupe entre 1910 et 1928, témoin alors de son rêve d’unité entre les peuples slaves.

Les bijoux :

La collaboration entre Georges Fouquet et Mucha, a commencé grâce à Sarah Bernhardt (actrice, peintre et sculptrice française) En 1899, elle entre chez le joaillier avec le dessin d’un bracelet serpent du célèbre artiste Tchèque. Séduit par le style de Mucha, Fouquet lui demande de dessiner les bijoux pour l’Exposition Universelle de 1900 : les premiers bijoux d’artiste, casque d’où s’échappe des chaînes, parure de corsage à épaulières, bracelet relié à une bague. Ils font sensation sans échapper à la critique qui les jugent « étranges » et « d’une richesse bizarre ». Cette collaboration est courte, 2 ans, mais elle va moderniser le style de la maison (menée jusqu’alors par le père, Alphonse) et lui assurer une renommée internationale. Porté par ce succès, Fouquet demande à Mucha de concevoir sa nouvelle boutique du 6 rue Royale. Elle doit évoquer le style des bijoux et impressionner sa riche clientèle. C’est une première pour un artiste : Mucha imagine tout, de A à Z, des poignées de portes aux vitrines en passant par les tapis. Il donne la pleine mesure de son talent sans craindre l’excès et la démesure. Sur la façade, sous le G.Fouquet, une femme en bronze de près de 3 mètres accueille les visiteurs, drapée dans ses voiles, la chevelure ondoyante avec des bijoux à la main.

Je pensais à ces arts de la joaillerie, comme Lluís Masriera l’un des joailliers orfèvres catalans de l'Art Nouveau (1872-1958), et peintre (magnifique peinture : "Sota l'Ombrella") ; et tant d'autres qui puisent chez Mucha, et chez Suehiro Maruo (notamment dans son manga "L'île panorama" ) cet auteur de bande dessinée japonaise contemporain, maîtres du manga d'horreur, du genre Ero guro, mais à ne pas mettre entre toutes les mains, adultes avertis. Évidemment, les époques, l'histoire, les pays traversés, et les guerres, rien en commun. Pourtant, dans le trait, dans la manière, et l'art... Certainement que Mucha, à son époque était perçu comme étrange. Son père, huissier de justice, est étranger au monde de l’art. Ses premiers émois artistiques, Mucha les doit à la peinture religieuse, qu’il découvre à Prague. Cet artiste est très populaire au Japon, et dans le milieu des Mangas. En France, il est assez courant de voir des étudiants admirer Mucha, dont la référence est assez mal perçue au sein des écoles d'art, jugé trop populaire, et c'est d'ailleurs, dans ces mêmes lieux où l'on observe que les étudiants qui affectionnent le Manga, ne trouvent pas d’interlocuteurs. Lorsque j'enseignais dès les premières années le dessin, associés aux Mangas et à l'étude de peintres et illustrateurs renommés, comme Mucha, j'obtenais de très beaux résultats chez tous les étudiants, j'étais une interlocutrice, formatrice et professeure artiste, dans ces écoles. Mais ils ne progressaient pas dans les autres matières, ce qui en résultait, c'est que le domaine enseigné se retrouvait "écrasé" par les mauvais crédits attribués pour ces étudiants, dans toutes les autres matières enseignées (volume, espace, peinture...), tandis qu'ils savaient déjà diffuser en ligne, par le numérique enseigné et ses techniques associées, leurs dessins. Un bon décalage, impossible à résoudre... Pour ceux-ci, celles-ci, ils et elles quittaient les écoles plus tôt, ils et elles étaient conduits à quitter l'école. Cela me posait pas mal de questions sur les injonctions paradoxales formulées. J'avais une méthode assez magique, et je comprenais bien, que je ne pouvais pas faire participer tous les étudiants à comprendre, qu'ils étaient là, en train de réaliser de véritable bijoux.
Le bijou, lui-même n'était pas enseigné avec ces références contemporaines, et celles de l'Art Nouveau. Avec les expositions, de nos jours, la simple visite de ces mises en espaces, permettent aux plus jeunes, de compléter leur formation, en dehors des écoles. C'est le grand avantage de visiter des expositions. L'art traverse les disciplines avec une indolente fragilité, l'air de rien, de ne pas y prendre garde. Les années passent, et lorsque l'on traverse ces disciplines, on ne peut que se sentir libre d'aimer, sans craindre la mauvaise note. De toutes les fausses notes, s'accordent une ombrelle, telle une palette, cela devient une peinture, mais à y regarder de plus près, c'est un bijou, une bague, un émail, de la famille des émaux.

(Éternel Mucha, du 22 mars au 5 novembre 2023 au Grand Palais Immersif)