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samedi 11 avril 2020

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©Judy Chicago, Earth Birth, Birth Project, 1983
Versatex pulvérisée et fil DMC, couture de Jacquelyn Moore Alexander



 ©Judy Chicago, Birth Power, 1984,
Broderie sur dessin sur soie, 20 x 20 pouces
Couture par Sandie Abel




© Judy Chicago Guided by the Goddess,
from the suite Five images from the Birth Project 1985



© Judy Chicago The Crowning, 1983.
Needlepoint over painting on mesh canvas,
Hand painting assistance by Lynda Healy; needlepoint by Kathryn Haas Alexander





© Judy Chicago : Birth Project: The Crowning Needlepoint 3
1982 Reverse applique and quilting over drawing on fabric




© Judy Chicago : Ruth and Arlene (drawing from Compressed women who yearned to be butterflies )
1973 Support : color pencil and ink on paper

© Judy Chicago : Return of the Butterfly
Lithographie - 2012

The relationship between Chicago's vibrating color and form to that of fellow New Mexico women artists such as Agnes Pelton and Georgia O'Keeffe can be felt in this image.




Womanhouse
(30 janvier - 28 février 1972)1 est un espace d'installations et performances artistique féministe créé par Judy Chicago et Miriam Schapiro, cofondatrices du Feminist Art Program du California Institute of the Arts. Judy Chicago, Miriam Schapiro, leurs étudiantes et des artistes femmes locales ont participé à cette installation. Judy Chicago et Miriam Schapiro encouragent leurs étudiantes à s'approprier les techniques de sensibilisation afin de générer le contenu de l'exposition. Seules les femmes furent autorisées à visiter l'exposition le premier jour. Par la suite l'exposition fut ouverte à tout le monde. L'exposition a accueilli environ 10 000 visiteurs.


En 1974 un documentaire est réalisé "Womanhouse", par la réalisatrice, écrivaine et productrice Johanna Demetrakas. Le documentaire retrace cet événement féministe historique aux Etats-Unis, initié dans le cadre du Feminist Art Project mis en place au California Institute of the Arts de Los Angeles. Pour leur exposition, Miriam Shapiro et Judy Chicago ont réquisitionné une maison dans la banlieue de Los Angeles. Elles ont invité 24 artistes femmes à vivre et travailler ensemble durant plusieurs semaines, afin de proposer expositions et performances dans cet espace. Une manière de donner à ces artistes une visibilité, mais aussi de montrer que la maison et les préoccupations des femmes ne sont pas dénuées d'intérêt et que cela peut servir à faire de l'art. L'espace domestique comme lieu d'exposition Le projet collaboratif transdisciplinaire "Womanhouse" a mis en lumière des objets considérés comme triviaux, comme les produits de beauté, les bonnets de douche ou les tampons. Tous ces éléments se retrouvent au cœur d’œuvres d'art ou de performances proposées par les 24 artistes invitées. Cet événement a marqué un tournant aux Etats-Unis, permettant au pays de découvrir ce qu'est l'art féministe.

jeudi 3 janvier 2019

ϟ☺ᾔї@ ℳαґⓠʊε﹩ ➸ Ḱ☤ẘ@ïⅾα

Un texte de Julien Ducourthial sur mon travail artistique :

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Double-page du catalogue de photographie RESIGN © Sonia Marques - 2017



