Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

- Il y a un type qui a mis le feu à une télévision
parce que le bruit l'empêchait de dormir
Certains se menaçaient avec des couteaux
On devenait tous timbrés !
- Sans cet esprit d'entraide,
je ne sais pas ce qu'on serait devenus.

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

- Je te parle banquier de merde
et bander bander comme des adolescents
Cet animal dressé me fait mal aux reins
Et si elle ne retourne jamais à la normale ?
Rien ne calme la bête
impossible de faire sortir le diable

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

J'ai enfin pu voir les 2 autres parties du triptyque filmique de Miguel Gomes, L'inquiet et Le désolé. J'avais vu la troisième partie, L'enchanté,  à Paris lors de mon dernier déplacement. Ce sont les plus beaux films que j'ai vus depuis quelques années, et je vois beaucoup de films. Il me serrait difficile d'en exprimer la poésie, ici, de toutes ses histoires merveilleuses des mille et une nuits, inspirés des événements survenus dans le Portugal entre les mois d'Août 2013 et juillet 2014, pays alors soumis à une politique niant toute justice sociale.

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

Il n'y a pas meilleur réalisateur. Comme le dit mon ami, il a mis la barre très haut. Une œuvre du côté des opprimés, dans la lumière d'évènements que nous côtoyons, sans avoir les artistes qui les expriment, ici, en France. Expulsions, vie dehors, retours chez les parents, chantiers abandonnés, corruptions, la raideur des gouvernements, les hommes qui bandent, les animaux domestiques, l'animal le dernier compagnon, les forces vives, vivre nu, l'amour à l'air libre, tout dans ce film est démasqué, dans le plus simple appareil. Cette mise à nu costumée relate des dernières euphories inventives et libérées de tous diktats avant la finitude.

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

L'humanité avec sa part mauvaise, son désir de justice, ses espoirs et joies populaires, nappés dans le désespoir de la crise, ses âmes belles réunies dans des fresques sociales, des fables magiciennes qui transforment le précaire en génie humain. La sympathie que j'ai pour ce peuple portugais, me relie avec mon histoire. Elle s'étire au-delà, dans l'histoire et me rassure d'être en phase avec le monde contemporain, de savoir d'où je viens.

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

Nous avions commencé par L'inquiet, tous inquiets que nous étions, puis nous avons appris les tristes nouvelles de Belgique et ses attentats. Je voyageais au même moment dans le train, sans crédit, avec de lourds bagages intellectuels. Nous venons de terminer par Le désolé, tous désolés que nous sommes. Entre temps un enseignement à Bourges, je participais aux portes ouvertes de l'école berruyère. Une belle ballade libre dans les espaces, pas de formatage, pas de pression, pas mal de visiteurs, des dialogues, de l'intelligence, de la nonchalance bienvenue. Mon studio était ouvert, les étudiants racontant mille et unes histoires librement. J'ai eu également l'honneur de visiter des expositions, dans un Palais, du Centre-Val de Loire jusqu'au au Limousin, en terminant ma semaine dans un concert de musique sombre et glacée. Le diagnostique de mon médecin se vérifiait, quelles coïncidences et croisements en quelques jours. Nous étions tous là. Quelques réunions festives afin d'atténuer les maux subtiles dont il nous faut encore panser les blessures. Banques de malheur robotiques et dématérialisées.

