Artiste © Rosa Bonheur : Portrait de lion (1879) Huile sur toile 595 x 76 cm) Musée du prado

ROSA BONHEUR


En 1822, Marie-Rosalie Bonheur, plus tard connue sous le nom de Rosa Bonheur, est née un 16 mars à Bordeaux, en France. Elle a grandi dans une famille créative composée d'une mère qui enseignait le piano, d'un père qui peignait des portraits et des paysages, et de frères et sœurs qui trouveraient plus tard le succès en tant que peintres et sculpteurs. Adolescente, son père lui apprend à peindre, offrant à son aîné un exutoire pour explorer sa passion : les animaux . L'amour de Bonheur pour les animaux a commencé alors qu'elle était enfant, et les leçons de son père l'ont encouragé. En plus de fournir des créatures vivantes à étudier à Bonheur, il l'a encouragée à copier des images de livres, à travailler à partir de sculptures réalistes et, éventuellement, à copier des peintures au Louvre. Bien que ces approches l'aient aidée à perfectionner son art, elle a préféré se rapprocher de ses sujets. "Je suis devenue peintre animalière parce que j'aimais me déplacer parmi les animaux", a-t-elle déclaré. "J'étudiais un animal et le dessinais dans la position qu'il avait prise, et quand il changeait de position, je dessinais cela." Bien que la plupart de ses peintures animalières représentent des lieux de sa France natale, certaines se déroulent au Royaume-Uni, où son sujet nostalgique a conduit à une profonde renommée. Elle était plus célèbre au Royaume-Uni qu'en France.

En 1855, Bonheur achève son tableau le plus célèbre : La Foire aux chevaux, une peinture à l'huile monumentale d'un marché parisien. Admirée pour sa grande échelle (2,44 m x 5,07 m), son sujet énergique et son coup de pinceau expressif mais réaliste, le tableau a été un succès instantané. Le nom de Bonheur est ainsi entré dans l'histoire de l'art et a même conduit à une rencontre avec la reine d'Angleterre. La reine Victoria n'était pas la seule fan britannique de Bonheur. En fait, son travail était plus populaire au Royaume-Uni qu'en France, car le public britannique appréciait son approche sentimentale du paysage - qu'il s'agisse de la campagne anglaise, des Highlands écossais ou même des fermes françaises - en tant que sujet.

Son style de peinture n’a jamais été très prisé en France. C’est une peinture que les Français n’aiment pas beaucoup, que l’on considère avec mépris comme une peinture de seconde zone, une peinture ringarde. En fait, on l’étudie très peu en France et comme on ne l’étudie pas, on ne la comprend pas et donc, on la méprise.
Au contraire les Anglosaxons, qu’ils soient Américains ou Anglais, ou encore les Sud-américains, adorent le style de Rosa parce qu’elle peint ce qu’elle voit et qu’elle va peindre les animaux comme ils sont et non pas en faire une métaphore par rapport à l’homme.

Raconte celle qui a acheté son château... à Thomery..

Ancien domaine seigneurial du XVe siècle, situé dans le hameau de By-Thomery en Seine-et-Marne, le château a été acquis par la célèbre artiste peintre Rosa Bonheur en 1859 à la suite de la vente de son tableau Le Marché aux chevaux. Sur la partie haute du village, collée à la forêt de Fontainebleau, Rosa s’installe avec ses 200 animaux. Aussitôt, l’artiste charge l’architecte Jules Saulnier de lui construire son atelier. Elle s’y installe un an après et y passera les quarante dernières années de sa vie. Elle y reçoit la légion d’honneur dans son atelier des mains même de l’impératrice qui en fait le dernier acte de sa régence. Rosa devient alors la première artiste femme à être ainsi honorée. Entre un atelier néogothique resté comme figé dans le temps et un parc aux arbres séculaires, le décor est à la fois authentique, romantique et émouvant. Les centaines de rosiers, les vignes grimpant le longs des murs, le pigeonnier qui surplombe la demeure, le pavillon des muses au détours dune allée tout concoure pour donner au domaine une allure charmante et délicieusement surannée.


