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jeudi 29 juillet 2021

Mαḓαм℮ ґê♥ε



Capture du clip Madame rêve d'Alain Bashung, paroles d'Alain Grillet, 1991


Enfant j'avais attendu cette chanson, je l'adorais, j'attendais qu'elle passe à la radio, le soir, j'attendais. J'avais installé sur mon radio-cassette, une K7, de celles dont nous étions obligés, au collège, d'y enregistrer des leçons d'Allemand, ma première langue. Nous devions faire acheter à nos parents des K7 vierges, et les parents se refilaient les leçons coûteuses de langue allemande que l'enseignante nous demandait d'avoir et de savoir par cœur. Il faut croire, avec du recul, qu'elle n'était pas capable de nous apprendre sa langue, mais les classes étaient turbulentes et n'aimaient guère cette langue. Le collège avait disposé les meilleurs dans les classes dont les élèves avaient choisi la première langue allemande, en plus du latin et du grec. Mais, dans la mienne, s'était ajouté un élève non prévu un triplant sa classe, venu d'un autre collège, d'une autre ville. Il réussissait à mettre un bazars pas possible dans les cours en influençant d'autres garçons, plus jeunes et désireux de devenir des petits hommes, trop vite. Les cours jugés inutiles pour eux, étaient ceux des langues et les cours de dessins. Le cours de dessin était celui où j'appréciais réaliser quelque chose, mais dans l'impossibilité de le faire en classe, à cause des perturbations multiples et agressives, l'enseignante nous donnait les réalisations à développer chacun, chacune, chez nous. Ainsi, je rendais de très beaux dessins, je prenais le temps, j'installais mes couleurs, mes mélanges, sur ma table et je tentais de ne pas dépasser les limites, je m'appliquais. Je réussissais mieux, comme tous les autres élèves désireux d'apprendre, en travaillant chez moi, quoique, je réussissais mieux, car tout simplement, j'aimais dessiner, une façon de projeter, de conceptualiser des desseins. Et puis, j'étais accompagnée des musiques que j'apprenais à enregistrer. J'avais aussi vu les dessins de mon père à la gouache, l'épopée de son voyage, la mer, les bateaux, surtout avec de l'or, et je voyais ses plans d'architecture qu'il nous avait ramené de son travail, cela se dépliait et cela prenait toute la table, de traits fins bleus et noirs, de formes géométriques. Plus tard, il m'a légué équerres et compas, entre autres, de quoi construire sa vie, la dessiner. Nous étions 40 par classe. Cette enseignante de dessin nous a fait visiter des écoles supérieures d'art à Paris, les quatre écoles d'arts appliqués, la suite a changé ma vie. Elle m'a fait travailler le midi, des cours quasi particuliers, avec deux autres camarades pour passer un concours, celui du Lycée Auguste Renoir, pour le graphisme (maquettiste) ou la céramique... J'avais 15 ans.

