Illustration d'après la gravure du système géocentrique dans une scène avec les systèmes de Ptolémée et de Tycho Brahé, de l'Harmonia Macrocosmica (un atlas céleste écrit par Andreas Cellarius et publié en 1660 par Johannes Janssonius)

Tirer des plans sur la comète

Afin d'éviter le désastre, les hommes tirent des plans sur la comète, depuis la nuit des temps. La comète reste un phénomène inexpliqué, il fait peur, aux hommes. Il annonce alors des malheurs, car ce phénomène symbolise un désastre, un inattendu qui s'abat sur la terre, le lieu d'habitation des hommes. À la fin du XIXe siècle, les hommes tirent des plans sur la comète, une expression qui vient de cette ambition de tirer des plans, avec précision, de les tracer, les dessiner donc, avec rigueur, pour préparer les projets importants. Autant dire : les grands projets. Mais la comète, elle, est toujours en mouvement, et son passage à proximité de la terre, de la vue des hommes est éphémère. Cela contredit tous les plans, les desseins tracés des hommes, bien fixés, en tous points. Cette tension entre deux ambitions opposées met en péril, ou révèle alors les fondements instables des desseins des hommes, de leurs ambitions, de leurs grands projets.

Tirer des plans sur la comète, est une expression, qui signifie qu'une personne s'imagine des choses (négatives en général) dans une situation donnée, mais qui n'arriveront probablement pas.
Quant à la comète, c'était celle 'du moment', en 1882, très remarquée car très brillante et qui a provoqué la naissance de cette expression.

Une comète visible à l’œil nu en plein jour a été signalée ces derniers jours de Nice (France), de Washington, de Rochester et de San Francisco.

C’est une comète à spectre de sodium, à queue courte et à noyau très brillant. Elle était hier à 120 à l’ouest du soleil, dont elle s’éloigne avec une vitesse de 5 à 6 degrés par jour.

Dans quelques jours d’ici, les personnes qui voudront prendre la peine de se lever un peu avant le soleil verront «L’astre chevelu» dans tout son éclat.

Le 28 septembre 1882, Le Canadien écrit : «La comète. Elle était visible à l’œil nu, hier, dans la direction de l’Est. Mais on ne peut la voir briller dans tout son éclat que vers deux heures de la nuit».

Deux jours plus tard, on retrouve dans le quotidien de Québec cette nouvelle : «La comète que l’on remarque au firmament depuis quelques jours est la plus grande que l’on ait encore vue ici. C’est vers quatre heures, le matin, que l’on peut la voir dans tout son éclat et son étendue».


Astronomie : Une comète est un petit corps céleste constitué d'un noyau de glace et de poussière en orbite autour d'une étoile.

La comète tant qu'elle est loin du Soleil n'est pas lumineuse et n'a pas de queue. Mais en s'en approchant, les particules du vent solaire agissent sur sa tête faisant fondre la matière. Un halo lumineux se déploie alors autour de celle-ci. On appelle ce halo la chevelure de la comète ou encore coma. On peut voir aussi une queue se déployer. En général, une comète a deux queues : une queue de gaz provoquée par le vent solaire, appelée la queue ionisée et une queue provoquée par son déplacement. Cette dernière est constituée principalement de poussière, si fine que l'on peut voir les étoiles au travers. Elle peut atteindre plusieurs millions de kilomètres. La queue ionisée sera toujours dirigée vers le côté opposé du Soleil. Le noyau de la comète réfléchit la lumière du soleil, au contraire les queues de comètes émettent leur propre lumière. Il est arrivé que l'on puisse observer des comètes ayant jusqu'à neuf queues. Lorsqu'une comète fait son apparition, elle n'est d'abord pas visible à l'œil nu mais uniquement avec des télescopes. Elle se présente comme une petite tache floue, faiblement lumineuse, comparable à une nébuleuse. Au fur et à mesure de son approche, elle devient de plus en plus lumineuse jusqu'à devenir visible à l'œil nu. À ce moment-là, on voit très nettement le noyau et ses queues. Son éclat continuera d'augmenter jusqu'à ce qu'elle atteigne sa distance la plus proche de la Terre. Les comètes peuvent s'approcher jusqu'à moins de 1 million de kilomètres de la Terre. Elles se déplacent très rapidement mais, du fait de leur distance il faut plusieurs nuits d'observation pour se rendre compte de leur déplacement. Ainsi les hommes s'essayent à observer la comète. Télescopages de vues, de visées, à courte distance. Trop courtes.

Ce coma impressionne, quel vertige de l'invisible, de la puissance de la fonte de la matière. Quelle imprévisibilité ! Quelle déstabilisation. Impossible de tirer des plans sur la comète, impossible. Tous les fondements des hommes, se trouvent mis en péril par leurs jugements tous erronés, jusqu'ici, structures de pensées et de civilisations. Déployer son courage et s'élever jusqu'aux astres, en traversant le désastre, sans médicastres. Un peu d'huile de massage du bel alabastre. Un parfum d'odalisque nous rappelle combien les hommes sont esclaves de leur enveloppe, tous nés sous une bonne étoile, qu'ils peuvent tout d'abord aimer et chérir, sans craindre son jugement.



Anonyme, La Comète et trois œufs, eau-forte et burin, 1681