Les Forces vives (chevaux en bronze de 1983), sculpture de Charles Correia, fontaine à Épinay-sur-Seine (photographie Sonia Marques)
Charles Correia est un sculpteur français d'origine portugaise, né en 1930 à Setúbal (Portugal) et mort accidentellement en 1988 à Moita (Portugal). Il naquit en 1930 au Portugal. Il arriva très jeune en France. Il entra à l'école des beaux-arts de Nantes en 1947, puis à l'École des beaux-arts de Paris en 1950, dans l'atelier de Marcel Gimond1. Spécialisé dans le travail du bronze, il devint un des rares sculpteurs en France à pouvoir vivre de son art. Dans les années 1980, après la création du Centre national des arts plastiques, il reçut la commande de plusieurs œuvres monumentales, dont le groupe des Maréchaux. L'Œil disait de son art en 1984, à l'occasion d'une exposition de ses œuvres : « Les sculptures de Charles Correia sont des œuvres de maturité accomplie, conformément aux principes d'une esthétique et d'une éthique où la flamme d'un tempérament n'est plus à découvrir ».
Force vive (photographie JD)
La Genèse (femme en bronze), devant la mairie d'Épinay-sur-Seine, sculpture de Charles Correia (photographie Sonia Marques)
(Détail)
L'Esclave mourant (copie) de Michel-Ange (photographie Sonia Marques)
L'Esclave mourant est une sculpture du peintre italien et sculpteur de la Renaissance Michel-Ange, conservée aujourd'hui au musée du Louvre à Paris, avec L'Esclave rebelle. Ces deux figures d'esclaves (exécutées entre 1513 et 1516), destinées initialement au Tombeau de Jules II, furent écartées dès 1542 de la version définitive du tombeau. Ces deux statues, qui restent inachevées, ont été offertes en 1546 par Michel-Ange à son ami Roberto Strozzi, qui, en exil, en a lui-même fait don ensuite au roi de France François Ier. Des collections de Montmorency, puis au château d'Écouen au XVIe siècle, ensuite dans celles de Richelieu, elles sont saisies comme biens d'émigrés sous la Révolution en 1792. Elles sont présentées au musée du Louvre dès le 28 août 1794. Exécutés entre 1513-1516 dans le cadre de la décoration du tombeau de Jules II, au programme particulièrement ambitieux et soumis à de nombreuses évolutions, L'Esclave rebelle et l'Esclave mourant furent laissés inachevés par leur auteur, qui les écarta de la version définitive du tombeau. Les deux sculptures furent ensuite offertes par Michel-Ange à Roberto Strozzi, qui les emporta avec lui en France, où elles sont actuellement conservées, au musée du Louvre. Malgré ces vicissitudes, ces deux Esclaves, parfois appelés Captifs ou Prisonniers, notamment par Vasari, furent immédiatement reconnus comme des réalisations majeures de l'artiste.
Remarquables pour leurs corps expressifs et contorsionnés inspirés par la statuaire antique, ces sculptures se prêtent encore aujourd'hui à de nombreuses interprétations et controverses. Sur un plan philosophique, l'esclavage qu'elles incarnent peut renvoyer à la vision néoplatonicienne chère à Michel-Ange de l'âme enchaînée à un corps pesant, dont il faut s'affranchir. Elles représenteraient ainsi un mouvement de libération et d'émancipation intellectuelle et philosophique du sujet.
Le roi et la reine de Janine Janet (1959) Bois et clous (photographies Sonia Marques)
L’œuvre de Janine Janet est liée au Tout-Paris des années 50 et 60. Son enfance à l’île de la Réunion développe son imaginaire baroque, un goût pour la nacre, les madrépores, les coquillages, les écorces et les pierres. Les soumettant à d’étranges métamorphoses, elle crée des naïades, faunes, licornes et autres féeries avec une technique qui relève de l’art du tabletier, du relieur ou du rocailleur. Sa formation classique lui donne une excellente maîtrise des techniques plastiques. Balenciaga, Givenchy, Balmain, Nina Ricci lui confient leurs vitrines. Jean Cocteau lui commande les costumes, masques et sculptures du Testament d’Orphée. Elle conçoit des décors pour Francine Weisweiller, Paul-Louis Weiller, le prince Ali Khan, crée une Vénus en bronze doré pour le Queen Elizabeth II, dessine des modèles pour la Manufacture nationale de Sèvres, Haviland, Arthus-Bertrand. Illustré par ses projets aquarellés, les photos de Brassaï, de Lucien Clergue et de Roland Beaufre, cet ouvrage révèle la richesse d’une créatrice qui a marqué un moment privilégié des arts décoratifs français.
L'Enlèvement des Sabines (1579–1583) est une sculpture de Giambologna.