Enfant j'avais attendu cette chanson, je l'adorais, j'attendais qu'elle passe à la radio, le soir, j'attendais. J'avais installé sur mon radio cassettes (K7) une cassette de celles dont nous étions obligés, au collège, d'y enregistrer des leçons d'Allemand, ma première langue.
Puis elle était arrivée, j'ai appuyé sur REC, et j'ai enregistré cette chanson en direct qui passait à la radio, Madame Rêve, chantée par Alain Bashung, j'enregistrais par-dessus la leçon d'Allemand, autant écrire que j’effaçais une leçon pour la remplacer à ma guise par un son qui m'émerveillait. J'avais donc une K7 en moins dans mes leçons, mais un champ d'aventures devant moi, qu'il me fallait cultiver, avec plus d'écoute. Je n'avais jamais vu le visage de cet homme, j'adorais la musique, les paroles, mais je n'en comprenais pas du tout le sens, enfin, je l'interprétais autrement, certainement l'imaginaire, le ciel, la capacité d'être ailleurs, de voler, d'être au-dessus de tout. Le sens orgasmique m'échappait, mais qui sait ce qui nous échappe, enfant, adolescent ? On sait, sans savoir. Par un montage sophistiqué, avec le micro rouge en mousse, j'avais enregistré cette chanson en répétition sur toute la K7, première face et deuxième face : recto-verso. Ainsi, le soir, j'écoutais ma chanson préférée sur toute la K7, cela durait plus longtemps. Je devais changer la K7 de face, arrivée au bout, ainsi, je rêvais d'avoir un radio-K7 qui change la face seule. Adieux donc la leçon d'Allemand... On fait avec les moyens du bord, je savais où était l'essentiel, mes notes ont baissé en Allemand, pas parce que j'avais détourné mes K7, qui étaient déjà un détournement ; une mère nous avait appris que c'était interdit de copier les leçons d'Allemand, il fallait les acheter, ce que d'autres mères, sans budget pour cela ne partageaient pas - mais parce que les élèves les plus violents avaient pris d’assaut ce cours et l'enseignante ne pouvait mener à bien son travail, elle n'avait plus aucune autorité, et passait son temps à hurler, je ne connu à cette période de l'Allemand que des mots très forts scandés, comme si elle nous tapait. Le résultat était bien pire, les élèves les plus redoutables, tous français d'ailleurs, ce n'était pas les enfants d'origine étrangère les plus turbulents, se mettaient à l'insulter et à imiter l'Allemand comme les nazis. Parfois, on se demandait de quelle histoire familiale étaient-ils, car cette enseignante toute petite, n'avait au fond, pas d'once de méchanceté. Elle souffrait de ne pas pouvoir partager ses origines, sa langue. mais comment pouvait-elle ? Ce n'était pas elle l'incident. Sans le savoir, elle a quand même interrogé cette langue, à quelques uns-unes, en devenant un mystère, une chose inaccessible, et perceptible qu'à la faculté de discerner le bien du mal. Plus tard, on comprend, plus tard, le discernement. Apprendre n'est jamais immédiat. Enseigner est un sacrifice car les enseignants ne peuvent même pas savoir ce que leur enseignement transforme, et comment il est perçu et finalement compris, des années plus tard. Les leçons donnent le goût, s'y référer, dans les moments plus ardus de la vie, c'est reprendre ce goût, avoir la pépie et continuer le chemin tracé, à sa manière, toujours créative. Elle est partie ailleurs, et heureusement pour elle, un autre collège sans doute. De détournements en détournements, Madame rêve était apparue, comme une évidence, sur la possibilité d'une île. S'isoler de tout, à travers les mots et les sons. J'utilisais déjà un média que j'inventais, pour écouter autrement et me faire mon petit journal, de façon créative, et quelque peu, radicale.
Quand j'écoute cette chanson, c'est un mélange de souvenirs liés au collège, au dessin... au sentiment de se sentir seule et pourtant emplie de désirs, et bénéficier du pouvoir de les imaginer, cette liberté là s’acquière dans des formes de liberté de penser, ce qui est très différent de croire à une liberté qui favorise la destruction de la liberté d'autrui, au profit de son seul égoïsme, sans tenir compte du mal que l'on peut faire à l'autre, en vivant ensemble, en société. La liberté de penser et d'imaginer est bien plus haute, que celle d'écraser les autres, en se croyant libre ainsi (n'est-ce pas là, une preuve de solitude, ne sont pas si solitaires, celles et ceux qui vivent seuls, infiniment à l’œuvre pour autrui) Puis, plus tard, j'ai appris à aimer l'Allemand, grâce à mon voisin, qui m'avait enregistré des K7 VHS d'un film nommé "Les ailes du désir"... Mais aussi, grâce à mes cousines allemandes d'origine portugaises que je voyais au Portugal en été. Plus tard j'ai été sensible et je suis devenue danseuse pour une chorégraphe allemande, mais en commençant par enregistrer en vidéo ses solos et spectacles à Paris, dans les années 90, elle n'avait jamais rencontré de personne qui savait filmer... aussi jeune, et de façon gracieuse. J'ai, à mon tour, emmené d'autres amis, famille, à traverser ce nouveau champ lexical : la danse contemporaine accompagnée toujours de plages sonores différentes.
Aujourd'hui, je pensais à l'enregistrement, mais bien avant : à l'écoute.
Tenter d'apprendre, c'est toujours une re-création.