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

The KVB, le jeune couple Klaus Van Barrel et Kat Day ont ressuscité la cold-wave. Tous de noir, étions-nous, aux têtes d'enterrements de morts, descendus écouter ces musiques brumeuses et dépressives comme pour épouser l'atmosphère sociale. Le KVB ou contrôle de vitesse par balises, est un équipement de sécurité ferroviaire utilisé par la SNCF pour surveiller et maîtriser la vitesse des trains en temps réel. Ce duo de rock indépendant britannique basé à Londres, timide et discret sont venus nous pondre quelques œufs noirs de Dark Wave pour Pâques avec un public de revenants sans aucun doute d'une semaine chargée, de cauchemars. Guitares shoegazes, phrasés minimalistes de synthé, boites à rythme hypnotiques et mélodies noyées sous la reverb avec des projections d’images abstraites, avec 5 albums depuis 2010. Je suis pas trop pour les effets 3D démonstratifs, je préférais les superpositions plus abstraites. Mais côté visuel, c'est certain, on peut faire mieux. La jeune fille tapie dans l'obscurité maîtrisant ses boutons électroniques et pédales et son comparse à la guitare et à la voix qui transpire, tous 2 corrosifs dans leurs univers traumatiques. Nous pensions qu'elle allait chanter mais non, ce n'est pas encore une femme qui s'en mêle. Nous étions belges et traumatisés ce soir, quelques profondeurs plus loin, décidés à ne plus répondre des énigmatiques superpositions de crimes et d'atteintes à la paix, mais juste se laisser porter par des plus jeunes aux cris de désespoirs bien illustrés.

Image du film Les Mille et Une Nuits (As 1001 Noites)  réalisé par Miguel Gomes (2015)

Je pensais à ce couple, dans le film de Miguel Gomes, qui s'endort tendrement l'un derrière l'autre en s'allumant chacun une cigarette comme si c'était leur dernière, dans leur modeste appartement. C'était bien leur dernière cigarette.

Photographies de Bourges (© Sonia Marques)

Photographies de mon cours (© Sonia Marques)

Photographies de travaux d'étudiants lors des portes ouvertes à l'école d'art de Bourges (© Sonia Marques)

Photographies de travaux d'étudiants lors des portes ouvertes à l'école d'art de Bourges (© Sonia Marques)

Photographies Palais Jacques Cœur (© Sonia Marques)

Photographies de l'exposition consacrée à l'artiste Sephen Marsden à gauche au FRAC de Limoges (© Sonia Marques) et à droite photographie de l'exposition "L'anatomie des nuages" de Sephen Marsden au VRAC (2015) , 12100 Millau
L'exposition de Stephen Marsden qui a eu lieu l'année dernière, du 29 novembre 2014 au 15 février 2015, à Millau au VRAC (Vitrine Régionale d’Art Contemporain), intitulée, "L'anatomie des nuages" : à l'observation de ses photographies, semble être bien pensée et directement en vitrine. En novembre 2014, j'avais découvert son installation et les images de sa fabrication. Ce sculpteur aime les formes oblongues, de ce qui est plein en représentant son vide, et inversement. Il y avait quelque chose de l'illustrateur et réalisateur Roland Topor dans ses productions. Je m'attendais à quelque chose d'aussi juste au FRAC (Fond Régional d'Arc Contemporain) mais non. Il faisait une telle chaleur qu'on ne pouvait rester trop longtemps, personne n'a pu baisser le chauffage et les températures s'étaient radoucies brusquement. Seuls visiteurs, ric-rac, nous avons coupé court de ce bric-à-brac, fric-frac, en traque.

Stephen Marsden, sculpteur né en 1962 en Grande Bretagne, est installé dans le Sud de la France depuis de nombreuses années. Son oeuvre se confronte aux problématiques propres à la sculpture contemporaine, jouant de ses techniques traditionnelles comme actuelles, qu'il maitrise parfaitement - taille, modelage, moulage, fonte ... pour donner forme à des objets hybrides comme extraits du réel puis réinjectés par capture, agrandissements, assemblages, imbrications, greffes, découpes, torsions, mutations de matières... Marsden a conçu « L'anatomie des nuages » pour la V.R.A.C. en réponse au contexte particulier de la vitrine. Il s'agit d'une pièce inédite issue d'un minutieux travail de moulage et d'agrandissement : ces opérations ont détourné l'objet matrice de sa dénotation première, pour nous proposer dans sa restitution / reconstitution une réflexion sur la naissance des formes, et ainsi sur notre perception, les concepts, principes, croyances et préjugés qui invisiblement la modèlent. Jouant des rapports entre contenant et contenu, intérieur et extérieur, plein et vide, moule et contre-moule, entre banalité et confidentialité, entre public et intime, le sculpteur trouble et remet malicieusement en question notre vision d'une sculpture classique, ou notre vision classique d'une sculpture, et ainsi notre conception de la beauté en sculpture, nos préjugés sur les finalités de l'art.



