Œuvres Leonor Fini... et photographie chez elle avec ses chats...


J'avais publié un bel autoportrait en peinture d'elle, je redécouvre certains pans de ses réalisations, très fines, et ses mises en scène, son art du déguisement et des masques et son affection pour la vie des chats, en sa compagnie. Fille d’un Argentin et d’une Italienne, Leonor Fini (1907-1996) passe son enfance à Trieste, dans la famille maternelle. Autodidacte, Fini apprend en copiant les quelques maîtres qu’elle admire avant de se lancer dans la peinture. Installée à Paris depuis 1937, elle rencontre fréquemment les surréalistes, mais n’adhère pas au mouvement afin de préserver sa liberté (André Breton la garda à l’écart, goûtant peu ses contacts avec la société mondaine et avec le monde de la mode, qu’il jugeait trop futiles). Elle réalise également des costumes de théâtre et écrit. Femme indépendante, surprenante, dont on ne fini pas (!) de découvrir une œuvre immense : peintures, dessins, costumes de théâtre, conception de décors… Elle a touché à tout, talentueuse, avec son monde fantastique, elle privilégie les figures féminines. Elle a évolué au sein du mouvement surréaliste, mais s'en détache sans jamais appartenir à un groupe, ni signer aucun manifeste. Elle tient à sa liberté aucune étiquette, ni celle de féministe. Leonor Fini ne veut pas être considérée comme une femme artiste, mais comme une une peintre. Elle refuse de s’enfermer dans une case en participant à des expositions réservées aux femmes. Pour elle, c’est accepté d’être marginalisée. « Je suis un peintre » affirmait-elle. Aux références antiques, méduses et mythologies grecques, androgynie, chevelures et drapés transparents, vaporeux, mises en scène de femmes s'observant, en duel, en couple, en miroir, jeunes filles secrètes, intrigantes, animales, malines, félidés... Sœurs fâchées, petites filles joueuses, un monde de jeu onirique, d'ailleurs certaines peintures sont des portraits de joueurs de dames ou de balançoire, de quilles, de théâtre. Il y a quelque chose d'envoûtant, et en même temps, qui ne se laisse pas capturer. Qui est le chat qui est la souris ?
Elle a accueilli jusqu’à dix-sept chats dans son atelier. Chats de compagnie, sauvages, chats humains, déguisés,  érotiques… Ses personnages ont des traits félins, se caressent, se lovent, les poils, les plumes, la sensualité de ses tableaux est tout aussi mystique. Il y a une vraie délicatesse et magie, un goût pour la mode, les costumes et les illusions, les apparences. Ce que je trouve remarquable c'est son art de se mettre en scène de façon déterminée. Elle se teignait souvent les cheveux de toutes les couleurs, aimait faire son entrée dans les soirées mondaines habillée en homme, avec ses grandes bottes blanches, iconique. Une habitude prise dès l’enfance puisque sa mère, s’étant enfuie de Buenos Aires à Trieste pour échapper à son mari, l’habillait en garçon afin de dissimuler la petite fille à son père, qui voulait la récupérer.

En 1941, elle fait la connaissance de Stanislao Lepri (1905-1980), alors consul d’Italie à Monaco. Ils entament une liaison, puis elle le pousse à abandonner sa carrière de diplomate pour vivre pleinement sa passion de la peinture. Il appartenait à une famille aristocratique conservatrice faisant partie du cercle hermétique de la “noblesse noire” de Rome, qui avait juré fidélité au pape. Stanislao pour sa part s’était très tôt distancé des contraintes sociales de son rang ; il s’engagea dans une relation à trois avec Leonor Fini et l’homme de lettres Constantin Jelenski à Paris et opta ainsi pour la vie de peintre maudit en se libérant totalement de toutes conventions restrictives. Ils s’installent à Paris où elle lui apprend tout sur la technique.
Bien qu’il soit devenu l'élève de Leonor Fini, Stanislao Lepri réussit à créer un univers onirique qui lui est propre, bien qu'ils aiment tous deux peindre les petits démons. Ils se vouent une admiration mutuelle. Lui est fasciné par l’autrice du Portrait romantique, dont il fit l’acquisition à leur première rencontre, un jour de 1941, il entrevit Leonor Fini, pour la première fois, dans un cinéma. Dès le lendemain, il se rendait à son atelier : Stanislao Lepri était fasciné par la femme, et par l’artiste. À leur première rencontre, il acheta Portrait romantique qu’elle venait d’achever. Elle trouve ses dessins « vifs, bizarres, spirituels ». Stanislao Lepri s'installa définitivement avec Leonor Fini en 1950 à Paris, la métropole qui resta le centre international et le meltingpot de la vie artistique longtemps après la guerre. Stanislao Lepri était cependant beaucoup plus que son élève. Les amants resteront ensemble jusqu’à la mort de Stanislao Lepri, en 1980. Stanislao Lepri est encore l’un des grands inconnus de l’histoire de l’art récent.
Une photo d'elle...

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