jeudi 17 juillet 2014

ℙ☺üṧṧéε ∂❝∀ґ¢нḯmè∂℮

Affiche réalisée par le designer graphic Neil Kellerhouse pour le film Under the Skin du réalisateur britannique Jonathan Glazer' (sortie 2014)

Un film voyage paysage de première fois. Iconique. Comme pour le film Her, d'un autre article de mon blog BMK, l'actrice Scarlett Johansson a été choisie comme image sensorielle du désir, qu'elle soit la voix, le corps, l'appât, l'intelligence artificielle, un pouvoir en plus, bref l'énigme et le fantasme. Si ce film de science fiction est plus proche de nouvelles expériences visuelles au cinéma et que la réalisation se constelle d'effets design, du son aux paysages, des doubles peaux aux espaces et éléments qui se rencontrent et se fondent (l'eau, l'air, le ciel, le sol, le miroir) ; il s'octroie des accidents dans la narration et en sublime l'esthétique. Ce qui n'a pas de réponse, apporte une profondeur au mystère que trop de films désépaississent, comme si tous les problèmes posés devaient être résolus pour des spectateurs dont on ne doit pas développer l'imaginaire. Ici, la route est envoûtante et laisse chacun en marge des réponses avec ses abîmes, sur le bord des routes tracées, par un délicieux changement d'élément, en nage libre, nous guidant sous l'eau.
Mais sait-on nager ?

La poussée d'Archimède nous explique dans le traité des corps flottants :

 Tout corps plus léger que le liquide où il est abandonné ne sera pas complètement immergé, mais restera en partie au-dessus de la surface du liquide.

Ce n'est pas écrit ni dit dans le film, mais je l'imagine, en aquatique personne.
Flotter : étape importante de la natation, du savoir nager. Et là, dans ce film, sont posés les signes du savoir nager, tant dans l'expérience sensorielle que déploie ce film, dans une ancre noire, que dans la morale dictée par la serial killer, first round :
- Ou tu sais nager et tu flottes sans te laisser happer par tes désirs
- Ou tu ne sais pas, et tu te noies à en perdre ta peau...

Les engloutissements successifs ne sont pas le terminus des conduites prédatrices. On passe de l'autre côté du miroir, comme Alice peut-être, mais aussi, on regarde en arrière, comme Orphée et on assiste lentement à la disparition d'Eurydice en deuxième partie du film. Le découpage n'est pas aussi défini, mais je l'interprète ainsi : la première partie se base sur des stéréotypes masculins, la femme chasse, elle conduit, elle calcule, la performance, la routine, le nombre, elle perce dans le noir, l'inconnu. La deuxième partie est basée sur des stéréotypes féminins, la réflexion, la forêt, la proie, la peur, la honte, la cachette, la femme se recroqueville, elle ne peut pas conduire, le miroir, la sensibilité... Mais si ces stéréotypes peuvent être travestis dans un genre puis dans l'autre c'est que le rôle est celui d'une extraterrestre sur peau de femme séduisante, et ses rencontres, ses acolytes masculins, deviennent aussi des sujets qui questionnent la faiblesse de suivre, de désirer, d'aimer, d'incarner la pudeur, le don, l'altruisme, le hasard, la différence... Nous pourrions aller plus loin, mais ce n'est pas l'objectif de cet article, et considérer que les stéréotypes de la séduction sont démodés et que cette idée motrice de la société de la consommation (attirance/répulsion), ne fonctionne plus.

Quand la faiblesse devient une force. L'animalité est présente : sentir, fuir, se cacher, traquer, attaquer, tuer, entendre telle l'ouïe des loups, extrêmement bien développé, ils peuvent entendre des sons jusqu’à une distance d’environ 10 kilomètres et entendre des sons aigus inaudibles à l’oreille humaine...