Elle représente trois figures (un homme soulevant une femme au-dessus d’un deuxième homme accroupi) et fut sculptée à partir d'un unique bloc de marbre. N'ayant pour but originel que de démontrer la capacité de l'artiste à composer un groupe sculptural complexe, le thème de l'œuvre fut trouvé après que François Ier de Médicis, Grand Duc de Toscane, eut décrété qu'elle serait présentée au public dans la Loggia dei Lanzi de la place Piazza della Signoria, à Florence. L'œuvre est signée OPVS IOANNIS BOLONII FLANDRI MDLXXXII (Œuvre de Jean de Bologne des Flandres, 1582). On en trouve une version préparatoire en bronze mettant en scène seulement deux personnages au Musée Capodimonte de Naples. Giambologna révisa ensuite son schéma avec un troisième personnage : deux modèles de cire de cette œuvre sont actuellement au Victoria and Albert Museum à Londres. Enfin, l'épreuve en plâtre de dimension réelle pour la sculpture finale, exécutée en 1582, est présentée à la Galerie de l'Académie de Florence. Cette œuvre est une prouesse technique : l'artiste fait tenir sur une seule base trois personnages dont les corps sont organisés sous une ligne serpentine. On y retrouve toute une série de spirales et de mouvements giratoires. Il n'y aucune tension même chez la sabine enlevée par les romains et aucun élément ne sort de l'espace de la base. Ce groupe est une œuvre du mouvement artistique maniériste. Des réductions de bronze de la sculpture, produites dans le studio personnel de Giambologna ou par des copistes, faisaient presque toujours partie des collections des connaisseurs du XIXe siècle.
L'enlèvement des Sabines est un épisode légendaire de la fondation de Rome.
D'après la légende, Romulus fonde Rome puis tue son frère Rémus lors d'une querelle et devient le roi de la cité. Des hommes le rejoignent. Mais pour agrandir une ville, il faut à la fois des hommes et des femmes et les Romains n'inspirent pas confiance aux rois des cités voisines. Alors Romulus et ses compagnons ont une idée. Ils organisent une fête en l'honneur du dieu Consus et invitent les peuples voisins. Les Sabins viennent avec leurs filles. Au signal de Romulus, qui consistait a s'envelopper dans les pans de sa capes, les Romains capturent les jeunes filles et écartent les pères. Puis ils prennent les Sabines comme épouses. Titus Tatius, roi des Sabins, déclare alors la guerre aux Romains. La guerre dure jusqu'à que les Sabines s'interposent entre leurs pères et les Romains. Titus Tatius et Romulus partageront alors la royauté pendant cinq années. À la mort de Titus Tatius, celui-ci est enterré solennellement sur le mont Aventin.TITE - LIVE (59 av. J. - C. – 17 ap. J. - C.), Histoire romaine, I,9
Déjà Rome était assez puissante pour ne redouter aucune des cités voisines; mais elle manquait de femmes, et une génération devait emporter avec elle toute cette grandeur: sans espoir de postérité au sein de la ville, les Romains étaient aussi sans alliances avec leurs voisins. C'est alors que, d'après l'avis du sénat, Romulus leur envoya des députés, avec mission de leur offrir l'alliance du nouveau peuple par le sang et par les traités. "Les villes, disaient-ils, comme toutes les choses d'ici-bas, sont chétives à leur naissance; mais ensuite, si leur courage et les dieux leur viennent en aide, elles se font une grande puissance et un grand nom. Vous ne l'ignorez pas, les dieux ont présidé à la naissance de Rome, et la valeur romaine ne fera pas défaut à cette céleste origine; vous ne devez donc pas dédaigner de mêler avec des hommes comme eux votre sang et votre race." Nulle part la députation ne fut bien accueillie, tant ces peuples méprisaient et redoutaient à la fois pour eux et leurs descendants cette puissance qui s'élevait menaçante au milieu d'eux. La plupart demandèrent aux députés en les congédiant: "Pourquoi ils n'avaient pas ouvert aussi un asile pour les femmes? Qu'au fond c'était le seul moyen d'avoir des mariages sortables."La jeunesse romaine ressentit cette injure, et tout sembla dès lors faire présager la violence. Mais, dans la pensée de ménager une circonstance et un lieu favorables, Romulus dissimule son ressentiment et prépare, en l'honneur de Neptune Équestre, des jeux solennels, sous le nom de Consualia. Il fait annoncer ce spectacle dans les cantons voisins, et toute la pompe que comportaient l'état des arts et la puissance romaine se déploie dans les préparatifs de la fête, afin de lui donner de l'éclat et d'éveiller la curiosité. Les spectateurs y accourent en foule, attirés aussi par le désir de voir la nouvelle ville, surtout les peuples les plus voisins:les Céniniens, les Crustuminiens, les Antemnates. La nation entière des Sabins vint aussi avec les femmes et les enfants. L'hospitalité