© Rina Banerjee (2012 Acrylic, ink, gold, water color paper 56 x 38.1cm)

A life that is never tasted when girls at home are arrested. Gold ties, tighten,
play her a fool time, time and time again and so it can be imagined chocolate
drips from tomato clouds will finally loosen and I will stick, sticky in love
with freedom as this simple spring will widen and her heavy shouldered
arms will lighten.

 

Rina Banerjee est née à Calcutta, Inde en 1963. Elle vit et travaille à New York.
Rina aurait pu être Alisha, ou Alisha d'Argenteuil pouvait devenir Rina plus tard.
Non pas de ces peintres, figures impressionnistes, des hommes qui ont jalonné l'histoire de l'art d'ici, de beaux tableaux, de ponts de la Seine à Argenteuil, sans oublier les coquelicots. J'ai enseigné dans le Val-d'Oise, j'ai enseigné la peinture, les diaporamas, la photographie, les installations d'objets de couleurs, les écritures filmiques, les petits rouleaux de dessins, les histoires à dérouler, j'avais des idées, des idéaux, c'était simple et joyeux, mais sans aucune naïveté sur le contexte et le tissu social, tel qu'il a évolué depuis les années 70, très vite, trop vite. J'ai emmené des jeunes, des garçons et des filles de 6 à 12 ans dans les Musées à Paris. Nous n'étions déjà plus dans ces décors d’impressionnistes, et pourtant, le nombre des revues d'art dans l'atelier où je dispensais mes cours chaque semaine, donnait un aperçu de cette histoire, mêlée à celle que nous vivions, bien plus urbanisée. Les petits bateaux, les peintres sous les ponts, n'existent plus. Il y a des personnes qui dorment sous ces ponts, et des autoroutes qui sont passées dessus, la A15 par exemple, il y a eu une fille, une adolescente, d'origine pakistanaise, qui a été tuée par deux camarades jaloux de ses bons résultats à l'école, et déjà criminels, peut-être racistes, en tous cas condamnés. Rina Banerjee n'a absolument rien à voir avec ce qu'il vient de se passer en France, par une journée ensoleillée que l'on dédie aux droits des femmes. Rien, si loin, et pleine de son expérience artistique indienne et américaine. C'est seulement mes souvenirs et mes efforts pour penser un dessin réalisé par une indienne, car ce prénom de paix, Alisha, et la tristesse poignard de l'information rapide a fait surgir un tas de souvenirs, en passant par les peintres d'Argenteuil. Je pensais à ses dessins lumineux, aussi car elle s'est déplacée, a voyagé, par l'art, je voyais ses sculptures comme des bouquets de fleurs éclectiques. Qu'est-ce que je pouvais donner comme pensée à une si jeune enfant tuée sous un pont d'Argenteuil, sans la connaître ? L'imagerie d'une œuvre d'une artiste, que je ne connais pas personnellement, mais qui me donne de l'espoir, là où l'on ne voit plus qu'une tâche de sang rouge se diluer dans la Seine et même plus avec l'odeur de l'eau sous les ponts, mais de l'écran, tout est télévisuel, tout. La dilution, c'est déjà noyer le chagrin, sans réussir à maquiller le meurtre. Si jeunes et déjà certains d'être maîtres du monde, et pourtant déjà à mettre un terme à leur évolution. Trois c'est déjà beaucoup, c'est le signal que tout l'environnement n'a pas bien engagé sa vie. Une personne c'est déjà signaler que toute la communauté des êtres humains devraient se tenir autours de la perte et redéfinir les règles de leurs comportements, de leurs sociétés, de leurs écoles.
 Je fus cette enseignante et j'ai accompagné des adolescents français, d'origines si différentes, promis à un avenir meilleur, quand on leurs apprend à dessiner, à visualiser et jouer avec des couleurs qui se mélangent, à partager des formes d'art très différents et s'asseoir à côté de continents en lutte ou ennemies. C'est pour les idéaux, cela aide, mais la réalité est toute autre, il n'y a pas d'avenir meilleur, car le présent engloutie les meilleurs, la Seine les reçoit, noyés. Professeure, j'ai connu ces procédures de harcèlement, que tous les enfants connaissent en classes et adolescent avec leurs outils et des réseaux sociaux à la classe à la rue. Car ce sont des procédures. Elles naissent à l'école. Leurs fondements sont les mêmes, la haine de l'autre, de ce qui semble différent, la cristallisation d'une image, plaquée sur l'autre, que l'on se met à détester, et en groupe c'est tellement plus lâche et plus violent. J'ai mal à mes écoles, à mes enseignements, à mes quartiers, à mes départements d'île-de-France, mes banlieues lointaines, mes provinces et régions, j'ai mal, car cela va mal. Ce sont des enfants, ce sont des adultes, ce sont des parents, tous, et nous tous, sommes touchés par ces maux qui rongent les écoles, dans ces enceintes ou plus rien ne protège les plus vulnérables, à tous les niveaux, de toutes les couches sociales, toutes les fonctions. Et les meilleures sont écartés, exclus, tués. Que restera-t-il de toutes celles et ceux qui restent, et veulent le pouvoir sur l'autre à tous prix.
Une Seine, une scène et plus de ponts.