Image du film Under the Skin de Jonathan Glazer

Premières sensations, il n'y a pas d'âge pour les éprouver. Le gâteau la première fois, la foule la première fois, l'amour la première fois et ses impasses, peu à peu, on glisse vers d'une psychologie froide du féminin à son réchauffement climatique, selon l'adage fantasmé que toutes les femmes seraient des extraterrestres dans la société, elles vivent des premières fois multiples, bien en marge des standards sociaux, ce qui les distingueraient des êtres humains. L'aspect sauvage de cette extraterrestre (c'est dit dans le synopsis, mais pas d'extraterrestre in fine, et c'est bien l'astuce du film) rempli ainsi bien le rôle d'une femme contemporaine (elle conduit sa vie, son véhicule, elle choisi, plutôt qu'elle n'est choisie), ou compose celui d'une poétique du féminin perlé dans un monde violent et sombre, aux rites conservateurs. Qui de mieux qu'une extraterrestre pour démontrer que l'humain est resté encore à l'étroit dans son corps, prêt à mourir pour suivre ses désirs tendus. Si l'araignée n'a pas de toile dans ses armes, urbaine, elle jouit d'un grand véhicule, son vaisseau spatiale qui arpente les rues ouvrières, dont le coffre serait la boîte noire, et aussi, elle a un repère, une maison vide, sa base navale, un puis sans fond, noir, doté d'une une porte qui ouvre sur une sorte d'enfer paradisiaque : le lac infini. Liquide et miroir, où seuls des hommes solitaires, au célibat assumé ou subi, se retrouvent et muent en lévitation, y laissant leur peau sous-marine. Ces moments de grâce sont présentés sur une plateforme scénique, où sont chorégraphiés des déplacements sur une ligne invisible. Chaque corps, chaque geste, est mis en valeur sur un fond noir. Ils suivent lentement la danseuse lascive, charmeuse de serpents, comme des somnambules sur le fils du rasoir. La répétition de la scène selon des typologies différentes, signe une danse macabre hypnotique, que les érudits de la danse contemporaine pourraient classer entre Pina Bausch et Jérôme Bel, avec les vêtements, nouvelles mues, nouvelles pelures, déposés délicatement à la surface du miroir noir, tandis que les corps blancs d'hommes s'engouffrent dans le noir sable mouvant. Ce film m'a fait penser à celui de Pedro Almodovar, "La piel que habito" (2011), dans cette recherche de l'usurpation d'identité et cette fascination de la peau comme costume de l'autre, des travestissements machiavéliques de la science, des apparences trompeuses. Les accointances avec l'art contemporain et la danse, le design sonore (soundtrack : Mica Levi), le graphisme (affiche, design), métissent le langage traditionnel cinématographique.


Le voyage mental que propose Jonathan Glazer est juste une part de rêve ou de cauchemars, sous un casque de moto en mission pour la lune. Je l'ai perçu un peu comme cela, les yeux fermés mais ouverts dans le noir. Même si la sexualité est mise en jeu, dans le chemin initiatique, nous guidant vers l'union charnelle, elle n'existe quasiment pas. Serait-elle proche de son but, qu'elle se stoppe nette comme ultime énigme, ultime interdiction d'entrer, que seule une lampe de chevet tente d'éclairer : un bug. La femme mystère tourne alors le dos au spectateur, ultime voile cinématographique (sans effet technologique) privant le voyeurisme, clin d'oeil aux performances féministes contemporaines s'il était plus comique ou burlesque. Malin. Secret.

L'origine du monde de Courbet est ici représenté en négatif et c'est toujours la vision d'un homme curieux, celui qui veut, et voir, et percer l'opaque secret, et passer de l'autre côté, mais n'y parvient jamais, l'histoire de cette filiation invisible, de la création : il est bien passé par là, mais n'y repassera pas plus jamais dans le même sens et finira sans pouvoir s'engendrer, se reproduire, hormis avec l'aide d'une femme, cette maison où l'alchimie de la création se fabrique (les choses ont bien changé depuis Courbet !) Cela dit, encore en référence à Pedro Almodovar, j'ai pu revoir le film "Parle avec elle" (2002) dont il a inséré un extrait de film muet en noir et blanc qu'il a lui-même réalisé, assez fabuleux et délirant sur ce passage secret, ou l'histoire du rapetissement. Mais là encore, rien de fantaisiste, ni même une pointe d'humour, nous sommes dans un film glacé, lunaire, avec les étoiles sous l'eau. Un film en apnée.