Sonia

Je connais bien l'artiste Sonia Marques. Mais son imaginaire me semble insaisissable, multidisciplinaire, passant d'une technique à une autre, d'une théorie a un concept, de l’éphémère au concret, du doute au rêve. Une artiste fascinante parce qu'elle réinvente toujours le perceptible et le sensible.
J'aime sa créativité de l'instant, pulsation et hybride dans une recherche pleine du sens et du dire. Son parcours et ses différents travaux sont un panel éclectique de visions et de poèmes dans lesquels il faut s'isoler pour en capter l'essence et la singularité.
Il n’y a pas de facilité dans l'approche de ses travaux, mais une implication du sens et de la réflexion plastique, qui ne se laisse pas 'juger et estimer' au premier coup d’œil. Pourtant des questions se posent face à son œuvre, la jubilation des couleurs, une donnée précise, un concept qui semble faire sens ou une démarche tellement radicale qu'elle convainc. Ici son travail s'amorcerait sous la forme d'une apnée, éphémère et périlleuse ou l'on découvrirait un palais aux multiples entrées au fond des mers. Des images fugaces et persistantes, celles de découvrir chaque pièce de ce palais des océans ou se présentent des travaux artistiques minutieux, riche d'inventivité et d'originalité comme ses écrits. Il faut donc se projeter dans ces univers parallèles complexes et sensibles. J’apprécie sa vision exotique, radiale, parfois ombrée de la vie qui se reflète dans ses travaux et éditions photographiques Bonjour, Jungle, Deep (catalogues, 2011) et dans son travail photographique constitué via son blog Bmk, épicentre d’évolution et de mutation visuelle quotidienne avec ses séries en cours. Les photos sont souvent directes, posant la question du documentaire et de la recherche, des excursions et des voyages avec des cadres serrés, précis sur des tableaux transformés de l'espace urbain ou naturel. Il y aussi cette transition plus récente vers l'artificiel, qui transcende ses photographies, une action posée sur ce qu'elle voit et comment elle veut le voir par des retouches colorées qui intensifient les détails et le ressenti comme le ferait une peintre. Reste une notion de distance, le regard du spectateur qui connaît ou reconnaît par fragment les éléments modifiés et doit décrypter l'inversion de ses artefacts photographiques. Passer du réalisme de l'image au post-media digital, dérangeant, fluctuant, magma volcanique de couleurs en cycle. Sonia Marques semble apprécier ce trouble qu'elle instigue comme si le sens des images devaient devenir plus profond, plus mystique, vers une quête intérieure spirituelle qui s'affranchirait du sens premier de l'image vers des entrées poétiques et polysémiques. Alors on bascule dans des univers de science-fiction, non sans humour car il y a toujours un pied de nez à l'évidence ou au ressort comique de la chute. Des travaux comme Ghost ringneck (vidéo, 2012), Ready for the meeting (photographie, 2013), Les grands écoutants (sculptures, 2014) invoquent la révolution du temps, réalités différées par le mimétisme animal, visions scénarisées du quotidien, parfois du cauchemar. On se plaît dans ces multiples, aux couleurs inversées qui sèment le désordre des sens et nous emmènent vers de nouvelles prospections visuelles et sensorielles. Son travail est un mélange subtil de connaissances, aussi bien en peinture, dessin, son, graphisme et art vidéo. Le digital et les nouveaux médias y prennent une part importante et singulière tant l'outil devient vecteur, prolongement cyber sensoriel pour appuyer les scénarios qu'elle invente. Il y a une tension des éléments dans ses tableaux usant de picturalité et de frénésie colorimétrique, une éclosion de merveilles similaire à la nature et sa diversité de fleurs, fruits et paysages. Complexe à la base et complexifié par l'artiste qui s'inspire de ces mystères que sont la faune et la flore, revisitées par son imaginaire dans un déluge de sciences phosphorescentes. Chaque travail artistique cache un désir, intime, de dépasser la vie pour créer et tenter de délivrer une vision singulière dans le foisonnement de nos connaissances et de nos acquis personnels ou savants.
Les éléments de représentation en mouvement comme Domino (dessin, peinture, 2013), Contemplations (digital print, 2012) ou Topaze (digital print, 2012), visions oniriques, cosmiques, abstraites ou galactiques nous sont transmis en ondulations, lumières, collages pyrographiques tant la précision et le choix des couleurs abordent la kinesthésie. Si la couleur est un motif central de son kaléidoscope, le son, les mots et la musique y occupent aussi une place importante. Elle réalise plusieurs albums (Château, Monstrum, Pépino, Insonia Verao), échos vibrants de multiples variations, brutes, discrètes, changements de voix, du minimalisme ambient à la dystopie bruitiste, fantasque de carnaval et de couleurs allant du sombre au clair et inversement. Le travail Hansel (vidéo, 2013), poème conte, cristallise les tensions et les lignes réflexives inhérentes à son travail. Soutenu par une narration lente, vocale et continue, on s'aventure dans une zone fictive et infinie, un paysage inconnu et tragique , mêlant le cognitif et le crash mental.
Chaque partie de son œuvre est savamment pensée, pierres précieuses brutes ayant toutes un lien secret entre elles. On peut ne pas voir leurs éclats, ou ne pas y prêter attention et pourtant chacun de ses travaux est  de l'ordre de la sublimation, d'un objet, d'une vision, d'un animal, d'une fleur, d'une émotion. Ces voyages ésotériques, denses, véhiculent un sens profond lié à la beauté du monde et à la transmission de son observation.