Nuit de chat : Photographie © Sonia Marques


As Mil e Uma Noites

Desde há um ano e meio que Xerazade passa as noites em branco, contando histórias ao Rei Shahriar. Com a cumplicidade da sua irmã Doniazade, esta verdadeira maratona não deixa de ser um estratagema das duas irmãs para tentar pôr fim à loucura sanguinária do Rei que, atraiçoado pela sua primeira esposa, decidiu desposar todos os dias uma nova donzela que manda matar ao nascer do Sol. Deixando inacabado a cada noite o relato dos contos que promete continuar no dia seguinte, Xerazade tem logrado escapar a uma sentença de morte anunciada pois o Rei decide sempre poupá-la para continuar a ouvir os contos que tanto o encantam. Irão passar muitas mais noites – no total serão mil e uma – até que Shahriar entenda que não deve matar Xerazade nem desposar outra mulher. Mas isso não faz parte deste filme: o dispositivo narrativo do livro de contos As Mil e Uma Noites é relativamente conhecido e contamos com o facto de fazer parte do imaginário popular colectivo para nos concentrarmos sobretudo nas histórias que Xerazade conta. E essas serão diferentes daquelas que conhecemos do livro.

No livro há contos sobre reis e princesas, mercadores e escravos, pescadores e guerreiros, génios da lâmpada e animais que falam. Há pobres que se tornam ricos. Há poderosos que de um momento para o outro tudo perderão. Há fábulas com uma moral evidente e histórias anárquicas sem moral aparente. Alguns contos são cómicos, outros são trágicos; também os há libertinos e puritanos… Quase todos têm um toque de surrealismo e um excesso que se materializa na violência, no erotismo e no sarcasmo. Passam-se em cidades do Médio Oriente, na Índia, no Norte de África, na China…

No filme, as histórias que Xerazade conta passar-se-ão em Portugal. Não num Portugal contemporâneo aos contos do livro, mas no Portugal de hoje, em crise económica e ebulição social. O Portugal de 2013 e 2014, habitado por ricos e pobres, poderosos e insignificantes, trabalhadores e desempregados, ladrões e homens honestos. Marcado pelas consequências da crise, também um Portugal delirante e de excessos.

O que se pretende com este filme é fazer duas coisas em simultâneo: 1) retomar o espírito delirantemente ficcional de As Mil e Uma Noites e sobretudo reafirmar com ele e através dele o vínculo que une o Rei e Xerazade (a imperiosa necessidade de histórias), e 2) traçar um retrato ou uma crónica de Portugal durante um ano (num momento em que o país está sujeito aos efeitos da “austeridade” criados pelo programa de assistência financeira da Troika). Ficção e retrato social, tapetes voadores e greves. Aparentemente dimensões que não estão ligadas ou pelo menos que nos habituamos a arrumar em diferentes gavetas. Mas imaginário e realidade nunca puderam viver um sem o outro (e Xerazade bem o sabe).

Devido à natureza do projecto esta sinopse de filme vai cada vez menos se parecendo com uma sinopse. Na realidade, as histórias de Xerazade nesta nossa versão de As Mil e Uma Noites baseiam-se em eventos que ainda não tiveram lugar – aqueles que se irão passar em Portugal durante os próximos doze meses. Assim é impossível descrever o que será o filme numa sinopse. O máximo que poderemos aqui fazer é reiterar o princípio básico da estratégia da contadora:
conseguirá Ali Babá sair da caverna antes da chegada dos 40 ladrões? Conseguirá Portugal evitar um segundo resgate financeiro e voltar aos mercados?

(Nesse momento da narração, Xerazade viu despontar a manhã e, discretamente, calou-se).

Miguel Gomes