Image du film Under the Skin de Jonathan Glazer
La femme forêt est ce moment qui annonce la transformation finale. Elle était au début, l'actrice, la femme fourrure protégée, comme la Vénus de Sacher Masoch, la voici forêt, se recroquevillant sous la pluie, en haillons. Elle terminera aussi noire que son lac miroir mortel, comme goudronnée (l'effet est un peu démonstratif), décidément toutes les démos sont testées sur son corps, tenant son enveloppe humaine entre les mains, ultime miroir, la boucle est bouclée. Devenue proie, elle n'a pas non plus de réponse à donner au violeur de l'origine du monde. Devant l'étrangeté, l'homme la brûle participant d'une culture barbare que l'on peut attribuer à d'autres contrées reculées. Et le pays où se joue le film, l'Écosse, le rêve et la fiction s'y déposent en superficie, laissant apparaître le réel, par tâches (les figurants) Le côté documentaire est bien saisi, nous laissant à penser que ce pays pourrait être aussi barbare que l'illustration incendiaire que cette fin l'augure. Un autre monde, aussi dur et abrupte que ces roches découpées sur la mer déchaînée, qui emporte les corps. Aussi sauvage que l'extraterrestre, qui noie les corps à sa guise. Et si ce monde était bien le nôtre, une sexualité déshumanisée, une sensualité carencée, où la peur domine et se recouvre de honte, sous une capuche, où l'on se déplace seulement à la tombée de la nuit. Les rencontres sont interdites, il faut les braver, et l'inconnu, l'étranger, est menacé, brûlé. Un monde où aucune trace de plaisir, de joie, de peau nue, de liberté ne doit être visible. Dans ce pays, on se baigne habillé, en combinaison de survie. Dans la fiction, on se déshabille, histoire de donner le change, et on se rhabille aussitôt, on prend la combinaison d'un autre. Seuls les nus restent au fond, sous la surface dictatrice, dans notre imaginaire.


Un acteur au visage difforme met en relief le programme mécanique des questions de la prédatrice, celle qui ne voit pas la différence, et apporte une opacité (réelle) au rôle, que les autres rôles de victimes ne peuvent avoir. Il est, de mon point de vue, Orphée, celui qui fait basculer le film et le sépare en deux (première partie, attirance, deuxième partie, répulsion) et tout peut s'inverser. Au seul regard en arrière lorsqu'il suit, celle qui serait Eurydice, l'entrainant, par hésitation, peur, méfiance, il n'aura pas le même sort. Elle se regardera dans le miroir, et la réalité tente, dans le film, de prendre le dessus sur la fiction. À ce moment, les accidents arrivent, dans la narration, elle n'est pas aussi droite et calculée et invincible, quelques errances dans l'histoire ou dans les effets, peuvent alourdirent l'élégance des premiers contacts, l'entrée dans le rêve. Une traque dans la forêt, et là, on se réveille. C'est la fin du film.

Peut-être que le moment du miroir et le questionnement de l'image évoque, selon certaines versions, les métamorphoses d'Ovide, dans la mythologie grecque :
« Narcisse vivra très vieux à condition qu'il ne voie jamais son image »
La part de l'ombre selon Le Caravage, le Chiaroscuro, d'autres italiens des débuts de la Renaissance préfigurent la science fiction.


Narcisse, peint par Le Caravage vers 1597-1599, huile sur toile 110 × 92 cm


Je dédie cet article à nos expériences magiques, à la rencontre des animations de Vidéogramo, l'espagnol, homme ou femme, dont je vois qu'Orfeo est aussi une influence, sans l'avoir vu avant d'écrire cet article. A-t-il influencé certaines séquences du film ? Nous nous posions cette question. Tant d'artistes et graphistes, bien en avance, devraient être aidés et soutenus afin de faire avancer cette ruine du cinéma, qui a tant de moyen et si peu d'idées nouvelles, visuelles et sonores. Sortir des routes toutes tracées, rêver un peu.