Resign

Resign, édition numérique de photographies en noir & blanc solarisées, nous fait entrer dans une histoire avec ses fragments, sa conscience et ses tensions. Quand on découvre cette publication il n'y a que le fil des pages qui relie les images mais on devine un long processus de réflexion qui amène l'agencement de ces photos. On se trouve en présence d'éléments familiers : une ville, des animaux, des fleurs, des enfants, des portraits; des scènes presque quotidiennes qui se succèdent. On perçoit un leitmotiv du temps, de l'attente, de l'indécision, d'une captation soutenue du détail et peut-être comme le suggère le titre d'une résignation. Hors le titre veut dire démissionner en anglais. Alors s'agit t'il d'une démission du réel pour mieux le fantasmer ou d'une démission légitime d'un monde agonisant et sombre? Ce projet pose des questions et témoigne de la finesse de l'artiste et son hypersensibilité à l’égard de ses sujets, à la fois tendre et puissant. On s’inquiète de ces photos en négatif, qui viennent s'intercaler comme des flashs et rythment ces essences du réel. C'est beau et dramatique à la fois amenant un climax qui ne lâche plus jusqu'à la dernière page. Fleurs qui contrastent, temps irrésolus, beautés spatiales, accidents de contradiction. La photo de couverture rappelle le christ rédempteur, ici en figure humaine, tangible, c'est l'ouverture du bon. Suit un sourire, des fleurs, des personnages, des fenêtres sur un réel / digital que j'aimerais penser post-internet mais qui ne l'est pas vraiment puisque l'on peut y ressentir des sentiments. Les éléments technologiques (drone, tablettes, téléphones portables) présentes dans le cadre, interfèrent avec ces scènes du quotidien et nous les présentent comme critiques, à la fois technologie inoffensives mais omniprésentes comme un état permanent de surveillance. Le travail de photographie de Sonia Marques se concentre sur ces éléments avec un iris panoramique, grandiose de nuance et du souffle qui murmure parce que finalement il valait peut-être mieux démissionner du faux pour mieux rattraper le réel.

Ready for the meeting

Voilà un rendez-vous pas comme les autres, loin des hangars débarras d’art contemporain normatif. Ici commence vraiment la fête avec "Ready for the meeting" et ses joyeux drilles. On y aperçoit une famille de big brother animalier débonnaire dans des salles de réunion au design moderne qui amènent leur esprit pince-sans-rire dans les piles de dossiers disparus de réunions importantes. Finalement que restent-ils de ces réunions ? Pas grand-chose, et ces perturbateurs endocriniens involontaires semblent se manifester pour poser la vraie question. Sonia Marques ne sacralise pas ces lieux tendances, elle les présente comme des showrooms spongieux et étouffants, lieux d’action d’un imaginaire en devenir où un ours avec ses yeux noirs surveille le vide intersidéral d’une salle. Sous leur aspect mutique, ces animaux en carton en savent beaucoup mais ils n'ont pas l'air décidés à nous dire quoi que ce soit. D'ailleurs ils n'existent que comme objet de représentation, mais leur mimétisme rappelle beaucoup les humains et cette pièce crée une situation comique et burlesque, moqueuse de la technocratie et de son sérieux convenu. On cherche les pièces du puzzle, un peu déstabilisé devant ce réalisme sauvageon, à la fois potache et véridique parce que la perception est remise en question par une imbrication de l'animal et de l'enfantin dans le normé, l'adulte et le décisionnaire. Sous la satire sociale on attend presque un coup d'état révolutionnaire de la part de ces personnages fictifs, mais peut-être sont-ils tout simplement pacifiques.

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texte © Julien Ducourthial (juin 2018)

Photographie de READY FOR THE MEETING © Sonia Marques - 2013