Comment peut-on enseigner après tous ces harcèlements et ces tueries de groupes, ces suicides et ces lapidations, ces égorgements et ces immolations, la monstruosité n'a pas d'âge, pas de limite, pas de statut. Le mal se cache sous nos bienfondés, parfois des camarades, des personnes censées nous protéger, des voisins-voisines, des copains-copines, des collègues, des amoureux, des figures d'autorité ou des crapoteux, des meutes, des smileys et des icônes et des formules lapidaires, en quelques lignes, quelques mots, très mal écrits, mais répétés, chaque jour, jusqu'au dernier jour. L'opprobre, le lynchages, l'ostracisme...
Plus de ponts.

On a tué la solidarité sur les fondements de nos civilisations. On ne pense qu'à mettre des cases aux pires moments, récupérer la fragilité et la mort pour son parti, sa caste, son genre. Pourtant ici, point de féministes à rallier, ni de politiques, ni de races à défendre, ni de consentement à trouver et de limite d'âge encore à départager. Toujours la division, le petit haché menu, comme si la mort d'une enfant attend toujours qu'on la divise en petits morceaux afin de grossir les rangs d'une association, une élection, des "likes" d'un réseau social pour la petite phrase associée la plus choc et tape à l’œil. Le pire est d'avoir installé des compteurs avec des couleurs, pour compter le nombre de féminicides ou de tuées. Un petit nombre affiché et pis s'en va, et des centaines de "like" en dessous. Quel effroyable spectacle de mépris. Quand bien même un ou une proche disparaît que l'on s'empresse de l'ajouter à son petit compteur, sans plus même s'apercevoir, que ce chiffre ajouté, est en fait un ami, une amie, qui ne sera même plus là pour apposer son petit "like" sur ce même compteur fièrement arboré. C'est comme fanatiser la mort de l'annoncer par compteur, pour les plus vulnérables, c'est un appel à mourir plus vite. Et cette méthode Coué, qui fonctionne bien sur l'autosuggestion et l'autohypnose, est l'invention publicitaire la plus médiocre, mais elle représente bien le séisme. Penser non, plus possible, tuer oui.
Quand tout est divisé, que reste-t-il à sauver ? Quel petit morceau va aider un autre petit morceau ? Et c'est aussi cela, l'amour, des rencontres de bouts de vies. Il existe des petits recollements. Comme ce fabuleux procédé japonais, Le Kintsugi, qui se traduit par « jointure en or ». Un art ancestral qui consiste à réparer des objets en céramique ou porcelaine en recollant les fissures à l'aide de laque (ou de résine) et en les saupoudrant de poudre d'or. Beau, non ? Je le fais mais je n'ai pas d'or, pourtant tout ce que j'ai recollé est devenu très solide, et les cicatrices ne se voient même pas... sur ma théière bleue. Le thé est meilleur lorsqu'on est le seul, la seule à savoir que le filet d'eau tiède, passe à travers un bec verseur digne des sagesses secrètes, enseignées par l'expérience, les erreurs et les pots cassés.

L'enseignement du 'tu ne tueras point' n'existe pas, pourquoi ? Pourquoi des personnes qui encadrent ne savent même pas ce que c'est que le harcèlement ? On peut voir même de l'amusement au milieu des cadavres, avant, après, pendant. Le divertissement après un décès, cela ne gène plus personne, le deuil n'existe même plus. Ce sont les écoles de maintenant, "qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse", et l'ivresse de faire le mal. Mais saouls, où nous conduisez-vous ?

L'esprit ne s'endort pas sur ces ivresses, on ne sait rien de celles et ceux que l'on perd en chemin. Mais leurs esprits deviennent nos chemins.

La justice a été conçue par et pour les adultes et les adultes ayant les moyens et le savoir qu'elle existe quelque part, si jamais les adultes arrivent à connaître leurs droits, mais pas pour les enfants.

Mais des jours et des jours plus tard, les enfants deviennent des adultes et ce n'est que très vieillissant qu'ils approchent le droit, après avoir effectué tous les devoirs de leur vie.

Qui a la sagesse si jeune de dire non et le pouvoir de partir loin des guerres ? Pas un être humain.
C'est un destin que n'être pas au bon endroit, au bon moment, comme une bougie qui brille entourée de gens non éclairés, qui n'ont de volonté que de l'éteindre.