Vue générale du Château
Sa maison est un musée. Elle se fait construire un gigantesque atelier et des espaces pour ses animaux... Elle  y loge ses chers animaux, mouflons, cerfs, biches, sangliers, moutons, chevaux, bœufs, chiens, et même un couple de lions, le mâle en cage, la femelle « Fatma » en liberté.
Son travail se trouve dans le Château de Rosa Bonheur, la maison et l'atelier de l'artiste niché dans les forêts de Fontainebleau en dehors de Paris (à By en haut de Thomery). Bonheur rachète le château en 1860 grâce au produit d'une vente particulièrement lucrative : l'acquisition par le Met de La Foire aux chevaux. L'artiste a vécu et travaillé dans le bâtiment en brique jusqu'à sa mort en 1899, le remplissant de tout, des fournitures d'art et d'un piano aux mégots de cigarettes et aux animaux de compagnie empaillés (notamment Fatma, sa lionne).
"L'art est un tyran"
, dit-elle. " Cela demande du cœur, du cerveau, de l'âme, du corps. J'ai épousé l'art. C'est mon mari, mon monde, mon rêve de vie, l'air que je respire. Je ne sais rien d'autre, je ne ressens rien d'autre, je ne pense rien d'autre."



Vue de l'atelier du Château
Elle a la réputation d’être un garçon manqué. Tandis que sa mère, Sophie Marquis, se tue à la tâche avec ses quatre enfants après avoir été abandonnée par son mari, Raymond Bonheur, peintre, lui, entre chez les saint simoniens. La police finira par démanteler la secte issue du premier courant mystique influencé par Saint Simon. Raymond Bonheur finira donc par en être libéré et à vivre de nouveau dans un atelier. Rosa Bonheur se promet de ne jamais se marier et de devenir une peintre riche et célèbre pour subvenir elle-même à ses besoins. C’est cette ambition qui l’a fait entrer dans l’atelier de son père, après avoir été envoyée à l’école élémentaire, en apprentissage comme couturière, et enfin en pension à la mort de sa mère. Elle commence à étudier les animaux qu’elle adore en 1839. Ils deviendront sa spécialité. Son père l'aide et l'encourage à faire ce qui lui plaît. Elle élève un mouton sur le balcon de son appartement parisien quand la famille déménage et prend des cours de peinture, d’abord aux côtés de son père, puis au Louvre dès l’âge de 13 ans. Rosa Bonheur expose pour la première fois au Salon en 1841 : elle n’est âgée que de 19 ans. La peinture animalière, celle que lui a enseignée son père, inspire aussi ses autres frères et sœurs. Rosa Bonheur prend la suite de son père à la direction de l’école impériale gratuite de dessin pour demoiselles de 1849 à 1860, où elle aimait à dire : « Je vais faire de vous des Léonard de Vinci en jupons ».

En 1800, la préfecture française a publié un arrêté officiel stipulant qu'il était interdit aux femmes de porter des pantalons. Étonnamment, cette ordonnance contenait également des informations sur la façon dont les femmes pouvaient contourner cette loi avec un « permis de travestissement » renouvelable , qui leur permettrait de porter des pantalons pendant trois ou six mois. Cette exception, cependant, ne serait faite que pour des raisons médicales ou de santé; dans le cas de Bonheur, son besoin de se couvrir les jambes tout en marchant péniblement dans la nature suffisait, et elle obtint la permission de porter un pantalon le 12 mai 1857.

Bien que l'art de Bonheur fut décrite comme conventionnelle, des modernistes, sa vie personnelle était, selon les normes victoriennes, non conventionnelle. Elle a eu deux partenaires, Natalie Micas, puis Anna Klumpke. Pour la première, elles vécurent ensemble jusqu’à la mort de Nathalie Micas en 1889. Un amour d’enfance qui dura une cinquantaine d'années. À la mort de sa compagne, Nathalie Micas, Rosa Bonheur sombre dans une dépression. Puis elle rencontre une nouvelle artiste peintre, l’américaine Anna Klumpke, qui souhaitait connaître Rosa Bonheur, l’artiste peintre femme française la plus connue de sa génération. Sa réputation dépasse les frontières de la France. Elle atteint les États-Unis en 1859 grâce à sa toile sur la « Foire aux chevaux », montrée à New-York par le marchand d’art Gambart.

