Les amants magnifiques © Sonia Marques

❤ Les amants magnifiques © Sonia Marques (extrait du dessin 80x120 cm, 'work in progress") - 2012

Dans mes retrouvailles avec le dessin, j'étais aux fiançailles. Je n'expliquais pas encore le dessin conçu de visions nocturnes, en plein flash comme le nom de la peinture. Touchée par un drame en plein vol, traversé par mon micro-atelier de beach-painting, l'explication est arrivée après l'alliance des palmiers d'hiver : le dépit amoureux. J'ai relu Molière et finement, j'ai trouvé le titre de ce dessin exutoire : Les amants magnifiques !

"Mais si mon coeur encore revoulait sa prison, ... Si, tout fâché qu'il est, il demandait pardon ?

Molière - Dépit amoureux, IV, 3 (v. 1403-1404)

Ces vers font écho au célèbre passage de l'ode III, 9 d'Horace, traduite par Michel de Marolles en 1652 :

Quid si prisca redit Venus ?
Diductosque jugo cogit aheneo ?
Si flava excutitur Chloë ?
Rejectaeque patet janua Lydiae ?

Que serait-ce, si notre premier amour devait renaître au monde ?
Et si par son moyen nous étions réunis ensemble sous un joug d’airain :
Si la blonde Chloé était chassée ?
Et si la porte était ouverte à Lydie rejettée ?

(Horace, Odes, III, 9, v. 17-20, traduction Michel de Marolles, 1652, 2e édition, 1660, p. 82)
Une semblable "petite scène d'un dépit amoureux" sera développée dans Les Amants magnifiques.
(Source : 2007-2012 Équipe Molière 21 - Université Paris 4-Sorbonne)

"Les Amants magnifiques" est une comédie-ballet de Molière, composée et représentée à l'occasion du carnaval de février 1670, au cours de festivités nommées Divertissement royal. C'est lors de cette représentation que Louis XIV monte pour la dernière fois sur scène en tant que danseur. Derrière l'amusement d'une intrigue sentimentale et romanesque — deux princes rivaux se disputent une jeune princesse qui aime un soldat de fortune, sans noblesse mais non sans gloire, lequel la sauve d'un féroce sanglier et se trouve ainsi autorisé à épouser celle qu'il aime. Molière fait le procès de l'astrologie notamment grâce au personnage d'Anaxarque, astrologue charlatan.

"Le Dépit amoureux" est une comédie en cinq actes et en vers de Molière, créée à Béziers le 16 décembre 1656, et représentée pour la première fois à Paris au Théâtre du Petit-Bourbon le 14 juin 1659 par la troupe de Monsieur, frère unique du Roi.

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Petite scène d'un dépit amoureux

« Un berger et une bergère, qui font en musique une petite scène d'un dépit amoureux. »
Les Amants magnifiques, troisième intermède, scène 5.
Toute la scène, qui ressortit aussi à la tradition comique du dialogue de "Sdegno e pace", est écrite à l’imitation de l’ode d’Horace Donec gratus eram tibi, dont on retrouve également des traces dans le Dépit amoureux ("Si mon cœur encor revoulait sa prison") :
HORATIUS
Donec eram gratus tibi,
Nec quisquam potior bracchia candidae,
Ceruici juvenis dabat
Persarum vigui rege beatior.
LYDIA
Donec non alia magis
Arsisti, neque erat Lydia post Chloen:
Multi Lydia nominis
Romana vigui clarior Ilia .
HORATIUS
Me nunc Thressa Chloe regit,
Dulces docta modos et citharae sciens:
Pro qua non metuam mori,
Si parcent animae fata superstiti.
LYDIA
Me torret face mutua
Thurini Calais filius Ornithi;
Pro quoi bis patiar mori,
Si parcent puero fata superstiti.
HORATIUS
Quid si prisca redit Venus
Diductosque iugo cogit aheneo?
Si flava excutitur Chloë?
Rejectaeque patet ianua Lydia?
LYDIA
Quamquam sidere pulchrior
Ille est, tu levior cortice, et improbo
Iracundior Adria,
Tecum vivere amem, tecum obeam libens.

A Lydie. Dialogue, touchant ses premières amours qu’il a renouvelées avec Lydie.

❥ Horace
Tandis que j’étais en vos bonnes grâces, et qu’un plus jeune, et plus favorisé que moi, n’enlassait point ses bras autour de votre beau sein, j’ai vécu plus heureux que le Roi des Perses.

❥ Lydie.
Tandis que votre cœur ne fut point embrasé si fort d’un autre feu que du mien, et que Lydie ne fut pas moins chérie que Chloé ; Lydie en grande réputation, a vécu avec plus de gloire, que n’en eut jamais la Romaine Ilie.

❥ Horace.
Chloé que nous devons à la Thrace, me possède maintenant par les charmes de sa voix, et de son luth, qu’elle sait toucher admirablement : je ne craindrai point de mourir pour elle, si les Destinées veulent épargner sa vie pour la laisser immortelle après moi.

❥ Lydie.
Calaïs fils d’Ornithe Thurien, me brûle d’une flamme mutuelle, pour qui je souffrirais deux fois la mort, si les Destinées veulent épargner sa jeunesse pour la laisser immortelle après moi.

❥ Horace.
Que serait-ce, si notre premier amour devait renaître au monde ? Et si par son moyen nous étions réunis ensemble sous un joug d’airain : si la blonde Chloé était chassée, et si la porte était ouverte à la Lydie rejetée ?

❥ Lydie.
Bien qu’il soit plus beau qu’un Astre, et que vous soyez plus léger qu’une écorce, et plus colère que la mer Adriatique si facile à se troubler, je voudrais vivre en votre compagnie, et achever mes jours auprès de vous.
(Horace, Odes, III, 9, traduction Michel de Marolles, 1652, 2e édition, 1660, p. 81-82)
(Source : 2007-2012 Équipe Molière 21 - Université Paris 4-Sorbonne)

♡In Wonderland

Dédicace à Alice, dans cette reprise vidéo de l'artiste Filipe Matos (de Lisbonne)

et à un Moment in love

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