Thomas Cole


Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

Peintre américain (Bolton-le-Moor, Lancashire, 1801 – Catskill, New York, 1848).

Sa famille émigra en 1819 d'Angleterre à Philadelphie, puis à Steubenville, dans l'Ohio. Cole travailla d'abord chez un graveur sur bois de Philadelphie ; ayant rejoint sa famille, il apprit ensuite les rudiments de la peinture auprès d'un portraitiste allemand nommé Stein. Vers 1822, il exécuta des portraits, sans grand succès, et travailla à quelques peintures religieuses. L'année suivante, il fréquenta la Pennsylvania Academy of Fine Arts de Philadelphie et eut sans doute connaissance, à ce moment, des paysages de Doughty et de Thomas Birch. Il s'établit peu après à New York (1825) et, après avoir effectué un voyage sur les bords de l'Hudson, exposa quelques peintures qui firent rapidement sa réputation ; Trumbull en acheta une et prévint William Dunlap et Asher B. Durand de sa découverte : ceux-ci firent immédiatement de même ; Cole était lancé et fut, en 1826, l'un des fondateurs de la National Academy of Design. De cette époque date le Dernier des Mohicans (1827, 2 versions : Hartford, Wadsworth Atheneum, et Cooperstown, New York State Historical Association), inspiré du roman de Fenimore Cooper, qui venait d'être publié. L'artiste fut dès lors tenu pour l'un des principaux paysagistes américains. En 1829, il s'embarqua pour l'Europe, où il resta jusqu'en 1832. Il exposa sans succès à Londres (Royal Academy et British Institution), visita Paris et l'Italie, séjournant longuement à Florence. Ce voyage eut une grande importance pour sa carrière. L'étude directe des maîtres anciens lui permit d'améliorer sa palette, et l'iconographie de ses tableaux se transforma. Outre de grands paysages panoramiques dans lesquels il se veut l'émule de Lorrain ou de Turner (The Oxbow [le Connecticut près de Northampton], 1836, Metropolitan Museum ; le Rêve de l'Arcadie, 1838, Saint Louis, City Art Museum), il exécuta des œuvres à sujets fantastiques (la Coupe de Titan, 1833, Metropolitan Museum) et philosophico-historiques (le Cours de l'Empire, 5 tableaux, 1836, New York, Historical Society, élaboré durant son voyage en Europe et commandité à son retour par le collectionneur new-yorkais Luman Reid ; le Voyage de la vie, première version, Utica, N. Y., Munson Williams-Proctor Institute, deuxième version, commandée par le banquier Samuel Ward, 1842, 4 tableaux, Washington, N. G. ; le Songe de l'architecte, 1840, Toledo, Ohio, Museum of Art). Cole retourna en Europe en 1841-42 et voyagea en France, en Grèce, en Suisse et en Italie. Il en revint encore plus désireux de créer des peintures religieuses, se convertit et vécut jusqu'à la fin de sa vie dans l'isolement des Catskill. Il y projeta une nouvelle série, The Cross and the World, jamais achevée, et réalisa des toiles telles que la Vue d'un lac américain (1844, Detroit, Inst. of Arts), la Croix dans la solitude (1845, Louvre), la Vision (1848, New York, Brooklyn Museum). Ces dernières œuvres, qui correspondent à une redécouverte du paysage américain, illustrent les théories que Cole avait exprimées dès 1841 dans un écrit poétique, Lecture on American Scenery. Thomas Cole est le principal représentant du romantisme américain en même temps que, par ses élèves, tels A. B. Durand ou F. G. Church, le fondateur de l'Hudson River School, groupe qui réunira différents paysagistes du deuxième quart du xixe s., aux États-Unis. Il est représenté principalement à New York (Metropolitan Museum et New York Historical Society) ainsi qu'à Washington, Baltimore, Chicago, Detroit, Hartford, Cleveland, Providence. Une exposition Thomas Cole a été présentée (Detroit, Institute of Arts) en 1996.

Sublimes paysages pour s'approprier sa destinée. Thomas Cole plaidait en faveur de la préservation de l’environnement naturel.


Une exposition soigneusement pensée met à l’honneur le fondateur de l’école de l’Hudson, Thomas Cole (1801–48), et inscrit dans une dimension internationale ce pionnier de la peinture de paysage américaine qui mérite d’être reconnu et apprécié des deux côtés de l’Atlantique. Après son succès au Metropolitan Museum of Art de New York, Thomas Cole: Eden to Empire [De l’Éden à l’Empire] est aujourd’hui à l’affiche à la National Gallery de Londres. À Londres comme à New York, les commissaires Tim Barringer et Elizabeth Mankin Kornhauser ont secoué l’image traditionnelle et nationaliste d’un peintre typiquement américain dont les sublimes paysages s’adressaient à une jeune nation de plus en plus prête à s’approprier sa destinée. Ils définissent un personnage plus complexe et pétri de contradictions, un immigrant ambitieux et conscient de sa position sociale, un homme imprégné des traditions religieuses et artistiques européennes et un grand admirateur des poètes romantiques, entre autres Byron. Loin de se faire le chantre de l’expansionnisme américain et en s'opposant à l’idéologie jacksonienne qui prévalait alors, Cole plaidait en faveur de la préservation de l’environnement naturel.


Thomas Cole a déjà une formation de graveur lorsqu’il émigre avec sa famille en Amérique à 17 ans, il y a exactement 200 ans. Pendant son adolescence, il s’était rendu compte des dégâts environnementaux causés par l’industrialisation dans son Lancashire natal. Principalement autodidacte, l’artiste commence par peindre des paysages sauvages, puis il décide à 28 ans de repartir pour l’Europe afin d’étudier les maîtres anciens en Italie et en Grande-Bretagne. Cole est parmi les premiers à mettre en relief la beauté et l’échelle majestueuse des paysages nord-américains qu’il cadre et allégorise de nouvelles façons tout en remettant en question les comportements couramment liés à l’exploitation de la nature. Il forme aussi la nouvelle génération de paysagistes américains, notamment Frederic Edwin Church et Jasper Francis Cropsey, montrant la direction qu’allait la peinture de paysage américaine. Toutefois ses élèves admiratifs projettent souvent dans leurs œuvres des valeurs très différentes des siennes, tendant à exalter le nationalisme et à présenter une vue harmonieuse de l’occupation humaine. Centrée sur la période 1832­–37 qui suit le premier voyage d’études de Cole en Europe, l’exposition de Londres regroupe plus de 35 esquisses et tableaux de l’artiste. Mort relativement jeune à l’âge de 47 ans, ce peintre prolifique a réalisé plus de cent tableaux dont nous ignorons le sort d’une partie d’entre elles. L’exposition réunit aussi quelque 25 toiles de ses contemporains britanniques, notamment J.M.W. Turner et John Constable, qui entrent en dialogue avec les œuvres de Cole et les situent en contexte. Cole avait fait la connaissance de ces artistes et soigneusement étudié leurs techniques.
(extrait de l'exposition canadienne - 2018)