Le 15 octobre 1889, Anna Klumpke, peintre (sœur de l'astronome Dorothea Klumpke Roberts, de la neurologue Augusta Dejerine-Klumpke, de la violoniste et compositrice Julia Klumpke et de la pianiste Mathilda Klumpke. ) sert d'interprète entre John Arbuckle, un ami de Buffalo Bill, et Rosa Bonheur, la célèbre artiste peintre animalière de l'époque dont la renommée est alors immense aux États-Unis. Les deux femmes correspondent pendant dix ans. Anna Klumpke finit par oser demander à Rosa Bonheur l'autorisation de réaliser son portrait ; la réponse de Rosa Bonheur est enthousiaste. Anna Klumpke vient séjourner au château de By à Thomery en Seine-et-Marne. Rosa Bonheur a alors 76 ans, et l'arrivée de l'Américaine lui redonne de la joie de vivre. Rosa Bonheur fait tout pour que le séjour d'Anna Klumpke soit le plus long possible, elle fait construire un atelier dans le parc du château afin qu'elle puisse peindre tranquillement. Klumpke finit par promettre de rester au château de By jusqu'à la mort de Rosa Bonheur. Pendant cette année sous le toit de l'artiste, elle écrira, sous la dictée de Rosa Bonheur, une biographie qu'elle complètera par son propre journal.

À la mort de Rosa Bonheur en mai 1899, Anna Klumpke est sa légataire universelle. Elle fera tout pour conserver l'atelier et les œuvres de Bonheur afin de les transmettre aux générations futures. En mémoire de l'artiste, elle fonde le prix Rosa Bonheur doté d'une somme d'argent qu'elle prélève sur sa part d'héritage de sa bienfaitrice.


Atelier d'Anna Klumpke au château


Vue de l'atelier d'Anna Klumpke au château de Rosa Bonheur



Maison-atelier de Rosa Bonheur - Monogramme de Rosa Bonheur



Maison-atelier de Rosa Bonheur - Monogrammes de Rosa Bonheur et d'Anna Klumpke
En 1880, elle s’installe à Nice, où elle produira de nombreuses toiles. En 1889, elle invitera le célèbre Buffalo Bill dans son domaine, figure mythique de la Conquête de l’Ouest et chasseur de bisons, à l’occasion de l’Exposition universelle. Elle meurt dans sa demeure de By le 25 mai 1899 d’une congestion pulmonaire suite à une promenade en forêt.

Après sa mort, elle sera oubliée. Elle reste un modèle pour les femmes peintres...

Voici un extrait de son testament, qui témoigne de sa vie amoureuse et professionnelle avec sa dernière compagne, aussi artiste :

Je déclare ici à ceux qui m’ont jugée très riche, que n’ayant pas assez de fortune à distribuer à ma famille pour laquelle j’ai fait de mon mieux avant et après la mort de mon père, j’ai jugé que j’avais le droit, ne devant rien à per- sonne, de proposer à Mlle Anna-Elizabeth Klumpke, ayant la même profession que moi, ayant par elle-même une position très hono- rable, ainsi que sa famille, de partager ma vie et de rester avec moi en la compensant et la garantissant, puisque pour vivre avec moi elle sacrifiait sa position personnelle déjà créée par elle-même, et partageait avec moi les frais et les améliorations de ma propriété et maison ; ce testament est un devoir d’honneur pour moi, et tous les honnêtes gens seront de mon avis, ainsi que mes véritables amis. (...)

Maintenant je dois remercier Dieu de la vie heureuse et exceptionnelle qu’il m’a accordée et de la protection en ce monde que j’attribue à l’âme de ma chère mère.

—Rosa Bonheur Fait à Paris le 9 novembre 1898