leur ouvrit les demeures des Romains, et à la vue de la ville, de son heureuse situation, de ses remparts, du grand nombre de maisons qu'elle renfermait, déjà ils s'émerveillaient de son rapide accroissement. Arrive le jour de la célébration des jeux. Comme ils captivaient les yeux et les esprits, le projet concerté s'exécute: au signal donné, la jeunesse romaine s'élance de toutes parts pour enlever les jeunes filles. Le plus grand nombre devient la proie du premier ravisseur. Quelques-unes des plus belles, réservées aux principaux sénateurs, étaient portées dans leurs maisons par des plébéiens chargés dece soin. Une entre autres, bien supérieure à ses compagnes par sa taille et sa beauté, était, dit-on, entraînée par la troupe d'un sénateur nommé Talassius; comme on ne cessait de leur demander à qui ils la conduisaient, pour la préserver de toute insulte, ils criaient en marchant: 'à Talassius'. C'est là l'origine de ce mot consacré dans la cérémonie des noces.La terreur jette le trouble dans la fête, les parents des jeunes filles s'enfuient frappés de douleur; et, se récriant contre cette violation des droits de l'hospitalité, invoquent le dieu dont le nom, en les attirant à la solennité de ces jeux, a couvert un perfide et sacrilège guet-apens. Les victimes du rapt partagent ce désespoir et cette indignation; mais Romulus lui-même, les visitant l'une après l'autre, leur représente "que cette violence ne doit être imputée qu'à l'orgueil de leurs pères, et à leur refus de s'allier, par des mariages, à un peuple voisin; que cependant c'est à titre d'épouses qu'elles vont partager avec les Romains leur fortune, leur patrie, et s'unir à eux par le plus doux nœud qui puisse attacher les mortels, en devenant mères.Elles doivent donc adoucir leur ressentiments, et donner leurs cœurs à ceux que le sort a rendus maîtres de leurs personnes. Souvent le sentiment de l'injure fait place à de tendres affections. Les gages de leur bonheur domestique sont d'autant plus assurés, que leurs époux, non contents de satisfaire aux devoirs qu'impose ce titre, s'efforceront encore de remplacer auprès d'elles la famille et la patrie qu'elles regrettent."
À ces paroles se joignaient les caresses des ravisseurs, qui rejetaient la violence de leur action sur celle de leur amour, excuse toute puissante sur l'esprit des femmes.Traduction du latin par M. Nisard (1864)
OVIDE (43av. J.-C. –17 ap. J.-C.), L’art d’aimer, I, 101-132
C'est toi, Romulus, qui mêlas le premier aux jeux publics les soucis de l'amour, lorsque l'enlèvement des Sabines donna enfin des épouses à tes guerriers. Alors la toile, en rideaux suspendue, ne décorait pas des théâtres de marbre; le safran liquide ne rougissait pas encore la scène. Alors des guirlandes de feuillage, dépouille des bois du mont Palatin, étaient l'unique ornement d'un théâtre sans art. Sur des bancs de gazon, disposés en gradins, était assis le peuple, les cheveux négligemment couverts. Déjà chaque Romain regarde autour de soi, marque de l'œil la jeune fille qu'il convoite, et roule en secret dans son cœur mille pensers divers. Tandis qu'aux sons rustiques d'un chalumeau toscan un histrion frappe trois fois du pied le sol aplani, au milieu des applaudissements d'un peuple qui ne les vendait pas alors, Romulus donne à ses sujets le signal attendu pour saisir leur proie. Soudain ils s'élancent avec des cris qui trahissent leur dessein, et ils jettent leurs mains avides sur les jeunes vierges. Ainsi que des colombes, troupe faible et craintive, fuient devant un aigle, ainsi qu'un tendre agneau fuit à l'aspect du loup, ainsi tremblèrent les Sabines, en voyant fondre sur elles ces farouches guerriers. Tous les fronts ont pâli : l'épouvante est partout la même, mais les symptômes en sont différents. Les unes s'arrachent les cheveux, les autres tombent sans connaissance; celle-ci pleure et se tait; celle-là appelle en vain sa mère d'autres poussent des sanglots, d'autres restent plongées dans la stupeur. L'une demeure immobile, l'autre fuit. Les Romains cependant entraînent les jeunes filles, douce proie destinée à leur couche, et plus d'une s'embellit encore de sa frayeur même. Si quelqu'une se montre trop rebelle et refuse de suivre son ravisseur, il l'enlève, et la pressant avec amour sur son sein "Pourquoi, lui dit-il, ternir ainsi par des pleurs l'éclat de tes beaux yeux ? Ce que ton père est pour ta mère, moi, je le serai pour toi." Ô Romulus ! toi seul as su dignement récompenser tes soldats : à ce prix, je m'enrôlerais volontiers sous tes drapeaux.
Traduction du latin par M. Heguin de Guerle et M. F. Lemaistre (1927)
Renaissance (photographie Sonia Marques)
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Merci pour ces promenades